« Nuzi » : différence entre les versions

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==== Administration ====
[[Fichier:Tablet in Akkadian language recording court proceedings with seal impressed envelope, Yorgan Tepe, Kingdom of Mittani, 1450-1350 BC, clay - Oriental Institute Museum, University of Chicago - DSC07088.JPG|thumb|left|Tablette juridique de Nuzi : compte-rendu de procès. Musée de l'Oriental Institute de [[Chicago]].]]
 
Nuzi est une ville provinciale du royaume d’[[Arrapha]]. Elle est administrée par un gouverneur (''šaknu'') depuis le palais. Des officiers subalternes de l’administration royale sont le ''sukkallu'' (souvent traduit par « vizir », seconde le gouverneur), le « chef de district » (''halṣuhlu''), et le « maire » (''hazannu''), chacun responsable d’un niveau administratif. La justice est rendue par ces officiers, mais également des juges (''dayānu'') installés dans les districts<ref>{{harvsp|id=LAW|Zaccagnini|2003|p=568-571}}</ref>.
 
Les sujets libres de l’État sont redevables d’une charge, l’''ilku'', qui semble consister en des corvées (service militaire, travaux divers pour les compte de l’État, notamment sur ses terres). Quand une personne vend une terre à une autre mais reste pour l’exploiter, il garde la charge de la corvée : cette dernière pèse donc sur l’exploitant et non le propriétaire. Des terres sont également redevables de taxes, alors que d’autres semblent ne pas y être soumises<ref>{{harvsp|id=LAW|Zaccagnini|2003|p=597-599}}</ref>.
{{encadré texte|align=right|width=300px|texte=« Pal-teya (a dit) ceci : « Hutiya le charpentier a pris 40 pièces de bois-''šaššugu'' appartenant au palais et il (en) a fait une porte pour Kussi-harpe ; et il a mis la porte dans la maison de Kussi-harpe dans la ville d'Anzukalli. Et moi, j'ai dû transporter ce bois. » Kussi-harpe (a dit) : « Ce bois était à moi, et je l'ai donné pour qu'on en fasse une porte ; mais le bois du palais, je ne (l')ai pas donné pour qu'on en fasse une porte ! » Hutiya le charpentier (a dit) : « J'ai fait une porte. Salhu-Tessup m'a donné du bois supplémentaire venant de la ville de Nuzi. Or ce bois, je savais qu'il appartenait au palais ; mais j'ai dû (en) faire une porte pour Kussi-harpe. » »|légende=''Exemple de déposition contre Kussi-harpe.''<ref>B. Lion, « Les textes judiciaires du royaume d'Arrapha », dans F. Joannès (dir.), ''Rendre la justice en Mésopotamie, Archives judiciaires du Proche-Orient ancien ({{IIIe}}-{{Ier}} millénaires avant J.-C.)'', Saint-Denis, 2000, p. 159-160.</ref>.}}
 
Un dossier de tablettes intéressant concernant l'administration de Nuzi concerne un de ses maires, Kussi-harpe, coupable de plusieurs actes de corruption et d'autres crimes consignés dans des dépositions contre lui, qui comprennent également ses dénégations. Il est ainsi accusé de recevoir des pots-de-vins, sous la forme d'argent et dans un cas d'un mouton, notamment en échange de faveurs en matière d'impôts et de corvées, utilise les corvées publiques pour des besoins personnels, et détourne également des biens publics à son profit, par exemple en stockant du grain collecté en guise de taxe dans ses propres entrepôts ou en se faisant construire une porte avec du bois appartenant au palais. Ses délits ne se limitent pas à cela, lui et ses subordonnées étant accusés d'extorsions (emprisonnement puis libération contre paiement), de vols de moutons et de grains, à plusieurs reprises avec des effractions dans des maisons, et du viol d'une femme. Les documents concernant ces délits ont été préservés dans le cadre d'une instruction visant à juger Kussi-harpe et ses complices, mais l'issue de l'affaire n'est pas connue<ref>{{harvsp|id=MAI|Maidman|2010|p=81-123}}</ref>.
 
{{encadré texte|align=rightcentre|width=300px|texte=« Pal-teya (a dit) ceci : «  Hutiya le charpentier a pris 40 pièces de bois-''šaššugu'' appartenant au palais et il (en) a fait une porte pour Kussi-harpe ; et il a mis la porte dans la maison de Kussi-harpe dans la ville d'Anzukalli. Et moi, j'ai dû transporter ce bois.  » Kussi-harpe (a dit) : «  Ce bois était à moi, et je l'ai donné pour qu'on en fasse une porte ; mais le bois du palais, je ne (l')ai pas donné pour qu'on en fasse une porte !  » Hutiya le charpentier (a dit) : «  J'ai fait une porte. Salhu-Tessup m'a donné du bois supplémentaire venant de la ville de Nuzi. Or ce bois, je savais qu'il appartenait au palais ; mais j'ai dû (en) faire une porte pour Kussi-harpe. » »|légende=''Exemple de déposition contre Kussi-harpe.''<ref>B. Lion, « Les textes judiciaires du royaume d'Arrapha », dans F. Joannès (dir.), ''Rendre la justice en Mésopotamie, Archives judiciaires du Proche-Orient ancien ({{IIIe}}-{{Ier}} millénaires avant J.-C.)'', Saint-Denis, 2000, p. 159-160.</ref>.}}
Les sujets libres de l’État sont redevables d’une charge, l’''ilku'', qui semble consister en des corvées (service militaire, travaux divers pour les compte de l’État, notamment sur ses terres). Quand une personne vend une terre à une autre mais reste pour l’exploiter, il garde la charge de la corvée : cette dernière pèse donc sur l’exploitant et non le propriétaire. Des terres sont également redevables de taxes, alors que d’autres semblent ne pas y être soumises<ref>{{harvsp|id=LAW|Zaccagnini|2003|p=597-599}}</ref>.
 
« Hinzuri, l'épouse de Ziliya, (a dit) ceci : J'ai donné comme pot-de-vin un mouton à Birk-ilishu, en lui disant : "Au sujet de mon champ, rends un jugement en ma faveur contre Kariru !" Il n'a pas rendu un jugement en ma faveur contre Kariru ! Je lui ai parlé de mon mouton. Alors il m'a frappée, et il a gardé mon mouton ; et il m'a saisie et il a pris 6 mines de cuivre, en disant : "Je (les) prends pour l'année dernière". » |légende=''Exemples de dépositions contre Kussi-harpe et ses complices.''<ref>B. Lion, « Les textes judiciaires du royaume d'Arrapha », dans F. Joannès (dir.), ''Rendre la justice en Mésopotamie, Archives judiciaires du Proche-Orient ancien ({{IIIe}}-{{Ier}} millénaires avant J.-C.)'', Saint-Denis, 2000, p. 159-160 et 162.</ref>.}}
 
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