« Victor Martin » : différence entre les versions

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Lieu et date de décès et études
 
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{{Voir homonymes|Victor Martin (1886-1945)|Martin}}
{{Infobox Biographie
{{Infobox Biographie2
| nom = Victor Alexandre Martin
| image = Maison de Victor Martin a Blaton.jpg
| légende = Maison où vécut Victor Martin à [[Blaton]] ([[province de Hainaut]])
| nom de naissance =
| surnom =
| date de naissance = {{date de naissance|19|janvier|1912}}
| lieu de naissance = [[Blaton]]
| date de décès = {{date de décès||novembre|1989}}
| lieu de décès = [[Haute-Savoie]]
| âge au décès = 78
| nationalité = {{BEL-d}} Belge
| pays de résidence = Belgique
| diplôme = [[Sociologie|Sociologue]]
| profession =
| activité principale =
| activités autres = [[Agent de pénétration|Agent d'infiltration]] durant la [[Seconde Guerre mondiale]]. Il ramena des informations précises quant au programme d'[[extermination des Juifs]] mis en œuvre par les [[nazisme|nazinazis]] ({{date||février|1943}}).
| formation =
| hommage =
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| notes =
}}
[[image: Maison de Victor Martin a Blaton.jpg|vignette| Maison où vécut Victor Martin à [[Blaton]] ([[province de Hainaut]]).]]
'''Victor Martin''', né à [[Blaton]] (section de la commune de [[Bernissart]]<ref> depuis le 1er janvier 1977</ref>.) le {{date de naissance|19|janvier|1912}}, et mort le 30 {{date de décès||novembre|1989}} à l'âge de {{nombre|77|ans}} à Thonon les Bains (Haute-Savoie, France)<ref>https://bel-memorial.org/cities/abroad/france/feternes_haute-savoie/feternes_plaque_comm_Victor_MARTIN.htm Consulté le 25 septembre 2023.</ref>, est un [[sociologue]] et un résistant belge diplômé de l'[[Université catholique de Louvain (1834-1968)|Université catholique de Louvain]]. Il se distingua durant la [[Seconde Guerre mondiale]] en ramenant d'une mission en [[Gouvernement général de Pologne|Pologne occupée]], en 1943, les premières informations fiables sur le destin des Juifs déportés en Allemagne et le fonctionnement du [[camp de concentration d'Auschwitz]].
 
{{Infobox== Biographie ==
'''Victor Martin''', [[sociologue]] belge diplômé de l'[[Université catholique de Louvain (1834-1968)|Université catholique de Louvain]], né à [[Blaton]] (commune de [[Bernissart]]) le {{date de naissance|19|janvier|1912}}, mort en {{date de décès||novembre|1989}} à l'âge de 78 ans. Il se distingua durant la [[Seconde Guerre mondiale]] en ramenant d'une mission en [[Gouvernement général de Pologne (Seconde Guerre mondiale)|Pologne occupée]] les premières informations fiables sur le destin des Juifs déportés en Allemagne et le fonctionnement du [[camp de concentration d'Auschwitz]]. La valeur historique de son témoignage tend cependant à être relativisée<ref>Jean-Marie Boisdefeu et Enrique Aynat, Victor Martin et le « rapport Martin », étude de sa valeur en tant que source historique, article, 1942-1943, 1997, 18 p.</ref>.
=== Son action pendant la Seconde Guerre mondiale ===
Titulaire d'un doctorat en sciences économiques et sociales portant sur le placement public des travailleurs en Belgique, Victor Martin avait voyagé avant guerre en [[Suisse]], en [[France]], en Roumanie et en [[Allemagne]], et à ce titre disposait d'un réseau de bons contacts dans des universités allemandes. Entré dans la Résistance et conscient que sa très bonne maîtrise de la langue allemande était un atout, il s'était proposé pour une mission secrète en territoire ennemi.
 
Sa proposition fut retenue, mais sa mission fut autre qu'il ne l'avait imaginée : à la demande du responsable du [[Comité de défense des Juifs]], [[Hertz Jospa]], il fut chargé de se rendre en [[Haute-Silésie (province)|Haute-Silésie]] pour enquêter sur le sort des [[Convois de la déportation des Juifs de Belgique|Juifs déportés de Belgique]] par train. Il prépara un soi-disantprétendu projet de « psychologie différentielle des classes sociales », qui lui servit de prétexte pour demander des rendez-vous avec le sociologue [[Leopold von Wiese]], à [[Cologne]], et avec un autre confrère à l'[[Université de Wrocław|université de Breslau]] (aujourd'hui [[Wrocław|Wroclaw]], en territoire polonais). Ce projet fut avalisé par l'occupant et il obtint ensuite de la police de Cologne de se déplacer entre le 4 et le {{date|20|février|1943}} entre [[Francfort-sur-le-Main|Francfort]], [[Berlin]] et [[Wrocław|Breslau]].
== Son action ==
Titulaire d'un doctorat, Victor Martin avait voyagé avant guerre en [[Suisse]], en [[France]] et en [[Allemagne]], et à ce titre disposait d'un réseau de bons contacts dans des universités allemandes. Entré dans la Résistance et conscient que sa très bonne maîtrise de la langue allemande était un atout, il s'était proposé pour une mission secrète en territoire ennemi.
 
Sa proposition fut retenue, mais sa mission fut autre qu'il ne l'avait imaginée : à la demande du responsable du [[Comité de défense des Juifs]], [[Hertz Jospa]], il fut chargé de se rendre en [[Haute-Silésie]] pour enquêter sur le sort des [[Convois de la déportation des Juifs de Belgique|Juifs déportés de Belgique]] par train. Il prépara un soi-disant projet de « psychologie différentielle des classes sociales », qui lui servit de prétexte pour demander des rendez-vous avec le sociologue [[Leopold von Wiese]], à [[Cologne]], et avec un autre confrère à l'[[Université de Wrocław|université de Breslau]] (aujourd'hui [[Wrocław|Wroclaw]], en territoire polonais). Ce projet fut avalisé par l'occupant et il obtint ensuite de la police de Cologne de se déplacer entre le 4 et le {{date|20|février|1943}} entre [[Francfort-sur-le-Main|Francfort]], [[Berlin]] et [[Wrocław|Breslau]].
 
De Breslau, il se rendit sans autorisation par le train à [[Sosnowiec|Sosnowitz]], où il découvrit l'épouvantable condition des Juifs vivant dans le [[ghetto]]. Il y rencontra des Juifs ayant travaillé dans les commandos extérieurs du camp d'Auschwitz, qui lui affirmèrent que les hommes étaient mis au travail dans le camp dans des conditions très dures et que les femmes et les enfants étaient tués et brûlés. Pour vérifier ces informations, Victor Martin se rendit ensuite à [[Katowice|Kattowitz]]<ref>Kattowitz ([[Katowice]] en [[polonais]]), se trouve à seulement {{Unité|5|km}} au sud-ouest de Sosnowitz ([[Sosnowiec]] en polonais).</ref>, où il rencontra par hasard des ouvriers français de la [[Relève (régime de Vichy)|relève]] {{Incise|qui précéda le [[service du travail obligatoire (France)|Service du travail obligatoire]] (STO)}}, employés à la construction de l'usine Buna-Monowitz de la société [[IG-Farben]]. Ces derniers lui confirmèrent que les femmes et les enfants étaient tués à leur arrivée, mais ils ignoraient comment.
 
Victor Martin décida alors de rentrer en Belgique. Mais à Breslau, il fut arrêté dans son hôtel par la [[Gestapo]]. Ramené à Katowice il fut d'abord brutalement interrogé par la Gestapo, puis livré à un officier de l'[[Abwehr]], qui conclut à un simple cas d'espionnage industriel et l'envoya, le {{Date|1|avril|1943}}, travailler comme interprète dans un camp pour travailleurs français « récalcitrants » à Radwitz. Le {{date-|15 mai}}, il s'échappa et réussit, avec l'argent de sa première paie, à traverser l'Allemagne en train puis franchit clandestinement la frontière belge par la forêt près de [[Malmédy]].
 
Une fois à Bruxelles, Victor Martin fit un rapport <ref>Déposé actuellement au [[Mémorial de Yad Vashem]].</ref> à ses amis résistants du [[Front de l'Indépendance]] qui transmirent le résultat de ses investigations à [[Londres]]. Ces mêmes nouvelles, diffusées en Belgique incitèrent des Juifs à faire passer leurs enfants dans la clandestinité et à prendre la fuite<ref>[[Andrée Geulen|Andrée Geulen-Hersovici]], dans : ''1940-1945 – Un combat pour la liberté'', cite le rapport de Victor Martin comme moteur de son action de protection des enfants juifs.</ref>.
 
Victor Martin lui-même, passa dans la clandestinité résistante du côté de [[Charleroi]], fut pris par la Gestapo, transféré au camp de [[Vught]] en Hollande. Il s'échappa à nouveau et ses compagnons de résistance le mirent à l'abri.
 
=== Après guerre ===
Après la guerre Martin travailla à l'étranger pour le [[Organisation internationale du travail|BIT]]. Marié et père de famille, il prit sa retraite en [[Haute-Savoie]] à la fin des années 1970. Il mourut dans l'anonymat complet en [[1989]].
Après la guerre, Victor Martin travailla avec grand succès en Belgique dans l'Administration du travail et du chômage puis à l'étranger pour le [[Organisation internationale du travail|BIT]]. A la même époque le belge [[Paul Van Aerschodt]], collaborateur de l'occupant Allemand en 40-45 pour envoyer des jeunes au Travail Obligatoire, s'est fait engager sous le nom de ''Juan Pablo Simons'' par le même BIT, ignorant tout de son passé et de sa condamnation de 1946 par les tribunaux belges.
Après la guerreVictor Martin travailla à l'étranger pour le [[Organisation internationale du travail|BIT]]., Marié et père de famille, il prit sa retraite à [[Féternes]], en [[Haute-Savoie]], à la fin des années 1970. Il mourut dans l'anonymat complet en [[1989]].
 
== Documents ==
* Son action méconnue a été ramenée à la lumière par le livre de Bernard Krouck, ''Victor Martin, un résistant sorti de l'oubli'', [[Bruxelles]], Éditions Les Éperonniers, 1995<ref>Bernard Krouck, ''Victor Martin, un résistant sorti de l'oubli'', Les Éperonniers, 1995 {{ISBN|978-2-8713-2253-5}}.</ref>.
* [[Raul Hilberg]], grand historien américain, avait évoqué Victor Martin dans deux notes, dans son ouvrage ''[[La Destruction des Juifs d'Europe|La destruction des Juifs d'Europe]]'', Paris, Fayard, 1988.
* Un film documentaire de Didier Roten, ''La mission de Victor Martin'' (2000), {{unité|35|mm}}, {{nombre|52 |minutes}} relate ces faits. Le film reconstitue dans l'Europe d'aujourd'hui l'extraordinaire périple de Victor Martin. Les dessins de [[Bernard Hislaire|Bernard Yslaire]] évoquent pas à pas cette folle mission<ref>{{lien web
|url=http://www2.cfwb.be/AV/KIOSK/HTM/FILMS/Fmission.htm
|titre=La mission de Victor Martin, un film de Didier Roten
|Consulté le={{date|24|juin|2008}}
}}.</ref>. Production : La Huit Productions, Les films de la mémoire, TV10 Angers, RTBF Charleroi avec l'aide du CCAV de la CFB et des télédistributeurs wallons ; et le soutien du CNC (France), de la province de Hainaut, et du programme MEDIA de l'UE<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=La mission de Victor Martin – Les Films de la Mémoire |url=http://www.lesfilmsdelamemoire.be/la-mission-de-victor-martin/ |consulté le=2022-03-18}}.</ref>.
* ''La Mission de Victor Martin.''<ref>texte détaillé, par Bernard Krouck, 10 mai 2023. Consulté le 25 sep; 2023. url : https://www.cercleshoah.org/spip.php?article1131 </ref>
 
== Reconnaissances ==
 
* À [[Antheit]] (Wanze) en province de Liège, une rue porte son nom. Une plaque à sa mémoire a été apposée sur sa maison natale à [[Blaton]], dans le Hainaut, en [[1999]] ; la place de la gare a été rebaptisée ''place Victor Martin'' et son nom a été ajouté au monument aux morts de Blaton.
* À [[Antheit]] (Wanze) en province de Liège, une rue porte son nom.
* À [[Blaton]] (province de Hainaut), une plaque à sa mémoire a été apposée sur sa maison natale, en [[1999]] ; la place de la gare a été rebaptisée ''place Victor Martin'' et son nom a été ajouté au monument aux morts de Blaton<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Blaton honore Victor Martin, l'homme qui épia Auschwitz «Un résistant sorti de l'oubli» |url=https://www.lesoir.be/art/blaton-honore-victor-martin-l-homme-qui-epia-auschwitz-_t-19990508-Z0GQZW.html |site=Le Soir |consulté le=2022-03-18}}.</ref>.
* Une plaque commémorative est placée sur sa dernière résidence à Féternes<ref>https://bel-memorial.org/cities/abroad/france/feternes_haute-savoie/feternes_plaque_comm_Victor_MARTIN.htm Consulté le 25 sept. 2023 localisation : +46°20'48.9", +6°33'25.6" </ref>.
 
* Son rapport est aujourd'hui conservé à l'[[Mémorial de Yad Vashem|Institut Yad Vashem]].
 
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* [[Jan Karski]]
* [[Andrée Geulen]]
*[[Jean Doisy]]
* [[Lanceur d'alerte]]
* [[Auschwitz]]
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* {{autorité}}
 
{{Portail|Hainaut|Seconde Guerre mondiale|Shoah}}
 
{{DEFAULTSORTCLEFDETRI:Martin, Victor}}
[[Catégorie:Résistant belge]]
[[Catégorie:Sociologue belge]]
Ligne 82 ⟶ 92 :
[[Catégorie:Auschwitz]]
[[Catégorie:Shoah en Belgique]]
[[Catégorie:Décès à 77 ans]]