Théano (pythagoricienne)
Théano (en grec ancien Θεανώ / Theanố) est une philosophe pythagoricienne du VIe siècle av. J.-C., mais les textes qui lui sont attribués, s'ils sont bien de tradition pythagoricienne ou néopythagoricienne, remontent au mieux au IVe ou IIIe siècle av. J.-C. et la plupart sont plus tardifs (jusqu'au IIe siècle apr. J.-C.). Les détails de sa biographie rapportés par la tradition sont largement contradictoires, et probablement apocryphes. L'une des premières disciples de Pythagore, elle est souvent présentée comme étant sa femme, mais parfois comme celle de Brontinos.
Θεανώ
Naissance |
inconnue inconnu |
---|---|
Décès |
inconnue inconnu |
Pays de résidence | Italie du Sud, (Grande Grèce) |
Activité principale | |
Conjoint |
Pythagore (incertain) |
Compléments
Des Apophtegmes pythagoriciens, des Conseils aux femmes lui sont attribués
Il est possible qu'il y ait eu plusieurs philosophes pythagoriciennes nommées Théano, ultérieurement confondues en une seule.
Légende
modifierThéano de Crotone naît durant le VIe siècle av. J.-C. dans la colonie grecque de Crotone dans le sud de l'Italie et est probablement la fille de Brontinos. À quinze ans, elle devient étudiante de Pythagore et devient ensuite sa femme. Elle prend la succession de l'école pythagoricienne à la mort de son époux et la dirige avec ses deux fils. On lui attribue des traités de mathématiques, de physique et de médecine ainsi que des préceptes moraux[1].
Biographie
modifier« On dispose de très peu de renseignements biographiques sur ce personnage probablement légendaire »[2]. Théano nous est connue surtout par la tradition tardive : Diogène Laërce (Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres), puis Porphyre (Vie de Pythagore) et Jamblique (Vie de Pythagore), la Souda, etc.[3]. Les détails biographiques à son sujet sont contradictoires et ont fort bien pu être élaborés tardivement[4]. Par exemple Diogène Laërce la déclare selon certains femme de Pythagore et fille de Brontinos de Crotone, et selon d'autres femme de Brontinos et simple élève de Pythagore[5].
Quand elle est la femme de Pythagore, plusieurs enfants leur sont attribués, là aussi les textes varient, Télaugès (en), Mnesarchus, Arignote, Myia[4] et Damo[5].
Selon Jamblique, après la mort de Pythagore, elle épouse son successeur à la tête de l'école, Aristaeus[4]. Jamblique traite séparément Théano femme de Pythagore et Théano femme de Brontinos : il y a pu y avoir deux Théano, voire plus de deux[4].
La popularité du personnage de Théano se renforce au fil du temps en tant qu'épouse et mère idéale[6]. Elle devient un « exemple d'application de la philosophie pythagoricienne dans une vie de femme »[4].
Écrits
modifierPlusieurs écrits sont attribués à Théano, des Apophtegmes pythagoriciens, des Conseils aux femmes, des traités : De la piété et De la vertu, un ouvrage sur Pythagore, des Commentaires philosophiques et plusieurs lettres. Seuls des fragments de certains d'entre eux nous sont parvenus, et la plupart des historiens les considèrent comme apocryphes[7].
Postérité
modifierLittérature
modifier- Henriette Chardak, L'Énigme Pythagore : La vie et l'œuvre de Pythagore et de sa femme Théano, Paris, Presses de la Renaissance, 2007.
Art contemporain
modifier- Théano figure parmi les 1 038 femmes référencées dans l'œuvre d’art contemporain The Dinner Party (1979) de Judy Chicago. Son nom y est associé à Aspasie[8],[9].
Technologies de l'Information
modifier- Theano est le nom d'une bibliothèque informatique en langage Python pour la manipulation et le calcul d'expressions mathématiques, nommée en référence au personnage de Theano[10]. Cette bibliothèque, développée activement jusqu'en 2017, fut l'un des précurseurs de cadres de développement modernes en intelligence artificielle.
Articles connexes
modifierAnnexes
modifierBibliographie
modifier- Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres [détail des éditions] (lire en ligne).
- Gilles Ménage (trad. Manuella Vaney, préf. Claude Tarrène), Histoire des femmes philosophes, Paris, Arléa, 2006, p. 82-88 (traduction de Mulierum Philosopharum Historia 1690).
- Régine Pietra, Les Femmes philosophes de l'Antiquité gréco-romaine, Paris, L'Harmattan, 1997.
- (en) Ian Michael Plant, « 15. Theano », dans Women writers of ancient Greece and Rome: an anthology, University of Oklahoma Press, (ISBN 978-0-8061-3621-9, lire en ligne), p. 68-75.
- Constantinos Macris, « Théano (de Crotone ou de Métaponte ?) », dans Richard Goulet, Dictionnaire Des Philosophes Antiques (T. 6), Editions du Centre national de la recherche scientifique, (ISBN 978-2-271-08989-2, lire en ligne), p. 820-839.
Notes et références
modifier- Olivier Gaudefroy, Elles ont fait l'Antiquité: vingt-cinq scènes de vie d'intellectuelles grecques et romaines, Turquoise, (ISBN 978-2-918823-14-8, lire en ligne)
- Macris 2016, p. 820
- Plant 2004, p. 74, note 3 pour une liste plus complète, issue de Thesleff, The pythagorean texts of the hellenistic period, 1965, p. 193-194
- Plant 2004, p. 68
- Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, Pythagore.
- Thesleff, The pythagorean texts of the hellenistic period, 1965, p. 194.
- Plant 2007, p. 68-69
- Musée de Brooklyn - Centre Elizabeth A. Sackler - Théano
- Judy Chicago, The Dinner Party: From Creation to Preservation, Londres, Merrel 2007. (ISBN 1-85894-370-1).
- (en) « Theano/doc/introduction.txt at master · Theano/Theano », sur GitHub (consulté le )
Liens externes
modifier
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Le site http://chaerephon.e-monsite.com distingue Théano de Crotone, femme de Pythagore et Théano de Metaponte, femme de Brontinos.