In ictu oculi
In ictu oculi est une locution latine signifiant « en un clin d'œil ». Son origine se trouve dans un passage de la Bible, notamment dans la Première épître aux Corinthiens : « In momento, in ictu oculi, in novissima tuba » ((1 Cor. 15:52), qui est lui-même traduit du grec ἐν ἀτόμῳ, ἐν ῥιπῇ ὀφθαλμοῦ, ἐν τῇ ἐσχάτῃ σάλπιγγι[1], qui se traduit par : « en un instant, en un clin d’œil, à la dernière trompette ».
Henri de Huntingdon employa cette expression à propos de la rapide soumission de l'Angleterre à Étienne de Blois en 1135 : « sine mora, sine labore, quasi in ictu oculi » (« sans délai, sans peine, comme en un clin d'œil »)[2],[3]. Elle apparaît encore dans le texte d'un motet d'Antoine Busnois intitulé « Gaude celestis Domina »[4]. Le texte anglais le plus notable en faisant usage est une paraphrase par John Donne du contexte original de 1 Corinthiens 15 : « which shall be found alive upon the earth, we say there shall be a sudden death, and a sudden resurrection; In raptu, in transitu, in ictu oculi »[5],[6]
Œuvres d'art
modifierIn ictu oculi est également le titre d'un tableau du peintre baroque espagnol Juan de Valdés Leal (1622-1690). Présentant une allégorie de la mort, cette œuvre réalisée vers 1671 est l'une des deux grandes (2,2 mètres de hauteur[7]) vanités peintes par Valdés Leal pour l'hôpital de la Charité de Séville[8]. Le personnage central est un squelette ; sur le sol se trouvent un cercueil ouvert et des symboles de richesse et de pouvoir[9]. Le squelette éteint une chandelle, représentant la vie, au-dessus de laquelle figure le titre du tableau[10],[11]. Un volume des croquis de Rubens de l'arche de triomphe d'Anvers, honorant la visite du cardinal-infant Ferdinand, nouveau gouverneur, en 1634, constitue un symbole de désillusion politique[12]. La seconde vanité de la paire s'intitule Finis Gloriae Mundi, « la fin de la gloire du monde », et dépeint un évêque mort et un chevalier[13].
La peinture de Valdés Leal est le reflet de la conception des vanités dans la musique espagnole de la même période, comme l'illustre In ictu oculi. Música española del siglo XVII, un enregistrement de 2002 par le groupe de musique ancienne Los Músicos de Su Alteza[14]. Un tableau de 2004 de l'artiste cubain Diango Hernandez (né en 1970) a lui aussi cette locution pour titre[15].
Notes et références
modifier- (en) 1 Cor. 15:52, Nouveau Testament en grec de la Society of Biblical Literature, sur Bible Gateway. Consulté le 27 février 2016.
- Roger of Hoveden, William Stubbs, Chronica magistri Rogeri de Houedene Roger (of Hoveden), 1868, Longman, Londres, OCLC 1925703, p.256 : « Hoc vero signum malum fuit, quod tarn reponte omnis Anglia sine mora, sine labore, quasi in ictu oculi ei subjecta est. »
- Josèphe Chartrou-Charbonnel, L'Anjou de 1109 à 1151: Foulque de Jérusalem et Geoffroi Plantagenêt, 1928, Presses universitaires de France, Paris, OCLC 489975802. « Henri de Huntingdon ... indique que l'Angleterre se soumit très rapidement “sine mora, sine labore , quasi in ictu oculi” ».
- (en) “The Ambassadors” Texts and English Translations, The Orlondo Consort, p.1. Consulté le 28 février 2016.
- (en) John Donne, George R. Potter et Evelyn M. Simpson, The Sermons of John Donne 2, 1984, University of California Press, p. 73.
- (en) John Donne et Henry Alford, The Works of John Donne: With a Memoir of His Life, 1839, Parker, Londres, p. 336.
- (en) Ann Sutherland Harris, Seventeenth-Century Art & Architecture, 2005, Pearson Prentice Hall, Upper Saddle River N.J., p. 240, (ISBN 978-0-131-45577-1). « Valdes Leal's canvases are still-lives but on such a large scale – more than 7 feet high (2.2 meters) – that they transcend that genre to become religious paintings. The skeleton in one canvas – In Ictu Oculi – is the sole actor amid ... »
- (en) Shirley D. Myers et Bernard Samuel Myers, Encyclopedia of painting, 1979, Crown Publishers, New York, (ISBN 978-0-517-53880-7). « Contrary to this, of course, is the tighter technique of the allegories, Finis Gloriae Mundi and In Ictu Oculi, painted for the Charity Hospital of Seville, where Murillo (see) was also at work. These pictorial horrors exemplify the ... »
- (en) Alida Graveraet Radcliffe, Schools and Masters of Painting, 1909, D. Appleton and Company, New York, OCLC 12879829. « Round the flame of the taper are the words, 'in ictu oculi.' On the floor is an open coffin, ... »
- (en) Catherine Gasquoine Hartley, A Record of Spanish Painting, 1904, Walter Scott Publishing Company, Londres, OCLC 1114969. « Circling the gleaming light of the taper are the words "In Ictu Oculi," while an open coffin rests upon the ground, ... »
- (en) Mary Elizabeth Perry, Gender and disorder in early modern Seville, 1990, Princeton University Press, Princeton, (ISBN 978-0-691-00854-7), p. 164 : « In Ictu Oculi (fig. 16), by the same artist, presents death as a skeleton standing over symbols of wealth and power and extinguishing a candle that symbolizes life. »
- (en) Fernando González de León, The road to Rocroi: class, culture and command in the Spanish Army, 2009, Brill, Leyde-Boston, (ISBN 978-9-004-17082-7), p. 345 : « ... chilling canvas In Ictu Oculi (1671) in which a volume of Rubens' designs for the Cardinal-Infante's triumphal arches stands as a symbol of political disillusionment, ... »
- (en) Andy Symington, Andalucía, 2004, Footprint, (ISBN 978-1-906-09851-3), p. 79 : « The inscription In Ictu Oculi translates as 'in the blink of an eye'. Opposite this is an even more challenging painting entitled Finis Gloriae Mundi ('the end of wordly glory'). It depicts a crypt in which a dead bishop and knight are ... »
- (en) In Ictu Oculi Album Cover, www.covermytunes.com. Consulté le 28 février 2016.
- (en) Diango Hernández Biography, diangohernandez.com. Consulté le 28 février 2016.