Croisade lituanienne

campagnes contre la Lituanie au Moyen Âge

La croisade lituanienne est une série de campagnes menées par l’ordre Teutonique et l’ordre de Livonie afin de christianiser de force le grand-duché de Lituanie qui est païen. Le conflit commence après de nombreuses attaques chrétiennes contre les autochtones non catholiques.

Croisade lituanienne
Description de cette image, également commentée ci-après
Le baptême de la Lituanie, par Jan Matejko, 1889.
Informations générales
Date 1283-1422
Lieu Prusse, Livonie, Samogitie, Ouest du Grand duché de Lituanie, Nord de la Pologne, Ukraine, Nouvelle-Marche
Issue Victoire polono-lituanienne
Paix du lac de Melno
Changements territoriaux La Lituanie sécurise la Samogitie une fois pour toutes; la Pologne récupère une partie des territoires perdus au profit de l’Ordre teutonique; l’Ordre de Livonie limite ses possessions à la Lettonie et à l’Estonie actuelles.
Belligérants
Drapeau de l'Ordre Teutonique Ordre Teutonique
Insignia_Germany_Order_Teutonic Ordre de Livonie
Drapeau du Royaume de Hongrie Royaume de Hongrie

Drapeau du Saint-Empire Saint-Empire

Volontaires chrétiens
Drapeau du grand-duché de Lituanie Grand-duché de Lituanie Drapeau du royaume de Pologne Royaume de Pologne
Drapeau du Royaume de Hongrie Royaume de Hongrie
Drapeau de la Principauté de Moldavie Principauté de Moldavie
Habitants de Riga (1296-1309)
Golden Horde flag 1339 Tartars (à partir de 1393)
Commandants
Flag of the State of the Teutonic Order Heinrich von Plötzke
Flag of the State of the Teutonic Order Werner von Orseln
Flag of the State of the Teutonic Order Dietrich von Altenburg
Flag of the State of the Teutonic Order Winrich von Kniprode
Flag of the State of the Teutonic Order Henning Schindekop (en)
Flag of the State of the Teutonic Order Konrad Zöllner von Rotenstein
Flag of the State of the Teutonic Order Konrad von Wallenrode
Flag of the State of the Teutonic Order Ulrich von Jungingen
Flag of the State of the Teutonic Order Marquard von Salzbach (en)
Flag of the State of the Teutonic Order Heinrich von Plauen
Flag of the State of the Teutonic Order Paul von Rusdorf
Coa_Hungary_Country_History_(855-1301) Louis 1er de Hongrie
Flag-Holy-Roman-Empire Sigismond de Luxembourg
Flag-Holy-Roman-Empire Louis IV
Duchy_of_bavaria_large Henri XIV de Bavière
Flag_of_Bohemia Jean 1er de Bohême
Drapeau de l'Autriche (1920-1934) Albert III d'Autriche
Royal_banner_of_the_Grand_Duchy_of_Lithuania Vytenis
Royal_banner_of_the_Grand_Duchy_of_Lithuania Ghédimin
Royal_banner_of_the_Grand_Duchy_of_Lithuania Algirdas
Royal_banner_of_the_Grand_Duchy_of_Lithuania Kęstutis
Royal_banner_of_the_Grand_Duchy_of_Lithuania Skirgaila
Royal_banner_of_the_Grand_Duchy_of_Lithuania Vytautas le Grand
Flag_of_the_Kingdom_of_Poland Ladislas Ier de Pologne
Flag_of_the_Kingdom_of_Poland Casimir III le Grand
Royal_banner_of_the_Grand_Duchy_of_LithuaniaFlag_of_the_Kingdom_of_Poland Ladislas II Jagellon
Coa_Hungary_Country_History_(855-1301) Charles Ier Robert
Drapeau du Principauté de Moldavie Alexandre Ier de Moldavie
Golden Horde flag 1339 Jalal al-Din Khan (en)
Golden Horde flag 1339 Tokhtamych

Croisades baltes
Guerre du royaume de Pologne contre l'ordre Teutonique

Batailles

Contexte

modifier

Les croisés prétendent faire la guerre pour convertir de force les « infidèles » non chrétiens au christianisme. Au XIIe siècle, saint Bernard de Clairvaux écrit que le meurtre des païens est également justifié : « Le chrétien se glorifie de la mort du païen, parce que le Christ est glorifié »[1]. Ce n’est qu’au XVe siècle, avec le concile de Constance, que ce point de vue sera contesté et qu’une discussion sur les droits des païens commencera[2]. La Lituanie accepte diverses religions sous le règne des rois Mindaugas et Ghedimin. Les premières rencontres entre les missionnaires chrétiens militants et les Lituaniens ont lieu en 1185, lorsque Saint Meinhard est attaqué par les Lituaniens[3].

 
La bataille de Saule, par Voldemar Vimba, 1937.

Le premier raid contre les Lituaniens et les Samogitiens a lieu en 1208. L’Ordre Teutonique a reçoit des terres près de Toruń dans les années 1220 par Conrad Ier de Mazovie, rapprochant les croisés des terres lituaniennes[4]. Au moment de l’arrivée des premiers chevaliers teutoniques en 1230 dirigés par Hermann Balk, la religion traditionnelle de la Lettonie et de l’Estonie modernes cède déjà la place au catholicisme[5], en partie à cause de la présence de colons et de missionnaires[6]. Plus tard dans la décennie, il y a des affrontements militaires entre les chrétiens croisés et les Lituaniens près des frontières nord de ce qui fait alors partie de la Livonie. Les chevaliers porte-glaive, fondés en 1202, commencent des campagnes pour s’étendre dans la région[3]. Grâce à la croisade de Livonie, ils conquièrent la Terra Mariana qui borde la Samogitie lituanienne, ce qui a augmenté les conflits[7]. Le conflit connait une augmentation exponentielle des combats, qui atteint son apogée en 1236 lors de la bataille de Saule dans laquelle les chevaliers porte-glaive subissent une défaite désastreuse contre une armée conjointe des samogitiens lituaniens et des sémigaliens lettons[8]. Il semble que seulement 10 % de l’armée croisée ait survécu et que 48 cavaliers soient morts[9]. De ce fait, Hermann von Salza, grand maître de l'ordre Teutonique, négocie avec le pape Grégoire IX le rattachement à son ordre des chevaliers Porte-Glaive, ce qui aboutit à la création de l'ordre de Livonie[10] lors du traité de Viterbe[11].

En 1250, les troupes de Andreas von Felben et le neveu de Mindaugas chrétien Tautvilas envahissent Nalšia et dévaste cette terre. En 1257, Burchard Hornhauzen, commandeur de Königsberg, affrontent le duc samogitien Alminas à Memel. Hornhauzen, blessé, se retire du champs de bataille[12]. Un envoyé samogitien à Riga demande une trêve de deux ans[13]. À l’expiration de la trêve, les Samogitiens ne cherchent pas à obtenir une prolongation et organisent à nouveau un raid en Courlande[14]. Ce raid est peut-être provoqué par Mindaugas, qui accorde la Samogitie dans son intégralité à l’Ordre le 7 août 1259 alors qu’il cherche des alliés contre la Horde d’Or qui pille les terres lituaniennes à l’hiver 1259[15]. Alors que les Samogitiens pillent Courlande, les chevaliers de Kuldīga demandent des renforts à Memel[16]. Les Chevaliers poursuivirent les Samogitiens en retraite, qui ramenèrent leur butin chez eux et la bataille décisive gagné par les Samogitens a lieu près de Skuodas.

Les Samogitiens reviennent et écrasent les Teutoniques et les Danois à la bataille de Durbe en 1260[17]. Immédiatement après la bataille de Durbe, les Prussiens se révoltent[18]. Le roi converti de Lituanie Mindaugas aurait abandonné le christianisme après la bataille en voyant que cela n'arrêter pas les incursions des croisés[19]. Lorsqu' il est assassiné en 1263, la région entre dans une ère d’instabilité[20]. Les Lituaniens décident de soutenir les Prussiens et organisent des raids avec l'aide des Sudoviens. Treniota assiège le château de Vėluva en Sambie. Après 7 années de trouble dans le grand-duché, Traidenis prend le pouvoir et gagne à Karuse en 1270 contre Otto von Lutterberg[21] et à Aizkraukle en 1279[22] contre Ernst de Ratzebourg. En 1283, le château teutonique de Heiligenbergas est assiégé en vain par les Semigalliens et les Samogitiens. Ce n’est qu’à l'hiver, après la reconquête des territoires Prussiens, que l’ordre Teutonique concentre ses campagnes sur le fragile et nouveau grand duché de Lituanie[23],[24].

XIIIe siècle

modifier
 
Épées lituaniennes du XIIIe siècle.

À la fin du XIIIe siècle, l’ordre Teutonique réussit à réprimer les révoltes prussiennes, ce qui se traduit par une plus grande stabilité interne et la possibilité de reprendre le conflit à l’Est avec les Lituaniens, qui se déroule alternativement depuis des décennies[25]. Au début, les combats sont pour la plupart limités, car les conditions qui ont permis les victoires rapides des groupes de cavalerie actifs en Livonie au début du siècle n’étaient pas réunies[26]. Le fait que les croisés d’Allemagne et de Pologne n'arrivent pas durant des années force le peuple teutonique à s’habituer à la condition d’un petit nombre d’hommes disponibles[26]. Alors que le grand-duché de Lituanie venait de sortir d’une période de vide politique, l’Ordre décide d’agir rapidement contre les Lituaniens.

La première cible de l'ordre Teutonique est la forteresse de Bisenė, à la frontière occidentale de la Lituanie avec l'actuel oblast de Kaliningrad. Des soldats teutoniques commandés par le maître prussien Konrad von Thierberg traversent le Niémen gelé et attaquent la forteresse lituanienne dans la matinée. La forteresse tombe et elle est brulée. L'Ordre se dirige ensuite vers les régions méridionales de l’État adverse, attaquant en 1284 puis en 1296 Hrodna et ses environs, qui servent à l’époque d’important carrefour stratégique et économique sur le cours supérieur du Niémen[27]. En 1290, l'armée du commandeur de Kuldiga attaque Dobele, incendie la ville, mais n’occupe pas le château, va plus loin jusqu’à Kurzeme. Une deuxième armée avec des soldats des châteaux de Mythava, Heiligenbergas et Jelgava le long des rivières Platone et Sidrabe s’est rendue au monticule de Sidabrene, où ils attaquent le monticule, détruit la ville et tué environ 250 défenseurs de la ville.

En 1296, une guerre civile éclate en Terra Mariana entre les citoyens les plus riches de Riga, qui possèdent une sorte de statut spécial, et l’ordre de Livonie. Entre 1297 et 1299, le grand-duc lituanien Vytenis décide de profiter de la situation difficile en Livonie. En 1298, le dirigeant lituanien Vytenis attaque les croisés de Livonie en Courlande, une partie de l’archidiocèse de Riga[28]. Après les succès initiaux des croisés, les deux camps s’affrontent lors de la bataille de Turaida le après que Vytenis ait forgé une alliance avec les citoyens de Riga, une ville ostensiblement sous le contrôle de l’ordre Livonien[29]. La bataille est gagné par l'alliance lituano-rigoise[30],[31],[32]. Le 28 juin l’Ordre reçoit des renforts des chevaliers teutoniques et défait finalement les habitants de Riga et les Lituaniens près de Neuermühlen[33].

XIVe siècle

modifier

Second conflit contre Vytenis (1303-1316)

modifier
 
Évolution territoriale de la Lituanie du XIIIe au XVe siècle.

Les escarmouches reprennent en 1303 menés par Vytenis après son couronnement, sous la forme d’attaques isolées, mais non moins fréquentes, orchestrées par les troupes lituaniennes une fois de plus aux portes de la Prusse et, surtout, en direction des places fortes fondamentales de Dorpat et d’Ösel dans l'actuelle Estonie[34]. Il envoie une armée de 2 000 hommes à ses frontières, tandis que des troupes lituaniennes isolées attaquaient la Prusse. Plus stable après avoir réprimé les révoltes prussiennes de 1283, l’Ordre Teutonique envoie des unités militaires en Semigalie et en Scalovie, alors sous contrôle lituanien. En 1304, des sources contemporaines rapportent que des nobles d’autres parties de l’Europe sont venus en aide aux croisés pour participer à une « nouvelle » guerre contre la Lituanie[35]. L’Ordre fait tout son possible pour trouver une stratégie qui permettrait d’entraver les incursions ennemies. La Livonie et la Prusse sont alors reliées par une seule route terrestre, la frontière entre Memel et Courlande, qui traverse cependant une zone exposée à l’agression samogite[36]. Pour éviter le risque, il est décidé d’essayer de s’installer en Basse-Lituanie, où il serait possible de construire des forteresses à partir desquelles ils pourraient poursuivre les conquêtes[37]. Jusqu'en 1308, aucune incursion n'est faite. Vytenis préfère adopter une stratégie défensive et assurer son pouvoir interne[38].

 
L'Europe centrale au début du XIVe siècle.

Vers 1309, les Teutoniques avaient réussi à normaliser la situation en Livonie, et bien qu’ils n’aient soumis ni les habitants de Riga ni ceux de Vytenis, ils ne ressentaient plus la même peur que dans la décennie précédente[39]. L'ordre de Livonie consolide son contrôle sur Semigalie, où les Lituaniens ont des garnisons depuis la bataille d’Aizkraukle. En 1311 a lieu une grande offensive de la Lituanie en Prusse. Le grand-duc aurait échappé aux défenses des ducs de Mazurie à la tête de 8 000 hommes. C'est une des offensives les moins réussies car bien que 4 000 guerriers montés aient réussi à traverser la Warmie jusqu’à Braniewo, les assaillants sont surpris par les hommes menés par le maréchal Heinrich von Plötzke à Wopławki et sont chassés[40],[41]. Le chambellan de Vytenis est fait prisonnier. Malgré le grand enthousiasme rapporté par les chroniqueurs teutoniques, l’impact de la bataille est plutôt faible, étant donné que le grand-duc a réussi à battre en retraite et que ses forces n’ont pas été définitivement vaincues[42]. En 1313, l’ordre de Livonie s’empare du château de Dynaburg, que les Lituaniens contrôlent depuis 1281. Les dernières attaques majeures de Vytenis ont lieu en 1315 sur Neman et Christmemel, peu de temps avant sa mort[43]. Sa réputation d’opposant radical aux Allemands et de général respecté est restée bien connue même dans les années qui ont immédiatement suivi son départ, au cours desquelles les hostilités se sont poursuivies[44].

Règne de Ghédimin (1316-1341)

modifier
 
Les croisés attaquant le château de Punia. Tableau de Wincenty Dmochowski, 1837.
 
Document de la paix du 2 octobre 1323.

Sous le règne de Ghédimin, les combats se sont intensifiés dans les parties nord et ouest de la frontière. Conscient de l’infériorité technologique de son armée, il tente de s’attirer la sympathie de l’Occident en invitant des marchands et artisans à s’installer au grand-duché de Lituanie avec la promesse d’une exemption d’impôts[45]. En 1319, il noue une première alliance avec la Horde d'or[46]. Le , à la bataille de Medininkai, le maréchal teutonique Plötzke est tué avec 29 de ses hommes[47]. Un de ses hommes, Gerhard Rode, commandeur de Sambie, est capturé est vendu comme esclave. Il est ensuite brûlé en sacrifice aux dieux[48] avec un cheval attaché à lui[49]. Afin de garantir la paix pour son pays, il s’est une fois de plus livré à de fausses et vagues promesses de conversion, soulignant à nouveau comment l’agressivité des ordres chrétiens pousse les Lituaniens à rejeter le catholicisme[50],[51]. Le , probablement sous la pression de Rome, qui suit de près l’évolution d’une hypothétique conversion, une paix entre le Grand-Duché et l’Ordre de Livonie est finalement scellée à Vilnius[52]. Ghédimin s’allie avec le roi de Pologne, Ladislas Ier Petite-Coudée, par une série de mariages entre 1325 et 1328[53],[54]. Le , les armées polonaise et lituanienne lancent une offensive contre la Nouvelle-Marche[55] et s’emparent de la place forte de Międzyrzecz. Cette expédition leur rapporte un important butin et de nombreux prisonniers[56],[57],[58]. La même année, Ladislas prend la région de Wieluń, qui appartenait à Boleslas l’Aîné, un allié de la Bohême. Dans ses lettres au pape, Ghédimin se plaint que les croisés détruisent les églises chrétiennes pour avoir un « casus belli ».

 
Le roi Ladislas rompt ses accords avec les Chevaliers Teutoniques à Brześć Kujawski, par Jan Matejko, Musée national de Varsovie.

De 1326 à 1332, la Pologne, alliée par des mariages à la Lituanie et la Hongrie[59], participe à une guerre, conséquence du raid de Brandebourg, contre l'Ordre teutonique, la Bohême et la Mazovie. La guerre est marquée par de nombreux raids et pillages. Forts de ce soutien, les chevaliers de l’ordre peuvent s’emparer de plusieurs forteresses importantes en Samogitie. Des conflits avec le roi de Pologne et des contributions limitées de Jean de Bohême retardent la conquête de nouveaux territoires[60]. Le 1er février 1329, Werner von Orseln et Jean attaquent et prennent Medvėgalis. Dans le même temps, le roi Ladislas Ier de Pologne profite du fait que la majeure partie des Teutoniques se trouvent en Lituanie et attaque le pays de Chełmno[61]. Au cours de l’hiver 1329, le roi de Bohême apparait avec une forte armée pour la « bataille païenne » dans le pays de l’Ordre[40],[62]. La Pologne est devenue plus hostile envers l’ordre Teutonique en raison de leur différend sur la domination de la Poméranie[63], notamment après la prise de Dantzig. En conséquence, Ladislas stipule un pacte militaire défensif anti-teutonique avec le grand-duc de Lituanie en 1330-1331. Les croisés l’emportent sur les Polonais en Cujavie en 1331 après la bataille de Płowce. Les victoires teutonques obligent le roi polonais à faire la paix en 1332[57].

 
Le duc Margiris défendant Pilėnai de l'attaque teutonique 1336, par Władysław Majeranowski, XIXe siècle.

En 1336, une grande armée soutenue par Jean de Bohême et son gendre, Henri XIV, traverse le Niémen en Samogitie et attaque le château de Pilėnai[64]. Les défenseurs de la forteresse sont défaits. Les Teutoniques supervisés par Henri de Bavière construisent un fort appelé Bayernbourg[65]. Après avoir subi de lourdes pertes, l’armée de Ghédimin se retire de Bayerbourg et le maréchal croisé Heinrich Dusemer, sur ordre du Grand Dietrich von Altenburg, peu de temps après, attaque et dévaste le centre de la Samogitie, près de Medininkai[66]. Le 14 août 1338, les croisés, menés par le maréchal des chevaliers teutoniques Heinrich Dusemer, s’engagent dans la bataille contre les Lituaniens à Galialaukė[67], près de Ragnit. Les Lituaniens sont vaincus. Selon la tradition locale, Ghédimin aurait été touché d’une flèche sous un chêne qui existe encore à l’extérieur des fortifications de Bayernbourg pendant le siège de 1337. Mais il serait mort probablement en 1341[68].

Luttes de pouvoirs (1341-1392)

modifier

Règne de Jaunutis (1341-1345)

modifier

Après sa mort, la Lituanie est partagée entre ses fils (Jaunutis, Kęstutis et Algirdas) qui s’entredéchirent. Cependant, les Teutoniques de Ludolf König von Wattzau sont paisibles et n'attaquent pas la Lituanie[69] qui s’affaiblit à la suite du démembrement féodal. Ce n'est qu'en 1343 qu'un traité de paix est signé entre la Pologne et l'Ordre donnant la Cujavie et la région de Dobrzyń à la Pologne en échange de l’offrande perpétuelle de la Poméranie de Dantzig et de la région de Culm à l’Ordre. Kęstutis, duc de Trakai, capture Vilnius de manière inattendue, il convoque Algirdas et le laisse gouverner tout le duché de Vilnius. En compensation, les frères donnent à Jaunutis la principauté d'Izyaslavl, mais Jaunutis, héritier de leur père Ghédimin, ne veut pas céder et refuse[70]. Algirdas devient grand-duc en 1345[71].

Règne conjoint d'Algirdas et de Kęstutis (1345-1377)

modifier

Les deux se partagent le contrôle du territoire en tant que diarchiste : les terres au sud-est étaient contrôlées par Algirdas et les terres à l’ouest ainsi que la Samogitie sont administrées par Kęstutis[72]. En conséquence, Kęstutis mène la majeure partie de la lutte contre l’ordre Teutonique[71], avec des résultats mitigés. Le , le commandant teutonique Winrich von Kniprode remporte une victoire contre les Lituaniens lors de la bataille de la Strėva se déroulant en plein champ[73]. En 1352, Knipriode, devenu grand maître l'année précédente, se rend compte qu’il est nécessaire de freiner les incursions du grand-duché de Lituanie[74] en concluant une paix avec la Lituanie en 1357 et en apportant son soutien aux ducs polonais hostiles à Casimir III de Pologne[75]. À moment-là, il est envisageable que l’Ordre conclue un accord de coopération avec la Lituanie, à la demande de cette dernière. Mais le pape Innocent VI bloque les négociations parce qu’il était « scandalisé » par la perspective d’une alliance entre païens et chrétiens[76]. En ce qui concerne l’avenir de Riga, en 1350, une décision papale confirme à l’archevêque la possession de toute la ville, à l’exception du château. La paix de Dantzig en 1366 a finalement vu les chevaliers de Livonie et l’archevêque de Riga parvenir à un accord, dont l’une des conditions est l’institution de la conscription militaire obligatoire[77].

 
Le serment de Vytautas, grand-duc de Lituanie, par le château de Kaunas en ruines en 1362, par Jan Styka, 1901.

En 1358, l’empereur du Saint-Empire romain germanique Charles IV exprime son désir de paix si le souverain lituanien accepte le christianisme[76]. Algirdas stipule le retrait complet de l’ordre Teutonique de la région baltique, ce que Charles IV rejette parce qu’il a besoin du soutien de l’ordre. La guerre ne se termine qu’en 1361 lorsqu’un maréchal de l’ordre, Henning Schindekop (en), et Louis Ier de Hongrie réussissent à capturer Kęstutis[76]. En avril 1362, une armée teutonique assiège et détruit le château de Kaunas, situé bien à l’intérieur des frontières du grand-duché de Lituanie et capture Vaidotas (en), fils de Kęstutis et commandant chargé de la défense de la garnison[78]. Sous le maréchal Schindekop, une période de dévastation mutuelle commence. Comme à la fin de celle-ci, aucun des deux adversaires n’est irréversiblement affaibli, une trêve est conclue et les prisonniers capturés sont mutuellement libérés[79]. Entre 1362 et 1370, les croisés entreprennent une vingtaine d'« expéditions punitives » mieux coordonnées contre la Lituanie. En février 1370, les conditions sont réunies pour une bataille de grande ampleur. Algirdas et Kęstutis rassemblent des contingents de toute la Lituanie, quelques seigneurs féodaux loyaux de la Rus' à Sambie et des Tatars hostiles à l’État monastique. D'autre part, le maréchal Kniprode convoque des unités de différents endroits et les redirige immédiatement vers l’armée principale. Les deux armées s'affrontent à la bataille de Rudau. Malgré son infériorité numérique, l'armée teutonique gagne. Algirdas n’a eu aucun problème à s’échapper lorsque la situation s’est détériorée, mais il n’a plus jamais envoyé de troupes en Prusse[80]. Grâce à ces avancées, l’Ordre Teutonique, toujours bien équipé, attaque la capitale lituanienne, Vilnius, et Trakai. Les Lituaniens ripostèrent par des raids sporadiques. Algirdas meurt en 1377.

Règne de Jogaila (1377-1392)

modifier
 
Portrait de Jogaila, cathédrale du Wawel.

Jogaila prend sa succession. Les chevaliers teutoniques continuent leur croisade contre la Lituanie païenne. En 1377, Albert III d'Autriche part en croisade en Prusse contre les tribus païennes baltes, lituaniennes et samogitiennes. Une grande campagne est organisée à l’hiver 1378, au cours de laquelle les Teutons atteignent Brest et jusqu’à la rivière Pripiat[81]. L’Ordre de Livonie attaque Upytė, et une autre campagne menace la capitale à Vilnius[82].

À l’été 1379, le frère de Jogaila, Skirgaila, est envoyé chez les chevaliers pour discuter de la situation, des moyens possibles de se convertir au christianisme et de la fin du soutien de l’ordre de Livonie à Andreï de Polotsk, ainé de Algirdas[83]. Des rumeurs ont dit qu’il avait également rendu visite à l’empereur du Saint-Empire romain germanique[84]. Entre-temps, Kęstutis propose de négocier une trêve avec les Chevaliers et un échange de prisonniers. Le , une trêve de dix ans est signée à Trakai. C'est le dernier traité que Kęstutis et Jogaila signèrent ensemble[81]. Elle est suivie d’une négociation secrète de trois jours entre Jogaila et les Chevaliers à Vilnius[85]. La trêve ne protège que les terres chrétiennes du sud, tandis que les royaumes païens dans le nord et l’ouest de la Lituanie sont toujours vulnérables aux attaques teutoniques[86].

 
La Bataille de Koulikovo, par Adolphe Yvon, 1849, Moscou, Grand Palais du Kremlin.

En février 1380, Jogaila, sans Kęstutis, conclut une trêve de cinq mois avec l’ordre de Livonie pour protéger ses domaines lituaniens et cesser le soutien de la Livonie à Andreï de Polotsk[82]. Le , Jogaila et le Grand Maître Winrich von Kniprode signent le traité secret de Dovydiškės[82]. Les clauses du traité sont, dans l’ensemble, alambiquées et pas tout à fait claires. Sur la base des termes de l’accord, Jogaila accepte de ne pas intervenir lors des attaques des chevaliers teutoniques contre Kęstutis ou ses enfants. Cependant, s’il est nécessaire d’apporter de l’aide à Kęstutis pour éviter tout soupçon, il ne s’agit pas d’une violation du traité[87]. La Horde d'or s'allie brièvement avec la Lituanie contre la Russie à la bataille de Koulikovo[88]. Au début de l’année 1381, sans violer le traité de Dovydiškės, les chevaliers teutoniques attaquent le duché de Trakai et la Samogitie à deux reprises[89]. Lors d’un raid vers Trakai, les chevaliers teutoniques utilisent des bombardes pour la première fois[90]. Ils détruisirent Naujapilis, faisant environ 3 000 prisonniers. En août 1381, Kuno von Liechtenstein, commandeur d’Osterode et parrain de Danutė de Lituanie, informe Kęstutis du traité secret. En Lituanie, une lutte de pouvoir éclate confrontant entre les fils d’Algirdas, notamment Jogaila et Skirgaila à Kęstutis, et son fils Vytautas. Kęstutis profite que Jogaila soit parti écraser de la rébellion de Polotsk pour s'emparer de la capitale Vilnius et du pouvoir[91]. Jogaila est fait prisonnier sur le chemin du retour à Vilnius[92],[93]. Il jure fidélité au nouveau grand-duc pour être relaché[89]. Kęstutis reprend alors la guerre contre les chevaliers teutoniques. Son armée attaque la Varmie et tente de s’emparer de Georgenburg[81].

 
Vytautas et Kęstutis emprisonnés par Jogaila, par Wojciech Gerson, 1873.

Le 12 juin 1382, alors que Kęstutis est parti combattre Dymitr Korybut de Novhorod-Siverskï et que Vytautas est absent à Trakai[84], les habitants de Vilnius laissent entrer l’armée de Jogaila dans la ville[89]. Les habitants de Vilnius, dirigés par le marchand Hanul de Riga, laissent entrer l’armée de Jogaila dans la ville. Vytautas tente de rassembler ses forces à Trakai et d’attaquer Vilnius, mais Jogaila monte sur le trône. Le 6 juillet, il signe la trêve de deux mois de Bražuolė avec les chevaliers teutoniques[81]. Vytautas se retire de Trakai face aux forces conjointes de l’Ordre Teutonique et de Jogaila, et la ville capitule le 20 juillet. Entre-temps, Kęstutis rallie ses partisans en Samogitie, son fils Vytautas cherche des soldats à Hrodna et son frère Liubartas recrute en Galicie-Volhynie.  Le 3 août 1382, les armées de Kęstutis et de Jogaila se rencontrent près de Trakai pour une bataille décisive, mais les armées finissent par ne pas s'affronter. Les deux parties conviennent de négocier. Kęstutis et Vytautas arrivent dans le camp de Jogaila, mais sont arrêtés et envoyés dans une prison au château de Kreva[91].  Leur armée est dissoute. Le 15 août, cinq jours après son emprisonnement, Kęstutis est retrouvé mort par Skirgaila[92]. Jogaila affirme qu’il s’est pendu, mais des rumeurs se répandent selon lesquelles il avait été étranglé. Jogaila organise de grandes funérailles païennes à Kęstutis : son corps est brûlé avec des chevaux, des armes et d’autres trésors à Vilnius[84].

Vytautas reste en prison jusqu’à l’automne 1382. Il réussit à s’échapper avec l’aide de sa femme Anna[94]. Vytautas rejoint les Teutoniques[81]. Finalement, en juin 1383, une rencontre prévue entre Jogaila et le Grand Maître n’a pas lieu sous un prétexte formel et l’alliance se rompt[95]. Le 21 octobre 1383, Vithold accepte de recevoir le sacrement du baptême[96]. Les Chevaliers reprennent ensuite leur guerre contre la Lituanie après de nombreux désaccords avec Jogaila. Au début du mois de septembre, les Chevaliers et Vytautas prennent brièvement le contrôle de Trakai et attaquent sans succès Vilnius. Le 30 janvier 1384, à Königsberg, Vytautas signe le traité de Königsberg et promet de devenir le vassal de l’Ordre et de céder une partie de la Samogitie à l’Ordre Teutonique, jusqu’à la rivière Nevėžis et y compris Kaunas. En juillet, Jogaila fait la paix avec son cousin en lui promettant de lui rendre ses terres. New Marienverder est assiégée pendant six semaines par les forces conjointes de Jogaila et de Vytautas, réconciliés, avant de tomber[90]. Au cours de ces attaques, Vytautas capture Marquard von Salzbach.

 
Monument représentant Jogaila et Hedwige, Cracovie

Jogaila crée une nouvelle alliance importante avec le royaume de Pologne lorsqu’il obtient un accord, connu sous le nom d’union de Krewo en août 1385, pour épouser la reine de douze ans de Pologne, Hedwige de Pologne[97]. Il devient ainsi roi de Pologne[98]. Comme condition au mariage et au couronnement, Jogaila accepte de renoncer lui-même au paganisme et de christianiser ses sujets, et d’établir une union personnelle entre la Pologne et la Lituanie. L’Union est un développement malvenu pour les chevaliers Teutoniques, car elle unit la Pologne et la Lituanie, deux États hostiles à l’Ordre, et une Lituanie christianisée prive les Chevaliers de leur justification idéologique pour mener la croisade lituanienne[99]. Ainsi, l’Ordre cherche des occasions de défaire l’union polono-lituanienne ; ils réclament la Samogitie, une partie de la Lituanie occidentale qui borde la mer Baltique[100] et refusent de reconnaître le baptême de Jogaila en 1386[101]. En 1387, la Pologne mène deux expéditions militaires réussies en Ruthénie rouge, récupère les terres de Louis Ier de Hongrie et obtient l’hommage du prince Petru Ier de Moldavie[102].

 
Sculpture conservée près de l’église Saint-Jean-Baptiste de Plungė commémorant la conversion de la Lituanie au christianisme.

Une seconde guerre civile commence en 1389 opposant Vytautas soutenu par les chevaliers teutoniques à Jogaila et Skirgaila. Vytautas cherche alors une alliance militaire avec les Chevaliers, envoyant le chevalier captif Marquard von Salzbach pour négocier. Le 19 janvier 1390 à Lyck, Vytautas signe le traité de Lyck confirmant les termes d’un accord antérieur, le traité de Königsberg, signé en 1384 lors de son premier conflit avec Jogaila[103]. Selon les termes de ce traité, les Chevaliers se voient promettre la Samogitie, jusqu’à la rivière Nevėžis, en échange de leur assistance militaire. Ayant été trahis auparavant, les Chevaliers demandent des otages comme garantie de la loyauté de Vytautas[104] : ses frères Sigismond et Tautvilas, sa femme Anna, sa fille Sophia, sa sœur Rymgajla, son favori Ivan Olshanski et un certain nombre d’autres nobles[105]. Le camp de Jogaila regroupant les armées polonaise et lituanienne mène durant la première partie de la guerre de 1389 à 1390. Il inflige des défaites à l'armée teutonique. Pendant le siège de Vilnius, Karigaila et Tautvilas meurent[105]. Toutefois, la guerre ne se termine pas[106].

Le , la fille unique de Vytautas, Sophie de Lituanie, épouse Vassili Ier de Russie, grand-prince de Moscou. Cette alliance renforce l’influence de Vytautas sur les terres slaves et représente un nouvel allié potentiel contre la Pologne[107]. Après la mort de Konrad Zöllner von Rotenstein, Konrad von Wallenrode le remplace. Von Wallenrode fait appel à de nouveaux volontaires de France, d’Angleterre et d’Écosse. Parmi ceux qui ont répondu, il y a William Douglas de Nithsdale, un croisé écossais[108]. En 1391, Jogaila décide de chercher un compromis avec Vytautas. Au printemps 1392, Jogaila propose un compromis par l’intermédiaire de son émissaire, Henri de Mazovie, évêque de Płock : Vytautas devient grand-duc de Lituanie s’il reconnait Jogaila comme duc suprême[105]. À l’été, Vytautas obtient la libération d’un grand nombre des otages qu’il avait donnés aux Chevaliers et accepte l’offre[107]. Comme cet accord avec Jogaila est conclu en secret, les chevaliers ne se doutent de rien lorsque Vytautas les invite aux festivités de son quartier général, le château de Ritterswerder sur une île du Niémen. La plupart des invités de marque sont faits prisonniers et l’armée de Vytautas attaque et détruit les châteaux en bois de Ritterswerder, Metenburg et Neugarten près de Hrodna[109],[110]. L’accord d’Ostrów, officialisant l’arrangement et mettant fin à la guerre civile, est signé le .

Règne de Vytautas (1392-1399) au XIVe siècle

modifier
 
Bataille de la Vorskla, illustration tirée de Chronique illustrée d'Ivan le Terrible.

Expéditions en Horde d'or

modifier

À la fin des années 1380, les relations entre Tokhtamysh, Khan de la Horde d’Or, et son ancien maître, Tamerlan, se tendent[111]. En 1395, après avoir perdu la guerre entre Tokhtamysh et Timur[112], Tokhtamysh est détrôné par le parti du khan Temur Qutlugh et de l’émir Edigu, soutenu par Tamerlan. Tokhtamysh s’enfuit au grand-duché de Lituanie et demande à Vytautas de l’aider à reprendre la Horde en échange de l’abandon de sa suzeraineté sur les terres ruthènes[113]. Vytautas rassemble une grande armée qui comprenait des Lituaniens, des Ruthènes, des Polonais, des Moldaves et des Valaques[114]. Pour obtenir le soutien des chevaliers teutoniques, Vytautas signe le traité de Salynas12 octobre 1398, livrant la Samogitie aux chevaliers[115],[116]. Le gendre de Vytautas, Vassili Ier de Moscou, officiellement vassal tatare, ne rejoint pas la coalition[117]. Les forces conjointes organisent trois expéditions dans les territoires tatares, en 1397[118], 1398 et 1399. Après deux expéditions jusqu'en Mer noire, en Crimée et au Don, les armées mongoles et coalisés se rencontrent près de la rivière Vorskla[119]. La coalition subit une défaite écrasante le [120] et la majorité des commandants meurent. Les Tatars assiègent Kiev la même année.

Politique et campagnes lituaniennes

modifier

Grâce à une habile campagne militaire menée en 1394, Vytautas vainc une coalition composée des monarques de Moldavie, de Volhynie et de Galice à Kremenets, réussissant à éliminer les quelques adversaires qui le gênent encore et à sécuriser les frontières sud-ouest du Grand-Duché[121]. À cette époque, avec l’aide du duc de Smolensk dans la bataille, il attaqua Vitebsk, dont le gouverneur avait été privé de pouvoir et tué par Švitrigaila[122]. Švitrigaila est crédité de la tentative d’assassinat de Vytautas en 1394, mais s’est soldée par un échec[123]. En 1395, Vytautas assiège et récupère Smolensk. En 1398, Vytautas encourage de nombreuses familles karaïtes et des familles tatares de confession musulmane à s’installer en Lituanie[124].

XVe siècle

modifier

Règne de Vytautas (1400-1422) au XVe siècle

modifier

Soulèvements samogitiens

modifier
 
L'état teutonique de 1308 à 1455.

À l’été 1400, le grand maître de l'ordre Teutonique envoie Heinrich von Schwelborn gouverner la Samogitie depuis les châteaux de Kaunas et de Friedeburg[125]. Au cours de l’hiver 1400, Vytautas aide les Chevaliers dans l’un de ces raids. Les Samogitiens lui demandent de l’aide et veulent se rendre à lui, mais il refuse pour respecter le traité avec les Chevaliers[126]. Incapables de résister et sans l’aide de Vytautas, les Samogitiens se rendent aux Chevaliers pour la première fois. Les Chevaliers essayent de maintenir des relations amicales avec Vytautas, ils ont accueilli sa femme Anna lors de son pèlerinage sur la tombe de Dorothée de Montau et lui envoient des cadeaux[127]. Des désaccords surgissent rapidement lorsque l’Ordre exige le retour d’environ 4 000 paysans qui se sont enfuis en Lituanie. Vytautas fait valoir qu’ils étaient des gens libres et qu’ils ont le droit de choisir où vivre[128]. Le désaccord n’est pas résolu par des moyens diplomatiques et se transforme en guerre.

Les combats commencent le 13 mars 1401, après que l'union de Vilnius et Radom est ratifiée par les nobles polonais en mars[129], assurant à Vytautas le soutien de la Pologne[130]. Les Samogitiens organisent une rébellion locale, capturant et brûlant les deux châteaux nouvellement construits. À l’automne 1401, les chevaliers attaquent Kaunas et Hrodna[128]. En mai 1402, les Samogitiens brûlent Memel. Vytautas rejoint le combat en 1402 en attaquant Gotteswerder[126] qui se rend en 3 jours. En juillet, Švitrigaila, devenu allié des teutoniques après des différents avec son frère, mène l’armée des chevaliers au sud de Vilnius. En 1403, le pape Boniface IX publie une bulle interdisant aux chevaliers teutoniques de déclarer la guerre à la Lituanie[131]. Une trêve temporaire est signée en décembre et la paix de Raciąż est conclue le [129].

À la fin de l’année 1408, lorsque Vytautas a terminé ses campagnes à l’est, les tensions montent entre lui et les chevaliers[132]. Les Samogitiens, irrités par une famine en 1408, se soulevent à nouveau le [133]. Ils réussissent à prendre et à brûler Christmemel, Friedeburg, Dobesinbourg, seul Memel résiste aux attaques[132]. Bien que Vytautas ait secrètement soutenu les Samogitiens, il a officiellement adhéré à la paix de Raciąż. Ce n’est qu’à l’été 1409 que Vytautas se soulève ouvertement contre les Chevaliers, après que ceux-ci ont arrêté 20 navires chargés de céréales envoyées par Jogaila depuis Thorn pour soulager la famine. Alors que le soulèvement s’empare de toute la région, les forces teutoniques évacuent vers la Prusse. Švitrigaila s’allie une fois de plus avec les chevaliers dans l’espoir de renverser Vytautas et de devenir le grand-duc, mais il est arrêté et emprisonné[134]. Lorsque les chevaliers menace d’envahir la Lituanie, la Pologne, par l’intermédiaire de l’archevêque Mikołaj Kurowski, déclare son soutien à la cause lituanienne et menace d’envahir la Prusse en retour[132]. En août 1409, les Chevaliers déclarent la guerre à la Pologne. La grande guerre polono-teutonique commence alors.

Grande Guerre polono-teutonique (1409-1411)

modifier
 
Dwa nagie miecze (Des soldats teutoniques offrant les épées de Grunwald au roi Ladislas II), Wojciech Kossak, 1909.

Ulrich von Jungingen déclare la guerre au royaume de Pologne et au grand-duché de Lituanie le 6 août 1409[135]. Les forces teutoniques passent aussitôt à l'offensive et envahissent la Grande-Pologne et la Cujavie par surprise[136],[137], mais les Polonais repoussent l'invasion et reconquièrent Bydgoszcz[138]. Les Samogitiens, de leur côté, attaquent Memel[137]. Un accord d'armistice signé le 8 octobre 1409 donne du répit aux combattants jusqu'au 24 juin de l'année suivante[139]. L’ordre paie également 300 000 ducats à Sigismond de Hongrie, qui a des ambitions concernant la Moldavie, pour une assistance militaire mutuelle[140]. Sigismond tente de briser l’alliance polono-lituanienne en offrant à Vytautas une couronne royale. L’acceptation de Vytautas aurait violé les termes de l’accord d’Ostrów et créé une discorde entre la Pologne et la Lituanie[141]. Dans le même temps, Vytautas réussit à obtenir une trêve de l’Ordre de Livonie[142].

 
La bataille de Grunwald, par Jan Matejko, 1878, Musée national de Varsovie.
 
La bataille de Grunwald en 1410, par Zygmunt Rozwadowski et Tadeusz Popiel, 1910.

En décembre, Ladislas et Vytautas se mettent d'accord pour attaquer avec leurs deux armées réunis la capitale de l'ordre Marienburg[143]. Ulrich von Jungingen concentra ses forces à Schwetz, un lieu central d’où les troupes pouvaient répondre assez rapidement à une invasion de n’importe quelle direction[144]. En janvier 1410, le statu quo des frontières est reconnu à Prague[145].

Le 3 juillet, la force commence sa marche vers le nord en direction de Marienburg. Ulrich von Jungingen demande un prolongement de l'armistice jusqu'au 4 juillet pour permettre à ses renforts d'Europe de l'Ouest de le rejoindre. La frontière prussienne est franchie le 9 juillet[146]. Le , la Pologne, la Lituanie et leurs vassaux affrontent l'ordre et ses vassaux de Poméranie et d'Oleśnica à la bataille de Grunwald[147] qui fut l'une des plus grandes du Moyen Âge[148]. L'ordre Teutonique est battu à plate couture et la plupart des commandants sont tués dont le maître Jungingen[149]. Après la bataille, beaucoup de commandants sont exécutés par Vytautas comme Marquard von Salzbach[150]. Heinrich von Plauen prépare immédiatement la défense de Marienburg[151]. Les forces polono-lituaniennes arrivent le 26 juillet[152]. Le 19 septembre, les assaillants lèvent le siège. Les détachements du roi Sigismond sous le commandement du commandant hongrois Scibor de Stborzicz attaquent Nowy Sącz. Sur le chemin du retour, les troupes hongroises sont battues près de Bardejov par le châtelain de Lublin, Jan de Szczekocin.

Les Polonais seulement attaquent Koronowo le 10 octobre et battent l'armée de Michael Küchmeister von Sternberg. L'armée polonaise de Janusz Brzozogłowy prend Tuchola le 5 novembre 1410[153].

Derniers affrontements et paix (1411-1422)

modifier
 
Document de la paix de Torún.

Avec la paix de Torún de 1411, l’ordre Teutonique accepte de libérer la Samogitie[154] et de réparer les fortifications rasées. La Pologne et la Lituanie accepte de libérer les mercenaires capturés[155]. L’ordre cesse de faire des incursions contre les Lituaniens, qui se sont alors convertis au christianisme en raison de l’influence polonaise[154]. La Pologne dispute également la Poméranie, la Pomérélie et le Kulmerland[156]. En août 1412, Sigismond annonce que la paix de Thorn est correcte et juste[157]. Il nomme Benoit Makrai (en) pour enquêter sur les revendications frontalières. Makraï annonce sa décision en mai 1413, attribuant l’ensemble de la rive nord, y compris Memel, à la Lituanie[158],[159].

Les Teutoniques n'acceptent pas la décision. Le grand maître teutonique Heinrich von Plauen ordonne aux armées teutoniques d’entrer dans le nord de la Pologne. L’armée, commandée par Michael Küchmeister von Sternberg, retourne en Prusse après seulement 16 jours de campagne[160]. Küchmeister dépose von Plauen et devient grand maître. Il tente de rouvrir les négociations avec la Pologne en mai 1414[161]. À l’été 1414, les armées du roi Ladislas et du grand-duc Vytautas envahissent la Prusse, gouvernée par l’État monastique. Ils avancent à travers Osterode jusqu’en Varmie, pillant les villages et brûlant les récoltes[162]. Küchmeister utilise la tactique de la terre brûlée dans l’espoir de priver les armées d’invasion de nourriture et de ravitaillement. Cette tactique a ensuite entraîné une famine et une peste dans la région[162]. 86 chevaliers de l’Ordre Teutonique sont morts de la peste après la guerre[163]. Le légat pontifical Guillaume de Lausanne propose de résoudre le conflit par la diplomatie et une trêve de deux ans est signée à Strasburg en octobre[164]. Le conflit est médiatiser au concile de Constance en novembre 1414[159]. Cependant, il ne résout pas les différends territoriaux au moment où il prend fin en 1418.

 
Document de la paix du lac Melno.
 
Hussite sur la mer Baltique, Mikoláš Aleš.

Une nouvelle série de négociations, mais futiles, commence en mai 1419 à Gniewków avec le légat pontifical Bartholomée Capri, archevêque de Milan, comme médiateur[165]. En juillet 1422, l’empereur Sigismond et les chevaliers teutoniques consacrent des ressources à une croisade contre les hussites, qui attaquent et dévastent de grandes parties de l’Allemagne[166]. En parallèle, se dirigeant vers le sud en Terre de Chełmno, les Polonais et les Lituaniens s’emparent de Golub, mais ne parviennent pas à prendre Schönsee[167]. Ladislas décide de mettre fin à la guerre rapidement avant que les troupes prussiennes de l’Ordre, débordées, ne puissent recevoir les renforts du Saint-Empire romain germanique demandés par Paul von Rusdorf[168]. La trêve est signée le et la guerre se termine dix jours plus tard par la paix du lac de Melno le 27[169]. Le traité est approuvé par le pape Martin V. Cela met fin aux conflits territoriaux et aux combats entre la Lituanie et les chevaliers teutoniques[170]. La Pologne, cependant, reprend les combats avec l’Ordre une fois de plus en 1431[171] puis s'allie avec les Hussites en 1433 pour faire campagne en Mer Baltique (pl)[172].

Notes et références

modifier
  1. Michel Fournier, « La mort chrétienne d'un philosophe païen. », Dix-septième siècle, vol. n° 232, no 3,‎ , p. 433–452 (ISSN 0012-4273, DOI 10.3917/dss.063.0433, lire en ligne, consulté le )
  2. Eric Christiansen 1997, p. 231
  3. a et b (en) Stephen Turnbull, Crusader Castles of the Teutonic Knights (1): The red-brick castles of Prussia 1230–1466, Bloomsbury Publishing, (ISBN 978-1-78096-217-7, lire en ligne)
  4. (en) Alan V. Murray, « The Saracens of the Baltic: Pagan and Christian Lithuanians in the Perception of English and French Crusaders to Late Medieval Prussia », Journal of Baltic Studies, vol. 41, no 4,‎ , p. 413–429 (ISSN 0162-9778 et 1751-7877, DOI 10.1080/01629778.2010.527124, lire en ligne, consulté le )
  5. Eric Christiansen 2016, p. 17
  6. Alan V. Murray, « L'affontement des cultures dans la Baltique médiévale »
  7. Nigel Pennick, Pagan magic of the northern tradition: customs, rites, and ceremonies, Destiny Books, (ISBN 978-1-62055-389-3), p. 15
  8. Claudio Carpini 2007, p. inconnue
  9. (en) Ian Heath, Armies of Feudal Europe 1066-1300, Lulu.com, (ISBN 9781326256524), p. 128
  10. (it) Carolyn Bain, Estonie Lettonie e Lituanie, (ISBN 978-88-6040-463-3), p. 24
  11. (de) Theodor Hirsch, Scriptores rerum Prussicarum. Die jüngere Hochmeister Chronik, Beilage III: Hartman v. Heldrungens Bericht über die Vereinigung des Schwertbrüderordens mit dem Deutschen Orden und über die Erwerbung Livlands durch den Letzteren, vol. 5, p. 168-172
  12. (lt) Edvardas Gudavičius, Alminas. Visuotinė lietuvių enciklopedija, Vilnius, Mokslo ir enciklopedijų leidybos institutas, , p. 376
  13. William Urban 1994, p. 240
  14. William Urban 1994, p. 245
  15. Tomas Baranauskas, « Medieval Lithuania - Chronology 1183-1283 », sur web.archive.org, (consulté le )
  16. (lt) Edvargas Gudavičius, Mindaugas, Vilnius, Žara, (ISBN 9986-34-020-9), p. 268
  17. H. K. L. et Constantine R. Jurgela, « History of the Lithuanian Nation », Books Abroad, vol. 23, no 1,‎ , p. 78 (ISSN 0006-7431, DOI 10.2307/40088078, lire en ligne, consulté le )
  18. Janis Paliepa, Origin Of The Baltic And Vedic Languages : Baltic Mythology, Authorhouse, (ISBN 978-14-56-72901-1)
  19. Edvardas Gudavičius, « Lithuania’s Road to Europe », Lithuanian Historical Studies, vol. 2, no 1,‎ , p. 15–27 (ISSN 1392-2343 et 2538-6565, DOI 10.30965/25386565-00201002, lire en ligne, consulté le )
  20. Claudio Carpini 2007, p. 181
  21. Rokas Varakauskas, Ledo mūšis ties Karūzu 1270 m. (Iš lietuvių kovų prieš Livonijos ordiną XIII a.), , p. 147-153
  22. William Urban 1994, p. 283-286
  23. Claudio Carpini 2007, p. 26
  24. (lt) Tomas Baranauskas, Vėlyvieji viduramžiai I dalis (1283–1386 m.)
  25. Eric Christiansen 2016, p. 166
  26. a et b William Urban 2006, p. 227-228
  27. Zigmantas Kiaupa 2000, p. 56
  28. William Urban 2006, p. 228
  29. S. C. Rowell, Lithuania ascending : a pagan empire within east-central Europe, 1295-1345, Cambridge, (ISBN 978-1107658769), p. 55-59
  30. (en) David R. Jones, The Military-naval Encyclopedia of Russia and the Soviet Union, Academic International Press, (ISBN 978-0-87569-028-5, lire en ligne), p. 26
  31. (en) Walter James Wyatt, The history of Prussia: from the earliest times to the present day, vol. 1, Londres, Longmans, Green and Company, (OCLC 1599888, lire en ligne), p. 327-329
  32. Nicolaus von Jeroschin 2010, p. 234
  33. Hector Munro, The Rise of the Russian Empire, Londres, Grant Richards, (OCLC 3728508), p. 112
  34. Stephen C. Rowell 2014, p. 57
  35. Alan V. Murray 2017, p. 25
  36. Eric Christiansen 2016, p. 174
  37. William Urban 1989, p. 50
  38. Zigmantas Kiaupa 2000, p. 113
  39. William Urban 2006, p. 231
  40. a et b (de) Theodor Hirsch, Max Toeppen, Ernst Strehlke, Scriptores rerum Prussicarum. Die Geschichtsquellen der preußischen Vorzeit bis zum Untergang der Ordensherrschaft vol3, p65
  41. Theodor Hirsch, Max Toeppen et Ernst Strehlke, Scriptores rerum Prussicarum. Die Geschichtsquellen der preußischen Vorzeit bis zum Untergang der Ordensherrschaft, vol. 3, p. 65
  42. William Urban 1989, p. 54-55
  43. William Urban 2006, p. 243
  44. Stephen C. Rowell 2014, p. 55
  45. Alan V. Murray, The Crusades: An Encyclopedia, (ISBN 1-57607-863-9, lire en ligne)
  46. Shirin Akiner, Religious language of a Belarusian Tatar kitab: a cultural monument of Islam in Europe, Harrassowitz Verlag, , p. 457
  47. (lt) « 1320 07 27 Lietuvos DK kariuomenė sumušė kryžiuočius Medininkų mūšyje », sur DELFI (consulté le )
  48. « Słownik geograficzny Królestwa Polskiego i innych krajów słowiańskich, Tom XIII - wynik wyszukiwania - DIR », sur dir.icm.edu.pl (consulté le )
  49. (pl) Andrzej Moraczewski, Starozytności polskie: Ku wygodzie czytelnika porządkiem abecadłowym zebrane, Nakładem księgarni J.K. Zupańskiego, (lire en ligne), p. 741
  50. Zigmantas Kiaupa 2000, p. 114
  51. (en) Kevin O'Connor, The History of the Baltic States, Greenwood Press, (ISBN 978-0-313-32355-3, lire en ligne), p. 15
  52. Stephen C. Rowell 2014, p. 30 et 211
  53. Eric Christiansen 2016, p. 181-182
  54. Stephen C. Rowell 1994, p. 232
  55. Zenonas Ivinkis 1978, p. 232
  56. Zigmantas Kiaupa 2000, p. 115
  57. a et b Eric Christiansen 2016, p. 190
  58. Stephen C. Rowell 2014, p. 234
  59. Acquaintance with Lithuania: book of the millennium, Kraštotvarka, (ISBN 978-9986-892-28-1 et 978-9986-892-29-8)
  60. E. Glenn Hinson, The church triumphant: a history of Christianity up to 1300, Mercer University Press, (ISBN 978-0-86554-436-9)
  61. William Urban 1989, p. 80-81
  62. Eric Christiansen 2016, p. 184-185
  63. Zuzanna Stefaniak et Krystyna Cękalska, History of Poland, Polish scientific publ, (ISBN 978-83-01-00392-0)
  64. Zigmantas Kiaupa 2000, p. 72-126
  65. Stephen C. Rowell 2014, p. 254
  66. Tomas Baranauskas, « 11.01. Galialaukių mūšis: kerštas už Pilėnus, Lietuvos Aidas - Valstybės laikraštis », sur www.aidas.lt (consulté le )
  67. (lt) Tomas Baranauskas, « Galialaukių mūšis », sur www.vle.lt (consulté le )
  68. (de) Shirin Akiner, Religious language of a Belarusian Tatar kitab: a cultural monument of Islam in Europe, Harrassowitz Verlag, (ISBN 978-3-447-03027-4), p. 22
  69. Stephen C. Rowell 1994, p. 280-287
  70. Adolfas Šapoka, Lietuvos istorija, Vilnius, (ISBN 9785420006313), p. 79
  71. a et b Stephen C. Rowell 2014, p. 285
  72. (it) Franco Cardini, Come l'orco della fiaba: studi per Franco Cardini, SISMEL Edizioni del Galluzzo, (ISBN 978-88-8450-375-6, lire en ligne), p. 75
  73. Stephen C. Rowell 2014, p. 243
  74. (en) Desmond Seward, The Monks of War: The Military Religious Orders, Penguin Books, (ISBN 978-0-14-019501-9, lire en ligne), p. 119-120
  75. Eric Christiansen 2016, p. 192
  76. a b et c Claudio Carpini 2007, p. 37
  77. Eric Christiansen 2016, p. 193
  78. Zigmantas Kiaupa 2000, p. 123
  79. Eric Christiansen 2016, p. 205
  80. William Urban 2006, p. 255
  81. a b c d et e Zenonas Ivinskis, « Vytautas Didysis | WorldCat.org », sur search.worldcat.org, (consulté le ), p. 7-32
  82. a b et c Zigmantas Kiaupa 2000, p. 125
  83. William Urban 2006, p. 168
  84. a b et c William Urban 2006, p. 170-171
  85. Kučinskas Antanas, Kęstutis, Vilnius, lietuvos istoriografija, , p. 161
  86. Zenonas Ivinskis 1978, p. 271-279
  87. (lt) Jonynas Ignas, "Dovydiškės sutartis". In Vaclovas Biržiška, , p. 1341–1344
  88. (en) Charles J. Halperin, « A Tatar interpretation of the battle of Kulikovo Field, 1380: Rustam Nabiev », Nationalities Papers, vol. 44, no 1,‎ , p. 10 (ISSN 0090-5992 et 1465-3923, DOI 10.1080/00905992.2015.1063594, lire en ligne, consulté le )
  89. a b et c Zigmantas Kiaupa 2000, p. 124-126
  90. a et b Eric Christiansen 1997, p. 164-165
  91. a et b (en) Koncius Joseph B., Vytautas the Great, Grand Duke of Lithuania, Miami, , p. 21-23
  92. a et b Juozas Jakštas, Lithuania: 700 Years, New York, Manyland Books, (ISBN 0-87141-028-1, LCCN 75-80057), p. 57-58
  93. (en) Joseph B. Koncius, Vytautas the Great, Grand Duke of Lithuania, Miami, Franklin Press, (LCCN 66089704), p. 21–23
  94. William Urban 2018, p. 39
  95. William Urban 2006, p. 173-174
  96. (it) Franco Cardini, Come l'orco della fiaba: studi per Franco Cardini, SISMEL Edizioni del Galluzzo, (ISBN 978-88-8450-375-6, lire en ligne), p. 76
  97. (it) Franco Cardini, Come l'orco della fiaba : studi per Franco Cardini, Florence, edizioni del Galluzzo, (ISBN 978-88-84-50375-6), p. 78
  98. (pl) « Krewska Union », sur web.archive.org
  99. Claude Michaud, The Kingdoms of Central Europe in the Fourteenth Century, The New Cambridge Medieval History, c. 1300–c. 1415, vol. 6, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-36290-3), p. 755-756
  100. William Urban 2006, p. 193-194
  101. (en) Daniel Stone, The Polish-Lithuanian State, 1386-1795, University of Washington Press, (ISBN 978-0-295-98093-5, lire en ligne), p. 16
  102. (pl) Paweł Jasienica, Polska Jagiellonów, Varsovie, Instytut Wydawniczy, (ISBN 978-83-06-01796-0), p. 80-146
  103. Zenonas Ivinskis 1978, p. 304-306
  104. (en) Erik Kooper, The Medieval Chronicle II: Proceedings of the 2nd International Conference on the Medieval Chronicle, Driebergen/Utrecht 16-21 July 1999, Rodopi, (ISBN 978-90-420-0834-2, lire en ligne), p. 157
  105. a b et c (en) Joseph B. Koncius, Vytautas the Great, Grand Duke of Lithuania, Miami, Franklin Press, (LCCN 66089704), p. 40-44
  106. E. Gudavičius, Lietuvos istorija: nuo seniausių laikų iki 1569 metų, Lietuvos Rašytojų sąjungos leidykla, (ISBN 978-9986-39-111-1 et 978-9986-39-112-8), p. 173-174
  107. a et b Zigmantas Kiaupa 2000, p. 131-132
  108. William Urban 2006, p. 202-204
  109. Zenonas Ivinskis 1978, p. 307-308
  110. William Urban 2003, p. 1-50
  111. Charles J. Halperin, Russia and the Golden Horde: the Mongol impact on medieval Russian history, Indiana University Press, coll. « Midland book », (ISBN 978-0-253-20445-5), p. 57
  112. Beatrice Manz, The Encyclopedia of Islam, vol. 10 : Timur Lang, Brill, , p. 511
  113. Georgij Vladimirovič Vernadskij, A history of Russia, Yale Univ. Press, coll. « Yale paperbound », (ISBN 978-0-300-00247-8 et 978-0-300-01010-7), p. 75
  114. Zenonas Ivinskis 1978, p. 316-318
  115. Claudio Carpini 2007, p. 56
  116. Ivinskis Zenonas 1978, p. 325-327
  117. V. Stanley Vardys, « The Lithuanian National Revolt of 1941. By Algirdas Martin Budreckis. Published by Juozas Kapočius, 1968. Distributed by Lithuanian Encyclopedia Press, South Boston, Mass. xvi, 147 pp. $4.00. », Slavic Review, vol. 28, no 4,‎ , p. 653–654 (ISSN 0037-6779 et 2325-7784, DOI 10.2307/2493976, lire en ligne, consulté le )
  118. Simas Sužiedėlis, Tatars, vol. 5, Boston, Juozas Kapočius (LCCN 74-114275), p. 377
  119. William Urban 2006, p. 214-215
  120. (en) Daniel Stone, The Polish-Lithuanian State, 1386-1795, University of Washington Press, (ISBN 978-0-295-98093-5, lire en ligne), p. 10-11
  121. William Urban 2018, p. 20
  122. (lt) Edvardas Gudavičius et Algirdas Matulevičius, « Vytautas Didysis », sur vle.lt, Visuotinė lietuvių enciklopedija (consulté le )
  123. William Urban 2018, p. 67
  124. (en) Rūta Janonienė, Tojana Račiūnaitė, Marius Iršėnas et Adomas Butrimas, The Lithuanian Millenium: History, Art and Culture, VDA leidykla, (ISBN 978-609-447-097-4, lire en ligne), p. 669
  125. William Urban 2006, p. 90-91
  126. a et b Zenonas Ivinskis 1978, p. 327-328
  127. (lt) Vytautas Spečiūnas, Lietuvos valdovai (XIII-XVIII a.): enciklopedinis žinynas, Vilnius, Mokslo ir enciklopedijų leidybos institutas, (ISBN 5-420-01535-8), p. 88
  128. a et b (lt) Zenonas Ivinskis, Salyno taika, Lietuvių enciklopedija, vol. 26, Boston, Lietuvių enciklopedijos leidykla (LCCN 55020366), p. 351-353
  129. a et b Zigmantas Kiaupa 2000, p. 137-138
  130. Robert Frost, The Oxford History of Poland-Lithuania. The Making of the Polish-Lithuanian Union, 1385-1569, Oxford, (ISBN 978-0-19-820869-3), p. 93
  131. Stanislaus F. Belch, Paulus Vladimiri and his doctrine concerning international law and politics. Volume 1 Paulus Vladimiri and his doctrine concerning international law and politics, Berlin, Walter de Gruyter GmbH & Co KG, (ISBN 978-31-11-69646-1), p. 124
  132. a b et c Zenonas Ivinskis 1978, p. 334-335
  133. William Urban 2018, p. 224-226
  134. (lt) Valentinas Dėdinas, Vytauto vidaus ir užsienio politika ligi Žalgirio mūšio, Vilnius, Vyriausioji enciklopedijų redakcija, (OCLC 25726071), p. 67
  135. Stephen Turnbull 2003, p. 20
  136. William Urban 2003, p. 130
  137. a et b Zenonas Ivinskis 1978, p. 336
  138. (pl) Stefan M. Kuczyński, Wielka wojna z Zakonem Krzyżackim w latach 1409-1411, Wydawn. Ministerstwa Obrony Narodowej, (lire en ligne), p. 614
  139. Mečislovas Jučas et Mečislovas Jučas, The battle of Grünwald, Lihuanian Art Museum, coll. « Studies of the Palace of the Grand Dukes of Lithuania », (ISBN 978-609-95074-5-3), p. 51
  140. Stephen Turnbull 2003, p. 21
  141. Zigmantas Kiaupa 2000, p. 139
  142. Eric Christiansen 1997, p. 227
  143. Stephen Turnbull 2003, p. 30
  144. Mečislovas Jučas, La bataille de Grünwald, Vilnius, Musée national Palais des grands-ducs de Lituanie, (ISBN 978-609-95074-5-3), p. 74
  145. William Urban 2018, p. 230-231
  146. Stephen Turbull 2003, p. 33
  147. Eric Christiansen 2016, p. 207
  148. Stephen Turnbull 2003, p. 92
  149. Stephen Turbull 2003, p. 64
  150. Stephen Turnbull 2003, p. 68
  151. Stephen Turnbull 2003, p. 73
  152. Stephen Turnbull 2003, p. 74
  153. (pl) Karol Górski, Tuchola – zarys monograficzny, Toruń, Towarzystwo Naukowe w Toruniu, , p. 47-58
  154. a et b Stephen Turnbull 2003, p. 78
  155. Stephen Turnbull 2003, p. 69
  156. Zenonas Ivinskis 1978, p. 345
  157. William Urban 2003, p. 192
  158. Zenonas Ivinskis 1978, p. 346-347
  159. a et b Zigmantas Kiaupa 2000, p. 142-143
  160. William Urban 2003, p. 195-196
  161. Zenonas Ivinskis 1978, p. 348
  162. a et b William Urban 2003, p. 201-202
  163. William Urban 2003, p. 204
  164. William Urban 2003, p. 205
  165. Zenonas Ivinskis 1978, p. 354-355
  166. (en) Attila et Balázs Weiszhár, Lexicon of Wars, Budapest, (ISBN 978-963-9471-25-2)
  167. William Urban 2003, p. 279-281
  168. Eric Christiansen 1997, p. 242
  169. (la) Stanislaus F. Belch, Paulus Vladimiri and his doctrine concerning international law and politics, Walter de Gruyter GmbH & Co KG, (ISBN 978-3-11-158972-5, lire en ligne), p. 1074
  170. (en) Jerzy Lukowski et W. H. Zawadzki, A Concise History of Poland, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-85332-3, lire en ligne), p. 48
  171. (lt) Jūratė Kiaupienė, Gediminaičiai ir Jogailaičiai prie Vytauto palikimo, Gimtoji istorija. Nuo 7 iki 12 klasės, Vilnius, Elektroninės leidybos namai, (ISBN 9986-9216-9-4)
  172. William Urban 2003, p. 306-308

Voir aussi

modifier

Bibliographie

modifier
  • (en) Eric Christiansen, The northern crusades, Londres, Penguin Books, (ISBN 0-14-026653-4)
  • (it) Eric Christiansen, Le crociate del Nord : il Baltico e la frontiera cattolica : 1100-1525, Bologne, (ISBN 978-88-15-26604-0)
  • (lt) Claudio Carpini, Storia della Lithuania : identità europea e cristiana di un popolo, Città Nuova, (ISBN 978-88-311-0341-1)
  • (en) Zigmantas Kiaupa, Jūratė Kiaupienė et Albinas Kuncevičius, The History of Lithuania Before 1795, Vilnius, Lithuanian Institute of History, (ISBN 9986-810-13-2)
  • (en) William Urban, The Samogitian Crusade, Chicago, Lithuanian Research and Studies Center, (ISBN 978-09-29-70003-8)
  • (en) William Urban, The Baltic Crusade, Chicago, Lithuanian Research and Studies Center, (ISBN 0-929700-10-4)
  • (it) William Urban, I Cavalieri Teutonici: Storia militare delle Crociate del Nord, Libreria Editrice Goriziana, (ISBN 978-88-86-92899-1)
  • (en) Alan V. Murray, Crusade and Conversion on the Baltic Frontier 1150-1500, (ISBN 978-1-57607-862-4)
  • (en) Stephen C. Rowell, Lithuania Ascending, Cambridge University Press, (ISBN 978-1-107-65876-9)
  • (en) Stephen C. Rowell, Lithuania Ascending: A Pagan Empire Within East-Central Europe, 1295-1345, Cambridge Studies in Medieval Life and Thought: Fourth Series, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-45011-9)
  • (lt) Zenonas Ivinskis, Lietuvos istorija iki Vytauto Didžiojo mirties, Rome, Lietuvių katalikų mokslo akademija, (OCLC 79346776)
  • (en) Nicolaus von Jeroschin, A History of the Teutonic Knights in Prussia 1190-1331, Ashgate Publishing, (ISBN 978-0-7546-5309-7)
  • (de) Dieter Heckmann, « Kriegstechnische Innovationen in den mittelalterlichen Deutschordenslanden Preußen und Livland », Militaergeschichtliche Zeitschrift, vol. 65, no 1,‎ , p. 113–130 (ISSN 2196-6850, DOI 10.1524/mgzs.2006.65.1.113, lire en ligne)
  • (en) Stephen Turbull, Tannenberg 1410: Disaster for the Teutonic Knights. Campaign Series, vol. 122, Londres, Osprey, (ISBN 978-1-84176-561-7)
  • (en) William Urban, Tannenberg and After: Lithuania, Poland and the Teutonic Order in Search of Immortality, Chicago, Lithuanian Research and Studies Center, (ISBN 978-0-929700-25-0)
  • (en) William Urban, The Last Years of the Teutonic Knights: Lithuania, Poland and the Teutonic Order, Greenhill Books, (ISBN 978-1-78438-360-2, lire en ligne)

Liens externes

modifier

Articles connexes

modifier