Kathak
Le kathak est une danse classique du nord de l'Inde[1].
Historique
modifierLa danse Kathak serait d'origine religieuse tirée de la tradition hindoue. Le mot kathak est dérivé du mot sanscrit katha qui signifie histoire, ou de katthaka qui signifie "celui/celle qui raconte une histoire". Les conteurs (kathakara) étaient attachés aux temples dans l'Uttar Pradesh, où naquit Krishna.
Cette thèse de la naissance du Kathak comme une danse issue des temples a été réfutée par la chercheuse Margaret Walker. Elle justifie cela en invoquant notamment l'absence de sources étayant cette thèse[2]. Pour elle, le Kathak moderne est une danse issue de plusieurs types de danse du Nord de l'Inde : les performances des courtisanes moghols (tawaifs), les danses rythmiques et héréditaires d'hommes appelés Kathaks, Bhands, ou Bhagatiya, et des théâtres dansés, parfois religieux, comme le Ras Lila, Ram Lila, et Nautanki[3].
Le Kathak sous l'occupation moghol
modifierLe kathak aurait évolué durant la période islamique vers une forme plus divertissante, moins axée sur la narration de mythes hindoues mais plutôt vers une virtuosité et rapidité dans l'exécution des mouvements. Les moghols furent des mécènes pour les danseuses de Kathak, qui eurent le statut de tawaif, courtisanes.
Le Kathak sous l'occupation britannique
modifierDes représentations de danse ont eu lieu lors de fêtes privés organisées chez l'élite indienne ou chez des britanniques résidant en Inde.
Revalorisation lors du renouveau culturel au 20e siècle
modifierLors du renouveau culturel indien du 20e siècle, le Kathak, précédemment associé à l'impérialisme moghol et britannique, ainsi qu'à une décadence, les courtisanes étant perçues comme des prostituées, fut distancé de son passé pour devenir un des symboles de la culture nationale. Pour la chercheuse Margaret Walker, cette évolution de la danse fut provoquée par un groupe social de danseurs de la caste Kathak. Ces hommes hindous aurait effectué au cours du 19e un "changement de caste", passant de la catégorie de Shudra à celle de Brahmanes. Ces danseurs n'étaient plus associées aux courtisanes et cultivèrent une association entre leurs danses et les temples et la pratique dévotionnelles. Cela permis de détacher le Kathak du stigma de la prostitution qui y était associé. Dès les années 1930 et 1940, lors de la création des premières écoles de Kathak, des jeunes filles et femmes purent venir étudier cette danse maintenant que celle-ci était devenue une activité respectable. La danse Kathak pouvait désormais être présentée comme une tradition indienne pure et ancestrale, pré-britannique et pré-Moghol[4].
Caractéristiques
modifierMouvements
modifierLe Kathak est caractérisé par des frappes de pieds rapides et rythmées, des mouvements circulaires et fluides des mains et des poignets, et de nombreux tours rapides (chakkars). Les danseurs de Kathak portent des ghungru, grelots enroulés autour de leurs chevilles, afin de mettre en valeur le son de leurs mouvements de pieds. Le kathak est également caractérisé par des mouvements de pirouettes et différentes postures dites "statuesques". Le Kathak utilise aussi les mudras (position des mains) bien que dans une moindre importance que d'autres danses classiques indiennes comme le bharata natyam.
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Une danseuse de Kathak portant des Ghungroo (grelots de chevilles) réalise un Tatkar (frappe de pied
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Une pose caractéristique du Kathak
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Utilisation des mudras
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Deux danseurs de Kathak réalisant des tours (chakkars)
Thèmes
modifierLes textes sacrés, le Ramayana ou la Bhagavad-Gita, étaient chantés et mimés pour être transmis à un public illettré. Après l'introduction propitiatoire, les passages de danse pure et narrative alternent. La danse commence progressivement et le rythme s'accélère. Moins rigide que le Bharata natyam, le kathak ne laisse néanmoins que peu de place à l'improvisation. Le danseur doit posséder de grandes qualités physiques tout en gardant une certaine grâce malgré la vitesse d'exécution de sa danse.
Costume
modifierLe costume d'un danseur de Kathak est composé d'une longue robe évasée, ce qui permet une plus grande liberté de mouvement, ainsi que des bas assortis. Les costumes sont souvent de couleurs très variées. Le maquillage souligne les yeux du danseur, afin d'attirer l'attention du spectateur sur ceux-ci.
Quelques interprètes notoires
modifierAu nombre des interprètes célèbres du kathak, on compte Kumari Kamala, Maya Rao, Shambhu Maharaj, Sunder Prasad, Birju Maharaj, Damayanti Joshi, Gopi Krishan et plus récemment le danseur et chorégraphe contemporain britannique Akram Khan, Sharmila Sharmea et Aditi Mangaldas. Il y a des danseurs et des danseuses de kathak dans le monde entier.
Certains chercheurs notent qu'il y aurait des similarités entre la danse kathak et le flamenco[5].
Bibliographie
modifier- Devi Amala « Danse de l’Inde : le Kathak », in Danser, no 9, éd. SPER, Paris, 1984, p. 42 ss.
- Jayadeva, trad. Nicole Menant, Gita Govinda : danse et poème d’amour, Ed. d’art Alain Mazeran, Paris, 1988. [Livre illustré de photos des danses bharata-natyam, manipuri, kathak, odissi.]
- Venkataraman Leela, Pasricha Avinash, La danse classique indienne, Une tradition en transition, Éditions de Lodi, 2003.
Notes et références
modifier- Williams, Drid (2004). "In the Shadow of Hollywood Orientalism: Authentic East Indian Dancing" (PDF). Visual Anthropology. Routledge. 17 (1): 69–98. doi:10.1080/08949460490274013.
- (en) Margaret Walker, « Kathak Log ya Kathak Nrtya: The Search for a Dance Called Kathak », Journal of the Indian Musicological Society, vol. 40, , p. 168-190 (lire en ligne)
- Walker, Margaret Edith. 2004. “Kathak Dance: A Critical History.” Ph.D. dissertation, University of Toronto.
- (en) Margaret Walker, « Revival and Reinvention in India’s Kathak Dance », MUSICultures, (lire en ligne)
- Phillips (2013). "Becoming the Floor / Breaking the Floor: Experiencing the Kathak-Flamenco Connection". Ethnomusicology. University of Illinois Press. 57 (3): 396–427. doi:10.5406/ethnomusicology.57.3.0396.