« Hobo » : différence entre les versions
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{{Autre4|Les travailleurs itinérants [[sans domicile fixe]]|L'album de [[Charlie Winston]] sorti en [[2009 en musique|2009]]|Hobo (album)}}
{{ébauche|États-Unis|sociologie}}
{{sources à lier|date=janvier 2016}}
[[Image:ThreeHobosChicago1929.jpg|thumb|Des ''hobos'' à [[Chicago]] en [[1929]].]]
Aux [[États-Unis]], le terme '''''{{lang|en|hobo}}''''' désigne un travailleur [[sans domicile fixe]] se déplaçant de ville en ville, le plus souvent en se cachant dans des [[train]]s de marchandises, et vivant de travaux manuels saisonniers et d'expédients. Le terme pourrait se traduire par « vagabond ».
== Origine du mot ==
''Hobo'' est un mot [[anglais]] lié à la réalité historique des [[États-Unis]]. Il pourrait trouver comme traduction en français « vagabond », « chemineau » (à ne pas confondre avec cheminot, l'employé du chemin de fer) et plus précisément « trimardeur », sans avoir cependant de véritable équivalent dans la culture française.
Son étymologie n'est pas certaine. Certains s'accordent pour dire que ''hobo'' est un jeu de mots sur l'homonymie de la contraction de l'anglais ''{{lang|en|homeless bohemia}}'' avec le terme [[Langues slaves|slave]] [[wikt:robotnik|'''''Robo'''tnik'']] (ouvrier, travailleur forcé) lui-même à l'origine du mot « [[robot]] » créé par [[Karel Čapek]] en [[1920]] ; d'autres affirment qu'il s'agirait plutôt de ''Houston Bowery'', tandis qu'une autre origine possible serait la ville terminus de [[Hoboken (New Jersey)|'''Hobo'''ken]] (New Jersey), point de départ de nombreuses lignes ferroviaires empruntées par les trimardeurs, à moins qu'il ne s'agisse aussi de la contraction de ''hoe boy'' (''hoe'' est un outil agricole, la [[houe]]) « employé dans les fermes », ou de "Ho boy !" (embauche d'un journalier), à moins qu'il s'agisse de la contraction de ''homeless boy'' (garçon sans maison).
D'autres auteurs affirment que ce fameux ''hoe boy'' était employé par les chauffeurs de locomotives pour héler les routards et leur demander de dégager la voie. Pendant la crise de 1892-1893, les ''hobos'' suivaient la voie ferrée vers [[Chicago]] dans l'espoir de trouver un emploi sur le chantier de l'[[Exposition universelle de 1893|exposition universelle]].
== Historique ==
[[Fichier:HoboMarkingsCanalStFerry.jpg|thumb|250px|Signes laissés par un ''hobo'' pour avertir les autres passant dans cette ville ([[Nouvelle-Orléans]] en l'occurrence). Le cercle barré signifie « bon chemin à suivre », la croix signifie « OK » ; le signe ressemblant à un Y pourrait signifier que les habitants sont volontiers armés.]]
Dès la deuxième partie du {{s-|XIX|e}}, les ''hobos'' participent par leur main-d'œuvre saisonnière à la deuxième frontière. Ils travaillent l'été à l'ouest au gré du voyage et regagnent les grandes villes de l'est en saison hivernale, notamment Chicago, grand centre ferroviaire. Leur force de travail et leur capacité de migrer les distinguent des ''{{lang|en|homeless men}}'', des « clochards » sédentaires et privés de travail.
Pendant la [[Grande Dépression]], les ''hobos'' ou ''hoboes'' sont des travailleurs itinérants qui sillonnent les États en quête de petits boulots et de bonnes combines. Ils sont un des résultats des changements profonds qui affectent la société américaine du début du {{s-|XX}} ([[industrialisation]], [[urbanisation]]) et ils tentent de fuir la misère provoquée par la crise. Ils voyagent par la route mais aussi dans les trains de marchandises dans lesquels ils montent clandestinement. L'image du ''hobo'' est d'ailleurs inséparable de celle du train. Beaucoup de ''hobos'' se retrouvent le long des principales lignes ferroviaires dans des points d'accueil plus ou moins improvisés. Ils peuvent alors échanger des informations sur les régions où trouver de l'emploi et mener une vie stable.
Quand ils ne se parlent pas de vive voix, les ''hobos'' laissent des [[Symbole de repérage|symboles]] dessinés à la craie ou au charbon. Ce système de symboles a pour but d'informer ou d'avertir les autres (endroits pour attraper un train pour dormir, présence fréquente de la police, repas chauds, chiens dangereux, etc.). Cette langue, appelée en France « langue des trimardeurs », est un ensemble de signes qu'on trouve parfois gravés dans la pierre des immeubles des villes et qui indique que la maison est accueillante ou qu'au contraire on y lâche les chiens.
Le ''hobo'' est par la suite devenu une figure mythique de l'imaginaire américain. C'est un personnage teinté de [[romantisme]], épris de liberté, développant la faculté de survivre en dehors d'une société aliénante dont il n'a pas à subir les contraintes. Ceci amène certains sociologues à les rattacher à une [[sous-culture]] [[Libertarisme|libertaire]].
== Aspects culturels et sociologiques ==
En 1923, [[Nels Anderson]] publie ''Le Hobo'', classique de l'[[École de Chicago (sociologie)|école de Chicago]], dont la spécificité provient du fait que lui-même a été longtemps ''hobo''. De nombreux pans de la vie ''hobo'' y sont exposés : organisation des campements, université ''hobo'', extraits de poèmes et de chansons, vie affective, vie politique, récits de vie.
Soixante ans plus tard, en 1982, Douglas Harper publie ''Good Company'' sur les ''hobos'' des [[années 1970]], les « tramps », à partir d'une observation participante initiatrice d'une année. L'accent est mis sur le savoir-faire que nécessite l'usage clandestin des trains et des gares de triage, et le savoir-être devant les rencontres de voyages.
Toujours cité en voie de disparition, depuis d'abord la fin de la frontière, puis devant l'avancée de la machine agricole et de l'automatisation, la figure du hobo, travailleur manuel libre et itinérant, se renouvelle ainsi au gré des besoins de main-d'œuvre temporaire.
La place accordée au ''hobo'' dans la littérature, de [[Jack London]] à [[Jack Kerouac]], et dans la [[musique folk|chanson folk]], souligne également l'impact culturel du ''hobo'' et la fascination qu'il exerce sur l'imagination.
=== Citations ===
{{Citation bloc|Une voie de chemin de fer traverse cette aridité sale de sa nudité rectiligne, protégée par des grillages, comme pour la mettre à l’abri des mouches. Les mouches, en l’espèce, ce sont les redoutables ''hobos'', graine de voleurs possibles, et qui, en tout cas, n'hésitent jamais à se procurer le transport gratuit d’une ville à l’autre en sautant sur le marchepied des wagons de marchandise. Soit qu’ils fracturent les portes à coulisse et se tapissent entre les ballots, où, pendant des jours, ils vivent, dorment, boivent, mangent et, ce qui s'ensuit, vomissent au besoin sur les colis quand ils sont incommodés — soit qu’ils s’accrochent aux tampons ou s’allongent entre les ressorts des bogies, ils constituent un sérieux ennui pour les compagnies, qui ne sont jamais arrivées à se débarrasser de cette engeance, véritable vermine de la voie. Autour des abords des villes où ils campent parfois des semaines, entre deux randonnées, ils laissent des tas d'immondices et de détritus, des restes de feux de joie ou de feux de cuisine, dont les cendres noirâtres, farcies de débris métalliques, craquent désagréablement sous les pieds.|[[Régis Messac]], ''La Taupe d'or''<ref>1934 ; éditions la Grange batelière (Montreuil), 2022, {{1re}} partie, chap. 1.</ref>}}
{{Citation bloc|Il y en a qui parlent d'une cueilleuse automatique. Si on en vient à utiliser une machine comme ça, j'aurai quand même besoin d'ouvriers, mais je peux te dire que je ne prendrai pas des vagabonds, ceux qu'ils appellent les "apple knockers". Comprends-moi bien, j'aimerais bien prendre des vagabonds parce que c'est des gars bosseurs. Mais si j'avais une machine pour cueillir des fruits, il faudrait qu'il y ait une organisation, des heures régulières, des équipes de travail et tout le monde qui bosse au rythme de la cueilleuse. Les vagabonds ne feraient jamais ça, même pas dans un million d'années. Ils sont trop indépendants et ils vivent selon leurs caprices. Il faut qu'ils sachent qu'ils peuvent aller et venir comme ils veulent, et travailler sans personne pour les surveiller.|Douglas Harper|Les Vagabonds du nord-ouest américain}}
== Personnalités ''hobo'' ==
{{section à sourcer|date=août 2023}}
Liste de quelques personnalités qui sont ou ont été à un moment de leur vie ''hobo'' :
{{Colonnes|taille=18|
*[[Pete Seeger]], folk singer
*[[John Lee Hooker]], dont le « hobo-isme » est documenté au travers de ses chansons
*[[Tom Sawyer]]
*[[Jack Black (écrivain)|Jack Black]]
*[[Nels Anderson]]
*[[Maurice W. Graham]], aussi connu sous le nom « Steam Train Maurie »
*[[Leon Ray Livingston]]
*[[Harry McClintock]]
*[[Utah Phillips]]
*[[Robert Joseph Silveria, Jr.]], un hobo [[tueur en série]]
*[[Jim Tully]]
*[[Ted Conover]]
*[[Edward Dahlberg]]
*[[The Botto]]
*[[W. H. Davies]]
*[[Jack Dempsey]]
*[[Loren Eiseley]]
*[[Charles Fort]]
*[[Woody Guthrie]]
*[[Erik Hazelhoff Roelfzema]]
*[[Eric Hoffer]]
*[[George Orwell|Eric Arthur Blair (George Orwell)]]
*[[Jack Kerouac]]
*[[Jack London]]
*[[Gilles Le Guen]]
*[[Louis L'Amour]]
*[[Christopher McCandless]]
*[[Zoo Project|Bilal Berreni]], street artiste
*[[Robert Mitchum]]
*[[Eugene O'Neill]]
*[[Harry Partch]]
*[[John Steinbeck]]
*[[Seasick Steve]]
*[[William T. Vollmann]]
*[[Carl Panzram]]
*[[Ben Reitman]]
}}
== Quelques références ==
=== Livres ===
* [[Nels Anderson]] (sociologue<ref>Initiateur de la méthode d'[[observation participante]].</ref>), ''The Hobo: The Sociology of the Homeless Man'', Chicago, University of Chicago Press, 1923 {{ISBN|0758123558}} ; trad. française, ''Le Hobo. Sociologie du sans-abri'', suivi de ''L'Empirisme irréductible'', trad. de l'américain par Annie Brigant, postface d'[[Olivier Schwartz (sociologue)|Olivier Schwartz]], Paris, Nathan, 1993, 288 p.
* Douglas Harper, ''Les Vagabonds du nord-ouest américain''<ref>[https://books.google.com/books?id=tFvVmOffN-8C&hl=fr Voir sur GoogleBooks.]</ref> (''Good Company'', 1982 ; [[L'Harmattan]], 1998), sur les ''hobos'' des [[années 1970]] {{ISBN|9782738464019}}
* [[Harry Martinson]], ''Vägen till Klockrike'' [« Le Chemin de Klockrike »], Stockholm, Bonniers, 1948 ; traduction française : ''La Société des vagabonds'', Marseille, Agone, 2004
* [[Jack Kerouac]], ''[[Sur la route]]'', 1957
* [[Joyce Kornbluh]], ''Wobblies & Hobos : les [[Industrial Workers of the World]], agitateurs itinérants aux États-Unis, 1905-1919'', contient un CD de chansons inédites, traduit de l'anglais par [[Julius Van Daal]], [[Éditions de l'Insomniaque]], 2012
* [[Jack London]], ''[[Les Vagabonds du rail]]'' ou ''La Route'', récit autobiographique qui décrit sa vie de hobo, 1907
* [[Jim Tully]], ''Vagabonds de la vie, autobiographie d’un hobo'', 1924, [[Les Éditions du Sonneur]] ; traduit de l’anglais (États-Unis) par Thierry Beauchamp
* ''Boxcar Bertha'', autobiographie recueillie par Ben Reitman, trad. de l'américain par Doc Van Daal, {{1re}} éd. Chicago, 1937 ; en français, Éditions de l'Insomniaque, 1994
* [[Ted Conover]], ''Au fil du rail'' (reportage), 1980, [[Édition du sous-sol]]
* [[Philibert Humm]], ''Roman de gare'', 2024, [[Éditions des Équateurs]]
=== Films ===
* ''{{lang|en|The Hobo}}'' d'[[Arvid E. Gillstrom]], [[Cinéma muet|film muet]] [[Cinéma américain|américain]] ([[1917 au cinéma|1917]])
* ''[[Les Moissons du ciel]]'', film américain de [[Terrence Malick]] (1978)
* ''[[L'Empereur du Nord]]'', film américain de [[Robert Aldrich]] (1973)
* ''[[Natty Gann]]'', film américain de [[Jeremy Kagan]] ([[1985 au cinéma|1985]])<ref>Le voyage d'une adolescente à l'allure de garçon qui, durant la [[crise des années 1930]], parcourt les États-Unis en passager clandestin de trains de marchandise afin de retrouver son père parti travailler à plus de {{unité|3000|km}} de chez eux.</ref>
* ''[[Hobo with a Shotgun]]'', [[film d'exploitation]] [[Canada|canadien]] ([[2011]])
* ''[[Bertha Boxcar]]'', film américain de [[Martin Scorsese]] (1972), adaptation de la biographie éponyme (voir ci-dessus)
* ''[[L'Épouvantail (film, 1973)|L’Épouvantail]]'', film américain de [[Jerry Schatzberg]] (1973) — Palme d’or du [[festival de Cannes 1973]]
=== Séries télévisées ===
* [[Shameless (série télévisée, 2011)|''Shameless'' (US)]], saison 9, épisode 11, intitulé ''{{lang|en|The Hobo Games}}'' (« Prendre le train en marche »)<ref>{{refnec|Une marque de boisson doit se débarrasser d'invendus ; les participants sont des personnes sans domicile fixe pour la plupart d'entre eux. Dans le jeu, on les considère comme des ''hobos''. Ils doivent réaliser différentes missions plus ou moins loufoques. Celui qui remportera les 12 missions se verra attribuer la somme de {{unité|50000|$}}.}}</ref>
* ''[[Mad Men]]'', saison 1, épisode 8, intitulé ''The Hobo Code'' (« Langage codé »)<ref>{{refnec|Donald Draper, le « pubard » (''ad man''), est sujet à un flash back lorsqu'il se rend dans les toilettes de l'appartement où il est venu rejoindre son amante et ses amis artistes ; en se regardant dans le miroir, il se remémore un épisode de son enfance où un travailleur itinérant qui avait tout quitté vient demander chez les tuteurs de Donald enfant, le gîte et le couvert contre un peu de travail, désignant, en partant, par un symbole du code des vagabonds, la malhonnêteté de l'oncle de Donald, qui a refusé au dernier moment de lui donner l'obole ; le vagabond avait expliqué ce code à Donald enfant la veille au soir dans la grange, le récit pouvant être lu comme une parabole sur l'honnêteté de Draper face à lui-même ou aux autres.}}</ref>
=== Chansons ===
* [[John Lee Hooker]] : ''Hobo blues''
* [[Charlie Winston]] : ''[[Like a Hobo]]'' (2009), repris sur son album ''[[Hobo (album)|Hobo]]''
* [[Louis Armstrong]] : ''You Can't Ride This Train Hobo''
* [[Moondog]] : ''Be a Hobo''
=== Autres ===
* [[Emmett Kelly]] et son personnage de clown Weary Willie.
* La série de jeux vidéo ''HOBO'' créée par SeethingSwarm et disponible sur Armor Games.
== Notes et références ==
{{Références}}
== Articles connexes ==
* [[Clochard]]
* [[CraieFiti]] symboliques inspirées des signalétiques hobo pour accéder à des réseaux [[Wi-Fi]] libres.
* [[Industrial Workers of the World]]
{{Portail|États-Unis|Époque contemporaine}}
[[Catégorie:Société américaine]]
[[Catégorie:Itinérance]]
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