Corps européen
L'Eurocorps situé dans la ville française de Strasbourg (Bas-Rhin), est un corps d'armée multinational. Créé par la France et l'Allemagne en 1992, il est aujourd'hui composé de membres de six nations cadres -France, Allemagne, Espagne, Luxembourg et Pologne- et de cinq nations partenaires (Autriche, Grèce, Italie, Roumanie et Turquie).[1] Les nations cadres mettent l'Eurocorps au service de l'Union européenne (UE) et de l'OTAN, qui l'a certifié en 2002 comme l'un de ses High Readiness Land Forces HQ (HRF HQ).
Eurocorps | ||
Création | 1992 | |
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Pays |
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Branche | Armée | |
Type | État-major de niveau corps d'armée | |
Garnison | Strasbourg (France) | |
Surnom | Eurocorps | |
Devise | A Force for the European Union and NATO | |
Marche | Hymne Européen | |
Commandant | Général de corps d'armée Peter DEVOGELAERE (depuis le 2 septembre 2021) | |
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Les précédents de l'Eurocorps remontent à 1989, lorsque le chancelier allemand Helmut Kohl et le président français François Mitterrand ont initié une coopération militaire en créant le Conseil franco-allemand de défense et de sécurité et en mettant sur pied une brigade commune, qui est devenue opérationnelle en 1991.
Par la suite, en 1992, au sommet de "La Rochelle", les deux pays ont signé le rapport qui a conduit à la création de l'Eurocorps. La même année, les premiers officiers allemands et français ont rejoint l'unité. La Belgique a adhéré en 1993, suivie par l'Espagne un an plus tard. En 1995, il a été officiellement déclaré opérationnel et l'année suivante, le Luxembourg l'a rejoint.
L'Eurocorps compte actuellement ces six états cadres: l'Allemagne, la France, la Belgique, l'Espagne, le Luxembourg et la Pologne[2], et cinq pays partenaires: la Grèce, la Turquie, l'Italie, l'Autriche et la Roumanie. Il y a également eu, pour des périodes différentes, des militaires du Canada (2003-2007), du Royaume-Uni (1999-2002), des Pays-Bas (1999-2002) et de la Finlande (2002-2005).
L'Eurocorps est actuellement régi par le "Traité sur l'Eurocorps et le statut de son quartier général", aussi connu sous le nom de "Traité de Strasbourg", un accord signé à Bruxelles le 22 novembre 2004 par les ministres de la défense des cinq pays membres à l'époque : l'Allemagne, la France, la Belgique, l'Espagne et le Luxembourg, et ratifié par leurs parlements nationaux. Il est finalement entré en vigueur en 2009.
L' objet du traité, comme détaillé dans l'article 1, est de "définir les principes fondamentaux relatifs aux missions, à l'organisation et au fonctionnement de l'Eurocorps". [3]
L'article 2 définit l' Eurocorps comme "le corps d'armée multinational composé du quartier général et des unités pour lesquelles les Parties contractantes ont effectué le transfert de commandement au général commandant l'Eurocorps".[4]
Quant aux missions de l'Eurocorps, l'article 3 du "Traité de Strasbourg" précise qu'elles peuvent lui être confiées dans le cadre des Nations unies, de l'Union de l'Europe occidentale (UEO) et de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Cela inclut les missions d'évacuation, les missions humanitaires, le maintien de la paix ou la gestion des crises.
Membres participants
Membres permanents (nations-cadre)
- France (depuis 1992) – Ministère des Armées
- Allemagne (depuis 1992) – Deutsche Bundeswehr
- Belgique (depuis 1993) – Défense Belge – Belgische Defensie
- Espagne (depuis 1994) – Ministerio de Defensa
- Luxembourg (depuis 1996) – Lëtzebuerger Arméi
- Pologne (depuis 2022) – Ministerstwo Obrony Narodowej – La Pologne devient une nation associée en 2009, elle dépose en décembre 2011 une candidature pour devenir une nation cadre. Il était prévu que la Pologne devienne la sixième nation cadre de l'Eurocorps le , mais cette date a été reportée à 2017. Finalement, l'adhésion en tant que nation cadre a eu lieu début 2022.
Autres pays participant seulement à l’état-major (nations associées
Histoire
Les origines de l'Eurocorps se trouvent dans la Brigade franco-allemande, créée en 1989. Dans le cadre de cette démarche, le 14 octobre 1991, la France et l'Allemagne ont annoncé leur intention de renforcer l'intégration de la défense européenne par la création d'un état-major de corps d'armée.
Lors du sommet franco-allemand de La Rochelle, le 22 mai 1992, le président français François Mitterrand et le chancelier allemand Helmut Kohl décident de lancer le projet et de créer l'état-major de l'Eurocorps. S'il s'agissait initialement d'une association franco-allemande mais rapidement l'Eurocorps s'est ouvert à tous les États membres de l'Union de l'Europe occidentale (UEO).
Le 19 Juin, l'Union Européenne a publié la déclaration de Petersberg, qui définissait les missions qui pouvaient être confiées à la UEO et que l'Eurocorps allait également entreprendre : assurer la défense commune des pays alliés, mener des opérations de maintien ou de consolidation de la paix au profit des Nations unies ou de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, ainsi que d'autres missions à caractère humanitaire.
Le 1er juillet 1992, un état-major provisoire est installé dans la ville française de Strasbourg pour créer les fondements du quartier général de l'Eurocorps.
Le 21 Janvier 1993, un accord est signé avec le SACEUR mettant l'Eurocorps à disposition de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord. Le 1eroctobre de la même année, le quartier général de l'Eurocorps est définitivement établi à Strasbourg, sur la base de l'état-major constitué quelques mois plus tôt.
Le 12 octobre 1993, la Belgique rejoint l'Eurocorps avec une division mécanisée ; le 1er juillet 1994, le Conseil des ministres espagnol autorise la participation de l'Espagne avec une division mécanisée ; le Luxembourg se joint au projet le 7 mai 1996.
En novembre 1995, l'Eurocorps a atteint les conditions nécessaires pour être officiellement déclaré opérationnel.
A cette époque, l'Eurocorps comptait les unités suivantes affiliées de manière permanente : la 1ère Division blindée française, la 10ème Division blindée allemande, la 1ère Division mécanisée belge, qui comprenait une compagnie de reconnaissance luxembourgeoise, la Division mécanisée "Brunete" et la Brigade franco-allemande, soit au total 50 000 hommes, 645 chars, 1 400 véhicules blindés et 360 pièces d'artillerie.
Cette situation s'est poursuivie jusqu'en 1999, lorsque les chefs d'État et de gouvernement des cinq nations cadres de l'Eurocorps ont déclaré, lors du Conseil européen de Cologne (3 et 4 juin), leur accord pour "adapter le Corps d'armée européen, et en particulier son état-major, au nouveau scénario stratégique afin de le transformer en un Corps européen de réaction rapide, répondant ainsi au souhait de l'Union européenne de disposer de forces adaptées aux opérations de gestion de crise".[7]
Cette déclaration éminemment politique a ensuite été développée dans le rapport de Luxembourg du 22 novembre 1999, qui a fixé les orientations générales de la transformation susmentionnée, en respectant à nouveau la double orientation transatlantique et pro-européenne, en maintenant l'Eurocorps à la disposition de l'OTAN et de l'UE pour les opérations de gestion de crise.[8]
Insigne
L'insigne de poitrine a été créé par un officier du bureau emploi de l'état-major des Armées françaises, le lieutenant-colonel Pellabeuf. Cet insigne, homologué le 18 juin 1993 sous le numéro G4000, fut réalisé par la société Delsart et, sur ordre du chef d’état-major, le général Clerc, porté pour la première fois le 5 novembre 1993, lors de la cérémonie officielle de création de du corps et en présence des ministres de la défense des trois pays participants à l’époque (Allemagne, France et Belgique).
Sa description est «insigne en forme d’écu symbolisant la défense du continent européen».
L’Europe est représentée par deux symboles:
- le fond azur et les étoiles d’or du drapeau européen,
- une silhouette symbolique du continent qui permet de cacher quelques-unes des étoiles et d’éviter ainsi une identification trop poussée avec l’Union européenne ou le Conseil de l'Europe.
Une épée rappelle que ce corps est une grande unité militaire.
-
L’insigne de poitrine. -
L’insigne de bras. -
L’insigne de béret.
Organisation
L'emploi de l'Eurocorps en opération relève d'une décision des six nations-cadres. Un comité commun, composé des chefs d’état-major de la défense et des directeurs politiques du Ministère des Affaires étrangères de chacune de ces nations, se réunit annuellement pour prendre toutes les décisions majeures concernant le corps.
Le corps de réaction rapide européen n’est subordonné à aucune organisation militaire, c’est le comité qui évalue les demandes d’aide d’organisations multinationales comme:
- L'ONU pour les missions de maintien de la paix sous mandat des Nations unies;
- L'Union européenne (dans le cadre de la politique de sécurité et de défense commune );
- L'OTAN, conjointement ou distinctement en raison de la non participation de plusieurs États membres neutres;
- L'OSCE, principalement dans des missions de maintien de la paix.
Le corps peut également être déployé au profit des nations-cadres. Son commandement est assuré par un général de corps d'armée appartenant à l'une des nations cadres et pour un mandat de deux ans.
Quartier général
Le quartier général du CRR-E («Eurocorps Headquarters EC HQ»), est installé au quartier Aubert de Vincelles, au Neuhof, à Strasbourg. Il a aussi occupé, temporairement, l'immeuble du no 7 quai Sturm près du Tribunal[9]. Son centre des télécommunications et de l'informatique occupe le site Médard construit en 1999 juste à côté du quartier Aubert de Vincelles[9].
Le quartier général est composé des unités suivantes:
- Un groupe de commandement, composé du général commandant, du général adjoint, du chef d'état-major, des 3 sous chefs d'état-major, les représentations air et marine, les conseillers juridiques, le bureau de presse et de relations publiques, un conseiller médical et un conseiller politique (celui-ci seulement pendant des engagements).
- Un état-major. Cet état-major inclut également des officiers grecs, italiens, et turcs.
- Une brigade multinationale d’appui au commandement («Multi-national Command Support Brigade MNCS Bde») est également localisée à Strasbourg. Cette brigade est subordonnée à l'état-major du corps. Elle fournit l’appui lors des déploiements. La brigade dispose d’unités mises à la disposition par les nations sur une base de cas par cas.
- La brigade comprend aussi un état-major spécifique (permanent) de 35 militaires, installé à Strasbourg.
- Un bataillon de quartier général («Headquarters Support Battalion HQSPT BN») subordonné à la MNCS Bde fournit au quartier général le déploiement de son PC et sa protection, les moyens de transport, la restauration, le soutien infrastructure et de manière générale, tous les services qui participent au bon fonctionnement du corps. Ce bataillon permanent d'environ 500 militaires peut être renforcé significativement en cas d’engagement. Il est stationné au quartier Lizé, au Neuhof, à Strasbourg.
L'allemand, l'espagnol, le français et le néerlandais sont les langues officielles. L’anglais est la langue opérationnelle.
Engagements
- Le corps européen a participé à des missions de maintien de paix SFOR en Bosnie de 1998 au 2000.
- Il a commandé la mission KFOR III au Kosovo du 18 avril 2000 à octobre 2000.
- Il a commandé la mission FIAS VI en Afghanistan du 9 août 2004 au 11 février 2005.
- Du jusqu'au 10 janvier 2007, le Quartier général du Corps européen a fourni la composante terrestre de la Force de réaction 7 de l'OTAN (NRF 7).
- Du jusqu'au 10 janvier 2011, le Quartier général du Corps européen fournit à nouveau des éléments pour la composante terrestre de la Force de réaction 15 de l'OTAN (NRF 15).
- De janvier 2012 à janvier 2013, le corps européen a été engagé pour la quatrième fois. Il a participé activement à la conduite des opérations en Afghanistan, au sein des états-majors de la FIAS. Environ 50 % de l'état-major a été déployé et a occupé des fonctions de tous ordres, principalement au sein du commandement interallié de la FIAS (ISAF Joint Command - IJC), chargé de conduire les opérations tactiques.
- Durant le deuxième semestre de 2015, le corps européen appuie l'Allemagne avec 57 soldats pour conduire la mission de l'Union européenne EUTM au Mali.
- Le , il prend l'astreinte, pour six mois, de la force de réaction rapide de l'Union européenne (European battlegroups EUBG) pour constituer le quartier général de force en cas de déploiement[10].
- Entre 2016 et 2018, l'Eurocorps assure le commandement de la mission EUTM RCA à Bangui, République centrafricaine, par 3 rotations de 6 mois.
- En janvier 2020, l'Eurocorps prendra une alerte OTAN d'un an comme commandement de la composante terrestre de la Nato Response Force 20.
- 1er et 2e semestre de 2021; European Union Training Mission In Mali (EUTM MALI)
- 2e semestre de 2021 et 1er semestre de 2022; European Union Training Mission in Central African Republic (EUTM RCA) qui cherche fournir de conseils au gouvernement et le soutenir pour a mise en place de la formation des nouvelles forces armées du pays, qui jouent un rôle important dans la stabilisation du pays.
Commandants de l'Eurocorps
- Lieutenant général Helmut Willmann: 1993–1996 (Allemagne)
- Général de corps d'armée Pierre Forterre: 1996–1997 (France)
- Lieutenant général Léo Van Den Bosch: 1997–1999 (Belgique)
- Lieutenant général Juan Ortuño-Such: 1999–2001 (Espagne)
- Lieutenant général Holger Kammerhoff: 2001–2003 (Allemagne)
- Général de corps d'armée Jean-Louis Py: 2003–2005 (France)
- Lieutenant général Charles-Henri Delcour: 2005–2007 (Belgique)
- Lieutenant général Pedro Pitarch: 2007–2009 (Espagne)
- Lieutenant général Hans-Lothar Domröse: 2009–2011 (Allemagne)
- Général de corps d'armée Olivier de Bavinchove: 2011–2013 (France)
- Lieutenant général Guy Buchsenschmidt: 2013–2015 (Belgique)
- Lieutenant général Alfredo Ramirez Fernandez: 2015–2017 (Espagne)
- Lieutenant général Jürgen Weigt: 2017 - 2019 (Allemagne)
- Général de corps d'armée Laurent Kolodziej[11]: 2019-2021 (France)
- Lieutenant général Peter Devogelaere: 2021- (Belgique)
Sources
Références
- « Contributing Nations Eurocorps »
- « Poland becomes senior member of Eurocorps », sur PolskieRadio.pl (consulté le )
- « Décret n° 2009-232 du 25 février 2009 portant publication du traité relatif au Corps européen et au statut de son Quartier général entre la République française, la République fédérale d'Allemagne, le Royaume de Belgique, le Royaume d'Espagne et le Grand-Duché de Luxembourg, fait à Bruxelles le 22 novembre 2004 (1) » , sur https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000020314893
- « Décret n° 2009-232 du 25 février 2009 portant publication du traité relatif au Corps européen et au statut de son Quartier général entre la République française, la République fédérale d'Allemagne, le Royaume de Belgique, le Royaume d'Espagne et le Grand-Duché de Luxembourg, fait à Bruxelles le 22 novembre 2004 (1) » , sur https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000020314893
- « Défense. La Roumanie rejoint l’Eurocorps », Les Dernières Nouvelles d'Alsace, (consulté le )
- « L’Autriche rejoint le club des nations associées à l’ « Eurocorps » (12.07.21) »
- « Conseil européen de Cologne 03-04.06.1999: Conclusions de la Présidence (suite) », sur www.europarl.europa.eu (consulté le )
- « L'Eurocorps, corps d'armée européen »
- « eurocorps », sur eurocorps.wifeo.com (consulté le )
- « Force de réaction rapide de l'UE. L'Eurocorps d'astreinte à partir du 1er juillet », sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique, (consulté le )
- (en-US) « Commander », sur Eurocorps (consulté le )
Bibliographie
- « Les unités de l'Eurocorps », Libération, (lire en ligne)
- (en) Hans-Lothar Domröse, « Zwei Jahre Kommandierender General des Eurokorps. Eine persönliche Bilanz », Europäische Sicherheit, , p. 13–16
Compléments
Lectures approfondies
- [PDF] Le corps européen, plaquette réalisée par le Ministère de la Défense français.
- (de) Matthias Blazek: Die Geschichte des Eurokorps – 25 Jahre im Leben eines der populärsten Militärbündnisse. Mit einem besonderen Blick auf die Entwicklung der deutsch-französischen Zusammenarbeit. Stuttgart: ibidem-Verlag, 2017
Articles connexes
- Politique européenne de sécurité et de défense (pilier de l’Union européenne)
- Identité européenne de sécurité et de défense (accord UE-OTAN)
- Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN)
Liens externes
- (fr) (en) Site officiel