Oleg le Sage
Oleg (en slave : Олег et en vieux norrois : Helgi), dit Oleg le Sage (russe : Олег Вещий et en ukrainien : Олег Віщий) et parfois appelé Oleg de Novgorod, est un prince varègue de la Rus' de Kiev de la dynastie des Riourikides (né à une date inconnue et mort en 912), qui régna de 882 à 912.
Oleg le Sage | |
Oleg de Novgorod peint par Viktor Vasnetsov | |
Titre | |
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Prince de Novgorod et de Kiev | |
– (33 ans) |
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Prédécesseur | Riourik[1] |
Successeur | Igor de Kiev |
Biographie | |
Dynastie | Riourikides |
Date de naissance | ? |
Date de décès | |
Religion | Paganisme |
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Parent et successeur de Riourik, le prince de Novgorod (peut-être son beau-frère), c'est un Varègue d'origine (c'est-à-dire un Viking originaire de Suède). Il reprend « l'héritage » de Riourik : la direction des affaires de la Rus'. Il régnera trente-trois ans sur la Rus' kiévienne, d'abord en tant que prince de Novgorod de 879 à 912, puis en tant que prince de Kiev de 882 à 912 (son successeur est Igor de Kiev).
Biographie
Le Prince de Kiev
En 882, Oleg commence une campagne en descendant le Dniepr. Il s'empare de Smolensk puis il atteint Kiev. Par ruse, il attire Askold et Dir, les seigneurs de la cité, à l'extérieur de celle-ci où il les tue et confisque la cité en prétextant qu'ils ne sont pas d'extraction princière. Il présente Igor de Kiev, jeune homme qu'il a pris sous sa protection, comme prince et héritier de Riourik. Contrairement à Riourik, qui fait figure de personnage semi-légendaire, Oleg est la première figure dirigeante attestée de l'histoire de Russie. Son nom et ses actions sont signalés dans les archives byzantines.
L'attaque de Byzance
En 907, Oleg décide de « marcher contre les Grecs ». Il réunit une grande troupe, des douzaines de tribus et des guerriers varègues se joignent à l'expédition : « 2 000 bateaux contenant chacun quarante hommes ». Bien que les chiffres soient sans doute exagérés, l'expédition est couronnée de succès. La Chronique des temps passés décrit ainsi la campagne : « ... Il tua nombre de Grecs aux approches de la ville, détruisit quantité de palais, incendia des églises. Quant aux captifs, les uns étaient passés par le fil de l'épée, d'autres torturés, certains tués par le feu ou jetés à la mer. Les Russes firent subir bien d'autres maux aux Grecs, ainsi qu'il est coutume avec les ennemis... » Une paix est conclue en 911. Les Byzantins accordent le droit de commercer librement aux Russes dans leur capitale. Ils obtiennent un comptoir dans les faubourgs de la cité. D'autres clauses sur les échanges de prisonniers de guerre et divers aspects de jurisprudence sont également conclus. Malgré l'absence de source byzantine sur le récit de cette guerre, des sources arabes viennent confirmer la Chronique des temps passés de Nestor de Kiev.
Oleg le Sage dans la Poésie de Pouchkine
Oleg le Sage est le héros d'une cantate profane de Rimsky-Korsakov (son opus 58, d'après un poème d'Alexandre Pouchkine) dans lequel, pour échapper à la prédiction d'un mage lui annonçant que sa mort viendrait de son cheval, il abandonne sa monture et part se couvrir de gloire à la guerre. De retour, il apprend la mort de son cheval. Maudissant le mage et sa fausse prédiction, il se rend près de la rivière où gisent les os de la bête, desquels sort un serpent, qui mord Oleg[2].
Le véritable fondateur de la Rous' kiévienne
Si Riourik possède la paternité du mythe de la fondation de la Russie, du premier État slave et comme premier souverain de ce dernier, Riourik garde néanmoins un rôle semi-légendaire, tel Romulus, Gilgamesh ou Thésée. En revanche, Oleg est la première figure historique attestée de l'histoire russe, bien que certains de ses actes gardent une note tout aussi « semi-légendaire », comme ceux de son beau-frère. Si Riourik était Prince de Novgorod, nous n'avons pas beaucoup de précisions sur son rôle dans l'élaboration de « l'État de la Nation russe ».
Riourik donne son nom à la dynastie des souverains qui lui succéderont. Mais Oleg est le premier véritable souverain à établir la Rus' (Ruthénie), ensemble de colonies varègues qui se sont transformées en comptoir, puis se sont fortifiées et qui sont devenues des cités. Oleg consolide son pouvoir sur cet État en s'inscrivant dans la succession de Riourik et choisissant une nouvelle capitale, Kiev, aujourd'hui capitale de l'Ukraine, d'où il dirige sa politique. En choisissant Kiev, Oleg donne enfin une note slave à son État.
En déplaçant sa capitale de l'est à l'ouest, Oleg élabore donc le pouvoir de son État sur les Slaves de l'Ouest, tout en se rapprochant de la Sphère byzantine, avec laquelle il entrera en conflit pour imposer le commerce de la Rus' de Kiev, bien que l'expédition sur Byzance garde aussi l'aspect d'une campagne guerrière de raid pour obtenir tribut, bien typique des Varègues. D'ailleurs, sous le règne d'Oleg, la Rous' prend impulsion sur le commerce, qui prend racine de Novgorod vers Kiev. Cette politique guerrière permet d'obtenir des terres tout en protégeant les flancs de Kiev contre les peuples voisins et rivaux.
En protégeant le « fils » de Riourik comme prince et héritier du trône et en lui confiant ensuite le pouvoir à Kiev lors de ses excursions militaires, Oleg reprend le fameux héritage mythique de Riourik et de la naissance de l'État russe. La continuité est donc assurée et le mythe de Riourik vient confirmer la légitimité et la puissance du pouvoir établi à Kiev par Oleg. Sa politique habile lui vaut le surnom de « Très Sage ».
En signant, en 911, un premier traité de paix avec un État civilisé, reconnu et puissant, la Rous' apparaît sur les cartes des États. Ce traité confirme également la puissance du commerce varègue, qui repousse les limites des axes de son commerce, et désormais le trône de Byzance devra tenir compte du Prince de Kiev dans sa politique étrangère. La naissance de la Rous' rappelle celle des États normands, édification étatique par une caste guerrière et commerçante, qui s'inscrit dans la grande dynamique de l'empreinte des Vikings en Europe.
Il est enterré selon les versions sur la Volkhov près de Staraïa Ladoga ou à Kiev, sur la colline de Chtchekavitsa:
« Et ils l'enterrèrent sur la montagne, que l'on appelle Chtchekavitsa. Sa tombe y est conservée jusqu'à nos jours. On l'appelle la tombe d'Oleg »
— Chronique des temps passés, année 912
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Galeries
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Oleg le Sage à Constantinople (gravure de 1839)
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La mort d'Oleg le Sage (gravure de 1839)
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Oleg le Sage disant au revoir à son cheval (Viktor Vasnetsov, 1899)
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Oleg le Sage avec les frères Askold et Dir (Chronique des Radziwiłł)
Notes et références
- En tant que prince de Novgorod, mais les frères Askold et Dir en tant que prince de Kiev.
- Orchestre, chœur d'hommes, un ténor et une basse. Durée environ 20 min. Peu joué.