Jean Pucelle
Jean Pucelle (mort en 1334) est un enlumineur français, actif à Paris entre 1319 et 1334.
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Son nom apparaît dans plusieurs documents d'archives et deux manuscrits enluminés. Quelques autres ouvrages lui sont attribués, en personne ou à son atelier. Empreint d'influence italienne, son art influence durablement l'enluminure parisienne tout au long du XIVe siècle.
Biographie
modifierLe peintre et enlumineur est mentionné pour la première fois, entre 1319 et 1324, dans les comptes de la confrérie parisienne de Saint-Jacques-aux-Pèlerins. Chargé d'en dessiner le sceau, il est rémunéré à ce titre[1].
Selon certains historiens de l'art, il aurait effectué vers 1322 un voyage en Toscane, et notamment à Sienne[2].
Deux manuscrits contiennent des mentions établissant la participation de Jean Pucelle. Le Bréviaire de Belleville, réalisé entre 1323 et 1326, comporte des notes marginales qui précisent que Pucelle a payé une somme élevée à des collaborateurs pour la réalisation d'enluminures, ce qui indique qu'il dirige alors un important atelier[3]. Une bible écrite par Robert de Billing contient un colophon stipulant qu'il a enluminé l'ouvrage en 1327 avec deux autres artistes appelés « Anciau de Cens et Jacquet Maci ». Enfin, un document d'archives atteste sa mort en 1334[4].
Style
modifierJean Pucelle introduit dans l'enluminure parisienne, jusqu'alors répétitive, une nouvelle conception de l'espace. Elle s'inspire de la peinture italienne, plus particulièrement de l'art siennois et de Duccio di Buoninsegna, dont elle reprend en outre le sens plastique. Cette inspiration italienne s'avère telle que certains historiens ont même avancé l'hypothèse qu'il pourrait s'agir d'un artiste italien venu s'installer à Paris nommé Giovanni Pucelli.
Il insuffle un nouvel élan qui se perpétuera jusqu'à la fin du XIVe siècle chez de nombreux suiveurs, dont le plus célèbre est Jean le Noir. Cependant, les rares manuscrits qui lui sont attribués mettent en évidence un style très hétérogène. La part de ses collaborateurs s'avère si difficile à déterminer qu'on préfère parler d'un « style pucellien »[5].
Œuvres
modifier- Bréviaire de Blanche de France, vers 1324, Rome, Bibliothèque apostolique vaticane, Urb.603 ;
- Heures de Jeanne d'Évreux, offert par Charles IV le Bel à son épouse, vers 1325-1328, New York, The Cloisters, Acc.54.1.2. Entièrement de la main de Jean Pucelle, ce livre d'heures constitue son chef-d'œuvre. De dimensions exceptionnellement réduites, il comporte de nombreuses enluminures en pleine page et des drôleries marginales exécutées en grisaille, sa technique de prédilection. Le goût du naturalisme, l'attention nouvelle portée à l'expression des personnages et le souci de profondeur spatiale constituent une révolution plastique sans précédent dans la peinture française ;
- Bréviaire de Belleville provenant du prieuré Saint-Louis de Poissy, vers 1323-1326, Paris, Bibliothèque nationale de France (BnF), ms. latin 10483-10484. Fermoir en or aux armes de France. Jean Pucelle et atelier ;
- Bible de Robert de Billyng, 1327, Paris, BnF, ms. latin 11935. Jean Pucelle et son atelier ;
- Miracles de Nostre Dame (livres I et II) rédigés par Gautier de Coincy pour Jeanne de Bourgogne, Paris, BnF, NAF 24541[6].
Notes et références
modifier- P.-Y. Le Pogam, « La matrice du grand sceau de l’Hôpital Saint-Jacques-aux-Pèlerins par Jean Pucelle », Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, séance du 19 janvier 1994, pp. 33-49 ; (en) M. Gill, « Jean Pucelle and the Parisian Seals-Engravers and Goldsmiths », dans Pyun et Russakoff 2013
- (de) M. Pippal, « Die Maestà von Massa Marittima und Pucelles ‘italienische reise’ zur frage des künstlerischen austausches zwischen Paris und Siena im zweiten jahrzehnt des 14. jahrhunderts », Wiener Jahrbuch für künstgeschichte, vol. 46/47, 1993/94, p.557-568 ;(en) V. M. Schmidt, « Northern artists and Italian art during the late Middle Ages : Jean Pucelle and the Limbourg brothers reconsidered », dans V. M. Schmidt, G. J. Van der Sman, M. Vecchi, J. Van Waadenoijen (éd.), Italy and the Low Countries. Artistic Relations : the Fifteenth Century, Florence, 1999, pp. 21-38.
- Morand et 1961
- Françoise Baron, « Enlumineurs, peintres et sculpteurs parisiens des XIVe et XVe siècles d’après les archives de l’hôpital Saint-Jacques-aux-Pèlerins », Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 6, 1970, pp. 77-115. [lire en ligne]
- Deuchler 1971
- Notice et reproduction sur Gallica.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- (en) Stanley H. Ferber, « Jean Pucelle's Use of Grisaille », Manuscripta, vol. 19, no 2, , p. 74 (DOI 10.1484/J.MSS.3.812)
- (en) Stanley H. Ferber, « Jean Pucelle and Giovanni Pisano », Art Bulletin, vol. 66, no 1, , p. 65-72 (DOI 10.2307/3050393)
- (en) Lucy Freeman Sandler, « Jean Pucelle and the Lost Miniatures of the Belleville Breviary », Art Bulletin, vol. 66, no 1, , p. 73-96 (DOI 10.2307/3050394)
- (en) Kyunghee Pyun et Anna Russakoff (dir.), Jean Pucelle : Innovation and Collaboration in Manuscript Painting, Turnhout, Brepols, , 218 p. (ISBN 978-1-905375-46-2)
- (en) Kathleen Morand, « Jean Pucelle: A Re-Examination of the Evidence », The Burlington Magazine, vol. 103, no 699, , p. 206-211 (JSTOR 873322)
- (en) Kathleen Morand, Jean Pucelle, Oxford, Clarendon Press, , 49 p.Version complétée de l'article du même auteur
- (en) Karen Gould, « Jean Pucelle and Northern Gothic Art: New Evidence from Strasbourg Cathedral », The Art Bulletin, vol. 74, no 1, , p. 51-74 (DOI 10.2307/3045850, JSTOR 3045850)
- (en) Florens Deuchler, « Jean Pucelle: Facts and Fictions », The Metropolitan Museum of Art Bulletin, vol. 29 (new series), no 6, , p. 253-256 (JSTOR 3258539, lire en ligne)
- François Avril, L'enluminure à la cour de France au XIVe siècle, Paris, Chêne, 1978.
- Charles Sterling, La peinture médiévale à Paris, 1300-1500, Paris, Bibliothèque des arts, 1990.
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Notice Larousse
- Notice de l'Encyclopaedia Universalis
- (en) Notice Oxford reference