Geoffroy Tory

éditeur, imprimeur et typographe de la Renaissance, l'un des introducteurs des caractères romains en France et des premiers réformateurs de l'orthographe française (vers 1480-1533)

Geoffroy Tory[1], né à Bourges vers 1480 et mort à Paris en 1533, est un imprimeur-libraire, également éditeur humaniste, traducteur, dessinateur, peintre, enlumineur, graveur, fondeur de caractères et relieur français. Il est l'un des introducteurs des caractères romains en France et l'un des premiers réformateurs de l'orthographe française.

Geoffroy Tory
Geoffroy Tory s'appuie sur l'homme de Vitruve dans ses dessins de lettres. « Lettre A » du Champ fleury, 1529.
Naissance
Vers 1480
BourgesVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Avant le 14 octobre 1533
ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Période d'activité
Activités

Biographie

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Miniature d'un livre d'heures (1533).
 
Geoffroy Tory, Champ fleury, page de titre. Texte: "CHAMP FLEURY. Auquel est contenu L'art & Science de la deue & vraye Proportion des Lettres Attiques, qu'on dit autrement Lettres Antiques, & vulgairement Lettres Romaines proportionnées selon le Corps & Visage humain. Ce Livre est Privilégié pour Dix Ans Par Le Roy notre Sire, & est à vendre à Paris sur Petit Pont à L'enseigne du Pot Cassé par Maitre Geofroy Tory de Bourges / Libraire, & Autheur du dit livre. Et par Giles Gourmont aussi Libraire demeurant en la Rue saint Jacques à L'enseigne des Trois Coronnes."

Geoffroy Tory naît, de parents « humbles et modestes », vers 1480 à Bourges, dans la rue aux Vaches. Après une première formation à l’université de Bourges, complétée au cours d'un voyage en Italie à l’université de Bologne[2], Geoffroy Tory s’installe à Paris avant 1507. Là, il devient régent (c'est-à-dire professeur) du collège du Plessis, puis au collège de Bourgogne en 1512, et enfin au collège de Coqueret, où il enseigne la grammaire et la philosophie, encore que l'enseignement dans les deux derniers collèges est mis en doute[3]. En 1512, Tory devient père d'une fille, Agnès, issue de son mariage, à une date inconnue, avec Pierrette Le Hullin, peut-être elle-même berruyère (originaire de Bourges)[3]. Parallèlement à sa carrière de régent, il fait publier chez d’importants libraires du Quartier latin, tels Henri Estienne ou Gilles de Gourmont, la traduction de plusieurs textes antiques et modernes, comme en 1507 De Totius orbis descriptione de Pomponius Mela, composé en caractères romains ; d'autres, à destination des étudiants, dont la première édition française du traité d’architecture de Leon Battista Alberti[4]. C'est également à lui qu'est attribuée la publication du Panégyrique de Saint Louis et des Français par Christophe de Longueil (1512), texte qui fait un vif éloge de la culture et de la langue française, dans lequel Tory puise plusieurs des idées du Champ fleury[3]. Après un long séjour en Italie (vers 1518-1521), et notamment à Rome, il s’installe de nouveau à Paris comme libraire, à l’enseigne du Pot cassé[5],[6]. Ses premiers ouvrages sont des livres d’heures illustrés tantôt « à l’antique », tantôt « à la moderne » (à la franco-flamande), qu’il fait imprimer chez des confrères, sans doute faute d’argent[5]. Pour les Heures, de 1525, imprimées par Simon de Colines, il obtient du roi François Ier le premier privilège connu pour une œuvre graphique.

Il propose pour la première fois en 1529, dans son traité sur le dessin de lettres le Champ fleury, des dessins de lettres romaines mais aussi des alphabets gothiques, bâtards, tourneurs ou encore utopiques. Il envisage également la création de signes diacritiques propres à la transcription du français, notamment les cédilles et les apostrophes ainsi que les accents graves et aigus[7],[8]. Il met en œuvre certaines de ces propositions dans l'édition de l'Adolescence clémentine de Clément Marot, dont il publie l'édition originale en 1532[9].

Il meurt en 1533, peut-être de la peste qui sévissait alors à Paris[10].

Œuvres

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Parallèlement à sa carrière d’imprimeur, Tory publie plusieurs de ses traductions d’œuvres antiques (Tableau de Cébès, dialogues de Lucien, traités de Xénophon ou de Plutarque). Entre 1524 et 1526, il rédige son manifeste, un traité de dessin de caractères finalement publié en 1529 sous le titre :

C’est sans doute cet ouvrage rédigé en français qui décida François Ier à le choisir comme imprimeur officiel en 1531[11]. Dès lors, il publia des traductions officielles, ainsi que des livrets de circonstance, dans lesquels il introduisit de nouveaux caractères typographiques, notamment les lettres accentuées, l'apostrophe (empruntée au grec ancien), le « point-crochu » (la virgule) et la cédille, venue d’Espagne.
Exemplaires et éditions : Cat. Destailleur no 828, Paris Ars. : Rés 4° ScA 3921. Paris Ars. : 4° ScA 3922. Paris BNF : RES M-V-345 (lire en ligne sur Gallica). Paris BNF : RES M-V-142 (lire en ligne sur Gallica). Paris BNF : IMPR LIBR-NZ-110. Paris BNF : RES-V-515. Paris BNF : RES-V-516. Paris BNF (Mss.) : Ms. Rothschild-2.4.8. Fac-similé par S.R. Publishers, 1970. Deux planches repr. dans Jessen, 1936, pl. 80–81.
  • Une seconde édition posthume paraît en 1549 : L’Art et science de la vraye proportion des Lettres Attiques, ou Antiques, autrement dictes, Romaines, selon le corps et visaige humain, avec l’instruction et manière de faire chiffres et lettres pour bagues d’or, pour tapisseries, vitres et painsctures… le tout inventé par maistre Geoffroy Tory de Bourges, Paris, Vivant Gaultherot, 1549.
Le volume reprend les planches gravées sur bois de la première édition, à l’exclusion de quelques lettres latines dont le format était trop grand[12] ; exemplaires : Paris BNF : RES-V-2450. Paris BNF : RES P-V-441. Paris BNF : RES-V-2603.

Il prolonge ses recherches typographiques dans deux éditions successives de l’Adolescence clémentine, de Clément Marot (août 1532 et juin 1533) :

Notes et références

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  1. Aussi Geoffrey Tory, Geoffroy Thory, Godofridus Torinus, Godefroy Toury, avec les variantes de prénoms : Geofroy, Geufroy, Gotofredus, Gotofridus (d'après la Notice sur data.bnf.fr). « Dans ses ouvrages, Geofroy Tory orthographie toujours son prénom avec un seul f » (Yves Perrousseaux, Histoire de l'écriture typographique, tome 1).
  2. D'après Pierre Cordier, « Geoffroy Tory et les leçons de l’Antique », Historiographie et identités culturelles, no 4,‎ , p. 11-32.
  3. a b et c Rémi Jimenes, Geoffroy Tory de Bourges : humanisme et arts du livre à la Renaissance, Bourges, Bibliothèques de Bourges, , 160 p., "Un érudit au service des libraires", p. 43.
  4. Olivier Deloignon, « Une variation autour de Vitruve. L’“esthétique architecturante” des milieux curiaux français sous François Ier », Cahiers des Études anciennes,‎ , p. 283-302 (ISSN 1923-2713, lire en ligne).
  5. a et b Exposition 2011 Geoffroy Tory : graphiste avant la lettre.
  6. « - En la rue Saint-Jacques [1525-1527]. - Sur (le) Petit Pont, joignant l'Hôtel-Dieu [août 1529]. - En la rue Saint-Jacques, devant l'Écu de Bâle (et en la Halle-de-Beauce, devant l'église de la (Glorieuse) Madeleine) [oct. 1529 - 1530]. - En la rue de la Juiverie, devant (l'église de) la Madeleine [1530-1533]. - Enseigne(s) : Au (ou : À l'enseigne du) Pot cassé [1525-1533] » d'après la notice de la bnf.
  7. (en) Freeman G. Henry, Language, Culture, and Hegemony in Modern France : 1539 to the Millennium, Birmingham (Ala.), Summa Publications, , 280 p. (ISBN 978-1-883479-59-6 et 1-883479-59-2, lire en ligne), p. 22
  8. Yves Perrousseaux, Histoire de l’écriture typographique, de Gutenberg au xviie siècle, Atelier Perrousseaux, (ISBN 9782911220135)
  9. Guillaume Berthon, « Tory et la réforme de la langue française », Geoffroy Tory de Bourges: humanisme et arts du livre à la Renaissance,‎ , p. 125-126
  10. Cf. Françoise Hildesheimer et Jacques Poumarède et Jack Thomas (dir.), Les Parlements de province, Presses universitaires du Midi, , « Les parlements et la protection sanitaire du royaume », p. 483-490 et M. Buchez, « Discours inaugural du Troisième congrès historique, 1re séance (sept. 1837) », Journal de l'Institut historique, Institut historique, 4e année, vol. VII,‎
  11. Olivier Deloignon, « Tory et l’invention de l’architecture du livre », dans Pascal Fouché (dir.) et alii, Dictionnaire encyclopédique du Livre, t. 3 (N à Z), Paris, Éditions du Cercle de la Librairie, (ISBN 978-2-7654-0992-2), p. 856-858.
  12. Catalogue de livres rares et précieux. de M. Hippolyte Destailleur, Paris, , n° 829.

Annexes

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Bibliographie

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  • Auguste Bernard, Geoffroy Tory, peintre et graveur, premier imprimeur royal, réformateur de l’orthographie et de la typographie sous François Ier, Paris, Librairie Tross, , 2e éd. (lire en ligne), Image de la première édition de 1857.
  • Stéphanie Deprouw, Olivier Halévy et Magali Vène, Geoffroy Tory. Imprimeur de François Ier, graphiste avant la lettre (catalogue d'exposition), Paris, RMN, , 158 p. (ISBN 978-2-7118-5810-1, BNF 42447820) – Catalogue de l'exposition organisée au musée national de la Renaissance château d'Écouen, du au , en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France.
  • Rémi Jimenes (dir.), Geoffroy Tory de Bourges : Humanisme et arts du livre à la Renaissance (catalogue d'exposition), Bourges, Bibliothèques de Bourges, , 158 p. — Ouvrage collectif publié à l'occasion de l'exposition organisée à Bourges du au
  • Stéphanie Deprouw, « L’illustration des Heures de Tory», (lire en ligne). — Extrait du catalogue de l'exposition de Bourges.

Articles connexes

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Liens externes

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