Attentat de Carmaux-Bons Enfants

Le , Émile Henry réalise une attaque à la bombe anarchiste à Paris. L'attaque est menée en réponse à l'envoi de l'armée contre les ouvriers grévistes de la Compagnie minière de Carmaux. Henry envoie un colis piégé au siège de la compagnie à Paris, situé avenue de l'Opéra. La compagnie transfère le colis à la police, qui en prend possession et le transporte au commissariat de la rue des Bons-Enfants. La bombe explose alors que les policiers la manipulent, tuant quatre agents de police et un employé de la compagnie de Carmaux.

Attentat de Carmaux-Bons Enfants
Image illustrative de l’article Attentat de Carmaux-Bons Enfants
Représentation de l'attentat de Carmaux-Bons-Enfants dans Le Petit Journal illustré (19 novembre 1892)

Cible Compagnie minière de Carmaux
Date 8 novembre 1892
Armes colis piégé
Morts 5 (4 policiers + 1 employé)
Blessés 0
Auteurs Émile Henry
Mouvance Anarchisme

C'est l'attaque anarchiste la plus meurtrière en France entre 1892 et 1894, et elle précède d'autres attentats, comme celui du café Terminus.

Histoire

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Contexte

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En 1892, à la suite du licenciement brutal de Jean-Baptiste Calvignac, socialiste et syndicaliste travaillant à la mine de Carmaux, après son élection comme maire de Carmaux, une grève très importante éclate dans la mine et les verreries associées[1]. Ce qui commence comme un mouvement local limité se propage rapidement et attire l’attention nationale, notamment celle de socialistes importants comme Jean Jaurès[1],[2],[3]. Cet écho pousse le gouvernement à envoyer l’armée pour contraindre les ouvriers à reprendre le travail[1]. Bien que le mouvement social ne soit pas terminé et se poursuive même après la mort d’Émile Henry, celui-ci voit dans l’intervention de l’armée décidée par le président Émile Loubet la preuve que les méthodes pacifiques sont inefficaces[4]. Il décide alors de passer à l’action et de mener une attaque contre le siège de la Compagnie minière de Carmaux à Paris[4]. Pour lui, cet acte est une forme de propagande par le fait[4].

Déroulé

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Après s'être coordonné avec d'autres anarchistes, Émile Henry envoie un colis piégé au siège de la Compagnie, situé au 11 avenue de l'Opéra, qui arrive dans la matinée du 8 novembre 1892[2],[5]. Le colis contient une bombe à renversement, un type d'engin jamais utilisé auparavant, sauf par les nihilistes russes, ce qui le rend particulièrement meurtrier[4]. La concierge de l'immeuble prend possession du colis et le remet à la police[2]. La bombe explose au commissariat de la rue des Bons-Enfants à 11h37, tuant quatre agents de police et un employé de la compagnie[2].

Cette attaque est la plus meurtrière des attentats anarchistes survenus en France entre 1892 et 1894[4].

Après l'attentat, Émile Henry fuit au Royaume-Uni, puis en Belgique, avant de revenir en France[4]. Là, il adopte un mode de vie illégaliste et mène d'autres attaques, notamment l'attentat du café Terminus, avant d'être arrêté par la police. Jugé, il est condamné à mort et finalement guillotiné[4].

Postérité

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Cercles anarchistes

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La plupart des anarchistes soutiennent l'attentat, mais certains expriment des doutes quant à la cible initiale, qui n'est pas un commissariat mais une entreprise composée de travailleurs civils[4]. En y réfléchissant quelques années plus tard, Jean Grave déclare[4]:

« La bombe […] avait été plus intelligente que ses auteurs. Eut-elle éclaté avenue de l’Opéra, […] cela aurait pu soulever l’opinion publique contre les anarchistes. Tandis qu’au poste de police, cela n’avait aucune importance. »

Références

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  1. a b et c « Les grèves de Carmaux en 1892 », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, (consulté le )
  2. a b c et d « 1892 : l'attentat anarchiste du commissariat des Bons-Enfants », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, (consulté le )
  3. « Albi. L’histoire au coin de la rue : combat politique et violence », sur ladepeche.fr (consulté le )
  4. a b c d e f g h et i Walter Badier, « Émile Henry, le « Saint-Just de l'Anarchie » », Parlement[s], Revue d'histoire politique, vol. 14, no 2,‎ , p. 159–171 (ISSN 1768-6520, DOI 10.3917/parl.014.0159, lire en ligne, consulté le )
  5. Jean-François Gayraud et David Sénat, « Histoire du terrorisme en France », Que sais-je ?, vol. 2, no 1768,‎ , p. 114–122 (ISSN 0768-0066, lire en ligne, consulté le )