« Rhétie » : différence entre les versions

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{{Voir homonyme|Canton de Rhétie}}
{{coord|47.36|8.56|type:state_region:CH/DE_source:dewiki|format=dms|display=title}}
 
[[Fichier:Raetia SPQR.png|vignette|350px|La Rhétie dans l'[[Empire romain]], vers [[120]].]]
La '''Rhétie''', aussi appelée Rhétie-Vindélicie, était une province de l’l'[[Empire romain]], habitée dans le [[Tyrol]] par les [[Rhètes]] et en [[Bavière]] par les [[Vendéliques|Vindéliciens]] ; elle correspond de nos jours aux au cantoncantons actuelactuels des [[Canton des Grisons|Grisons]] et du [[Canton du Valais|Valais]], au [[Tyrol]], au Sud de la Bavière, à l'Est du [[WürttembergBade-Wurtemberg|Wurtemberg]] et au Nord de la [[Lombardie]] ([[Valteline]]). Conquise en 15 {{av JC}} par [[Nero Claudius Drusus|Drusus]] et [[Tibère]], la province impériale de Rhétie est divisée au {{s-|IV}} entre la Rhétie {{I}} (capitale [[Coire]]) et la Rhétie {{II}} (capitale [[Augsbourg|Augusta Vindelicorum]]). Excentrée et peu développée économiquement, la Rhétie est une proie facile pour les [[Alamans]] qui occupent le territoire avant d’envahird'envahir la rive gauche du Rhin pour y créer leur propre royaume. Au {{s-|V}}, elle est envahie par les [[Alains]] et les [[Vandales]] avant d’êtred'être prise par [[Théodoric le Grand|Théodoric]], roi des [[Ostrogoths]]. Elle est occupée au début du {{s-|VI}} par les [[Bavarii]] qui y créent le [[premier duché de Bavière]], lequel sera annexé par [[Charlemagne]]. Des îlots de romanisation persistent pendant quelques siècles autour de l’évêché d'[[Augsbourg]] et jusqu’à nos jours en Suisse dans le [[canton des Grisons]], antérieurement appelé [[canton de Rhétie]], où subsiste une [[latin|langue latine]], le « rhéto-roman » ou « [[romanche]] ».
[[Fichier:Droysens Hist Handatlas S17 Germanien.jpg|thumb|220px|alt=carte des provinces romaines|Carte des provinces romaines (en jaune la Rhétie) d'après l'''Historicher Handatlas'' de Droysen, 1886.]]
 
== Géographie ==
[[Fichier:Droysens Hist Handatlas S17 Germanien.jpg|thumb|alt=carte des provinces romaines|left|Carte des provinces romaines (en jaune la Rhétie) d'après Historichen Handatlas von Droysen, 1886.]]
La frontière nord de la province constituait également la frontière entre l’Empire romain et la [[Germanie]] connue sous le nom ''Germania Magna''. À l’ouestl'ouest, la Rhétie était limitrophe de la province de la [[Gaule belgique]] (''Gallia Belgica''), puis après sa division sous [[Domitien]] (81-96) à la [[Germanie supérieure]] ou Haute -Germanie (Germania superior), qui devint la Séquaine ([[Maxima Sequanorum]]). Plus au sud-ouest, elle touchait les [[Alpes pennines]] (''Vallis Poenina'' ou Alpes ''Graiae'' et ''Poeninae''). À l’est elle faisait frontière avec la [[Norique]] (''Noricum''). Au sud se trouvait le diocèse d’Italie qui comprenait les Alpes cisalpines (''Gallia transpadana''), la [[Vénétie]] (''Venetia'') et l’Istrie (''Histria'')<ref>Pour une description détaillée du tracé de la frontière, voir http://www.imperiumromanum.com/geografie/provinzen/raetia_01.htm.</ref>.
 
== La conquête romaine ==
 
=== Les premiers habitants ===
 
[[Fichier:Römische Provinzen im Alpenraum ca 14 n Chr.png|vignette|alt=les provinces romaines à la mort d'Auguste|Les provinces romaines des Alpes à la mort d'Auguste.]]
Les noms de la province ainsi que ceux de ses subdivisions subséquentes et de ses capitales administratives reflètent les noms des tribus qui, selon les sources romaines, habitaient la majeure partie de la province c’est-à-dire les [[Rhètes]] pour la Rhétie et les [[Vendéliques]] (aussi appelés Vindélices ou Vindéliciens) pour la Vendélique<ref>Horace, ''Odes'', {{IV}}, 4.</ref> avant la conquête de ces territoires par [[Nero Claudius Drusus|Drusus]] et [[Tibère]] lors de la bataille de Constance en 15 {{av JC}}<ref>Voir Horace, ''Odes'', {{IV}}, 4 et 14.</ref>.
 
Les Rhètes étaient établis au nord de la ligne Côme-Vérone dans les Alpes<ref name="Strabon">Strabon, ''Géographie'' {{IV}}, 6,8 (http://penelope.uchicago.edu/Thayer/E/Roman/Texts/Strabo/4F*.html#6.8</ref>. Certains auteurs dans l’Antiquité les croyaient apparentés aux [[Étrusques]], ce que tend à confirmer de nos jours diverses analyses comparées d’inscriptions étrusques et rhètes. Cependant, on exclut maintenant l’hypothèse qu’il se fût agi d’un peuple [[Celtes|celte]] (ou même non indo-européen). Les auteurs romains les décrivent comme « guerriers », enclins à faire des razzias chez les peuples voisins, ce qui paraît un motif insuffisant pour expliquer les campagnes militaires romaines dans les Alpes<ref name="Tirol">« Die Via Claudia Augusta » dans Geschichte Tirol [en ligne] http://www.geschichte-tirol.com/zum-thema/111-transit-durch-tirol-im-mittelalter/516-transit.html.</ref>.
Les noms de la province ainsi que ceux de ses subdivisions subséquentes et de ses capitales administratives reflètent les noms des tribus qui, selon les sources romaines, habitaient la majeure partie de la province c’est-à-dire les [[Rhètes]] pour la Rhétie et les [[Vendéliques]] (aussi appelés Vindélices ou Vindéliciens) pour la Vendélique<ref>Horace, Odes, IV, 4.</ref> avant la conquête de ces territoires par [[Nero Claudius Drusus|Drusus]] et [[Tibère]] lors de la bataille de Constance en 15 av. J.C.<ref>Voir Horace, Odes, IV, 4 et 14.</ref>.
[[Image:Karte_limes.jpg|vignette|droite|Limes de Germanie et Rhétie (autre présentation).]]
 
Sur le même territoire auraient également habité des Celtes comme les Venostes (dans l’actuel Vinschgau)<ref group="N">D'après une inscription sur le ''Tropaea Augusti'' ; CIL {{V}} 7817; Plin. HN 3,136.</ref> ou les [[Vénètes]] (peuple indo-européen mais non celte) qui auraient donné leur nom à la [[Vénétie]] (arrière-pays de Venise), quoique la région du [[Lac de Constance|Bodensee]] (Lac de Constance) soit parfois aussi appelé ''Lacus Venetus''<ref>A.M.A. Siran, ''Courses archéologiques et historiques dans le département de l’Ain'', Milliet-Bottier, Bourg-en-Bresse, 1846, {{p.|68}} [en ligne] https://books.google.ca/books?id=UWD-FeEeObMC&pg=RA1-PA68&dq=Lacus+Venetus&hl=fr&sa=X&ei=n90KUZDgPMep0AH01oC4BQ&ved=0CDUQ6AEwAQ#v=onepage&q=Lacus%20Venetus&f=false).</ref>.
Les Rhètes étaient établis au nord de la ligne Côme-Vérone dans les Alpes<ref name="Strabon">Strabon, Géographie IV, 6,8 (http://penelope.uchicago.edu/Thayer/E/Roman/Texts/Strabo/4F*.html#6.8</ref>. Certains auteurs dans l’Antiquité les croyaient apparentés aux [[Étrusques]], ce que tend à confirmer de nos jours diverses analyses comparées d’inscriptions étrusques et rhètes. Cependant, on exclut maintenant l’hypothèse qu’il se fût agi d’un peuple [[celte]] (ou même non indo-européen). Les auteurs romains les décrivent comme « guerriers », enclins à faire des razzias chez les peuples voisins, ce qui paraît un motif insuffisant pour expliquer les campagnes militaires romaines dans les Alpes<ref name="Tirol">« Die Via Claudia Augusta » dans Geschichte Tirol [en ligne] http://www.geschichte-tirol.com/zum-thema/111-transit-durch-tirol-im-mittelalter/516-transit.html.</ref>.
 
Sur le même territoire auraient également habité des Celtes comme les Venostes (dans l’actuel Vinschgau)<ref group="N">D’après une inscription sur le Tropaea Augusti ; CIL V 7817; Plin. HN 3,136.</ref> ou les [[Vénètes]] (peuple indo-européen mais non celte) qui auraient donné leur nom à la [[Vénétie]] (arrière-pays de Venise), quoique la région du [[Bodensee]] (Lac de Constance) soit parfois aussi appelé ''Lacus Venetus''<ref>A.M.A. Siran, Courses archéologiques et historiques dans le département de l’Ain, Milliet-Bottier, Bourg-en-Bresse, 1846, {{p.|68}} [en ligne] https://books.google.ca/books?id=UWD-FeEeObMC&pg=RA1-PA68&dq=Lacus+Venetus&hl=fr&sa=X&ei=n90KUZDgPMep0AH01oC4BQ&ved=0CDUQ6AEwAQ#v=onepage&q=Lacus%20Venetus&f=false).</ref>.
 
Au cours de son expédition dans les [[Alpes]], Drusus rencontra en 15 {{av. J.C.JC}} les ''Breuni'' qui devaient donner leur nom au Col de Brenne. Strabon les décrit comme des Illyriens<ref>Strabon, ''Geographie'' {{IV}}, 6, 8. [en ligne] http://penelope.uchicago.edu/Thayer/e/RomanTexts/Strabo/4F*.html#6.8.</ref> (peuple indo-européen mais non celte). Du point de vue archéologique, ceux-ci peuvent aussi être assimilés aux Rhètes<ref>Voir « Frontiers in the Roman World » dans ''Impact of Empire'', vol. 13, {{p.|231}} [en ligne] https://books.google.ca/books?id=S-zjpNbaKLkC&pg=PA231&dq=Fritzens-Sanzeno-Kultur&hl=fr&sa=X&ei=x-EKUYDtOqq80QGz8YHoAw&ved=0CDIQ6AEwAA#v=onepage&q=Fritzens-Sanzeno-Kultur&f=false.</ref>, lesquels furent pendant un certain temps considérés comme un mélange de Celtes et d’d'[[Illyriens]] (contrairement aux dernières analyses linguistiques). Il serait effectivement possible d’affirmer que les ''Breuni'' tout comme les Vénètes pourraient avoir été des ethnies apparentées aux Rhètes selon les différentes interprétations possibles du concept « Rhètes »<ref group="N">Richard Heuberger a analysé les différentes variantes (''Rhaitoi'', ''Raeti'', ''Rhaeti'') que l’on trouve dans les sources antiques. Voir Heuberger, Richard. « Die Räter » dans ''Zeitschrift des Deutschen Alpenvereins'', Bruckmann, München 1939, {{p.|186-193}}.0). Horace pour sa part considère les ''Breuni'' comme des Vindéliciens (Horace, Carm. {{IV}}, 14 [en ligne] http://www.thelatinlibrary.com/horace/carm4.shtml.</ref>.
 
Les Vindéliciens (aussi appelés Vindéliques ou Vindélices) étaient établis dans ce qui est aujourd’hui le [[VoralbergVorarlberg]] et l’l'[[Allgäu]] et leur territoire s’étendait possiblement jusqu’àjusqu'à l’l'[[Inn (rivière)|Inn]] et au [[Danube]]. Les conquérants romains les considéraient comme des Celtes. Plusieurs tribus étaient inféodées aux Vendéliciens parmi lesquelles les ''Brigantii'' (dans la région de Bregenz), les ''Estiones'' (région de Kempten), les ''Licates'' (vallée du Lech) et plus à l'est les ''Catenates'', les ''Cosuanetes'' et les ''Rucinates''. Tout comme les Rhètes et les Breunis''Breuni'', ils étaient considérés comme particulièrement belliqueux et voleurs<ref name="Strabon"/>.
 
Une des pierres du ''Tropaeum Alpium'' ([[Trophée des Alpes]]) érigé près de ce qui est aujourd’hui [[Monaco]] donne la liste des peuples des Alpes occidentales soumis par Auguste ('''''{{Souligner|les Rhètes n'y figurent donc pas'''''}}), liste que Pline l’Ancienl'Ancien a retranscrite de la façon suivante<ref>Pline l'Ancien. ''Naturalis Historia'', Livre {{III}}, 24.</ref>. :
 
{{citation bloc|IMP • CAESARI DIVI FILIO AVG • PONT • MAX • IMP • XIIII • TR • POT • XVII • S • P • Q • R • QVOD EIVS DVCTV AVSPICIISQVE GENTES ALPINAE OMNES QVAE A MARI SVPERO AD INFERVM PERTINEBANT SVB IMPERIVM P • R • SVNT REDACTAE • GENTES ALPINAE DEVICTAE TRVMPILINI • CAMVNNI • VENOSTES • VENNONETES • ISARCI • BREVNI • GENAVNES • FOCVNATES • VINDELICORVM GENTES QVATTVOR • COSVANETES • RVCINATES • LICATES • CATENATES • AMBISONTES • RVGVSCI • SVANETES • CALVCONES • BRIXENETES • LEPONTI • VBERI • NANTVATES • SEDVNI • VARAGRI • SALASSI • ACITAVONES • MEDVLLI • CENNI • CATVRIGES • BRIGIANI • SOGIONTI • BRODIONTI • NEMALONI • EDENATES • VESVBIANI • VEAMINI • GALLITAE • TRIVLLATI • ECDINI • VERGVNNI • EGVITVRI • NEMATVRI • ORATELLI • NERVSI • VELAVNI • SVETRI}}
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{{citation bloc|
À [[Auguste]], fils du divin ''[[Imperator (titre)|imperator]]'' [[Jules César|César]], grand pontife, ''[[Imperator (titre)|imperator]]'' pour la XIV{{e}} fois, investi de la [[puissance tribunitienne]] pour la XVII{{e}} fois, le Sénat et le Peuple romain ont fait ce monument, en mémoire de ce que, sous ses ordres et ses auspices, tous les peuples alpins, qui s'étendaient de la mer Supérieure jusqu'à la mer l'Inférieure<ref>La mer Supérieure désignait la [[mer Tyrrhénienne]] et la mer Inférieure la [[mer Adriatique]].</ref>, ont été placés sous domination. Peuples alpins vaincus : les [[Triumpilins]], les [[Camunni|Camunes]], les [[Vénostes]], les Vennonètes, les Isarciens, les [[Breunes]], les [[Génaunes]], les [[Focunates]], [[Vendéliques|quatre nations vindéliciennes]], les Consuanètes, les Rucinates, les Licates, les Caténates, les Ambisuntes, les Rugusces, les Suanètes, les Calucons, les [[Brixentes]], les [[Lépontiens]], les [[Ubères]], les [[Nantuates]], les [[Sédunes]], les [[Véragres]], les [[Salasses]], les Acitavons, les [[Médulles]], les Ucènes, les [[Caturiges]], les Brigians, les [[Sogiontiques]], les [[BodiontiquesBodiontici|Brodiontiques]], les ''[[Nemaloni]]'', les [[Édénates]], les Ésubiens, les Véamins, les [[Gallitae|Gallites]], les Triulattes, les Ectins, les [[Vergunni]], les [[Éguitures]], les Némentures, les Oratelles, les Néruses, les [[Vélaunes]], les [[Suetrii]].}}.
 
=== La progression vers le Danube après 25 av. J.-C. ===
 
La frontière nord de la province de [[Gaule cisalpine]] dans le nord de l’Italie fut progressivement repoussée à partir de 25 {{av. J.C.JC}} des vallées de l’[[Adda]] et de l’[[Adige]] jusqu’à ce qui est aujourd’huiaujourd'hui [[Bolzano]] dans le Haut Adige<ref>Heuberger (1956) {{p.|133-138}}.</ref>. Le général romain Drusus conduisit une armée en 15 {{av. J.C.JC}} par les cols de Brenne et de Resia sur le territoire au nord des Alpes<ref name="Tirol"/> après avoir vaincu une forte résistance des Isarques du Valle Isarko près de [[Trente (Italie)|Trente]]<ref name="Invasion">''Tirol Geschichte Tirol : Römische Invasion'' [en ligne] http://www.geschichte-tirol.com/zum-thema/kriege-in-tirol/die romischedie_romische-invasion-tirols-15-v.-chr.-799.html.</ref>. La même année, [[Tibère]] (son frère et futur empereur), se dirigea vers le lac de Constance par la vallée du [[Rhin]] où il se dut faire face aux Vindéliciens. Selon [[Strabon]], la bataille se déroula sur une ileîle située au milieu du lac<ref>Strabon, ''Geographie'' {{VII}}, 1.5. [en ligne] http://penelope.uchicago.edu/Thayer/E/Roman/Texts/Strabo/7A*.html#1.5.</ref>.
En 51 {{av. J.C.JC}}, [[Jules César]] avait déjà fait du Rhin la frontière naturelle de l’Empire romain. De 35 à 28 {{av. J.C.JC}}, [[Auguste|Octave]] et [[Crassus|Marcus Licinius Crassus]] repoussèrent cette frontière jusqu’auxjusqu'aux [[Balkans]] et au [[Danube]]. L’annéeL'année suivante, Octave devenait Auguste. Il conçut le plan de relier ces deux fleuves et d’end'en faire une défense naturelle pour l’Italie<ref name="Tirol"/>{{,}}<ref name="Invasion"/>. L’invasion de l’an 15 {{av. J.C.JC}} réussit également à soumettre le royaume celte de Norique à l’estl'est de la Rhétie ; dans les années 12 et 9 {{av. J.C.JC}}, Drusus et Tibère envahirent la [[Pannonie]], voisine de la Rhétie. Les Romains s’établissaient ainsi sur le Danube qui prolongera dans les siècles subséquents la frontière du Rhin<ref group="N">Voir articles « Marcomans » et « Quades ».</ref>.
 
=== Création et expansion de la province, {{s minis2-|I|er}} et {{s mini-|II|e}} siècles ===
[[Image:Rätischer Donaulimes.png|vignette|Limes du Danube Regensburg-Passau]]
[[Fichier:Römische Provinzen im Alpenraum ca 150 n Chr.png|vignette|alt=Provinces romaines des Alpes vers 150 ap. J.-C.|Provinces romaines des Alpes vers 150 {{ap JC}}]]
 
Sous le règne de l’[[Empereur romain|empereur]] [[Tibère]] (14-37 {{ap JC}}) ou sous celui de [[Claude (empereur romain)|Claude]] (41-54 {{ap JC}}), les territoires situés entre la partie occidentale du [[lac de Constance]], le [[Danube]] et l’[[Inn (rivière)|Inn]], de même que le nord du [[Tyrol]], furent réunis, d’abord en un district militaire, puis en une province qui prit le nom de « Rhétie et Vindélicie », et par la suite de « Rhétie ». Sous l’empereur Claude, pour défendre la frontière du Danube, fut construite une série de [[Château fort|châteaux forts]] sur la rive sud du fleuve allant de sa source jusqu'aux environs de [[Ravensbourg]], appelée ''Via iuxta Danuvium''. Elle était reliée directement à Augsbourg et au Nord de l'Italie par la ''Via Claudia''. Vers 43, le [[Canton du Valais|Valais]] qui faisait partie de la province en fut détaché pour former la province dite ''Vallis Paenina'' ([[Alpes pennines]]) souvent reliée aux Alpes ''Graiae'' (Alpes grecques)<ref group="N">Voir les articles « Préalpes » et « Alpes grecques ».</ref>.
[[Fichier:Römische Provinzen im Alpenraum ca 150 n Chr.png|vignette|gauche|alt=Provinces romaines des Alpes vers 150 ap. J.-C.|Provinces romaines des Alpes vers 150 {{ap JC}}.]]
 
Dans les années subséquentes, la Rhétie se développa en annexant progressivement le territoire dit des [[Champs Décumates]] entre le Rhin et le Danube (voir cartes). À partir de [[Domitien]] (81-96), on entreprit la construction du [[Limes de Germanie|''limes'' de Rhétie]] (''Rätischen Limes'' en allemand), frontière protégeant les territoires revendiqués par [[Rome]] non signalée par des cours d’eau ou autres caractéristiques géographiques identifiables. Vers [[90]], fut construit le camp fortifié de [[Gunzenhausen]], le point le plus au nord du ''limes'', aujourd’hui en [[Bavière]]. La construction fut achevée sous Antonin le Pieux (138-161).
Sous le règne de l’[[Empereur romain|empereur]] [[Tibère]] (14-37 {{ap JC}}) ou sous celui de [[Claude (empereur romain)|Claude]] (41-54 {{ap JC}}), les territoires situés entre la partie occidentale du [[lac de Constance]], le [[Danube]] et l’[[Inn (rivière)|Inn]], de même que le nord du [[Tyrol]], furent réunis, d’abord en un district militaire, puis en une province qui prit le nom de « Rhétie et Vindélicie », et par la suite de « Rhétie ». Sous l’empereur Claude, pour défendre la frontière du Danube, fut construite une série de [[Château fort|châteaux forts]] sur la rive sud du fleuve allant de sa source jusqu'aux environs de [[Ravensburg]], appelée ''Via iuxta Danuvium''. Elle était reliée directement à Augsbourg et au nord de l’Italie par la ''Via Claudia''. Vers 43, le [[Valais]] qui faisait partie de la province en fut détaché pour former la province dite ''Vallis Paenina'' ([[Alpes pennines]]) souvent reliée aux Alpes Graiae (Alpes grecques)<ref group="N">Voir les articles « Préalpes » et « Alpes grecques ».</ref>.
 
Ainsi, la Rhétie s'étendit non seulement pour couvrir le territoire des Vindéliciens et plus au nord sur le territoire où s'étaient vraisemblablement établis les Rhètes, mais également et encore plus peut-être au sud de la vallée de la Inn dans les territoires proprement italiens (l’ancienne ''Gallia cisalpina''). C’est ainsi qu’elle annexa la [[Valteline]] (vallée de la rivière Adda et de ses affluents) qui forma plus tard la province de ''Gallia transpadana'' et la région connue aujourd'hui comme le Trentin-Tyrol du sud, divisée par la suite pour constituer la [[Vénétie]] et l’[[Istrie]]<ref>Voir « Tirol » dans ''Roma Victrix'' [en ligne] http://www.roma-victrix.com/urbesetloca/urbesetloca_italia_regioIXXXI.htm {{Lien archive|url=http://www.roma-victrix.com/urbesetloca/urbesetloca_italia_regioIXXXI.htm |horodatage archive=20100328222942 |titre=Copie archivée }}.</ref>. Ces derniers faisaient déjà partie des territoires conquis avant le passage des Alpes en 15 {{av JC}}).
Dans les années subséquentes, la ''Rhétie'' se développa en annexant progressivement le territoire dit des [[Champs Décumates]] entre le Rhin et le Danube (voir cartes). À partir de [[Domitien]] (81-96), on entreprit la construction du [[Limes de Germanie|limes de Rhétie]] (''Rätischen Limes'' en allemand), frontière protégeant les territoires revendiqués par [[Rome]] non signalée par des cours d’eau ou autres caractéristiques géographiques identifiables. Vers [[90]], fut construit le camp fortifié de [[Gunzenhausen]], le point le plus au nord du limes, aujourd’hui en [[Bavière]]. La construction fut achevée sous ''Antonin le Pieux'' (138-161).
C’est probablement sous l’empereur [[Trajan]] (98-117), que la ville d'''[[Augsbourg|Augusta Vindelicorum]]'' (ou ''Augusta Vindelicum'', aujourd’hui Augsbourg) devint la capitale de la Rhétie. On croit que le siège du gouverneur était jusqu'à cette date situé à ''Cambodunum'', aujourd’hui [[Kempten (Allgäu)|Kempten]]<ref>Weber (2000), {{p.|43}}; Czysz (1995), {{p.|200}}; Bechert (1999), {{p.|152}}.</ref>. Une légion romaine ([[Legio III Italica|''Legio {{III}} Italica'']]) y fut stationnée sous l’empereur [[Marc Aurèle]], au plus tard en 180. Le gouverneur fut au siècle suivant un sénateur ayant rang de [[légat d'Auguste propréteur]].
 
=== Liste de villes et agglomérations ===
Ainsi, la ''Rhétie'' s’étendit non seulement pour couvrir le territoire des Vindéliciens et plus au nord sur le territoire où s’étaient vraisemblablement établis les Rhètes, mais également et encore plus peut-être au sud de la vallée de la Inn dans les territoires proprement italiens (l’ancienne Gallia cisalpina). C’est ainsi qu’elle annexa la [[Valteline]] (vallée de la rivière Adda et de ses affluents) qui forma plus tard la province de ''Gallia transpadana'' et la région connue aujourd’hui comme le Trentin-Tyrol du sud, divisée par la suite pour constituer la [[Vénétie]] et l’[[Istrie]]<ref>Voir « Tirol » dans Roma Victrix [en ligne] http://www.roma-victrix.com/urbesetloca/urbesetloca_italia_regioIXXXI.htm.</ref>.Ces derniers faisaient déjà partie des territoires conquis avant le passage des Alpes en 15 {{av JC}}).
{{colonnes|nombre=3|
C’est probablement sous l’empereur [[Trajan]] (98-117), que la ville d’[[Augusta Vindelicorum]] (ou Augusta Vindelicum, aujourd’hui Augsbourg) devint la capitale de la Rhétie. On croit que le siège du gouverneur était jusqu’à cette date situé à Cambodunum, aujourd’hui [[Kempten]]<ref>Weber (2000), {{p.|43}}; Czysz (1995), {{p.|200}}; Bechert (1999), {{p.|152}}.</ref>. Une légion romaine ([[Legio III Italica]]) y fut stationnée sous l’empereur [[Marc Aurèle]], au plus tard en 180. Le gouverneur fut au siècle suivant un sénateur ayant rang de [[légat d'Auguste propréteur]].
*''Alae'' ([[Aalen]])
*''Arbor Felix'' ([[Arbon (Thurgovie)]])
*''Abodiacum'' (Epfach, [[Denklingen]])
*''Aquileia'' ([[Heidenheim an der Brenz]])
*''Augusta Vindelicorum'' ([[Augsbourg]])
*''Ausugum'' ([[Borgo Valsugana]])
*''Bauzanum'' or ''Pons Drusi'' ([[Bolzano]])
*''Belunum'' ([[Belluno]])
*''Bilitio'' (''Bellinzona'', [[Bellinzone]])
*''Brigantium'' (Bregenz, [[Brégence]])
*''Cambodunum'' ([[Kempten (Allgäu)]])
*''Castra Batava'' ([[Passau]])
*''Castra Regina'' (Regensburg, [[Ratisbonne]])
*''Clavenna'' ([[Chiavenna]])
*''Clunia'' (Feldkirch (Vorarlberg) ou [[Balzers]], Liechtenstein)
*''Curia'' (Chur, [[Coire]])
*''Endidae'' (Neumarkt, [[Egna]])
*''Feltria'' ([[Feltre]])
*''Foetes'' ([[Füssen]])
*''Guntia'' (Günzburg, [[Guntzbourg]])
*''Gamundia Romana'' ([[Schwäbisch Gmünd]])
*''Oscela'' ([[Domodossola]])
*''Parthanum'' ([[Garmisch-Partenkirchen]])
*''Sebatum'' ([[San Lorenzo di Sebato]])
*''Sorviodurum'' ([[Straubing]])
*''Sublavio'' (Waidbruck, [[Ponte Gardena]])
*''Tridentum'' ([[Trente (Italie)|Trente]])
*''Veldidena'' (Wilten, [[Innsbruck]])
*''Vipitenum'' (Sterzing, [[Vipiteno]])
}}
 
=== L’invasion des Alamans, {{s-|III|e}} ===
[[Image:Abusina TabPeut.jpg|vignette|droite|{{Lien|langue=de|trad=Kastell Eining|fr=Arusena}} (''Abusina'') sur la [[Table de Peutinger]]]]
 
À partir du {{s-|III|e}}, la Rhétie se trouva directement exposée aux attaques germaniques, principalement des [[Alamans]]. Lors des premiers affrontements en 213 et, par la suite, en 233-235, [[Caracalla]] puis [[Maximin Ier le Thrace|Maximin le Thrace]] leur infligèrent des défaites telles qu'ils mirent une génération avant d'attaquer de nouveau<ref>Voir articles sur ces deux empereurs.</ref>.
[[Fichier:Römische Provinzen im Alpenraum 395 n Chr.png|vignette|alt=Les provinces romaines des Alpes et leurs diocèses aux environs de 395|Les provinces romaines des Alpes et leurs diocèses vers 395.]]
 
À partir du {{s-|III|e}}, la Rhétie se trouva directement exposée aux attaques germaniques, principalement des [[Alamans]]. Lors des premiers affrontements en 213 et, par la suite, en 233-235, [[Caracalla]] puis [[Maximin le Thrace]] leur infligèrent des défaites telles qu’ils mirent une génération avant d’attaquer de nouveau<ref>Voir articles sur ces deux empereurs.</ref>.
 
Toutefois, la crise que traversa l’empire au {{s-|III|e}} conduisit à une retraite des points les plus avancés de la frontière. Les troupes stationnées en Rhétie furent réduites pour aller rejoindre les forces combattant les [[Goths]] et les [[Sassanides]] à l’est de l’empire. En 258, les Alamans détruisirent les fortins du limes rhéno-danubien et lancèrent des raids dévastateurs en [[Gaule]], en [[Espagne]] et en [[Italie]]. Au printemps 259, [[Gallien]] les battit près de [[Milan]], mais dut leur abandonner les Champs Décumates : les Alamans s’installèrent dans ce saillant d’où ils passèrent facilement le Rhin ou le Danube menaçant directement la Gaule de l’Est, la Rhétie et l’Italie du Nord. La frontière fut progressivement ramenée de facto au Danube au nord, à l’[[Iller]] à l’ouest jusqu’au lac de Constance et au Haut-Rhin. Les troupes qui y furent stationnées près de Güntzbourg y demeurèrent jusqu’à ce qu’[[Odoacre]] ordonne leur départ en 488.
 
Toutefois, la crise que traversa l’empire au {{s-|III|e}} conduisit à une retraite des points les plus avancés de la frontière. Les troupes stationnées en Rhétie furent réduites pour aller rejoindre les forces combattant les [[Goths]] et les [[Sassanides]] à l'est de l’empire. En 258, les Alamans détruisirent les fortins du ''limes'' rhéno-danubien et lancèrent des raids dévastateurs en [[Gaule]], en [[Espagne]] et en [[Italie]]. Au printemps 259, [[Gallien]] les battit près de [[Milan]], mais dut leur abandonner les Champs Décumates : les Alamans s'installèrent dans ce saillant d'où ils passèrent facilement le Rhin ou le Danube menaçant directement la Gaule de l'Est, la Rhétie et l'Italie du Nord. La frontière fut progressivement ramenée ''de facto'' au Danube au nord, à l'[[Iller (rivière)|Iller]] à l'ouest jusqu'au lac de Constance et au Haut-Rhin. Les troupes qui y furent stationnées près de Güntzbourg y demeurèrent jusq'à ce qu’[[Odoacre]] ordonne leur départ en 488.
=== La division de la province, {{s mini-|IV|e}}siècle ===
 
=== La division de la province, {{s-|IV|}} ===
[[Image:Römische Provinzen im Alpenraum 395 n Chr.png|vignette|droite|alt=Les provinces romaines des Alpes et leurs diocèses aux environs de 395|Les provinces romaines des Alpes et leurs diocèses vers 395.]]
Au {{s-|IV|e}}, les Alamans dirigèrent leurs assauts vers la rive gauche du Rhin où ils fondèrent le royaume alaman, offrant ainsi un répit à la Rhétie.
 
Lors de la réforme de l’empire par [[Dioclétien]] cette province fut incorporée dans le diocèse d’Italie et divisée en deux : ''Raetia prima'' (''Curiensis'') et ''Raetia secunda'' (''Vindelica''). Elles furent dès lors mises sous la juridiction d’und'un [[dux]] (''Dux Raetiae'') et régies par deux gouverneurs de moindre rang (''Praesides'') ayant respectivement leur siège à ''Curia'' ([[Coire]] en Suisse) et à ''Augusta Vindelicorum'' (Augsbourg en Allemagne).
 
La limite précise entre les deux territoires n’apparaitn’apparaît pas clairement dans les textes. Si l’on se fie aux recherches conduites au {{s mini-|XIX|e}} et au début du {{s-|XX|e}}, la ''Raetia secunda'' comprenait les [[Préalpes orientales septentrionales|Préalpes]] entre l’Illerl'Iller, le Danube et la l'Inn alors que la ''Raetia prima'' englobait les [[Canton des Grisons|Grisons]], les Alpes du nord jusqu’àjusqu'à [[Kufstein]] et les Alpes centrales autrichiennes jusqu’àjusqu'à la Ziller. On est maintenant certain que les Grisons appartenaient à la ''Raetia prima'', alors que les Préalpes à l’estl'est de l’Illerl'Iller appartenaient à la ''Raetia secunda''. Le doute subsiste toutefois quant aux régions appartenant de nos jours à l’l'[[Autriche]] et au Sud-Tyrol.
 
=== Les Alamans sur la Lech, les Francs, les Ostrogoths et les Bavarois, {{s2-|V|VI}} ===
Au cours du {{s-|V}}, des [[Vandales]] et des [[Alains]] qui fuyaient les [[Huns]] envahirent la Rhétie et la Norique. [[Stilicon]] les battit et les installa comme fédérés dans le Nord de l’Italie. Les fortifications établies sur le Danube furent progressivement abandonnées, les Romains n’ayant plus les moyens de défendre la Rhétie, et les fédérés qui, au terme du ''foedus'', auraient dû fournir des soldats s’abstenant, leur solde n’étant pas payée. Selon la ''Vita Sancti Severini'', les garnisons encore en large partie romaines de Quintanis (Künzing) et Batavis (Castra Batava, [[Passau]]) quittèrent la ''Raetia secunda'' vers 470, sous la pression d’attaques constantes de la part des Alamans<ref>Heuberger (1956), {{p.|122}}.</ref>, ce que confirme les découvertes archéologiques<ref>Czycz (1995), {{p.|358-404}} et 405-411.</ref>.
 
À partir des années 500, la colonisation alamanne s’intensifia dans les régions où était demeurée une population fortement romanisée comme en témoigne nombre de noms de lieux et de rivières. Ils se heurtèrent bientôt aux [[Francs]] : [[Clovis Ier|Clovis]] les battit définitivement à la bataille de Tolbiac (aujourd’hui [[Zülpich]] en Rhénanie-du-nord/Westphalie) en 496/497<ref>Grégoire de Tours, livre II, 31.</ref>. Leurs possessions passèrent progressivement aux mains des Francs ce qui entraina leur exode des Gaules vers la Rhétie tombée entretemps aux mains des [[Ostrogoths]].
Au cours du {{s-|V}}, des [[Vandales]] et des [[Alains]] qui fuyaient les [[Huns]] envahirent la Rhétie et la Norique. [[Stilicon]] les battit et les installa comme fédérés au nord de l’Italie. Les fortifications établies sur le Danube furent progressivement abandonnées, les Romains n’ayant plus les moyens de défendre la Rhétie, et les fédérés qui, au terme du ''foedus'', auraient dû fournir des soldats s’abstenant, leur solde n’étant pas payée. Selon la ''Vita Sancti Severini'', les garnisons encore en large partie romaines de Quintanis (Künzing) et Batavis (Castra Batava, [[Passau]]) quittèrent la ''Raetia secunda'' vers 470, sous la pression d’attaques constantes de la part des Alamans<ref>Heuberger (1956), {{p.|122}}.</ref>, ce que confirme les découvertes archéologiques<ref>Czycz (1995), {{p.|358-404}} et 405-411.</ref>.
 
À partir des années 500, la colonisation alamanne s’intensifia dans les régions où était demeurée une population fortement romanisée comme en témoigne nombre de noms de lieux et de rivières. Ils se heurtèrent bientôt aux [[Francs]] ; [[Clovis]], les battit définitivement à la bataille de Tolbiac (aujourd’hui [[Zülpich]] en Rhénanie-du-nord/Westphalie) en 496/497<ref>Grégoire de Tours, livre II, 31.</ref>. Leurs possessions passèrent progressivement aux mains des Francs ce qui entraina leur exode des Gaules vers la Rhétie tombée entretemps aux mains des [[Ostrogoths]].
 
[[Théodoric le Grand|Théodoric]] accueillit les Alamans en Rhétie et plaida leur cause auprès de Clovis tout en se servant d’eux comme d’une menace contre son beau-frère et en incorporant cette région dans son royaume<ref>Cramer (1899), {{p.|220}} et sq.; voir aussi Heather (2009), {{p.|364}}.</ref>.
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Le territoire habité par les Alamans s’étendit progressivement de l’Iller jusqu’au-delà de la [[Lech]]. À l’est de la Lech, la plupart des historiens et archéologues modernes s’entendent pour dire que l’on trouvait les Vindéliciens celtes, une population civile romaine, des Alamans qui y avaient immigré ainsi que divers groupes d’origine germanique comme les [[Marcomans]], une nouvelle tribu germanique, les Bavarii ou Bavarois.
 
La défaite du royaume des Ostrogoths par l’empereur [[Justinien Ier|Justinien]] en 540 conduisit à un affaiblissement sensible des liens entre la Rhétie transalpine et l’Italie qui fit perdre à la culture romaine et à la langue latine leur influence. Sur le plan géographique, l’invasion bavaroise lui enleva la province d’Augsbourg, de telle sorte que la Rhétie se réduisit à la seule province de Coire (en allemand ''Chur'') où un évêché avait été fondé vers la fin du {{s-|IV|e}}.
 
L’affaiblissement du pouvoir des [[Mérovingiens]] dans la deuxième moitié du {{s-|VII|e}} permit à la Rhétie, excentriqueexcentrée et peu développée, d’acquérir une certaine autonomie sous la conduite de la famille Zaccon/Victorides qui exerça à la fois les fonctions civiles et religieuses (''praeses'' et évêque)<ref>Voir à ce sujet Heather (2009), {{p.|366-367}}.</ref>. [[Charlemagne]] l’éleva au rang de comté et le ''reciarum comes'' ou comte des Rhétie remplaça le ''praeses''. Peu après, les pouvoirs du comte furent transférés à l’évêque de Coire. Par le [[traité de Verdun]], la Rhétie fut attribuée au royaume franc de l’Est et le diocèse de Coire, centre religieux de la région, passa de la juridiction de [[Milan]] à celle de [[Mayence]], ce qui accéléra la germanisation et le passage du latin vulgaire au rhéto-romanche<ref>Deplazes (2012).</ref>.
[[Charlemagne]] l’éleva au rang de comté et le ''reciarum comes'' ou comte des Rhétie remplaça le ''praeses''. Peu après, les pouvoirs du comte furent transférés à l’évêque de Coire. Par le [[traité de Verdun]], la Rhétie fut attribuée au royaume franc de l’Est et le diocèse de Coire, centre religieux de la région, passa de la juridiction de [[Milan]] à celle de [[Mayence]], ce qui accéléra la germanisation et le passage du latin vulgaire au rhéto-romanche<ref>Deplazes (2012).</ref>.
 
[[Fichier:Alamannien Hochburgund ca 1000.png|thumb|alt=Le duché alamn et le royaume des Burgondes au {{s-|X}}|left|Le duché des Alamans et le royaume des Burgondes au {{s-|X}}.]]
 
Cette période se termina lorsque Hunfrid, margrave d’Istrie, devint comte en 807. Ses héritiers réussirent à s’élever suffisamment pour que [[Burchard II de Souabe|Burchard II]] (919-926) devienne duc de Souabe. Incorporée au duché de Souabe, la Rhétie perdit alors son identité propre et fut divisée en trois comtés : Basse-Rhétie, Haute-Rhétie et [[val Venosta]] qui furent à nouveau divisés au {{s-|XII|e}}. En Haute-Rhétie se développèrent aux {{s minis2-|XIV|e}} et {{s mini-|XV|e}} siècles les « [[Trois Ligues]] » ou « Ligues rhétiques »<ref>{{DHS|26840|Ligues rhétiques}}</ref>. Cette ligue fut fondée pour combattre les influences extérieures, notamment celle de l’évêque de Coire. Elle était formée de la [[Ligue de la Maison-Dieu]], de la [[Ligue grise]] (qui donna son nom au canton des Grisons) et de la [[Ligue des Dix-Juridictions]]. En 1499, les Trois Ligues combattirent les [[Maison de Habsbourg|Habsbourg]] aux côtés de la [[Suisse|Confédération suisse]] dans la guerre de [[Souabe]]. En 1518, les Trois Ligues règlent leurs relations avec les Habsbourg dans un contrat, signé par l'empereur [[Maximilien Ier (empereur du Saint-Empire)|Maximilien]], qui resta en vigueur jusqu'en 1798. Les dernières traces de la juridiction de l'évêché de Coire furent abolies en 1526.
 
Après avoir été intégrées à la [[République cisalpine]] par [[Napoléon]] {{Ier}}]], la République helvétique invita les Trois Ligues en 1798 à devenir membre de la confédération sous le nom de « canton de Rhétie ou des Grisons »<ref>Constitution de la République helvétique du 16 mars 1798, article 18 : « Les Ligues-Grises sont invitées à devenir partie intégrante de la Suisse ; & si elles répondent favorablement à cette invitation, les cantons seront provisoirement au nombre de vingt-deux ; savoir : […] De Rhétie, ou des Grisons ; chef-lieu, Coire ».</ref>.
 
L’[[Acte de médiationMédiation]] de 1803 créa un nouveau [[canton des Grisons]] en incorporant à l’ancien canton de Rhétie les seigneuries de [[Haldenstein]] et de [[Tarasp]] ainsi que le quartier épiscopal de Coire. En 1815, l'Autriche céda au canton des Grisons la seigneurie de [[Rhäzüns]] (en allemand : Herrschaft Rhäzüns), qu'il avait cédée à la [[France]], par l'article 3 du [[traité de Schönbrunn (1809)|traité de Vienne]]. Mais l'Acte final du Congrès de Vienne ne restitua pas la [[Valteline]] au canton des Grisons, celle-ci étant cédée à l’Autriche.
 
== Notes et référencesSource ==
{{Traduction/Référence|de|Raetia|113472395}}
 
=== Notes ===
 
{{Références|groupe=N}}
 
=== Références ===
 
== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|groupe=N}}
=== Références ===
{{Références}}
 
== BibliographieVoir aussi ==
=== Bibliographie ===
On consultera avec profit le « Dictionnaire historique de la Suisse » qui contient plusieurs articles sur le sujet : {{DHS|8094|Rhétie|auteur=Deplazes, Lothar}}
 
* {{Ouvrage|langue=de|auteur1=Tillmann Bechert|titre=Die Provinzen des römischen Reiches|sous-titre=Einführung und Überblick|lieu=Mayence|éditeur=[[Éditions Philipp von Zabern]]|année=1995|pages totales=222|isbn=978-3-8053-2399-4}}.
On consultera avec profit le « Dictionnaire historique de la Suisse » qui contient plusieurs articles sur le sujet : {{DHS|8094|Rhétie|auteur=Deplazes, Lothar}}
* {{Ouvrage|langue=de|auteur1=Julius Cramer|titre=Die Geschichte der Alamannen als Gaugeschichte|lieu=Aalen|éditeur=Scientia Verlag|année=1971|isbn=3-511-04057-4}}{{commentaire biblio SRL|réédition du texte original paru en 1899 à [[Wrocław|Breslau]] chez Verlag M & H Marcus}}.
 
* {{Ouvrage|langue=de|auteur1=Wolfgang Czysz|titre=Die Römer in Bayern|lieu=Stuttgart|éditeur=Theiss|année=1995|pages totales=594|isbn=978-3-8062-1600-4}}.
* Bechert, Tillmann u.a. (éd), ''Orbis Provinciarum. Die Provinzen des römischen Reiches. Einführung und Überblick''. Mainz, 1999.
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Peter Heather|titre=The Fall of the Roman Empire|sous-titre=A New History|lieu=Londres|éditeur=[[Macmillan Publishers|Macmillan]]|année=2006|pages totales=572|isbn=978-0-330-49136-5}}.
 
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Peter Heather|titre=Empires and Barbarians|sous-titre=Migration, Development and the Birth of Europe|lieu=Londres|éditeur=[[Macmillan Publishers|Macmillan]]|année=2009|pages totales=734|isbn=978-0-330-49255-3}}.
* Cramer, Julius, ''Die Geschichte der Alamannen als Gaugeschichte'', Breslau, 1899, réédité Scientia Verlag, 1971.
* {{article|langue=de|auteur=Richard Heuberger|titre=Tirol in der Römerzeit |périodique=Tiroler Heimat|éditeur=Tyrolia-Verlag |lieu=Innsbruck/Vienne | année= 1956 | volume=XX |passage=133-138 |format=pdf|lire en ligne=https://homepage.univie.ac.at/r.steinacher/downloads/Heuberger/57a-korr.pdf}}.
 
* {{Ouvrage|langue=de|auteur1=Elisabeth Meyer-Marthaler|titre=Rätien im frühen Mittelalter. Eine verfassunsgeschichliche Studie|lieu=Zurich|éditeur=Leemann|année=1948|présentation en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1951_num_109_1_461403_t1_0119_0000_000}}.
* Czysz, Wolfgang, ''Die Römer in Bayern''. Theiss, Stuttgart, 1995.
* {{Ouvrage|langue=de|auteur1=Gerold Walser|titre=Die römischen Strassen und Meilensteine in Raetien|lieu=Stuttgart|éditeur=Gesellschaft für Vor- und Frühgeschichte in Württemberg und Hohenzollern|année=1983|isbn=}}.
 
* {{Ouvrage|langue=de|auteur1=Gerhard Weber|titre=Cambodunum-Kempten|sous-titre=Erste Haupstadt der römischen Provinz Raetien?|lieu=Mayence|éditeur=[[Éditions Philipp von Zabern]]|année=2000|isbn=978-3-8053-2691-9}}.
* Heather, Peter, ''Empires and Barbarians. Migration, Development and the Birth of Europe.''London, Macmillan, 2009. {{ISBN|978-0-330-49255-3}}.
 
=== Articles connexes ===
* Heather, Peter, ''The Fall of the Roman Empire, A New History.'' London, Macmillan, 2006. {{ISBN|978-0-330-49136-5}}.
 
* Heuberger, Richard, « Tirol in der Römerzeit » dans Wopfner, Hermann, Franz Huter (éd.). ''Jahrbuch für Geschichte und Volkskunde, '' vol. 22, Tyrolia, Innsbruck/Vienne, 1956. PDF (1,38 MB) à (http://homepage.uibk.ac.at/~c61705/57a-korr.pdf.).
 
* Meyer-Marthaler, Elisabeth, ''Rätien im frühen Mittelalter. Eine verfassunsgeschichliche Studie.'' Zurich, Leemann, 1948. Résumé en ligne: http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1951_num_109_1_461403_t1_0119_0000_000.
 
* Walser, G., ''Die römischen Strassen und Meilensteine von Raetien'', Stuttgart, 1983.
 
* Weber, Gerhard. « Cambodunum-Kempten. Erste Haupstadt der römischen Provinz Raetien? » dans ''Sonderband Antike Welt'', Zabern, Mainz, 2000.
 
{{Traduction/Référence|de|Raetia|113472395}}
 
== Voir aussi ==
{{Autres projets
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* {{Lien|lang=en|trad=Early history of Switzerland|fr=Histoire de la Suisse avant 1300}}
* {{Lien|lang=en|trad=Laugen-Melaun culture|fr=Culture de Laugen-Melaun}} (1350-500)
* [[Culture de Fritzens-Sanzeno]] (500-15/5 AEC)
* [[La Tène]], second âge du fer (450-50 AEC)
 
* {{Lien|lang=en|trad=Rätisches Museum (Sanzeno)|fr=Musée rhète de Sanzeno}} ([[Sanzeno]] ([[province autonome de Trente]], 2003)
* [[Rhètes]], {{Lien|lang=en|trad=Vennones|fr=Vennones}}
* [[Rhétique]] (langue rhète, éteinte)
* [[Alpes rhétiques]]
* [[Rhétique]], [[langues rhéto-romanes]]
* [[Vendéliques]], ''Vindélicie''
 
* [[Suisse gallo-romaine]]
* {{Lien|lang=de|trad=Cohors I Raetorum (Germania)|fr=Armée romaine en Suisse}}
* {{Lien|lang=de|trad=Liste der Statthalter Raetiens|fr=Liste des gouverneurs de Rhétie}}
* {{Lien|lang=de|trad=Dux Raetiae primae et secundae|fr=Dux Raetiae primae et secundae}}, ''praefectus Raetis, Vindelicis et Vallis Poeninae''
* [[Astroblème du Nördlinger Ries]]
* [[Coire|Curia Raetorum]] (Welschdörfli, près de [[Coire]]/''Chur'')
* {{Lien|lang=de|trad=Raetia prima|fr=Raetia prima}} (''Curiensis'') et {{Lien|lang=de|trad=Raetia secunda|fr=Raetia secunda}}(''Vindelica'')
* [[Kempten (Allgäu)]] ({{Lien|lang=de|trad=Cambodunum|fr=Cambodunum}}), [[Augsbourg]] (''Augusta Vindelicorum'')
 
* [[Alamans]], [[Bavarii]], [[Marcomans]], [[Vendéliques]], et autres peuples
* [[Champs Décumates]]
* {{Lien|lang=en|trad=Alpine regiments of the Roman army|fr=Régiments alpins de l'armée romaine}}
* {{Lien|lang=en|trad=Alpinorum auxiliary regiments|fr=Régiments auxiliaires alpins}}
* {{Lien|lang=de|trad=Churrätien|fr=Rhètes de Chur}} (Moyen-Âge)
* [[Traditions alpines préchrétiennes]]
* ''[[Astérix chez les Helvètes]]'' (1970)
 
=== Articles connexes ===
;Antiquité romaine
* [[Conquête romaine de la Rhétie et de l'arc alpin]] (16-7 AEC)
* [[Province romaine]],[[Gouverneur romain]],
* [[Province romaine]], [[Gouverneur romain]],
* [[Liste de voies romaines]],
* [[Antiquité tardive]], [[Notitia dignitatum]],
* [[Liste_des_dioc%C3%A8ses_de_l%27Empire_romainListe des diocèses de l'Empire romain|Liste des diocèses de l'Empire romain tardif]], [[Liste_des_provinces_romainesListe des provinces romaines#Liste_des_provinces_romaines_sous_le_BasListe des provinces romaines sous le Bas-Empire|Liste des provinces du Bas-Empire]]
 
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