« Germaine Dulac » : différence entre les versions
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{{Voir homonymes|Dulac|Saisset|Schneider}}
{{Infobox biographie2|charte=personnalité du cinéma
|lieu de décès={{17e arrondissement de Paris}}
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'''Germaine Dulac''', née Charlotte Élisabeth Germaine Saisset-Schneider le {{date|17|novembre|1882}} à [[Amiens]] et morte le {{date|20|juillet|1942}} dans le {{17e arrondissement de Paris}}, est une [[Réalisateur|réalisatrice]], [[Producteur de cinéma|productrice]] et [[scénariste]] française.
}}▼
Dulac a réalisé plus de trente films de fiction, dont beaucoup marquent de nouvelles tendances cinématographiques, de [[Impressionnisme|l'impressionnisme]] à l'[[Abstraction (art)|abstraction]]. Elle est une des pionnières du cinéma de la [[Première avant-garde (cinéma)|première avant-garde]]<ref>{{Ouvrage|prénom1=Tami|nom1=Williams|titre=Germaine Dulac: A Cinema of Sensations|éditeur=University of Illinois Press|date=2014|isbn=978-0-252-03847-1|doi=10.5406/j.ctt7zw5h6?turn_away=true|lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/10.5406/j.ctt7zw5h6|consulté le=2024-03-16}}</ref>.
== Biographie ==
Née en 1882 à [[Amiens]]<ref name="dico2013">{{chapitre | langue=fr | auteur1=Brigitte Rollet | titre chapitre= Dulac, Germaine (née Saisset-Schneider) [Amiens 1882 - Paris 1942] | titre ouvrage=[[Dictionnaire universel des créatrices]] | auteurs ouvrage=[[Béatrice Didier]], [[Antoinette Fouque]] et [[Mireille Calle-Gruber]] (dir.)| éditeur=[[Éditions Des femmes]] | année=2013 | passage=1337 }}</ref>, Germaine Saisset-Schneider est la fille du général [[Maurice Saisset-Schneider]] et Madeleine Claire Waymel, et la nièce du conseiller d'État [[Raymond Saisset-Schneider]].
Sa vie professionnelle commence en [[1906]] au journal féministe ''[[La Française (journal)|La Française]]'' dirigé par [[Jane Misme]] où, jusqu'en [[1913]], {{citation|elle rédige principalement des portraits de femmes et des critiques de théâtre}}{{sfn|Valérie Vignaux|p=[https://journals.openedition.org/1895/90#tocto1n10 137-166]|texte=Dictionnaire du cinéma français des années vingt : Germaine Dulac}}. Ces portraits de «femmes d'action», romancières, artistes et militantes sociales, préparent son point de vue de réalisatrice sur le genre<ref>Williams, Tami. “ʺHow I Became a Film Directorʺ: Dulacʹs Early Life and Pre-Filmmaking Career.” ''Germaine Dulac: A Cinema of Sensations'', University of Illinois Press, 2014, pp. 9–44.</ref>.
Elle se consacre au cinéma dès [[1915 au cinéma|1915]], en pleine [[Première Guerre mondiale|première guerre mondiale]], où le titre de son film ''[[Les Sœurs ennemies]]'' fait écho aux préoccupations féministes secouées par le conflit. La même année, elle devient secrétaire-générale de l'organisation La Croisade des femmes françaises et soutient plusieurs comités de veuves de guerre<ref>Aide aux réfugiés belges, Aide aux femmes des combattants (1914–1915)</ref>.
Ses premiers efforts cinématographiques ayant été réalisés pendant cette période, beaucoup de pellicules ont disparu et sont considérées comme des [[Film perdu|films perdus]].
Après ''[[La Mort du soleil]]'' (1921), elle accomplit son chef-d’œuvre avec ''[[La Souriante Madame Beudet]]'' (1923), critique de la vie conjugale petite-bourgeoise ou, en termes modernes, de {{citation|l'incommunicabilité du couple}}. Après 1924, elle milite aussi avec ardeur pour répandre l'amour du cinéma et contribue à développer les [[Ciné-club|ciné-clubs]]{{sfn|Valérie Vignaux|p=[https://journals.openedition.org/1895/90#tocto1n10 137-166]|texte=Dictionnaire du cinéma français des années vingt : Germaine Dulac}}. Plus tard, elle rejoint la {{citation|seconde avant-garde}}, avec ''[[La Coquille et le Clergyman]]'' (1928) (d'après [[Antonin Artaud]]), puis elle réalise des symphonies d'images, alliées à la musique, avec ''[[Disque 957]]'' (1927) (d'après [[Frédéric Chopin|Chopin]]) ou ''[[Thèmes et Variations]]'' (1928).▼
En [[1916]], elle fonde avec [[Irène Hillel-Erlanger]] une maison de production, la « DH Films »{{sfn|Valérie Vignaux|p=[https://journals.openedition.org/1895/90#tocto1n10 137-166]|texte=Dictionnaire du cinéma français des années vingt : Germaine Dulac}}.
Quand le [[cinéma sonore]] empêche dorénavant une production totalement indépendante, elle préfère se consacrer aux actualités. Elle entre chez [[Gaumont]] en 1931<ref name=LightCone99/>. De 1933 à 1940, elle est directrice adjointe des [[Actualités cinématographiques|Actualités]] Gaumont<ref name=CineArtistesHAG21LA/>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr-FR|auteur=Pascal Manuel Heu|titre=Oubliés et méconnus|sous-titre=Quelques figures féminines|éditeur=Imp. Grafik Plus (Rosny-sous-Bois)|périodique=La lettre du [[Syndicat français de la critique de cinéma et des films de télévision|SFCC]]|numéro=49|mois=novembre|année=2016|lieu=Paris|pages=7 / 17|format électronique=pdf|lire en ligne=https://www.syndicatdelacritique.com/storage/archiveslettres/L49.pdf#page=7|consulté le=2021-03-01}}.</ref>. Elle est présidente de la section ''Cinéma'' du [[Conseil national des femmes françaises]] dans les années 1930<ref>Archives nationales, cote 19940495/21, dossier 1534, dont est extrait sa signature.</ref>.▼
Après avoir manifesté ses dons émotionnels et plastiques, dans des films écrits par Irène Hillel-Erlanger tels ''[[Les Sœurs ennemies]]'' (1915), ''[[Géo, le mystérieux|Géo le mystérieux]]'' (1917) et ''[[Venus Victrix]]'' (1917), elle réalise, d'après un scénario de son ami [[Louis Delluc]], ''[[La Fête espagnole (film, 1920)|La Fête espagnole]]'' (1919), et devient une des fortes personnalités de la [[première avant-garde (cinéma)|première avant-garde]]{{sfn|Valérie Vignaux|p=[https://journals.openedition.org/1895/90#tocto1n10 137-166]|texte=Dictionnaire du cinéma français des années vingt : Germaine Dulac}}.
En [[1918]], elle écrit, produit, et réalise une série de six épisodes, ''[[Âmes de fous]]'', avec [[Ève Francis]].
Dès [[1920]], elle publie de nombreux écrits historiques aux vues nouvelles et pénétrantes.
Après ''[[La Mort du soleil]]'' (1921), elle accomplit son chef-d’œuvre avec ''[[La Souriante Madame Beudet]]'' (1923), critique de la vie conjugale petite-bourgeoise ou, en termes modernes, de {{citation|l'incommunicabilité du couple}}.
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▲Quand le [[cinéma sonore]] empêche dorénavant une production totalement indépendante, elle préfère se consacrer aux actualités. Elle entre chez [[Gaumont]] en 1931<ref name=LightCone99/>. De 1933 à 1940, elle est directrice adjointe des [[Actualités cinématographiques|Actualités]] Gaumont<ref name=CineArtistesHAG21LA/>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr-FR|auteur=Pascal Manuel Heu|titre=Oubliés et méconnus|sous-titre=Quelques figures féminines|éditeur=Imp. Grafik Plus (Rosny-sous-Bois)|périodique=La lettre du [[Syndicat français de la critique de cinéma et des films de télévision|SFCC]]|numéro=49|mois=novembre|année=2016|lieu=Paris|pages=7 / 17|format électronique=pdf|lire en ligne=https://www.syndicatdelacritique.com/storage/archiveslettres/L49.pdf#page=7|consulté le=2021-03-01}}.</ref>.
Elle est inhumée au [[cimetière du Père-Lachaise]] ({{74e|division}})<ref>{{Ouvrage|prénom=Paul|nom=Bauer|titre=Deux siècles d'histoire au Père Lachaise|éditeur=Mémoire et Documents|année=2006|pages totales=867|passage=299|isbn=978-2-914611-48-0}}.</ref>.
== Théoricienne du cinéma ==
Elle est parmi les premières en France à envisager le [[cinéma]] comme un grand art. Résolument [[Féminisme|féministe]], Dulac se démarque par sa défense du cinéma comme puissant outil visuel et socio-politique.
Des années 1900 à 1930, Germaine Dulac publie des articles sur le cinéma et contribue à en donner une vision d'un art à part entière, parmi lesquels «''Comment je suis devenue ‘metteur en scène’ cinématographique''»<ref>«Comment je suis devenue ‘metteur en scène’ cinématographique.» Ève, 31 Août 1924</ref>, «''Le Mouvement créateur de l’action''»<ref>"Aux Amis du cinéma.” Cinémagazine, December 19, 1924. Reprinted as “Le Mouvement créateur de l’action” in Écrits sur le cinéma, 46–50.</ref>, ainsi que des entretiens et des critiques<ref>Pour une bibliographie sélective, voir :
Williams, Tami. ''Germaine Dulac: A Cinema of Sensations''. University of Illinois Press, 2014.</ref>.
Elle laisse inachevé un manuscrit inédit à la ligne d'enquête socio-esthétique. Elle y décrit son approche du cinéma en tant que forme transcendantale de [[musique visuelle]], capable de réelles transformations sociales. Son introduction, «''Qu'est-ce que le cinéma ?''», fait écho à ses premiers écrits critiques<ref>«Mise-en-scène» (1917)</ref>, jusqu'à ses textes des années 1930 sur le potentiel du [[Journal télévisé|film d'actualité]] en tant que «cinéma pur», «préfigurant à certains égards le célèbre traité en quatre volumes du même nom du théoricien du cinéma réaliste esthétique [[André Bazin]] (1958-1962)»<ref>Williams, Tami. “Negotiating Art and Industry in the Postwar Context.” ''Germaine Dulac: A Cinema of Sensations'', University of Illinois Press, 2014, pp. 77–123. ''JSTOR'', <nowiki>http://www.jstor.org/stable/10.5406/j.ctt7zw5h6.7</nowiki>. Accessed 16 Mar. 2024.</ref>.
== Vie privée ==
Elle épouse en [[1905]] [[Albert Dulac]], agronome socialiste et futur romancier<ref name="CineArtistesHAG21LA" />. Ils se séparent en 1920.
Pendant son mariage, Dulac eut une relation professionnelle et intime avec la danseuse, pantomime et actrice [[Stacia Napierkowska]] qui influenca fortement son rapport à l'image et au cinéma.
Dans les années 1920, Germaine Dulac s'installe dans une relation avec la réalisatrice [[Marie-Anne Colson-Malleville]] (née Mareau), qui dure jusqu'à la fin de sa vie<ref>{{lien web |auteur=Philippe Azoury et Elisabeth Lebovici |titre=Germaine Dulac sauvée des eaux |url=https://next.liberation.fr/cinema/2005/06/08/germaine-dulac-sauvee-des-eaux_522753 |site=liberation.fr |date=8 juin 2005}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |auteur=Barbara Marty |titre=Germaine Dulac, une cinéaste féministe et avant-gardiste oubliée |url=https://www.franceculture.fr/cinema/germaine-dulac-une-cineaste-feministe-et-avant-gardiste-oubliee |site=[[France Culture]] |date=15 mai 2020 |consulté le=2 mars 2021}}.</ref>. À sa mort, celle-ci fait don des archives professionnelles et personnelles de Dulac à la [[Cinémathèque française]].
== Filmographie ==
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}}
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* Germaine Dulac, ''[[Écrits sur le Cinéma|Écrits sur le cinéma]] (1919-1937)'', textes réunis par [[Prosper Hillairet]], [[Éditions Paris Expérimental|Paris Expérimental]], 1994.
* Germaine Dulac, ''Qu'est-ce que le cinéma ?'', textes réunis par Clément Lafite et Tami Williams,
* Germaine Dulac, ''Avez-vous peur du cinéma ? Chroniques (1919-1931) et scénarios inédits'', coll. Feux, [[Æncrages & Co]], 2024.
== Évènementiel ==
[[Fichier:Le cinéma au service de l'histoire billet Cinémathèque.jpg|thumb|Billet pour la séance du documentaire ''Le Cinéma au service de l'Histoire'' du {{date-|22 juin 2022}} à la [[Cinémathèque française]], dans le cadre de la rétrospective Germaine Dulac.]]
Durant l'année 2005, le [[musée d'Orsay]]
En {{date-|juin 2022}}, la [[Cinémathèque française]] lui dédie une rétrospective, proposant des séances de l'intégralité de ses films.
== Galerie ==
{{Clr|right}}
<gallery mode="packed
Fichier:G Dulac+Stacia N 1917.jpg|Germaine Dulac et [[Stacia Napierkowska]] photographiées en Italie en 1917.
Fichier:Venus Victrix.jpg|Scène de ''Venus Victrix'' (1916).
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Fichier:La coquille et le clergyman 4.jpg|Scène de ''La Coquille et le Clergyman'' (1928).
</gallery>
<gallery mode="packed
Fichier:La Souriante Madame Beudet.webm|''La Souriante Madame Beudet'' (1923).
Fichier:L'Invitation au voyage (1927).webm|''L'Invitation au voyage'' (1927).
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== Source et références ==
=== Sources ===
* {{Ouvrage|langue=fr-FR|auteur1=[[Valérie Vignaux]]|directeur1=oui|auteur institutionnel=[[Association française de recherche sur l'histoire du cinéma]] (AFRHC)|titre=Dictionnaire du cinéma français des années vingt|sous-titre=lettre « '''D''' »|éditeur=[[Ministère de la Culture (France)|Ministère de la Culture]], [[Centre national du cinéma et de l'image animée]] (CNC) et [[Centre national du livre]] (CNL)|nature ouvrage=revue d’histoire du cinéma|collection=1895 - Mille huit cent quatre-vingt-quinze|volume=33|année première édition=1984|réimpression=2001|lieu=Paris|passage=137-166|présentation en ligne=https://journals.openedition.org/1895/348|lire en ligne=https://journals.openedition.org/1895/90#tocto1n10|plume=oui|consulté le=2021-03-01}}.
* {{Ouvrage|langue=anglais|auteur1=Tami Williams|titre=Germaine Dulac: A Cinema of Sensations.|lieu=Chicago|éditeur=University of Illinois Press|année=2014|pages totales=337|isbn=9780252079979|lire en ligne=http://www.jstor.org/stable/10.5406/j.ctt7zw5h6|consulté le=16 Mars 2024}}
; Références :▼
{{références}}▼
<ref name="LightCone99">{{ Lien web | langue=fr-FR
| titre=Germaine Dulac
| url=https://lightcone.org/fr/cineaste-99-germaine-dulac
| site=lightcone.org
| consulté le=1 mars 2021}}.</ref>
▲}}
== Voir aussi ==
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=== Liens externes ===
{{Autres projets|commons=Category:Germaine Dulac|commons titre=Germaine Dulac}}
; Vidéos :
* {{Vimeo|44275775|''La Coquille et le Clergyman''}} (
* {{Dailymotion|x10rv7z|''La Coquille et le Clergyman'' (1928)}} (
* {{lien vidéo|langue=fr|titre=L'Invitation au voyage
{{Palette|Germaine Dulac|Surréalisme}}
{{Portail|dada et surréalisme|cinéma français|réalisation}}
{{CLEDETRI:Dulac, Germaine}}
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[[Catégorie:Naissance à Amiens]]
[[Catégorie:Décès en juillet 1942]]
[[Catégorie:Décès
[[Catégorie:Décès à 59 ans]]
[[Catégorie:Personnalité inhumée au cimetière du Père-Lachaise (division 74)]]
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