Théoctiste de Bucarest
Théoctiste, en roumain Teoctist (né Toader Arăpașu dans le village de Tocileni, județ de Botoșani, le et mort le à Bucarest) fut le primat de l'Église orthodoxe roumaine du au .
Primat de l'Église orthodoxe roumaine |
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Nom dans la langue maternelle |
Teoctist Arăpașu |
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Justiniano Marina (en) |
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Biographie
modifierIssu d'une famille nombreuse, Toader Arăpașu est entré au monastère de Sihăstria dès l'âge de quatorze ans, avant de faire ses études à la faculté de théologie de Bucarest, puis de devenir prêtre en 1945. Il fait partie de la génération de clercs qui a du composer avec le pouvoir absolu et exclusif du Parti communiste roumain (-) et de sa police politique, la Securitate[1]. Plus l'allégeance était fiable, plus la carrière était brillante. Théoctiste est nommé évêque en 1950 et élu patriarche en .
Malgré l'emprisonnement de prêtres par la Securitate et la démolition d'églises (pour certaines, monuments historiques séculaires) sous le mandat du président Nicolae Ceaușescu, la fidélité de Théoctiste au régime ne se démentit jamais : il alla même jusqu'à féliciter Ceaușescu après le massacre de Timișoara[2]. En effet, le , quatre jours avant le renversement du régime, le Saint-Synode tint conseil et Théoctiste annonça qu'il appuyait la répression du mouvement anticommuniste de Timișoara, proclamant, à l'unisson du parti communiste roumain, que la révolte était causée par une ingérence étrangère[3]. Théoctiste envoya un télégramme à Ceaușescu, le louant pour ses « actions admirables », sa « sage gouvernance », et soutenant que les Roumains vivaient dans un « âge d'or portant adéquatement et justement son nom »[4].
Ce n'est que le jour précédent l'exécution de Ceaușescu, le que le patriarche fit un virage politique de 180 degrés en condamnant le chef de l'État comme étant « un nouvel Herode »[2]. Le , Toader Arăpașu démissionna de sa charge de Patriarche de l'Église orthodoxe roumaine, qui présenta ses excuses au nom de « ceux qui n'eurent pas le courage de défendre les martyrs »[5]. Cependant, sur l'insistance du FSN (nouvel avatar, socialiste et démocratique, de l'ex-PC et de la nomenklatura), il fut à nouveau désigné comme Patriarche en , et quitta sa brève retraite. Face aux architectes qui réclamaient la reconstruction des églises historiques démolies sous Ceaușescu, il s'engagea dans le projet de « cathédrale du salut de la nation roumaine », que ces mêmes architectes qualifiaient de « variante religieuse des projets mégalomaniaques du dictateur déchu »[6].
Toader Arăpașu avait reçu le pape Jean Paul II en , avant de se rendre lui-même au Vatican en . Ce dialogue œcuménique n'implique cependant aucun rapprochement entre l'Église orthodoxe roumaine et l'Église catholique, en qui le Patriarche voyait une influence étrangère à limiter. Ainsi, sur le plan des relations avec l’église grecque-catholique roumaine, interdite pendant la période communiste et redevenue légale en 1990, Théoctiste s'opposa fermement à la restitution des 2000 églises gréco-catholiques confisquées en 1948 par l’État communiste et attribués à l’Église orthodoxe roumaine : malgré les assurances qu'il avait données à ce sujet au pape catholique, en 2007, seules 152 églises ont été restituées, et pas spontanément mais après procès et décision de justice[7]. Sur le plan de l'ecclésiologie aussi, Théoctiste s'opposa au catholicisme en , peu avant sa mort, en exprimant son désaccord avec le document de la congrégation pour la doctrine de la foi visant à expliquer le sens de la phrase subsistit in[8].
Notes et références
modifier- On disait à l'époque du régime communiste de Roumanie : « - Si tu veux dénoncer quelqu'un à la Securitate sans te dévoiler comme délateur, va te confesser auprès d'un pope » (cf. (ro) Bancuri din iepoca odiosului, ed; Orientul Latin, Braşov 1992 et Dana Maria Niculescu-Grasso, Bancuri politice, ed. Fundaţia Culturală Română, Bucarest 1999).
- Ruth M. Ediger History of an institution as a factor for predicting church institutional behavior: the cases of the Catholic Church in Poland, the Orthodox Church in Romania, and the Protestant churches in East Germany. East European Quarterly 39.3 (2005)
- « Cumpăna Patriarhului », România Liberă, 2 août 2007.
- (en) Michael Bourdeaux, « Obituary: Patriarch Teoctist », sur theguardian.com, .
- Lavinia Stan and Lucian Turcescu. The Romanian Orthodox Church and Post-Communist Democratisation. Europe-Asia Studies, vol. 52, no 8 (décembre 2000), p. 1467-1488
- Lavinia Stan, L. Turcescu, (en) Politics, national symbols and the Romanian Orthodox Cathedral in : Europe-Asia Studies n) 58 (7), 2006, p. 1119-1139.
- International Religious Freedom Report : [1] et [2]
- Un article du SOP rendant compte du désaccord sur le document subsistit in