« Baclofène » : différence entre les versions
Contenu supprimé Contenu ajouté
Aucun résumé des modifications Balises : Révoqué Modification par mobile Modification par application mobile Modification avec l’application iOS |
m Ajout d'une espace manquante après modèle de langue |
||
| (13 versions intermédiaires par 10 utilisateurs non affichées) | |||
Ligne 38 :
| indiceSaponification = <!-- Propriétés physiques -->
| TTransitionVitreuse =
| fusion = {{tmp|189|191|°C}} ou {{tmp|206|208|°C}} ([[polymorphisme (chimie)|polymorphisme]])<ref>''The Merck Index, An Encyclopaedia of Chemicals, Drugs and Biologicals'', {{14e}} éd., 2006, p. 159. {{ISBN|0-911910-00-X}}.</ref>
| ebullition = {{tmp||°C}}
| solubilite =
Ligne 142 :
}}<!-- ----------------------------- Fin de l'infoboite ----------------------------- -->
[[Image:Baclosan.JPG|thumb|right|Baclofène de marque russe, comprimés de {{unité|25|mg}} avec un avertissement : « Ce médicament peut supprimer des compétences psychomotrices ».]]
Le '''baclofène''' est un [[myorelaxant]]. Il agit au niveau de la [[moelle épinière]] comme agoniste du [[Récepteurs GABAB|récepteur GABA<sub>B</sub>]] en inhibant les [[Réflexe (réaction motrice)|réflexes mono- et polysynaptiques]] et donc favorisant la relaxation des [[muscles squelettiques]].
Outre son indication ancienne dans certains troubles musculaires, après dix années de controverses médicales en France, le baclofène a reçu en France, le {{date-|14 mars 2014}}, une [[recommandation temporaire d'utilisation]] par l'[[Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé|ANSM]] pour son utilisation dans la prise en charge de la [[alcoolodépendance|dépendance à l'alcool]]<ref>Manus, J. M. (2019). Traitement de l’alcoolisme par le baclofène. Revue Francophone des Laboratoires, 2019(509), 11.</ref>, depuis le 23 octobre 2018, et sous conditions<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=L’ANSM octroie une autorisation de mise sur le marché pour une utilisation du baclofène dans l’alcoolo-dépendance - Communiqué - ANSM : Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé|url=https://ansm.sante.fr/S-informer/Actualite/L-ANSM-octroie-une-autorisation-de-mise-sur-le-marche-pour-une-utilisation-du-baclofene-dans-l-alcoolo-dependance-Communique|site=ansm.sante.fr|consulté le=2018-10-23}}</ref>. Cette RTU prend fin en {{date-|février 2021}} à la suite de l'obtention d'une AMM dans cette indication (le
C'est un [[Chlorobenzène|dérivé aromatique halogéné]] de l'[[acide γ-aminobutyrique|acide gamma-aminobutyrique]] (GABA). Il a antérieurement été vendu sous le nom de '''Liorésal''' ou '''baclocur''' (en France, à partir de 2018 dans le cadre de l'[[Autorisation de mise sur le marché|AMM]] pour le traitement de l'alcoolisme)<ref>Voir ''[https://www.lemonde.fr/sante/article/2018/10/23/le-baclofene-remede-miracle-contre-l-alcoolisme-ou-traitement-trop-risque_5373558_1651302.html Le baclofène, remède miracle contre l’alcoolisme ou traitement trop risqué ?]'', lemonde.fr, 23 octobre 2018</ref>.
== Synthèse ==
Il existe deux voies de synthèse du baclofène.
# La première consiste en la [[réaction de condensation|condensation]] de [[4-chlorobenzaldéhyde]] avec deux [[molécule]]s d'[[acétoacétate d'éthyle]], suivie d'une [[hydrolyse]] et une [[décarboxylation]] produisant un [[acide glutarique]] [[Substituant|substitué]]. Une [[Déshydratation (chimie)|déshydratation]] est produite lors de la cyclisation vers un [[anhydride]], le produit est ensuite mis à réagir avec de l'[[ammoniac]] pour faire un glutarimide. La réaction avec une solution [[alcaline]] de [[brome]] fournit par un [[réarrangement de Hofmann]] le baclofène<ref>H. Keberle, J. W. Faigle, M. Wilhelm, ''GAMMA-AMINO-BETA-(PARA-HALOPHENYL)-BUTYRIC ACIDS AND THEIR ESTERS'', {{US patent|3471548}}.</ref>{{,}}<ref>H. Keberle, J. W. Faigle, M. Wilhelm, {{US patent|3634428}}.</ref> :
:[[
# La seconde voie part du 4-chloro[[Acide cinnamique|cinnamoate]] d'éthyle. Celui-ci est mis à réagir avec du [[nitrométhane]] dans une nitro-[[addition de Michael]] en présence d'une [[Base (chimie)|base]] vers l'[[ester]] [[éthyl]]ique de l'acide β-(4-chlorphényl)-γ-nitrobutyrique. Une réduction avec de l'[[dihydrogène|hydrogène]] en présence de [[nickel de Raney]] fournit l'ester éthylique de l'acide β-(4-chlorophényl)-γ-aminobutyrique qui, après [[hydrolyse]] de l'ester, conduit au baclofène<ref>F. Uchimaru, M. Sato, E. Kasasayama, M. Shiamuzu, H. Takashi, JP patent : 45016692.</ref> :
[[Image:Synthesis Baclofen 2.svg|700px|centre]]
Ligne 162 :
=== Le baclofène dans l'alcoolodépendance ===
L'indication du baclofène comme traitement de certaines [[Addiction|dépendances]] (dont aux boissons alcoolisées) est en cours d'évaluation<ref>[http://clinicaltrials.gov/ct2/results/map?term=baclofen Répartition géographique mondiale des essais cliniques évaluant le baclofène], établie par le site américain ClinicalTrials.gov du [[National Institutes of Health|NIH]].</ref>{{,}}<ref name="BACLAD">[http://clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT01266655?term=baclofen&cntry1=EU%3ADE&rank=1 Fiche descriptive de l'essai clinique randomisé en double aveugle] BACLAD (''{{Lang|en|Baclofen for the Treatment of Alcohol Dependence}}'', recrutement en cours), établie sur le site ClinicalTrials.gov du [[National Institutes of Health|NIH]]. Site consulté le 26 janvier 2012.</ref> mais dans l'intervalle il bénéficie, depuis le {{date-|14 mars 2014}}, d'une [[recommandation temporaire d’utilisation]] (RTU) par l'[[Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé|Agence nationale de sécurité du Médicament]] (ANSM) qui l'autorise en dernière intention dans le sevrage alcoolique. Il est ainsi remboursé à 30 % dans ce cadre<ref>{{Lien web|url=https://www.sciencesetavenir.fr/sante/baclofene-et-alcoolisme-un-comite-d-expert-juge-son-efficacite-insuffisante_123456|titre=Baclofène et alcoolisme : un comité d'expert juge son efficacité insuffisante|auteur=Camille Gaubert|date=26 avril 2018|site=[[Sciences et Avenir]]}}.</ref>.
Cette indication, controversée, a notamment pour origine le médecin français [[Olivier Ameisen]]. Ce dernier, alors sévèrement alcoolique, s'est administré de fortes doses de baclofène, et a constaté une suppression totale de la dépendance psychique (assuétude) à l'alcool. Il a d'abord publié sa découverte comme "cas clinique" dans une revue médicale, puis dans un ouvrage grand public pour mobiliser l'opinion face à une communauté médicale qu'il trouvait réticente. De fait, le «
Ce sont les patients eux-mêmes qui ont affiné le protocole à utiliser et qui ont insisté pour que les autorités et notamment l'ANSM reconnaisse l'efficacité du baclofène dans le traitement de l'alcoolodépendance.
Une demande d’AMM pour le baclofène dans l’alcoolo–dépendance est déposée en France par [[Ethypharm]] en {{date-|mars 2017}}. Dans ce cadre un comité d'experts de l'ANSM juge sa [[balance bénéfice-risque]] négativement<ref>{{Lien web|url=http://ansm.sante.fr/S-informer/Actualite/Baclofene-dans-l-alcoolo-dependance-Publication-de-l-avis-du-CSST-sur-le-rapport-benefice-risque-Point-d-information|titre=Baclofène dans l’alcoolo-dépendance : Publication de l’avis du CSST sur le rapport bénéfice/risque - Point d'information|date=24 avril|site=[[ansm]]}}.</ref>. Toutefois, le {{date-|23 octobre 2018}}, l’ANSM octroie une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour une utilisation du baclofène dans l’alcoolo-dépendance<ref>{{Lien web |titre=L’ANSM octroie une autorisation de mise sur le marché pour une utilisation du baclofène dans l’alcoolo-dépendance - Communiqué - ANSM : Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé |url=https://www.ansm.sante.fr/S-informer/Communiques-Communiques-Points-presse/L-ANSM-octroie-une-autorisation-de-mise-sur-le-marche-pour-une-utilisation-du-baclofene-dans-l-alcoolo-dependance-Communique |site=www.ansm.sante.fr |consulté le=2021-02-14}}</ref>.
=== Autres perspectives thérapeutiques ===
* [[
*
* [[
*
== Mécanisme d'action ==
Le baclofène active les récepteurs [[Récepteurs GABAB|GABA<sub>B</sub>]]. Ce faisant Il partage certains de ses effets indésirables avec la drogue [[GHB]] qui agit par le même mécanisme mais le baclofène n'a pas d'affinité marquée pour le [[récepteur GHB|récepteur GHB-R]].
Les [[neurosciences]], dont via l'[[imagerie cérébrale]] recherchent des corrélats neuronaux des effets du baclofène sur la diminution du ''craving'' (envie irrépressible de consommer) chez les malades traités.
== Dosages ==
[[Fichier:005915731lg Baclofen 20 MG Oral Tablet.jpg|vignette|droite|Pilules de baclofène {{Unité
La dose indiquée dépend de la pathologie du patient, de son poids corporel, de la présence éventuelle d'autres troubles de santé et de la prise d'autres médicaments. L'action typique du médicament et la gestion de ses effets secondaires impliquent de procéder par augmentation progressive des doses.
Ligne 188 :
Dans l'indication neurologique, le baclofène est utilisé à des doses de {{Unité|30|à=75|mg}}/j (pouvant être portées à {{unité|100-120|mg}}/j en contexte hospitalier.
La dose de départ est généralement de {{dunité|3|5|mg}} pour les trois premiers jours. Puis de {{dunité|3|10|mg}} les trois jours suivants. Et ainsi de suite, par paliers de {{unité|10|mg}}
Une fois l'effet désiré atteint l'organisme ne requiert pas d'accroissement des doses pour maintenir l'effet, même après de nombreuses années d'usage continu<ref>{{Article |langue=en| lang=en|auteur =Gaillard JM |titre=''Comparison of two muscle relaxant drugs on human sleep: diazepam and parachlorophenylgaba'' |périodique=Acta Psychiatr Belg | année=1977 |mois= mai-juin | volume = 77 | numéro = 3 | pages = 410–25 }}.</ref>.
Ligne 198 :
== Pharmacocinétique ==
Le baclofène est rapidement absorbé et largement distribué dans tout l'organisme<ref name="Faigle1972">{{Article |issn = 0032-5473 |volume=48 |pages=Suppl 5:9-13 |auteurs=J W Faigle, H Keberle |titre=The chemistry and kinetics of Lioresal |journal=Postgraduate Medical Journal |consulté le=26 janvier 2012 |année=1972 |lang=en |pmid=4668367
Plus [[lipophile]] que le GABA grâce au [[Chlorobenzène|groupe aromatique halogéné]], le baclofène franchit, faiblement, la [[barrière hémato-encéphalique|barrière hémato-méningée]]<ref>{{Article |issn=0724-8741 |volume=8 |numéro=2 |pages=259-62. |auteurs=Van Bree J B, Heijligers-Feijen C D, de Boer A G, Danhof M, Breimer D D |titre=Stereoselective transport of baclofen across the blood-brain barrier in rats as determined by the unit impulse response methodology |journal=Pharmaceutical Research |lang=en |pmid=2023878 |consulté le=26 janvier 2012 |année=1991
La molécule passe dans le [[lait maternel]].
La [[demi-vie]] est comprise entre {{unité|3|et=4|heures}}<ref name="Faigle1972"/>{{,}}<ref>{{Article |prénom1=Tae Hwan |nom1=Kim |prénom2=Gi-Young |nom2=Park |prénom3=Soyoung |nom3=Shin |prénom4=Dong Rak |nom4=Kwon |titre=Pharmacokinetic Alteration of Baclofen by Multiple Oral Administration of Herbal Medicines in Rats |périodique=Evidence-based Complementary and Alternative Medicine : eCAM |volume=2014 |date=2014 |issn=1741-427X |pmid=25530781 |pmcid=4229966 |doi=10.1155/2014/402126 |lire en ligne=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4229966/ |consulté le=2020-10-06 }}</ref>{{,}}<ref>{{Article |prénom1=G. H. |nom1=Fromm |titre=Baclofen as an adjuvant analgesic |périodique=Journal of Pain and Symptom Management |volume=9 |numéro=8 |date=1994-11 |issn=0885-3924 |pmid=7852758 |doi=10.1016/0885-3924(94)90111-2 |lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/7852758/ |consulté le=2020-10-06 |pages=500–509 }}</ref>. Le pic sérique est atteint entre {{
Lors de la prise par voie orale d'une dose de {{unité|40|mg}}, la dose est excrétée à 80 % en {{heure|24|durée=oui}}<ref name="Faigle1972"/>, principalement par voie rénale et sous forme non métabolisée. Une faible proportion est éliminée par voie fécale<ref name="Faigle1972"/>.
Ligne 210 :
== Effets secondaires, toxicité ==
La plupart des effets secondaires sont observés en début de traitement et disparaissent généralement quand le dosage est stabilisé depuis plusieurs jours.
* Fréquemment : [[sédation]], [[somnolence]], faiblesse et/ou douleurs musculaires, [[nausée]]s
* Parfois : sécheresse de la bouche, baisse de [[tension artérielle]], [[vertige]]s, problèmes respiratoires, [[diarrhée]], [[maux de tête]], [[insomnie]]s, [[confusion mentale]], [[spasmophilie]]
* Rarement : sentiment de bien-être ou {{Incise |au contraire}} [[état dépressif]], [[perte d'équilibre]], [[tremblement]]s, [[troubles de la vision]], [[hallucination]] et [[cauchemar]]s
* Les troubles de la vigilance sont d'autant plus marqués et fréquents en cas d'
Un cas clinique rapportant une [[hypertriglycéridémie]] sévère chez un patient traité par baclofène associé au [[rispéridone]] a été publié ([[2013]])<ref name="clarisse2013">{{Lien PMID|23620129}}.</ref>.
La première intoxication, occasionnant [[coma]] et au moins {{
En France, face à l'engouement du public mais en absence d'[[autorisation de mise sur le marché]] (AMM) dans l'indication d'aide au sevrage alcoolique, la ''Direction de l'Évaluation des Médicaments et des Produits Biologiques'' de l'[[Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé|Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé]] (Afssaps) se tourne vers le comité de coordination de [[toxicovigilance]] de l'[[institut de veille sanitaire]] (InVS) en lui demandant, à partir du mois de décembre 2008, de produire la synthèse des données recueillies par les [[Centre antipoison et de toxicovigilance|centres antipoison et de toxicovigilance]] (CAPTV)<ref name="CAPTV">[http://www.centres-antipoison.net/CCTV/Rapport_CCTV_Baclofene_2009.pdf Groupe de travail « Médicament », Comité de coordination de toxicovigilance, « ''Cas d'exposition au baclofène : données des centres antipoison et de toxicovigilance, 2003-2007. Rapport fait à la demande de l'Afssaps'' », France, août 2009, 29 pages.]<br />En résumé ce rapport, excluant les administrations intrathécales, présente 291 cas d'exposition au baclofène, âgés de 2 à 94 ans, de sexe féminin comme masculin (44,5 %). Les doses supposées ingérées (DSI) varient de 10 à {{unité|1200|mg}}. Dans des circonstances d'accident de la vie courante (AVM), d'effet indésirable médicamenteux (EIM), d'erreur thérapeutique (ET) ou de tentative de suicide (TS), déclarées à un centre antipoison hexagonal, 40 % des sujets exposés présentent des symptômes : troubles digestifs (nausées, vomissements, diarrhée), délire, hallucinations, convulsions, voire coma et autres symptômes graves (respiratoires et/ou cardio-circulatoires) ayant nécessité une hospitalisation en réanimation dans 12 % des cas. Ce rapport compte 1 décès. (page consultée le 26 janvier 2012).</ref>.
Ligne 224 :
|url= https://www.20minutes.fr/culture/1823843-20160411-alix-saint-andre-bord-folie-cause-baclofene
|titre = Alix de Saint-André au bord de la folie à cause du baclofène
|site= [[20 minutes (quotidien européen)|20 minutes]]
|date= 11 avril 2016
Ligne 232 ⟶ 231 :
== Voies d'administration ==
* Par voie orale (comprimés).
* Par injection [[intrathécale]] : directement dans le [[liquide céphalo-rachidien]], à l'aide d'une pompe implantée sous la peau afin d'augmenter le taux de principe actif atteignant effectivement les sites d'action du médicament qui se situent au niveau de la [[corne dorsale de la moelle épinière]]. Dans ce mode d'administration, une première dose d'essai du médicament est injectée par voie épidurale pour en évaluer l'effet. Ensuite, l'administration à long terme du médicament se fait au moyen de la pompe et d'un cathéter sous-cutané, la dose administrée étant ajustée à l'aide d'un programmateur externe par le médecin en fonction des besoins du patient. La Commission d'Évaluation des Produits et Prestations, dépendante de la [[Haute Autorité de Santé]], a attribué une amélioration du service médical rendu de niveau {{II}} (important) à ce système d'administration, en l’absence d’alternative thérapeutique dans le traitement des spasticités sévères après échec de l'administration orale de baclofène, ou lorsque les doses efficaces provoquent des effets secondaires sur le système nerveux central. Cette technique est particulièrement utilisée chez les patients blessés médullaires ou atteints de [[sclérose en plaques]] ayant des spasmes douloureux qui ne peuvent être soignés par le baclofène en comprimés ou chez les patients atteints d'une diplégie spastique qui est une forme d'[[infirmité motrice cérébrale]] dans laquelle la gestion des spasmes est facilitée par une administration régulière du médicament au travers d'un système de pompe à médicament implantable (SPMI). Du fait de leur placement sous la peau, les pompes à baclofène peuvent provoquer des infections. Du fait des risques associés au syndrome de sevrage, une surveillance accrue doit être assurée dans l'administration par voie intrathécale. <br>L'administration intrathécale est particulièrement efficace contre la [[spasticité]]. Introduite en milieu clinique en Europe et aux États-Unis dans les années 1990 et au Japon depuis 2005, elle offre une réversibilité et un ajustement simple<ref>{{Article |langue=anglais |auteur1= UCHIYAMA, Takuya "et al." |titre=Neuromodulation Using Intrathecal Baclofen Therapy for Spasticity and Dystonia |périodique=Neurologia medico-chirurgica |volume=52 |numéro=7 |date=2012 |pages=463-469 |doi=10.2176/nmc.52.463 |lire en ligne=http://doi.org/10.2176/nmc.52.463 |consulté le=15 mars 2017
== Syndrome
Les symptômes de sevrage sont : hallucinations auditives, tactiles ou visuelles, confusion, agitation, désorientation, fluctuation du niveau de conscience, insomnie, troubles mnésiques, anxiété, hypertonie, hyperthermie, troubles de l'humeur, tachycardie, crise d'épilepsie, tremblements. Les effets les plus sévères sont des états confuso-oniriques<ref>{{Article |langue=en |auteurs=Leo RJ, Baer D |titre=Delirium Associated With Baclofen Withdrawal: A Review of Common Presentations and Management Strategies |périodique=Psychosomatics |année=2005 |mois=novembre-décembre |volume=46 |numéro=6 |pages=503–7.}}</ref>.
Aucun cas de décès n'a été rapporté par sevrage au baclofène par voie orale{{refnec}}.
Ligne 249 ⟶ 248 :
=== Expérimentations dans l'appétence pathologique pour l'alcool ===
Dans le cadre du traitement de l'appétence pour l'alcool, le baclofène a été testé dès le début des années 1990<ref name="Leningrad1993">{{article| issn = 0376-8716| volume = 33| numéro = 2| pages = 157-163| auteur1 = E. M. Krupitsky |auteur2=A. M. Burakov |auteur3=V. B. Ivanov |auteur4=G. F. Krandashova |auteur5=I. P. Lapin |auteur8=Grinenko A. Ja |auteur7=Borodkin Yu S| titre = Baclofen administration for the treatment of affective disorders in alcoholic patients| lang = en| journal = Drug and Alcohol Dependence| consulté le = 3 mars 2012| date = 1993-09| url = https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/8261880}}.</ref>. Il a ensuite de nouveau été testé à la fin des années 1990<ref>{{en}} Addolorato G, Caputo F, Capristo E, Colombo G, Gessa GL, Gasbarrini G, ''Ability of baclofen in reducing alcohol craving and intake: {{Rom-maj|II|2}}-preliminary clinical evidence'', Alcohol Clin Exp Res, 2000;24:67-71.</ref> à de petites doses avec, comme résultat prometteur, une réduction de l'envie de boire<ref>{{en}} Addolorato G, Leggio L, Ferrulli A {{et al.}} [http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140673607618145/abstract « {{Lang|en|Effectiveness and safety of baclofen for maintenance of alcohol abstinence in alcohol-dependent patients with liver cirrhosis: randomised, double-blind controlled study}} »] ''[[The Lancet|Lancet]]'' 2007; 370:1915-1922.</ref>{{,}}<ref>{{Article |langue=en |auteurs=Addolorato G | nom2= Leggio L, Abenavoli L, Agabio R, Caputo F, Capristo E, Colombo G, Gessa GL, Gasbarrini G |année=2006 |mois=mars |titre=Baclofen in the treatment of alcohol withdrawal syndrome: a comparative study vs diazepam |périodique=Am J Med |lien périodique=American Journal of Medicine |volume=119 | numéro= 3 | pages = 276.e13–8 | pmid = 16490478 | doi = 10.1016/j.amjmed.2005.08.042 }}.</ref>. Ces résultats n'ont, cependant, pas été retrouvés par une autre équipe de chercheurs<ref>{{en}} Garbutt JC, Kampov-Polevoy AB, Gallop R, Kalka-Juhl L, Flannery BA, [http://www3.interscience.wiley.com/journal/123589812/abstract ''Efficacy and Safety of Baclofen for Alcohol Dependence: A Randomized, Double-Blind, Placebo-Controlled Trial''], Alcohol Clin Exp Res, 2010 Jul 21.</ref>.
En 2003, différentes expérimentations semblent donner des résultats encourageants dans le traitement de la dépendance à la [[cocaïne]]<ref>{{Article |langue=en |auteur=Steven Shoptaw |et al.=oui |résumé=http://www.psychiatrist.com/abstracts/abstracts.asp?abstract=200312/120306.htm |titre=Randomized Placebo-Controlled Trial of Baclofen for Cocaine Dependence: Preliminary Effects for Individuals With Chronic Patterns of Cocaine Use |périodique=J Clin Psychiatry |année=2003 |mois=décembre |volume=64 |pages=1440-8}}.</ref>.
Ligne 255 ⟶ 254 :
En 2004, [[Olivier Ameisen]], médecin cardiologue et souffrant d'alcoolisme sévère, teste sur lui-même de fortes doses de baclofène. En effet, les traitements proposés depuis 1992 sont basés sur l'idée que réduire l'assuétude (le ''{{lang|en|craving}}'', en anglais) par des médicaments pourrait réduire le risque de rechute. Mais malgré l'utilisation des médicaments ''« anticraving »'' pendant deux décennies (naltrexone, acamprosate, baclofène à faible dose ({{Unité/2|30|à=60|mg/j}})), la mortalité et la morbidité des addictions à l'alcool, la cocaïne{{etc.}}, sont restées les mêmes malgré l'utilisation chez des millions de patients dépendants. Ameisen émet alors l'hypothèse que les effets dose-dépendants du baclofène (qui à hautes doses supprime la motivation à consommer de l'alcool chez le rat alcoolo-dépendant) pourraient être transposés à l'homme.
Après s'être auto-administré du baclofène à hautes doses, il aboutit à une suppression complète de la maladie alcoolique et propose un nouveau modèle thérapeutique : la suppression de l'assuétude à l'alcool, par opposition à la simple réduction<ref name="Ameisen">{{en}} Ameisen O. « Naltrexone treatment for alcohol dependency » ''JAMA'' 2005;294(8):899-900. {{PMID|16118379}}.</ref>{{,}}<ref>{{en}} Ameisen O. [http://alcalc.oxfordjournals.org/cgi/content/full/40/2/147 « Complete and prolonged suppression of symptoms and consequences of alcohol-dependence using high-dose baclofen: a self-case report of a physician »]'' Alcohol Alcohol'' 2005;40:147-50. {{PMID|15596425}}.</ref>. Il publie alors sa propre expérience et sa découverte dans une revue médicale en [[2004]]<ref>{{en}} Ameisen O. [http://alcalc.oxfordjournals.org/cgi/content/full/40/2/147 « Complete and prolonged suppression of symptoms and consequences of alcohol-dependence using high-dose baclofen: a self-case report of a physician »]'' Alcohol Alcohol.'' 2005;40:147-50.</ref> et appelle à la mise en place d'[[essais cliniques]] utilisant les fortes doses de baclofène qu'il avait lui-même appliquées<ref name="Ameisen" />. Mais puisqu'aucun ne se prépare, il publie en {{
En juillet 2009, la presse<ref>Blanchard S. [http://www.drogues-et-baclofene.com/contre-l-alcool-le-remede-interdit.html « Contre l'alcool, le remède interdit »] ''Le Monde'', 2 juillet 2009.</ref> fait état d'expériences non publiées par de nombreux médecins (généralistes ou hospitaliers), sur des dizaines de patients avec des résultats très encourageants. L'article parle également de nombreux témoignages individuels sous forme de forum internet. Les malades ayant suivi le protocole décrit dans le livre du docteur Ameisen décrivent, dans leurs témoignages, une notion inédite en alcoologie, celle « d'indifférence à l'alcool ». Ils se disent capables de consommer occasionnellement un verre d'alcool sans retomber dans une consommation [[compulsivité|compulsive]]. Au-delà de la quantité d'alcool consommée c'est la sensation de dépendance à l'alcool qui semble être éradiquée par le médicament.
Ligne 267 ⟶ 266 :
Aux yeux de certains spécialistes de l'addictologie, les résultats obtenus restent insuffisants ou trop peu fiables pour pouvoir unanimement recommander l'usage d'emblée du baclofène dans le traitement de l'alcoolo-dépendance, sans études supplémentaires. En effet, les rares études ne concernent à ce jour que des cas isolés, par l'auteur ainsi que par d'autres aux États-Unis et en Europe, qui ont publié dans des revues médicales de référence des résultats identiques après avoir utilisé son modèle thérapeutique par baclofène à hautes doses<ref>{{en}} Bucknam W, [http://alcalc.oxfordjournals.org/cgi/content/full/42/2/158 « {{Lang|en|Suppression of symptoms of alcohol dependence and craving using high-dose baclofen}} »] ''Alcohol and Alcoholism'', 2007;42:158-60.</ref>{{,}}<ref>{{en}} Agabio R, Marras P, Addolorato G, Carpiniello B, Gessa GL, « {{Lang|en|Baclofen suppresses alcohol intake and craving for alcohol in a schizophrenic alcohol-dependent patient: a case report}} » ''J Clin Psychopharmacol''. 2007:27:319-20.</ref>.
En février 2010, une étude<ref name="AmeisenINPRESS">{{Article |doi=10.1016/j.amp.2009.12.008 |issn=0003-4487 |volume=168 |numéro=2 |pages=159-162 |auteur=Ameisen O, de Beaurepaire R |titre=Suppression de la dépendance à l’alcool et de la consommation d’alcool par le baclofène à haute dose : un essai en ouvert |journal=Annales Médico-psychologiques, revue psychiatrique |consulté le=3 mars 2012 |date=mars 2010 |url=http://www.em-consulte.com/article/240808}}.</ref> ouverte (sans groupe placebo) menée sur des patients alcoolo-dépendants ayant reçu le traitement en ambulatoire est publiée. À trois mois, 88 % des patients ont totalement arrêté ou significativement diminué leur prise d'alcool et la plupart d'entre eux sont devenus indifférents à l'alcool sans effort. Les doses de baclofène nécessaires ont été très variables d'un patient à l'autre, allant de {{unité/2|15|à=300|mg/jour}}, avec une moyenne de {{Unité
En mars 2013, le docteur Renaud de Beaurepaire, psychiatre de l'[[établissement public de santé Paul-Guiraud]] à [[Villejuif]], publie un ouvrage grand public intitulé ''Vérités et mensonges sur le baclofène - la guérison de l'alcoolisme''<ref name=":0"/>. Dans une émission radiophonique, sur [[Radio France internationale]], ''Priorité santé'' de [[Claire Hédon]], il argumente en faveur du traitement, à des doses inhabituelles. Il met en cause les structures traditionnelles prenant en charge l'alcoolisme, qui résisteraient contre un traitement médicamenteux efficace en raison de leur inertie ou de leurs intérêts socio-économiques et commerciaux<ref>{{Lien web|langue=fr-FR|titre=Vérités et mensonges sur le Baclofène|url=http://www.rfi.fr/emission/20130411-1-verites-mensonges-le-baclophene|site=RFI|date=2013-04-11|consulté le=2016-09-04}}.</ref>.
=== Difficultés de mise en vente ===
En juin 2017, une étude conduite par l'Assurance maladie (Cnamts) en collaboration avec l'[[Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé|ANSM]] et l'[[Institut national de la santé et de la recherche médicale|Inserm]] sur la période entre 2009 et 2015, montre une corrélation en défaveur de l'utilisation du baclofène : {{Citation |L’étude a montré un profil de sécurité préoccupant du
En octobre 2018, l’ANSM octroie une AMM à la spécialité ''Baclocur'' pour le traitement de patients alcoolo-dépendants, avec une dose journalière maximale de {{Unité|80|mg}}.
Par ordonnance du tribunal administratif de Cergy-Pontoise du
Le {{date-|25 novembre 2020}}, le Conseil d'État annule la décision de suspension de l’AMM de ''Baclocur'', et rappelle qu'une spécialité pharmaceutique peut faire l'objet d'une prescription non conforme à son autorisation de mise sur le marché, donc un dépassement de la dose maximale de {{Unité|80|mg}} par jour<ref>{{Ouvrage |titre=Texte intégral |lire en ligne=https://www.legifrance.gouv.fr/ceta/id/CETATEXT000042570074?juridiction=CONSEIL_ETAT&juridiction=COURS_APPEL&juridiction=TRIBUNAL_ADMINISTATIF&juridiction=TRIBUNAL_CONFLIT&page=1&pageSize=10&query=baclocur&searchField=ALL&searchType=ALL&sortValue=DATE_DESC&tab_selection=cetat|consulté le=2021-02-14}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Baclofène dans l’alcoolo-dépendance : le Conseil d’état annule la décision de suspension de l’AMM de Baclocur - Point d'Information (actualisé le 12/02/2021) - ANSM : Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé |url=https://www.ansm.sante.fr/S-informer/Points-d-information-Points-d-information/Baclofene-dans-l-alcoolo-dependance-le-Conseil-d-etat-annule-la-decision-de-suspension-de-l-AMM-de-Baclocur-Point-d-Information-actualise-le-12-02-2021 |site=www.ansm.sante.fr |consulté le=2021-02-14}}</ref>.
== Notes et références ==
| |||