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{{voir paronymes|Fausses nouvelles}}
[[Fichier:Fake News (32332513102).jpg|vignette|Manifestation aux [[États-Unis]] en 2017 contre la prolifération des infox<ref>{{Lien web |titre=Des milliers de personnes manifestent contre Donald Trump aux Etats-Unis |url=https://www.rts.ch/info/monde/8675320-des-milliers-de-personnes-manifestent-contre-donald-trump-aux-etatsunis.html |site=rts.ch |date=3 juin 2017}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |prénom=Sophie |nom=Marineau |titre=Fact check US : Quel est le poids de l’ingérence russe dans l’élection présidentielle américaine ? |url=http://theconversation.com/fact-check-us-quel-est-le-poids-de-lingerence-russe-dans-lelection-presidentielle-americaine-146252 |site=The Conversation |date=17 sept. 2020}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=VIDÉO – "Shame! Shame! Shame!" : manifestation anti-Trump devant la Maison Blanche |url=https://www.tf1info.fr/international/video-shame-shame-shame-manifestation-anti-trump-devant-la-maison-blanche-accord-paris-climat-2053983.html |site=TF1 INFO |date=2 juin 2017}}</ref>, Des manifestations partout aux États-Unis au nom de la « vérité », 3 liens sur le sujet, date initiale {{date-|3 juin 2017}}.]]
Les '''infox''', '''fausses nouvelles''', '''fausses informations''', '''informations fallacieuses''', '''canards''' {{incise|{{en langue|en|'''fake news'''}}}} ({{MSAPI|feɪk nuːz}})<ref name="pronanglaisus">[[Prononciation de l'anglais|Prononciation]] en [[anglais américain]] [[Transcription phonétique|retranscrite]] selon la [[alphabet phonétique international|norme API]].</ref>, sont des nouvelles mensongères{{note|La langue anglaise différencie ''false'', que l'on traduit par « faux » et qui sous-entend la notion d'erreur, de ''fake'', qui signifie « fabriqué, bidonné » et sous-entend l'intention (délibérée) d'induire en erreur.|groupe=n}} diffusées dans le but de manipuler ou de tromper le public.
Les articles contenant de fausses nouvelles emploient souvent des [[Piège à clics|titres accrocheurs]] ou des informations entièrement fabriquées en vue d'augmenter le nombre de lecteurs et de partages en ligne. Elles peuvent émaner de [[blog]]ueurs ou de [[Réseau social|réseaux sociaux]], de [[média]]s, de [[personnalité politique|personnalités politiques]]<ref>{{Lien web |titre=VIDEO. États-Unis: Les cinq meilleures «fake news» de Donald Trump |url=https://www.20minutes.fr/monde/2165359-20171109-video-etats-unis-cinq-meilleures-fake-news-donald-trump |site=www.20minutes.fr |date=9 nov. 2017}}</ref> ou d'un [[gouvernement]].
Les diverses façons de les combattre posent la question de donner la responsabilité à l’État de distinguer « le vrai du faux »<ref name=":8" />. Quand les rédacteurs ne sont pas identifiables, les procédures judiciaires pour [[diffamation]] ou [[calomnie]] sont difficiles<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Who’s to blame for fake news and what can be done about it? |url=http://news.usc.edu/113738/whos-to-blame-for-fake-news-and-what-can-be-done-about-it/ |consulté le=15 janvier 2017}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |prénom=Paul |nom=Callan |titre=Sue over fake news? Not so fast |url=http://www.cnn.com/2016/12/05/opinions/suing-fake-news-not-so-fast-callan/index.html |site=CNN}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en-GB |prénom=Kerric |nom=Harvey |titre=Did Social Media Ruin Election 2016? |url=https://www.npr.org/2016/11/08/500686320/did-social-media-ruin-election-2016 |site=NPR.org |consulté le=15 janvier 2017}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article |langue=en-GB |prénom1=Nicky |nom1=Woolf |titre=As fake news takes over Facebook feeds, many are taking satire as fact |périodique=The Guardian |date=17 novembre 2016 |lire en ligne=https://www.theguardian.com/media/2016/nov/17/facebook-fake-news-satire |consulté le=15 janvier 2017}}</ref>. La [[vérification des faits]] par des professionnels respectant une [[journalisme d'investigation|mission et des règles de journalisme d'investigation]]<ref name=Dauphin/> ambitionne de réduire la quantité des [[mensonge]]s diffusés, au moment où les réseaux sociaux sont accusés d'ouvrir une nouvelle ère de l'information, parfois baptisée « [[ère post-vérité]] ».
Les infox revendiquées par des instances officielles posent la question de la crédibilité de l'information<ref>[http://www.europe1.fr/emissions/la-revue-de-presse/a-la-une-peut-on-encore-croire-ce-quon-nous-annonce-3667784 Peut-on encore croire ce qu’on nous annonce ?], ''Europe 1'', {{date-|31 mai 2018}}.</ref> et des médias qui la diffusent.
== Terminologie ==
L'expression ''{{langue|en|fake news}}'' a fleuri dans les médias francophones à l'occasion de la campagne pour l'[[élection présidentielle américaine de 2016]], lors de laquelle [[Donald Trump]] l'a employée quarante fois en l'espace de vingt semaines<ref>{{Lien web |titre=« Fake news » : cinq choses que vous ignoriez peut-être à leur sujet |url=https://www.ouest-france.fr/high-tech/internet/fake-news-cinq-choses-que-vous-ignoriez-peut-etre-leur-sujet-4903331 |périodique=[[Ouest-France]] |date=3 avril 2017}}.</ref>. Elle est composée de l'adjectif ''fake'' ({{MSAPI|feɪk}}<ref>[[Prononciation de l'anglais|Prononciation]] en [[anglais standard]] [[Transcription phonétique|retranscrite]] selon la [[alphabet phonétique international|norme API]].</ref> {{prononciation|en-us-fake.ogg}}, {{Litt.}} « faux », « falsifié », « truqué »<ref>{{Lien web |titre=fake |url=https://www.larousse.fr/dictionnaires/anglais-francais/fake/579910 |site=[[larousse.fr]] |consulté le=28 août 2019}}</ref>), et du substantif indénombrable singulier ''news'' (en anglais américain : {{MSAPI|ˈnuz}}<ref name="pronanglaisus" /> {{prononciation|En-us-news.ogg}}, en anglais britannique {{MSAPI|ˈnjuːz}}<ref>[[Prononciation de l'anglais|Prononciation]] en [[anglais britannique]] [[Transcription phonétique|retranscrite]] selon la [[alphabet phonétique international|norme API]].</ref> {{prononciation|LL-Q1860 (eng)-Back ache-news.wav}}, {{Litt.}} « nouvelles », « informations », « actualités »<ref>{{Lien web |titre=news |url=https://www.larousse.fr/dictionnaires/anglais-francais/news/597480 |site=[[larousse.fr]] |consulté le=28 août 2019}}</ref>). Le terme est déconseillé par l'[[Office québécois de la langue française]] qui lui préfère « fausse nouvelle » ou « information fallacieuse » et par l'[[Académie française]] qui lui préfère « contre-vérité » ou « ragot »<ref>{{Lien web |titre=Fake news |url=http://www.academie-francaise.fr/fake-news |site=academie-francaise.fr |date=4mai 2017}}</ref>. Ange Bizet, membre de l'association [[Défense de la langue française]] (DLF), propose le terme « fallace », terme directement compréhensible dans la famille de « faux » avec une nuance supplémentaire, comme « fallacieux », « falsifier », « falsification », « falsificateur ». La forme même offre l’avantage, avec la finale en -ace, de sonner comme le suffixe péjoratif -asse, ce qui convient pour désigner et dénoncer ce qui est trompeur et frauduleux. « Fallace » entre dans la série des mots, à connotation négative, avec lesquels il rime, « limace », « grimace », « populace », « menace », « coriace », « tenace », « rapace », « salace »{{etc.}}{{refins|<ref>Ange Bizet, ''Études de linguistique appliquée'', {{n°|200}}, octobre-décembre 2020.</ref>.}}
En France, l'expression « nouvelles fausses » est employée dans la loi du {{date-|27 juillet 1849}} qui punit {{citation|la publication ou la reproduction faite de mauvaise foi de nouvelles fausses de nature à troubler la paix publique}}<ref>{{Lien web |auteur=Antoine Flandrin |titre=Avant les « fake news », les fausses nouvelles |url=https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/02/04/avant-les-fake-news-les-fausses-nouvelles_5251562_3232.html |accès url=payant |périodique=[[Le Monde]] |date=4 février 2018}}.</ref>. Le terme « infox », [[mot-valise]] composé de « information » et de « intoxication », a été proposé par la [[Commission d'enrichissement de la langue française|Commission d’enrichissement de la langue française]], institution chargée de soumettre des néologismes indispensables pour la francisation du vocabulaire contemporain, et garantir ainsi le respect par les administrations de la loi d'août 1994 sur la protection de la langue française<ref name="JORF0229">{{Lien web |titre=Recommandation sur les équivalents français à donner à l'expression fake news |url=https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=7CFC34E5FFAF6F1FC2E46B3D02F729A0.tplgfr37s_3?cidTexte=JORFTEXT000037460897&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000037460425 |site=[[Journal officiel de la République française]] |date=4 octobre 2018 |consulté le=5 octobre 2018}}.</ref>.
''Stricto sensu'', l'expression anglaise ne désigne pas un article faux au sens d'inexact, mais plutôt un faux article, un article qui se fait passer pour un article de presse sans en être un<ref name="arreter">{{Lien web |auteur=William Audureau |titre=Pourquoi il faut arrêter de parler de « fake news » |url=https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/01/31/pourquoi-il-faut-arreter-de-parler-de-fake-news_5072404_4355770.html |accès url=libre |périodique=[[Le Monde]] |date=31 janvier 2017}}</ref>. Selon un article de William Audureau paru dans ''Le Monde'', la ''{{langue|en|[[wikt:false|false]] news}}'' doit être distinguée de la ''{{langue|en|fake news}}'' : la première est une information incorrecte, erronée au sens de mésinformation ou de contre-vérité, tandis que la seconde est une information à dessein frauduleuse, truquée, dans le sens de [[désinformation]] ou de [[canular]]. L'antonyme de ''{{langue|en|false}}'' est ''{{langue|en|true}}'', « vrai », tandis que l'antonyme de ''{{langue|en|fake}}'' serait plutôt ''{{langue|en|genuine}}'', « véritable ». Il y a donc une notion de tromperie délibérée qui se rapproche d'« information fallacieuse » en même temps que de traduire une visée sensationnaliste dans un niveau de langage familier quoique journalistique<ref>{{Lien web |auteur=Pauline Moullot |titre=En quoi l'anglicisme « fake news » est-il plus porteur de sens que de parler simplement d'une fausse information ? |url=https://www.liberation.fr/checknews/2018/01/08/en-quoi-l-anglicisme-fake-news-est-il-plus-porteur-de-sens-que-de-parler-simplement-d-une-fausse-inf_1652979 |périodique=[[Libération (journal)|Libération]] |date=8 janvier 2018}}.</ref>. Selon la traductrice Bérengère Viennot, il n'est parfois pas choquant de laisser le terme anglais d'origine si l'on ne trouve pas de correspondance exacte dans sa langue dans le même niveau de langage car la traduction « consiste à traduire une culture plus que des mots »<ref>{{Lien web |auteur=Jérémie Maire |titre=Mais au fait, comment traduire “fake news” en français ? |url=https://www.telerama.fr/medias/mais-au-fait-comment-traduire-fake-news-en-francais,156068.php |périodique=[[Télérama]] |date=29 mars 2017}}.</ref>. À l'inverse, William Audureau dénonce un mot utilisé à tort et à travers qui contribue lui-même à la duperie et au flou sémantique, puisqu'il désigne en même temps un pastiche humoristique, un [[Piège à clics|appeau à clics]], une publication engagée politiquement et même par abus de langage un article de presse factuellement erroné<ref name="arreter" />.
Dans le langage de la presse écrite, le terme « canard » a le sens de {{Citation|fausse nouvelle souvent imaginée de toutes pièces et enflée jusqu'au mélodrame dans des journaux de seconde catégorie}}, outre les sens de {{Citation|mauvais journal}} et {{Citation|par extension, journal quelconque}}<ref name="CNRTL-canard">{{CNRTL|canard}}.</ref>. Il est employé également dans le parler de la Bourse dans le sens de « fausse nouvelle »<ref>Lorédan Larchey, ''Les Excentricités du langage'', 1865, {{p.|56}} : {{Citation|Canard : Fausse nouvelle. — "Ces sortes de machines de guerre sont d'un emploi journalier à la Bourse, et on les a, par euphémisme, nommées canards."}} —- Mornand.</ref>. Le ''Dictionnaire Quillet de la langue française'' (Raoul Mortier dir., Librairie Aristide Quillet, Paris, 1946, {{p.|259}}) cite le sens de {{Citation|Fausse nouvelle}} outre celui de {{Citation|petit journal sans importance et sans dignité}}. Le mot a même passé la Manche puisqu'on le retrouve en anglais (sans changement d'orthographe) dans le sens de {{Citation étrangère|langue=en|False report, hoax}} (faux rapport, canular), outre les autres acceptions de {{Citation étrangère|langue=en|Broadsheet}} ({{Citation|feuille imprimée (relatant ou satirisant un fait du jour(}}) et de {{Citation étrangère|langue=en|Newspaper of low repute, rag}} (journal de bas étage, feuille de chou), dans le ''Harrap's Standard French and English Dictionary with Supplement'' (J.E. Mansion ed., George G. Harrap & Company Ltd, 1962). R.W. Burchfield, dans ''The New Fowler's Modern English Usage'' (Third Edition, Clarendon Press, Oxford, 1996) donne à l'anglais ''canard'' le sens de {{citation étrangère|langue=en|unfounded rumour or story}} (rumeur ou récit sans fondement).
== Historique ==
Les fausses informations et autres mensonges ont toujours existé. Cependant, la notion de {{citation|fausse nouvelle}}, c'est-à-dire une information délibérément faussée et destinée à se répandre au sein du public dans un but mercantile, politique ou idéologique, est liée à l'émergence des [[médias]], puis à leur massification{{refnec}}.
=== {{s-|XIX}} ===
L'un des plus célèbres cas anciens d'auteur de fausses nouvelles est celui du Français [[Léo Taxil]] (1854-1907), qui fit fortune à la fin du {{s|XIX}} dans la presse à gros tirage en inventant toutes sortes de terribles secrets cachés aux bons citoyens par diverses organisations maléfiques. Ses cibles furent, tour à tour (et suivant son intérêt personnel, changeant), l’Église, les anticléricaux (à la suite d'une conversion opportuniste), les francs-maçons (avant d'en devenir finalement un lui-même, puis d'être exclu), et ainsi de suite<ref name="Léo Taxil et la fabrique des fausses-nouvelles">{{Lien web |langue=fr |auteur=[[Jean Lebrun]] |titre=Léo Taxil et la fabrique des fausses-nouvelles |url=https://www.franceinter.fr/emissions/la-marche-de-l-histoire/la-marche-de-l-histoire-16-avril-2020 |site=[[France Inter]] |jour=16 |mois=avril |année=2020}}</ref>. Il ne participa jamais à la mise au jour de réelles conspirations (alors qu'il vécut à l'époque de l'[[affaire Dreyfus]]), et est considéré comme l'un des principaux inspirateurs de l'industrie des fausses nouvelles, qui se sont répandues dans son sillage dans de nombreux médias français et étrangers<ref name="Léo Taxil et la fabrique des fausses-nouvelles" />.
=== {{s2-|XX|XXI}} ===
L'essor d'Internet a aussi permis cet émergence qui s'est fait remarquer à partir des années 1990 et utilisé par des théoriciens du complot comme [[Thierry Meyssan]] en [[France]] sur [[Réseau Voltaire]] initialement laïque en mars 1994<ref>{{Lien web |titre=Les impostures du Réseau Voltaire et des "théories du complot" - L'Humanité |url=https://www.humanite.fr/en-debat/gilles-alfonsi/les-impostures-du-reseau-voltaire-et-des-theories-du-complot |date=13 févr. 2015}}</ref> avant de devenir complotiste avec le '11 septembre 2001' ou les attentats comme celui de [[Charlie Hebdo]] le 7 janvier 2015<ref>{{Lien web |titre=Les impostures du Réseau Voltaire |url=https://www.politis.fr/articles/2015/02/les-impostures-du-reseau-voltaire-29938/ |site=POLITIS |date=5 févr. 2015}}</ref> et la [[Nouvelle économie]] favorisant l'émergence d'individu comme [[Serge Monast]] avec "le projet HARP" au [[Québec]] à partir de 1995<ref>https://archivesic.ccsd.cnrs.fr/sic_00000716/document</ref>, puis avec la mort de la Princesse [[Diana Spencer]] le 31 août 1999<ref>https://docassas.u-paris2.fr/nuxeo/site/esupversions/130aa4b9-df9c-4b79-b597-4c3cf2d35f5a?inline</ref> ou [[le Projet Blair Witch]] de 1999 ayant d'après les analystes politiques ancré la {{1re}} fake new de l'histoire près de 25 ans après sa sortie en 2024<ref>{{Lien web |prénom=Laurie |nom=Bergeron |titre=25 ans plus tard | Projet Blair Witch : l'une des meilleures «fake news» d'Internet |url=https://www.957kyk.com/audio/602731/projet-blair-witch-l-une-des-meilleures-fake-news-d-internet |site=95.7 KYK |date=24 janv. 2024}}</ref>{{,}}<ref>https://www.ledevoir.com/culture/cinema/805809/cinema-the-blair-witch-project-25-ans-effroi-fond-bois?</ref> et récemment la rumeur sur une tentative d'assassinat du président français [[Emmanuel Macron]] si il mettait le pied sur le territoire ukrainien<ref>{{Lien web |titre=VRAI OU FAUX. Comment une fausse vidéo de France 24 diffusée en Russie a lancé la rumeur d'un risque d'assassinat d'Emmanuel Macron en Ukraine |url=https://www.francetvinfo.fr/vrai-ou-fake/vrai-ou-faux-comment-une-fausse-video-de-france-24-diffusee-en-russie-a-lance-la-rumeur-d-un-risque-d-assassinat-d-emmanuel-macron-en-ukraine_6377647.html |site=Franceinfo |date=20 févr. 2024}}</ref> d'où le Dsc : législation entrée en vigueur sur le sujet le 17 février 2024<ref>{{Lien web |prénom=Charles de |nom=Laubier |titre=La nouvelle super-régulation d’Internet se met en place en Europe, avec l’Arcom en soutien pour la France | Edition Multimédi@ |url=https://www.editionmultimedia.fr/2024/02/12/la-nouvelle-super-regulation-dinternet-se-met-en-place-en-europe-avec-larcom-en-soutien-pour-la-france/ |date=12 févr. 2024}}</ref>.
;Année 2016
Les débats sur les fausses nouvelles ont pris de l'ampleur en 2016, en [[Grande-Bretagne]], avec la victoire des partisans du ''Brexit'' lors du [[référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne]], puis aux [[États-Unis]], avec l'élection de [[Donald Trump]]. Des commentateurs<ref>{{Article |titre=Médias. Comment le numérique a ébranlé notre rapport à la vérité |périodique=[[Courrier international]] |date=2016-09-09 |lire en ligne=https://www.courrierinternational.com/article/medias-comment-le-numerique-ebranle-notre-rapport-la-verite |consulté le=2016-11-18}}.</ref> ont aussi souligné que de plus en plus de citoyens s'informent par les [[Réseautage social|réseaux sociaux]] comme [[Twitter]] ou [[Facebook]]<ref name=":1">{{Article |langue=en-GB |prénom1=Nicky |nom1=Woolf |titre=How to solve Facebook's fake news problem: experts pitch their ideas |périodique=[[The Guardian]] |date=11 novembre 2016 |issn=0261-3077 |lire en ligne=https://www.theguardian.com/technology/2016/nov/29/facebook-fake-news-problem-experts-pitch-ideas-algorithms |consulté le=15 janvier 2017}}.</ref>, où les émetteurs ne sont pas soumis à la déontologie journalistique.
;Année 2020
Dans les années 2020, les désinformations trompeuses de masse sont toujours présentes, notamment en déformant les proportions des graphiques dans certaines représentations de sondages ou changements dans les coûts de certains aspects de la vie. Les changements d'échelle dans les graphiques sont souvent utilisés pour déformer la réalité<ref>{{Lien web |auteur=Alain Michel |titre=Savoir détecter les infox basées sur la manipulation des images (2/2) |url=https://alain-michel.canoprof.fr/eleve/culture-numerique/2.Fake-news-et-manipulations-des-images-02/ |site=anoprof.fr}}</ref>.
== Origine ==
[[Fichier:The fin de siècle newspaper proprietor (cropped).jpg|vignette|235px|Journalistes propageant des fausses nouvelles. Dessin du caricaturiste américain [[Frederick Burr Opper]], 1894]]
Vers la fin du {{S-|XX}}, certaines revues telles qu'[[Infos du monde]] présentaient des fausses nouvelles avec un troisième degré d'humour très décalé. Avec l'avènement d'Internet, les fausses informations du {{S-|XXI}}, bien que relativement discrètes dans les grands médias attachés à leur réputation, abondent sur les réseaux sociaux, les forums, les sites spécialisés et les sites de partage vidéos tels que [[YouTube]] et toutes les autres plateformes où n'existent pas de règles de sourçage de l'information et de responsabilité éditoriale{{Référence nécessaire|date=17 décembre 2019}}. La propagation de ces fausses informations est parfois motivée simplement par le plaisir mais, plus souvent, par un motif plus profond, qui peut notamment être de nature politique, économique, idéologique ou religieux.
On distingue souvent les motivations idéologiques et mercantiles{{sfn|Gauron|2017|p=2}}, même si elles ne sont pas mutuellement exclusives.
Selon Jayson Harsin, le terme ''{{langue|en|fake news}}'' aurait été utilisé pour la première fois en 1999, lors de l’[[émission de télévision]] [[Satire|satirique]] [[États-Unis|américaine]] ''[[The Daily Show]]'', présentée à ce moment-là par [[Jon Stewart]]. Elle était basée sur des informations truquées et imitait les vrais programmes qui relaient des informations considérées comme fiables et [[Crédibilité|crédibles]]. L'émission imitait le style et l'organisation de ces dernières (journalistes envoyés sur le terrain, invités commentateurs, [[Flash info]]…), sans être complètement basée sur le faux. Elle consistait en l’analyse [[Humour|humoristique]], [[Ironie|ironique]] et orientée à gauche de l’actualité diffusée par les médias dits traditionnels, et ceci par le biais de l’humour et de la parodie. Les journalistes-auteurs du Daily Show venaient du journal satirique ''[[The Onion]]'' qui, pour les lecteurs, paraît ambigu, en particulier à cause de l’aspect de ses articles : « les lecteurs, qui ont du mal à faire la différence entre ses articles à l’aspect « officiel », passe-partout, et ceux du journalisme traditionnel légitime ». Harsin explique qu’avant 1999, il n’y avait aucune étude scientifique sur l’origine de la ''{{langue|en|fake news}}'' au sens d’information [[Parodie|parodique]] et que le terme ne semble pas avoir été utilisé avant cette date. Selon lui, les chercheurs qui ont utilisé ce terme dans des articles entre 1990 et 1999 l’emploient dans le sens de canular, comme quelque chose qui n’a pas eu lieu mais qui, pourtant, est présenté comme un fait avéré et qui a trompé la presse et les médias traditionnels, mais également l’audience. Ou alors comme un gag des [[média]]s pour se moquer ou distraire les auditeurs<ref>{{Article |auteur1=Jayson Harsin |auteur2=Isabelle Richet |titre=Un guide critique des fake news : de la comédie à la tragédie |périodique=Pouvoirs |volume=164 |numéro=1 |pages=99-119 |date=2018 |doi=10.3917/pouv.164.0099}}.</ref>.
=== Groupes extrémistes, terroristes et radicaux ===
Selon un rapport d'[[Europol]] de 2012, l’utilisation d’Internet par les mouvements terroristes et extrémistes violents, déjà importante, est en voie d'intensification.
=== Extrême droite, Russie et conservateurs ===
{{article détaillé|Extrême droite sur Internet}}
Selon [[France Info (chaîne de télévision)|France Info]], les sites d'information russes [[RT (chaîne de télévision)|RT]] (anciennement Russia Today) et ''[[Sputnik (agence de presse)|Sputnik]]'' diffuseraient des informations fallacieuses à la gloire de la Russie et des partis d'extrême droite européens<ref>Anaïs Robert, [https://www.la-croix.com/Culture/TV-Radio/Guerre-linfo-desinformation-service-Russie-2018-03-16-1200921239 « Guerre de l’info », la désinformation au service de la Russie], La Croix, {{date-|16/3/2018}}</ref>, en « amplifiant ce qui illustre aux yeux de Moscou un malaise français : la crise identitaire, les réfugiés, l'immigration ou encore la fracture sociale »<ref>[https://www.francetvinfo.fr/monde/russie/russia-today-et-sputnik-ces-visages-de-loffensive-du-kremlin-a-letranger_2100467.html Russia Today et Sputnik, ces visages de l’offensive du Kremlin à l’étranger], francetvinfo.fr, {{date-|17 mars 2017}}</ref>, ou en défendant le régime syrien de [[Bachar el-Assad]]<ref>[[Hala Kodmani]], [https://www.liberation.fr/planete/2018/05/03/russia-today-sputnik-un-mois-d-intox-passe-au-crible_1647632 Russia Today, Sputnik… un mois d’intox passé au crible], liberation.fr, {{date-|3 mai 2018}}</ref>.
Selon Roland Gauron, journaliste au [[Le Figaro|Figaro]], la [[Extrême droite sur Internet|fachosphère]] française diffuse des informations fallacieuses, par exemple lorsqu'elle a rebaptisé [[Alain Juppé]] en « Ali Juppé »{{sfn|Gauron|2017|p=2}}. En France, il existe plusieurs groupes Facebook très populaires diffusant massivement des infox d'extrême droite, comme {{citation|La gauche m'a tuer}}, géré par [[Mike Borowski]], lobbyiste et ancien candidat sous étiquette [[Union pour un mouvement populaire|UMP]]<ref name="Mike Borowski">{{Lien web |langue=fr |titre=Mike Borowski, l'ancien UMP qui vit grâce aux fake news de droite de "La Gauche M'a Tuer" |url=https://www.franceinter.fr/politique/mike-borowski-l-ancien-ump-qui-vit-grace-aux-fake-news-de-droite-de-la-gauche-m-a-tuer |site=[[France Inter]] |jour=8 |mois=avril |année=2019}}.</ref>.
La chaine ''[[Arte]]'', dans un {{citation|désintox}}, analyse l'utilisation d'infox par l'extrême droite américaine et montre, par exemple, la transformation, par l'[[Alt-right]], de la vidéo d'un défilé religieux [[Chiisme|chiite]] faussement présenté comme une manifestation de réfugiés réclamant la [[charia]] en Angleterre{{Référence nécessaire}}. En France, [[Marine Le Pen]], en plein débat présidentiel, fait part d'une rumeur sur un prétendu compte détenu par [[Emmanuel Macron]] au [[paradis fiscal]] des [[Bahamas]]. Apparue sur le forum anonyme anglophone [[4chan]], cette rumeur est « relayée par des comptes américains pro-Trump, […] importée en France par des comptes proches de la propagande russe » et devient quasi « officielle » lorsque la candidate l'évoque en direct sur le plateau. Les faux documents sont publiés peu avant sur des forums de discussion privés « où les cybermilitants de Marine Le Pen coordonnent leurs attaques numériques et partagent leurs "fausses informations" ». Militants qui, d'ailleurs, « émettent eux-mêmes des doutes sur la fiabilité du document »<ref>[https://www.huffingtonpost.fr/2017/05/04/voici-litineraire-de-la-fake-news-que-propage-marine-le-pen-sur_a_22068793/ Voici l'itinéraire de la fake news que propage Marine Le Pen sur le pseudo-compte de Macron aux Bahamas], Huffpost, {{date-|4/5/2017}}</ref>.
Selon le quotidien ''[[Libération (journal)|Libération]]'', [[Boulevard Voltaire (site web)|Boulevard Voltaire]], comme d'autres sites moins éminents de la [[extrême droite sur Internet|fachosphère]], s'est livré plusieurs fois à la [[désinformation]] par infox, relayant par exemple une infox concernant une fausse nouvelle taxe sur les familles ou une citation inventée de [[Bernard Cazeneuve]] sur les [[racines chrétiennes de la France]], et de nombreuses désinformations de droite et d'extrême droite, comme l'affirmation que le « laxisme de [[Christiane Taubira]] » aurait « facilité la fuite » de {{nobr|236 détenus}} (alors que la loi en question, sur les permissions, est antérieure au mandat de la ministre). ''Libération'' s'amuse, par ailleurs, que le site Boulevard Voltaire reconnaisse lui-même en 2017 que sa « famille de pensée » est « le groupe social qui diffuse le plus de fausses nouvelles ». Un des collaborateurs du site, Robin de La Roche, va jusqu'à déclarer qu'il n’y a que dans les réseaux « de droite » que l’on trouve « un tel salmigondis d’idioties, de rumeurs infondées, de mélanges honteux, bref, de fausses informations ». Il cite « une rumeur complètement idiote sur l’« oreillette » qu’aurait portée [Emmanuel Macron] lors du débat présidentiel. Ridicule bêtise fondée sur une photo du cartilage de son oreille »<ref name="libfake">Vincent Coquaz, [http://www.liberation.fr/desintox/2017/05/07/la-fachosphere-inquiete-de-la-diffusion-de-fake-news-par-la-fachosphere_1567848 « La fachosphère inquiète de la diffusion de fake news... par la fachosphère »], ''[[Libération (journal)|Libération]]'', {{date-|7/5/2017}}.</ref>.
Aux États-Unis, l'élection de [[Donald Trump]] s'est accompagnée de campagnes de désinformation massive soigneusement orchestrées par des {{citation|[[troll]]s}} {{incise|la {{citation|{{langue|en|''[[Trump's Troll Army]]''}}}}|stop}}<ref name="Trump Troll">{{Lien web |titre=Présidentielle américaine : l'internet pro-Trump jubile |url=https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/presidentielle/hillary-clinton/presidentielle-americaine-l-internet-pro-trump-jubile_1913993.html |site=Franceinfo |date=10 nov. 2016}}</ref>. Parmi les exemples célèbres, [[Alex Jones]] et son site ''InfoWars'', qui a participé à la [[théorie du complot]] du {{citation|[[Pizzagate]]}} contre [[Hillary Clinton]]<ref>{{Article |langue=fr |titre=« Pizzagate » : d’une rumeur en ligne aux coups de feu dans une pizzeria |périodique=[[Le Monde]] |date=6 décembre 2016 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2016/12/06/de-la-theorie-du-complot-aux-coups-de-feu-dans-une-pizzeria-les-consequences-reelles-des-fake-news_5044047_4832693.html}}</ref>, ou le ''[[Breitbart News]]'' de [[Steve Bannon]] qui a diffusé des fausses informations sur des émeutes de réfugiés{{sfn|Gauron|2017|p=2}}.
Lors de l'[[élection présidentielle brésilienne de 2018]], des sites internet liés au candidat d’extrême droite [[Jair Bolsonaro]] propagent de nombreuses fausses nouvelles sur le web, ciblant en particulier [[Fernando Haddad]] et le [[Parti des travailleurs (Brésil)|Parti des travailleurs]]<ref>{{Lien web |titre=Présidentielle au Brésil : Jair Bolsonaro « est trois ou quatre degrés au-dessus de Donald Trump » |url=https://www.lci.fr/international/presidentielle-au-bresil-le-candidat-d-extreme-droite-bolsonaro-est-trois-ou-quatre-degres-au-dessus-de-donald-trump-2100830.html |site=[[LCI]] |date=09 oct. 2018 |consulté le=2018-10-12}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article |titre=Présidentielle au Brésil : une campagne marquée par les « fake news » |périodique=[[Le Monde]] |date=08.10.2018 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2018/10/08/election-au-bresil-une-campagne-marquee-par-la-diffusion-de-fake-news_5366275_3222.html |consulté le=2018-10-12}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |auteur=Ivan du Roy |titre=Nous assistons en direct à la fascisation du Brésil |url=https://www.bastamag.net/Nous-assistons-en-direct-a-la-fascisation-du-Bresil |site=[[Basta !]] |date=10 octobre 2018 |consulté le=2018-10-28}}.</ref>. Jair Bolsonaro lui-même en propage certaines, dénonçant par exemple « l'endoctrinement des enfants à l'homosexualité orchestré par le Parti des travailleurs ». À la télévision brésilienne, il brandit la version portugaise de l'album ''[[Le Guide du zizi sexuel]]'' ([[Zep]], 2001) en affirmant qu'il fait partie d'un « kit gay » diffusé dans les écoles brésiliennes pour promouvoir l'homosexualité et constituerait « une porte ouverte vers la pédophilie ». Le manuel, destiné à expliquer la sexualité aux pré-adolescents, n'a en réalité jamais été distribué aux écoles<ref>{{Article |langue=fr |titre="C'est un projet fasciste" : ce que contient le programme de Jair Bolsonaro, favori de la présidentielle au Brésil |périodique=Franceinfo |date=2018-10-26 |lire en ligne=https://www.francetvinfo.fr/monde/bresil/c-est-un-projet-fasciste-ce-que-contient-le-programme-de-jair-bolsonaro-favori-de-la-presidentielle-au-bresil_2999445.html |consulté le=2018-10-28}}</ref>.
=== Gouvernements ennemis ===
Les rivalités entre pays passent aussi par la [[diabolisation de l'ennemi]], et donc bien souvent par la désinformation à son égard.
Par exemple, d'après les spécialistes de la Corée du Nord [[Juliette Morillot]] et [[Dorian Malovic]], « la Corée du Nord est l'un des rares pays pour lesquels faire fi de toute déontologie, affabuler ou ne pas vérifier ses sources est couramment accepté, même dans les grands titres de presse » : une ex-petite amie de [[Kim Jong-un]] exécutée avec onze musiciens pour avoir fait circuler des vidéos pornographiques (ou sinon une bible) ; l'oncle de Kim Jong-un dévoré par 120 chiens affamés ; la tante du leader nord-coréen empoisonnée sur ordre de ce dernier; le ministre nord-coréen de la Défense « explosé » au missile anti-aérien pour s’être assoupi lors d'un défilé ; l'architecte du nouvel aéroport de Pyongyang exécuté pour avoir déçu Kim-Jong un ; l’entraîneur de l'équipe de football nord-coréenne condamné aux travaux forcés pour les mauvais résultats de son équipe ; Kim Jong-un souffrant de « problèmes incontrôlés » d'alimentation et d'alcoolisme, etc. Ces fausses informations proviennent souvent des services secrets sud-coréens à des fins de propagande, ou sont inventées par des réfugiés qui reçoivent une rémunération pour cela<ref>{{Ouvrage |langue=fr |titre=La Corée du Nord en 100 questions |éditeur=Texto |année=2018 |passage=341-344}}.</ref>.
=== Gouvernements ===
==== Russie ====
Le gouvernement russe, via l'organe de propagande [[Internet Research Agency]] et le [[Groupe Wagner]], est fréquemment accusé par les gouvernements et médias occidentaux de mener des actions de désinformation visant à affaiblir la puissance de leur pays sur le plan intérieur (en semant la discorde au sein de leur population et en accentuant la [[polarisation politique]]) et extérieur (en dégradant l'image de ces pays dans leur zone d'influence historique, en particulier celle de la France en Afrique).
En France, ce sujet est fréquemment documenté dans la presse écrite (''Le Figaro'', ''Le Monde'', ''Libération''<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Salomé |nom=Kourdouli |titre=Fake news russes : la machine à déstabiliser l’étranger |url=https://www.liberation.fr/international/europe/fake-news-russes-la-machine-a-destabiliser-letranger-20221210_2VSMWPOU3NARTJI5P4BVYSEZP4/ |site=Libération |consulté le=2024-01-26}}</ref>), à la radio (''Europe 1''<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Ukraine : Paris dénonce une vaste campagne de désinformation russe visant notamment de grands médias |url=https://www.europe1.fr/international/ukraine-paris-denonce-une-vaste-campagne-de-desinformation-russe-visant-notamment-de-grands-medias-4188608 |site=Europe 1 |date=2023-06-13 |consulté le=2024-01-26}}</ref>, ''France Inter'') et à la télévision (''France 2'' notamment, qui a diffusé "Au cœur de la propagande russe", un épisode de 1h54 dans son émission "La fabrique du mensonge" le 11 décembre 2022<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Elsa |nom=Guiol |titre=La fabrique du mensonge Au cœur de la propagande russe |url=https://www.france.tv/france-5/la-fabrique-du-mensonge/la-fabrique-du-mensonge-saison-3/4367680-au-coeur-de-la-propagande-russe.html |date=2022-12-11 |consulté le=2024-01-26}}</ref>).
Ces actions ont ou auraient concerné une ingérence russe:
* dans la [[Référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne|campagne du Brexit]] (où, selon ''Le Monde'', "plus de 150 000 comptes basés en Russie ont tweeté frénétiquement à l’approche du scrutin, avant de se taire brutalement."<ref>{{Article |langue=fr |titre=Moscou accusé d’avoir interféré dans le référendum sur le Brexit |périodique=Le Monde.fr |date=2017-11-16 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/referendum-sur-le-brexit/article/2017/11/16/moscou-est-accuse-d-avoir-interfere-dans-le-referendum-sur-le-brexit_5215562_4872498.html |consulté le=2024-01-26}}</ref>)
* dans [[Élection présidentielle américaine de 2016|l'élection présidentielle américaine de 2016]] (voir [[affaire du Russiagate]])
* dans [[Élection présidentielle française de 2017|l'élection présidentielle française de 2017]] (voir [[MacronLeaks|Macronleaks]] et l'article du ''Monde "''Les preuves de l’ingérence russe dans la campagne de Macron en 2017"<ref>{{Article |langue=fr |titre=Les preuves de l’ingérence russe dans la campagne de Macron en 2017 |périodique=Le Monde.fr |date=2019-12-06 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/12/06/macronleaks-des-hackeurs-d-etat-russes-ont-bien-vise-la-campagne-presidentielle-de-2017_6021987_4408996.html |consulté le=2024-01-26}}</ref>)
Elles s'appuient sur le travail rémunéré<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Cyber Front Z : les usines à trolls russes tournent à plein régime |url=https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-enjeux-des-reseaux-sociaux/cyber-front-z-usine-a-trolls-russe-financee-par-le-kremin-7860499 |site=France Culture |date=2022-05-05 |consulté le=2024-01-26}}</ref> de [[Troll (Internet)|trolls]] regroupés au sein d'[[Usine à trolls|usines à trolls]] et combinent différentes techniques de désinformation:
* l'[[astroturfing]] au moyen de faux comptes gérés manuellement ou automatiquement ([[Bot informatique|bots informatiques]]) sur les réseaux sociaux<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Les faux comptes qui promeuvent la politique de Poutine dans le monde |url=https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-enjeux-des-reseaux-sociaux/les-faux-visages-de-la-russie-sur-les-reseaux-sociaux-3385824 |site=France Culture |date=2022-05-24 |consulté le=2024-01-26}}</ref>{{,}}<ref>{{Article |langue=fr |titre=Meta supprime de nouvelles pages liées à des opérations de désinformation russes |périodique=Le Monde.fr |date=2023-11-30 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/pixels/article/2023/11/30/doppelganger-meta-supprime-de-nouvelles-pages-liees-a-l-operation-de-desinformation-russe_6203169_4408996.html |consulté le=2024-01-26}}</ref>
* la diffusion de fausses informations via des [[Site miroir|sites miroir]] russes se faisant passer pour des sites d'information occidentaux<ref>{{Article |langue=fr |titre=Révélations sur « Doppelgänger », la campagne de désinformation russe dénoncée par la France |périodique=Le Monde.fr |date=2023-06-13 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/pixels/article/2023/06/13/revelations-sur-doppelganger-la-campagne-de-desinformation-russe-denoncee-par-la-france_6177446_4408996.html |consulté le=2024-01-26}}</ref> ([[Opération Doppelgänger]])
La désinformation russe est intense dans le cadre de la [[guerre russo-ukrainienne]]<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=VIDEO. Guerre en Ukraine : un an de propagande et de désinformation |url=https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/video-guerre-en-ukraine-un-an-de-propagande-et-de-desinformation_5677757.html |site=Franceinfo |date=2023-02-26 |consulté le=2024-01-26}}</ref>, où elle s'apparente à une forme plus classique de [[propagande]] de guerre également pratiquée par l'Ukraine<ref>{{Article |langue=fr-FR |titre=Vidéo. Annoncé mort, le journaliste russe Babtchenko apparaît devant la presse et explique une « mise en scène » |périodique=Le Monde.fr |date=30 mai 2018 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/europe/video/2018/05/30/annonce-mort-le-journaliste-russe-babtchenko-apparait-devant-la-presse-et-explique-une-mise-en-scene_5307179_3214.html |consulté le=2024-01-26}}</ref>, l'état de guerre rendant particulièrement difficile le travail d'investigation et l'établissement de la vérité (voir articles sur la [[désinformation lors de la guerre russo-ukrainienne]] et les controverses à la suite du crash du [[vol Malaysia Airlines 17]], de celui de [[Crash de l'avion du groupe Wagner|l'avion transportant le groupe Wagner]] et de l'[[accident aérien de Yablonovo]]). Cette désinformation prend notamment la forme de [[deepfake]]s, comme la fausse vidéo de [[Volodymyr Zelensky]] annonçant sa reddition sur la chaîne piratée d'''Ukraine 24'' le 16 mars 2022<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=avec |nom=agence |titre=Guerre en Ukraine. Piratée, une chaîne locale diffuse une fausse vidéo du président appelant à abdiquer |url=https://www.ouest-france.fr/monde/guerre-en-ukraine/guerre-en-ukraine-piratee-une-chaine-locale-diffuse-une-fausse-video-du-president-appelant-a-7679103 |site=Ouest-France.fr |date=2022-03-17 |consulté le=2024-01-26}}</ref>.
Elle est également intense en Afrique, notamment au [[Mali]], en [[République centrafricaine]] et au [[Soudan]] où, en plus de son action militaire, le [[Groupe Wagner]] mène une [[Guerre de l'information|guerre informationnelle]] visant à exacerber le sentiment anti-français et anti-occidental<ref name="Comment fonctionne la machine de propagande russe en Afrique">{{Article |langue=fr |titre=Comment fonctionne la machine de propagande russe en Afrique |périodique=Le Monde.fr |date=2023-07-28 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/international/article/2023/07/28/faux-medias-et-reseaux-sociaux-au-c-ur-de-la-machine-de-propagande-russe-en-afrique_6183719_3210.html |consulté le=2024-01-26}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Fake news, financement de médias, usines à trolls: comment la Russie mène sa guerre informationnelle au Niger |url=https://www.lefigaro.fr/international/fake-news-financement-de-medias-usines-a-trolls-comment-la-russie-mene-sa-guerre-informationnelle-au-niger-20230807 |site=Le Figaro |date=2023-08-07 |consulté le=2024-01-26}}</ref>. Outre les techniques usuelles de trolling, cette stratégie inclut:
* La prise de contrôle de médias comme la station de radio Lengo Songo et le site d’information Ndjoni Sango en Centrafrique<ref name="Comment fonctionne la machine de propagande russe en Afrique" />
* La coopération avec des influenceurs pro-russes comme [[Kémi Séba|Kemi Seba]] ou [[Nathalie Yamb]]<ref name="Comment fonctionne la machine de propagande russe en Afrique" />
* La création de pseudo-sites d'information tous reliés à un même organisme non journalistique comme le Groupe panafricain pour le commerce et l’investissement (GPCI)<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=La Centrafrique, laboratoire de Wagner : "Le pays ressemble à une colonie russe" |url=https://www.lexpress.fr/monde/afrique/la-centrafrique-laboratoire-de-wagner-le-pays-ressemble-a-une-colonie-russe-5DFOIQ6D5VDC3MHKEQ5B35AGYE/ |site=L'Express |date=2023-05-21 |consulté le=2024-01-26}}</ref>
* La diffusion de fausses vidéos générées par intelligence artificielle<ref name="Comment fonctionne la machine de propagande russe en Afrique" /> et de ''fake news'' comme, au Mali, ce faux charnier soi-disant laissé par l'armée française et découvert par le groupe Wagner (nouvelle démentie par des vidéos où l'on voit des miliciens Wagner organiser la scène)<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Eric |nom=Landal |titre=Images de charnier au Mali: l’armée française pointe du doigt les mercenaires de Wagner |url=https://www.liberation.fr/international/afrique/images-de-charnier-au-mali-larmee-francaise-pointe-du-doigt-les-mercenaires-de-wagner-20220422_2KKRZVLCUFGQLN4B37C7NW3OGQ/ |site=Libération |consulté le=2024-01-26}}</ref>
Une ingérence russe est également soupçonnée dans [["l'affaire des étoiles de David"]] à Paris en novembre 2023.
==== Chine ====
En 2022, selon Mandiant, un cabinet de conseil en cybersécurité américain, un groupe gouvernemental pro-chinois s'est fait passer pour des militants écologistes sur des plateformes de médias sociaux dans le but de saper les producteurs de [[terres rares]] aux États-Unis et au Canada. Le groupe à l'origine des attaques, connu sous le nom de Dragonbridge, aurait utilisé de faux comptes Facebook et Twitter pour affirmer qu'une raffinerie de terres rares financée par le gouvernement américain au [[Texas]] en cours de construction par le groupe australien Lynas Rare Earths « exposerait la région à des dommages environnementaux irréversibles » et à une « contamination radioactive »<ref name="Fernyhough202206">{{en}} James Fernyhough, [https://www.ft.com/content/57d5c3fd-35ec-4146-aa6d-9e3fc87fbcbf Pro-China group attacks US rare earths plant in fake social media posts], ft.com, 29 juin 2022</ref>{{,}}<ref>{{en}} Zeba Siddiqui, [https://www.reuters.com/markets/asia/pro-china-digital-campaign-targets-mining-firms-cybersecurity-report-2022-06-28/ Pro-China digital campaign targets mining firms - cybersecurity report], reuters.com, 28 juin 2022</ref>. Mandiant décrit Dragonbridge comme un « réseau pro-République populaire de Chine (RPC) ». Selon Albert Zhang, un expert en cyberpolitique, ces opérations d'information font « partie d'un effort coordonné plus large visant à saper les tentatives démocratiques de réduire la dépendance aux exportations chinoises de terres rares. » Dragonbridge a attiré l'attention de Mandiant pour la première fois en 2019 avec des campagnes sur les réseaux sociaux sur Facebook, Twitter et YouTube contre les [[Manifestations de 2019-2020 à Hong Kong|manifestations antigouvernementales à Hong Kong]]. Le groupe s'est depuis diversifié dans divers domaines, notamment la pandémie de Covid-19 et la politique américaine. Dragonbridge utiliserait ainsi des faux comptes de médias sociaux et de forums, y compris certains se faisant passer pour des résidents du Texas pour feindre de s'inquiéter des problèmes environnementaux et de santé entourant l'usine<ref name="Fernyhough202206" />.
==== États-Unis ====
L'administration de [[George W. Bush]] a propagé à l'échelle planétaire une infox<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Médias américains : un an de désinformation massive |url=https://www.telerama.fr/monde/medias-americains-un-an-de-desinformation-massive,72072.php |site=Télérama.fr |consulté le=2020-04-28}}</ref> en présentant le {{date-|5 février 2003}} devant le [[Conseil de sécurité des Nations unies]] un dossier mensonger sur un programme de fabrication d'armes de destruction massive en Irak pour justifier l'invasion de ce pays.
[[Fichier:Donald Trump (25218642186).jpg|vignette|[[Donald Trump]]]]
[[Donald Trump]], élu [[président des États-Unis]] en 2016, qui était un grand utilisateur du réseau [[Twitter]], est très souvent considéré comme le premier dirigeant d'un grand pays industrialisé à avoir propagé massivement des informations fallacieuses sur les réseaux sociaux, notamment en 2014<ref>{{Lien web |langue=en |prénom=Donald J. |nom=Trump |titre=Healthy young child goes to doctor, gets pumped with massive shot of many vaccines, doesn't feel good and changes - AUTISM. Many such cases! |url=https://twitter.com/realdonaldtrump/status/449525268529815552?lang=fr |site=@realdonaldtrump |date=2014-03-28 |consulté le=2020-03-31}}</ref> concernant les [[controverse sur la vaccination|vaccins]] (qui {{incise|selon lui}} sont la cause de l'augmentation dramatique du nombre de cas d'[[autisme]]<ref name="Trump claims vaccines">{{Lien web |langue=en |auteur=Andrew Buncombe |titre=Trump claims vaccines and autism are linked but his own experts vehemently disagree |url=https://www.independent.co.uk/news/world/americas/trump-vaccines-autism-links-anti-vaxxer-us-president-false-vaccine-a8331836.html |site=independent.co.uk |jour=5 |mois=mai |année=2018}}</ref>) et en 2012<ref>{{Article |langue=en-GB |prénom1=Helier |nom1=Cheung |titre=What does Trump actually believe on climate change? |périodique=BBC News |date=2020-01-23 |lire en ligne=https://www.bbc.com/news/world-us-canada-51213003 |consulté le=2020-03-31}}</ref> sur le [[réchauffement climatique]] (qui, toujours selon lui, serait {{citation|une invention des Chinois}}<ref>[http://www.lepoint.fr/monde/etats-unis-quand-donald-trump-ridiculise-le-handicap-d-un-journaliste-26-11-2015-1985053_24.php États-Unis : quand Donald Trump ridiculise le handicap d'un journaliste], ''Le Point'', {{date-|16 novembre 2015}}</ref>), obligeant parfois ses propres services à publier des démentis<ref name="Trump claims vaccines" />. Selon un décompte réalisé en {{date-|août 2018}} par ''[[The Washington Post]]'', Trump prononce en moyenne 7,5 infox par jour, soit {{formatnum:4229}} depuis le début de son mandat<ref name="Post">{{Lien web |auteur=Romain Bizeul |titre=4.229 fake news : Donald Trump explose le compteur du "Washington Post" |url=https://www.nouvelobs.com/monde/l-amerique-selon-trump/20180802.OBS0488/4-229-fake-news-donald-trump-explose-le-compteur-du-washington-post.html |site=nouvelobs.com |date=2 août 2018 |consulté le=27 octobre 2018}}.</ref>. À l'inverse, il accuse régulièrement les médias de répandre des infox ; en {{date-|janvier 2018}}, depuis son compte Twitter, il décerne les {{citation|''Fake news awards''}} aux journalistes qu’il juge malhonnêtes<ref name="Post" />.
Selon la journaliste anglaise {{lien|lang=en|Katharine Vinner}}, la raison première du développement des infox gouvernementales (ou émises par des personnalités politiques) tient au fait que les réseaux sociaux, en termes d'audience, tendent à supplanter la presse professionnelle comme source d'information<ref>Katharine Viner, [https://www.courrierinternational.com/article/medias-comment-le-numerique-ebranle-notre-rapport-la-verite « Comment le numérique a ébranlé notre rapport à la vérité »], ''Courrier international'', {{date-|9 septembre 2016}}.</ref>. Or, à la différence des journalistes professionnels, les utilisateurs des réseaux sociaux peuvent répandre des informations sans être soumis à la moindre [[Déontologie du journalisme|déontologie]], en particulier sans devoir se soumettre à la règle de la vérification des faits (lire [[#Vérification_des_faits|plus bas]]). Jusqu'alors, la frontière entre « les médias » et « les masses » était relativement nette. Mais avec le développement des blogues et des réseaux sociaux, un nombre croissant d'individus se retrouvent en situation de producteurs de médias sans avoir à se soumettre aux règles éthiques régissant les milieux professionnels. De là, estime la journaliste, la montée en puissance des [[rumeur]]s, de la [[théorie du complot]] et, plus généralement, de ce qu'elle appelle l'[[ère post-vérité]]{{Référence nécessaire}}.
Après la défaite de Trump à l'[[Élection présidentielle américaine de 2020]], ce dernier conteste très régulièrement les résultats du scrutin sur et en-dehors des réseaux sociaux, ce qui va amener Twitter à accompagner ses tweets de message d'avertissement sur leur véracité; une première pour un président américain. Dans les jours qui suivent l'[[Assaut du Capitole par des partisans de Donald Trump]], qui entraîne 5 morts, plusieurs dizaines de blessés, et dont des enquêtes du FBI prouvent que certains émeutiers avaient prévu d'enlever ou d'assassiner des élus démocrates et républicains non-trumpistes, les comptes [[Twitter]], [[Instagram]], [[Facebook]] et [[YouTube]] de Donald Trump et de plusieurs de ses proches sont suspendus, et le compte Twitter présidentiel modéré. Twitter supprime également {{nombre|70000 comptes}} liés à la mouvance complotiste trumpiste [[QAnon]]. À la suite de ces mesures, entre le 9 et le {{date-|15 janvier 2021}}, une baisse de 73 % des fake news sur l'élection américaine circulant sur Twitter est relevée<ref>{{Lien web |langue=français |auteur=Amandine Jonniaux |titre=Twitter enregistre 73% de fake news en moins depuis l’éviction de Trump |url=https://www.journaldugeek.com/2021/01/19/twitter-enregistre-73-de-fake-news-en-moins-depuis-leviction-de-trump/ |site=journaldugeek.com |date=19 janvier 2021 |consulté le=19 janvier 2021}}</ref>.
==== France ====
Dans une moindre mesure, les fausses informations d'origine gouvernementale (ou proches du gouvernement) se répandent en France. En 2018 et 2019, dans le cadre du [[Mouvement des Gilets jaunes en France|mouvement des gilets jaunes]], certaines sont diffusées non seulement par des participants de ce mouvement<ref>{{Lien web |titre=Facebook: les cinq fake news les plus diffusées chez les gilets jaunes |url=https://www.bfmtv.com/tech/facebook-les-cinq-fake-news-les-plus-populaires-chez-les-gilets-jaunes-1582918.html |site=BFMTV |jour=6 |mois=décembre |année=2018 |consulté le=20 mars 2019}}</ref>, mais aussi par des membres du gouvernement français, des députés et des militants [[La République en marche|LREM]]<ref name=":42">{{Lien web |langue=fr |titre=Gilets jaunes : quand des députés LREM cèdent à la théorie du complot |url=https://www.liberation.fr/checknews/2018/12/06/gilets-jaunes-quand-des-deputes-lrem-cedent-a-la-theorie-du-complot_1696293 |site=Libération.fr |date=2018-12-06 |consulté le=2018-12-11}}</ref>. C'est le cas de [[Gabriel Attal]], [[Émilie Chalas]], [[Aurore Bergé]], [[Coralie Dubost]] et notamment [[Naïma Moutchou]], rapporteur de la loi contre la manipulation de l’information<ref name=":42" />{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Un proviseur a-t-il été aspergé d'essence par des lycéens près de Lyon ? |url=https://www.liberation.fr/checknews/2018/12/07/un-proviseur-a-t-il-ete-asperge-d-essence-par-des-lyceens-pres-de-lyon_1696607 |site=Libération.fr |date=2018-12-07 |consulté le=2018-12-11}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Un gilet jaune a-t-il fait un salut nazi sur les Champs-Elysées ? |url=https://www.liberation.fr/checknews/2018/11/26/un-gilet-jaune-a-t-il-fait-un-salut-nazi-sur-les-champs-elysees_1694302 |site=Libération.fr |date=2018-11-26 |consulté le=2018-12-11}}</ref>. C'est également le cas de [[Christophe Castaner]], [[Ministre de l'Intérieur (France)|ministre de l'intérieur]] ; le {{date-|1er mai 2019}}, il affirme que « des gens ont attaqué un hôpital » et que les « forces de l’ordre sont immédiatement intervenues pour sauver le service de réanimation »<ref>[https://www.arretsurimages.net/articles/la-pitie-salpetriere-attaquee-vie-et-mort-dune-fake-news-signee-castaner La pitié-Salpêtrière "attaquée" : vie et mort d'une fake news signée Castaner], ''Arrêt sur Images'', {{date-|2 mai 2019}}</ref>. Cette information est aussitôt relayée sur de nombreuses [[Liste des chaînes de télévision d'information en continu|chaînes d'information en continu]] (notamment par le ministre de la Santé, le président de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris et différentes personnalités politiques) mais elle se révélera infondée le lendemain<ref>{{Article |langue=fr |auteur1=Marc Bettinelli et Arthur Carpentier |titre=« Attaque » de la Pitié-Salpêtrière : ce qu’il s’est réellement passé le {{1er}}-Mai |périodique=Le Monde |date=2 mai 2019 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/societe/video/2019/05/02/attaque-de-la-pitie-salpetriere-ce-qu-il-s-est-reellement-passe-le-1er-mai_5457554_3224.html}}</ref>, ce qui provoquera une polémique. Toutefois, le ministre reconnaît le {{date-|3 mai}} qu'il a été maladroit dans les termes : « si des mots choquent, si des mots peuvent apparaître contredits par des faits établis contrairement à ce qui m'a été précisé […] évidemment qu'il est normal de les faire évoluer »<ref>[https://www.boursorama.com/actualite-economique/actualites/pitie-salpetriere-castaner-tente-de-clore-la-polemique-96bb55507f975144e26bba1d04f659ba Pitié-Salpêtrière: Castaner tente de clore la polémique], ''Boursorama'', {{date-|3 mai 2019}}</ref>.
Des sites se présentant comme informatifs sont en France régulièrement épinglés pour désinformation du public : c'est le cas du site conspirationniste [[FranceSoir|France Soir]], dont le nom a été racheté en 2019 par l'homme d'affaires Xavier Azalbert. En décembre 2022, le site perd sa reconnaissance en tant qu'organe de presse auprès de la [[Commission paritaire des publications et des agences de presse|CPPAP]] pour "défaut d'intérêt général"<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Service |nom=Checknews |titre=FranceSoir, Fact & Furious : comment obtient-on (et perd-on) un agrément de la commission des publications et agences de presse ? |url=https://www.liberation.fr/checknews/francesoir-fact-furious-comment-obtient-on-et-perd-on-un-agrement-cppap-20221215_6RRW3PLT4BBPBGZTZ5AG7RKLPY/ |site=Libération |consulté le=2023-11-14}}</ref>.
=== Motifs mercantiles ===
Une grande partie des nouvelles mensongères ont un but mercantile : attirer des consommateurs vers une arnaque ou un marché parallèle, contrôlé par les auteurs de la rumeur.
Un des thèmes les plus touchés par la propagation de mensonges est celui de la santé et du [[bien-être]], secteurs extrêmement lucratifs et dans lesquels il est facile d'embrigader des naïfs pour leur proposer toutes sortes de recettes miracle. Ainsi, des [[vidéaste web|vidéastes web]] comme le {{citation|chaman}} [[Christian Tal Schaller]] multiplient les vidéos virales où il relaie toutes sortes de fausses informations sur la [[Controverse sur la vaccination|vaccination]] ou des maladies graves (cancer, sida), pour ensuite vendre ses livres et traitements {{citation|miracle}} faits maison - pour lesquels il a déjà été plusieurs fois condamné<ref name="Si c’est gratuit, c’est que nous sommes le produit">{{Lien web |langue=fr |auteur=Baptiste Beaulieu |titre=Si c’est gratuit, c’est que nous sommes le produit |url=https://www.franceinter.fr/emissions/alors-voila/alors-voila-22-octobre-2018 |site=[[France Inter]] |jour=27 |mois=Octobre |année=2018}}.</ref>.
Une enquête des {{citation|décodeurs}} du journal ''[[Le Monde]]'' a identifié fin 2018 un informaticien français du nom de Johann Fakra comme la tête d'un réseau d'une trentaine de sites {{citation|[[piège à clics]]}} de désinformation comprenant des sites et comptes Facebook de fausses informations à tendance sensationnaliste (''Paye ton smile'', ''Tranche de rire''...), des sites complotistes (Cadoitsesavoir.fr, Onsaitcequonveutquonsache.com - supprimé en 2018 à la suite d'enquêtes -, ''La vérité sur notre monde'', ''Réveillez-vous'', ''Libre info'', ''Esprits libres''...) ou encore des sites de fausses informations de santé (''Alter santé'', ''Le Mag Santé'', ''A ta bonne santé'', ''Osons rêver d'un monde meilleur''...)<ref name="Ça doit se savoir">{{Article |langue=fr |auteur1=Adrien Sénécat |titre=« Ça doit se savoir », « Alter Santé », « Libre Info » : un seul homme derrière un réseau de désinformation |périodique=[[Le Monde]] |jour=13 |mois=11 |année=2008 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/11/13/ca-doit-se-savoir-alter-sante-libre-info-un-seul-homme-derriere-un-reseau-de-desinformation_5382951_4355770.html}}.</ref>.
Sur [[Amazon (entreprise)|Amazon]], de nombreux livres diffusant de fausses informations sur la vaccination ou l'oncologie, par exemple, figurent parmi les meilleures ventes ou en tête des recommandations. Début 2019, l'[[Organisation mondiale de la santé|Organisation mondiale de la Santé]] et le [[Centres pour le contrôle et la prévention des maladies|Centers for Disease Control and Prevention]] dénoncent l'impact de la désinformation anti-vaccin sur la santé publique<ref>{{Article |prénom1=Renée |nom1=DiResta |titre=How Amazon's Algorithms Curated a Dystopian Bookstore |périodique=Wired |date=2019-03-05 |issn=1059-1028 |lire en ligne=https://www.wired.com/story/amazon-and-the-spread-of-health-misinformation/ |consulté le=2019-03-15}}</ref>.
=== Discrédit des médias grand public ===
==== Période de l'invasion de l'Irak ====
L'{{citation|une des plus grandes défaillances de l'histoire des médias américains}}<ref>{{Article |langue=en |titre=Iraq: Why the media failed |périodique=Salon |date=2007-04-10 |lire en ligne=https://www.salon.com/2007/04/10/media_failure/ |consulté le=2018-03-08}}</ref>{{,}}<ref>{{Article |langue=en-US |prénom1=Michael |nom1=Calderone |titre=Iraq War Media Failure Can Happen Again |périodique=Huffington Post |date=2013-03-19 |lire en ligne=https://www.huffingtonpost.com/2013/03/19/iraq-media-failure-10-year-anniversary_n_2902177.html |consulté le=2019-03-26}}</ref> a eu lieu entre les [[attentats du 11 septembre 2001]] et l'[[Guerre d'Irak|invasion de l'Irak]] fin 2003<ref name=":6">{{Lien web |langue=en |prénom=Jeff |nom=Sparrow |titre=The stench of the Iraq war lingers behind today's preoccupation with fake news |url=https://www.theguardian.com/commentisfree/2017/mar/06/the-stench-of-the-iraq-war-lingers-behind-todays-preoccupation-with-fake-news |site=the Guardian |date=2017-03-06 |consulté le=2018-03-08}}</ref>, cette période donnant aux infox une ampleur nouvelle, selon l'écrivain et éditeur australien Jeff Sparrow. Cette période a connu plus d'un million de morts, des déplacements massifs de réfugiés dans le monde, l'apparition de l'[[État islamique]] et a coûté plus de mille milliards de dollars.
Selon Sparrow, {{citation|la plupart des gens ont depuis reconnu le cynisme et la malhonnêteté sans pareils par lesquels l'opération ''Iraqi Freedom'' a ainsi été imposée à la nation américaine}}<ref name=":6" />. Selon Kamiya, {{citation|toutes les branches des médias ont échoué}} et {{citation|les mensonges […] de l'administration Bush, Blair et des autres pays impliqués n'ont pas été contestés, voire ont été activement promus}}<ref name=":6" />, et la révélation des mensonges d’État orchestrés par l'administration Bush a entraîné un mouvement de défiance du public à l'égard des [[Média mainstream|médias grand public]], et donc le succès de certains médias dits alternatifs. Selon Jeff Sparrow, contrairement à ce qui est souvent supposé, les lecteurs ne confondent pas les fausses nouvelles avec les nouvelles « grand-public ». Selon lui, une partie de l'audience de sites conspirationnistes, comme Infowars.com, ne les consulte pas par accident mais précisément parce que ce sont des médias non officiels<ref name=":6" />.
==== Thèse d'Alain Finkielkraut ====
[[Alain Finkielkraut]] dénonce les infox colportées par des organes de lutte contre la désinformation. Il cite en particulier ''[[les Décodeurs]]'' du journal ''[[Le Monde]]''. {{citation|La désintox devient le [[1984 (roman)|ministère de la vérité orwellien]] qu'elle prétend combattre}}<ref name=":10">{{Lien web |langue=fr |titre=La vérité en sursis |url=https://www.franceculture.fr/emissions/repliques/la-verite-en-sursis |site=France Culture |date=9 mars 2019 |consulté le=2019-03-11}}</ref>.
==== Thèse de Marcel Gauchet ====
Selon [[Marcel Gauchet]], l'ère de [[Ère post-vérité|post-vérité]] est une conséquence du [[politiquement correct]]. À ses yeux, il faudrait concevoir les infox comme une réaction aux {{citation|euphémismes lénifiants et aux interdits sournois dictés par le moralisme officiel}}. Les contrevérités seraient une réaction à la censure insidieuse des aspects de la réalité sur lesquelles la bienséance a commandé de jeter le voile<ref>{{Article |langue=fr |auteur1=Marcel Gauchet |titre=La guerre des vérités |périodique=Le Débat |date=mai 2017 |lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-le-debat-2017-5-page-20.htm}}</ref>.
=== Affaiblissement du discours des experts ===
L'affaiblissement du discours des [[expert]]s laisse le champ-libre aux infox. La défiance généralisée à l'égard des experts trouve son origine dans l'utilisation de ces mêmes experts pour produire des infox comme l’utilisation du discours scientifique par l'industrie du tabac ou des pesticides pour nier les dangers de leurs produits<ref name=":10" />.
L'utilisation des expertises économiques pour servir de garants à des discours politiques participe également à la fragilisation des experts<ref name=":10" />.
== Propagation ==
{{article détaillé|Ère post-vérité}}Les infox ont toujours existé{{sfn|Bourdin|Le Bras|2018}}. Cependant, leur diffusion, et, par conséquent, leur influence, est aujourd'hui plus importante<ref name="info2019">{{Lien web |langue=fr |titre=GRAND ENTRETIEN. Comment la post-vérité a-t-elle gagné une place si importante dans notre quotidien ? |url=https://www.francetvinfo.fr/internet/reseaux-sociaux/twitter/vrai-ou-fake-grand-entretien-comment-la-post-verite-a-t-elle-gagne-une-place-si-importante-dans-notre-quotidien_5469222.html}}.</ref> grâce à leur [[Viralité (média)|viralité]] et le mode de fonctionnement de certains des moyens de communication modernes<ref>{{Article |langue=fr |auteur1=Marc Bassoni |auteur2=Jean-Baptiste Lesourd |titre=L’économie de l’information à l’heure des “ fake news ” : quels scénarios d’évolution ? |périodique=Communication et Civilisation |pages=1-23 |date=2018 |lire en ligne=https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01887778/document}}</ref>. Bien que les [[média]]s d'[[actualité]] classiques restent prédominants sur les autres médias, les médias développés sur internet occupent aujourd'hui une place dans le rapport à l'actualité du public<ref>{{Article |langue=fr |auteur1=Roland Canu |auteur2=Caroline Datchary |titre=Journalistes et lecteurs-contributeurs sur mediapart, Des rôles négociés |périodique=Réseaux |pages=195-223 |date=2010 |lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-reseaux-2010-2-page-195.htm}}</ref>. Parmi ces médias, on retrouve des [[Journalisme en ligne|versions numériques de la presse écrite]], des [[Site d'actualité|sites spécialement dédiés à l’actualité]], ou encore les [[Réseau social|réseaux sociaux]]<ref name=":22">{{Article |langue=fr |auteur1=Fabien Granjon |auteur2=Aurélien Le Foulgoc |titre=Les usages sociaux de l'actualité, L'Expérience médiatique des publics internautes |périodique=Réseaux |pages=225-253 |date=2010 |lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-reseaux-2010-2-page-225.htm}}</ref>. Ces derniers n'ont pas été initialement conçus dans l'objectif de devenir un média d'actualité. Cependant, l'évolution de la consommation du public en termes d'actualité, ainsi que la facilité de partage de l'information, ont fait des réseaux sociaux une importante source d'information pour le public<ref name=":22" />. Les réseaux sociaux se caractérisent par la vitesse de circulation des contenus ainsi que la non-vérification des informations par les réseaux. Ces spécificités font des réseaux sociaux un média où il est relativement simple de partager des infox<ref name=":112">{{Lien web |titre=Arnaud Mercier, ''Fake news et post-vérité, 20 textes pour comprendre la menace'', Archives ouvertes, 2018 |url=https://hal.univ-lorraine.fr/hal-01819233/document}}</ref>.
=== Pourquoi les infox se propagent ===
Une première raison à la diffusion des infox est la [[Surcharge informationnelle|surabondance d'information]]. Les propos mensongers auxquels les individus sont soumis se perdent dans le [[Streaming|flux]] d'informations<ref name=":022">{{Article |langue=Français |auteur1=Arnaud Mercier |titre=Fake news et post-vérité: 20 textes pour comprendre la menace |périodique=The conversation |pages=1-85 |date=2018 |lire en ligne=https://hal.univ-lorraine.fr/hal-01819233/document}}</ref>. Les infox, bien qu'elles aient été identifiées comme fausses, deviennent donc banales et, plutôt que de susciter la [[polémique]], elles tendent à accroître la méfiance envers les instances et les [[expert]]s<ref name=":022" />. Or, la diffusion des infox croît particulièrement lorsque la confiance vis-à-vis des élites dirigeantes diminue. En effet, la méfiance entraîne une altération des repères qui permettent à l'individu de juger de la véracité des faits. Il s'ensuit un climat de doute qui pousse certaines personnes enclines à la [[Psychologie naïve|naïveté]] ou au [[complot]]isme à diffuser des contenus pourtant démentis par les experts<ref name=":022" />.
Le public est également responsable de la propagation des infox. En effet, en raison de facteurs tels que la naïveté ou la paresse cognitive, le public partage des informations non vérifiées<ref name=":022" />. Ces informations sont la plupart du temps partagées dans un objectif positif : le partage d'informations jugées importantes par l'individu aux personnes de son entourage. Cependant, ce type de motivation induit la diffusion d'informations inexactes<ref name=":022" />.
La diffusion des infox influence également la propension du public à les croire. La répétition de l'information dans le temps, ainsi que la variété des sources (officielles ou non) relayant l'information, provoquent un [[effet boule de neige]]. En effet, plus l'information est relayée, plus le public estime que celle-ci doit être vraie. Ce concept renvoie au mécanisme de [[Effet de vérité illusoire|vérité illusoire]] abordé dans la partie « vulnérabilité face aux infox ». La diffusion massive des infox influence donc de manière négative la capacité du public à identifier une information comme étant fausse<ref name=":022" />.
=== Comment les infox se propagent ===
[[Fichier:Image_viralité.png|vignette|Propagation d’une nouvelle.]]
L'objectif des concepteurs d'infox est d'atteindre la [[Viralité (média)|viralité]] de manière qu'un maximum d'individus et de [[Plate-formes informatiques|plateformes]], y compris des plateformes d'actualité reconnues, partagent le contenu<ref name=":Wardle2">{{Article |langue=Anglais |auteur1=Claire Wardle |titre=Agents of disinformation use anonymous online spaces to seed rumors and fabricated content, hoping to eventually reach professional news outlets. How can journalists protect themselves from being manipulated? |périodique=First Draft |date=2018 |lire en ligne=https://medium.com/1st-draft/5-lessons-for-reporting-in-an-age-of-disinformation-9d98f0441722}}</ref>. Ainsi, la manière dont les infox se propagent peut être représentée sous la forme d'un [[entonnoir]]<ref name=":Wardle2" />. La plupart du temps, les infox commencent sur des sites web anonymes. Leur visibilité est donc limitée. Elles se développent ensuite dans des groupes mi-clos où elles sont partagées. Par la suite, on retrouve ces infox sur des sites de [[Théorie du complot|complotistes]], où la visibilité des infox continue de croître avant de les voir se développer sur les [[médias sociaux]] et, finalement, sur les médias professionnels, où leur visibilité est maximale<ref name=":Wardle2" />. Au fur et à mesure de leur évolution, les infox sont donc de plus en plus visibles et consultées. Les infox sont diffusées sur une plus longue durée que les nouvelles dites scientifiques. En effet, les nouvelles scientifiques sont rapidement diffusées après leur publication, mais leur partage diminue rapidement dans le temps, contrairement aux infox, qui sont moins rapidement diffusées après leur publication, mais qui sont de plus en plus partagées au fil du temps<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Michela |nom1=Del Vicario |prénom2=Alessandro |nom2=Bessi |prénom3=Fabiana |nom3=Zollo |prénom4=Fabio |nom4=Petroni |titre=The spreading of misinformation online |périodique=Proceedings of the National Academy of Sciences |volume=113 |numéro=3 |pages=554–559 |date=2016-01-19 |issn=0027-8424 |issn2=1091-6490 |pmid=26729863 |pmcid=PMC4725489 |doi=10.1073/pnas.1517441113 |lire en ligne=http://www.pnas.org/lookup/doi/10.1073/pnas.1517441113 |consulté le=2019-03-27}}</ref>.
Les infox cherchent à ressembler aux vrais média afin de s'arroger leur crédibilité auprès du public<ref name=":132">{{Article |langue=Français |auteur1=Jayson Harsin |titre=Un guide critique des ''fake news'' : de la comédie à la tragédie |périodique=Pouvoirs |pages=99-119 |date=2018 |lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-pouvoirs-2018-1-page-99.htm?contenu=article}}</ref> et d'amener le public à les partager. Les fake news peuvent ainsi se diffuser rapidement<ref name=":132" />.
Le manque d'éducation aux médias joue un rôle dans la propagation des fake news. En effet, les personnes ne disposant pas d'une bonne compréhension du fonctionnement des médias sociaux auraient tendance à se montrer plus crédules face aux fausses informations car elles partent du principe que ces informations sont authentiques et vérifiées<ref name=":132" />. Cela pourrait expliquer le fait que les plus de {{nobr|65 ans}}, issus d'une génération moins en contact avec les médias sociaux, ont tendance à partager plus de fake news sur ces réseaux que les autres tranches d'âges.
L'avènement des réseaux sociaux a permis une plus forte et plus rapide propagation d'informations telles que des reportages, des études…{{refnec}} Les réseaux sociaux permettent une information rapide et en continu, ce qui réduit l'influence de la presse traditionnelle. Parmi ces informations disponibles, selon une étude du [[Massachusetts Institute of Technology|MIT]] publiée dans la revue ''[[Science (revue)|Science]]'', une fake news a 70 % de chance supplémentaire par rapport à une information réelle d'être retweetée{{refnec}}. Mais les nouvelles technologies ne permettent non seulement de favoriser les fake news, mais aussi de les stopper. Il est possible de repérer les fake news à l'aide de bases de données de graphes et d'analyses{{refnec}}. Le [[Consortium international des journalistes d'investigation]] (I.C.I.J) utilise la technologie des bases de données de graphes pour repérer les fake news et la désinformation à grande échelle. De manière similaire, la chaîne américaine [[NBC News]] est parvenue, grâce à des compilations de données, à mettre à jour la relation entre {{nombre|2752 faux}} comptes Twitter pilotés par des utilisateurs membres d'une organisation de trolls russe, l'''[[Internet Research Agency]]''. Cette enquête de NBC News a permis l'amélioration du système de défense de plusieurs entreprises et d'importants organismes. Cette stratégie, qui consiste à se faire passer pour des citoyens moyens et à reprendre des idées populaires par l'intermédiaire de plateformes d'échange pour gagner rapidement des followers et du pouvoir de diffusion, est de plus en plus répandue. Ces influenceurs incitent aussi leurs followers à répandre leurs idéologies de façon à répandre l'information de manière pyramidale<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Emil Eifrem |titre=Fake news : la technologie, une arme à double tranchant |url=https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/fake-news-la-technologie-une-arme-a-double-tranchant-133149 |site=Les Echos |date=2018-06-04 |consulté le=2020-01-31}}</ref>.
Les réseaux sociaux comme [[Facebook]] ou [[Twitter]] jouent également un rôle important dans la propagation des fake news<ref name=":022" />. En effet, l'utilisation de ceux-ci comme source d'information est de plus en plus courante et la facilité du partage d'information, ainsi que l'utilisation d'algorithmes de [[ciblage]] visant à ajuster les contenus présentés en fonction de la personne, font des réseaux sociaux un terrain très propice à la diffusion des fake news<ref name=":022" />. Ces algorithmes de ciblage proposent également des contenus en fonction des intérêts des utilisateurs<ref name=":022" />. Effectivement, ils vont entraîner la venue de [[Cookie (informatique)|cookies]] informatiques, qui sont les fichiers présents pour enregistrer des informations concernant chaque utilisateur. Ainsi, elles sont analysées afin que le navigateur propose des publicités correspondantes au profil de chacun. Cela a entraîné le phénomène de « ''personalized search'' »<ref>{{Lien web |titre=5 Ways Google Personalizes Search Results (and How It Affects Rank Tracking) |url=https://www.link-assistant.com/news/personalized-search.html |site=www.link-assistant.com |consulté le=2019-12-14}}</ref>, qui a été mis en place pour répondre aux attentes des internautes. En effet, le moteur de recherche va prendre en compte la localisation, l'historique, et donc les intérêts de l'utilisateur. Grâce à cela, il va pouvoir augmenter la pertinence des recherches en fonction de l'utilisateur. Des utilisateurs partageant des intérêts communs se retrouvent donc dans les mêmes groupes, ce qui crée un phénomène de [[chambre d'écho]] et favorise le partage d'informations dans ces groupes<ref>{{Article |langue=Français |auteur1=Camille Alloing |auteur2=Nicolas Vanderbiest |titre=La fabrique des rumeurs numériques. Comment la fausse information circule sur Twitter ? |périodique=Le temps des médias |date=2018/01 |lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-le-temps-des-medias-2018-1-page-105.htm}}</ref>. Ce phénomène de chambres d'écho est également appelé « [[Bulle de filtres|bulles de filtres]] » par E. Pariser<ref>{{Lien web |langue=en |titre=La bulle de filtre |url=http://news.social-dynamite.com/la-bulle-de-filtre |site=news.social-dynamite.com |consulté le=2019-12-17}}</ref>. Ces chambres d'échos sont particulièrement présentes sur les réseaux sociaux, mais également dans la vie réelle car l’humain a tendance à s’associer à des personnes partageant le même avis, la même opinion. Ces phénomènes enferment ainsi les utilisateurs en les confrontant à des idées auxquelles ils adhèrent déjà, car l'être humain n'aime pas la [[dissonance cognitive]] qui le ferait le remettre en question. Ainsi, l'algorithme propose constamment des informations auxquelles l’utilisateur est sensibilisé. Par conséquent, si ce dernier consulte régulièrement, consciemment ou non, des fake news, l'algorithme lui en proposera d'autres.
Les réseaux sociaux forment une structure sociale ayant un fort impact sur nos choix et nos comportements, puisqu’ils sont les principaux diffuseurs des fake news<ref>{{Article |langue=Français |auteur1=MADHUSREE MUKERJEE |titre=Comment les fausses nouvelles se propagent-elles ? |périodique=Pour la Science |date=25/07/2018 |lire en ligne=https://www.pourlascience.fr/util/chutier/comment-les-fausses-nouvelles-se-propagent-elles-12638.php}}</ref>.
Les journalistes interviennent eux aussi dans la propagation des fake news<ref name=":022" />. Le rôle premier d'un journaliste est de transmettre des informations dont la véracité est établie de la manière la plus objective possible. Or, la société d'aujourd'hui, ainsi que la concurrence entre les médias et la course aux scoops, poussent les journalistes à communiquer le plus rapidement possible sur les événements afin d'augmenter l'[[Audience (média)|audience]] et les vues sur internet, maximisant de ce fait les profits. Les journalistes font donc un choix entre la rapidité d'information et la certitude de la vérité des faits<ref name=":022" />.
On peut également parler du phénomène de {{citation|[[piège à clics]]}}, ou ''clickbating''<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |prénom=EcoRéseau |nom=Business |titre=EcoRéseau Business {{!}} Le phénomène des clickbaits (pièges à clics) |url=https://www.ecoreseau.fr/tech/transformation-digitale/2017/10/05/phenomene-clickbaits/ |site=EcoRéseau Business |date=2017-10-04 |consulté le=2019-12-03}}</ref>. Ce phénomène est un néologisme désignant un contenu web qui vise à attirer le maximum de passages d’internautes sur un site afin de générer des revenus publicitaires en ligne ; plus une nouvelle paraîtra extraordinaire et nouvelle (car fausse), et plus les chances que l'internaute clique dessus seront élevées, ce qui pousse ces opérateurs publicitaires à favoriser les infox. Ces pièges à clics peuvent être utilisés également par de faux sites Internet qui n’ont rien à voir avec des sites d’informations officiels, mais qui se font passer pour tels. À travers ces pièges à clics, les auteurs d'infox vont donc chercher à toucher l’émotivité des lecteurs en déclenchant divers sentiments tels que la colère, l’indignation ou encore d’autres émotions fortes. Ces pièges à clics ont deux enjeux majeurs : tout d'abord gagner de l’argent, et secondairement propager des infox de propagande pour des raisons politiques.
Les infox peuvent se propager en dehors d’internet, se rapprochant ainsi de la notion de rumeur. Selon le principe de dépendance informationnelle, au sein d’un groupe de pairs, les arguments de la majorité semblent plus crédibles<ref>{{Article |prénom1=Alain |nom1=Quiamzade |prénom2=Gabriel |nom2=Mugny |prénom3=Ana |nom3=Trandafir |titre=Dépendance informationnelle et styles de comportement dans l'influence sociale |périodique=Psihologie sociala |volume=17 |pages=43–56 |date=2006 |lire en ligne=https://archive-ouverte.unige.ch/unige:4059 |consulté le=2019-12-20}}</ref>. Une fake news largement propagée et à laquelle les individus adhèrent sera donc elle aussi plus crédible. De plus, la pensée de groupe tolère assez mal l’indépendance de point de vue et les opposants sont rappelés à l’ordre afin de conserver un consensus<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=DOMINIQUE |nom=OBERLÉ |titre=Le groupe en psychologie sociale |url=https://www.scienceshumaines.com/le-groupe-en-psychologie-sociale_fr_10805.html |site=Sciences Humaines |consulté le=2019-12-20}}</ref>. On observe alors une propagation des fake news au sein des groupes de pairs également en dehors des communautés virtuelles.
Avec des moyens et de l'organisation, il n'est pas difficile de produire une énorme masse de contenu viral. Ainsi, pendant la [[pandémie de Covid-19]], aux États-Unis, seules douze personnes étaient responsables de 73 % de fake news [[antivax]]<ref name="12 internautes">{{Lien web |langue=fr |auteur=Victor Vasseur |titre=Aux États-Unis, 12 internautes sont responsables de la majorité des fausses informations sur le Covid-19 |url=https://www.franceinter.fr/aux-etats-unis-12-internautes-sont-responsables-de-la-majorite-des-fausses-informations-sur-le-covid-19 |site=[[France Inter]] |jour=10 |mois=août |année=2021}}.</ref>.
=== Rôle des médias et journalistes ===
La réalisatrice Elizabeth Drévillon, présidente de la Guilde des auteurs réalisateurs de documentaires<ref name=Drévillon/>, et le journaliste d'investigation [[Jean-Baptiste Rivoire]], ex-rédacteur en chef adjoint du magazine ''Spécial investigation'' de Canal+, fondateur du média ''[[Off-investigation]]'' auditionnés en février 2022 par la commission d'enquête sur la concentration dans les médias créée au Sénat<ref name=Drévillon/>, ont estimé que la pression des chaînes sur les auteurs-réalisateurs de documentaires aboutissait à une {{citation|autocensure}}<ref name=Drévillon/>, avec pour conséquence un {{citation|préjudice au débat démocratique}}<ref name=Drévillon/>. L'impression donnée que les journaux développent les mêmes sujets, avec les mêmes idées suscite une perte de crédibilité, en particulier dans domaine politique et économique : compte tenu du manque de contenus d’investigation télévisé, les citoyens {{Citation|vont chercher ailleurs l’information, ce qui ouvre la porte aux [[fake news]] et au complotisme}}<ref name="Drévillon">"Les auteurs-réalisateurs de documentaires "s’autocensurent", affirment leur syndicat face au Sénat" le 3 février 2022, sur ''[[France 24]]'' [https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20220203-les-auteurs-r%C3%A9alisateurs-de-documentaires-s-autocensurent-affirment-leur-syndicat-face-au-s%C3%A9nat]</ref>.
Pour Ricardo Gandour, directeur du journalisme au sein du réseau de radio brésilien CBN, les fake news {{citation|réaffirment la mission traditionnelle du journalisme, qui est de tenter d’éclairer la société}}, en particulier en gardant le cap {{citation|de montrer où se trouvent les faits réels et les vrais débats}}<ref name="fnci">"Fake news : ce qu’en pensent les journalistes" par Cristo Saldago, dans ''[[Courrier international]]'' [https://fr.unesco.org/courier/july-september-2017/fake-news-ce-quen-pensent-journalistes]</ref> une des [[journalisme d'investigation|missions du journalisme d'investigation]]<ref name=fnci/>.
Aux Philippines, une fédération de différents médias spécialisés dans le journalisme d’investigation s'est intéressée à la croissance de comptes Facebook suspects lors des élections présidentielles de {{date-|mai 2016}}<ref name=fnci/>. Son étude a recensé au moins 300 sites web propageant des fake news<ref name="fnci" />.
Selon Florian Dauphin, maître de conférences en sociologie, sciences de l'information et de la communication<ref name=Dauphin/>, c'est en tant qu'experts de l’information et via leur savoir-faire dans l'investigation, la recherche des faits et des sources<ref name=Dauphin/>, que les journalistes ont joué leur rôle dans la dénonciation des fausses nouvelles<ref name=Dauphin/>, pour s'adresser à une proportion croissante d’individus qui s’informent via les réseaux sociaux numériques comme Facebook et Twitter<ref name="Dauphin">"Les Fake News au prisme des théories sur les rumeurs et la propagande" par Florian Dauphin, dans la revue ''Études de communication'' en 2019 [https://www.cairn.info/revue-etudes-de-communication-2019-2-page-15.htm]</ref>.
== Influence ==
=== Sur l'opinion ===
{{article détaillé|Controverse sur la vaccination|Controverse sur le réchauffement climatique|Trump's Troll Army}}
Les ''{{langue|en|fake news}}'' (traduction littérale : « informations fausses ou truquées ») font partie d'un phénomène mondial et leur impact est planétaire<ref>{{Article |langue=en |auteur1=Kate Connolly |auteur2=Angelique Chrisafis |auteur3=Poppy McPherson |auteur4=Stephanie Kirchgaessner |auteur5=Benjamin Haas |auteur6=Dominic Phillips |auteur7=Elle Hunt |auteur8=Michael Safi |titre=Fake news: an insidious trend that's fast becoming a global problem |périodique=The Guardian |date=2 décembre 2016 |lire en ligne=https://www.theguardian.com/media/2016/dec/02/fake-news-facebook-us-election-around-the-world |consulté le=19 février 2017}}</ref>. La capacité des fausses nouvelles à induire en erreur entraîne une perception erronée de la vérité et, conséquemment, des jugements erronés relativement aux actions et aux politiques appropriées. Les fausses nouvelles sont répandues par les médias sociaux et les sites de fausses nouvelles, qui se spécialisent dans la création de contenu attirant l'attention et imitant le format de sources fiables<ref>{{Article |langue=en |auteur1=Adrian Chen |titre=The Agency |périodique=New York Times |date=2 juin 2015 |lire en ligne=https://www.nytimes.com/2015/06/07/magazine/the-agency.html |consulté le=19 février 2017}}</ref>{{,}}<ref>{{Article |langue=en |auteur1=Ben Gilbert |titre=Fed up with fake news, Facebook users are solving the problem with a simple list |périodique=Business Insider |date=15 novembre 2016 |lire en ligne=http://www.businessinsider.com/facebook-users-crowdsource-fake-news-document-2016-11 |consulté le=19 février 2017}}</ref>, mais aussi par des hommes politiques<ref>{{Lien web |titre=« Nous ne sommes pas des fake news » : la presse de Washington répond aux attaques de Trump |url=https://www.lemonde.fr/donald-trump/article/2017/04/30/nous-ne-sommes-pas-des-fake-news-la-presse-de-washington-se-defend-contre-les-attaques-de-trump_5120210_4853715.html |site=Le Monde |date=30 avril 2017}}</ref> ou par les plus grands médias<ref>{{Lien web |titre=Rapport : Les listes de 2021 |url=https://www.newsguardtech.com/fr/special-reports/rapport-les-listes-de-2021/ |site=newsguardtech.com |date=2021-12-28}}</ref> avec des visées politiques. Elles sont parfois utilisées dans les [[Piège à clics|pièges à clics]] et l'[[Hameçonnage|hameçonnage par courriel]], présentant du contenu sensationnaliste pour inciter les utilisateurs à cliquer sur un lien, ce qui permet à l'envoyeur d'infecter leur ordinateur avec un [[logiciel malveillant]]<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=Kerry Tomlinson |titre=Fake news can poison your computer as well as your mind |url=http://www.archersecuritygroup.com/fake-news-can-poison-computer-well-mind/ |site=archersecuritygroup.com |date=27 janvier 2017 |consulté le=19 février 2017}}</ref>.
Il existe un biais cognitif nommé « effet de mode » désignant un raccourci mental qu'effectue inconsciemment l'Homme. [[Effet de mode|L'« effet de mode »]] (« ''bandwagon effect'' » en anglais) est le phénomène qui provoque l'augmentation d'un comportement ou de la consommation d'un bien ou d'un service chez des individus lorsqu'ils « savent qu'un grand nombre de personnes ont déjà ce comportement » ou utilisent ce bien. Peu importe que l'information soit véridique ou non, l'individu s'aligne sur l'opinion ou la pensée majoritaire afin de jouir d'une valorisation sociale. Cette dimension mimétique propagerait les ''fake news.
==== Lors des élections ====
Des études anciennes, réalisées dès 1940, montrent que les informations n'ont généralement que peu d'influence directe sur le résultat des élections<ref name=":8" />.
Pour des chercheurs de l'université de New York ou de Stanford qui ont étudié les ''{{langue|en|fake news}}'' durant la campagne présidentielle américaine de 2016, elles ont eu peu d'influence sur l'opinion et n'ont pas modifié le résultat au profit de [[Donald Trump]]<ref name=":3">{{Article |langue=en |auteur1=Hunt Allcott, Matthew Gentzkow |titre=Social Media and Fake News in the 2016 Election |périodique=Journal of Economic Perspective |pages=211-236 |date=printemps 2017 |lire en ligne=https://web.stanford.edu/~gentzkow/research/fakenews.pdf}}</ref>. Les ''{{langue|en|fake news}}'' ont beaucoup de portée mais peu d’impact<ref name=":8" />.
Le {{date-|16 juin 2017}}, dans le contexte de l'[[Affaire du Russiagate]], [[Rod Rosenstein]], [[Procureur général adjoint des États-Unis]] invite les Américains à {{citation|faire preuve de prudence avant d'accorder de la crédibilité à des informations attribuées à des fonctionnaires non identifiés}}. Il a ajouté que {{citation|Le ministère de la Justice a depuis longtemps adopté une politique de ne pas confirmer ou nier de telles allégations}}<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Trump appears to confirm that he's facing obstruction probe |url=http://www.politico.com/story/2017/06/16/trump-appears-to-confirm-that-hes-facing-obstruction-probe-239632 |site=[[Atlantico]] |date=16 juin 2017}}</ref>.
Lors de la [[élection présidentielle française de 2017|campagne présidentielle de 2017]], quatre chercheurs, Oscar Barrera et Ekaterina Zhuravskaya de la [[École d'économie de Paris|Paris School of Economics]] et Sergei Guriev et Emeric Henry de [[Sciences Po Paris]], établissent, à partir d'une étude menée auprès de {{formatnum:2500}} électeurs, que {{citation|le [[Vérification des faits|fact-checking]] échoue complètement à contrecarrer l'effet persuasif des arguments [[Populisme (politique)|populistes]] fondés sur les [[faits alternatifs]]}}<ref>{{Lien web |auteur=Jean-Marie Pottier |titre=Les mensonges rapportent des voix à Marine Le Pen, le fact-checking ne lui en enlève pas |url=http://www.slate.fr/story/148923/le-pen-fake-news-fact-checking |site=[[Slate (magazine)|Slate]] |date=26 juillet 2017 |consulté le=28 juillet 2017}}.</ref>.
==== Dans le domaine de la santé ====
L'un des terrains de prédilection des infox est la santé, marché énorme et thème très facilement viral sur les réseaux sociaux<ref name="Avaaz 2020" />. Ainsi, la généralisation des réseaux comme Facebook a vu l'émergence d'une véritable industrie de la ''fake news'' médicale, avec des sites suivis par plusieurs millions de personnes et énumérant sur un ton sensationnaliste et toujours affirmatif, voire autoritaire, toutes sortes de fausses informations médicales, comme des {{citation|remèdes miracles}} contre l'obésité, le cancer ou d'autres maladies complexes, relayant des idées conspirationnistes et anti-scientifiques contre la médecine, et nourrissant leur flux d'informations fantaisistes sur toutes sortes d'aliments ou de traitements, sans nom d'auteur ni source ou référence médicale<ref name="Santé+Mag">{{Article |langue=fr |auteur1=Adrien Sénécat |titre=Santé+ Magazine, un site emblématique de la « mal-information » sur la santé |périodique=[[Le Monde]] |jour=25 |mois=5 |année=2018 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/05/25/sante-magazine-un-site-emblematique-de-la-mal-information-sur-la-sante_5304505_4355770.html}}</ref>. Les plus populaires sont ''Santé+Magazine'' (site détenu par un ancien cuisinier marocain reconverti dans l'e-business, devenu Santé Plus Mag) avec plus de {{nobr|7 millions}} d'abonnés, mais aussi ''Santenatureinnovation.com'', ''Sante-nutrition.org'', ''Topsante.org'' ou encore ''Altersante.fr'' (détenu par un informaticien français professionnel des [[piège à clics|pièges à clics]])<ref name="Ça doit se savoir" />, tous massivement partagés par des internautes naïfs<ref name="Santé+Mag" />. Depuis 2020 s'ajoutent au palmarès ''Realfarmacy.com'', ''globalresearch.ca'', ''collective-evolution.com'', mais aussi ''ripostelaique.com'' ou encore ''lesmoutonsrebelles.com''<ref name="Avaaz 2020">{{Lien web |langue=fr |auteur=Louis-Valentin Lopez |titre=Une enquête pointe le poids écrasant des fausses informations sur Facebook en matière de santé |url=https://www.franceinter.fr/societe/une-enquete-pointe-le-poids-ecrasant-des-fausses-informations-sur-facebook-en-matiere-de-sante |site=[[France Inter]] |jour=19 |mois=août |année=2020}}.</ref>. Aucun de ces sites n'est tenu par des médecins diplômés (ou même un quelconque personnel médical qualifié), et une grande partie appartiennent à des officines opaques utilisant de fausses identités et de fausses adresses de siège social<ref name="Santé+Mag" />.
L'un des fils les plus actifs sur le Facebook francophone, Santeplusmag ({{nombre|738178 abonnés}} sur Facebook et plusieurs millions de partages, géré par l'homme d'affaires marocain Othman Kabbaj), diffuse essentiellement des informations exagérées ou fausses, aux titres racoleurs et bien souvent dénichées sur des sites qui colportent des rumeurs : {{citation|On y trouve pêle-mêle des révélations sur l'existence d'un vaccin contre le cancer, d'aliments bien plus efficaces que n'importe quel antidépresseur, de potions magiques pour maigrir, mais aussi des faits divers sordides ou des conseils sexualité farfelus et sexistes. [...] les articles sont écrits par une petite dizaine d'auteurs signant sous des pseudos qui laissent rêveur tels que "Noam Thérapie", "Jad Thérapeute" ou "Adam Yoga"}}<ref name="Santé Plus Mag">{{Lien web |langue=fr |auteur=Pierre Bafoil |titre=Fausses rumeurs et prescriptions dangereuses sur "Santé Plus Mag", l'une des pages les plus populaires de Facebook |url=https://www.lesinrocks.com/2018/01/17/actualite/fausses-rumeurs-et-prescriptions-dangereuses-sur-sante-plus-mag-lune-des-pages-les-plus-populaires-de-facebook-111034192/ |site=[[Les Inrockuptibles|Les Inrocks]] |jour=17 |mois=janvier |année=2018}}</ref>.
Les infox virales sur les réseaux sociaux sont considérées{{Par qui}} comme un des principaux vecteurs de la {{citation|[[controverse sur la vaccination]]}} et de celle concernant le [[Controverse sur le réchauffement climatique|réchauffement climatique]]{{Référence nécessaire}}, ainsi que de la propagation de [[pseudo-médecine]]s ou de théories complotistes notamment à propos de la [[COVID-19]]<ref name="Avaaz 2020" />.
=== Sur la mémoire ===
[[Fichier:Posterior lobe of cerebellum - animation.gif|vignette|Lobe frontal gauche]]
Un article paru dans la revue ''Psychology of Popular Media'' en 2015 montre que lorsqu'un média publie des informations biaisées voire fausses, cela provoque chez le lecteur une distorsion importante de la mémoire<ref>{{en}} [https://psycnet.apa.org/doiLanding?doi=10.1037%2Fppm0000015 Lawson, Victoria, Strange, Deryn, ''Psychology of Popular Media Culture'', American Psychology Association, 2015] : {{Citation étrangère|langue=en|We found that despite being trusted less, more extreme reports were more likely to lead to memory distortion.}}</ref>.
=== Sur l'attention ===
Une catégorie d'effets des infox renvoie à la question d'[[attention]].
En effet, l'attention des cybercitoyens est constamment sollicitée par des fournisseurs d'informations qui cherchent à exercer une certaine influence. Une étude de 2018<ref name="cairn_guide_harsin">[https://www.cairn.info/revue-pouvoirs-2018-1-page-99.htm?contenu=resume Harsin, ''Un guide critique des fake news : de la comédie à la tragédie'', Pouvoirs, 2018].</ref> démontre que le partage d'articles sur Facebook est plus important pour les fausses informations que pour les vraies informations. Certains individus préfèrent diffuser des fausses informations plutôt que des vraies. Cette diffusion focalise l'attention sur les fausses informations.
=== Sur l'affect et les émotions ===
Les infox font appel à nos émotions et à notre affect, et non pas à notre raisonnement, ce qui génère des conséquences. En effet, elles suscitent des émotions différentes comme la colère, la solidarité, la peur, la surprise, la joie ou même le dégoût<ref>{{Article |prénom1=Antoine |nom1=Char |titre=Anatomie des fausses nouvelles dans le cyberespace |périodique=Communication |numéro=vol. 35/2 |date=2018-11-28 |issn=1189-3788 |issn2=1920-7344 |doi=10.4000/communication.7966 |lire en ligne=http://dx.doi.org/10.4000/communication.7966 |consulté le=2019-12-15}}</ref>{{,}}<ref>{{Article |langue=en |auteur1=Soroush Vosoughi, Deb Roy, Sinan Aral |titre=The spread of true and false news online |périodique=Science |volume=359 |numéro=6380 |pages=1146–1151 |date=2018 |doi=10.1126/science.aap9559}}</ref>. Le sensationnel l’emporte donc sur le rationnel. Mais toutes ces émotions que nous ressentons nous poussent à commenter ou à partager ces fausses informations (c’est ce qu’on appelle l’action numérique)<ref>{{Chapitre |titre chapitre=Etude 4 – Les raisons de la colère - 231 |titre ouvrage=Les bonnes raisons des émotions |éditeur=Peter Lang |isbn=978-3-0343-0602-7 |lire en ligne=http://dx.doi.org/10.3726/978-3-0352-0070-6/17 |consulté le=2019-12-15}}</ref>, ce qui engendre de fausses croyances. Ces informations, parfois contradictoires, ne cherchent donc pas à nous informer mais à nous tromper, c’est pourquoi la méfiance sociale a atteint un niveau important et que les individus ne savent plus en quelles informations ils peuvent avoir confiance, ni même s'ils peuvent faire confiance aux vérificateurs d'informations. Pourtant, la vérification de ces informations nécessite un travail laborieux, produisant parfois du [[cynisme]] ainsi que de la [[frustration]].
== Vulnérabilité face aux infox ==
Lorsque les individus sont confrontés à des infox, leurs croyances et attitudes par rapport à l'objet de celles-ci peuvent être influencées. Cette vulnérabilité dépend de facteurs individuels et s'explique par différents mécanismes.
=== Processus déterminant la crédulité des personnes face aux infox ===
==== Modèle de la probabilité d'élaboration de l'information ====
Lorsque l'on présente une information à visée persuasive à un individu, celui-ci ne va pas toujours l'analyser en profondeur. Souvent, il va simplement traiter l'information de façon superficielle<ref>Petty, R.E.,& Cacioppo, J.T (1986). [https://pdfs.semanticscholar.org/99af/4f08542ce181fa67349e57806387ece1f335.pdf The elaboration likelihood model of persuasion]. In ''Communication and persuasion'' ({{p.|1-24}}). Springer New York.</ref>. Si rien ne semble l'alerter dans son contenu (concernant la véracité des propos), la personne ne va pas investiguer plus loin et sera susceptible de se laisser influencer. Si l'information semble s'appuyer sur une source scientifique qui soutient la position défendue dans le document, il y a de fortes chances pour que l'individu soit influencé positivement dans son sens.
==== Scepticisme et crédulité par défaut ====
* En dehors de situations d'influence à visée persuasive, comprendre la crédulité face aux infox demande de répondre à la question suivante : comment les gens en viennent-ils à considérer une information comme vraie ou fausse? Deux grands types de réponses ont été apportées par rapport à cette question<ref>Gilbert D. T., Tafarodi R. W. & Malone P. S., "You can't not believe everything you read". ''Journal of Personality and Social Psychology'', {{n°|65}}, 1993, {{p.|221-233}}.</ref>.
* D'une part, le scepticisme correspond au postulat cartésien selon lequel il est possible d'être exposé à une information fausse sans pour autant y adhérer. [[René Descartes|Descartes]], dans ses méditations métaphysiques<ref>Descartes R., ''[http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/file/descartes_méditations.pdf Méditations métaphysiques]'', Paris, 1641, {{p.|62}}.</ref> opère une distinction fondamentale entre la représentation et la conviction. Il invite l'individu à se montrer sceptique face à toute théorie et à analyser les différents éléments qui créditent ou discréditent cette théorie avant de se prononcer. Selon ce postulat, on peut donc « envisager » une idée avant de la considérer comme vraie. Lorsque l'intellect de l'individu en aura formulé une représentation qu'il considère comme satisfaisante, il sera alors en mesure de décider s'il y adhère ou s'il la considère comme fausse et/ou infondée.
* Une recherche de Johnson et Seifert<ref>Johnson, Hollyn M., Seifert, Colleen M. Journal of Experimental Psychology: Learning, Memory, and Cognition, Vol 24(6), {{date-|novembre 1998}}, 1483-1494</ref> a étudié si une infox corrigée avait toujours de l’influence sur les gens lors de lectures ultérieures. On appelle cela l'« effet d’influence persistante » (''{{langue|en|continued influence effect}}''). Les résultats suggèrent que la désinformation corrigée peut continuer à influencer les processus de lecture. Lors de cette recherche, le récit d'un incendie dans un entrepôt a été présenté à des participants. On présentait une cause possible de l'incendie dans le récit (des produits inflammables laissés dans un placard). Le rôle de cette cause était ultérieurement démenti (il n'y avait pas de produits inflammables dans le placard). Dans un laps de temps court après la correction de l’information, on a posé des questions à ces participants sur leur vision de cet incendie. Dans une condition contrôle, ces informations n'étaient pas présentées. On a pu constater que, dans la condition de correction, les informations ultérieurement corrigées étaient davantage utilisées dans les récits des sujets et dans les inférences qu'ils proposaient que dans la condition contrôle. Corriger une information ne suffit donc pas à éliminer son influence sur la vision que les sujets ont de l'événement. Cela peut s’expliquer par le fait que le participant s’est préalablement construit un faux récit avec la fausse information et, comme le récit est cohérent, il reste présent malgré la connaissance que l’information est fausse.
* Pantazi, Kissine, et Klein<ref>Pantazi, M., Kissine, M., & Klein, O. (2017). The power of the truth bias: False information affects memory and judgment even in the absence of distraction. ''Social cognition''</ref> ont mené une expérience visant à départager la vision « cartésienne » et « spinozienne » de l'exposition à des informations fausses. Les chercheurs décrivaient un crime en y ajoutant des informations présentées explicitement comme fausses. Celles-ci apportaient soit des circonstances aggravantes, soit des circonstances atténuantes. À la fin de l'expérience, les sujets devaient attribuer une peine aux prévenus sur la base de ces informations. Les sujets se montraient davantage cléments envers ces derniers lorsque l'information fausse comportait des circonstances atténuantes. Appliquée aux infox, cette expérience suggère qu'il est difficile de se montrer en véritable sceptique devant de telles constructions: faute de ressources cognitives suffisantes et de la motivation nécessaire, l'individu est capable de prendre celles-ci comme vraies sans même s'apercevoir de la faillite de son esprit critique. Le modèle « spinozien » {{Quoi}} est donc étayé par ces données.
* La propagation des infox amène les internautes, jusqu'aux professionnels de l'information, à un scepticisme grandissant quant aux informations diffusées sur Internet, notamment sur les réseaux sociaux. En effet, dans l'article "Les doutes de journalistes américains à propos de Twitter"<ref>{{Article |langue=fr |titre=Les doutes de journalistes américains à propos de Twitter |périodique=Le Monde |date=2018-09-01 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/09/01/les-doutes-des-journalistes-americains-a-propos-de-twitter_5348970_3234.html |consulté le=2019-12-17}}</ref>, [[Maggie Haberman]], correspondante du ''New York Times'' à la Maison Blanche confie au journal ''Le Monde'' : « Twitter a cessé d’être le lieu où je pouvais apprendre des choses que je ne savais pas, glaner des informations sans erreur sur une grosse actualité ou m’engager dans une discussion et avoir raisonnablement confiance dans le fait que les critiques des gens étaient de bonne foi ».
==== Effet de vérité illusoire ====
L'[[effet de vérité illusoire]] est un autre phénomène expliquant la vulnérabilité aux infox. Selon Unkelbach et Rom<ref>Unkelbach, C., & Rom, S. C. (2017). À referential theory of the repetition-induced truth effect. Cognition, 160,110-126.</ref>, plus une information serait répétée, plus les personnes qui y sont confrontées seraient susceptibles d'y croire. De plus, lors de la première écoute, des liens entre les différents éléments de l'information se forment au sein de la mémoire de l'individu. Dès lors, à chaque écoute de cette information ou d'une information comprenant les mêmes liens, ces derniers seront davantage renforcés. Si l'information est finalement fausse, cela n'a plus beaucoup d'effet.
On a tendance à croire plus facilement une information répétée qu'elle soit fausse, ou vraie. En effet l'être humain est plus enclin à croire les fausses nouvelles même si elles étaient accompagnées par un avertissement que des vraies informations si celles-ci ne sont vues qu'une seule fois<ref>{{Lien web |auteur=Bouchra Ouatik |titre=Pourquoi croit-on les fausses nouvelles? |url=https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1173415/pourquoi-croyance-fausses-nouvelles-complots-cerveau-biais-cognitifs |site=ici.radio-canada.ca |date=5 juin 2019 |consulté le=2019-11-22}}.</ref>.Ce phénomène est surtout appuyé par les [[Réseau social|réseaux sociaux]] et médias dans le mécanisme des ''fake news''<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Gordon |nom1=Pennycook |prénom2=Tyrone |nom2=Cannon |prénom3=David G. |nom3=Rand |titre=Prior Exposure Increases Perceived Accuracy of Fake News |périodique=[[Journal of Experimental Psychology]] |éditeur=Social Science Research Network |date=2018-05-03 |doi=10.1037/xge0000465 |lire en ligne=https://papers.ssrn.com/abstract=2958246 |consulté le=2019-11-22}}.</ref>.
==== Induction d'infox ====
Outre leur influence directe sur les jugements, si on confronte des personnes à de fausses informations qui semblent s'imposer comme des évidences, leur [[Mémoire (psychologie)|mémoire]] peut s'en trouver altérée. Un exemple parlant, qui provient des travaux d'[[Elizabeth Loftus]]<ref>Inspirée des travaux de Loftus et Palmer (1974): Loftus, E. F., & Palmer, J.C. (1974). Reconstruction of automobile destruction: An example of the interaction between language and memory. Journal of verbal learning and verbal behavior, 13''(5), 585-589.''</ref>, est le suivant : si on raconte un souvenir à une personne et que l'on modifie un détail en le présentant comme une évidence même de l'histoire, on peut influencer cette personne et effectivement l'amener à croire que cet élément reflète une expérience autobiographique. C'est ce qu'on appelle des [[Faux souvenirs]] induits. Ce concept a été travaillé dans une étude de Loftus<ref>Loftus, E. F., & Pickrell, J. E. (1995). The formation of false memories. Psychiatric Annals, 25, 720-725</ref> nommée "[[Perdu dans un centre commercial (technique)|Perdu dans un centre commercial]]''".'' C'est une technique d'influence de la mémoire qui avait pour but de démontrer que des confusions étaient possibles sur des événements qui ne se sont jamais produits à partir de suggestions faites à des sujets d'expériences.
==== Myopie métacognitive ====
La myopie métacognitive est un terme utilisé la première fois par [[Robyn Dawes]]. Cette myopie suggère que les individus se préoccupent davantage de l'utilisation correcte de l'échantillon d'informations qu'ils ont à leur disposition plutôt que de l'évaluation critique de l'origine de cet échantillon ainsi que de la validité des sources de celui-ci<ref>{{Lien web |titre=ScienceDirect |url=https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/B9780123942937000017?via%3Dihub |site=www.sciencedirect.com |doi=10.1016/b978-0-12-394293-7.00001-7 |consulté le=2019-04-03}}.</ref>.
=== Autres processus qui favorisent la vulnérabilité ===
Certains travaux fondateurs en [[psychologie sociale]] nous alertent sur notre « tendance à croire » toute information à condition que celle-ci soit accompagnée d'un minimum d'arguments{{refnec}}.
Une étude<ref name="hal-01819233">{{Lien web |titre=Arnaud Mercier, ''Fake News et post vérité, 20 textes pour comprendre la menace'', Archives ouvertes, 2018 |url=https://hal.univ-lorraine.fr/hal-01819233/document}}</ref> démontre qu'il suffit de fournir aux individus un simple [[Effet placebo|placebo]] de justification sans aucune validité pour obtenir d'eux de les dépasser dans la file du photocopieur universitaire. La fausse information fournie permet de dépasser les individus à même titre que si l'information fournie était réelle. Selon cette étude, il s'agit du principe d'économie cognitive qui prend le relais et qui épargne à l'interlocuteur le coût du traitement sémantique de ces informations en le plongeant dans une légère torpeur. Elle baptise cet état celui d'« abêtissement ».
L’utilisation de ces raccourcis mentaux rend l’être humain victime de distorsions cognitives<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Angelo Di Caterino (CeReS, Université de Limoges) |url=https://www.unilim.fr/ceres-colloquenudges2019/resumes/angelo-di-caterino-ceres-universite-de-limoges/ |site=Colloque "Nudges" 2019 : De la manipulation à l'incitation - Inflexion des comportements et politiques publiques |consulté le=2019-12-13}}</ref>.
Il s'avère que cette paresse cognitive se retrouve dans l'ensemble de la vie sociale. Elle se traduit à travers la tendance à juger le bien-fondé d'une information sur la base de la structure argumentaire qui l'accompagne et non sur son contenu. En d'autres termes, une infox est rapidement perçue comme plus valide qu'elle ne l'est vraiment dès lors qu'une connexion se présente entre un objet controversé qui doit être légitimé et une source de légitimité. La paresse cognitive pousse à la confiance, un individu préfère ainsi postuler qu'une information est vraie plutôt que de vérifier par lui-même<ref name="hal-01819233" />.
Le processus que l'on appelle l'« effet troisième personne » est un phénomène qui consiste à penser que les autres sont plus vulnérables que nous le sommes à l'influence persuasive des médias sociaux<ref>{{Article |auteur=W. Phillips Davison|titre=The third person effect in communication|périodique=The Public Opinion Quarterly|date=1983 |lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/pdf/2748702.pdf?}}</ref>. Si vous ne croyez pas aux fake news, mais que vous êtes persuadés que d'autres individus peuvent y croire, alors vous êtes sensible à cet effet.
Une seconde étude menée par des chercheurs américains démontre que l'identification à un parti, les effets sociaux indésirables, et l'efficacité de la politique, augmentent l'effet troisième personne<ref>{{Lien web |titre=(PDF) Third person effects of fake news: Fake news regulation and media literacy interventions |url=https://www.researchgate.net/publication/321239042_Third_person_effects_of_fake_news_Fake_news_regulation_and_media_literacy_interventions}}</ref>.
=== Différences individuelles ===
Différents facteurs individuels peuvent également influer sur la vulnérabilité d'un individu face aux infox.
Concernant le facteur âge, les résultats d'une première étude démontrent que, selon les conditions, les plus jeunes et les personnes âgées commettent autant d'erreurs de désinformation<ref>{{Lien web |titre=Robin L. West, Kevin R. Stone, ''Age differences in eyewitness memory for a realistic event'', Gerontology, 2013 |url=https://academic.oup.com/psychsocgerontology/article/69/3/338/623610}}</ref>. Les résultats d'une seconde étude orientée sur le partage de faux articles lors de la campagne présidentielle américaine de 2016 démontrent que, les personnes âgées de plus de {{nobr|65 ans}} ont partagé près de sept fois plus d'articles qui concernent de la fausse actualité que les personnes plus jeunes<ref name=":14">{{Lien web |titre=Guess, Nagler, Tucker, ''Less than you think : prevalence and predictors of fake news dessimination on Facebook'', Sciences Advances, 2019 |url=http://advances.sciencemag.org/content/5/1/eaau4586}}</ref>.
Concernant les facteurs de [[personnalité]], une étude menée sur {{nobr|436 étudiants}} universitaires en Chine démontre que certaines dimensions qui proviennent du [[test de personnalité]] TCI-R influencent la relation qu'ont les individus avec les infox.
* La première de ces dimensions est l'évitement du danger. Le fait d'être [[anxieux]] protège des infox. À l'inverse, être moins anxieux rend plus vulnérable aux infox.
* La seconde de ces dimensions est la coopération, la dépendance à la récompense. Le fait d'être coopératif, doté d'[[empathie]] ou en constante recherche d'[[Renforcement social|approbation sociale]] n'aide pas à remettre en question les infox et augmente la tendance à y croire.
* La dernière de ces dimensions est l'[[Théorie de l'auto-détermination|autodétermination]]. Les individus à haut niveau d'autodétermination seraient plus vulnérables. Le fait pour un individu d'avoir une perception trop positive de sa capacité à se souvenir des informations lui ferait généralement préférer se fier à des suggestions provenant d'autrui plutôt que de donner l'impression de ne pas avoir une bonne mémoire<ref>{{Article |prénom1=Bi |nom1=Zhu |prénom2=Chuansheng |nom2=Chen |prénom3=Elizabeth F. |nom3=Loftus |prénom4=Chongde |nom4=Lin |titre=Individual differences in false memory from misinformation: Personality characteristics and their interactions with cognitive abilities |périodique=Personality and Individual Differences |volume=48 |numéro=8 |pages=889–894 |date=1 juin 2010 |doi=10.1016/j.paid.2010.02.016 |lire en ligne=https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0191886910000784 |first5=Qinghua |last5=He |first6=Chunhui |last6=Chen |first7=He |last7=Li |first8=Robert K. |last8=Moyzis |first9=Jared |last9=Lessard |first10=Qi |last10=Dong |via=ScienceDirect}}</ref>.
== Lutte contre les mensonges ==
[[Fichier:Comment réperer de « fake news » (How To Spot Fake News).jpg|vignette|230px|Visuel réalisé par le site ''FactCheck.org'']]
=== Opinions ===
Les réactions face aux infox ne sont pas unanimes. Les [[GAFAM]]{{note|GAFAM est un acronyme formé de l'initiale des cinq grandes firmes américaines qui dominent le marché du numérique : Google ; Apple ; Facebook ; Amazon et Microsoft.|groupe=n}}, des journaux et des gouvernements sont favorables à la lutte contre les informations fallacieuses. À l'opposé, des mouvements politiques et des intellectuels jugent ce combat liberticide et dangereux. Selon eux, ni les groupes informatiques (GAFAM)<ref>{{Article |langue=en-US |prénom1=John |nom1=Herrman |titre=How Hate Groups Forced Online Platforms to Reveal Their True Nature |périodique=The New York Times |date=2017-08-21 |issn=0362-4331 |lire en ligne=https://www.nytimes.com/2017/08/21/magazine/how-hate-groups-forced-online-platforms-to-reveal-their-true-nature.html |consulté le=2018-01-19}}</ref>{{,}}<ref>{{Article |langue=en-US |titre=Google is squashing free speech, and it’s time we did something about it |périodique=LifeSiteNews |date=2017 |lire en ligne=https://www.lifesitenews.com/blogs/liberal-bias-shown-by-internet-giants-like-google-paypal-raises-serious-con |consulté le=2018-01-19}}</ref> ni les gouvernements n'ont de légitimité à déterminer ce qui est vrai et ce qui est faux, d'autant moins qu'ils sont eux-mêmes susceptibles de diffuser des infox<ref>{{Article |langue=en-GB |titre=Donald Trump just gave out his 'fake news awards'. Here's the story behind them |périodique=[[The Independent]] |date=2018-01-18 |lire en ligne=https://www.independent.co.uk/news/world/americas/trump-fake-news-awards-donald-real-truth-story-behind-winners-anticipated-a8166056.html |consulté le=2018-01-19}}.</ref>{{,}}<ref name=":4" />{{,}}<ref name=":7">{{Lien web |langue=fr |titre=Emmanuel Todd : « Le principal producteur de fake news, c'est l'État » |url=https://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20180226.OBS2741/emmanuel-todd-le-principal-producteur-de-fake-news-c-est-l-etat.html |site=bibliobs.nouvelobs.com |date=2018-06-08 |consulté le=2021-09-06}}.</ref>.
=== Par les GAFAM ===
[[First Draft News]] et {{Lien|langue=en|trad=Google News Lab}} ont lancé le projet CrossCheck<ref>{{Lien web |titre=CrossCheck, travailler ensemble pour donner des informations authentiques |url=https://crosscheck.firstdraftnews.com/france-fr/ |site=CrossCheck |date=2017}}</ref> de contrôle des ''fake news'' auquel se sont associées des rédactions françaises et américaines. Claire Wardle de First Draft {{citation|établit une typologie de "fake news", qui va du mauvais journalisme à la propagande en passant par la parodie ou le contenu politique orienté}}{{sfn|Gauron|2017|p=4}}. En réalité, lutter contre les ''fake news'' est difficile car en parler, même pour démentir, c'est contribuer à les répandre{{sfn|Gauron|2017|p=4}}.
==== Google ====
Google interdit les publicités sur le contenu, y compris les vidéos YouTube, quand elles contiennent de [[déni du réchauffement climatique|fausses allégations sur le changement climatique]]<ref name="NYtmes2020_2021">{{Lien web |langue=en-US |prénom=Davey |nom=Alba |titre=Tracking Viral Misinformation |url=https://www.nytimes.com/live/2020/2020-election-misinformation-distortions |site=The New York Times |date=2020-09-16 |issn=0362-4331 |consulté le=2021-10-19}}</ref>.
==== Facebook ====
Cette plateforme s'est engagée à endiguer la propagation de ''{{langue|en|fake news}}'' sur son réseau social en pénalisant les médias suspectés d'en être les vecteurs<ref>{{Lien web |titre=Les pages Facebook qui diffusent des fake news ne pourront plus acheter de publicité |url=https://www.blogdumoderateur.com/facebook-fake-news-publicite/ |site=blogdumoderateur.com |date=29 août 2017}}</ref>.
Lors de l'[[élection présidentielle française de 2017]], Facebook a annoncé avoir supprimé plus de {{nombre|30000 comptes}}<ref>{{Article |langue=en-GB |titre=Facebook admits states have used its service to influence foreign elections |périodique=The Telegraph |date=2017 |lire en ligne=https://www.telegraph.co.uk/technology/2017/04/28/facebook-admits-states-have-used-service-influence-foreign-elections/ |consulté le=2017-09-06}}</ref>.
Les infox sont aussi diffusées sous forme de messages sponsorisés sur les médias sociaux. En {{date-|mai 2018}}, après le [[scandale Facebook-Cambridge Analytica]]/[[Aggregate IQ]], Facebook s'engage aux [[États-Unis]] à clairement labelliser les publicités politiques ; et l'identité de l’annonceur apparaîtra avec des informations complètes sur les campagnes de publicité qu'il a financées<ref name=":9">{{Article |langue=fr |titre=Labels, moteur de recherche… les nouveaux dispositifs de Facebook sur la publicité politique |périodique=Le Monde |date=2018-05-25 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/05/25/labels-moteur-de-recherche-les-nouveaux-dispositifs-de-facebook-sur-la-publicite-politique_5304618_4408996.html |consulté le=2019-01-04}}.</ref>. Un moteur de recherche permet désormais de connaître les publicités politiques sur Facebook et Instagram (par annonceur ou par mot-clé), notamment en France, mais seules les contenus destinés au public américain sont indexés<ref name=":9" />.
Facebook s'est aussi associé avec une trentaine de médias dont ''[[Libération (journal)|Libération]]'', ''[[le Monde]]'' et l'[[Agence France-Presse|AFP]] en France<ref>{{Article |langue=fr |titre=Facebook met en avant ses efforts pour lutter contre les fausses informations |périodique=Le Monde |date=2018-11-30 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/30/facebook-met-en-avant-ses-efforts-pour-lutter-contre-les-fausses-informations_5390715_3234.html |consulté le=2018-12-24}}.</ref>. En {{date-|novembre 2018}}, ce partenariat concernait quatre langues et dix pays dont les États-Unis, le Mexique, le Nigeria, la Turquie, le Pakistan, l'Inde, les Philippines, le Brésil, le Canada et la France. Le réseau de surveillance doit encore être agrandi mais une étude des Décodeurs du « Monde » montre que le nombre d’engagements suscités par un éventail de 630 sites francophones avec des contenus douteux a diminué de moitié entre 2015 et 2018<ref>{{Article |langue=fr |titre=Les fausses informations circulent de moins en moins sur Facebook |périodique=Le Monde |date=2018-10-17 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/10/17/les-fausses-informations-perdent-du-terrain-sur-facebook_5370461_4355770.html |consulté le=2018-12-24}}.</ref>. En {{date-|février 2019}}, le site web d'information [[Snopes]] annonce qu'il quitte le programme de vérification des données de Facebook car certains journalistes doutent de son efficacité<ref>{{Article |langue=en-GB |prénom1=Sam |nom1=Levin |titre=Snopes quits Facebook's factchecking program amid questions over its impact |périodique=The Guardian |date=2019-02-01 |issn=0261-3077 |lire en ligne=https://www.theguardian.com/technology/2019/feb/01/snopes-facebook-factchecking-program-false-news |consulté le=2019-02-03}}</ref>.
==== YouTube ====
La plate-forme était, jusqu'à la fin de l'été 2021, en retard par rapport aux autres GAFA en termes de politiques de lutte contre la désinformation, généralement annoncées plusieurs semaines ou mois après celles de Facebook ou Twitter<ref name=NYtmes2020_2021/>. À l'automne 2021, YouTube a cependant durci ses politiques, interdisant notamment la désinformation anti-vaccin, notamment en suspendant les comptes d'éminents militants anti-vaccins comme Joseph Mercola et Robert F. Kennedy Jr<ref name=NYtmes2020_2021/>.
Une étude du Centre pour les médias sociaux et la politique de l'Université de New York montre que l'effort fait par YouTube contre la désinformation électorale entre fin [[2020]] et début [[2021]] a été suivi d'une forte baisse de la prévalence des vidéos trompeuses sur Facebook, mais aussi conséquemment sur [[Twitter]] et [[Facebook]]<ref name=NYtmes2020_2021/>. Une diminution de l'intérêt pour les théories de la fraude électorale qui aurait bloqué la réélection de D. Trump a peut être chuté en partie après que les États aient certifié leurs résultats électoraux, mais l'étude semble confirmer la grande influence de YouTube sur les grands réseaux sociaux<ref name=NYtmes2020_2021/>. Par exemple :
* les vidéos affirmant qu'il y avait eu une fraude électorale en défaveur de Trump après les élections du {{date-|3 novembre}} comptaient pour environ un tiers de toutes les vidéo partagées à propos des élections sur Twitter, la plupart venant de sources ayant déjà promu la désinformation électorale dans le passé (ex : [[Project Veritas]], {{Lien|langue=en|trad=Right Side Broadcasting Network}} et [[One America News Network]])<ref name=NYtmes2020_2021/>. Mais après le {{date-|8 décembre}} (jour où YouTube a dit qu'il allait supprimer les vidéos promouvant la théorie infondée des fraudes généralisées ayant truqué l'élection présidentielle), les allégations de fraude électorale ont fortement chuté aussi sur Twitter, tombant sous les 20 % le {{date-|21 décembre}}, diminuant encore (à 5 %) après que le {{date-|7 janvier}} YouTube a annoncé un boycott momentané puis définitif des chaînes enfreignant sa politique de désinformation électorale<ref name=NYtmes2020_2021/>.
* De même sur Facebook : le partage de vidéos basées sur des théories de complots de fraude est passé de 18 % de toutes les vidéos sur Facebook juste avant le {{date-|8 décembre}} puis a baissé puis remonté avant le {{date-|6 janvier}} ([[Assaut du Capitole par des partisans de Donald Trump|émeute et assaut du Capitole]]) puis est tombée à 4 % juste après la mise en place des nouvelles politiques le {{date-|7 janvier}}<ref name=NYtmes2020_2021/>.
Selon Ivy Choi (porte-parole de YouTube) c'est maintenant la seule grande plate-forme en ligne dotée d'une {{Citation|politique d'intégrité pour l'élection présidentielle}}<ref name=NYtmes2020_2021/> ; Youtube est l'une des 'sources' les plus partagés et "donc lorsque la plate-forme de YouTube devient plus saine, d'autres plate-formes le deviennent aussi."<ref name=NYtmes2020_2021/>.
==== Critique des mesures prises par les GAFAM ====
De nombreuses critiques sur le manque d'efficience de ces mesures ont été formulées, notamment après les incidents du [[Manifestation « Unite the Right » à Charlottesville|rassemblement « Unite the Right » à Charlottesville]] ([[2017]]) ; Internet est un ensemble de services de base pour la plupart détenus et gérés par des hébergeurs privés de contenu, qui donnent aux utilisateurs la possibilité de le consulter ou d’en créer de nouveaux. Si ces hébergeurs ne veulent pas d'une chose sur Internet, ils peuvent la censurer et la faire disparaître d'internet dans le monde entier<ref name=":Glaser">{{Article |langue=en |prénom1=April |nom1=Glaser |titre=Nazis and White Supremacists Are No Longer Welcome on the Internet. So They’re Building Their Own. |périodique=Slate Magazine |date=Août 2017 |lire en ligne=https://slate.com/technology/2017/08/the-alt-right-wants-to-build-its-own-internet.html |consulté le=2017-09-05}}</ref>. Ce contrôle d'Internet s'est concentré dans les mains de quelques entreprises monopolistiques qui font tout pour que le public n'en soit pas conscient<ref name=":Glaser" />. À la suite de la mise en place de cette 'censure', l’éditorialiste [[Tucker Carlson]] s’est inquiété de l’absence de contrôle de ces opérateurs de services Web et a proposé que les autorités publiques s'assurent que Google n’entrave plus la libre circulation de l'information<ref>{{Article |langue=en-US |titre=Tucker Carlson Tonight - Tucker: Google must be regulated |périodique=Fox News |date=2010-06-17 |lire en ligne=http://www.foxnews.com/on-air/tucker-carlson-tonight/index.html#/v/5541197078001 |consulté le=2017-09-05}}</ref>. Selon Carlson, « Google est en 2017 la société la plus puissante de l'histoire du monde. Google contrôle la réalité et a déjà démontré une volonté troublante de fausser cette réalité à des fins idéologiques »<ref name=":squashing">{{Article |langue=en-US |titre=Google is squashing free speech, and it’s time we did something about it |périodique=LifeSiteNews |date=2017 |lire en ligne=https://www.lifesitenews.com/blogs/liberal-bias-shown-by-internet-giants-like-google-paypal-raises-serious-con |consulté le=2017-09-19}}.</ref>. Réagissant à un blocage des revenus grâce aux contenus publicitaires de centaines de vidéos sur [[YouTube]], [[Sky News]] écrit « c'est de l'intimidation. Le débat n'existe plus »<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Australian News Channel Pty |nom1=Ltd |titre=Facebook blocks traditional marriage campaign |périodique=SkyNews |date=2017 |lire en ligne=http://www.skynews.com.au/video/program/program_featured/2017/08/18/facebook-blocks-traditional-marriage-campaign.html |consulté le=2017-09-19}}</ref> (voir aussi [[Censure d'Internet#Principaux opérateurs de services Web|Censure d'Internet]]).
=== Dans le monde ===
Le monde commence à s'armer contre les fake news notamment en France, en Allemagne, au Brésil, au Kenya, en Italie, à Singapour<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Fake news : Singapour légifère contre Facebook, Google et Twitter |url=https://www.lopinion.fr/edition/wsj/fake-news-singapour-legifere-contre-facebook-google-twitter-182857 |site=L'Opinion |date=2019-04-02 |consulté le=2019-12-12}}</ref> ou encore en Malaisie<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Des lois nouvelles contre les fake news dans quelques pays |url=https://lexpansion.lexpress.fr/actualites/1/actualite-economique/des-lois-nouvelles-contre-les-fake-news-dans-quelques-pays_2025267.html |site=LExpansion.com |date=2018-07-13 |consulté le=2019-12-12}}.</ref>.
==== Allemagne ====
[[Netzwerkdurchsetzungsgesetz]] (NetzDG) est la loi datant du {{date-|1er janvier 2018}} permettant aux utilisateurs des réseaux sociaux de signaler, ou faire vérifier et supprimer un article illégal, faux ou haineux en moins de 24 heures. Cette loi a été prononcée pour en partie limiter le flux de fausses informations sur les migrants. Elle a fait l'objet de beaucoup de controverses car elle remet en question la liberté d'expression en Allemagne<ref>{{Article |auteur1=Martin Untersinger |titre=L’Allemagne a déjà fait une loi pour lutter contre la haine en ligne, son efficacité est incertaine |périodique=[[Le Monde]] |date=2019-07-04 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/07/04/lutte-contre-la-haine-en-ligne-l-impossible-bilan-de-la-loi-allemande_5485218_4408996.html |consulté le=2019-12-12}}.</ref>.
==== Belgique ====
Contrairement à certains pays qui condamnent les fake news, d'autres, comme la Belgique, n'ont au contraire pas de loi à ce sujet. En effet, la commission chargée par le ministre belge de rédiger un rapport, a dit non à l'idée d'une « loi » sur les fake news. Pour le groupe d'experts une législation répressive n’est pas la solution pour traiter le problème des fake news<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=La Belgique n'adoptera pas de loi sur les fake news |url=https://www.droit-technologie.org/actualites/belgique-nadoptera-de-loi-fake-news/ |site=Droit & Technologies |date=2018-07-30 |consulté le=2020-01-31}}</ref>. Ils prônent à l'inverse l'autorégulation. De plus, ils épargnent le rôle des plates-formes comme YouTube et Facebook dans les fake news, en les invitant à « garantir la transparence » sur la façon dont les algorithmes sélectionnent les informations à leurs utilisateurs<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Faire de la Belgique un « laboratoire anti-fake news » |url=https://www.lesoir.be/168570/article/2018-07-17/faire-de-la-belgique-un-laboratoire-anti-fake-news |site=Le Soir Plus |date=2018-07-17 |consulté le=2020-01-31}}</ref>.
==== Brésil ====
Le {{date-|6 août 2018}}, 24 médias brésiliens ont décidé de créer une coalition<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Le Point |nom=magazine |titre=Au Brésil, des médias s'unissent pour lutter contre les fake news |url=https://www.lepoint.fr/monde/au-bresil-des-medias-s-unissent-pour-lutter-contre-les-fake-news-28-06-2018-2231518_24.php |site=Le Point |date=2018-06-28 |consulté le=2020-01-31}}</ref> pour lutter contre les fake news, ce projet est baptisé « Comprova », du verbe prouver en portugais. Ce projet est mené par de grands journaux, les chaînes de TV, les radios ou des sites du pays, tels [[BandNews TV|BandNews]], l'[[Agence France-Presse]] au Brésil, Canal Futura, Correio do Povo, [[Folha de S.Paulo]], [[Gazeta do Povo]], [[Jornal do Commercio]], Metro Brasil, [[Nexo Jornal]], [[O Estado de S. Paulo|O Estado de S.Paulo]], [[Poder360]], [[Piauí]], [[Rádio Bandeirantes]], [[Sistema Brasileiro de Televisão|SBT]], [[Universo Online|UOL]] ou encore [[Veja (magazine)|Veja]]. Comprova lutte contre les fausses informations présentes sur les réseaux sociaux et Internet, notamment dans le cadre des présidentielles en 2018. Ce projet est soutenu par plusieurs grandes organisations comme [[l'Abraji]] (Association brésilienne de journalisme d'investigation), le Projor (Institut pour le développement du journalisme) et l'appui technique et financier de [[Google]] et de [[Facebook]]. Le Tribunal supérieur électoral (TSE) du Brésil a déjà signé des accords avec des grands leaders mondiaux comme Facebook et Google pour limiter dans un premier temps les fake news avant les élections présidentielles en 2018<ref>{{Lien web |langue=français |titre=Brésil : Coalition de 24 médias, contre les fausses informations |url=https://www.rti.ci/actualite_article.php?categorie=international&id=22634&titre=bresil-coalition-de-24-medias-contre-les-fausses-informations&page=62 |site=rti.ci |consulté le=2020-01-31}}</ref>. Pendant ces présidentielles brésiliennes, il y avait environ {{nombre|1000 signalements}} de fausses informations par jour<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Comment détecte-t-on les infox ? |url=https://www.franceculture.fr/numerique/comment-detecte-t-les-infox |site=[[France Culture]] |date=2018-10-25 |consulté le=2020-01-31}}</ref>, et ceux dans la quasi-totalité sur [[WhatsApp|WhatsAPP]]. Même s'il n'y a pour l'instant aucune loi promulguée contre les fake news, on ne compte pas moins de 14 lois en préparation (1 au sénat, passible de 3 ans de prison et 13 à la chambre des députés).
==== Canada ====
Sur le plan constitutionnel, le Canada n'a pas la possibilité de criminaliser les fausses nouvelles car dans un jugement rendu en 1992 (R. c. Zundel<ref>[1992] 2 RCS 731</ref>), la Cour suprême du Canada a déclaré que l'interdiction pénale des fausses nouvelles est contraire à la [[Charte canadienne des droits et libertés]]. Toutefois, en matière non pénale, certaines lois continuent à interdire la propagation de fausses nouvelles. Par exemple, l'art. 8 (1) d) du ''Règlement sur la distribution de radiodiffusion''<ref>DORS/97-555</ref> interdit aux radiodiffuseurs de diffuser des nouvelles fausses ou trompeuses<ref>{{Lien web |prénom=Ministère de la Justice |nom=Gouvernement du Canada |titre=Questions et réponses - Loi relative à l'abrogation de l'article 159 du Code criminel |url=https://www.justice.gc.ca/fra/sjc-csj/pl/mgnl-cuol/qr-qa.html#:~:text=Fausses+nouvelles,-Q9.&text=L'article+181+criminalisait+le,tort+%C3%A0+quelque+int%C3%A9r%C3%AAt+public. |site=www.justice.gc.ca |date=2 déc. 1999}}</ref>.
==== Kenya ====
Le {{date-|16 mai 2018}}, le [[Kenya]] a adopté comme projet de loi de punir 17 types de cybercrimes, dont les fake news. Les coupables risquent une amende de 5 millions de shillings kényans ({{unité|42000|euros}}) et deux années de prison éventuelle pour les personnes propageant des fake news par voie électronique. Si les fakes news s’avèrent « destinées à créer, ou ayant pour résultat, la panique, le chaos ou la violence » ou de nature à « porter atteinte à la réputation d’une personne », la peine pourrait atteindre jusqu'à dix ans de prison<ref name="a1">{{Lien web |langue=fr |titre=À l’étranger, quelles législations contre les fake news ? |url=https://www.liberation.fr/politiques/2018/06/09/a-l-etranger-quelles-legislations-contre-les-fake-news_1657644 |périodique=[[Libération (journal)|Libération]] |date=2018-06-09 |consulté le=2019-12-12}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=L’œil de Glez : au Kenya, contrôler les « fake news »… et plus si affinités |url=https://www.jeuneafrique.com/561440/societe/loeil-de-glez-controler-les-fake-news-au-kenya-et-plus-si-affinites/ |périodique=[[Jeune Afrique]] |date=2018-05-22 |consulté le=2019-12-12}}.</ref>. Cependant cette loi inquiète la société civile car beaucoup d'entre eux craignent une atteinte à la liberté d'expression<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Kenya : une loi sur les « fake news » inquiète la société civile |url=http://www.rfi.fr/afrique/20180520-kenya-loi-fake-news-inquiete-societe-civile |site=[[Radio France internationale|RFI]] Afrique |consulté le=2019-12-12}}.</ref>.
==== Italie ====
En [[Italie]], la police a annoncé le {{date-|18 janvier 2018}}, le lancement d'un site destiné à permettre aux citoyens de signaler de potentielles fake news et d'obtenir si possible certaines vérifications. Ainsi, les services de police spécialisés dans la surveillance d'internet et des réseaux de télécommunications, la « police postale », lanceront une enquête pour vérifier ces sites. Si l’information est déclarée fausse, la police publie alors un démenti sur son site et sur les réseaux sociaux, et peut ensuite condamner<ref name="a1" />.
==== Malaisie ====
Le Parlement malaisien a déclaré le {{date-|16 août 2018}}, une loi prévoyant jusqu'à 6 ans de prison pour quiconque propagerait une fake news. Cependant cette initiative est beaucoup critiquée<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Malaisie : abrogation d'une loi sur les fake news |url=https://www.lefigaro.fr/flash-actu/2018/08/16/97001-20180816FILWWW00165-malaisie-abrogation-d-une-loi-sur-les-fake-news.php |périodique=[[Le Figaro]] |date=2018-08-16 |consulté le=2020-01-17}}.</ref>.
==== Russie ====
La [[Douma]], chambre du Parlement russe, a adopté le {{date-|6 mars 2019}} une loi anti-fake news permettant au [[Service fédéral de supervision des communications, des technologies de l'information et des médias de masse|Roskomnadzor]], l'homonyme russe du CSA, de condamner les auteurs de ces fausses informations en les bloquant ou en leur imposant une amende (elle peut aller jusqu'à 1,5 million de roubles soit {{monnaie|20195|euros}})<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=[[Le Figaro]] avec [[Agence France-Presse|AFP]] |titre=Russie : une loi contre les « fake news » en ligne adoptée |url=https://www.lefigaro.fr/flash-actu/2019/03/06/97001-20190306FILWWW00179-russie-une-loi-contre-les-fake-news-en-ligne-adoptee.php |périodique=[[Le Figaro]] |date=2019-03-06 |consulté le=2019-12-12}}.</ref>.
==== Singapour ====
Le {{date-|8 mai 2019}}, [[Singapour]] a adopté une loi contre les fausses informations. Cependant cette loi a été controversée puisque tous les pouvoirs appartiennent désormais au gouvernement singapourien<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Singapour: le pays adopte une loi contre les fausses informations |url=http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20190509-singapour-loi-anti-fake-news-infox-fausses-informations |site=RFI |date=2019-05-09 |consulté le=2019-12-12}}</ref>.
==== Dans l'Union européenne ====
En 2017, [[Mariya Gabriel]], commissaire au numérique de la [[Commission européenne]], annonce le lancement d'une consultation publique et la mise en place d'un groupe d'experts afin d'en tirer des recommandations et des bonnes pratiques<ref>{{Article |langue=français |auteur1=Catherine Stupp |titre=La Commission veut s'attaquer aux "fake news" |périodique=Euractiv |date=30 août 2017 |lire en ligne=https://www.euractiv.fr/section/economie/news/gabriel-to-start-eu-expert-group-on-fake-news/}}</ref>.
=== En France ===
==== Situation générale ====
Lors de ses vœux à la presse, en {{date-|janvier 2018}}, le [[Président de la République française|Président français]] [[Emmanuel Macron]] annonce un projet de loi visant à lutter contre les ''fake news'' en donnant notamment la possibilité de saisir un juge et de déréférencer ou bloquer certains sites concernés. Les pouvoirs du CSA devraient également être accrus afin de lutter contre toute ingérence de médias étrangers<ref>{{Article |langue=fr |titre="Fake news", audiovisuel public, CSA : les propositions de Macron pour les médias |périodique=Le JDD |date=3 janvier 2018 |lire en ligne=http://www.lejdd.fr/politique/fake-news-audiovisuel-public-csa-les-propositions-de-macron-pour-les-medias-3536330 |consulté le=2018-01-04}}</ref>. La proposition a suscité de nombreuses réactions, notamment de la part d'[[Olivier Auguste]] de'' [[L'Opinion (quotidien français)|L'Opinion]]'', qui souligne que plusieurs affaires, comme celle du [[Affaire du Rainbow Warrior|Rainbow Warrior]] ou du [[Catastrophe nucléaire de Tchernobyl|nuage de Tchernobyl]], ont démontré que « la puissance publique n’est pas par nature garante de la vérité »<ref name=":4">{{Lien web |langue=fr |titre=À la Une : la loi à venir sur les fake news et la visite du président Turc Erdogan |url=http://www.europe1.fr/emissions/la-revue-de-presse/a-la-une-la-loi-a-venir-sur-les-fake-news-et-la-visite-du-president-turc-erdogan-3537608 |site=europe1.fr |consulté le=2018-01-11}}</ref>. Pour le chef du groupe [[Les Républicains]] au Sénat, [[Bruno Retailleau]], « Seuls les régimes autoritaires prétendent au contrôle de la vérité. On sait ce qu‘il peut en coûter »<ref name=":4" />.
À l'instar de nombreux sites de {{citation|''debunking''}}, les {{citation|décodeurs}} du ''Monde.fr'' signalent régulièrement différents sites web et pages Facebook populaires qui relaient massivement de la fausse information, par exemple à caractère médical comme ''Santé+Magazine'' ({{citation|remèdes miracles}} contre l'obésité, le cancer ou d'autres maladies complexes, déclarations conspirationnistes et anti-scientifiques contre la médecine, informations fantaisistes sur toutes sortes d'aliments ou de traitements, etc.)<ref name="Santé+Mag" />. On peut également citer {{citation|Checknews}} (mis en place par ''[[Libération (journal)|Libération]]'') ou {{citation|Les Observateurs}} de [[France 24]]<ref name="AFP Factuel">{{Lien web |langue=fr |auteur=Audrey Kucinskas |titre=Contre le complot: l'AFP Factuel, arme anti-intox |url=https://www.lexpress.fr/actualite/medias/contre-le-complot-l-afp-factuel-arme-anti-intox_2053191.html |site=[[L'Express]] |jour=14 |mois=décembre |année=2018}}.</ref>.
L'[[Agence France-Presse]] a également mis en service fin 2017 un service baptisé {{citation|AFP Factuel}} lancé par le journaliste Guillaume Daudin et défini comme un {{citation|blog de fact-checking, qui tente de démonter toutes ces rumeurs infondées qui polluent le débat public}}<ref name="AFP Factuel" />. Ce service a signé un contrat avec [[Facebook]] France, qui fait remonter les informations douteuse à l'AFP et en diminue la promotion s'il s'agit de fake news. L'AFP Factuel est désormais présent dans plusieurs dizaines de pays, sur tous les continents, et dans dix-huit langues, dont le français, l'anglais, l'espagnol ou le portugais<ref name="AFP Factuel" />.
Certaines chaînes de télévision française comme TF1 et France 2 ont créé des rubriques visant à sensibiliser les téléspectateurs quant aux fausses informations qui circulent sur les médias sociaux. Leur but est de « lutter avec pédagogie contre la défiance accrue envers les médias », comme le confie Jean-Clément Martin Borella au journal ''La Croix''<ref>{{Article |auteur1=Jean-Clément Martin Borella |titre=À 20 heures, TF1 et France 2 s’attaquent aux infox |périodique=[[La Croix]] |date=05-02-2019 |lire en ligne=https://www.la-croix.com/Culture/A-20-heures-TF1-France-2-sattaquent-infox-2019-02-05-1201000342}}.</ref>{{refins}}.
==== Propositions de lois relatives à la lutte contre les fausses informations ====
{{article détaillé|Loi contre la manipulation de l'information}}
[[Emmanuel Macron]] a annoncé en {{date-|janvier 2018}} un projet de loi afin lutter contre les fake news. En France, depuis 1881 l'article 27 de la loi de la presse condamne déjà avec une amende de {{unité|45000|euros}} pour « la publication, la diffusion ou la reproduction de nouvelles fausses ou fabriquées » pouvant causer un « trouble à l'ordre public »<ref>{{Lien web |langue=fr |titre="Fake news" : que font les pays étrangers pour les éradiquer ? |url=https://www.latribune.fr/technos-medias/fake-news-que-font-les-pays-etrangers-pour-les-eradiquer-763509.html |site=La Tribune |consulté le=2019-11-22}}</ref>.
En France, le {{date-|27 juillet 1849}}, une nouvelle loi punissant « la publication ou la reproduction faite de mauvaise foi de nouvelles fausses de nature à troubler la paix » apparaît<ref name="r1" />.
Le {{date-|4 juillet 2018}}, l'Assemblée nationale française adopte deux propositions de loi {{incise|une [[Loi organique en France|loi organique]] visant l'élection présidentielle et une [[loi ordinaire]] pour les autres scrutins<ref name="media0407">{{Lien web |auteur=Jérôme Hourdeaux |titre=Les députés ont voté en première lecture la loi « Fake News » |url=https://www.mediapart.fr/journal/france/040718/les-deputes-ont-vote-en-premiere-lecture-la-loi-fake-news |site=mediapart.fr |date=4 juillet 2018 |consulté le=16 juillet 2018}}</ref>.|stop}} La procédure envisagée devrait permettre de demander à la justice, par voie de [[référé]], le retrait de {{citation|toute allégation ou imputation d’un fait dépourvue d’éléments vérifiables de nature à la rendre vraisemblable [qui serait diffusée] de manière délibérée, de manière artificielle ou automatisée [et] de nature à altérer la sincérité du scrutin<ref name="media0407" />}}. Le [[Sénat (France)|Sénat]] est appelé à examiner le projet dans le cadre de la [[Navette parlementaire|procédure législative]] habituelle. L'expression « fake news » peut être remplacée par « infox »<ref>{{Article |langue=fr-FR |auteur1=Michaël Szadkowski |titre=« Infox » au Brésil : comment les fausses informations ont inondé WhatsApp |périodique=Le Monde.fr |date=25 octobre 2018 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/10/25/infox-au-bresil-comment-les-fausses-informations-ont-inonde-whatsapp_5374637_4408996.html#xtor=ES-16-%5Bnovembre_2018___lettre_d_information_de_la_delegation_generale_a_la_langue_francaise_et_aux_langues_de_france%5D-20181112-%5Ble_monde%5D |consulté le=2018-11-12}}</ref>, compression de « information » et « intoxication »<ref>{{Article |langue=fr-FR |titre=De "fake news" à "infox", le parcours des mots vers leur francisation |périodique=France Culture |date=2018-10-04 |lire en ligne=https://www.franceculture.fr/societe/de-fake-news-a-infox-le-parcours-des-mots-vers-leur-francisation |consulté le=2018-11-12}}</ref>. Ainsi, la recommandation de la Commission d'enrichissement de la langue française<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Infox et autres recommandations pour fake news - Ministère de la Culture |url=http://www.culture.gouv.fr/Thematiques/Langue-francaise-et-langues-de-France/Actualites/Infox-et-autres-recommandations-pour-fake-news |site=www.culture.gouv.fr |consulté le=2018-11-12}}</ref> a été publiée le jeudi {{date-|4 octobre 2018}} au ''Journal officiel''{{note|Les données publiées au [[Journal officiel de la République française|JORF]] sont réutilisables gratuitement sous
licence ouverte v2.0<ref>{{Lien web |titre=licence ouverte v2.0 |url=https://www.etalab.gouv.fr/wp-content/uploads/2017/04/ETALAB-Licence-Ouverte-v2.0.pdf |format=pdf |site=etalab.gouv.fr |date=avril 2017 |consulté le=16 avril 2019}}</ref>, compatible licence [[Creative Commons Attribution]]<ref>{{Lien web |auteur=Direction de l’information légale et administrative |titre=Textes publiés au Journal officiel de la République française |url=https://echanges.dila.gouv.fr/OPENDATA/JORF/DILA_JORF_Presentation_20170824.pdf |format=pdf |site=echanges.dila.gouv.fr |consulté le=16 avril 2019}}</ref>.|groupe=n}} :
<small>{{citation bloc|[…] on pourra recourir au terme « information fallacieuse », ou au néologisme « infox », forgé à partir des mots « information » et « intoxication ».
On pourra aussi, notamment dans un cadre juridique, utiliser les termes figurant dans la loi de 1881 sur la liberté de la presse ainsi que dans le code électoral, le code pénal ou le code monétaire et financier : « nouvelle fausse », « fausse nouvelle », « information fausse » ou « fausse information »<ref>{{Article |titre=Recommandation sur les équivalents français à donner à l'expression fake news |périodique=Journal officiel de la République française |numéro=0229, texte {{n°|113}} |date=4 octobre 2018 |lire en ligne=https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000037460897&dateTexte=&categorieLien=id |consulté le=2018-11-12}}</ref>.}}</small>
Après examen en commissions des lois et de la culture, le Sénat vote en faveur de motions {{citation|tendant à opposer la [[Processus législatif en France#Le contrôle de constitutionnalité|question préalable]]}} et rejette par deux fois les propositions {{incise| le 26 juillet et le 6 novembre 2018|stop}}. L'Assemblée nationale, quant à elle, adopte de nouveau les textes, le {{date-|9 octobre}} et le {{date-|20 novembre}}<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |prénom=Assemblée |nom=Nationale |titre=Lutte contre la manipulation de l'information |url=http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/dossiers/fausses_informations_lutte?etape=15-ANLDEF |site=Assemblée nationale |consulté le=2019-12-17}}</ref>. Le {{date-|21 novembre}}, le [[Conseil constitutionnel (France)|Conseil constitutionnel]] enregistre deux [[Conseil constitutionnel (France)#Saisine|saisines]]{{note|La saisine suspend le délai de promulgation de la loi<ref>{{Lien web |titre=le circuit d'une saisine |url=https://www.conseil-constitutionnel.fr/saisir-le-conseil/le-circuit-d-une-saisine |site=conseil-constitutionnel.fr}}</ref>.|groupe=n}} {{citation|l'une présentée par plus de 60 sénateurs, et l'autre par le Premier ministre}}<ref>{{Lien web |titre=Lutte contre la manipulation de l'information |url=https://www.senat.fr/espace_presse/actualites/201806/lutte_contre_les_fausses_informations.html#c641366 |site=senat.fr |date=22 novembre 2018}}</ref>.
Le président de la République, cible de ''{{langue|en|fake news}}'' durant sa campagne électorale, a obtenu sa loi contre la « manipulation de l’information » durant cette période. Cette loi est adoptée le {{date-|20 novembre 2018}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Ce que contient la loi française contre les "fake news" |url=https://www.france24.com/fr/20181121-loi-contre-fake-news-definitivement-adoptee-macron-election |site=France 24 |date=2018-11-21 |consulté le=2019-12-17}}</ref>.
==== Fausse nouvelle et infox ====
Pour l'avocat [[Emmanuel Pierrat]] il n'y aurait pas besoin d'une loi sur les ''{{langue|en|fake news}}'' puisqu'il existe déjà un [[Diffusion de fausse nouvelle|délit de fausse nouvelle]] en France et que de nombreux textes encadrent le délit de fausses nouvelles. Lors d'une interview diffusée sur une chaîne d'information le {{date|4 mars 2018}}, il pose la question de savoir {{citation|Quelle est l’utilité de créer un délit de ''{{langue|en|fake news}}'' qui ressemble peu ou prou au délit de fausse nouvelle ?}}<ref>{{Lien web |titre=Fake news: "Depuis 1850, il existe un délit de fausse nouvelle", dit l'avocat Emmanuel Pierrat |url=https://www.bfmtv.com/politique/fake-news-depuis-1850-il-existe-un-delit-de-fausse-nouvelle-dit-l-avocat-emmanuel-pierrat_VN-201803040070.html |via=www.bfmtv.com}}</ref>.
Les défenseurs de cette thèse considèrent l'expression anglaise ''{{langue|en|fake news}}'' comme le strict équivalent de l'expression française ''fausses nouvelles'', « fake » se traduisant par « faux », « falsifié », « truqué »<ref>[http://www.larousse.fr/dictionnaires/anglais-francais/fake/579910 Dictionnaire Larousse, page sur le mot "Fake"].</ref>.
Le sens de ces appellations serait donc que (et elles disent que) le législateur {{citation|a déjà prévu tout cela depuis fort longtemps, avec le délit de fausse nouvelle et le délit de diffamation qui encadrent correctement aujourd'hui les choses}}<ref>{{Lien web |titre=Fake news : une loi pour rien ? |url=https://www.lepoint.fr/politique/fake-news-une-loi-pour-rien-04-01-2018-2184053_20.php |site=Le Point |date=4 janv. 2018}}</ref> notamment via :
* l'article 27 de la [[loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse]]<ref>[https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexteArticle.do?idArticle=LEGIARTI000006419726&cidTexte=LEGITEXT000006070722 Ordonnance {{n°|2000-916}} du {{date-|19 septembre 2000}} - art. 3 (V) JORF {{date-|22 septembre 2000}} en vigueur le {{date-|1er janvier 2002}}], sur legifrance.gouv.fr, consulté le {{date-|6 septembre 2017}}</ref>{{,}}<ref name="r1">{{Article |auteur1=Antoine Flandrin |titre=Avant les « fake news », les fausses nouvelles |périodique=[[Le Monde]] |date=04-02-2018 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/02/04/avant-les-fake-news-les-fausses-nouvelles_5251562_3232.html}}.</ref>.
* l'article 322-14 du code pénal (modifié par l'ordonnance du {{date-|19 septembre 2000}}) lié à la Loi {{n°|92-685}} du {{date-|22 juillet 1992}}.
* l’article L.97 du Code électoral<ref>[https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006070239&idArticle=LEGIARTI000006353232 Article L97 du code électoral], sur legifrance.gouv.fr, consulté le {{date-|6 septembre 2017}}</ref>.
* l’article L465-1 du code monétaire et financier, modifié par la Loi {{n°|2016-819}} du {{date-|21 juin 2016}}<ref>{{Lien web |titre=Article L465-1 - Code monétaire et financier - Légifrance |url=https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000032751633 |site=www.legifrance.gouv.fr}}</ref>.
==== Éducation nationale, France et infox ====
L'éducation aux médias est une notion pleinement intégrée dans le programme scolaire français cependant aucune spécification n’est présente en ce qui concerne les infox. En effet, la loi modifiée le {{date-|8 juillet 2013}}<ref>{{Ouvrage |titre=Code de l'éducation |sous-titre=Article L332-5 |lire en ligne=https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;jsessionid=C05A3ECA29BF108C22B711089EB6DDE6.tpdila18v_1?idArticle=LEGIARTI000027682873&cidTexte=LEGITEXT000006071191&categorieLien=id&dateTexte= |consulté le=2019-12-17}}</ref> stipule simplement que : « La formation dispensée à tous les élèves des collèges comprend obligatoirement une initiation économique et sociale et une initiation technologique ainsi qu'une éducation aux médias et à l'information. » Article L332-5 du code de l’éducation.
De plus, l’article L111-2 modifié le {{date-|26 juillet 2019}} du même code<ref>{{Ouvrage |titre=Code de l'éducation |sous-titre=Article L111-2 |lire en ligne=https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006071191&idArticle=LEGIARTI000006524367&dateTexte=&categorieLien=cid |consulté le=2019-12-17}}</ref> stipule que : « Elle [l’école] développe les connaissances, les compétences et la culture nécessaires à l'exercice de la citoyenneté dans la société contemporaine de l'information et de la communication ».
Rachid Zerrouki, enseignant et journaliste, affirme dans ''Ouest-France''<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Par Rachid ZERROUKI, enseignant et |nom=journaliste |titre=POINT DE VUE. Que peut l’école face aux fake news |url=https://www.ouest-france.fr/medias/point-de-vue-que-peut-l-ecole-face-aux-fake-news-6237999 |site=Ouest-France.fr |date=2019-03-01 |consulté le=2019-12-11}}</ref> que l’école doit combattre les fake news, sans pour autant que l’éducation nationale française leur accorde un crédit dissocié de l’éducation aux médias. Pourtant, Rachid Zerrouki explique également qu’il est très important de faire la différence entre éducation globale aux médias et plus spécifiquement à l’éducation face au danger, au repérage et au décodage des fake news.
En effet, l’éducation aux médias et la détection de fausses informations sont deux notions différentes. La détection des infox ne nécessite aucunement une maîtrise parfaite et absolue de la lecture et des savoirs numériques.
D’ailleurs, 71 %<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Julien |nom=Baldacchino |titre=Baromètre 2018 de la confiance dans les médias : les Français moins friands d'actu, mais plus exigeants |url=https://www.franceinter.fr/societe/barometre-de-la-confiance-dans-les-medias-les-francais-moins-friands-d-actu-mais-plus-exigeants |site=www.franceinter.fr |date=2018-01-23 |consulté le=2019-12-11}}</ref> des français se disent favorables pour une éducation à la détection et à la lutte contre les infox.
En 2019, le ministère de la Culture lance un [[appel à projets]]<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Contre les fake news, mobiliser la France pour l'éducation aux médias |url=https://www.actualitte.com/article/monde-edition/contre-les-fake-news-mobiliser-la-france-pour-l-education-aux-medias/95047 |site=www.actualitte.com |consulté le=2019-12-11}}</ref> aux plus jeunes pour les plus jeunes d’un montant de 1,5 million d’euros dans le but de sensibiliser aux dangers et à la détection des fake news. De plus<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Éducation aux médias - Ministère de la Culture |url=https://www.culture.gouv.fr/Sites-thematiques/Developpement-culturel/Education-aux-medias |site=culture.gouv.fr |consulté le=2019-12-17}}</ref>{{refins}}, les bibliothèques départementales, les réseaux de lecture publique ainsi que les acteurs de l’audiovisuel participent également à la lutte contre les infox et tentent de faire évoluer leurs compétences dans le domaine de l’éducation aux médias à travers leur information, leur programmation mais aussi grâce à leur interventions en milieu scolaire.
Bien qu’elle soit déjà bien investie dans l’éducation aux médias, l’Éducation nationale doit toutefois être capable de s’adapter aux évolutions de la société numérique dans laquelle nous vivons et donc prendre en compte les enjeux que les fake news apportent. {{référence nécessaire|D’autant que l’opinion publique semble être en attente d’un investissement de la part de l’État sur ce terrain-là.}} Bien que cet appel à projet ouvre déjà des voies d’avenir dans la lutte contre les fake news de la part de l’État, le positionnement de l’Éducation nationale française face au mouvement des infox dans son programme reste toutefois à déterminer.
Des colloques scientifiques et des journées d'études liés à la lutte contre les fake news sont également organisés par des enseignants-chercheurs. Ce fut par exemple le cas d'une conférence internationale portant sur ce thème, organisée à Avignon les 24 et {{date-|25 juin 2021}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Fake news : deux jours de conférences à l'Université d'Avignon |url=https://www.laprovence.com/actu/en-direct/6386609/.html |site=LaProvence.com |date=2021-06-13 |consulté le=2021-07-03}}</ref> et retransmise en présentiel et en distanciel<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Conférence internationale : Fake news concept, méthode et lutte - Approches pluridisciplinaires |url=https://www.canal-u.tv/chaines/au/fake-news-24-25-juin-2021/conference-internationale-fake-news-concept-methode-et-lutte |site=www.canal-u.tv |consulté le=2021-07-03}}</ref>, qui réunissait des chercheurs en droit, en informatique et en sciences de l'information et de la communication, français et internationaux, ainsi que des journalistes professionnels, autour d'axes liés à la définition des fake news, aux usages et impacts des fake news ainsi qu'à leur politisation, à la régulation des fake news et à la lutte contre les fake news<ref>{{Lien web |auteur=Université d'Avignon |titre=site internet |url=https://conference-fake-news.univ-avignon.fr/programme/ |site=conference-fake-news.univ-avignon.fr |date=1 juin 2021 |consulté le=3 juillet 2021}}</ref>. De tels exemples illustrent ainsi le souhait des scientifiques de mieux cerner le problème des fake news, de manière pluridisciplinaire, afin de mieux pouvoir le combattre.
{{Article connexe|Claas Relotius}}
=== Dans les domaines scientifiques ===
{{article détaillé|Junk science}}
Le phénomène des ''{{langue|en|fake news}}'' s'étend de plus en plus au domaine de la recherche : selon plusieurs études concordantes, la communauté scientifique internationale compterait à ce jour près de {{nombre|140000 tricheurs}} dans ses rangs, soit 2 % au moins de ses membres. Dans la littérature scientifique biomédicale indexée dans Medline, la principale base de données bibliographiques dans le domaine, le taux de rétractation d'articles pour fraude a été multiplié par dix depuis 1975. Selon une analyse sociologique portant sur plusieurs milliers de chercheurs, 2 % des scientifiques, toutes disciplines confondues, admettent avoir falsifié des résultats pendant leur carrière et 14 % déclarent connaître des collègues fraudeurs. Les fraudes biomédicales sont en tête (43,4 %) des rétractations d'articles scientifiques constatées entre 1977 et 2012, selon « [[Proceedings of the National Academy of Sciences|PNAS]] » : sur {{nombre|2047 articles}} publiés et rétractés dans le secteur, plus de la moitié (53,2 %) l'ont été pour fraude ou plagiat. Dans une étude publiée en 2015 dans « BMC Medecine », deux chercheurs de la Hanken School of Economics d'Helsinki ont estimé à environ 8.000 le nombre de revues scientifiques douteuses ou de piètre réputation. Selon leurs calculs, la quantité d'articles suspects publiés par ces titres aurait dépassé {{formatnum:400000}}. Ils auraient été multipliés par huit en quatre ans<ref>[https://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/0600535261722-le-fake-nouveau-casse-tete-pour-la-recherche-2237666.php Le « fake », nouveau casse-tête pour la recherche], [[Les Échos]], {{date-|19 janvier 2019}}.</ref>.
Les différentes formes utilisées dans les ''fake news'' posent de nombreuses difficultés à la diffusion et la reconnaissance des avancées scientifiques aujourd'hui. La science est régulièrement la cible de campagnes de fake news<ref name="Science contre fake news" />, en particulier la [[controverse sur la vaccination]], le [[réchauffement climatique]] ou encore le [[créationnisme]], et bien sûr la santé.
La science n’est pas exempte d’erreurs et d’approximations, d’autant plus que les faits sont souvent issus d’expériences complexes. Les auteurs de ''fake news'' utilisent souvent des cas particuliers pour contredire des faits scientifiques étayés par de très nombreux travaux, ou publient de fausses études scientifiques dans des revues peu regardantes ({{citation|[[junk science]]}}).
Pour lutter contre ces désinformations propagées par les réseaux sociaux, les scientifiques doivent trouver et pratiquer d'autres formes de communication<ref name="Science contre fake news">{{Article |langue=fr |auteur1=Boris Chaumette |titre=Science contre fake news, la bataille est engagée |périodique=The conversation |date=janvier 2018 |lire en ligne=https://theconversation.com/science-contre-fake-news-la-bataille-est-engagee-90161 |consulté le=2018-01-26}}</ref>.
=== Vérification des faits ===
[[fichier:We_Stand_United_-_NYC_Rally_on_Night_Before_Trump’s_Inauguration_%2832308533331%29.jpg|vignette|alt=texte alternatif|Ralliement avant l'investiture de [[Donald Trump]].]]
La vérification des faits (''fact-checking'') est une pratique journalistique consistant à vérifier la véracité des propos de personnalités publiques ou politiques. Le but est de crédibiliser le contenu des journaux et des magazines<ref>{{Article |langue=français |auteur1=Bigot, L. |titre=Le fact checking ou la réinvention d'une pratique de vérification |périodique=Communication et langages |pages=131-156 |date=2017 |lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-communication-et-langages1-2017-2-page-131.htm?contenu=resume}}</ref>. Il concerne la vérification de phrases prononcées par des personnalités dans d’autres médias mais il ne s’applique jamais à une interview ni à l’ensemble d’un article produit par une rédaction<ref>{{Article |langue=fr |auteur1=Bigot, L. |titre=Rétablir la vérité via le fact checking |périodique=Le temps des médias |pages=62-76 |date=2018 |lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-le-temps-des-medias-2018-1-page-62.htm?contenu=article}}</ref>.
Cependant, les répercussions de la vérification des faits ne semblent pas faire l'unanimité au sein de la communauté scientifique. Certains chercheurs suggèrent qu’il permet de constituer un « outil de contrôle » pour les [[politiciens]], en les dissuadant de dire des éléments faux ou trompeurs dans leurs discours<ref>{{Article |langue=anglais |auteur1=Nyhan, B. et Reifler, J. |titre=The effect of fact checking on elites: A field experiment on US state legislators |périodique=american journal of politics science |pages=628-640 |date=2014 |lire en ligne=http://www-personal.umich.edu/~bnyhan/fact-checking-elites.pdf}}</ref>. Nyhan et Reifler<ref>{{Article |langue=en |auteur1=Nieminen S. |auteur2=Rapeli L. |titre=Fighting Misperceptions and Doubting Journalists’ Objectivity: A Review of Fact-checking Literature |périodique=Political Studies Review |année=2018 |lire en ligne=https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/1478929918786852?journalCode=pswa}}.</ref>. ont en effet constaté que les législateurs étaient plus honnêtes lorsqu'ils prenaient conscience de la menace que pouvait présenter la vérification des faits. D’autres scientifiques suggèrent le contraire et affirment que la vérification des faits n’a que peu d’effet sur le changement de comportement des candidats politiques<ref>{{Article |langue=en |auteur1=Gottfried Ja. |auteur2=Hardy BW. |auteur3=Winneg KM. |titre=Did fact checking matter in the 2012 Presidential campaign? |périodique=American Behavioral Scientist |année=2013 |lire en ligne=https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/2053168018786848}}</ref>. Par exemple, durant sa campagne, [[Donald Trump]] n’a pas répondu aux demandes des vérificateurs de faits et il a continué à répéter de nombreuses affirmations malgré les côtes négatives reçues. Lorsque plusieurs vérificateurs parviennent à la même conclusion pour une affirmation donnée, la vérification des faits a alors un plus grand impact sur le public. Il est donc important de vérifier si les déclarations ont été soumises à plusieurs vérificateurs indépendants et si ces vérificateurs arrivent aux mêmes conclusions<ref>{{Article |langue=anglais |auteur1=Lim, C. |titre=Checking how fact checkers check. Research and politics |périodique=Research and politics |pages=1-7 |date=2018 |lire en ligne=https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/2053168018786848}}</ref>.
Le [[contexte social]] peut avoir un effet sur la vérification des faits. Les personnes seraient moins susceptibles de vérifier les faits lorsqu'elles ont le sentiment de les évaluer en présence d'autres personnes que lorsqu'elles les évaluent seules. Cela a été mis en avant lors de huit expériences réalisées par Jun, Meng et Johar en 2017 ayant pour but d'évaluer comment la perception de la présence des autres pouvait affecter la façon dont les individus évaluent et intègrent les informations. Le contexte social entrave donc la vérification de faits et diminue en partie la garde des personnes face aux informations<ref>{{Article |langue=anglais |auteur1=Jun, Meng et Johar |titre=Perceived social presence reduced fact-checking |périodique=psychological and cognitive science |pages=5976-5981 |date=2017 |lire en ligne=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5468680/}}</ref>.
Une autre variable pouvant influencer la vérification des faits est le format que ce dernier peut prendre. Amazeen {{et al.}} ont mis en avant que la vérification des faits accompagnée par une échelle de vérité possède un effet de correction plus élevé que lorsque la vérification des faits se réalise seule. Néanmoins, dans cette étude, cette affirmation s'appliquait seulement aux vérifications de faits non politiques<ref>{{Article |langue=en |auteur1=Amazeen M. |auteur2=Thorson E. |auteur3=Muddiman A. |auteur4=Graves L. |titre=Correcting Political and Consumer Misperceptions: The Effectiveness and Effects of Rating Scale Versus Contextual
Correction Formats |périodique=Journalism & Mass Communication Quarterly |année=2018 |lire en ligne=https://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/1077699016678186}}.</ref>.
Le fait de croire ou non à des infox peut aussi être influencé par nos croyances idéologiques. Tout d’abord il faut savoir qu'un phénomène, qualifié par Nyhan et Reifler<ref>Nyhan, B. & Reifler, J. Polit Behav (2010) 32: 303. {{DOI|10.1007/s11109-010-9112-2}}</ref> d'« effet retour de flamme » (''{{langue|en|backfire effect}}'') peut se manifester. Celui-ci stipule que la correction d'informations fausses pourrait mener les personnes y étant préalablement exposées à croire encore davantage à ces informations que si elles n'avaient pas été corrigées. Un exemple<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Michael |nom=Shermer |titre=Pourquoi les faits ne suffisent pas à convaincre les gens qu’ils ont tort |url=https://www.pourlascience.fr/util/chutier/pourquoi-les-faits-ne-suffisent-pas-a-convaincre-gens-quils-ont-tort-12504.php |site=Pourlascience.fr |consulté le=2019-03-27}}</ref> illustre comment les auteurs mettent en évidence cet effet : les sujets de cette expérience ont reçu des articles de presse fictifs qui confirmaient des fake news. Dans cette expérience, il s'agissait de la présence d'armes de destruction massive en [[Irak]] préalablement à l'intervention américaine en [[2003]]. À la suite de la lecture, on donnait au même sujet un article qui démontrait qu'aucune arme de destruction massive n'avait été trouvée à la suite de cette intervention. Les sujets se situant à gauche de l'échiquier politique, qui étaient opposés à la guerre, adhéraient aux conclusions du deuxième article et rejetaient le premier. À l'inverse, les sujets conservateurs, qui soutenaient la guerre, ont réagi de façon contraire. En outre, ils ont affirmé être encore plus sûrs de l'existence de ces armes après avoir lu l'article démontrant qu'il n'y en avait pas. Le motif qu'ils avancent pour étayer cette conviction est que [[Saddam Hussein]] les avait cachées ou détruites<ref>Lewandowsky, S., Stritzke, W. G. K., Oberauer, K., & Morales, M. (2005). Memory for Fact, Fiction, and Misinformation: The Iraq War 2003. ''Psychological Science'', ''16''(3), 190–195. {{DOI|10.1111/j.0956-7976.2005.00802.x}}</ref>. En fait, Nyhan et Reifler ont noté que chez de nombreux conservateurs, « la croyance que l'[[Irak]] possédait des armes de destruction massive juste avant l'invasion par les [[États-Unis]] a persisté longtemps après que l'administration [[George W. Bush|Bush]] elle-même a fini par admettre que ce n’était pas le cas »<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Brendan |nom1=Nyhan |prénom2=Jason |nom2=Reifler |titre=When Corrections Fail: The Persistence of Political Misperceptions |périodique=Political Behavior |volume=32 |numéro=2 |pages=303–330 |date=2010-06-01 |issn=1573-6687 |doi=10.1007/s11109-010-9112-2 |lire en ligne=https://doi.org/10.1007/s11109-010-9112-2 |consulté le=2019-03-27}}</ref>. L’effet retour de flamme est une des manifestations du biais de confirmation<ref>{{Lien web |langue=en |titre=What is backfire effect? - Definition from WhatIs.com |url=https://whatis.techtarget.com/definition/backfire-effect |site=WhatIs.com |consulté le=2019-03-27}}</ref>, celui-ci est la tendance des gens à accorder plus de crédibilité aux preuves corroborant leurs croyances préexistantes. Dans ce cas, le biais est si fort que les gens refusent d’envisager la possibilité qu’ils se soient trompés (voir aussi [[Dissonance cognitive]]).
Le [[biais du statu quo]] est le fait d'avoir une tendance à maintenir une situation dans la prise de décision. C’est une façon de penser erronée accordant plus de crédibilité aux informations n’impliquant pas de changement dans la vie courante<ref>{{Lien web |auteur=Anne Krupicka |titre=DE LA COMPREHENSION DU BIAIS DE STATU QUO POUR ACCOMPAGNER LE CHANGEMENT : VERS UNE MOBILITE DES PREFERENCES |url=https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02152494/document |site=Archives |consulté le=18/12/2019}}</ref>.
Pourtant, l’ensemble de cette expérience est à prendre avec des pincettes, car elle n’a pas été corroborée par d'autres tests scientifiques. En effet, d’après plusieurs études<ref>Ullrich K.H.Ecker. Joshua L.Hogan. Stephan, Lewandowsky. (2017). Reminders and Repetition of Misinformation: Helping or Hindering Its Retraction? Journal of Applied Research in Memory and Cognition.Volume 6, Issue 2, Pages 185-192. https://doi.org/10.1016/j.jarmac.2017.01.014</ref>, les citoyens tiennent, pour la majorité, compte des informations factuelles, même lorsque celles-ci remettent en question leurs engagements idéologiques. De plus, lorsque Nyhan a examiné l'ensemble des données d'autres études, il a reconnu que la prévalence et l'ampleur des effets de retour de flamme auraient pu être surestimées et qu'il faudrait un travail minutieux pour savoir exactement quand et comment il entre en jeu.
=== L’éducation aux médias ===
La force de l'éducation aux médias et à l'information réside dans le fait qu'il s'agit d'une solution préventive, plutôt que curative : « l’éducation aux médias se fait en amont, dès le plus jeune âge mais aussi tout au long de la vie, pour former des citoyens capables de repérer les fausses nouvelles avant même d’avoir eu le temps d’être trompés »<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=L’Union européenne lance à son tour l’offensive anti fake news |url=https://www.meta-media.fr/2018/03/13/lunion-europeenne-lance-a-son-tour-loffensive-anti-fake-news.html |site=Meta-media {{!}} La révolution de l'information |date=2018-03-13 |consulté le=2019-05-12}}</ref>. D’autant plus que l’éducation numérique en France est en plein essor, et que les jeunes ont accès dès leur plus jeune âge, aux médias et à l’information.
Un groupe d’experts de haut niveau sur les infox et la désinformation en ligne (HLEG) désigné par la [[Commission européenne]] a étudié diverses actions pour améliorer l’éducation aux médias au sein de l’[[Union européenne]]. D’après leur rapport, pour que l’éducation aux médias et à l’information soit efficace, elle doit être mise en œuvre dans les programmes scolaires. Selon ces mêmes experts, l’éducation aux médias et à l’information doit être reconnue comme une compétence essentielle à l’alphabétisation<ref name=":2">{{Lien web |langue=en |nom=Anonymous |titre=Final report of the High Level Expert Group on Fake News and Online Disinformation |url=https://ec.europa.eu/digital-single-market/en/news/final-report-high-level-expert-group-fake-news-and-online-disinformation |site=Digital Single Market - European Commission |date=2018-03-12 |consulté le=2019-05-12}}</ref>.
Selon Laurence Maurin et Thomas Blanchet (2014)<ref name=":11">{{Article |langue=français |auteur1=Blanchet Thomas |auteur2=Maurin Laurence |titre=Des pistes pour éduquer aux médias |périodique=Idées économiques et sociales |pages=50-56 |date=2014 |lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-idees-economiques-et-sociales-2014-2-page-50.htm}}</ref>, « les ambitions de l’éducation aux médias sont de plusieurs ordres : acquérir des compétences d’analyse critique de l’information fournie, accroître ses connaissances sur le fonctionnement du monde des médias (sociologie et économie des médias), acquérir des compétences transdisciplinaires (trouver des informations, argumenter, écrire…), découvrir un secteur professionnel par des rencontres, et finalement, exercer son droit d’expression ». Les auteurs témoignent de dispositifs pédagogiques mis en place ces dernières années au sein d’écoles et démontrent que l’éducation aux médias « permet une découverte critique du fonctionnement de ceux-ci »<ref name=":11" />. Ces dispositifs portent sur l’attention aux sources pour sélectionner de l’information et sur l’analyse de la production des médias :
* l’expérience sur la sélection des sources s’est déroulée dans une classe de {{1re}} (16-{{nobr|17 ans}}), dans laquelle les enseignants ont constaté une difficulté à comprendre la véritable portée d’une source bibliographique. Elle a été divisée en trois séquences : repérer des auteurs dans un texte, rechercher de nouvelles sources d’informations sur un sujet désigné et rédiger une bibliographie. Ces séquences ont poussé les élèves à s’interroger sur « l’intérêt d’une source et sur la connaissance qu’elle pouvait apporter à un lecteur »<ref name=":11" />.
* la seconde expérience sur la production des médias s’est inscrite dans le cadre de la pédagogie de projet avec les élèves de {{1re}} SES (sciences économiques et sociales). Pour répondre à des difficultés en matière d’argumentation et des lacunes sur l’actualité, la classe a produit une émission de radio. Cet exercice s’est organisé en plusieurs temps : analyser le style d’écriture et la diction des journaux radio, collecter des informations sur un thème, argumenter grâce à l’écriture d’un article et enfin, enregistrer une chronique{{refnec}}. Les résultats de l’expérience démontrent que la création d’une émission de radio a permis aux élèves de développer des compétences dans l’appropriation des connaissances, l’expression et l’argumentation, tout en travaillant l’actualité et la découverte du fonctionnement des médias<ref name=":11" />.
De plus, en dehors du milieu scolaire, l’éducation aux médias est aussi soutenue à travers plusieurs institutions afin de sensibiliser, rendre autonome et former un maximum de personnes face au phénomène des infox. L'[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|UNESCO]] propose au grand public des ressources telles que des cours en ligne gratuits ainsi qu’un service de recherche via l’Alliance mondiale pour les partenariats MIL (GAPMIL) et le Réseau universitaire MIL<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Éducation aux médias et à l'information |url=https://fr.unesco.org/themes/education-aux-medias-linformation |site=UNESCO |date=2016-10-16 |consulté le=2019-12-16}}</ref>. En France, la [[Bibliothèque nationale de France|Bibliothèque Nationale de France]] (BNF) et le [[Centre de liaison de l'enseignement et des médias d'information|Centre pour l’éducation aux médias et à l’information]] (CLEMI) s’engagent aussi dans la prévention contre les fake news, notamment par la présence de liens (jeux, quiz, conseils, etc.) et d’ouvrages sur leur site, ou par des expositions et des affiches éducatives accessibles à tous que ce soit au grand public ou à des instances universitaires ou scolaires<ref>{{Lien web |titre=BnF - La Presse à la Une - Action pédagogique |url=http://expositions.bnf.fr/presse/pedago/07.htm |site=expositions.bnf.fr |consulté le=2019-12-16}}</ref>.
L’éducation aux médias « peut donc être une fin (découvrir le champ des médias) comme un moyen (acquérir des compétences et exercer sa citoyenneté) »<ref name=":11" />. Elle permet également de développer les aptitudes nécessaires à la reconnaissance des fake news telles que : apprendre à distinguer les différents médias et se former à l’identification des contenus en ligne et à la catégorisation des sources ; vérifier une information en démêlant le vrai du faux et en analysant la cohérence de son contenu ; contrôler la popularité et la fiabilité d’une source d’information<ref name=":13">{{Ouvrage |langue=français |auteur1=Olivier Klein |titre=« Fake News » et crédulité : que peut-on faire ? Pistes d’analyse et d’intervention sur base de la recherche en psychologie sociale |date=2018 |pages totales=1-14}}</ref> ; chercher l’auteur d’un document, les dates et lieux de publications ; décrypter l’origine des images et photographies. L’éducation aux médias lutte également contre la diffusion des fake news en incitant les usagers d’internet à partager l’information de façon raisonnée et responsable. En outre, elle leur présente d’autres stratégies visant à limiter la présence d’informations erronées dans un texte telles que : corriger les erreurs rencontrées lors de la lecture d’un texte ; réfuter les informations fausses par la présentation de « faits » véridiques et les répéter ; avertir les autres usagers lorsqu’une information est fausse ; mettre en avant le caractère ridicule de certaines informations ; réfléchir avant de directement croire au contenu d’une information<ref>{{Article |langue=en |auteur1=Rapp |titre=The consequences of reading inaccurate information |périodique=Current Directions in Psychological Science |pages=281-285 |date=2016}}</ref>. Il s’avère finalement qu’une éducation de qualité permettant de « favoriser l’apprentissage du raisonnement logique et scientifique, de maîtriser la rhétorique et l’argumentation »<ref name=":13" /> est une solution pour lutter contre la fausse information.
=== Prévalence de la diffusion des contrevérités ===
Une étude menée par des chercheurs en science politique américains, publiée dans ''[[Science Advances]]'' en 2019'', ''caractérise les profils de personnes qui diffusent de fausses informations sur Facebook. La grande majorité des utilisateurs ne partage pas d'article provenant de sites diffusant des fausses nouvelles<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Joshua |nom1=Tucker |prénom2=Jonathan |nom2=Nagler |prénom3=Andrew |nom3=Guess |titre=Less than you think: Prevalence and predictors of fake news dissemination on Facebook |périodique=Science Advances |volume=5 |numéro=1 |pages=eaau4586 |date=2019-01-01 |issn=2375-2548 |doi=10.1126/sciadv.aau4586 |lire en ligne=http://advances.sciencemag.org/content/5/1/eaau4586 |consulté le=2019-01-10}}</ref>. L'âge est le principal critère permettant de déterminer la propension à partager des infox. Aux États-Unis, les seniors diffusent plus facilement de fausses informations que les autres Américains. Ils partagent près de sept fois plus d'articles provenant de faux sites d'actualités que ceux appartenant au groupe d'âge le plus jeune. Pour éviter le développement des contrevérités, l'[[Éducation aux médias et à l'information|éducation aux médias]] ne doit donc pas seulement concerner les jeunes générations mais l'ensemble de la population<ref>{{Article |langue=fr |titre=Les seniors partagent plus facilement des infox sur Facebook que les autres Américains |périodique=Le Monde.fr |date=2019-01-09 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/01/09/les-seniors-partagent-plus-facilement-des-infox-sur-facebook-que-les-autres-americains_5407005_4408996.html |consulté le=2019-01-10}}</ref>.
Tous les pays à fort développement des réseaux sociaux semblent touchés par le phénomène des infox. Les plus sinistrés sont les pays démocratiques très peuplés où la population est peu éduquée : Inde, Brésil, Nigeria... Mais même des pays comme le [[Canada]] sont profondément touchés<ref name="AFP Factuel" />.
== Questions autour des infox ==
=== Peut-on utiliser la lutte contre les fausses informations à d'autres finalités ? ===
Pour Pascal Froissart{{sfn|Gauron|2017|p=4}} de l'Université {{nobr romains|Paris VIII}}, les fausses informations permettent surtout {{citation|de détourner l'attention sur un non sujet}}, non sujet souvent beaucoup plus propice au débat que des sujets plus sérieux sur des questions de fonds. Certains gouvernements utilisent la lutte contre les ''fake news'' comme prétexte pour réduire au silence des forces politiques d'opposition comme au Cameroun fin 2016<ref>{{Article |langue=en-US |titre=This Government Used "Fake News" as a Pretext to Shut Off The Internet to Half the Country {{!}} UN Dispatch |périodique=UN Dispatch |date=2017-04-21 |lire en ligne=https://www.undispatch.com/government-used-fake-news-fears-pretext-shut-off-internet-half-country/ |consulté le=2017-09-25}}</ref>.
Pour [[Frédéric Lordon]], le problème ne serait pas tant celui des ''fake news'', produits médiatiques courants depuis l'existence d'un espace public, mais plutôt celui d'un ''discours obsessionnel sur les fakes news''<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Fake news : le vrai du faux de Frédéric Lordon |description=citation extrait de l'audio à 4 minutes et 13 secondes |url=https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/fake-news-le-vrai-du-faux-de-frederic-lordon |site=France Culture |consulté le=2020-03-24}}</ref>. Ce thème serait connexe à celui de l'[[Ère post-vérité|ère de la post-vérité]] conduisant progressivement à une ère de la ''post-politique''. L'obsession pour la traque des fausses nouvelles serait plus révélatrice d'une perte de légitimité auprès de la population des médiations autorisées, en particulier, les médiations d'informations politiques. Ces dernières pensant que la simple vérifications de faits serait suffisante pour produire un contenu de journalisme politique alors que selon lui : « Ce que le journalisme “de combat” contre la post-vérité semble radicalement incapable de voir, c’est qu’il est lui-même un journalisme de la post-politique […]. Le problème est […] que des faits correctement établis ne seront jamais le terminus de la politique mais à peine son commencement, car des faits n’ont jamais rien dit d’eux-mêmes, rien ! »<ref name="post">{{Lien web |langue=fr |titre=Politique post-vérité ou journalisme post-politique ? |url=https://blog.mondediplo.net/2016-11-22-Politique-post-verite-ou-journalisme-post |site=Le Monde diplomatique |date=2016-11-22 |consulté le=2020-03-24}}.</ref>.
L'autre tâche du journalisme politique serait donc d'examiner et de proposer des alternatives plutôt que de se limiter à vérifier les faits de propositions politiques déjà présentes et bien médiatisées dans l'espace public<ref name=post/>.
=== Fausses informations et question de la vérité ===
L'identification des infox soulève la question importante de qui peut objectivement déterminer ce qui est vrai de ce qui est faux<ref name=":3" />.
Pour Pascal Froissart, enseignant-chercheur, spécialiste de la rumeur, « Le grand danger, c'est de donner la responsabilité à l’État de dire le vrai du faux »<ref name=":8">{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Loi sur les « fake news » : « Le grand danger, c'est de donner la responsabilité à l'État de dire le vrai du faux » |url=https://www.francetvinfo.fr/politique/emmanuel-macron/loi-sur-les-fake-news-le-grand-danger-c-est-de-donner-la-responsabilite-a-l-etat-de-dire-le-vrai-du-faux_2546643.html |site=[[France Info]] |date=2018-01-05 |consulté le=2018-11-27}}.</ref>.
=== Atteintes à la liberté d’expression ===
{{Article connexe|Conséquences de la pandémie de Covid-19 sur les droits de l'homme}}
Pour [[Jacob Mchangama]], un avocat danois et fondateur d'un groupe de réflexion qui défend la liberté d'expression, la lutte contre les fausses informations sur les réseaux sociaux est comparable à la lutte des inquisiteurs religieux qui publièrent un index des travaux interdits, mis à jour régulièrement jusqu'au {{S|XX}}. L'église justifiait alors l'existence de cette liste en arguant que « la liberté de croyance » était pernicieuse à la fois pour l'individu errant et, par extension, pour la société. Selon Jacob Mchangama, la meilleure réponse au ''fake news'' est « de débattre et non de brandir une paire de menottes »<ref>{{Article |langue=en |titre=Do attempts to legislate against “fake news” recall the tactics of religious censors? |périodique=The Economist |date=août 2017 |lire en ligne=https://www.economist.com/blogs/erasmus/2017/08/inquisitors-internet |consulté le=2017-09-25}}</ref>.
Pour [[Emmanuel Todd]], la menace n’est pas celle des ''Fake news'' mais l’autoritarisme d’État et sa volonté de contrôler les opinions. Les élites « ne comprennent plus la réalité qu’elles ont elles-mêmes créée, le comportement des électorats, [[Donald Trump|Trump]], le [[Brexit]]…, elles veulent interdire. Non content d’avoir le monopole de la violence légitime, l’État voudrait s’assurer le monopole des Fake news » [...] « s’il y a bien un producteur de ''Fake news'' à contrôler, c’est l’État »<ref name=":7" />.
Selon [[Human Rights Watch]], avant la [[pandémie de Covid-19]], plusieurs dizaines de pays avaient déjà criminalisé ce qu'ils appelaient globalement les « fausses nouvelles ». Depuis le début de l'année 2020, au moins cinq pays ont profité de la pandémie pour emboîter le pas, en adoptant de nouvelles lois interdisant la publication ou toute autre diffusion d'informations jugées fausses, en invoquant le Covid-19 ou la [[santé publique]] comme raison de cette restriction ou sans faire référence à des rapports de santé publique. Les sanctions pour violation de ces nouvelles lois allaient d'amendes à des peines de prison<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Covid-19 Triggers Wave of Free Speech Abuse |url=https://www.hrw.org/news/2021/02/11/covid-19-triggers-wave-free-speech-abuse |site=Human Rights Watch |date=2021-02-11 |consulté le=2021-02-20}}.</ref>.
== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Traduction/Référence|en|Fake news|764118137}}
{{Références|groupe=n}}
=== Références ===
{{Références nombreuses|taille=25}}
== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
==== Essai ====
* Jacques Baud, ''Gouverner par les fake news'', Max Milo Editions, 2020
* Laurent Bigot, Fact-checking vs fake news : vérifier pour mieux informer, INA Editions, 2019
* [[François-Bernard Huyghe]], ''Fake news : la grande peur'', Vapress, 2018
* Philippe Béchade, ''Fake News : Post-vérités et autres écrans de fumée'', Agora, 2017
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Florian Gouthière |titre=Santé, science, doit-on tout gober ? |lieu=Paris |éditeur=[[Belin éditeur|Belin]] |collection=Essais |année=2017 |pages totales=428 |isbn=978-2-410-00930-9}}.
* [[François-Bernard Huyghe]], ''Désinformation : les armes du faux'', Armand Colin, 2016
* [[Richard J. Thomson|Julien Richard-Thomson]] : ''Infox ! le grand livre des fake news'', Hugo Desinge, 2019
* 20 minutes: ''Le "masque visage" à la cannelle d'EnjoyPhoenix dangereux pour la santé'', 2015.
* [[Thomas Huchon]] et [[Jean-Bernard Schmidt]], ''Anti fake news'', First, 2022.
==== Publications universitaires ====
* {{Article |langue=en |auteur1=Justin Farrell |auteur2=Kathryn McConnell |auteur3=Robert Brulle |titre=Evidence-based strategies to combat scientific misinformation |périodique=[[Nature (revue)|Nature Climate Change]] |année=2019 |doi=10.1038/s41558-018-0368-6 |lire en ligne=https://www.nature.com/articles/s41558-018-0368-6.epdf?shared_access_token=iR8xp-4-HrVgk2xfIVBghNRgN0jAjWel9jnR3ZoTv0Ntoa-1a2DXLJbFME2Cuf724fQUElPkHenaTrQbkUbYu7RjnXhOKb-AynFfzJp0JDPwtF5GWVPCYh43MT4Q8x2Ar5yaxgNw8mzk7lrx7bFt1YHclL5Ve-vUtiN6Ulql1wY%3D}}.
* {{Article |langue=en |prénom1=Joshua |nom1=Tucker |prénom2=Jonathan |nom2=Nagler |prénom3=Andrew |nom3=Guess |titre=Less than you think: Prevalence and predictors of fake news dissemination on Facebook |périodique=[[Science Advances]] |volume=5 |numéro=1 |pages=eaau4586 |date=2019-01-01 |issn=2375-2548 |doi=10.1126/sciadv.aau4586 |lire en ligne=http://advances.sciencemag.org/content/5/1/eaau4586 |consulté le=2019-01-10}}
* {{Article |auteur1=Julien Giry |titre=Les fake news comme concept de sciences sociales. Essai de cadrage à partir de notions connexes : rumeurs, théories du complot, propagande et désinformation |périodique=Questions de communication |numéro=38 |pages=371-394 |date=2021 |doi=10.4000/questionsdecommunication.24263 |lire en ligne=https://journals.openedition.org/questionsdecommunication/24263 |consulté le=10 septembre 2021}}.
==== Ouvrages historiques ====
* {{Ouvrage |auteur1=David Colon |titre=Propagande : la manipulation de masse dans le monde contemporain |lieu=Paris |éditeur=Belin |année=2019 |isbn=978-2-410-01578-2}}
* {{Ouvrage |auteur1=Philippe Bourdin |auteur2=Stéphane Le Bras |directeur2=oui |titre=Les fausses nouvelles : un millénaire de bruits et de rumeurs dans l'espace public français |lieu=Clermont-Ferrand |éditeur=Presses universitaires Blaise-Pascal |année=2018 |isbn=978-2-84516-811-4}}
==== Roman ====
* {{Ouvrage |auteur1=[[Michèle Cotta]] |auteur2=[[Robert Namias]] |titre=Fake News |éditeur=Robert Laffont |année=2019 |pages totales=223 |lire en ligne=https://books.google.ch/books?id=rit6DwAAQBAJ&dq=fake+news}}
==== Radio ====
* [https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/sans-oser-le-demander/des-martiens-au-sahara-aux-pyramides-electriques-qu-est-ce-qu-une-fake-news-archeologique-5125909 « Des Martiens au Sahara aux pyramides électriques : qu’est-ce qu’une fake news archéologique ? »], ''Sans oser le demander'', France Culture, 27 avril 2023.
* {{Lien web |langue=fr |auteur=Baptiste Beaulieu |titre=Si c’est gratuit, c’est que nous sommes le produit |url=https://www.franceinter.fr/emissions/alors-voila/alors-voila-22-octobre-2018 |site=[[France Inter]] |jour=27 |mois=Octobre |année=2018}}.
* {{Lien web |langue=fr |auteur=Olivia Gesbert |titre=Fausses nouvelles et théories du complot : la guerre des récits |url=https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-idees/fausses-nouvelles-et-theories-du-complot-la-guerre-des-recits |site=[[France Culture]] |jour=17 |mois=novembre |année=2020}}.
* {{Lien web |langue=fr |auteur=Brice Couturier |titre=Faits alternatifs : pourquoi notre cerveau est-il pris en défaut ? |url=https://www.franceculture.fr/emissions/le-tour-du-monde-des-idees/le-tour-du-monde-des-idees-du-jeudi-22-avril-2021 |site=[[France Culture]] |jour=23 |mois=avril |année=2021}}.
==== Articles de presse ====
* {{Article |auteur1=Roland Gauron |titre=''Fake news'', un même terme pour plusieurs réalités |périodique=Le Figaro |mois=mars |année=2017 |lire en ligne=http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2017/03/06/01016-20170306ARTFIG00187-fake-news-un-meme-terme-pour-plusieurs-realites.php}}
* [[Patrick Chastenet]], [http://www.lepoint.fr/chroniques/fake-news-nouvelle-intox-ou-vieille-propagande-13-05-2017-2127066_2.php ''Fake news'' : nouvelle intox ou vieille propagande ?], ''Le Point'', {{date-|13 mai 2017}}
* [[Philippe Askenazy]], [https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/01/30/les-fake-news-sont-d-abord-un-marche_5249201_3232.html Les ''fake news'' sont d’abord un marché], ''Le Monde'', {{date-|30 janvier 2018}}
* {{Article |auteur1=Walter Quattrociocchi |titre=Fake news : L'histoire secrète de leur succès |périodique=Hors série - Pour la science |numéro=98 |pages=84-91 |date=février-mars 2018 |résumé=https://www.pourlascience.fr/sd/science-societe/fake-news-lhistoire-secrete-de-leur-succes-10030.php |id=Quattrocciochi}}.
* Alexandra Saviana, [https://www.marianne.net/medias/pour-combattre-les-fake-news-un-linguiste-propose-la-methode-du-sandwich-de-verite Pour combattre les fake news, un linguiste propose la méthode du « sandwich de vérité »], ''Marianne'', {{date-|25 juin 2018}}
=== Articles connexes ===
{{Colonnes|taille=30|1=
* [[Biais de confirmation]]
* [[Chambre d'écho (médias)|Chambre d'écho]]
* [[Debunking]]
* [[Deepfake]]
* [[Désinformation]]
* [[Diffusion de fausse nouvelle]]
* [[Idée reçue]]
* [[Infodémie]]
* [[Ère post-vérité]]
* [[Faits alternatifs]]
* [[Intoxication (renseignement)|Intoxication]]
* [[Loi de Brandolini]]
* [[Piège à clics]]
* [[Rumeur]]
* [[Conspiracy Watch]]
* [[NewsGuard]]
}}
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* [https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-science-cqfd/fake-news-elle-est-passee-par-ici-elle-repassera-par-l-ia-5154042 « Fake news : elle est passée par ici, elle repassera par l’IA »], ''La Science, CQFD'', France Culture, 5 juin 2024.
* [https://www.geekjunior.fr/fake-news-c-est-quoi-comment-prevenir-11452/ « Les Fake News, c’est quoi ? Comment s’en prévenir sur les réseaux sociaux ? »], ''Geekjunior.fr'', mars 2017
* [https://ancrages.org/event/balance-ta-fakenews-une-action-deducation-aux-medias-et-aux-usages-numeriques-en-direction-de-jeunes/ « Balance ta Fakenews! Une action d’éducation aux médias et aux usages numériques en direction de jeunes. »], Association Ancrage.
* [https://www.culture.gouv.fr/Actualites/Terminologie-comment-est-ne-le-mot-infox « Terminologie : comment est né le mot infox » ?], Ministère de la Culture, 18 mars 2019.
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