Troupes spéciales du Levant
Troupes spéciales du Levant | |
Cavaliers tcherkesses des troupes spéciales, ralliés à la France libre, à Damas en juin 1941. | |
Création | |
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Dissolution | |
Pays | Liban Syrie |
Origine | Français, Syriens, Libanais (en) |
Allégeance | France |
Rôle | futures armées nationales |
Effectif | 13 000 (en 1930) |
Fait partie de | Troupes du Levant |
Guerres | Seconde Guerre mondiale Manifestations syriennes de 1945 |
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Les Troupes spéciales du Levant sont des unités militaires constituées durant la période du mandat français en Syrie et au Liban, en complément de l'Armée du Levant. Elles sont créées en 1930 en fusionnant les troupes auxiliaires (régulières) et les troupes supplétives. Composées de personnel recruté localement, ces troupes constituent ensuite la base des armées nationales du Liban et de la Syrie.
Naissance
modifierLes Troupes spéciales du Levant sont formées par l'arrêté no 3045 du . Le général Gamelin, commandant supérieur des Troupes du Levant, participe à leur création en lançant en 1927, après la répression de la Grande révolte syrienne, un plan de régularisation des troupes supplétives[1].
Selon l'historien Jean-David Mizrahi, les hommes des troupes supplétives sont recrutés par la France selon une logique communautaire, principalement «au sein des minorités ethniques ou religieuses : Kurdes, Tcherkesses, Ismaéliens et Druzes représentent ainsi 11 % de la population totale des États du Levant, mais 63,4 % des effectifs des escadrons légers ». En 1927, plus de 35 % des cadres syriens sont issus des troupes supplétives ; ce sont des chefs traditionnels kurdes, druzes ou tcherkesses ; « le pouvoir mandataire facilite en fait l’introduction de logiques communautaires au sein même de la hiérarchie militaire syro-libanaise», écrit J-D Mizrahi, « ce qui a des conséquences politiques considérables[1] ».
Organisation
modifierEncadrées par des officiers et sous officiers français, libanais ou syriens formés à l'École militaire d'Homs elles comprennent en 1930[2],[3] :
- cavalerie :
- quatre escadrons de ligne du Levant (ELL)[4],
- vingt-deux escadrons légers du Levant,
- dont huit escadrons tcherkesses et six escadrons druzes[4],
- un escadron d'automitrailleuses de cavalerie,
- un escadron d'automitrailleuses légères du désert,
- infanterie :
- huit bataillons du Levant (BDL),
- deux bataillons de chasseurs du Liban (BCL),
- trois compagnies de méharistes[5],
- la musique des troupes du Levant.
- artillerie :
- une section d'artillerie à pied,
- une section d'ouvriers d'artillerie.
- génie :
- une compagnie de sapeurs-mineurs,
- une compagnie de sapeurs-télégraphistes,
- une compagnie de sapeurs de chemin de fer.
- train :
- une compagnie de train hippomobile,
- une compagnie de train automobile,
- une section de secrétaires, plantons et ordonnances.
- aviation :
- un section auxiliaire d'ouvriers d'aviation.
L'entretien des troupes spéciales est entièrement à la charge des États syriens et libanais[1],[2],[3].
Recrutement
modifierLes troupes spéciales voient la surreprésentation de certaines minorités, comme les Druzes et les Alaouites par rapport à d'autres. Les Arabes sunnites syriens et libanais, dont les Français se mettent à craindre les aspirations nationalistes, deviennent progressivement de moins en moins nombreux à partir de 1933. Au sein de chaque minorité, les Français favorisent le recrutement dans les tribus et confédérations qu'ils jugent plus loyales ou plus efficaces militairement[6].
Seconde Guerre mondiale
modifierAu début de la Seconde Guerre mondiale, les troupes spéciales sont renforcées par le recrutement d'escadrons de partisans montés ou motorisés[7].
Les troupes spéciales participent à la campagne de Syrie, principalement aux côtés des forces vichystes[8]. Elles rejoignent ensuite les forces françaises libres[9]. Leurs effectifs atteignent en 1944 23 000 hommes[10].
Après les indépendances
modifierLe , les troupes spéciales passent sous le plein contrôle des gouvernements libanais et syriens[11].
L'Armée libanaise est organisée autour des ex-troupes spéciales libanaises, plutôt bien équipées et bien armées. À l'inverse les troupes spéciales syriennes sont victimes d'un taux de désertion très élevé, les soldats déserteurs ayant emporté avec eux armes et équipements[11].
Les militaires désirant continuer à servir au côté des Français peuvent signer un avenant à leur contrat d'engagement (c'est pour cette raison qu'ils sont dénommés « avenantaires »)[12]. En 1946, une partie des avenantaires décide finalement de rejoindre les Armées nationales ou d'être démobilisés. Environ 840 avenantaires et 1 500 membres de leurs familles quittent le Levant en juillet en même temps que l'Armée française. Ils rejoignent Madagascar, l'Afrique-Équatoriale française ou l'Afrique-Occidentale française[10].
Références
modifier- Jean-David Mizrahi, « Armée, état et nation au moyen-orient. La naissance des troupes spéciales du Levant à l'époque du mandat français, Syrie, 1919-1930 », Guerres mondiales et conflits contemporains, vol. 207, no 3, , p. 107–123 (ISSN 0984-2292, DOI 10.3917/gmcc.207.0107, lire en ligne, consulté le )
- Maurice Bouilloux-Lafont, « Rapport fait au nom de la commission des finances chargée d'examiner le projet de loi portant fixation du budget général de l'exercice 1931-1932 (Guerre et défense des territoires d'outre-mer) - II. Budget de défense des territoires d'outre-mer », Journal officiel de la République française - Documents parlementaires, , p. 1756 (lire en ligne)
- Pol Victor Mangeot, « III - Répartition des forces d'outre-mer entre l'Algérie, la Tunisie, le Maroc et le Levant », Bulletin du comité de l'Afrique française, 41e année no 4, , p. 248-253 (lire en ligne)
- Jacques Sicard, « Les cavaliers du Levant et leurs insignes », Armes Militaria Magazine, Histoire & Collections, no 68, , p. 46-51
- Jacques Sicard, « Les troupes spéciales du Levant et leurs insignes: 2. Les formation du désert (1921-1945) », Armes Militaria Magazine, Histoire & Collections, no 45, , p. 47-51
- (en) N. E. Bou-Nacklie, « Les Troupes Spéciales: Religious and Ethnic Recruitment, 1916–46 », International Journal of Middle East Studies, vol. 25, no 04, , p. 645–660 (ISSN 0020-7438 et 1471-6380, DOI 10.1017/S0020743800059304, lire en ligne, consulté le )
- « Les cavaliers du Levant et leurs insignes (2) », Armes Militaria Magazine, Histoire & Collections, no 69, , p. 47-51
- Maurice Albord, « Chapitre III. La période des deux Frances au Levant 1940-1941 », dans L’Armée française et les États du Levant : 1936-1946, CNRS Éditions, coll. « Moyen-Orient », (ISBN 978-2-271-07859-9, lire en ligne), p. 97–202
- Bernard Le Marec, Les Français libres et leurs emblèmes, Lavauzelle, (ISBN 978-2-7025-0367-6, lire en ligne), p. 73 & 76-78
- (en) N. E. Bou-Nacklie, « The Avenantaires: Syrian Mercenaries in French Africa », Middle Eastern Studies, vol. 27, no 4, , p. 654–667 (ISSN 0026-3206, lire en ligne, consulté le )
- Anne Bruchez, « La fin de la présence française en Syrie : de la crise de mai 1945 au départ des dernières troupes étrangères », Relations internationales, vol. 122, no 2, , p. 17–32 (ISSN 0335-2013, DOI 10.3917/ri.122.0017, lire en ligne, consulté le )
- Liliane Nasser, « Parcours de militaires syriens et libanais des Forces françaises libres du Levant : de Beyrouth à Marseille », dans Engagements : Culture politique, guerres, mémoires, monde du travail. XVIIIe-XXIe siècle, Presses universitaires de Provence, coll. « Le temps de l’histoire », (ISBN 979-10-365-7724-6, lire en ligne), p. 299–311
Bibliographie
modifier- Jean-David Mizrahi, Genèse de l’État mandataire : Service des renseignements et bandes armées en Syrie et au Liban dans les années 1920, Paris, Éditions de la Sorbonne, , 462 p. (ISBN 978-2-85944-396-2, lire en ligne).