Patrick Straram

Poète et écrivain canadien d'origine française (1934-1988)

Patrick Straram (né Patrick Marrast), connu aussi sous le pseudonyme Le Bison ravi (né à Paris le , mort à Longueuil le ) est un écrivain québécois d'origine française. Il est aussi un critique de musique et de cinéma.

Patrick Straram
Alias
Le Bison ravi
Naissance
Paris, France
Décès (à 54 ans)
Longueuil, Canada
Activité principale
Auteur
Langue d’écriture Français
Genres

Biographie

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Naissance et jeunesse

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Patrick Marrast dit Straram est né à Paris le 12 janvier 1934. Son père, Enrich Straram, travaille pour la Radio française et la Société immobilière des théâtres de Champs-Élysées. Son grand-père est le chef d'orchestre Walter Straram[1],[2].

Patrick Straram est un élève au lycée Jeanson-de-Sailly qu'il quitte vers l'âge de 14 ans. Il ne complète donc pas ses études secondaires. Il occupe divers emplois et fréquente les cafés et caves de Saint-Germain-des-Prés au début des années 1950, où il devient un amateur de jazz. Il fait la connaissance de Guy Debord et Ivan Chtcheglov, et s'implique au sein du mouvement de l'Internationale lettriste. En 1954, ses beaux-parents l'invitent à venir au Canada pour qu'il puisse éviter de faire son service militaire[3],[4],[5]. Il arrive à Vancouver en Colombie-Britannique où il devient bûcheron[6].

Carrière

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À partir de 1958, ayant emménagé à Montréal, il écrit pour Radio-Canada. Cette même année, il reprend contact avec Guy Debord, se rapproche de l'Internationale situationniste et fera paraître le premier et unique numéro de la revue situationniste Cahier pour un paysage à inventer en . En 1959, il crée le tout premier cinéma d'essai au Québec avec Jean-Paul Ostiguy, le Centre d'art de l'Élysée[1].

Il obtient sa citoyenneté canadienne le 31 août 1960[5].

En 1963, il cofonde la revue Parti pris, et en 1974, il cofonde la revue Chroniques. Il écrit pour divers journaux et périodiques, entre autres sur le cinéma et le jazz : La barre du jour, Les herbes rouges, Le jour, Cité libre, Liberté, Maclean's, TV hebdo, Écrits du Canada français, Le Devoir, Sept Jours, Point-de-vue, Hobo-Québec, ainsi que Parti pris et Chroniques. Patrick Straram est membre de l'Association québécoise des critiques de cinéma[4],[5].

À la fin des années 1960, il est invité en Californie où il écrit Irish coffees au no name bar & vin rouge valley of the moon. Au début des années 1970, il revient au Canada. Dans les années 1970, il commence à publier aux éditions L'Obscène nyctalope, à L'Aurore et aux Herbes rouges.

En 1975, son roman La Faim de l’énigme, inspiré par les œuvres de Boris Vian, sort aux éditions de l'Aurore. De 1978 à 1979, il anime l'émission Blues clair (nom qu'il accolera à tous ses écrits ultérieurs) à Radio-Canada, sous le pseudonyme de Bison ravi (une anagramme de Boris Vian)[1].

Sa pensée et son œuvre s'inspirent à la fois de son expérience de l'avant-garde française (l'Internationale Lettriste et l'Internationale situationniste), de la pensée marxiste qui existe au Québec dans les années 1960 et 1970, de même que la contre-culture qui provient des États-Unis[7]. « Plus anarchiste que gauchiste, profondément allergique à toute forme d'autorité, il s'accommode du système libéral sans jamais parvenir à s'intégrer dans la structure sociale »[8]. L'intérêt de Patrick Straram pour la vie quotidienne s'inspire aussi grandement de la pensée du philosophe Henri Lefebvre[9].

Patrick Straram meurt le . Juste avant sa mort, alors qu'il était malade, Jean-Gaétan Séguin le filmait. Le résultat est une œuvre vidéo intitulée Mourir en vie — Patrick Straram le bison ravi[10].

Le fonds d'archives de Patrick Straram est conservé au centre d'archives de Montréal de Bibliothèque et Archives nationales du Québec[11].

Poésie

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  • En train d'être en train vers où être, Québec... : graffito folk-rock, Montréal, L'Obscène nyctalope, , 28 p.
  • Irish coffees au no name bar & Vin rouge valley of the moon : graffiti / folk-rocks, Montréal, L'Exagone / L'Obscène nyctalope, , 249 p.
  • 4 X 4 / 4 X 4, Montréal, Les Herbes rouges, , 64 p.
  • Questionnement socra/cri/tique, Montréal, L'Aurore, coll. « Écrire », , 263 p. (ISBN 0885320174)
  • Bribes 1. Pré-textes & Lectures, Montréal, L'Aurore, coll. « Écrire », (ISBN 0885321081)
  • Bribes 2. Le Bison ravi fend la bise, Montréal, L'Aurore, (ISBN 088532112X)
  • Blues clair : Tea for one / No more tea, Montréal, Les Herbes rouges, , 64 p. (ISBN 289272001X)
  • Blues clair : Quatre quatuors en trains qu'amour advienne (avec Francine Simonin: illustratrice), Saint-Lambert, Éditions du Noroît, , 125 p. (ISBN 978-2-89018-083-3)
  • La veuve blanche et noire un peu détournée (préface de Jean-Marie Apostolidès & Boris Donné), Paris, Sens & Tonka, coll. « 11/vingt », 2006 (publication posthume), 92 p. (ISBN 2-84534-142-3)

Écrits sur le cinéma

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  • One + One Cinemarx et Rolling Stones, Montréal, Les Herbes rouges, , 109 p.
  • Gilles cinéma Groulx le lynx inquiet (avec Jean-Marc Piotte Pio le fou), Montréal, Les Herbes rouges, , 109 p.

Roman et récits

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  • La faim de l'énigme, Montréal, L'Aurore, coll. « L'Amélanchier », , 170 p. (ISBN 088532031X)
    • Réédition: La Faim de l'énigme (préface de Philippe Haeck), Montréal, VLB, 1991 (publication posthume), 228 p. (ISBN 978-2-89005-308-3)
  • Les bouteilles se couchent : fragments, Paris, Éditions Allia, 2006 (publication posthume), 139 p. (ISBN 2-84485-214-9)

Entretiens et correspondances

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  • Patrick Straram ou Le bison ravi : récit, Montréal, Guernica, , 46 p. (ISBN 978-2-89135-030-3)
  • Lettre à Guy Debord ; précédée d'une Lettre à Ivan Chtcheglov (préface de Jean-Marie Apostolidès & Boris Donné), Paris, Sens & Tonka, coll. « 11/vingt », , 83 p. (ISBN 2-84534-149-0)
  • D'une révolution à l'autre. Correspondance Debord-Straram suivi de Cahier pour un paysage à inventer et autres textes, présentation et édition critique par Sylvano Santini, les Presses de l'Université de Montréal, 2023.

Ouvrages collectifs

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  • Cahier pour un paysage à inventer no. 1 (avec Gilles Leclerc, Gaston Miron, Guy-Ernest Debord, et al.), Montréal, , 103 p.
  • « 20 000 draughts sous les tables », dans Guy Haché (Dir.), Écrits de la taverne Royal, Montréal, Éditions de l'Homme, , 139 p.
  • « Tea for one 2, hypojazz », dans Raôul Duguay (Dir.), Musiques du Kébek, Montréal, Éditions du jour, , 331 p.
  • Portraits du voyage (en collaboration avec Jean-Marc Piotte et Madeleine Gagnon), Montréal, L'Aurore, , 95 p. (ISBN 0885320328)

Filmographie

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Liens externes

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Notes et références

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  1. a b et c « Advitam - Bibliothèque et Archives nationales du Québec », sur advitam.banq.qc.ca (consulté le )
  2. Jean-François Nadeau, « Essai - Les marges de Patrick Straram », sur Le Devoir, (consulté le )
  3. Claude Gonthier, « Patrick Straram ou la constellation du Bison ravi », Voix et Images, vol. 13, no 3,‎ , p. 439 (ISSN 0318-9201 et 1705-933X, DOI 10.7202/200733ar, lire en ligne, consulté le )
  4. a et b « Recherche - L'Île », sur www.litterature.org (consulté le )
  5. a b et c Pierre Rannou, « Des véritables rapports de Patrick Straram le Bison ravi avec l'Internationale lettriste et l'Internationale situationniste », Inter : art actuel, no 93,‎ , p. 40–44 (ISSN 0825-8708 et 1923-2764, lire en ligne, consulté le )
  6. Sylvano Santini, « La « bâtardise » de Patrick Straram. La gauche culturelle au Québec dans les années 1970 et ses suites », Globe : revue internationale d’études québécoises, vol. 14, no 1,‎ , p. 53–75 (ISSN 1481-5869 et 1923-8231, DOI 10.7202/1005986ar, lire en ligne, consulté le )
  7. Xavier Martel, « Le parcours de Patrick Straram et son inscription dans le roman La faim de l'énigme », sur archipel.uqam.ca, (consulté le ), p. 3
  8. Léon Ploegaerts et Marc Vachon, « Patrick Straram ou un détour par le détournement », Voix et Images, vol. 25, no 1,‎ , p. 148 (ISSN 0318-9201 et 1705-933X, DOI 10.7202/201466ar, lire en ligne, consulté le )
  9. Claude Gonthier, « Patrick Straram ou la constellation du Bison ravi », Voix et Images, vol. 13, no 3,‎ , p. 443 (ISSN 0318-9201 et 1705-933X, DOI 10.7202/200733ar, lire en ligne, consulté le )
  10. Robert Lévesque, « Patrick Straram n’ a pas osé être acteur », Le Devoir,‎ , p. C-5 (lire en ligne  )
  11. Fonds Patrick Straram (MSS391) - Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).