Labyrinthe de la cathédrale de Reims
Le labyrinthe de la cathédrale de Reims était un labyrinthe d'église installé sur le sol de la nef de la cathédrale Notre-Dame de Reims. Il figure notamment sur le logotype des monuments historiques français.
Date |
1286 (inauguration) 1779 (destruction) |
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Type | |
Format |
10,36 m × 10,36 m |
Mouvement | |
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Coordonnées |
Structure
modifierLe labyrinthe avait la forme d'un carré complexe à coins coupés de 34 pieds (10,36 m) de côté[1]. Les chemins mesuraient 11 pouces (27,94 cm) de large, séparés par des lignes de pierre de couleur bleu noir des Ardennes de 4,5 pouces (11,43 cm)[2]. Il était constitué de pierre tendre qui s'usait sous les pas des pèlerins, du même genre que celle de la pierre tombale de Hugues Libergier, aujourd'hui exposée sur un mur de la cathédrale[2].
L'originalité du labyrinthe est de présenter les maîtres d'œuvre de la cathédrale en les faisant sortir de l'anonymat qui règne souvent sur les autres églises ou cathédrales.
Ils sont connus avec précision, car des relevés du labyrinthe ont été dressés en 1640 par le chanoine Cocquault et en 1779 juste avant sa destruction. Ces descriptions contenaient aussi le déchiffrement des inscriptions au regard de chaque silhouette[2].
Le personnage central est identifié à Aubry de Humbert, archevêque rémois qui décida en 1211 de reconstruire une nouvelle cathédrale à la place de l'ancienne détruite par un incendie en 1210[3].
Les personnages dans les angles sont les maîtres d'œuvre successifs de la cathédrale[3],[1],[2] :
- (en haut à droite) : Jean d'Orbais (1211-1231) fit les plans de la cathédrale et commença le chevet ;
- (en haut à gauche) : Jean-le-Loup (1231-1247) commença les portails nord ;
- (en bas à gauche) : Gaucher de Reims (1247-1255) débuta les voussures et les portails de la façade ouest ;
- (en bas à droite) : Bernard de Soissons (1255-1290) fit cinq voûtes de la nef et ouvrit la rosace ouest.
C'est ce dernier qui était chargé de l'inauguration du labyrinthe. On ne trouve pas trace du cinquième maître d'œuvre, sans doute le plus connu, Robert de Coucy qui officia de 1290 à 1311 et fit notamment la couverture[2].
Les personnages sont représentés en pleine activité avec leurs outils à la main. Jean d'Orbais semble par exemple tracer un plan sur le sol[2].
Le labyrinthe comportait deux autres silhouettes de chaque côté de son entrée, mais elles n'ont pas pu être identifiées car elles étaient déjà presque effacées[2].
Histoire
modifierLes labyrinthes d'église sont des pavages polychromes symbolisant la montée du Christ au Calvaire[4]. Ils étaient appelés Chemin de Jérusalem. Les fidèles les suivaient à genoux comme pèlerinage symbolique ou pour gagner des indulgences[3],[4]. Un livret contenant des prières à réciter en le parcourant portait le titre Stations au chemin de Jérusalem, qui se voit en l'église Notre-Dame de Reims[5].
Le labyrinthe a été inauguré lors du sacre de Philippe le Bel intervenu le [2]. Il recouvrait la partie centrale de la nef sur l'ensemble des 3e et 4e travées[3],[2].
Le labyrinthe a été détruit en 1779 par les chanoines, qui se trouvaient dérangés par les enfants qui jouaient sur le labyrinthe en suivant les lignes pendant les offices[6],[7].
Jacques Cellier en a fait un dessin au XVIe siècle[8].
Dans la culture
modifierProjet Prisme
modifierL'association d'entreprises mécènes Prisme a proposé la reconstruction du labyrinthe. Mais cela se heurtait à des difficultés techniques et administratives[4].
Le choix a donc été fait d'une reconstitution réversible, à l'aide d'une projection lumineuse au sol inaugurée le . Elle n'est pas mise en œuvre en permanence, mais en soirée lors de manifestations culturelles[4].
Iconographie
modifierDébarrassé de ses personnages, avec une rotation de 45° et souvent de couleur rouge foncé, le labyrinthe de la cathédrale de Reims a inspiré le logo des Monuments historiques, utilisé depuis 1985[7].
Il illustre par ailleurs l'intérieur de la pochette de l'album des Rolling Stones Their Satanic Majesties Request, paru en 1967[9].
On le retrouve aussi sur la pochette de l'album Everything Is Alive du groupe britannique Slowdive paru en 2023[10].
Notes
modifier- « Le labyrinthe disparu de la cathédrale de Reims », sur Charte de Fontevrault (consulté le ).
- Dominique Naert, Le labyrinthe de la cathédrale de Reims : La signature des batisseurs, 29 rue Gay-Lussac, 94120 Fontenay-sous-Bois, SIDES, , 96 p. (ISBN 2-86610-073-5, BNF 36176911).
- Yann Harlaut, « Bienvenue à la découverte de ce joyau de l'art gothique » (consulté le ).
- « Cathédrale Notre-Dame de Reims », sur cathédrale de Reims, Direction régionale des affaires culturelles de Champagne-Ardenne (consulté le ).
- Voir Louis Paris, p. 29.
- Jean Diblik, Reims : comment lire une cathédrale, Editions d'art et d'histoire ARHIS, , p. 107.
- « Logotypes Monument historique et Site patrimonial remarquable », sur culture.gouv.fr, (consulté le )
- Robert Branner, Jean D'Orbais and the Cathedral of Reims, (lire en ligne)
- (en) Charles Yoe, « The Rolling Stones Album Art Research: Their Satanic Majesties Request » [PDF], sur It's Only Rock'n Roll, The Rolling Stones Fan Club, , p. 13-15
- (en) « Everything Is Alive | slowdive » (consulté le )
Annexes
modifierBibliographie
modifier- « Labyrinthe de la cathédrale de Reims », dans Jacques Cellier, Recherches de plusieurs singularités, par Françoys Merlin, controlleur général de la maison de feu madame Marie-Élizabeth, fille unique de feu roy Charles dernier, que Dieu absolue. Portraictes & escrites par Jacques Cellier, demourant à Reims. Commencé le 3e jour de . Achevé le 10e septembre Mil Vc quatre vingt & sept, Manuscrit français 9152, folio 77r (voir)
- Louis Demaison, « Les architectes de la cathédrale de Reims », dans Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1894, p. 3-40 (lire en ligne)
- Dominique Naert (préf. Patrick Demouy), Le labyrinthe de la cathédrale de Reims : La signature des bâtisseurs, 29 rue Gay-Lussac, 94120 Fontenay-sous-Bois, SIDES, , 96 p., 21 cm, ill. (ISBN 978-2-86610-073-5, OCLC 465694632, BNF 36176911, présentation en ligne)
- Louis Paris, Le jubé et le labyrinthe dans la cathédrale de Reims, Librairie de Michaud, Reims, 1885, p. 25-38 (lire en ligne))
- Francis Salet, « Le premier colloque international de la Société française d'archéologie (Reims, ler-). Chronologie de la cathédrale », dans Bulletin monumental, 1967, tome 125, no 4, p. 347-394 (lire en ligne)