Maurice Eliot

peintre et graveur français (1862-1945)

Charles Louis Maurice Eliot est un peintre, pastelliste, graveur, illustrateur et professeur de dessin français, né le dans le 15e arrondissement de Paris et mort le à Épinay-sous-Sénart[1].

Maurice Eliot
Maurice Eliot en 1896.
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière du Père-Lachaise, Grave of Eliot (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Période d'activité
Nom de naissance
Charles Louis Maurice Eliot
Nom officiel
Charles Louis Maurice EliotVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Formation
Maître
Lieu de travail
Fratrie
Distinction
Œuvres principales
Vue de la sépulture.

Biographie

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De l'enfance à Montmartre

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Émile Bin.
 
Charles Léandre, Portrait de Maurice Eliot, dessin.

Maurice Eliot est le second enfant, après sa sœur Jeanne née en (également future artiste peintre, cette aînée n'en sera pas moins son élève[2]), qui naît au domicile familial, 61 quai de Grenelle (l'immeuble, aujourd'hui détruit, a cédé la place à l'hôtel Novotel Paris Tour Eiffel) à Paris, du mariage de Claude Gabriel Eliot (1832-?), négociant en bois, et de Marie Antoinette Bouret (1841-1932), sans profession. À la suite de la rapide séparation du couple, l'enfance de Maurice se partage entre Paris et Épinay-sous-Sénart où son grand'père maternel Jean-Louis Bouret, qui en fut maire de 1860 à 1865, possède plusieurs propriétés[3].

 
Le palais de l'Industrie accueillit le Salon des artistes français.
 
Félix Fénéon.

Élève en 1878 d'Émile Bin dans l'atelier de celui-ci à Montmartre où il rencontre Paul Signac et Henri Rivière, il est ensuite formé à l'École des beaux-arts de Paris où il entre en 1880 pour suivre les cours d'Adolphe Yvon et d'Alexandre Cabanel[4]. En la même année 1881, il accomplit un an de service militaire au titre du volontariat et effectue son premier envoi - un portrait - au Salon des artistes français, au palais de l'Industrie. Il a pour camarade Charles Léandre avec qui il loue en 1884, année où commence à s'affirmer dans ses toiles son tempérament postimpressionniste, un atelier dans le quartier de Montmartre à Paris : situé près de la place Pigalle, au no 3 de la rue Houdon, chez l’encadreur et marchand de peintures Charles Dosbourg, les deux artistes que leurs camarades des ateliers de Montmartre surnomment alors « Héro et Léandre »[5], y exécutent réciproquement des portraits l'un de l'autre[6].

« L'atelier de la rue Houdon fut pour Léandre et pour moi l'un de nos plus chers souvenirs de jeunesse, évoque Maurice Eliot. Après les travaux sérieux, beaucoup d'amis et de camarades venaient nous voir, le soir après dîner. Nous appelions pompeusement ces réunions nos "soirées". Tantôt entre artistes et modèles, tantôt entre jeunes gens et jeunes filles. On lisait des vers, on chantait un peu, et même on dansait au son d'un vieux piano mal accordé »[7]. Il n'en demeure pas moins fidèle à Épinay-sous-Sénart « qui joue un rôle de tout premier plan dans sa peinture néo-impressionniste, même s'il vit et travaille à Paris »[3], où les visites qu'ils rend en barque à son ami peintre Numance Bouel (1824-1884), natif de Brunoy, nous sont ainsi restituées par une part de son œuvre : Portrait de Numance Bouel, Portrait de Madame Bouel, Jet d'eau du jardin Bouel, Les demoiselles Bouel prenant le thé dans le parc[8].

Peintre, pastelliste, lithographe

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Maurice Eliot reçoit une mention honorable au Salon de 1886, une médaille de 3e classe en 1887 et, en 1888, alors qu'il est pressenti pour le premier prix de Rome, il reçoit une bourse de voyage au titre du second prix de Rome en présentant sa composition Nausicaa jugée par le jury « trop subversive » : L'Art français, dans son numéro du , précise qu'ainsi « il n'y aura pas de Grand prix cette année-là ». Il visite de la sorte l'Europe du sud, participe aux expositions universelles de 1889et 1900 et reçoit une médaille d'argent à chacune d'elles[9],[10]. Il se produit également au Salon d'automne (Louis Vauxcelles le cite parmi les artistes remarqués au Salon de 1905[11]) et devient membre de la Société des artistes français.

Pastelliste reconnu[12], il expose par deux fois à la Galerie Georges Petit, en et , lors des « expositions des 33 » pastellistes français regroupés en une société qui, fondée et présidée par Roger Ballu, compte également Charles Angrand, Jacques-Émile Blanche, Eugène Dauphin, Émile Friant, Thomas Alexander Harrison, Fernand Khnopff, Albert Lebourg, Ary Renan, et Guillaume Van Strydonck. Félix Fénéon, visitant l'exposition de , peut de la sorte remarquer à propos de Maurice Eliot que « ce pastelliste choisit parmi ses crayons les clairs, les vifs, les tendres, et sa gaieté à les manier est manifeste »[13]. C'est en 1889 que Maurice Eliot est élu au bureau de la Société des pastellistes français, aux côtés entre autres de Jean-Louis Forain et Jules Chéret, pour participer à ses expositions annuelles, notamment en 1895 lors de son 12e Salon[14].

En 1894, l'État se porte acquéreur pour la première fois d'une toile de Maurice Eliot et, en 1897, Ambroise Vollard lui commande une lithographie en couleurs pour L'Album d'estampes originales de la galerie Vollard. Il rejoint la Société des peintres-lithographes en 1899, sans doute sous l'impulsion de Jules Chéret.

XXe siècle : le maître

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Charles Léandre, Autoportrait, lithographie, 1900.
 
Entrée de l'École polytechnique.
 
René-Jean.

Maurice Eliot s'installe en 1900 avec sa mère et sa sœur au 37, rue de Clichy où il vivra jusqu'en 1937, passant les étés dans la maison familiale d'Épinay-sous-Sénart[15]. En , après avoir enseigné cette discipline dans différentes écoles de Paris depuis le début des années 1890[16], Maurice Eliot est nommé « maître de dessin » à l'École polytechnique où il va enseigner jusqu'en 1932[15]. Classé hors-concours, il devient membre du jury à l'Académie des beaux-arts.

En , il est nommé chevalier de la Légion d'honneur avec pour parrain Charles Léandre[17]. Il expose en chez Devambez, avant d'être représenté par la galerie parisienne Sagot-Le Garrec. « Maurice Eliot, rarement aussi bien inspiré, expose le plus ravissant, le plus naturel dans sa pose, le plus délicieux dans son coloris chaud et nuancé, des portraits de femme » s'enchante René-Jean lors de sa visite du Salon de 1910[18]. Les paysages qu'il expose en à la vingt-septième exposition des pastellistes français, à la galerie Georges Petit où ils sont remarqués de Guillaume Apollinaire, énoncent qu'il a effectué un séjour en Corse[19].

La décennie 1930 est la période des épreuves avec les disparitions successives de sa mère Marie Antoinette en 1932, de son vieil ami Charles Léandre en 1934, puis de sa sœur Jeanne atteinte de maladie mentale. Sa retraite d'enseignant et une petite rente viagère sont alors insuffisantes pour lui éviter les difficultés financières cumulées par le loyer du 37, rue de Clichy et la pension de Jeanne en maison de santé spécialisée. Après le décès de celle-ci en 1937, il s'installe définitivement au 15, rue de Quincy à Épinay-sous-Sénart où il meurt en . Après une cérémonie religieuse à Épinay-sous-Sénart, il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (60e division) à Paris[3],[20].

Le lycée, « construit sur les champs qu'il aimait peindre », et le centre culturel d'Épinay-sous-Sénart, établi dans le « grand chalet normand » de ses amis Caffin, portent aujourd'hui son nom[3].

Collections publiques

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Le Faucheur, huile sur toile, vers 1888, musée d'art et d'histoire de Saint-Brieuc.
 
Les Vieilles Gens, huile sur toile, 1892, musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg.

  États-Unis

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Collections privées

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Illustrations

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Printemps, lithographie parue dans L'Estampe moderne (1897).
  • Printemps, lithographie, Paris, Impr. F. Champenois, 1897.
  • Jeune femme, lithographie, Paris, éd. Sagot-Le Garrec.
  • Victor Hugo, Les Chansons des rues et des bois, deux dessins gravés par Deblois, coll. Petite Bibliothèque Charpentier, Paris, G. Charpentier, 1890.
  • Victor Hugo, La Légende des siècles II, deux dessins gravés par Fernand Desmoulin, coll. Petite Bibliothèque Charpentier, Paris, G. Charpentier, 1891.
  • Jean Richepin, Les Caresses, deux dessins gravés à l'eau-forte par Fernand Desmoulin, coll. Petite Bibliothèque Charpentier, Paris, éd. Georges Charpentier et E. Fasquelle, 1893.
  • Jules Michelet, L'Amour, deux dessins gravés à l'eau-forte par Félix Oudart, coll. Petite Bibliothèque Charpentier, Paris, G. Charpentier, 1899.
  • Guy de Maupassant, L'Héritage, 21 compositions originales gravées à l'eau-forte par Louis Ruet, Paris, éd. Carteret, ancienne librairie Conquet, 1907.
  • Diane au bois, six compositions lithographiées d'après Banville, 1909.
  • Théodore de Banville, Diane au bois, 14 lithographies, 200 exemplaires numérotés sur vélin du Marais, Paris, Carteret, ancienne librairie Conquet, 1911.
  • Cartes postales illustrées, s.l., s.d[33].

Expositions

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Expositions personnelles

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  • Galerie Devambez, Paris, .
  • Rétrospective Maurice Eliot, musée Robert Dubois-Corneau, Brunoy, printemps 1988.
  • Héro et Léandre : Charles Léandre, Maurice Eliot - Souvenirs de jeunesse dans les ateliers de Montmartre; musée Robert Dubois-Corneau, Brunoy, - [5].
  • 150 pastels de maîtres pastellistes français et étrangers, Centre d'art et d'expositions La Ferme Ornée, Yerres, du au .
  • Hommage à Maurice Eliot, centre culturel Maurice-Eliot, Épinay-sous-Sénart, .

Expositions collectives

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  • Salon des artistes français, Paris, à partir de 1881.
  • Salon d'automne, Paris, 1905.
  • Exposition versaillaise, Société des amis des arts de Seine-et-Oise, musée de Versailles, .
  • Les artistes membres de la « Société Moderne », galerie Durand-Ruel, Paris, (catalogue préfacé par Arsène Alexandre)[34].
  • Peindre la banlieue de Corot à Vlaminck, 1850-1950, atelier Grognard, Rueil-Malmaison, -  ; musée français de la carte à jouer, Issy-les-Moulineaux, .

Réception critique

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  • « Maurice Eliot a fait ses preuves au Salon où nous l'avons vu marcher de succès en succès. Ici encore, sa composition se distingue des celle des autres par une harmonieuse proportion générale et par des délicatesses du modelé dont le jury sera certainement frappé. » - L'Art français, .
  • « Fidèle aux clartés impressionnistes qu'il module selon l'heure, les saisons et le climat, l'artiste laisse des scènes d'intérieur et des paysages de Normandie (les bords de l'Yerres), au ton réservé, tout en pudeur et en raffinement. Illustrateur de Michelet, de Maupassant, de Jean Richepin, de Victor Hugo surtout, en particulier de des Chansons des rues et des bois où s'épanouit son sens élégiaque, il a également pratiqué avec un bonheur constant la gravure ou, occasionnellement, la grande décoration. » - Gérald Schurr[35]
  • « Peintre des petits bonheurs quotidiens, son œuvre est la projection parfaite de sa personnalité, mûrement réfléchie, comme si l'artiste, face au motif, avait voulu maîtriser son émotion première. » - Dictionnaire Bénézit[4]

Références

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  1. Notice d'autorité sur data.bnf.fr.
  2. Dictionnaire Bénézit, Jeanne Eliot, Gründ, 1999, vol. 5, p. 91.
  3. a b c et d Service documentation de la ville d'Épinay-sous-Sénart, Maurice Eliot.
  4. a et b Dictionnaire Bénézit, Gründ, 1999, vol.5, pp.91-92.
  5. a et b Musée Robert Dubois-Corneau, Héro et Léandre : Cherles Léandre, Maurice Eliot - Souvenirs de jeunesse dans les ateliers de Montmartre, présentation de l'exposition
  6. Éric Lefèvre, expert, « Portrait de Charles Léandre dans l'atelier », pastel de Maurice Eliot.
  7. Maurice Eliot, Souvenirs de jeunesse, manuscrit conservé au centre de documentation du musée d'Orsay, Paris.
  8. Société d'art, histoire et archéologie de la vallée de l'Yerres, Les peintres de la vallée de l'Yerres.
  9. Joseph Uzanne, Figures contemporaines tirées de l'album Mariani, vol.8, Librairie Henri Fleury, 1903, p. 103-105.
  10. a et b Jules Martin, Nos peintres et sculpteurs, graveurs, dessinateurs, Ernest Flammarion éditeur, Paris, 1907, tome premier, p. 155.
  11. Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'automne de 1903 à nos jours, Arts et Images du Monde, 1992.
  12. Cf. Lien externe, Le Val d'Yerres magazine.
  13. Félix Fénéon, « Catalogue des trente-trois », La Cravache, 19 janvier 1889.
  14. La Chronique des arts et de la curiosité, avril 1896, p. 134-135.
  15. a b et c Gérald Schurr, Les petits maîtres de la peinture, valeur de demain, vol.7, Les Éditions de l'Amateur, 1989, p.169.
  16. La Chronique des arts et de la curiosité, janvier 1901, p. 19.
  17. Archives nationales de France, Base Léonore cote 19800035/326/43948, en ligne.]
  18. René-Jean, « La peinture aux Salons », Art & Décoration, tome XXVIII, juillet-décembre 1910, pp. 1-11.
  19. Guillaume Apollinaire, « Les pastellistes français - Le vernissage de leur vingt-septième exposition a eu lieu à la galerie Georges Petit », L'Intransigeant, n°11223, 7 avril 1911, p. 2.
  20. Registre journalier d'inhumation, 24 août 1945, n°201766, page 14.
  21. Notice et visuel NI 2003.486.P, sur la base Joconde, en ligne.
  22. Notice et visuel NI 2005.41.D, sur la base Joconde, en ligne.
  23. Notice et visuel NI 1990.1.P, sur la base Joconde, en ligne.
  24. Musée Josèphe Jacquiot, Maurice Eliot dans les collections
  25. Musée des Jacobins, Maurice Eliot dans les collections
  26. École nationale supérieure des beaux-arts, Maurice Eliot dans les collections
  27. Musée d'Orsay, Maurice Eliot dans les collections
  28. Petit Palais, Maurice Eliot dans les collections
  29. Musée Léon-Dierx, « Paysage aux oies » de Maurice Eliot dans les collections
  30. Musée Léon-Dierx, « L'Étang Fleuri » de Maurice Eliot dans les collections
  31. Dans l'herbe en Normandie (inv. 2008.0.23), sur pop.culture.gouv.fr.
  32. Smithsonian American Art Museum, Maurice Eliot dans les collections
  33. Notice, in catalogue général de la BnF.
  34. Bibliothèque Forney, Catalogue de l'exposition des artistes membres de la « Société Moderne », 1909, présentation de l'ouvrage
  35. Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1996, p.288.

Voir aussi

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Bibliographie

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Archives

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  • Maurice Eliot, Souvenirs de jeunesse, manuscrit conservé au centre de documentation du musée d'Orsay, Paris.

Liens externes

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