Louis de France (1661-1711)
Le prince Louis de France, dit Monseigneur ou le Grand Dauphin, né le au château de Fontainebleau et mort le au château de Meudon, est l'aîné des six enfants du roi Louis XIV et de la reine Marie-Thérèse d'Autriche. Il est, selon la tradition, dauphin de France en tant que premier-né des fils du roi. Mort quelques années avant son père, il n'accède jamais au trône.
Titre
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(49 ans, 5 mois et 13 jours)
Prédécesseur | Louis de France |
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Successeur | Louis de France |
Conflit | Guerre de la Ligue d'Augsbourg |
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Titulature |
Fils de France Dauphin de France |
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Dynastie | Maison de Bourbon |
Surnom |
Monseigneur Grand Dauphin |
Naissance |
Château de Fontainebleau (France) |
Décès |
(à 49 ans) Château de Meudon (France) |
Sépulture | Nécropole royale de la basilique de Saint-Denis |
Père | Louis XIV |
Mère | Marie-Thérèse d’Autriche |
Conjoints |
Marie-Anne de Bavière Marie-Émilie de Joly de Choin |
Enfants |
Louis de France Philippe V Charles de France |
Religion | Catholicisme |
Signature
Biographie
modifierEnfance
modifierFils aîné de Louis XIV et de Marie-Thérèse d’Autriche, Louis est né le , un an à peine après le mariage de ses parents[1]. Le père, âgé de 23 ans, assiste à l'accouchement et, il court à la fenêtre et s'écrie : « La reine est accouchée d’un garçon ! ». En son honneur, une toute nouvelle appellation est créée : « Monseigneur ». Louis est ondoyé dès sa naissance par l'évêque de Rennes, Charles-François de La Vieuville, et n'est baptisé que le au château de Saint-Germain-en-Laye.
Son ascendance est remarquable par le fait qu'il n'a que huit arrière-grands-parents, au lieu de seize : ses deux parents ont les quatre mêmes grands-parents. Le père de Louis XIV (Louis XIII) est le frère de la mère de Marie-Thérèse d'Autriche (Élisabeth de France), et la mère de Louis XIV (Anne d'Autriche) est la sœur du père de Marie-Thérèse (Philippe IV d'Espagne). Le lien entre la maison de France et la maison de Habsbourg était un enjeu primordial des rapports politiques en Europe, aboutissant à ce cas de consanguinité.
Il a pour parrain le pape Clément IX et pour marraine la reine consort d'Angleterre Henriette-Marie de France.
Le , le Grand Carrousel est donné en l'honneur de sa naissance devant le palais des Tuileries[1], à un endroit qui porte désormais le nom de « place du Carrousel ». Le dauphin a cinq frères et sœurs qui meurent au berceau, à l'exception de Marie-Thérèse, dite « Madame », qui a cinq ans lorsqu'elle meurt, en 1672. Le roi reconnaît en revanche 11 enfants adultérins.
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Anne d'Autriche avec le Dauphin et la reine Marie-Thérèse vers 1665.
Éducation
modifierJusqu'à l'âge de 7 ans, le dauphin a pour gouvernante Jeanne de Prie, maréchale de la Mothe-Houdancourt. Il est ensuite confié au sévère Charles de Saint-Maure (qui servit, dit-on, de modèle au Misanthrope de Molière) et a pour précepteur Jacques-Bénigne Bossuet, évêque de Condom, assisté de l'érudit Pierre-Daniel Huet. Bossuet lui dédiera son Discours sur l'Histoire universelle, destiné à faire son éducation. De même, c'est au dauphin qu'est dédié le tout premier recueil des Fables de La Fontaine, écrites et publiées à partir de 1668 par Jean de La Fontaine.
Le prince est, jusqu'en 1674, un élève appliqué, quoique son éducation se focalise davantage sur l'obéissance due à son père le roi que sur l'art de gouverner. Ses précepteurs, en revanche, lui transmettent le goût pour les antiquités (inscriptions, médailles, sculptures). Dès l'âge de 20 ans, Monseigneur commence à constituer une collection de porcelaines. Il a en outre une très grande affection pour les gemmes, conseillé par le célèbre orfèvre Philippe Van Dievoet, dit « Vandive », officier de la garde-robe du roi[2]. Le dauphin sera toute sa vie un grand collectionneur.
Monseigneur est marié à 19 ans alors que, selon les dires de Madame de Sévigné, il est encore inexpérimenté dans les choses de l'amour. Initialement fidèle à son épouse la dauphine, il suit le chemin de son père et séduit ses demoiselles d'honneur, comme Émilie de Joly de Choin[1]. Dans ses écrits, le duc de Saint-Simon brosse un portrait plutôt sévère du Grand Dauphin :
« Monseigneur était plutôt grand que petit, fort gros, mais sans être trop entassé, l’air fort haut et noble, sans rien de rude, et il aurait eu le visage fort agréable, si M. le prince de Conti le dernier mort ne lui avait pas cassé le nez par malheur en jouant, étant tous deux enfants. Il était d’un fort beau blond, avait le visage fort rouge de hâle partout, et fort plein, mais sans aucune physionomie ; les plus belles jambes du monde ; les pieds singulièrement petits et maigres. […] Il était fort bien à cheval et y avait grand-mine. […] Presque tous ses portraits lui ressemblent bien. […]
Monseigneur était sans vice ni vertu, sans lumières ni connaissances quelconques, radicalement incapable d'en acquérir, très paresseux, sans imagination ni production, sans goût, sans choix, sans discernement, né pour l'ennui, qu'il communiquait aux autres, et pour être une boule roulante au hasard par l'impulsion d'autrui, opiniâtre et petit en tout à l'excès, de l'incroyable facilité à se prévenir et à tout croire qu'on a vue, livré aux plus pernicieuses mains, incapable d'en sortir ni de s'en apercevoir, absorbé dans sa graisse et dans ses ténèbres, et que, sans avoir aucune volonté de mal faire, il eût été un roi pernicieux[3]. »
Le diplomate suisse Ézéchiel Spanheim se montre quant a lui bien moins sévère, quant à toute sa description du physique du dauphin, le décrivant comme étant plutôt « d'une taille au-dessous de la [moyenne], d’un visage plein, beau, et qui a également de la douceur et de la majesté ».
Mariage
modifierLe mariage du Grand Dauphin est une affaire d'État. Quatre princesses catholiques retiennent l'attention du roi : Marie-Louise d'Orléans (la fille de Monsieur, épouse finalement Charles II en 1679), Marie-Antoinette d'Autriche (la nièce de la reine, épouse finalement l'électeur de Bavière en 1685) et Anne-Marie-Louise de Médicis (la fille du grand-duc de Toscane). La dernière union était envisagée mais présentait en réalité peu d'intérêt. La mère de la princesse Marguerite-Louise d'Orléans, cousine germaine du roi, était française mais vivait en exil à l'abbaye de Montmartre. Mariée au grand-duc de Toscane avant de quitter son mari, le roi n'en voulait pas.
Le , Monseigneur épouse finalement Marie-Anne de Bavière, sœur de l'électeur de Bavière. Le couple eut plusieurs enfants dont trois survécurent à leurs parents :
- Louis de France, duc de Bourgogne. Il épouse la princesse Marie-Adélaïde de Savoie en 1696.
- Philippe V, duc d'Anjou. Il devient roi d'Espagne en 1700 et épouse Marie-Louise-Gabrielle de Savoie.
- Charles de France, duc de Berry. Il épouse la princesse Louise-Élisabeth d’Orléans en 1710.
Femme intelligente, cultivée et droite, la dauphine ne s'adapte pas à la très frivole et médisante cour de France. Malgré les efforts du roi, elle se cloître dans ses appartements, se plaignant sans cesse de sa santé mise à mal par ses grossesses successives. Elle meurt en 1690, âgée de 29 ans. Veuf à l'âge de 28 ans, le dauphin peut songer à se remarier. Ayant donné trois héritiers à la couronne, il épouse donc secrètement en 1695, sa maîtresse de longue date, Émilie de Joly de Choin, dame d'honneur de sa demi-sœur préférée Mademoiselle de Blois, que cette dernière avait renvoyée.
Monseigneur et la cour
modifierBien qu'il ait lui-même épousé sa maîtresse, le roi n'approuve pas pour autant le second mariage de son fils. Il partage toutefois des points commun avec ce dernier : tous deux sont de grands mangeurs, passionnés de chasse (sa spécialité étant la chasse aux loups) et de bâtiments. Ils sont tout deux proches de leurs valets. Leur point de divergence majeur demeure l'ascendant de Madame de Maintenon sur la cour. Bien trop soumis pour se confronter à son père, le dauphin préfère se retirer dans son château de Meudon où il se sent plus libre[1],[4]. Il semble se tenir à l'écart des affaires politiques mais apprécie l'exercice des fonctions militaires[1].
Selon les portraits livrés de Saint-Simon et de Spanheim, ses rapports à ses obligations sont différents. Opposé à la révocation de l'édit de Nantes, il se signale par sa bravoure au combat, notamment pendant la guerre de la Ligue d'Augsbourg. Fier de son rang, il ne craint pas de réclamer avec une rare vigueur pour son fils cadet duc d'Anjou, l'héritage de la couronne d'Espagne, alors que le décès de sa mère faisait de lui l'héritier légal. Durant la guerre de succession d'Espagne, il est la cible d'une tentative d'enlèvement au château de Versailles par un colonel dans l'Armée des Impériaux, Pierre de Guethem. Le complot échoue et Guethem emprisonné.
Décès
modifierEn 1701, Monseigneur est victime d’une attaque d’apoplexie (ou d'une grave indigestion, selon Saint-Simon). Le Grand Dauphin meurt finalement de la variole le à 23h30, à l'âge de 49 ans, au château de Meudon, sa résidence préférée, dans la chambre de son grand appartement. Saint-Simon retrace le récit de son agonie dans ses Mémoires. Première victime de l'hécatombe royale qui sévit dans les années 1710, son décès bouleverse son père Louis XIV qui voit bientôt une difficulté de succession se profiler à l'horizon.
Ordres militaires
modifierChevalier des ordres dès sa naissance, le Grand Dauphin fut reçu le . Furent créés pour lui :
- la compagnie des chevau-légers du Dauphin le .
- la compagnie des gendarmes du Dauphin le .
- le régiment du Dauphin Infanterie le .
- le régiment du Dauphin cavalerie le .
- le régiment du Dauphin dragons le .
- le régiment de Dauphin-Étranger cavalerie le .
Ascendance
modifierNotes et références
modifier- Mathieu da Vinha, « Monseigneur le Dauphin, fils de Louis XIV : introduction », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, (ISSN 1958-9271, DOI 10.4000/crcv.12465, lire en ligne, consulté le )
- Michèle Bimbenet-Privat, Les orfèvres et l'orfèvrerie de Paris au XVIIe siècle, tome I, Paris, p. 121 : « Le département de la Garde-Robe compte aussi parmi ses officiers un orfèvre recruté pour le service du dauphin : Philippe Vandives ou Vandivout émarge à ce titre de 1680 à la mort de Monseigneur. C'est un Bruxellois, doté de lettres de naturalité en ».
- Saint-Simon, « Caractère de Monseigneur », Mémoires, Bibliothèque de la Pléiade, 1984, vol. IV, p. 78-79.
- Château dont le potager portera son nom : le potager du Dauphin.
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Matthieu Lahaye, Louis, Dauphin de France. Fils de roi, père de roi, jamais roi, DEA sous la direction de Joël Cornette soutenu à l’université Paris VIII, 2005.
- Matthieu Lahaye, « Louis Ier d’Espagne (1661-1700) : essai sur une virtualité politique », in Revue historique, no 647, .
- Matthieu Lahaye, Le fils de Louis XIV. Réflexion sur l’autorité dans la France du Grand Siècle, thèse sous la direction de Joël Cornette à l’Université Paris VIII, 2011.
- Matthieu Lahaye, Le fils de Louis XIV. Monseigneur le Grand Dauphin, Seyssel, Champ Vallon, 2013.
- Charles IX. Récit d’histoire par Louis Dauphin et Bossuet, édité par Régine Pouzet, Clermont-Ferrand, Adosa, 1993, 298 p., 8 pl. (ISBN 2-86639-002-4).
- Jean-Pierre Maget, Monseigneur, Louis de France, dit Le Grand Dauphin, fils de Louis XIV, Thèse sous la direction de Dominique Dinet, université de Strasbourg, 2010.
- Collectif, Le Grand Dauphin, Fils de Louis XIV, Seigneur de Meudon, Éditions APAM (Association Publications Amis de Meudon), 2011.
- Lucien Bély (dir.), Dictionnaire Louis XIV, Paris, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1405 p. (ISBN 978-2-221-12482-6).
- Claude Vigoureux, Mademoiselle de Choin, la Maintenon du Grand Dauphin, article paru dans le magazine Château de Versailles, 11, 2013.
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :