« Nuzi » : différence entre les versions

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|note coordonnées=<ref>Coordonnées données par {{en}} {{Lien web |titre=Yorgan Tepe (ancient: Nuzi) |url=http://www.savingantiquities.org/0947/09476/iraq05-118.html |site=U.S. Department of Defense Legacy Resource Mangement Program (DoDLRMP) |brisé le= }}</ref>
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[[Image:Meso2mil.JPG|vignette|Mésopotamie au second millénaire.]]
'''Nuzi''' (ou '''Nuzu''') était une ville de la [[Mésopotamie]] antique située au sud-ouest de [[Kirkouk]] dans l'[[Irak]] actuel, près du [[Tigre (fleuve)|Tigre]]. Ce nom est celui qu'elle porte au {{-mi-|II|e}}. Auparavant, elle était connue sous le nom de '''Gasur'''. Le site des ruines de cette antique cité est de nos jours appelé '''Yorghan Tepe'''. Brièvement fouillée entre 1925 et 1932, il a livré environ {{Nombre|5000|tablettes}} [[cunéiforme]]s de la période des {{-sp-|XV|e|-|XIV|e|s}}, quand Nuzi était une petite ville du royaume d'[[Arrapha]] (Kirkouk), peuplée majoritairement de [[Hourrites]], ethnie sur laquelle ces documents offrent une documentation précieuse.
[[Image:CD-001a-Tablette de Ga-Sur.jpg|vignette|Carte de Nuzi (tablette de Ga-Sur).]]
'''Nuzi''' (ou '''Nuzu''') était une ville de la [[Mésopotamie]] antique située au sud-ouest de [[Kirkouk]] dans l'[[Irak]] actuel, près du [[Tigre (fleuve)|Tigre]]. Ce nom est celui qu'elle porte au {{-mi-|II|e}}. Auparavant, elle était connue sous le nom de '''Gasur'''. Le site des ruines de cette antique cité est de nos jours appelé '''Yorghan Tepe'''. Brièvement fouillée entre 1925 et 1932, il a livré environ {{Nombre|5000|tablettes}} [[cunéiforme]]s de la période des {{-sp-|XV|e|-|XIV|e|s}}, quand Nuzi était une petite ville du royaume d'[[Arrapha]] (Kirkouk), peuplée majoritairement de [[Hourrites]], ethnie sur laquelle ces documents offrent une documentation précieuse.
 
Brièvement fouillé entre 1925 et 1932, ce site a livré environ {{Nombre|5000|tablettes}} [[cunéiforme]]s de la période des {{-sp-|XV|e|-|XIV|e|s}}, quand Nuzi était une petite ville du royaume d'[[Arrapha]] (Kirkouk), lui-même dépendant du puissant royaume du [[Mittani]], et peuplée majoritairement de [[Hourrites]], ethnie sur laquelle ces documents offrent une documentation précieuse.
 
== Fouilles ==
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Concernant les phases protohistoriques, les sondages ont identifié du matériel archéologique de l'[[période de Halaf|époque de Halaf]] tardif (à partir du milieu du {{-m|VI|e}}) avec de la poterie peinte polychrome et des traces de constructions rondes en pisé, puis de l'[[culture d'Obeid|Obeid du Nord]] ({{-m|V|e}}) et de la période d'Uruk (seconde moitié du {{-m|IV|e}}), notamment des [[écuelles à bords biseautés]]<ref>{{harvsp|id=RLA2|Stein|2001|p=641}}</ref>.
 
Le site est occupé au {{-m|III|e}}, comme l'indique du matériel de type [[dynastique archaïque]] mis au jour dans les sondages, mais ce millénaire est surtout documenté à Yorghan Tepe pour la [[période d'Akkad]]<ref>{{harvsp|id=RLA2|Stein|2001|p=641-642}}</ref>, pour laquelle a été découvert un ensemble de plus de 200 tablettes, sans doute plus exactement datées du début de règne de [[Naram-Sîn d'Akkad|Naram-Sîn]] (v. 2254-2218 av. J.-C.). La cité s’appelait alors Gasur et était vassale de l'empire d'Akkad qui avait soumis la Haute Mésopotamie. Il s’agit d’archives d’un domaine géré par un administrateur nommé Zuzu, dépendant peut-être d'un membre de la famille royale d’Akkad : distributions contre redevances de terres contre redevances à des dépendants du palais ou des locataires, distributions de rations<ref>{{en}} B. R. Foster, « Administration of State Land at Sargonic Gasur », dans ''Oriens Antiquus'' 21, 1982, {{p.|39–48}} ; Id., « People, Land and Produce at Sargonic Gasur », dans ''Studies on the Civilization and Culture of Nuzi and the Hurrians'' 2, 1987, {{p.|87–107}}</ref>. La domination d'Akkad s'achève au plus tard dans les premières décennies du {{-s|XXII|e}} Une inscription d'un roi d'[[Assur (ville)|Assur]] ayant régné vers cette période, nommé Ititi, indique qu'il a pris et pillé la ville de Gasur<ref>{{en}} A. K. Grayson, ''The Royal inscriptions of Mesopotamia. Assyrian periods Vol. 1 : Assyrian Rulers of the Third and Second Millennium B.C. (To 1115 B.C.)'', Toronto, Buffalo et Londres, 1987, p. 7</ref>.
 
Les niveaux suivants indiquent que la ville continue sans doute d'être occupée par la suite, puisqu'un sondage a livré une tablette de l'époque d'Ur III ({{-s|XXI|e}}), puis d'autres de type paléo-babylonien et paléo-assyrien (premiers siècles du {{-m|II|e}}). C'est de ces époques que datedatent la construction de la muraille du site, et les niveaux anciens du complexe des temples (G et F)<ref>{{harvsp|id=RLA2|Stein|2001|p=641 et 643}}</ref>.
 
La période la mieux connue de l'histoire de Yorghan Tepe, tant par l’archéologie que les textes, est celle des {{-sp-|XV|e|-|XIV|e}} La ville s’appelle alors Nuzi, et fait partie du royaume d’[[Arrapha]] ([[Kirkouk]]), lui-même vassal du royaume du [[MitanniMittani]] (désigné par le terme [[Hanigalbat]] dans les textes de Nuzi) depuis une période indéterminée (au plus tard dans la seconde moitié du {{-s|XV|e}}<ref>J. Freu, ''Histoire du Mitanni'', Paris, 2003, p. 47-53</ref>). La population qui y vit est majoritairement d’ethnie [[hourrites|hourrite]], comme on le voit par l’étude des noms de personne. Les niveaux archéologiques correspondants, les plus récents des différentes chronologies archéologiques du site (I, A et II/I), indiquent une culture matérielle similaire à ceux de la période tardive du MitanniMittani, et du début de l'époque médio-assyrienne, et ils s'achèvent par une destruction du site qui peut être datée vers 1340 av. J.-C.<ref name=rla640641/> Les archives nous en apprennent cependant bien peu sur les événements historiques de cette période, néanmoins plusieurs textes renvoient à la montée en puissance de l'[[Assyrie]], qui supplante le MitanniMittani vers le milieu du {{-s|XIV|e}} : les relations sont d'abord pacifiques (relations commerciales, présence d'envoyés diplomatiques assyriens dans le royaume d'Arrapha), puis elles deviennent hostiles, quelques textes de Nuzi documentant un affrontement près de la ville de Tursha, dans la région occidentale du royaume d'Arrapha, donc au contact direct de l'Assyrie. Ces événements précédent l'arrêt des archives, donc la destruction de Nuzi, manifestement sous les coups des Assyriens (et non sous ceux des [[Babylone (civilisation)|Babylonie]]ns comme cela a pu être proposé par le passé), en même temps que le royaume d'Arrapha est soumis par l'Assyrie<ref>{{harvsp|id=MAI|Maidman|2010|p=15-79}} réunit les documents relatifs aux relations entre le royaume d'Arrapha et l'Assyrie dans les archives de Nuzi.</ref>. Le site est abandonné par la suite.
 
Durant l'Antiquité tardive, le site est réoccupé par quelques maisons, et surtout une nécropole. Plusieurs tombes ont été dégagées présentant du matériel archéologique de l’époque sassanide ancienne ({{s|III|e}} ap. J.-C.), notamment une pièce de monnaie du règne de [[Shapur Ier|Shapur {{Ier}}]] (240-270)<ref>{{harvsp|id=RLA2|Stein|2001|p=647}}</ref>.
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=== Urbanisme et architecture ===
 
Le site de Yorghan Tepe à l'époque du Bronze récent est organisé autour d'un petit tell de forme grossièrement carrée, d'environ 200 mètres de côté, qui regroupe le secteur du palais et les temples. Il était sans doute protégé par une enceinte. En dehors du tell, environ 300 mètres au nord-est de celui-ci, desdeux ensembles de résidences cossues ont été dégagéesdégagés. Il est probable qu'elles aient alors fait partie de l'agglomération s'étendant autour du tell principal, mais cet espace n'a pas fait l'objet d'autres fouilles. Il faut sans doute interpréter le tell principal avec ses bâtiments officiels comme étant une « ville haute » ou « acropole », séparée par son enceinte du reste de la ville, la « ville basse », dont les grandes résidences feraient partie, suivant uneun schéma d'organisation couranteurbaine courant en Haute Mésopotamie durant l'âge du Bronze. Les textes indiquent bien la présence d'une ville haute, ''kerhu''<ref>{{en}} M. Novák, « The Architecture of Nuzi and Its Significance in the Architectural History of Mesopotamia », dans {{harvsp|id=70|Owen|Wilhelm|1999|p=124-125}}. {{harvsp|id=RLA1|Wilhelm|2001|p=637-638}}.</ref>.
 
==== Le palais ====
 
La palais de Nuzi occupe la partie centrale du tell principal. C'est un vaste édifice, dégagé sur une longueur de 120 mètres, dont l'organisation générale a pu être bien identifiée. L'entrée se fait au nord, vers un vestibule ouvrant sur une première grande cour bordée de bancs située dans la partie est de la zone fouillée (M94 dans la terminologie des fouilleurs). Autour se trouvait la partie officielle, destinée à l'administration, les pièces se trouvant au sud de cette cour étant manifestement des zones de stockage et de bureaux. Sur son côté ouest, la cour M94 ouvrait sur une salle allongée (M89) disposant d'un foyer, ouvrant ensuite sur la plus grande cour du palais (M100), entourée de pièces de réception, en particulier deux salles allongées à l'ouest qui semblent constituer un secteur d'audience (L20 et L11), dont l'entrée comprenait deux piliers qui devaient supporter une sorte de portique. Tout autour se trouvaient de plus petites pièces servant d'appartements, en particulier dans la partie ouest de l'édifice. C'est donc une zone privée, sachant qu'il semble que l'édifice ait eu un étage qui a pu comprendre les appartements principaux. On serait donc en présence d'une séparation de l'espace entre une zone publique et une zone privée, renvoyant à la division des palais néo-assyriens au millénaire suivant. Le palais disposait d'un pavage en briques et en pierre, avec un système de drainage élaboré. Certains de ses murs étaient par ailleurs décorés de peintures<ref>{{en}} M. Novák, « The Architecture of Nuzi and Its Significance in the Architectural History of Mesopotamia », dans {{harvsp|id=70|Owen|Wilhelm|1999|p=127-129}} ; {{harvsp|id=RLA2|Stein|2001|p=643}}. J.-C. Margueron, ''Recherches sur les palais mésopotamiens de l'âge du bronze'', Paris, 1982, {{p.|425-450}} et fig. 300-320.</ref>.
 
==== Le temple ====
 
Situé sur le tell principal à proximité du palais, le seul édifice religieux connu de Nuzi avait été érigé à la fin du {{-m|III|e}} (phase G), consistant alors en un temple simple organisé autour d'une cour et d'une cella. Au début du {{-m|II|e}} (phase F) lui est adjoint un second sanctuaire d'organisation similaire au sud-est, faisant de l'édifice un temple double. Il reste dans cet état à l'époque du Bronze récent (niveaux B et A). Le temple du nord-ouest est organisé autour d'une cour (G50) accessible depuis la rue, et sur son côté ouest ouvre vers la cella (G29), une salle allongée et en « axe coudé », l'entrée se faisant par son côté nord-est, et la cella se trouvant sur son côté sud. Le second sanctuaire reprenait la même organisation avec une cour (H20) à l'est ouvrant sur son côté ouest vers la cella en axe coudé (G53). Sur son côté sud se trouvaient par ailleurs d'autres petites pièces. Les murs de la cella du premier sanctuaire étaient décorés de clous en céramique glaçurée, en forme de mouton, sanglier, et des lions également en terre cuite à glaçure. Ces derniers étant traditionnellement les animaux-attributs de la déesse [[Ishtar]] ([[Shaushga]] pour les Hourrites), ce sanctuaire lui a été attribué, d'autant plus qu'il a également livré des figurines de femmes nues, renvoyant au rôle de cette déesse dans la sexualité. Le second sanctuaire est quant à lui attribué au grand dieu de l'Orage hourrite, [[Teshub]], mais il n'a livré que peu de matériel archéologique permettant d'étayer cette hypothèse<ref>{{en}} M. Novák, « The Architecture of Nuzi and Its Significance in the Architectural History of Mesopotamia », dans {{harvsp|id=70|Owen|Wilhelm|1999|p=129-130}} ; {{harvsp|id=RLA2|Stein|2001|p=644}}.</ref>.
 
==== Les résidences privées ====
 
Plusieurs résidences ont été mises au jour sur le site de Nuzi, sur les extrémités de la ville haute, et dans les secteurs dégagés en dehors de celle-ci, au nord-est du site. Parmi les premières, plusieurs types ont été mis en évidence : des maisons-blocs composées de salles de taille similaire agglutinées et des maisons à salle centrale, organisées suivant un plan tripartite, comprenant plusieurs pièces autour d'une salle centrale ; en revanche il y a peu de maisons à cour centrale. Si les résidences les plus simples n'indiquent pas une séparation fonctionnelle marquée entre les pièces, les plus vastes présentent un espace de réception, et une séparation entre le secteur public et le secteur privé, à l'image de ce qui est constaté dans le palais. Elles ont des pièces plus vastes, et un matériel archéologique plus riche, reflétant les distinctions sociales qui se retrouvent dans les textes. En particulier les résidences de la ville basse sont plus vastes, à l'image de celle du prince Silwa-Teshub, qui s'apparente à un petit palais, et était décorée par des fresques murales<ref>{{en}} M. Novák, « The Architecture of Nuzi and Its Significance in the Architectural History of Mesopotamia », dans {{harvsp|id=70|Owen|Wilhelm|1999|p=130-135}} ; {{harvsp|id=RLA2|Stein|2001|p=643-644}}.</ref>.
 
=== Les textes de Nuzi ===
 
==== Nature de la documentation écrite ====
[[Fichier:Carte du Mitanni.png|thumb|right|upright=1.8|Le royaume du [[MitanniMittani]] à son apogée au {{-s|XV|e}}, avec Nuzi et le royaume d'[[Arrapha]] à l'extrémité orientale.]]
[[Fichier:TabletLegal indispute Akkadianover languageland recording- courtNuzi.jpg|thumb|left|Tablette proceedingsjuridique withde sealNuzi impressed: envelope,compte-rendu Yorgande Tepeprocès, Kingdomdispute ofau Mittani,sujet 1450-1350de BC,la claypossession -d'un Orientaldomaine Institutefoncier Museum,organisé Universityautour ofd'une Chicago« -tour DSC07088.JPG|thumb|left|Tablette» juridique de Nuzi : compte-rendu de procès(''dimtu''). Musée de l'Oriental Institute de [[Chicago]].]]
 
Environ {{formatnum:nombre|5000|tablettes}} tablettes ont été exhumées à Nuzi<ref>{{harvsp|id=RLA1|Wilhelm|2001|p=636}}</ref>. La grande majorité est conservée à l’[[Institut oriental]] de [[Chicago]] et au [[Harvard Semitic Museum]]. La provenance archéologique de la plupart d'entre elles est connue. Sur le tell central, le palais a livré de nombreuses archives, et quelques-unes proviennent du temple double de [[Shaushga]] et de [[Teshub]] qui se trouve à sa proximité. Deux lots privés ont été dégagés dans deux grandes résidences du nord-est du site : celle de Shilwa-Teshub (environ 700 tablettes), fils du roi d’[[Arrapha]]<ref>{{de}} G. Wilhelm, ''Das Archiv des Šilwa-Teššup'', Wiesbaden, 1980-1985 (3 t.)</ref> ; et celle de Tehip-Tilla (un millier de tablettes), grand propriétaire sans doute lié par mariage à la famille royale. Enfin, un dernier groupe de textes consiste en des lots de tablettes prives provenant de différentes résidences dans la citadelle et la ville basse<ref>{{harvsp|id=RLA1|Wilhelm|2001|p=639}}</ref>. Les textes sont datés aujourd’hui de la fin du {{-s|XV|e}} et de la première moitié du {{-s-|XIV|e}}, soit les décennies précédentqui précèdent la destruction du site, sur une période d'un peu moins d'un siècle<ref>Sur les questions de chronologie : {{en}} A. H. Friedmann, « Toward a relative chronology at Nuzi », dans ''SCCNH'' 2, 1987, p. 109–120 ; {{en}} D. L. Stein, « A Reappraisal of the “Sauštatar Letter” from Nuzi », dans ''Zeitschrift für Assyriologie und Vorderasiatische Archäologie'' 79, 1989, p. 36-60 ; {{harvsp|id=RLA1|Wilhelm|2001|p=636-637}}.</ref>.
 
Les archives de Nuzi sont de nature publique et privée. En plus de tablettes relatives à la gestion des domaines privés et surtout du palais (listes de travailleurs, de distributions de rations et d'armes notamment), il s’agit de contrats privés de prêt, de mariage, de transmission d’héritages, mises en gage, des testaments etc., donc beaucoup d’actes juridiques, ainsi que de lettres<ref>{{harvsp|id=RLA1|Wilhelm|2001|p=638}}</ref>{{,}}<ref>SurTraductions lade documentationtextes juridique,juridiques aperçuen utilefrançais dans: B. Lion, « Les textes judiciaires du royaume d'Arrapha », dans F. Joannès (dir.), ''Rendre la justice en Mésopotamie, Archives judiciaires du Proche-Orient ancien ({{IIIe}}-{{Ier}} millénaires avant J.-C.)'', Saint-Denis, 2000, p. 141-162.</ref>. On a pu reconstituer plusieurs lots d’archives de maisonnées, nous renseignant sur les activités d’une même famille.
 
Les tablettes sont rédigées en écriture [[cunéiforme]], en [[akkadien]], en médio-babylonien (forme moyenne du [[babylonien (langue)|babylonien]], écrite du {{-sp-|XV|e|au|XI|e}} environ), la langue la plus couramment pratiquée dans les archives de cette période. Mais la particularité du langage de Nuzi est d’être souvent assez fautif. En effet, les [[Scribe dans le Proche-Orient ancien|scribes]] qui écrivaient ces tablettes étaient en effet eux-mêmes des locuteurs du [[hourrite]], et l’akkadien n’était pas leur langue maternelle, comme pour le reste des habitants du royaume. Cela explique la présence de termes et tournures hourrites dans les tablettes, ainsi que d'une syntaxe inspirée par celle du hourrite, bien différente de celle de l'akkadien<ref>{{de}} G. Wilhelm, ''Untersuchungen zum Hurro-Akkadischen von Nuzi'', Neukirchen-Vluyn, 1970</ref>.
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==== Administration ====
 
Nuzi est une ville provinciale du royaume d’[[Arrapha]]. Le roi tient sa résidence principale dans la capitale, où il réside la plupart du temps, mais il entretient également une cour dans le palais de Nuzi, où se trouve une reine (car il avait plusieurs épouses principales), et des épouses secondaires (''esirtu''), certaines étant aussi désignées comme des « musiciennes » (''nuārtu'')<ref>B. Lion, « Les femmes du roi d’Arrapha d’après quelques documents administratifs de Nuzi ({{-s-|XIV}}) », dans J.-C. Cassard, Y. Coativy, A. Gallicé et D. Le Page (dir.), ''Le prince, l’argent, les hommes au Moyen Âge. Mélanges offerts à Jean Kerhervé'', Rennes, 2008, p. 17-29 [https://books.openedition.org/pur/5301 lire en ligne].</ref>.
Nuzi est une ville provinciale du royaume d’[[Arrapha]]. Elle est administrée par un gouverneur (''šaknu'') depuis le palais. Des officiers subalternes de l’administration royale sont le ''sukkallu'' (souvent traduit par « vizir », seconde le gouverneur), le « chef de district » (''halṣuhlu''), et le « maire » (''hazannu''), chacun responsable d’un niveau administratif. La justice est rendue par ces officiers, mais également des juges (''dayānu'') installés dans les districts<ref>{{harvsp|id=LAW|Zaccagnini|2003|p=568-571}}</ref>.
 
Nuzi est uneLa ville provinciale du royaumeet d’[[Arrapha]].sa Elleprovince estsont administréeadministrées par un gouverneur (''šaknu'') depuis le palais. Des officiers subalternes de l’administration royale sont le ''sukkallu'' (souvent traduit par « vizir », seconde le gouverneur), le « chef de district » (''halṣuhlu''), et le « maire » (''hazannu''), chacun responsable d’un niveau administratif. La justice est rendue par ces officiers, mais également des juges (''dayānu'') installés dans les districts<ref>{{harvsp|id=LAW|Zaccagnini|2003|p=568-571}}</ref>.
 
Les sujets libres de l’État sont redevables d’une charge, l’''ilku'', qui semble consister en des corvées (service militaire, travaux divers pour les compte de l’État, notamment sur ses terres). Quand une personne vend une terre à une autre mais reste pour l’exploiter, il garde la charge de la corvée : cette dernière pèse donc sur l’exploitant et non le propriétaire. Des terres sont également redevables de taxes, alors que d’autres semblent ne pas y être soumises<ref>{{harvsp|id=LAW|Zaccagnini|2003|p=597-599}}</ref>.
 
Un dossier de tablettes intéressantrelatif concernantà l'administration de Nuzi concerne un de ses maires, Kussi-harpe, coupable de plusieurs actes de corruption et d'autres crimes consignés dans des dépositions contre lui, qui comprennent également ses dénégations. Il est ainsi accusé de recevoir des pots-de-vinsvin, sous la forme d'argent et dans un cas d'un mouton, notamment en échange de faveurs en matière d'impôts et de corvées, utilise les corvées publiques pour des besoins personnels, et détourne également des biens publics à son profit, par exemple en stockant du grain collecté en guise de taxe dans ses propres entrepôts ou en se faisant construire une porte avec du bois appartenant au palais. Ses délits ne se limitent pas à cela, lui et ses subordonnées étant accusés d'extorsions (emprisonnement puis libération contre paiement), de vols de moutons et de grains, à plusieurs reprises avec des effractions dans des maisons, et du viol d'une femme. Les documents concernant ces délits ont été préservés dans le cadre d'une instruction visant à juger Kussi-harpe et ses complices, mais l'issue de l'affaire n'est pas connue<ref>{{harvsp|id=MAI|Maidman|2010|p=81-123}}. E. Cassin, «  Heur et malheur du ''hazannu'' (Nuzi)  », dans A. Finet (dir.), ''Les pouvoirs locaux en Mésopotamie et dans les régions adjacentes'', Bruxelles, 1982, p. 98-113.</ref>.
 
{{encadré texte|align=centre|width=|texte=« Pal-teya (a dit) ceci : « Hutiya le charpentier a pris 40 pièces de bois-''šaššugu'' appartenant au palais et il (en) a fait une porte pour Kussi-harpe ; et il a mis la porte dans la maison de Kussi-harpe dans la ville d'Anzukalli. Et moi, j'ai dû transporter ce bois. » Kussi-harpe (a dit) : « Ce bois était à moi, et je l'ai donné pour qu'on en fasse une porte ; mais le bois du palais, je ne (l')ai pas donné pour qu'on en fasse une porte ! » Hutiya le charpentier (a dit) : « J'ai fait une porte. Salhu-Tessup m'a donné du bois supplémentaire venant de la ville de Nuzi. Or ce bois, je savais qu'il appartenait au palais ; mais j'ai dû (en) faire une porte pour Kussi-harpe. »
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La documentation de Nuzi au {{-s-|XIV|e}} nous donne une vision d’une société divisée en plusieurs catégories sociales, dont les contours sont souvent difficiles à saisir<ref>{{harvsp|id=CANE|Maidman|1995|p=941-942}} ; {{harvsp|id=LAW|Zaccagnini|2003|p=580-583}}</ref>.
* Les ''rākib narkabti'' (« conducteurs de chars ») sont l’élite de la société ; comme leur nom l’indique, il s’agit en théorie d’une élite militaire, qui correspond à la classe des ''[[maryannu]]'' que l’on retrouve souvent en pays hourrite. Dans les faits, il ne s’agit pas que de militaires, mais ce sont les grands propriétaires du royaume d’Arrapha.
* Les ''ālik ilki'' (« sujets à corvée ») sont la catégorie mentionnée le plus souvent. Ils sont définis par leur condition de tributaire ; ce sont des propriétaires, servant à l’occasion l’État par des corvées ou le service militaire.
* Les ''nakkuššu'' (« substituts » ?) sont un groupe dont on a du mal à saisir la composition ; ils ne sont pas forcément propriétaires ou tenanciers de terres, mais ne semblent pas être des dépendants, et ont apparemment des métiers spécialisés.
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=== Matériel archéologique ===
[[Fichier:House-shaped offering stand, Yorghan Tepe, ancient Nuzi, Iraq, Stratum II, ceramic - Harvard Semitic Museum - Cambridge, MA - DSC06061.jpg|thumb|Offrande en forme de maison, terre cuite. [[Semitic museum|Harvard Semitic Museum]].]]
 
Les fouilles de Yorghan Tepe ont livré de nombreux objets de la période du Bronze récent. C’est sur ce site qu’a été identifié pour la première fois un type de céramique courant en Mésopotamie du nord à la période du royaume du MitanniMittani, la « céramique de Nuzi », caractérisée par un décor peint en blanc sur un fond sombre<ref>M. Yon (dir.), ''Dictionnaire illustré multilingue de la céramique du Proche-Orient ancien'', Lyon, 1985, {{p.|166-167}}</ref>. Les motifs sont souvent géométriques (triangles, bandes), curvilignes (rosettes, volutes), et floraux.
 
Le site a également livré des objets montrant le développement de la technique de la glaçure-émaillage, marquant le début de la réalisation d’objets en [[verre]] : briques émaillées, fritte, « faïence » (du verre coloré). OnCe acorpus égalementconstitue exhuméun surdes leplus tellimportants destémoignages armesde l'émergence de la production de matières vitreuses durant le Bronze récent<ref>{{en}} métalA. J. Shortland, ainsiS. queKirk, desK. figurinesEremin, enP. terreDegryse cuiteet M. Walton, « The Analysis of Late Bronze Age Glass from Nuzi and the Question of the Origin of Glass-Making », dans ''Archaeometry'' 60/4, 2018, p. 764–783. doi: 10.1111/arcm.12332.</ref>.
 
On a également exhumé sur le tell des armes en métal, ainsi que des figurines en terre cuite, et des représentations d'édifices.
 
== Notes et références ==
{{Références}}
 
=== Bibliographie ===
* {{Chapitre|langue=en|auteur= Maynard P. Maidman|titre= Nuzi: Portrait of an Ancient Mesopotamian Provincial Town |auteurs ouvrage= J. M. Sasson (dir.)|titre ouvrage=Civilizations of the Ancient Near East|volume= 2|lieu= New York|~diteuréditeur=Scribner|année= 1995|passage=931-947 |id=CANE}}
* {{Chapitre|langue=en|auteur= Diana L. Stein|titre= Nuzi |auteurs ouvrage= Eric M. Meyers (dir.)|titre ouvrage=Oxford Encyclopaedia of Archaeology in the Ancient Near East|volume= 4|lieu= Oxford et New York|éditeur=Oxford University Press|année= 1997|passage=171-175|id=OEANE}}
* {{Chapitre| langue= de| prénom1= Gernot| nom1=Wilhelm| titre= Nuzi A. Philologisch.| titre ouvrage=Reallexicon der Assyriologie und Vorderasiatischen Archäologie |volume = IX (7/8)| lieu= Berlin| éditeur=De Gruyter| année= 2001| passage= 636-639| id = RLA1}}
* {{Chapitre| langue= en| prénom1= Diana L.| nom1=Stein| titre= Nuzi B. Archäologisch| titre ouvrage=Reallexicon der Assyriologie und Vorderasiatischen Archäologie |volume = IX (7/8)| lieu= Berlin| éditeur=De Gruyter| année= 2001| passage= 639-647| id = RLA2}}
* {{Chapitre|langue=fr|auteur=Xavier Faivre et Brigitte Lion|titre= Nuzi |auteurs ouvrage= Francis Joannès (dir.)|titre ouvrage= Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne|lieu= Paris|éditeur=Robert Laffont|année= 2001|passage=595-596 |id=DCM}}
* {{Chapitre|langue=en|auteur= Carlo Zaccagnini|titre= Nuzi |auteurs ouvrage= Raymond Westbrook (dir.)|titre ouvrage=A History of Ancient Near Eastern Law|volume= 1|lieu= Leyde|éditeur=Brill|année= 2003|passage=565-617|id=LAW}}
* {{Ouvrage| langue=en| auteurauteur1=David I. Owen et Gernot Wilhelm (dir.)| titre= Nuzi at Seventy-five| lieu=Bethesda| éditeur =CDL Press | collection=Studies on the civilization and culture of Nuzi and the Hurrians| numéro dans la collection=10| année=1999| isbn=| id=70}}
* {{Ouvrage| langue=en| auteurauteur1=Maynard P. Maidman| titre= Nuzi Texts and Their Uses as Historical Evidence| lieu= Atlanta|éditeur éditeur=Society of Biblical Literature| collection=Writings from the Ancient World| numéro dans la collection=18 | année=2010| isbn=| id=MAI}}
* {{Ouvrage| langue=en| prénom1=John Nicholas| nom1=Postgate| titre=Bronze Age Bureaucracy| sous-titre=Writing and the Practice of Government in Assyria| lieu=Cambridge| éditeur=[[Cambridge University Press]]| année=2013| passage=343-381| isbn=| id=POS}}
 
== Annexes ==
 
=== Articles connexes ===
 
*
* [[Hourrites]]
* [[Mittani]]
* [[Ville en Mésopotamie]]
* [[Liste des villes du Proche-Orient ancien]]
 
=== Liens externes ===
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* {{en}} [http://infinitiv.com/nuzi/ Transcription et traduction de tablettes de Nuzi] ;
* {{en}} [http://www.fas.harvard.edu/~semitic/hsm/NuziHomePage.htm Pages du ''Semitic Museum'' de Harvard sur les objets exhumés à Nuzi].
* {{en}} {{Lien web |titre=Yorgan Tepe (ancient: Nuzi) |url=http://www.savingantiquities.org/0947/09476/iraq05-118.html |site=U.S. Department of Defense Legacy Resource Mangement Program (DoDLRMP) |brisé le= }}
 
=== Bibliographie ===
* {{Chapitre|langue=en|auteur= Maynard P. Maidman|titre= Nuzi: Portrait of an Ancient Mesopotamian Provincial Town |auteurs ouvrage= J. M. Sasson (dir.)|titre ouvrage=Civilizations of the Ancient Near East|volume= 2|lieu= New York|~diteur=Scribner|année= 1995|passage=931-947 |id=CANE}}
* {{Chapitre|langue=en|auteur= Diana L. Stein|titre= Nuzi |auteurs ouvrage= Eric M. Meyers (dir.)|titre ouvrage=Oxford Encyclopaedia of Archaeology in the Ancient Near East|volume= 4|lieu= Oxford et New York|éditeur=Oxford University Press|année= 1997|passage=171-175|id=OEANE}}
* {{Chapitre| langue= de| prénom1= Gernot| nom1=Wilhelm| titre= Nuzi A. Philologisch.| titre ouvrage=Reallexicon der Assyriologie und Vorderasiatischen Archäologie |volume = IX (7/8)| lieu= Berlin| éditeur=De Gruyter| année= 2001| passage= 636-639| id = RLA1}}
* {{Chapitre| langue= en| prénom1= Diana L.| nom1=Stein| titre= Nuzi B. Archäologisch| titre ouvrage=Reallexicon der Assyriologie und Vorderasiatischen Archäologie |volume = IX (7/8)| lieu= Berlin| éditeur=De Gruyter| année= 2001| passage= 639-647| id = RLA2}}
* {{Chapitre|langue=fr|auteur=Xavier Faivre et Brigitte Lion|titre= Nuzi |auteurs ouvrage= Francis Joannès (dir.)|titre ouvrage= Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne|lieu= Paris|éditeur=Robert Laffont|année= 2001|passage=595-596 |id=DCM}}
* {{Chapitre|langue=en|auteur= Carlo Zaccagnini|titre= Nuzi |auteurs ouvrage= Raymond Westbrook (dir.)|titre ouvrage=A History of Ancient Near Eastern Law|volume= 1|lieu= Leyde|éditeur=Brill|année= 2003|passage=565-617|id=LAW}}
* {{Ouvrage| langue=en| auteur=David I. Owen et Gernot Wilhelm (dir)|titre= Nuzi at Seventy-five|lieu=Bethesda|éditeur =CDL Press |collection=Studies on the civilization and culture of Nuzi and the Hurrians|numéro dans la collection=10|année=1999|id=70}}
* {{Ouvrage| langue=en| auteur=Maynard P. Maidman|titre= Nuzi Texts and Their Uses as Historical Evidence|lieu= Atlanta|éditeur =Society of Biblical Literature|collection=Writings from the Ancient World|numéro dans la collection=18 |année=2010| id=MAI}}
 
{{Palette|Mésopotamie}}
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[[Catégorie:Ville de la Mésopotamie antique]]
[[Catégorie:Site archéologique en Irak]]
[[Catégorie:MitanniMittani]]
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