« John Garang » : différence entre les versions
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{{Infobox Personnalité politique
| charte =
| nom = John Garang
| image = John Garang of Sudan.jpg
| légende = John Garang en {{date-|août 2004}}.
| fonction2 = [[Président du Soudan du Sud|Président de la
| président 2 = [[Omar el-Bechir]]
| à partir du fonction2 = 9
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| jusqu'au fonction 3 = 30 juillet 2005<br/><small>({{durée|30|7|1983|30|7|2005}})</small>
| prédécesseur 3 = Fondateur
| successeur 3 =
| alt légende = Photographie d'un homme noir à la barbe blanche, portant un costume gris. Seul le haut de son corps est visible.
| fonction1 = [[Liste des vice-présidents du Soudan|Vice-président de la République du Soudan]]
| président 1 = [[Omar el-Bechir]]
| à partir du fonction1 = 9
| jusqu'au fonction1 = 30 juillet 2005<br/><small>({{durée|9|
| prédécesseur 1 = [[Ali Osmane Taha]]
| successeur 1 = [[Salva Kiir]]
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| nature du décès =
| sépulture =
| nationalité =
| parti = [[Mouvement populaire de libération du Soudan]]
| père =
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| fratrie =
| conjoint = [[Rebecca Nyandeng De Mabior]]
| enfants = Deux : [[Akuol De Mabior]] et [[Mabior Garang de
| entourage =
| université = [[Université de Dar es Salam]]<br>Grinnell College<br>[[Université d'État de l'Iowa]]
| profession = [[Militaire]]<br>[[Économiste]]<br>[[Homme d'État]]
| religion = [[
| résidence =
| signature =
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}}
'''John Garang De Mabior''', né le {{Date de naissance|23|juin|1945}}
Leader du [[Mouvement populaire de libération du Soudan]] et de l'[[Forces de défense du peuple sud-soudanais|Armée populaire de libération du Soudan]]{{
== Biographie ==
=== Jeunesse et études ===
John Garang naît le {{Date de naissance|23|juin|1945}} à Wagkulei, dans la province de Jonglei, dans une famille
En 1968, lors de la [[première guerre civile soudanaise]], John Garang rejoint le mouvement rebelle [[Anyanya]], qui défend les populations sud-soudanaises contre le régime de [[Khartoum]]{{
=== Deuxième guerre civile soudanaise ===
==== De la reprise de la guerre à l'accord d'Addis-Abeba de 1988 ====
En début d'année 1983, après la découverte d'importants gisements pétroliers au Soudan du Sud, le général [[Gaafar Nimeiry]], au pouvoir au Soudan, révoque la semi-autonomie de ce territoire, prévue par les accords d'Addis-Abeba, ce qui provoque plusieurs soulèvements{{sfn|Ostrowski|2005|p
[[Fichier:Flag of Sudan People's Liberation Army (1983).svg|vignette|Drapeau de la [[Forces de défense du peuple sud-soudanais|SPLA]] en 1983.|alt=Drapeau à cinq bandes horizontales, du haut vers le bas : bande noire, bande blanche fine, bande rouge, bande blanche fine, bande verte. Un triangle bleu ciel, sur lequel figure une étoile à cinq branches rouge, recouvre la partie gauche du drapeau.
Sur place, John Garang désobéit aux ordres du gouvernement, se rallie aux mutins, et fonde avec eux le {{date|16|mai|1983}} le [[Mouvement populaire de libération du Soudan]] (SPLM) et sa branche armée, l'[[Forces de défense du peuple sud-soudanais|Armée populaire de libération du Soudan]] (SPLA){{sfn|Ostrowski|2005|p=1 à 15}}. La plupart des soldats qu'il commandait dans l'armée soudanaise le rejoignent{{sfn|Ostrowski|2005|p=1 à 15}}. Le {{Date|31 juillet}}, à la suite de plusieurs rencontres entre différents opposants au gouvernement, John Garang proclame le « Manifeste du mouvement populaire soudanais », avec pour objectif de lutter pour l'établissement du Soudan, {{Citation|uni, laïc et démocratique}}{{sfn|Ostrowski|2005|p=20 à 28}}. Son ambition est aussi économique, que les [[Énergie au Soudan du Sud|ressources pétrolières du sud du pays]] bénéficient davantage aux populations qui habitent sur ces terres{{sfn|Ostrowski|2005|p=20 à 28}}. Le SPLM, dont le manifeste est d'inspiration marxiste, est d’emblée soutenu par l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]] et par le [[Gouvernement militaire provisoire de l'Éthiopie socialiste|régime éthiopien]] de [[Mengistu Haile Mariam]] qui lui permet d'installer son quartier général à Addis-Abeba{{Sfn| Raimbaud|2012|p=97 à 118}}. ▼
[[Fichier:Derg.gif|vignette|Membres dirigeants du [[Gouvernement militaire provisoire de l'Éthiopie socialiste|Derg]] au pouvoir en Éthiopie entre 1977 et 1991, et soutien clé du la SPLA : [[Mengistu Haile Mariam]], [[Tafari Benti|Tafiri Benti]] et [[Atnafu Abate]].|alt=Photographie en noir et blanc montrant trois hommes portant un trench-coat et un calot militaire. Ils agitent des petits drapeaux et saluent la foule. Une foule de personnes les suit en arrière-plan. |gauche]]▼
▲Sur place, John Garang désobéit aux ordres du gouvernement, se rallie aux mutins, et fonde avec eux le {{date|16|mai|1983}} le [[Mouvement populaire de libération du Soudan]] (SPLM) et sa branche armée, l'[[Forces de défense du peuple sud-soudanais|Armée populaire de libération du Soudan]] (SPLA){{sfn|Ostrowski|2005|p=1
Le {{date|9|septembre|1983}}, Gaafar Nimeiry impose la loi islamique à l’ensemble du Soudan, enfonçant le pays dans la [[Seconde guerre civile soudanaise|deuxième guerre civile]]{{sfn|Ostrowski|2005|p =277 à 290}}. Le {{Date|10|février|1984}}, la SPLA entre en guerre en attaquant une garnison militaire gouvernementale, ainsi que les installations pétrolières de [[Chevron (entreprise)|Chevron]] et le chantier du [[canal de Jonglei]] conduit par l’entreprise [[Grands travaux de Marseille]], leur reprochant d'exploiter les terres et les ressources des Sud-Soudanais pour le compte du régime de Khartoum<ref name=":6">{{Article|auteur1=[[Gérard Prunier]]|titre=Les partis politiques soudanais « africains » depuis la chute de Nimeiry|périodique=Mondes arabes|pages=24|date=1989}}</ref>. Certains employés expatriés sont pris en otage par la SPLA, puis libérés au bout de quelques jours sur ordre de John Garang, qui profite néanmoins de cet incident médiatisé pour faire connaitre son combat et ses revendications sur la scène internationale{{sfn|Ostrowski|2005|p =277 à 290}}.▼
▲[[Fichier:Derg.gif|vignette|Membres dirigeants du [[Gouvernement militaire provisoire de l'Éthiopie socialiste|Derg]] au pouvoir en Éthiopie entre 1977 et 1991, et soutien clé du la SPLA : [[Mengistu Haile Mariam]], [[Tafari Benti|Tafiri Benti]] et [[Atnafu Abate]].|alt=Photographie en noir et blanc montrant trois hommes portant un trench-coat et un calot militaire. Ils agitent
▲Le {{date|9|septembre|1983}}, Gaafar Nimeiry impose la loi islamique à l’ensemble du Soudan, enfonçant le pays dans la [[Seconde guerre civile soudanaise|deuxième guerre civile]]{{sfn|Ostrowski|2005|p
Le {{Date|6 avril 1985}}, confronté à des contestations croissantes et à des revers militaires dans le sud du pays, Gaafar Nimeiry, en visite à Washington, est renversé par un [[Coup d'État de 1985 au Soudan|coup d'État]] organisé par son ministre de la Défense, le général [[Abdel Rahman Swar al-Dahab|Swar-ed-Dahab]]<ref name=":62">{{Ouvrage|auteur1=Olivier Cabon|titre=Histoire et civilisation du Soudan, De la préhistoire à nos jours|éditeur=[[Bleu autour]]|date=2017|pages totales=955|passage=723
==== Coup d'État d'Omar el-Béchir et reprise du conflit ====
[[Fichier:Omar al-Bashir 1990.jpg|vignette|[[Omar el-Bechir|Omar el-Béchir]], à la tête du Soudan de 1989 à 2019, en 1990.|alt=Photographie en couleurs d'un homme noir en uniforme militaire vert paré de décorations, portant un béret rouge. Seul le haut de son corps est visible]]
Le {{date|30|juin|1989}}, Sadeq el-Mahdi est à son tour renversé par un coup d'État qui ramène au pouvoir un gouvernement militaire et islamiste dirigé par [[Omar el-Bechir|Omar el-Béchir]] et [[Hassan al
==== Décennie 1990 : scission de la SPLA et changements alliances internationaux ====
[[Fichier:Gary Ackerman and John Garang.jpg|vignette|John Garang reçoit en 1989 la visite du membre du [[Congrès des États-Unis]] [[Gary Ackerman]] dans son camp d'entraînement au sud du Soudan.|alt=Photographie en noir et blanc montrant quatre hommes, dont deux en uniforme, assis autour d'une table dans un cadre naturel. D'autres personnes sont présentes en arrière-plan.|gauche]]
Sur le front de la guerre civile soudanaise, dans les deux années qui suivent la prise de pouvoir d'Omar el-Béchir, aucun changement significatif n’est constaté dans le rapport de force{{sfn|Raimbaud|2012|p=155
En mai 1991, l'appui du gouvernement soudanais aux nationalistes [[
[[Fichier:SPLA SteinOveKornellussen.jpg|vignette|Combattants de la [[Forces de défense du peuple sud-soudanais|SPLA]] durant la [[seconde guerre civile soudanaise]], date inconnue.|alt=Photographie en couleurs montrant une dizaine d'hommes en treillis de camouflage, assis ou debout dans l'herbe entre des buissons, armes à la main. Deux bidons sont posés au centre de l'image.]]
Sur la défensive, la SPLA de John Garang parvient néanmoins à tenir l'essentiel de ses positions, à l'exception de quelques avancées de l'armée soudanaise, qui profite de ses bonnes relations avec le nouveau gouvernement éthiopien pour passer par son territoire afin d'attaquer des villes sud-soudanaises frontalières{{sfn|Ostrowski|2005|p=47 à 53}}. Le {{date|7|juin|1992}}, la SPLA parvient à entrer dans [[Djouba]], la plus grande ville du Soudan du Sud, mais en est repoussée au bout de quelques heures par une contre-attaque de l'armée soudanaise{{sfn|Ostrowski|2005|p=20 à 28}}. ▼
▲Sur la défensive, la SPLA de John Garang parvient néanmoins à tenir l'essentiel de ses positions, à l'exception de quelques avancées de l'armée soudanaise, qui profite de ses bonnes relations avec le nouveau gouvernement éthiopien pour passer par son territoire afin d'attaquer des villes sud-soudanaises frontalières{{sfn|Ostrowski|2005|p=47
Prenant acte, à l'instar d'Omar el-Béchir, de la reconfiguration du monde après la fin de la [[guerre froide]], John Garang se cherche de nouveaux alliés internationaux, africains, mais aussi européens et américains{{sfn|Ostrowski|2005|p=47
▲Prenant acte, à l'instar d'Omar el-Béchir, de la reconfiguration du monde après la fin de la [[guerre froide]], John Garang se cherche de nouveaux alliés internationaux, africains, mais aussi européens et américains{{sfn|Ostrowski|2005|p=47 à 53}}. Entre 1992 et 1993, il effectue une tournée internationale dans plusieurs capitales, notamment Paris, Londres et Washington, où il est reçu par des responsables politiques dont le ministre et médecin français [[Bernard Kouchner]] qui organise une assistance humanitaire pour les populations du Soudan du Sud{{sfn|Ostrowski|2005|p=47 à 53}}.
[[Fichier:Bernard Kouchner - World Economic Forum Annual Meeting Davos 2008 (cropped).jpg|vignette|[[Bernard Kouchner]] (ici en 2008), est l'un des principaux soutiens en France de John Garang lorsqu'il est [[Ministère de la Santé et des Sports|ministre de la Santé et de l'Action humanitaire]] entre 1992 et 1993.|alt=Photographie en couleurs montrant un homme blanc assis, parlant dans un micro, tenant d'une main ses lunettes et accompagnant son discours de son autre main.|gauche]]
Les années suivantes, le régime soudanais, accusé de soutenir des mouvements fondamentalistes islamistes armés en dehors de ses frontières, se coupe peu à peu de ses voisins africains : l'Érythrée et l’Ouganda, dans un premier temps, qui rompent leurs relations diplomatiques avec le Soudan, puis l’Éthiopie et l’Égypte<ref name=":9" />. Cette dernière reproche au gouvernement soudanais une complicité dans une tentative d'assassinat contre le président [[Hosni Moubarak]] en juin 1995 par le groupe [[Djihadisme|djihadiste]] égyptien [[Gamaa al-Islamiya (Égypte)|Gamaa al-Islamiya]]<ref name=":18" />. La radicalisation du régime soudanais, qui accueille le terroriste islamiste saoudien [[Oussama ben Laden]] à Khartoum entre 1992 et 1996, bénéficie indirectement à John Garang en lui s'attirant la sympathie de l'administration américaine de [[Bill Clinton]]<ref name=":9" />.▼
▲Les années suivantes, le régime soudanais, accusé de soutenir des mouvements fondamentalistes islamistes armés en dehors de ses frontières, se coupe peu à peu de ses voisins africains : l'Érythrée et l’Ouganda, dans un premier temps, qui rompent leurs relations diplomatiques avec le Soudan, puis l’Éthiopie et l’Égypte<ref name=":9" />. Cette dernière reproche au gouvernement soudanais une complicité dans une tentative d'assassinat contre le président [[Hosni Moubarak]] en juin 1995 par le groupe [[Djihadisme|djihadiste]] égyptien [[Gamaa al-Islamiya (Égypte)|Gamaa al-Islamiya]]<ref name=":18" />. La radicalisation du régime soudanais, qui accueille le terroriste islamiste saoudien [[Oussama ben Laden]] à Khartoum entre 1992 et 1996, bénéficie indirectement à John Garang en lui
Lors d'une tournée en Afrique en juillet 1995, le président américain rencontre le colonel sud-soudanais et lui fait part de son soutien{{sfn|Ostrowski|2005|p=104 à 122}}. Mais sur le terrain, celui-ci reste limité en raison de divergences dans son gouvernement<ref name=":9" />. Car malgré l'animosité et la méfiance que lui inspire le régime islamiste, une partie de la classe politique américaine doute de la possibilité d’une alternative à Khartoum<ref name=":9" />. La dislocation de la SPLA en factions rivales, voire opposées, alimente cette appréhension qu'un renversement de leur ennemi commun ne ramène pas la paix au Soudan, et ne fasse au contraire qu'aggraver la situation{{sfn|Ostrowski|2005|p=104 à 122}}. Il en résulte un comportement américain ambivalent, motivé d'une part par la crainte d'une déstabilisation du pays en cas de chute du régime, et d'autre part par la compassion envers leurs {{Citation|frères}} chrétiens soudanais persécutés<ref name=":9" />.▼
[[Fichier:Bill Clinton official.jpg|vignette|[[Bill Clinton]] (ici, à la suite de sa première élection), [[Président des États-Unis|président américain]] de 1993 à 2001, fait pencher les États-Unis vers la SPLA.|alt=Portrait officiel en couleurs d'un homme aux cheveux grisonnants, en vue poitrine. Il porte une veste noire et une cravate et se trouve devant un drapeau des États-Unis. ]]▼
Sur la scène politique soudanaise, dans la deuxième moitié des années 1990, chaque camp dans la guerre civile tente de nouer des alliances avec les opposants de son ennemi. Tandis que le régime soudanais tend la main aux rebelles sécessionnistes de la SPLA, et obtient même le ralliement de Riek Machar, John Garang accroît sa coopération avec l'ancien premier ministre Sadeq al-Mahdi et ses partisans{{sfn|Ostrowski|2005|p=104 à 122}}. En octobre 1995, renforcée par de nouveaux renforts, notamment le retour de plusieurs combattants sécessionnistes ayant déserté les rangs des factions rivales, et par des livraisons d'[[Arme lourde|armes lourdes]] américaines, la SPLA lance une grande offensive qui lui permet d'encercler Djouba et d'étendre son contrôle des frontières du Zaïre, d'Ouganda et d'Éthiopie{{sfn|Ostrowski|2005|p=104 à 122}}. Au total, près de {{Unité|2000|km}} de frontières du Soudan se retrouvent contrôlés par la rébellion sudiste{{sfn|Ostrowski|2005|p=104 à 122}}. En {{Date|janvier 1997}}, la SPLA renforce à nouveau son contrôle sur le sud du pays grâce des appuis de l’Ouganda, de l’Éthiopie et de l’Érythrée<ref name=":18" />. Mais Djouba, principale ville du sud et future capitale du [[Soudan du Sud]] indépendant, reste sous contrôle du régime jusqu'à la fin de la guerre{{sfn|Ostrowski|2005|p =277 à 290}}. ▼
▲Lors d'une tournée en Afrique en juillet 1995, le président américain rencontre le colonel sud-soudanais et lui fait part de son soutien{{sfn|Ostrowski|2005|p=104
Le mois suivant, John Garang et Sadeq el-Mahd se rencontrent à [[Asmara]], capitale de l'[[Érythrée]], qui accueille le sommet de l’alliance de l’opposition soudanaise<ref>{{Article|titre=Soudan : réunion de l'opposition en mars, à Asmara|périodique=L'Orient le Jour|date=28 février 1997|lire en ligne=https://www.lorientlejour.com/article/223032/Soudan_%253A_reunion_de_lopposition_en_mars%252C_a_Asmara.html}}</ref>. En août, le président sud-africain [[Nelson Mandela]] reçoit successivement Omar el-Béchir<ref>{{Article|titre=Omar El-Béchir reçu par Mandela aujourd'hui|périodique=L'Orient le Jour|date=12 août 1997|lire en ligne=https://www.lorientlejour.com/article/236331/Omar_El-Bechir_recu_par_Mandela_aujourdhui.html}}</ref> et John Garang à [[Pretoria]], après que le président soudanais lui ait demandé sa médiation dans la guerre civile soudanaise<ref>{{Article|titre=Mandela entame aujourd'hui sa médiation inter-soudanaise|périodique=L'Orient le Jour|date=12 août 1997|lire en ligne=https://www.lorientlejour.com/article/237573/Mandela_entame_aujourdhui_sa_mediation_inter-soudanaise.html}}</ref>. ▼
▲[[Fichier:Bill Clinton official.jpg|vignette|[[Bill Clinton]] (ici, à la suite de sa première élection), [[Président des États-Unis|président américain]] de 1993 à 2001, fait pencher les États-Unis vers la SPLA.|alt=Portrait officiel en couleurs d'un homme aux cheveux grisonnants, en vue poitrine. Il porte une veste noire et une cravate et se trouve devant un drapeau des États-Unis.
Le {{date|20|août|1998}}, lors de l'[[Opération Infinite Reach|opération ''Infinite Reach'']], des navires américains en [[mer Rouge]] bombardent une usine pharmaceutique au Soudan soupçonnée de produire des composants d'armes chimiques<ref name=":18" />. Ces frappes limitées (quatre [[Missile de croisière|missiles de croisière]] [[BGM-109 Tomahawk]]) ne font qu'un seul mort, mais franchissent un palier symbolique, étant la première intervention armée directe des États-Unis contre le régime soudanais<ref name=":18" />. Elles visent à accroître la pression américaine sur ce dernier, accusé de complicité dans une [[Attentats des ambassades américaines en Afrique du 7 août 1998|série d'attentats ayant frappé des ambassades américaines en Afrique]] deux semaines plus tôt<ref name=":18" />. À la fin des années 1990, la guerre civile soudanaise semble dans l'impasse, aucun des deux camps n'ayant les moyens de ses ambitions, qui sont, pour John Garang, de renverser le gouvernement d'Omar el-Béchir et pour ce dernier, de reprendre le contrôle du sud du pays<ref name=":18" />. Mais l'administration américaine, engagée dans une [[guerre contre le terrorisme|guerre internationale contre le terrorisme]] et sous influence croissante des [[Évangélisme|évangélistes]], penche lentement, mais inexorablement, vers la rébellion sudiste<ref name=":13" />.▼
▲Sur la scène politique soudanaise, dans la deuxième moitié des années 1990, chaque camp dans la guerre civile tente de nouer des alliances avec les opposants de son ennemi. Tandis que le régime soudanais tend la main aux rebelles sécessionnistes de la SPLA, et obtient même le ralliement de Riek Machar, John Garang accroît sa coopération avec l'ancien premier ministre Sadeq al-Mahdi et ses partisans{{sfn|Ostrowski|2005|p=104
▲Le mois suivant, John Garang et Sadeq el-Mahd se rencontrent à [[Asmara]], capitale de l'[[Érythrée]], qui accueille le sommet de l’alliance de l’opposition soudanaise<ref>{{Article|titre=Soudan : réunion de l'opposition en mars, à Asmara|périodique=L'Orient le Jour|date=28 février 1997|lire en ligne=https://www.lorientlejour.com/article/223032/Soudan_%253A_reunion_de_lopposition_en_mars%252C_a_Asmara.html}}.</ref>. En août, le président sud-africain [[Nelson Mandela]] reçoit successivement Omar el-Béchir<ref>{{Article|titre=Omar El-Béchir reçu par Mandela aujourd'hui|périodique=L'Orient le Jour|date=12 août 1997|lire en ligne=https://www.lorientlejour.com/article/236331/Omar_El-Bechir_recu_par_Mandela_aujourdhui.html}}.</ref> et John Garang à [[Pretoria]], après que le président soudanais lui
▲Le {{date|20
==== Tournant des années 2000 : accords de paix et fin de la guerre civile ====
===== Blocage des pourparlers de paix =====
Au début des années 2000, des pourparlers de paix sont conduits sous la médiation de l'[[Autorité intergouvernementale pour le développement]] (IGAD), mais le refus catégorique d'Omar el-Béchir d'envisager une [[Laïcité|séparation entre religion et État]], et sa crainte de perdre l'accès aux gisements pétroliers du sud, bloquent toute avancée{{sfn|Ostrowski|2005|p=131 à 156}}. En protestation, Riek Machar, devenu conseiller du président soudanais, démissionne en {{Date|février 2000}}, et cherche à se rapprocher de nouveau de la SPLA, tandis que Washington renforce ses sanctions économiques contre Khartoum{{sfn|Ostrowski|2005|p=131 à 156}}. En mai, John Garang est reçu au [[Le Caire|Caire]] par le président égyptien [[Hosni Moubarak]]{{sfn|Ostrowski|2005|p =277 à 290}} et son ministre des Affaires étrangères [[Amr Moussa]] pour évoquer la paix au Soudan<ref>{{Article|titre=Egypte John Garang au Caire pour des consultations sur le Soudan|périodique=L'Orient le Jour|date=10 mai 2000|lire en ligne=https://www.lorientlejour.com/article/417702/Egypte_John_Garang_au_Caire_pour_des_consultations_sur_le_Soudan.html}}</ref>. Les mois suivants, les alliances politiques connaissent de nouveaux bouleversements : le parti « Umma » de Sadiq al-Mahdi se retire de la NDA, marquant une rupture avec le SPLM, tandis qu'Omar el-Béchir se retourne contre son mentor spirituel [[Hassan al-Tourabi|Hassan al-Turabi]], avec qui il a pris le pouvoir onze ans plus tôt{{sfn|Ostrowski|2005|p=131 à 156}}. Cherchant à exploiter cette division, John Garang tend la main à ce dernier, et le rencontre à [[Genève]] le {{Date|19 février 2001}}{{sfn|Ostrowski|2005|p=131 à 156}}. Une alliance aussi improbable qu'opportuniste est nouée entre le colonel chrétien et le [[Frères musulmans|frère musulman]] contre le gouvernement soudanais, devenu leur ennemi commun{{sfn|Ostrowski|2005|p=131 à 156}}. En représailles, Hassan al-Turabi est arrêté et emprisonné lors de son retour à Khartoum<ref>{{Article|titre=Tourabi serait détenu dans un quartier d’isolement d’une prison|périodique=L'Orient le Jour|date=26 février 2001|lire en ligne=https://www.lorientlejour.com/article/328418/Soudan_-_Tourabi_serait_detenu_dans_un_quartier_d%2527isolement_d%2527une_prison.html}}</ref>. En juin, John Garang est de nouveau reçu par Hosni Moubarak dont il sollicite le soutien<ref>{{Article|titre=Garang demande l’aide de Moubarak|périodique=L'Orient le Jour|date=21 juin 2001|lire en ligne=https://www.lorientlejour.com/article/340996/Soudan_-_Garang_demande_l%2527aide_de_Moubarak.html}}</ref>. ▼
Au début des années 2000, des pourparlers de paix sont conduits sous la médiation de l'[[Autorité intergouvernementale pour le développement]] (IGAD), mais le refus catégorique d'Omar el-Béchir d'envisager une [[Laïcité|séparation entre religion et État]], et sa crainte de perdre l'accès aux gisements pétroliers du sud, bloquent toute avancée{{sfn|Ostrowski|2005|p=131-156}}. En protestation, Riek Machar, devenu conseiller du président soudanais, démissionne en {{Date|février 2000}}, et cherche à se rapprocher de nouveau de la SPLA, tandis que Washington renforce ses sanctions économiques contre Khartoum{{sfn|Ostrowski|2005|p=131-156}}. En mai, John Garang est reçu au [[Le Caire|Caire]] par le président égyptien [[Hosni Moubarak]]{{sfn|Ostrowski|2005|p=277-290}} et son ministre des Affaires étrangères [[Amr Moussa]] pour évoquer la paix au Soudan<ref>{{Article|titre=Egypte John Garang au Caire pour des consultations sur le Soudan|périodique=L'Orient le Jour|date=10 mai 2000|lire en ligne=https://www.lorientlejour.com/article/417702/Egypte_John_Garang_au_Caire_pour_des_consultations_sur_le_Soudan.html}}.</ref>.
===== Bouleversements politiques et alliances improbables =====
▲
===== Pression internationale et cessez-le-feu =====
Le {{date|11|septembre|2001}}, les [[attentats du World Trade Center]] à [[New York]], dont [[Oussama ben Laden]] est l’instigateur, accroissent fortement la pression américaine sur le régime soudanais qui a accueilli ce dernier à Khartoum entre 1992 et 1996<ref name=":13" />. Quelques jours plus tôt (le {{date|6 septembre 2001}}), le diplomate (et prêtre [[Église épiscopalienne des États-Unis|épiscopalien]]) américain [[John Danforth]] est nommé « représentant spécial du président pour le Soudan » par le nouveau président américain [[George W. Bush]]<ref name=":18" />. Omar el-Béchir, craignant des représailles alors que l'armée américaine [[Guerre d'Afghanistan (2001-2021)|envahit l'Afghanistan]], affiche sa volonté de coopérer avec Washington dans sa lutte contre le terrorisme international<ref name=":18" />. En réaction, l'administration américaine se divise, comme à l'époque de Bill Clinton, entre les partisans d'une ligne dure contre Khartoum et ceux qui souhaitent au contraire en faire un nouvel allié<ref name=":18" />. [[John Danforth]], constatant que le régime et la SPLA cherchent tous deux à se rapprocher de Washington, en profite pour exiger de part et d'autre une cessation des hostilités<ref name=":18" />. Il réclame en outre une commission d’enquête sur l’esclavage, et des zones de sécurité pour les [[vaccination]]s<ref name=":18" />. Les deux camps obtempèrent sur la majeure partie du front (bien que l'armée soudanaise mène encore des frappes aériennes), tandis qu'en janvier 2002, les chefs rebelles rivaux John Garang et Riek Machar signent un accord de paix et de réunification de leurs deux armées{{sfn|Ostrowski|2005|p=131-156}}.
[[Fichier:Playing_in_the_Nuba_mountains.jpg|vignette|Enfants soudanais dans le camp de réfugiés de Yida, dans les [[monts Nouba]], jouant sur la carcasse d'un [[Antonov An-26]], type d'avion bombardier utilisé par l'[[Forces armées soudanaises|armée]] pendant la [[seconde guerre civile soudanaise]].|alt=Photographie en couleurs d'enfants jouant autour et sur la carcasse d'un avion, dont on ne voit qu'une aile. L'image est prise au coucher du Soleil.|gauche]]
===== Reprise des négociations et avancées vers la paix =====
[[Fichier:President George W. Bush signs the Sudan Peace Act.jpg|vignette|Le président américain [[George W. Bush]] signe en 2002 le {{Anglais|Sudan Peace Act}}, avec debout à sa droite son [[Secrétaire d'État des États-Unis|secrétaire d'État]] [[Colin Powell]] et le diplomate [[John Danforth]].|alt=Photographie en couleurs d'une dizaine de personnes dans un bureau. Un homme est assis et signe un document sur une table, les autres le regardent, debout autour de lui.]]
===== Accord de paix et développement postérieur =====
Le {{Date|2|janvier|2003}}, Omar el-Béchir et John Garang se rencontrent pour la deuxième fois à Nairobi{{sfn|Ostrowski|2005|p=277-290}}. En novembre de cette même année, John Garang se rend de nouveau à Washington{{sfn|Ostrowski|2005|p=277-290}}, puis à [[Rome]] où il est reçu par le pape [[Jean-Paul II]]{{sfn|Ostrowski|2005|p=59}}. Le {{Date|26 mai}}, puis le {{date|30 décembre 2004}}, John Garang rencontre le [[Liste des vice-présidents du Soudan|vice-président du Soudan]] [[Ali Osmane Taha|Ali Osman Taha]] dans la ville de [[Naivasha]], au [[Kenya]], pour préparer un accord mettant fin à la guerre civile{{sfn|Ostrowski|2005|p=277-290}}. Celle-ci prend officiellement fin avec la cérémonie des [[Accord de paix Nord-Sud|accords de paix Nord-Sud]] à Naivasha entre le gouvernement soudanais et la SPLA le {{Date|9|janvier|2005}}{{sfn|Ostrowski|2005|p=1-15}}. Ces accords prévoient une nouvelle Constitution, le retrait des troupes soudanaises du Soudan du Sud et l'intégration du [[Mouvement populaire de libération du Soudan|SPLM]] au gouvernement d'union nationale du Soudan{{sfn|Fontrier|2009|p=169}}. Le {{date|8|juillet|2005}}, vingt-deux ans après avoir quitté la capitale soudanaise pour fonder le SPLM et sa branche armée la SPLA, John Garang y fait un retour triomphal accueilli par des centaines de milliers de personnes<ref name=":12">{{Article|titre=John Garang, ancien chef rebelle sudiste, devient premier vice-président du Soudan|périodique=Le Monde.fr|date=2005-07-10|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/afrique/article/2005/07/10/john-garang-ancien-chef-rebelle-sudiste-devient-premier-vice-president-du-soudan_671383_3212.html|consulté le=2024-05-18}}.</ref>. Devant la foule, il déclare : {{Citation|Ma présence ici, aujourd'hui à Khartoum, signifie vraiment que la guerre est finie}}<ref name=":16">{{Article|auteur1=Christophe Ayad|titre=Au Soudan, l'ex-rebelle sudiste intronisé au Nord|périodique=Libération|date=11 juillet 2005|lire en ligne=https://www.liberation.fr/planete/2005/07/11/au-soudan-l-ex-rebelle-sudiste-intronise-au-nord_526158/}}.</ref>.
[[Fichier:John Garang waving.jpg|vignette|John Garang en 2005.|alt=Photographie en couleurs d'un homme noir avec une barbe blanche, qui salue la foule en levant le bras. Il est entouré de plusieurs autres personnes.|gauche]]
▲Le {{date|11|septembre|2001}}, les [[attentats du World Trade Center]] à [[New York]], dont [[Oussama ben Laden]] est l’instigateur, accroissent fortement la pression américaine sur le régime soudanais qui a accueilli ce dernier à Khartoum entre 1992 et 1996<ref name=":13" />. Quelques jours auparavant (le {{date|6|septembre|2001}}), le diplomate (et prêtre [[Église épiscopalienne des États-Unis|épiscopalien]]) américain [[John Danforth]] a été nommé « représentant spécial du président pour le Soudan » par le nouveau président américain [[George W. Bush]]<ref name=":18" /> . Omar el-Béchir, craignant des représailles alors que l'armée américaine [[Guerre d'Afghanistan (2001-2021)|envahit l'Afghanistan]], affiche sa volonté de coopérer avec Washington dans sa lutte contre le terrorisme international<ref name=":18" />. En réaction, l'administration américaine se divise comme à l'époque de Bill Clinton, entre les partisans d'une ligne dure contre Khartoum, et ceux qui souhaitent au contraire en faire un nouvel allié<ref name=":18" />. [[John Danforth]], constatant que le régime et la SPLA cherchent tous deux à se rapprocher de Washington, en profite pour exiger de part et d'autre une cessation des hostilités<ref name=":18" />. Il réclame en outre une commission d’enquête sur l’esclavage, et des zones de sécurité pour les [[Vaccination|vaccinations]]<ref name=":18" />. Les deux camps obtempèrent sur la majeure partie du front (bien que l'armée soudanaise mène encore des frappes aériennes), tandis qu'en janvier 2002, les chefs rebelles rivaux John Garang et Riek Machar signent un accord de paix et de réunification de leurs deux armées{{sfn|Ostrowski|2005|p=131 à 156}}.[[Fichier:Playing_in_the_Nuba_mountains.jpg|vignette|Enfants soudanais dans le camp de réfugiés de Yida, dans les [[monts Nouba]], jouant sur la carcasse d'un [[Antonov An-26]], type d'avion bombardier utilisé par l'[[Forces armées soudanaises|armée]] pendant la [[seconde guerre civile soudanaise]].|alt=Photographie en couleurs d'enfants jouant autour et sur la carcasse d'un avion, dont on ne voit qu'une aile. L'image est prise au coucher du Soleil.|gauche]]Quelques jours plus tard, des négociations s'ouvrent à Genève entre la SPLA et le gouvernement soudanais pour conclure un cessez-le-feu{{sfn|Ostrowski|2005|p=131 à 156}}. En {{Date|mars 2002}}, John Garang se rend à Washington à l'invitation du président [[George W. Bush|Georges W. Bush]], et rencontre les conseillers de ce dernier [[Colin Powell]] et [[Paul Wolfowitz]]{{sfn|Ostrowski|2005|p=131 à 156}}. En juin, malgré le début des négociations de paix, la SPLA met la pression sur Khartoum en attaquant et en s'emparant de la ville de [[Kapoeta]] près des frontières de l'Ouganda et du Kenya<ref>{{Article|titre=Soudan Plus de 200 soldats tués à Kapoeta, selon le chef de la rébellion|périodique=L'Orient le Jour|date=12 juin 2002|lire en ligne=https://www.lorientlejour.com/article/377815/Soudan_Plus_de_200_soldats_tues_a_Kapoeta%252C__selon_le_chef_de_la_rebellion.html}}</ref>. Le {{date|25|juillet|2002}}, Omar el-Béchir et John Garang se rencontrent pour la première fois à [[Kampala]], la capitale ougandaise, et affirment leur détermination à faire la paix{{sfn|Ostrowski|2005|p=131 à 156}}. L'Ouganda, bien que favorable à la SPLA, a en même temps un intérêt économique à la paix au Soudan, pour pouvoir importer du pétrole bon marché extrait à proximité de sa frontière{{sfn|Ostrowski|2005|p=131 à 156}}. D'autres pourparlers sont annoncés deux semaines plus tard à [[Nairobi]], capitale du Kenya<ref name=":11">{{Article|langue=fr|titre=Rencontre au sommet pour la paix au Soudan|périodique=Le Monde.fr|date=2002-07-30|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/archives/article/2002/07/30/rencontre-au-sommet-pour-la-paix-au-soudan_4256645_1819218.html|consulté le=2024-05-18}}</ref>. En août, la SPLA attaque et conquiert la ville de [[Torit]], entre Djouba et la frontière ougandaise, provoquant une interruption des négociations de paix, qui reprennent en octobre{{sfn|Ostrowski|2005|p=131 à 156}}. Un cessez-le-feu est finalement instauré en novembre 2002{{sfn|Ostrowski|2005|p=131 à 156}}.[[Fichier:President George W. Bush signs the Sudan Peace Act.jpg|vignette|Le président américain [[George W. Bush]] signe en 2002 le {{Anglais|Sudan Peace Act}}, avec debout à sa droite son [[Secrétaire d'État des États-Unis|secrétaire d'État]] [[Colin Powell]] et le diplomate [[John Danforth]].|alt=Photographie en couleurs d'une dizaine de personnes dans un bureau. Un homme est assis et signe un document sur une table, les autres le regardent, debout autour de lui.]]
Lors de cette cérémonie, Omar al-Béchir signe la Constitution provisoire organisant la vie du pays pendant les six années à venir<ref name=":16" />. Le nord du Soudan est désormais soumis au régime de la charia, tandis que le sud est administré par ses propres lois et dirigé par le SPLM de John Garang<ref name=":16" />.
=== Mort ===
[[Fichier:Imatong Mountains.png|vignette|[[Imagerie spatiale|Image satellite]] des [[monts Imatong]] situés à la [[Frontière entre l'Ouganda et le Soudan du Sud|frontière entre l'Ouganda et le Soudan]], où s'est écrasé l'hélicoptère transportant John Garang en 2005.|alt=Carte de relief en nuances de couleurs chaudes, montrant au centre une masse montagneuse principale en orange et blanc, mesurant dans la réalité environ 55 km sur 30. D'autres plus petits massifs sont présents en haut à gauche et à droite.|gauche]]
Le {{date|30 juillet 2005}}, soit trois semaines après son accès à la vice-présidence du Soudan, John Garang embarque en milieu d'après-midi avec treize personnes (dont sept membres d'équipage) dans un hélicoptère du gouvernement ougandais, en revenant d'une rencontre à Kampala avec le président Yoweri Museveni{{sfn|Ostrowski|2005|p=1
L'annonce de la mort de John Garang provoque de violentes émeutes à Khartoum qui font plusieurs dizaines de morts, déclenchées par des partisans qui soupçonnent le gouvernement soudanais d'avoir commandité son assassinat<ref name=":17" />. Yoweri Museveni annonce la création d'une commission spéciale pour enquêter sur le crash, afin d'établir de façon définitive s'il s'agit bien d'un accident et non d'un sabotage ou d'un acte de terrorisme<ref name=":17" />.
[[Fichier:The_Vice_President,_Shri_Mohd._Hamid_Ansari_paying_homage_at_Dr._John_Garang_Mausoleum,_on_the_occasion_of_the_South_Sudan_Independence_celebrations_on_July_09,_2011.jpg|vignette|Hommage rendu sur la tombe de John Garang lors de la célébration de l'indépendance du [[Soudan du Sud]] le {{date|9 Les funérailles de John Garang sont célébrées le {{date|6 août 2005}} à la cathédrale de Tous-les-Saints de [[Djouba]], en présence d'une foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes{{sfn|Ostrowski|2005|p=1 En avril 2006, une commission d’enquête conjointe du Soudan et de l'Ouganda conclut que le crash de l'hélicoptère transportant John Garang est bien un accident, causé par une erreur du pilote et par un manque de visibilité dû aux conditions météorologiques<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Mort de John Garang : l'enquête conclut à une erreur du pilote |url=https://www.lesechos.fr/2006/04/mort-de-john-garang-lenquete-conclut-a-une-erreur-du-pilote-568345 |site=Les Echos |date=2006-04-19}}.</ref>.
== Idéologie et projet politique ==
Passé par l'[[Université de Dar es Salam|université de Dar es-Salaam]], dans la Tanzanie [[Socialisme africain|socialiste]] de [[Julius Nyerere]], où convergent plusieurs futurs leaders des mouvements de libération marxistes africains, John Garang
Du début de la seconde guerre civile soudanaise jusqu'à la fin de la guerre froide, John Garang bénéficie de l'appui de l'Éthiopie communiste du « Négus rouge » [[Mengistu Haile Mariam]], et de l'Union soviétique<ref name=":8" />. Mais si le marxisme est un moyen efficace d'obtenir des soutiens étrangers de la part de pays membre du [[bloc de l'Est]], il est inapplicable dans une population soudanaise pluriethnique et marquée par un fort ancrage de cultures locales<ref name=":10">{{Article|auteur1=John Young|titre=Le SPLM/SPLA et le gouvernement du Sud-Soudan|périodique=Politique africaine|pages=16|date=2002}}.</ref>. En conséquence, ni le SPLM, ni les intellectuels sudistes n’ont mené de véritable travail doctrinal, privilégiant comme base de rassemblement de la population sud-
À la suite de la perte du soutien éthiopien et de la dislocation de l'Union soviétique, John Garang délaisse ses idéaux marxistes pour se rapprocher des [[
[[Fichier:John Garang (5343104100).jpg|vignette|Représentation artistique du visage de John Garang avec le commentaire : {{Citation|Les accords de paix signent le début d'un Soudan unifié indépendamment des races, des religions et des tribus.}} Ses raisons de craindre une partition du Soudan sont multiples. D'une part, un Soudan du Sud indépendant, dévasté par [[Fichier:Flag of South Sudan.svg|alt=Drapeau à cinq bandes horizontales, du haut vers le bas : bande noire, bande blanche fine, bande rouge, bande blanche fine, bande verte. Un triangle bleu ciel, sur lequel figure une étoile à cinq branches jaune, recouvre la partie gauche du drapeau.|vignette|[[Drapeau du Soudan du Sud]], largement inspiré de celui de la SPLA.]] Si le charisme et le talent de meneur de John Garang ont été des facteurs de rapprochement des rebelles sud-soudanais, ils ont aussi provoqué des divergences avec d'autres leaders du SPLM/SPLA qui l'accusaient de dérive autoritaire<ref name=":10" />. Certains de ses détracteurs l'ont aussi accusé de favoriser dans son organisation l'ethnie Dinka dont il faisait partie, au détriment des autres ethnies<ref name=":10" />. == Héritage et suites historiques de son combat ==
[[Fichier:2011 South Sudan one pound.jpg|vignette|Billet d'une [[livre sud-soudanaise]] affichant le visage de John Garang, héros malgré lui de l'indépendance du [[Soudan du Sud]].|alt=Photographie en couleurs d'un billet de banque vert sur lequel figure, à droite, la tête d'un homme noir barbu.
Les succès militaires par la SPLA et les concessions obtenues de Khartoum permettent à la population
Deux ans plus tard, les fractures ethniques déjà présentes dans la SPLA pendant la guerre civile soudanaise dégénèrent en une nouvelle [[Guerre civile sud-soudanaise|guerre civile]] opposant Salva Kiir et Riek Machar, qui ravage le jeune État nouvellement indépendant pendant six ans<ref name=":23" />. Celle-ci se termine par des accords de paix signés à Addis-Abeba le {{date|12|septembre|2018}}, puis par la réintégration de Riek Machar au gouvernement sud-soudanais, au poste de vice-président, le {{Date|22|février|2020}}<ref name=":23" />. [[Rebecca Nyandeng De Mabior]] intègre également ce gouvernement au poste de « quatrième vice-présidente »<ref name=":22" />.
[[Fichier:Rebecca Nyandeng De Mabior with George Bush February 10, 2006.jpg|vignette|[[Rebecca Nyandeng De Mabior]], veuve de John Garang, reçue par [[George W. Bush]] en 2006.|alt=Photographie en couleurs d'une femme noire serrant la main d'un homme blanc, dans un bureau, devant une cheminée. Tous deux sont assis sur des fauteuils et sourient.]]
Mais les conséquences de l'action de John Garang ne s'arrêtent pas au Soudan du Sud. Il aurait également, selon l'historien [[Gérard Prunier]], encouragé les populations noires musulmanes de l'ouest du pays, elles aussi opprimées par le régime, à se soulever afin de ne pas faire passer son combat pour un conflit
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== Notes et références ==
{{Références|groupe=n}}
=== Références ===
{{Références}}
== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
{{Légende plume}}
▲==== Ouvrages ====
==== Ouvrages ====
* {{Ouvrage|auteur1=Zygmunt L. Ostrowski|titre=Le Soudan à l'aube de la paix : combat de John Garang|éditeur=[[Éditions L'Harmattan]]|année=2005|pages totales=312}}
* {{Ouvrage|auteur1=Marc Fontrier|titre=Le Darfour : Organisations internationales et crise régionale 2003-2008|éditeur=[[Éditions L'Harmattan]]|année=2009|pages totales=310}}
* {{Ouvrage|auteur1=[[Michel Raimbaud]]|titre=Le Soudan dans tous ses États|éditeur=[[Éditions Karthala]]|année=2012|pages totales=430}}
* {{Ouvrage|auteur1=Olivier Cabon|titre=Histoire et civilisation du Soudan, De la préhistoire à nos jours|éditeur=[[Bleu autour]]|année=2017|pages totales=955}}
==== Articles scientifiques ====
* {{Article|auteur1=[[Gérard Prunier]]|titre=Les partis politiques soudanais « africains » depuis la chute de Nimeiry|périodique=Mondes arabes|pages=24|date=1989|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-maghreb-machrek1-1989-2-page-18.htm}}.
* {{Article|auteur1=Alex de Waal|titre=Une perspective de paix pour le Soudan en 2002 ?|périodique=Politique africaine|pages=24|date=2002|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-politique-africaine-2002-1-page-93.htm}}.
Ligne 146 ⟶ 192 :
* {{Article|auteur1=Marc Lavergne|titre=Darfour : un modèle pour les guerres du XXIe siècle, entre pillards janjawid et flibuste des puissances émergentes de la mondialisation ?|périodique=[[Hérodote (revue)|Hérodote]]|date=2009|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-herodote-2009-3-page-15.htm}}
* {{Article|auteur1=David Ambrosetti|titre=Le Sud-Soudan en paix ? Sociologie politique d'une promesse d'indépendance|périodique=Politique africaine|pages=15|date=2011|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-politique-africaine-2011-2-page-5.htm}}
* {{
* {{Article|auteur1=Gwenaëlle Lenoir|titre=Soudan-Israël. Le changement de cap provoque une crise politique|périodique=[[Orient XXI]]|pages=2|date=18 février 2020|lire en ligne=https://orientxxi.info/magazine/soudan-israel-le-changement-de-cap-provoque-une-crise-politique,3636}}
==== Presse
* {{Article|auteur1=[[Christophe Ayad]]|titre=Au Soudan, l'ex-rebelle sudiste intronisé au Nord|périodique=Libération|date=11 juillet 2005|lire en ligne=https://www.liberation.fr/planete/2005/07/11/au-soudan-l-ex-rebelle-sudiste-intronise-au-nord_526158/}}
* {{Article|titre=Des émeutes à Khartoum font plusieurs morts après l'annonce du décès du vice-président et ex-chef rebelle John Garang|périodique=Le Monde|date=01/08/2005|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/afrique/article/2005/08/01/emeutes-meurtrieres-a-khartoum-apres-l-annonce-du-deces-de-john-garang_676836_3212.html}}
Ligne 157 ⟶ 202 :
* {{Article|titre=Mort de John Garang : l'enquête conclut à une erreur du pilote|périodique=Les Échos|pages=1|date=2006|lire en ligne=https://www.lesechos.fr/2006/04/mort-de-john-garang-lenquete-conclut-a-une-erreur-du-pilote-568345}}
* {{Article|titre=Akuol de Mabior raconte son Soudan du Sud, une histoire familiale très politique|périodique=RFI|pages=2|date=19 février 2022|lire en ligne=https://www.rfi.fr/fr/afrique/20220219-akuol-de-mabior-raconte-son-soudan-du-sud-une-histoire-familiale-tr%C3%A8s-politique}}
* {{Article|titre=Les deux hommes forts du Soudan du Sud s’engagent sur une disposition clé de l’accord de paix de 2018|périodique=Le Monde|pages=2|date=4 avril 2022
* {{Article|auteur1=Augustine Passilly|titre=Voyage du pape au Sud-Soudan : qui est Rebecca Nyandeng de Mabior, la mère de la nation ?|périodique=La Croix|pages=2|date=03/02/2023|lire en ligne=https://www.la-croix.com/Religion/Voyage-pape-Sud-Soudan-Rebecca-Nyandeng-Mabior-mere-nation-2023-02-03-1201253623}}
=== Articles connexes ===
* [[Rebecca Nyandeng De Mabior]]
* [[Akuol De Mabior]]
* [[Mabior Garang de
* [[Mouvement populaire de libération du Soudan]]
* [[Salva Kiir]]
Ligne 172 ⟶ 216 :
{{Liens}}
* [http://www.splmtoday.com/ Site officiel du SPLM (branche politique de la SPLA)]
{{Portail|histoire militaire|politique|Soudan|Soudan du Sud}}
{{Article de qualité|oldid=217204774|date=1 août 2024}}
{{DEFAULTSORT:Garang, John}}
[[Catégorie:Naissance en juin 1945]]
[[Catégorie:Décès en juillet 2005]]
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