« Khanqah » : différence entre les versions
Contenu supprimé Contenu ajouté
→Bibliographie : Infos sur la Tekke de Soliman II / + référence / + note bibliographique |
|||
(26 versions intermédiaires par 12 utilisateurs non affichées) | |||
Ligne 1 :
{{ébauche|architecture|islam}}
Une '''
Ce terme est exclusivement usité au [[Moyen-Orient]]. L'équivalent du khanqah au [[Maghreb]] est appelé [[Zaouïa (édifice religieux)|zaouïa]].
En Turquie, on parle de « tekke » ou « tekké » ou encore « tekkyie », et on rencontre fréquemment. Ce type de bâtiment est en fait en général part d'un complexe architectural qui comprend aussi une mosquée et un tombeau d'un saint. Le tekke peut alors servir de lieu de culte pour les [[Ordre mevlevi|derviches tourneurs]], et comprendre des cellules dans lesquelles les [[Ordre mevlevi|derviches]] peuvent loger. Les tekke peuvent être considérés comme le pendant soufi de la [[Médersa|madrassa]], lieu d'enseignement d'un islam plus « orthodoxe »<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Andrew Peterson|titre=Tekke|passage=279.|lieu=London & New York|éditeur=Routledge|date=1996|pages totales=342|isbn=|lire en ligne=}}</ref>. La ''Tekke de [[Soliman II]]'', à Damas, construite par l'architecte [[Sinan]] en 1560, est un parfait exemple de ce programme de bâtiment dans l'[[Empire ottoman]], et une des plus belles réalisations architecturale de la Syrie<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=John Warren, Damascus, Tekke of Süleyman II in G. Michell (Ed)|titre=Architecture of the Islamic World|passage=233.|lieu=London|éditeur=Thames and Hudson|date=1991 [1971]|pages totales=288|isbn=978-0-500-27847-5|lire en ligne=}}</ref>. ▼
==
[[Fichier:Anau Mishin.jpg|vignette|Peinture de la façade principale du complexe Jamâl ad-Dîn (1452-6, [[Änew|Anau]], Turkménistan), qui comprend une mosquée, une madrasa, une khânqâh et une hôtellerie pour les pèlerins. (Tableau de Konstantin Michine, 1902. Musée des beaux-arts d'[[Achgabat]].)]]
<references />▼
On sait qu'au [[Khorassan]], il existe depuis au moins le {{S-|xi}} des « lieux de sociabilité mystique » qui regroupent des disciples autour d'un maître. Le groupe vit dans un ensemble de bâtiments appelés ''khânqâh''{{Sfn|Gaborieau|5=1996}}. Ces ensembles apparaissent à la suite de la solidification progressive du soufisme dans des formes d'expression institutionnelles destinées à assurer la transmission d'une méthode pour accéder à la mystique{{Sfn|Dickie|5=1991|p=40b}}.
== Bibliographie ==▼
On retrouve de tels ensembles ailleurs dans le monde musulman, mais leur dénomination varie selon les régions{{Sfn|Gaborieau|5=1996}}{{,}}{{Sfn|Dickie|5=1991|p=40b}}{{,}}<ref group="Note">Comme le relève J. Dickie, la nomenclature des termes désignant les bâtiments est souvent confuse dans l'islam: les catégories n'ont souvent pas limites clairement définies, si bien que les termes tendent à se chevaucher (1991, p. 38a), et ce flottement dans le vocabulaire se révèle problématique (p. 40b).</ref>. Ainsi, dans les pays arabes, on parle de ''[[Ribat|ribât]]'', des bâtiments qui servaient de postes de défense fortifiés, avant qu'ils ne deviennent des lieux de rassemblement pour les soufis. Par la suite, le mot ''ribât'' tendit à être remplacé par ''[[Zaouïa (édifice religieux)|zawiyya]]'', c'est-à-dire le « coin » où l'on peut se retirer pour la pratique spirituelle{{Sfn|Gaborieau|5=1996}}. En Syrie et dans l’[[Sultanat mamelouk d'Égypte|Égypte des Mamelouk]], on distingue entre ''khânqâh'' qui est une fondation gouvernementale, et ''zawiyya'' qui renvoie à des fondations privées. En revanche, dans les zones persanes et turques, on emploie le plus souvent ''khânqâh'' pour l'un et l'autre type d'institution. En Inde, on retrouve le terme aux côtés de ''takya'' qui désigne toutefois un bâtiment de moindre taille. Ce dernier mot se retrouve d'ailleurs dans l'[[Empire ottoman]] sous la forme ''[[tekke]]''{{Sfn|Gaborieau|5=1996}}.
* {{En}}James Dickie (Yaqub Zaki), « Alllah and Eternity: Mosques, Madrasas and Tombs » in George Mitchell (Ed) ''Architecture of the Islamic World. Its History and Social Meaning,'' London, Thames and Huson, 1991 [1971].▼
Enfin, on peut mentionner les ''[[Mazar (mausolée)|mazār]]'', qui désignent souvent les tombeaux des fondateurs ou des lieux (''maqâm'') qui sont associés à son existence. Ces tombeaux sont souvent inclus dans les ensembles architecturaux mentionnés ci-dessus. Ces mazâr sont souvent d'importants lieux de rassemblement soufs. En Inde et dans l'Empire ottoman, ces tombes sont à l'origine de grands ensembles appelés ''[[Dargah|dargâh]]'' (« palais »){{Sfn|Gaborieau|5=1996}}.
== Articles liés ==▼
== Description ==
Une khanqah est le lieu de vie de mystiques musulmans (mais elle peut aussi être un lieu de retraite temporaire pour des personnages « civils »). Dickie parle ainsi de ''mosquée congrégationnelle'' (« monastic mosque »){{Sfn|Dickie|5=1991|p=40a}}. Si on en rencontre dans les campagnes, elles abondent dans les villes musulmanes. Cette prolifération tient à la tendance des ordres à se scinder ce qui amène la fondation de nouveaux ensembles{{Sfn|Dickie|5=1991|p=41b}}.
[[Fichier:Complex of Al Sultan Al Zahir Barquq 004.jpg|vignette|Le complexe Sultan al-Zahir Barqûq (à gauche), qui comprend une mosquée, une khânqâh et un mausolée.]]
Une khanqah comprend généralement une ou plusieurs mosquées et différentes dépendances : salle de cérémonie, cellules (y compris une cellule pour les punitions), cuisine, réfectoire, bibliothèque, une hôtellerie, une zone réservée au [[Cheikh|shaykh]]. Toutefois, l'organisation de ces bâtiments est beaucoup plus lâche que celle que l'on trouve dans les monastères chrétiens{{Sfn|Dickie|5=1991|p=41b}}. Elle peut également abriter une école ([[Médersa|madrasa]]) et, ainsi qu'on l'a dit, abrite souvent la tombe de son fondateur.
== Le cas du [[Tekiyeh|tekke]]==
En Turquie, on parle de « tekke » ou « tekké » ou encore « tekkyie ». On rencontre fréquemment de tels bâtiments. Des tekke existent aussi dans les anciennes provinces moyen-orientales et balkaniques de l'[[Empire ottoman]]. Le [[Tekke Hassan Baba|tekke d'Hassan Baba]], situé dans la [[vallée de Tempé]] en [[Thessalie (périphérie)|Thessalie]], est un exemple de cet héritage ottoman en [[Grèce]].
▲
La ''Tekke de [[Soliman II]]'', à Damas, construite par l'architecte [[Sinan]] en 1560, est un parfait exemple de ce programme de bâtiments dans l'Empire ottoman, et l'une des plus belles réalisations architecturales de la Syrie<ref>{{Chapitre|langue=en|auteur1=John Warren|titre chapitre=Damascus, Tekke of Süleyman II|auteurs ouvrage=G. Michell (Ed.)|titre ouvrage=Architecture of the Islamic World|lieu=London|éditeur=Thames and Hudson|année=1991|pages totales=288|isbn=978-0-500-27847-5|lire en ligne=|passage=233}}</ref>.
== Exemples de khanqah ==
Parmi les nombreux khanqah, on peut citer :
* Khanqa al-Farafira à [[Alep]].
* Complexe du [[Al-Achraf Qânsûh Al-Ghûrî|Sultan Al-Ghuri]] au [[Le Caire|Caire]].
* Complexe du [[Az-Zâhir Sayf ad-Dîn Barquq|Sultan Az-Zâhir Barquq]] au Caire.
* Khanqah et mausolée du [[An-Nâsir Faraj ben Barquq|Sultan Faraj ben Barquq]] au Caire.
* Mosquée et khanqah de Shaykhu au Caire.
* Mosquée et tekkyie-khanqa Al-Khalidiya à [[Erbil]].
* [[Mosquée al-Khanqah al-Salahiyya]] à [[Jérusalem]].
* Mosquée khandah al-Hammoudi à [[Souleimaniye|Souleymeniye]].
* Mosquée khandah al-Hadj Moula Ali à Souleymeniye.
* [[Mausolée de Qaffol Shoshi]] à [[Tachkent]].
== Notes et références ==
=== Notes ===
▲<references group="Note" />
=== Références ===
{{Traduction/Référence|ar|خانقاه|35144045}}
{{Références}}
▲== Bibliographie ==
{{Légende plume}}
*{{Lien web |langue=en |auteur=Gerhard Böwering, Matthew Melvin-Koushki |titre=ḴĀNAQĀH |url=https://iranicaonline.org/articles/kanaqah |site=iranicaonline.org |périodique=Encyclopædia Iranica |date=2012 |consulté le=1 février 2021 |id=Böwering & Melvin-Koushki 2012 |plume=oui}}
▲*
*{{Chapitre|langue=|auteur1=Marc Gaborieau|titre chapitre=Les modes d'organisation|auteurs ouvrage=Alexandre Popovic et [[Gilles Veinstein]]|titre ouvrage=Les Voies d'Allah. Les ordres mystiques dans le monde musulman des origines à aujourd'hui|lieu=Paris|éditeur=Fayard|année=1996|pages totales=711|isbn=978-2-213-59449-1|lire en ligne=|passage=205-212 (v. surtout p. 207-208)|id=Gaborieau 1996|plume=oui}}
* {{ouvrage|auteur=S. Daniyarov, B Daniyarova et T. Tochtemirova|titre=Ouzbekistan|éditeur= Guides peuples du monde|édition = de l'Adret|pages totales =478 |année=2020 |passage=459|lieu= Paris|ISBN=9 782907629 867}}
▲=== Articles liés ===
* [[Zaouïa (édifice religieux)|Zawiya]]
*[[Dargah]]
*[[Tekiyeh]]
*[[Ribat|Ribât]]
*[[Khanqah Nadir Divan-Begui]] ([[Boukhara]])
=== Liens externes ===
{{Liens}}
* Vues du complexe Jamâl ad-Dîn, à Anau (avant et après le tremblement de terre de 1948 qui a presque complètement détruit l'ensemble) sur alamyimages.fr {{Lire en ligne|lien=https://www.alamyimages.fr/photos-images/anau-mosque.html|consulté le=1 février 2021}}
{{Palette|Vocabulaire du Soufisme}}
{{Portail|islam|architecture et urbanisme}}
[[Catégorie:Architecture
[[Catégorie:Soufisme]]
[[Catégorie:Dhikr]]
|