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=== Deuxième guerre civile soudanaise ===
==== De la reprise de la guerre à l'accord d'Addis-Abeba de 1988 ====
En début d'année 1983, après la découverte d'importants gisements pétroliers au Soudan du Sud, le général [[Gaafar Nimeiry]], au pouvoir au Soudan, révoque la semi-autonomie de ce territoire, prévue par les accords d'Addis-Abeba, ce qui provoque plusieurs soulèvements{{sfn|Ostrowski|2005|p =277 à 290}}. En mai, John Garang, chrétien et dinka comme la majorité de la population sud-soudanaise, est envoyé par le gouvernement pour calmer la mutinerie d'une garnison, le {{nobr|bataillon 105}}, composé de {{Formatnum|2000}} à {{Unité|3000|soldats}} et stationné à [[Bor (Soudan du Sud)|Bor]]{{sfn|Ostrowski|2005|p=1-15}}. Le colonel sud-soudanais a par ailleurs lui-même commandé cette garnison entre les accords d'Addis-Abeba de 1972 et son départ aux États-Unis en 1974<ref name=":8" />.
 
[[Fichier:Flag of Sudan People's Liberation Army (1983).svg|vignette|Drapeau de la [[Forces de défense du peuple sud-soudanais|SPLA]] en 1983.|alt=Drapeau à cinq bandes horizontales, du haut vers le bas : bande noire, bande blanche fine, bande rouge, bande blanche fine, bande verte. Un triangle bleu ciel, sur lequel figure une étoile à cinq branches rouge, recouvre la partie gauche du drapeau.]]
 
Sur place, John Garang désobéit aux ordres du gouvernement, se rallie aux mutins, et fonde avec eux le {{date|16|mai|1983}} le [[Mouvement populaire de libération du Soudan]] (SPLM) et sa branche armée, l'[[Forces de défense du peuple sud-soudanais|Armée populaire de libération du Soudan]] (SPLA){{sfn|Ostrowski|2005|p=1-15}}. La plupart des soldats qu'il commandait dans l'armée soudanaise le rejoignent{{sfn|Ostrowski|2005|p=1-15}}. Le {{dateDate|31 juillet}}, à la suite de plusieurs rencontres entre différents opposants au gouvernement, John Garang proclame le « Manifeste du mouvement populaire soudanais », avec pour objectif de lutter pour l'établissement du Soudan, {{Citation|uni, laïc et démocratique}}{{sfn|Ostrowski|2005|p=20-28}}. Son ambition est aussi économique, que les [[Énergie au Soudan du Sud|ressources pétrolières du sud du pays]] bénéficient davantage aux populations qui habitent sur ces terres{{sfn|Ostrowski|2005|p=20-28}}. Le SPLM, dont le manifeste est d'inspiration marxiste, est d’emblée soutenu par l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]] et par le [[Gouvernement militaire provisoire de l'Éthiopie socialiste|régime éthiopien]] de [[Mengistu Haile Mariam]] qui lui permet d'installer son quartier général à Addis-Abeba{{sfn|Raimbaud|2012|p=97-118}}.
 
[[Fichier:Derg.gif|vignette|Membres dirigeants du [[Gouvernement militaire provisoire de l'Éthiopie socialiste|Derg]] au pouvoir en Éthiopie entre 1977 et 1991, et soutien clé dedu la SPLA : [[Mengistu Haile Mariam]], [[Tafari Benti|Tafiri Benti]] et [[Atnafu Abate]].|alt=Photographie en noir et blanc montrant trois hommes portant un trench-coat et un calot militaire. Ils agitent de petits drapeaux et saluent la foule. Une foule de personnes les suit en arrière-plan. |gauche]]
 
Le {{date|9|septembre|1983}}, Gaafar Nimeiry impose la loi islamique à l’ensemble du Soudan, enfonçant le pays dans la [[Seconde guerre civile soudanaise|deuxième guerre civile]]{{sfn|Ostrowski|2005|p=277-290}}. Le {{dateDate|10 février 1984}}, la SPLA entre en guerre en attaquant une garnison militaire gouvernementale, ainsi que les installations pétrolières de [[Chevron (entreprise)|Chevron]] et le chantier du [[canal de Jonglei]] conduit par l’entreprise [[Grands travaux de Marseille]], leur reprochant d'exploiter les terres et les ressources des Sud-Soudanais pour le compte du régime de Khartoum<ref name=":6">{{Article|auteur1=[[Gérard Prunier]]|titre=Les partis politiques soudanais « africains » depuis la chute de Nimeiry|périodique=Mondes arabes|pages=24|date=1989}}.</ref>. Certains employés expatriés sont pris en otage par la SPLA, puis libérés au bout de quelques jours sur ordre de John Garang, qui profite néanmoins de cet incident médiatisé pour faire connaîtreconnaitre son combat et ses revendications au reste du monde{{sfn|Ostrowski|2005|p=277-290}}.
 
Le {{dateDate|6 avril 1985}}, confronté à des contestations croissantes et à des revers militaires dans le sud du pays, Gaafar Nimeiry, en visite à Washington, est renversé par un [[Coup d'État de 1985 au Soudan|coup d'État]] organisé par son ministre de la Défense, le général [[Abdel Rahman Swar al-Dahab|Swar-ed-Dahab]]<ref name=":62">{{Ouvrage|auteur1=Olivier Cabon|titre=Histoire et civilisation du Soudan, De la préhistoire à nos jours|éditeur=[[Bleu autour]]|date=2017|pages totales=955|passage=723-733|lire en ligne=https://books.openedition.org/africae/2677}}.</ref>. Ce dernier prend la présidence du Conseil militaire de transition et invite John Garang à venir à Khartoum pour prendre part au gouvernement provisoire<ref name=":6" />. Mais le colonel sudiste, méfiant, refuse cette offre qui implique que les rebelles déposent les armes, évoquant une ressemblance du nouveau gouvernement militaire en place avec son prédécesseur<ref name=":6" />. Abdel Rahman Swar al-Dahab démissionne pourtant l'année suivante et un nouveau gouvernement, civil cette fois-ci, lui succède sous la présidence d'[[Ahmed al-Mirghani]], qui nomme [[Sadeq al-Mahdi]] premier ministre<ref name=":13">{{Chapitre|auteur1=[[Gérard Prunier]] |titre chapitre=La guerre, Des origines à nos jours|titre ouvrage=Soudan : aux marges du génocide|année=2014|lire en ligne=https://www.cairn.info/la-guerre--9782361062026-page-231.htm |passage=7 }}.</ref>. Après une première rencontre infructueuse entre ce dernier et John Garang à [[Kampala]], capitale de l'[[Ouganda]], le {{date|4 décembre 1987}}<ref name=":6" />, un accord de paix est finalement signé entre les deux hommes à Addis-Abeba le {{date|16 novembre 1988}}{{sfn|Ostrowski|2005|p=20-28}}. Entre-temps, la SPLA remporte plusieurs victoires militaires au sud du pays{{sfn|Ostrowski|2005|p=20-28}}. Cet accord prévoit la réunion d'une conférence constitutionnelle, un gel des lois islamiques, une levée de l'état d'urgence, et une dénonciation des pactes militaires<ref name=":6" />. Mais Sadeq al-Mahdi, affaibli par une crise économique et par une famine, voit son pouvoir contesté par les islamistes qui l'obligent à associer au gouvernement le {{Langue|en|National Islamic Front}} du théologien [[Hassan al-Tourabi|Hassan Al-Tourabi]]{{sfn|Raimbaud|2012|p=97-118}}. Cela ne suffit cependant pas à le maintenir au pouvoir{{sfn|Raimbaud|2012|p=97-118}}.
 
==== Coup d'État d'Omar el-Béchir et reprise du conflit ====