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L''''animation en volume''' ou animation pas-à-pas (également désignée par le terme anglais '''''{{lang|en|stop motion}}''''') est une technique d'[[Animation (audiovisuel)|animation]] utilisée avec des objets réels, dotés de volume. Alors que les objets sont immobiles en eux-mêmes, cette technique permet de créer l'illusion qu'ils sont dotés d'un mouvement naturel. Différents types d'objets sont utilisés à cette fin : des figurines articulées, des maquettes articulées, du papier plié, de la pâte à modeler, etc. Des exemples célèbres de [[Film (cinéma)|films]] ayant recouru à cette technique sont ''[[King Kong (film, 1933)|King Kong]]'' (1933), de nombreux films fantastiques de la seconde moitié du {{XXe}} siècle dont ceux du célèbre [[Ray Harryhausen]] (1920-2013) ou, plus récemment, ''[[L'Île aux chiens]]'' (2018), de [[Wes Anderson]], parmi bien d'autres exemples.
 
Dans la plupart des œuvres visuelles où cette technique est utilisée, un [[décor|set]] constitué d’objets est filmé à l’aide d’une caméra dédiée à l’animation, c’est-à-dire pouvant enregistrer sur une pellicule cinématographique un seul [[photogramme]] chaque fois qu'elle est enclenchée, telle un appareil photo (technique de l'[[Animation (audiovisuel)|image par image]]), ou à l'aide d'une caméra à mémoire numérique. Entre chaque prise de vue d'une ou deux images, les objets de la scène sont légèrement déplacés ou transformés<ref>{{Ouvrage| langue=| auteur1=Louis Cros| nom1=Cros| directeur1=Louis Cros| auteur2=Institut pédagogique national (France)| titre=Documents pour la classe| sous-titre=moyens audio-visuels| lieu=Paris| éditeur=[[Centre national de documentation pédagogique]]| année=1966| pages totales=| isbn=| bnf=34382922c| lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96855742/f3| titre chapitre=Le principe du cinéma "image par image"| passage=3}}</ref>. Lors de la restitution à la [[cadence de prise de vues|cadence normale de projection]], ces objets — pourtant immobiles lors des prises de vue — donnent l’illusion de bouger par eux-mêmes. La technique est semblable à celle du [[dessin animé]], mais avec des objets en trois dimensions.
 
== Histoire ==
Le découvreur de l’animation en volume est le réalisateur et comédien américain [[James Stuart Blackton]] qui avait réalisé en 1897 ''[[Humpty Dumpty Circus]]''. En [[1906 au cinéma|1906]], il utilise pour la première fois ce qu’en France on appellera le {{Citation|mouvement américain<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Georges |nom1=Sadoul |lien auteur1=Georges Sadoul |titre=Histoire du cinéma mondial, des origines à nos jours |lieu=Paris |éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]] |année=1968 |pages totales=719 |isbn= |passage=407-408}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Vincent |nom1=Pinel |titre=Dictionnaire technique du cinéma |lieu=Paris |éditeur=[[Armand Colin]] |année=2012 |pages totales=369 |isbn=978-2-200-35130-4 |passage=190}}</ref>}}. Auparavant, l’inventeur français [[Émile Reynaud]] a mis au point dès [[Avant 1895 au cinéma|1892]] la première animation dépassant en durée ce qu’offraient déjà en une ou deux secondes les [[jouet optique|jouets optiques]] ([[Phénakistiscope]], [[Stroboscope]], [[Zootrope]], [[Folioscope]], [[Praxinoscope]], [[Zoopraxiscope]]), c'est-à-dire une ou deux secondes de dessins mis en mouvement cyclique.
 
Les [[Théâtre optique|pantomimes lumineuses]] de Reynaud offrent en [[projection cinématographique|projection sur grand écran]] dans le cadre de son [[Théâtre optique]] une animation de dessins tracés et coloriés directement sur des carrés de [[gélatine]] protégée par de la [[gomme-laque]] rassemblés en bande continue de {{Unité|70|mm}} de large. Ce sont les premiers [[dessin animé|dessins animés]] de l’histoire du cinéma et les premiers films d'[[animation sans caméra]]. Ils ont déjà une longue durée que n’a à l’époque aucun film, de {{Unité|1|minute 30 secondes}} à {{Unité|5|minutes}} (les premiers [[Cinéma|film]]s {{incise|autant ceux d'[[Thomas Edison|Edison]] que ceux de [[Louis Lumière]]}} ne durent que 30 à {{unité|60|secondes}})<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Marie-France |nom1=Briselance |lien auteur1=Marie-France Briselance |prénom2=Jean-Claude |nom2=Morin |titre=Grammaire du cinéma |lieu=Paris |éditeur=[[Nouveau Monde (éditions)|Nouveau Monde]] |année=2010 |pages totales=588 |isbn=978-2-84736-458-3 |passage=21-22}}</ref>.
[[Fichier:Humorous Phases of Funny Faces.ogv|vignette|Le premier [[Animation (audiovisuel)|film d'animation]], ''Humorous Phases of Funny Faces'', filmé image par image, réalisé par [[James Stuart Blackton]] en [[1906 au cinéma|1906]].]]
James Stuart Blackton, lui, ne dessine pas sur la pellicule comme Reynaud, il filme [[Animation (audiovisuel)|image par image]] des dessins à la craie qu’il a tracés sur un tableau noir, et qu’il transforme (coup d’éponge et nouveau trait) entre chaque [[prise de vues cinématographique|prise de vue]] effectuée à l’aide d’une [[caméra|caméra argentique]] dont il a modifié le mécanisme. C’est le premier dessin animé sur support photographique de l’[[histoire du cinéma d'animation]], ''[[Humorous Phases of Funny Faces]]'' (''Phases amusantes de figures rigolotes''). Ce dessin animé a une durée de {{Unité|3|minutes}}. Blackton ne s’en tient pas là, il récidive la même année avec ''[[The Haunted Hotel]]''. Il anime selon la même technique de l’image par image les éléments réels d’un petit déjeuner qui se prépare apparemment sans aucune intervention humaine : les tartines sont découpées par un couteau miraculeux, voltigeant au-dessus du pain, la cafetière remplit seule les tasses, le pot à lait fait de même. Un minuscule pantin apparaît enfin, responsable sans doute de ce service invisible. C'est le premier exemple d''''animation en volume'''.
 
En [[1907 au cinéma|1907]], les réalisateurs américains [[Wallace McCutcheon]] (pour la partie animation en volume) et [[Edwin S. Porter]] (pour la partie jouée) tournent ''[[The 'Teddy' Bears]]'', destiné aux enfants, adapté d’un conte des [[frères Grimm]], ''[[Boucles d'or et les Trois Ours|Boucle d’or et les Trois Ours]]'', au cours duquel un ballet d’oursons en peluche constitue une parenthèse dramaturgique étonnante, mais qui a assuré le succès de ce film où les ours de l’histoire, en dehors de ce ballet, sont joués par des comédiens déguisés<ref>{{Ouvrage |langue=en |prénom1=Charles |nom1=Musser |titre=History of the American Cinema, Volume 1, The Emergence of Cinema, The American Screen to 1907 |lieu=New York, Toronto |éditeur=Charles Scribner’s Sons, Collier Macmillan |année=1990 |pages totales=613 |isbn=978-0-684-18413-5 |isbn10=0-684-18413-3 |passage=462-463 }}</ref>.
 
Parallèlement, le réalisateur franco-espagnol [[Segundo de Chomón]] adopte cette technique et produit un [[remake]] de ''[[La Maison hantée (film, 1906)|La Maison hantée]]'', tandis qu’[[Émile Cohl|Émile Courtet]], dit Émile Cohl, après avoir fait un dessin animé, ''[[Fantasmagorie (film, 1908)|Fantasmagorie]]'', essaie par animation en volume tout ce qui est à utiliser dans ce procédé : allumettes, papier découpé, marionnettes, personnages humains et leurs accessoires. La technique est maintenant bien rodée.
 
Ainsi, aux États-Unis, [[Willis O'Brien]] réalise les effets spéciaux du film ''[[Le Monde perdu (film, 1925)|Le Monde perdu]]'' en [[1925 au cinéma|1925]] et de ''[[King Kong]]'' en [[1933 au cinéma|1933]], qui assurent le succès de ce dernier et même sa seule existence puisque le personnage principal du singe gigantesque est à 90% une animation en volume (le reste étant sa main géante animée en prise de vues réelles par d’astucieuses mécaniques et d'habiles manipulateurs).
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Fichier:The Lost World (1925) 2.jpg|alt=Le Monde perdu (1925) révolutionne le genre en mêlant sur un même plan, des acteurs en prise de vues réelle et des personnages d'animation en volume.|''[[Le Monde perdu (film, 1925)|Le Monde perdu]]'' (1925) révolutionne le genre, en mêlant, sur un même plan, des acteurs en prise de vues réelle et des personnages d'animation en volume.
Fichier:King Kong vs Tyrannosaurus.jpg|Le combat de [[King Kong (film, 1933)|King Kong]] (1933) contre le [[Tyrannosaurus|Tyrannosaure]].
Fichier:LostContinentCrop.png|alt=Lost Continent, 1951.|''Lost Continent,'' 1951.
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En [[1936 au cinéma|1936]], le réalisateur [[Jean Painlevé]] et le sculpteur [[René Bertrand]], réalisent un court métrage de 13 minutes entièrement réalisé en pâte à modeler : ''[[Barbe-Bleue (film, 1936)|Barbe-Bleue]]'', sous-titré ''Féerie en sculpture animée''. Ce film est réalisé en couleur, en [[Gasparcolor]], un procédé inventé par le Hongrois [[Bela Gaspart]].
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[[File:Une idée parmi tant d'autres, 1971.jpg|thumb|upright=1.2|''Une idée parmi tant d'autres'', 1971. Le monstre engendré par le serpent.]]
En 1971, à l’initiative de [[Michel Bourdais]] qui les accompagna aussi dans leur démarche, deux classes de collégiens de sixième et cinquième de [[Bagnolet]] en Seine-Saint-Denis<ref>Revue ''Education 2000'', {{n°|11}}, {{p.|57}} : {{Citation|Une expérience de cinéma avec des élèves de 6e/5e de Seine-Saint-Denis par [[Michel Bourdais]].}}</ref>, conçoivent, réalisent et montent<ref>Revue ''Education 2000'', {{n°|11}}, {{p.|61}} : {{Citation|Comment ne pas parler du montage ? C’est vraisemblablement l’opération la plus délicate et la plus laborieuse, mais combien efficace pour le développement de la créativité. À chaque instant les enfants sont sollicités par le choix des plans tournés, leur mise en ordre motivée soit par une exigence technique soit par l’impression reçue liée à leur sensibilité.}}</ref> un court métrage de 14 minutes : ''Une idée parmi tant d’autres''. Ce film mêle tour à tour : [[arrêt de caméra]], animation en volume et [[prise de vues réelles]]<ref>Revue ''Education 2000'', {{n°|11}}, {{p.|60}} : {{Citation|Ils découvrirent des artifices cinématographiques obtenus grâce à l’arrêt de la caméra, au tournage [[image par image]], au changement des couleurs par des filtres placés devant les projecteurs, etc.}}</ref>.
C’est, en France, la première création collective cinématographique de collégiens de 11 à 13 ans, accomplie entièrement durant les horaires de classes, dans une approche interdisciplinaire et une démarche de projet totalement novatrices à l’époque<ref>Générique du film : {{Citation|D’approche concrète et interdisciplinaire, cette création collective s’ancra dans une démarche de projet totalement novatrice.}}</ref>.
 
En [[1973 au cinéma|1973]], le plus vieux film en Lego Stop Motion a été créé par Lars et Henrik Hassing alors agés de 10 et 12 ans pour l’anniversaire de mariage de leurs grands-parents<ref>[https://www.laboiteverte.fr/le-plus-vieux-film-en-lego-stop-motion/]</ref>.
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En [[1974 au cinéma|1974]], [[Will Vinton]], animateur indépendant américain, crée ''[[Closed Mondays]]'', avec l'aide du sculpteur [[Bob Gardiner]], qui leur fait gagner un [[Oscars du cinéma|Oscar]]. Will Vinton baptise par la suite sa technique ''claymotion''. Mélangeant des peintures à l'huile à la [[pâte à modeler]] afin d'obtenir un choix plus vaste de coloris.
 
Parmi les films récents connus du grand public, on peut citer ''[[Le Sens de la vie pour 9,99 $|Le sens de la vie pour 9 dollars 99]]'' de [[Tatia Rosenthal]]'', [[L'Étrange Noël de monsieur Jack|L'Étrange Noël de Monsieur Jack]]'' de [[Henry Selick]] ou les réalisations des studios [[Aardman Animations]] (''[[Wallace et Gromit]]'', ''[[Chicken Run]]'' et ''[[Les Pirates ! Bons à rien, mauvais en tout]]''), ''[[Les Noces funèbres]]'' de [[Tim Burton]] et [[Coraline (film)|Coraline]] (également réalisé par [[Henry Selick]]) ainsi que [[Fantastic Mr. Fox]] de [[Wes Anderson]] et [[Le Petit Prince (film, 2015)|Le Petit Prince]], sorti en 2015, utilisant à la fois les images de synthèse (par ordinateur) et l'animation en volume. Le studio [[Laika (entreprise)|Laïka]] s'est également fait remarquer par ses récentes productions ([[Les Boxtrolls|Boxtroll]], [[Kubo et l'Armure magique|Kubo]]), auxquelles a participé Henri Selick.
 
Côté francophone, on peut noter le succès en 2016 de ''[[Ma vie de Courgette]]'' de [[Claude Barras]], production franco-suisse.
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La conséquence est que l'animation manque de fluidité dans les gestes rapides, quand le déplacement est important d’un photogramme au suivant. Le rendu donne alors une impression de cisaillement, alors que dans la vie courante, l’œil humain est habitué à percevoir flou ce type de mouvements rapides.
 
Pour y remédier, en animation en volume, on bouge un peu le sujet lors de la prise de vue, dans la direction du mouvement que l'on veut représenter : c'est le {{lang|en|texte=''go motion''}}.
Ces deux effets sont utilisés dans de nombreux courts métrages en volume, ainsi que dans la [[saga]] ''[[Star Wars]]'' par Phil Tippett : dans [[Star Wars, épisode IV : Un nouvel espoir]] les animations des créatures holographiques du jeu de stratégie (réalisées en {{Lang|en|texte=''stop motion''}}) sont saccadées, alors que dans l'[[Star Wars, épisode V : L'Empire contre-attaque|épisode V]] celles des [[Liste des espèces de Star Wars|tauntauns]] (réalisées en {{Lang|en|texte=''go motion''}}) sont très fluides.
 
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La [[pixilation]] (de l'anglais ''pixilated'') est une technique d'animation en volume où des acteurs réels ou des objets sont filmés [[Animation (audiovisuel)|image par image]].
 
=== Cut-out ===
Le [[cut-out]] ou animation de papiers découpés est une technique d'animation en volume, où des personnages en papier sont filmés image par image.
 
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* Labo animation : Dessins animés, flipbooks, pâte à modeler, stop motion..., de Emily Brink; Laura Bellmont {{ISBN|9782212119954}}
* [[Olivier Cotte]], techniques d'animation de marionnettes, pixilation, et de pâte à modeler, dans ''Le grand livre des techniques du cinéma d'animation''. Éditions Dunod, 2018. {{ISBN|978-2100777785}}
* {{ouvrage|langue=fr |prénom1=|nom1=Ludoc |lien auteur1= |prénom2=|nom2=|lien auteur2=|titre= Le manuel de survie du vidéaste|lieu=|éditeur=Marabout|lien éditeur=|année=2020|pages totales=360|isbn=978-2501150156|passage=}}
* {{ouvrage|langue=fr |prénom1=Olivier|nom1=Cotte|lien auteur1= |prénom2=|nom2=|lien auteur2=|titre=Le grand livre des techniques du cinéma d'animation -Ecriture, production, post-production |lieu=|éditeur=Dunod|lien éditeur=|année=2018|pages totales=360|isbn=978-2100777785|passage=}}
 
=== Articles connexes ===