« Aborigènes d'Australie » : différence entre les versions

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Les '''Aborigènes d’Australie''' (en [[anglais]] : ''Aboriginal Australians'') sont les premiers humains connus à s'être établis sur le territoire de l’[[Australie]] et sont reconnus comme l’un des deux peuples '''autochtones d’Australie''' avec les [[indigènes du détroit de Torrès|Insulaires du détroit de Torrès]]. Leur culture vieille de plusieurs dizaines de millénaires est parmi les plus anciennes au monde.
 
L'arrivée des [[Européens]] sur l'île continent en 1788 provoque d'importantes conséquences sur les Aborigènes : leur nombre diminue drastiquement à la suite des conflits, massacres et maladies inconnues apportées du continent européen par les colons [[britanniques]]. Ceci entraîna alors le déclin de leur situation démographique, sociale et économique. Depuis les [[années 1960]], la communauté Aborigène se voit accordéeaccorder progressivement le droit de vote, la citoyenneté australienne puis le droit de se présenter aux parlements locaux et certains ''homelands'' leur sont restitués à partir de [[1976]] tandis que leur population augmente. NéanmmoinsNéanmoins, ils restent en marge du développement australiens et ne bénéficient pas encore de certains privilèges.
 
== Définition ==
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Officiellement, un terme tel que {{citation|en partie aborigène}} ne veut rien dire : on est aborigène ou on ne l’est pas. La couleur de peau n’est pas un critère et certains Aborigènes ont une peau très claire, alors que certains de leurs ancêtres étaient noirs de peau<ref name="définition">{{Lien web |url=https://web.archive.org/web/20120207071332/http://www.aph.gov.au/LIBRARY/pubs/rn/2000-01/01RN18.htm |titre=The Definition of Aboriginality}}, John Gardiner-Garden, site web du Parlement australien, 5 décembre 2000.</ref>. La même définition s’applique aux [[indigènes du détroit de Torrès]]<ref name="définition" />.
 
Cette définition australienne est très différente de lal'ancienne définition [[États-Unis|américaine]], la ''[[Règle_de_l'unique_goutte_de_sang|one drop rule]]'' selon laquelle estétait [[Afro-Américains|afro-américaine]] toute personne ayant un ancêtre afro-américain, qu’elle le reconnaisse et revendique ou non, et qu’elle soit ou non reconnue comme telle par les autres afro-américains<ref>Selon le [[Bureau du recensement des États-Unis]], les termes « Noir Américain » et « Afro-Américain » sont synonymes et désignent {{Citation|une personne ayant des origines dans n'importe quel groupe racial noir d'Afrique}} : voir {{Lien web |langue=en |titre=About Race |url=https://www.census.gov/topics/population/race/about.html |site=www.census.gov |consulté le=11 septembre 2019}}.</ref>.
 
== Histoire ==
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=== Maîtrise des brûlis ===
Les premiers explorateurs furent étonnés, en découvrant le nouveau continent, de l'aspect des paysages, qu'ils comparaient souvent à un « [[jardin à l'anglaise]] ». Les forêts impénétrables y étaient rares, et l'espace y était ouvert, structuré en une alternance de [[prairie (agriculture)|prairies]], de bosquets, et de [[futaie]]s dépourvues de sous-bois. Ils furent également frappés par la dextérité avec laquelle les indigènes utilisaient le feu pour entretenir ce paysage. Armés de leurs «[[bâton à feu|bâtons à feu]] (''fire-sticks'' »en anglais), et aidés par une solide connaissance des conditions climatiques, du régime des vents et de la biologie des plantes, les Aborigènes pratiquaient en effet des [[Agriculture sur brûlis|brûlis]] raisonnés, selon un calendrier coordonné entre les tribus et organisés en vastes damiers. Ceux-ci leur permettaient de contrôler la croissance des buissons, d'alimenter en cendre les végétaux dont ils se nourrissaient, de réveiller les graines de leur dormance et, plus généralement, d'organiser sur le long terme le paysage à leur guise. Les brûlis étaient également l'occasion d'encourager le gibier à se déplacer vers des espaces repérés par avance et d'en faciliter ainsi la chasse et la capture<ref name="pascoe" />.
 
[[Image:1413 - Brewarrina Aboriginal Fish Traps - Baiame's Ngunnhu - Historic (probably posed) photo of a man fishing in the Brewarrina Aboriginal fish traps (5051305b12).jpg|vignette|droite|Pêcherie aborigène de Brewarrina.]]
'''Irrigation et pisciculture''' — Du fait des conditions climatiques parfois extrêmes, les Aborigènes avaient développé, pour l’entretien des cultures, des ouvrages et des techniques d’irrigation, le plus souvent couplées à une exploitation piscicole. Certains de ces aménagements, dont beaucoup ont été détruits ou endommagés après la colonisation, sont encore visibles, un des plus imposants étant le site de [[Brewarrina]]<ref>Sur la rivière [[Darling (rivière)|Darling]], en [[Nouvelle-Galles du Sud]], dans un district occupé par les Ngemba.</ref>, où la construction et l’entretien des retenues d’eau et des digues a nécessité l’effort coordonné de milliers de personnes pendant des générations<ref>La datation du site fait l'objet de controverses (certains chercheurs en date l'origine à {{nombre|40000|ans}}), mais il remonte au moins à {{nombre|3000|ans}} (Pacoe, 2014).</ref>. L’utilisation agricole de ces ouvrages, régulés par un système de vannes et servant également de frayères, était couplée à des pêcheries parfois équipées de nasses, de plate-formesplateformes avec déversoir ou de perchoirs sur lesquels les pêcheurs pouvaient se poster pour harponner leurs proies. La gestion des ouvrages, parfois conçus pour la capture d'un type particulier de poisson<ref>Comme les anguilles sur le [[Lake Bolac|lac Bolac]] (Pascoe, 2018).</ref> et des droits de pêche était précisément encadrée par la coutume dans un souci de partage des ressources prenant en compte aussi bien l'amont que l'aval du dispositif<ref name="pascoe" />.
 
Ces techniques de gestion de l’eau étaient complétées par le creusement et l’aménagement de puits, dont les conduits souvent maçonnés étaient couverts de pierres taillées assujetties pour éviter la pollution et l’évaporation<ref name=pascoe/>.
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==== Campagne pour modifier le jour de la fête nationale ====
La date de la fete nationale australienne, l'[[Australia Day]] est controversée, car le 26 janvier est la date de l’arrivée des navires britanniques sur la côte est de l’île, dans la crique de [[Sydney Cove]], en janvier 1788. Bien que depuis 1935, cette fête est censée célébrer l’unité nationale plutôt que l’arrivée des colons, pour les Aborigènes et les [[Indigènes du détroit de Torrès|insulaires du détroit de Torrès]], qui furent victimes d’une colonisation brutale, le 26 janvier reste dans les mémoires comme le “jour de l’Invasion” (Invasion Day) ou "jour de deuil"( Day of Mourning). Pour eux, cette date marque avant tout le début d'une longue période de vols, de brutalités, de destructions, de génocide culturel et ethnique et de marginalisations [[Histoire de l'Australie|coloniales]] ayant faillitfailli faire disparaitredisparaître leur peuple. Cette période est encore fraiche dans les mémoires des Aborigènes et des insulaires du détroit de Torrès, car elle a encore pour conséquence aujourd’hui une ségrégation raciale et socio-économique considérable<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Aude |nom=Massiot |titre=Australie : «Notre savoir aborigène n’est ni valorisé ni respecté» |url=https://www.liberation.fr/planete/2020/01/25/edite-pour-samedi-australie-notre-savoir-aborigene-n-est-ni-valorise-ni-respecte_1774948/ |site=Libération |consulté le=2023-01-27}}.</ref>.
 
Ainsi chaque année, le 26 janvier est pour les aborigènes et insulaires du détroit de Torrès un jour de manifestation pour la modification de la date du Jour de L’Australie, la reconnaissance du génocide et des crimes coloniaux et contre ségrégations raciales et socio-éoconomiqueéconomiques qu'ils subissent<ref name="courrierinternational">{{Lien web |langue=fr |titre=Fête nationale. En Australie, des manifestations contre le “Jour de l’invasion” |url=https://www.courrierinternational.com/article/fete-nationale-en-australie-des-manifestations-contre-le-jour-de-linvasion |site=Courrier international |date=2021-01-26 |consulté le=2023-01-27}}.</ref>.
 
En réponse à ces contestations, une autre commémoration, le [[National Sorry Day]] (“Jour national du pardon”), a été instaurée en 1998. Tous les 26 mai, l’Australie se remémore le sort de la ''génération volée'', celle des enfants aborigènes séparés de leur famille pendant un siècle, à partir de 1869.
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La journée du 26 janvier 2023 prend une importance particulière tant le pays semble à un tournant dans les relations postcoloniales. Les manifestations les plus importantes jamais organisées par des aborigènes ont lieu dans plusieurs villes du pays. Parmi les slogans, certains sont ressortis particulièrement : « Le génocide n’est pas une fierté » ou « Abolissez la date ! », contestant le fait de fêter l'unité de la nation le jour du début de la [[Histoire de l'Australie|colonisation]]. Les organisateurs demandent la signature d’un traité entre les peuples autochtones et le reste de la société australienne, étape essentielle, selon eux, avant la création d’Une voix au Parlement. Dans les cortèges, nombreux sont également les non-Aborigènes qui leur apportent leur soutien<ref name="courrierinternational" />.
 
Le projet de {{anglais|The Voice}} divise cependant la communauté aborigène. Beaucoup critiquent le manque d'ambition du projet. Bien que son parti soutienne le projet, la sénatrice aborigène du [[Verts australiens|parti Vert]] Lidia Thorpe annonce le 26 janvier « Nous méritons mieux qu’un organe consultatif ». Le projet rencontre une hostilité frontale de la part du parti de droite [[Parti national d'Australie|The Nationals]] ; la sénatrice [[Jacinta Nampijinpa Price]], issue du peuple aborigène {{lien|lang=en|trad=Warlpiri people|fr=peuple Warlpiri|texte=warlpiri}} du [[Territoire du Nord]] et membre de ce parti, devient la principale figure de la campagne contre la Voix à laquelle elle reproche d'une part son caractère flou, le gouvernement ne devant dévoiler qu'après le référendum le détail de ce que cet organe sera en pratique. Elle estime d'autre part qu'une Voix au niveau national ne serait pas représentative, lui préférant des instances représentatives au niveau local<ref>{{en}} [https://www.youtube.com/watch?v=9BTZuX_BPfg "Jacinta Nampijinpa Price answers your questions on the No campaign's Voice position"], [[Special Broadcasting Service]], 4 septembre 2023</ref>. Le [[Parti libéral d'Australie|parti libéral]], quant à lui, demande plus de détails sur le projet, notamment concernant la composition, la désignation et l’organisation du futur organe<ref name="courrierinternational2">{{Lien web |langue=fr |titre=Fête nationale. En Australie, un laborieux projet de référendum sur les droits des Aborigènes |url=https://www.courrierinternational.com/article/fete-nationale-en-australie-un-laborieux-projet-de-referendum-sur-les-droits-des-aborigenes |site=Courrier international |date=2023-01-26 |consulté le=2023-01-27}}.</ref>. L'ancien député [[Warren Mundine]], issu du peuple aborigène [[bundjalung]] et membre du Parti libéral, accuse le projet d'« inscrire dans la Constitution une division entre les Australiens selon leur race » lui rappelant la ségrégation raciale qu'il a connue enfant dans les années 1950 et 1960<ref>{{en}} [https://www.abc.net.au/news/2023-08-30/no-campaign-says-voice-proposal-would-divide-the-country/102794488 "No campaign says Voice proposal would divide the country"], [[Australian Broadcasting Corporation]], 30 août 2023</ref>{{,}}<ref>{{en}} [https://www.news.com.au/national/politics/warren-mundine-accuses-anthony-albanese-of-dividing-nation-on-race-over-the-voice/news-story/3776815377c88d58862650092485bad1 "Warren Mundine accuses Anthony Albanese of dividing nation on race over the Voice"], ''News.com.au'', 30 août 2023</ref>.
 
Le [[Référendum constitutionnel australien de 2023|référendum du 14 octobre 2023]] rejette à 60,49% le projet {{anglais|The Voice}}<ref>{{Article|langue=en|titre=National results|périodique=AEC|date=15 octobre 2023|lire en ligne=https://tallyroom.aec.gov.au/ReferendumNationalResults-29581.htm}}.</ref>. Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, [[Volker Türk]], s'est déclaré {{citation|profondément déçu de l'occasion manquée de reconnaître officiellement les peuples aborigènes et insulaires du détroit de Torres dans la Constitution australienne et de leur donner une plus grande voix aux côtés du Parlement du pays}} et choqué par l'ampleur de la [[désinformation]] qui a eu lieu autour du référendum<ref>{{Lien web|langue=fr|url=https://news.un.org/fr/story/2023/10/1139972|titre=Le rejet de la reconnaissance des peuples aborigènes par l'Australie déçoit l'ONU|site=news.un.org|éditeur=[[Organisation des Nations Unies]]|date=2023-10-24|consulté le=2023-12-31}}.</ref>, ce que rapporte également ''[[Mediapart]]''<ref>{{Lien web|langue=fr|url=https://www.mediapart.fr/journal/international/141023/comment-le-referendum-sur-les-peuples-autochtones-divise-l-australie|titre=Comment le référendum sur les peuples autochtones a divisé l’Australie|auteur=Léo Roussel|date=2023-10-14|site=mediapart.fr|périodique=[[Mediapart]]|consulté le=2023-12-31}}.</ref>.
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En 2008, le Premier ministre [[Kevin Rudd]] lance un plan de lutte contre les multiples inégalités que subit la population aborigène. Ce plan intitulé ''Closing the gap'' (combler le fossé) portait sur sept objectifs à atteindre sur dix ans. L'évaluation faite en 2018 par le nouveau Premier ministre [[Malcolm Turnbull]] constate des progrès significatifs pour les taux de mortalité infantile, la scolarisation en maternelle et le taux de réussite au baccalauréat ; mais à l'inverse un échec relatif pour le taux de scolarisation, le niveau de lecture et de calcul, le taux de chômage et l'espérance de vie<ref>{{Article |auteur1=Isabelle Dellerba |titre=Le sort des aborigènes d'Australie ne s'est guère amélioré |périodique=Le Monde |date=14 février 2018 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2018/02/13/le-sort-des-aborigenes-d-australie-ne-s-est-guere-ameliore_5256032_3216.html |pages=5}}.</ref>.
 
Les Aborigènes continuent encore ahourdaujourd'hui de subir une segrégationségrégation raciale socio-économique : une espérance de vie moindre, un taux de suicide plus important, un accès à l’emploi et aux soins plus ardu. En 2022, l’ONG [[Human Rights Watch]] a souligné que les aborigènes étaient surreprésentés en prison et que les enfants indigènes avaient {{nobr|20 fois}} plus de chances d’être incarcérés que les autres<ref name="libération2" />.
 
=== Langue ===
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Cette vision est considérée aujourd'hui comme trop simpliste, l'organisation territoriale étant souvent une question de négociation et d'adaptation permanente, où les membres des clans migraient et déménageaient souvent entre les différents groupes locaux.
 
Dans les années 1980, [[Eddie Mabo]] a entrepris de faire reconnaitrereconnaître légalement les traditions d'héritage et de marquage du territoire aborigènes qui vont à l'encontre la doctrine de terra nullius invoquée par les Britanniques pour justifier la colonisation de l'Australie.[[Fichier:Aboriginal Art Australia(4).jpg|vignette|Kangourou et guerrier de [[Parc national de Kakadu|Kakadu]].]]
 
== Arts et culture ==
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{{Quand|Actuellement|date=7 octobre 2022}}, les musiciens aborigènes sont connus pour leur pratique du [[Rock 'n' roll|Rock and Roll]], du [[hip-hop|hip hop]] et du [[reggae]]. L'un des groupes les plus connus est [[Yothu Yindi]] qui est reconnu comme le fondateur du [[Rock australien#Rock aborigène|rock aborigène]].
 
Les thèmes indigènes ont été le sujet de la musique populaire par des non-aborigènes aussi bien - notamment par [[Paul Kelly (musicien)|Paul Kelly]] (qui a chanté de la vie de [[Vincent Lingiari]]) et [[Slim Dusty]] (un chanteur de la [[musique country australienne]] qui était immensément populaire parmi les Aborigènes). Le didgeridoo a été également incorporé à la musique populaire australienne contemporaine - on peut citer [[Midnight Oil]] et par [[Xavier Rudd]].
 
Deborah Cheetham est une soprano célèbre aborigène.
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* [[Ken Wyatt]] (1952-), le premier Aborigène élu à la Chambre des Représentants du Parlement fédéral
* [[David Gulpilil]] (1953-), acteur
* [[Daisy Jugadai Napaltjarri]] (1955-2008), artiste
* [[Ernie Dingo]] (1956-), acteur
* [[Archie Roach]] (1956-), musicien