« Sampi » : différence entre les versions
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{{Unicode}}
{{Infobox Graphème
| nom = Sampi
| image =
| taille image = 125
| légende = Interprétation contemporaine de la lettre grecque archaïque sampi en capitale et bas-de-casse, avec la police [[Times New Roman]].
| capitale = {{grec ancien|Ͳ, Ϡ}}
| bas-de-casse = {{grec ancien|ͳ, ϡ}}
| alphabet = [[Alphabet grec|Grec]]
| ordre = [[Oméga]]-[[Cho (lettre grecque)|Cho]]
| phonèmes = {{grc}} {{SAPI|sː}}
}}
'''Sampi''' (
''Remarque : les deux fonctions et formes du ''sampi'' sont distinguées par [[Unicode]]. La forme archaïque épigraphique peut être absente de certaines polices de caractères.
{{Clr|left}}
== Le problème du ''sampi'' ==
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Le nom même de la lettre est sujet à caution.
Il existe une possibilité assez improbable pour
L’hypothèse déjà ancienne semble plus recevable : le nom est descriptif et s’appuie sur une similitude purement formelle entre le ''sampi'' et la lettre π ''[[pi]]'' : en effet, le nom σαvπῖ peut être compris comme la fusion de σὰν πῖ, c’est-à-dire en grec médiéval (et [[grec moderne|moderne]]), « comme ''pi'' » (du grec ancien ὡσὰν πῖ). Le passage de ν à µ devant un π est régulier en grec. Le nom serait donc descriptif ; il est vrai que le tracé du ''sampi'' le rend proche d’un ''pi'' incliné (la similitude entre ''sampi'' et ''pi'' est plus ou moins visible selon les fontes). Le nom, cependant, est vraisemblablement bien postérieur à la lettre : l’interprétation s’est donc faite ''a posteriori'' et il est certain que le ''sampi'' n’est pas dérivé du ''pi''.
=== Indices épigraphiques ===
Michel Lejeune<ref>
Elle servait à noter la [[consonne
Voici quelques exemples de mots relevés :
* {{grec ancien|ΤΕͲΑΡΑϘΟΝΤΑ|tetsaraqonta}} (à Éphèse ; en ionien-attique : {{grec ancien|τετταράκοντα|tettarákonta}}, ailleurs : {{grec ancien|τεσσαράκοντα|tessarákonta}}, « quarante ») ;
* {{grec ancien|ΘΑΛΑͲΗΣ|thalatsês}} (à Téos ; en ionien-attique : {{grec ancien|θαλάττης|thaláttês}}, ailleurs : {{grec ancien|θαλάσσης|thalássês}}, « mer » au [[génitif]] »).
* {{grec ancien|ϜΑΝΑͲΑ|wanatsa}} (le nom d’Artémis pour le pamphylien, noté normalement avec un ''[[digamma]]'' initial marquant le son /w/, mais tracé différemment, peut-être pour indiquer une prononciation différente du type [[Consonne spirante labio-palatale voisée|/ɥ/]] ou [[Voyelle fermée postérieure non arrondie|/ɯ/]], et qui correspond en ionien-attique à {{grec ancien|ἄνασσα|ánassa}} (« reine »)).
:: Bien qu'ils soient écrits ici de gauche à droite, les anciens textes grecs étaient encore écrits plus souvent de droite à gauche ou en [[boustrophédon]], toujours sans minuscules (créées plus tard) et avec les lettres orientées dans l'autre sens quand elles ne sont pas symétriques pour marquer la direction de lecture en boustrophédon ; le grec classique prendra sa direction d'écriture actuelle de gauche à droite avec les formes orientées comme ci-dessus seulement vers le {{-s-|IV}}, en même temps que l'étrusque et l'italique, sous la montée en puissance du latin qui emprunte une grande partie de son alphabet à l'italique en le complétant de lettres grecques classiques (qui avaient été abandonnées pour écrire les anciennes langues helléniques, celtiques ou germaniques du reste de l'Italie).
Toujours d’après M. Lejeune, le ''sampi'' ionien serait un emprunt à l’alphabet [[carien]]. Il serait plus juste de parler d’un emprunt à une écriture dérivée du grec servant à une [[langue anatolienne]] sans préciser laquelle puisque Téos et Éphèse sont en [[Lydie]], Halicarnasse en [[Carie (Antiquité)|Carie]] et la zone pamphylienne très proche de la [[Lycie]]. Du reste, il existe dans l’alphabet [[lycien]] un signe très proche du ''sampi'' pamphylien ([[Fichier:Greek Sampi Pamphylian.svg|12px]]) servant à écrire une consonne transcrite ''τ'' (dont la valeur phonétique n’est pas claire). L’origine anatolienne est plausible mais il n’est pas évident d’affirmer la provenance exacte des ''sampi''s grecs : il existe plusieurs caractères de tracé proche et, surtout, leur valeur phonétique n’est pas sûre.
D’autres savants, comme Pierre Swiggers<ref>''Transmission of the Phoenician Script to the West'' dans ''World's Writing System'', op. cit. en bibliographie.</ref>, considèrent que le ''sampi'' grec provient, de même que le ''[[San (lettre grecque)|san]]'' (Ϻ), du ''ṣādē'' [[alphabet phénicien|phénicien]], tracé [[Fichier:phenicien ss.png|12px]]. Il faudrait dans ce cas accepter que les alphabet anatoliens ont alors emprunté au grec cette forme rare du ''ṣādē'' pour former les caractères qui, chez eux, ressemblent aux différents tracés du ''sampi''. ''Sampi'' et ''san'' seraient alors deux tracés différents pour un même étymon.
Il est donc bien possible qu’on l’ait plus tard nommé ainsi parce qu’il ressemblait à un ''pi'' (sous sa forme proche du double ''Tau'' pour noter le ''t'' palatal, alors qu'il a évolué en grec vers tau-sigma puis le ''s'' palatal noté par le double ''Sigma'', longtemps avant que le grec classique adopte des formes minuscules pour la plupart des lettres de son alphabet et ne s'enrichisse de diacritiques), alors qu'un autre nom relatif à son étymon devrait être ''san-tau''. Les Ioniens de Milet l’auraient alors ajouté à la fin de leur alphabet numéral pour le rendre complet, sans pour autant s’en être eux-mêmes servis dans leurs inscriptions.
=== Évolution du tracé ===
Une telle lettre, dont l’utilisation était relativement rare et l’origine obscure, n’a pu qu’être déformée au fil des siècles.
Pour faire parvenir à partir des formes archaïques [[Fichier:Greek Sampi Ionian.svg|x15px]] ou [[Fichier:Greek Sampi Pamphylian.svg|x15px]] l’[[œil (typographie)|œil]] actuel <span style="font-size:15px;line-height:normal">Ϡ</span> de la même lettre, il faut faire appel au grec [[oncial]] dans lequel le nombre 900 est représenté par le signe [[Fichier:grec oncial sampi.png|x15px]] : le passage de [[Fichier:Greek Sampi Ionian.svg|x15px]] à [[Fichier:grec oncial sampi.png|x15px]] est clair, il s’agit d’une simplification de la forme.
C’est d’ailleurs ce dernier tracé qui s’est transmis à l’[[alphabet gotique]] (dont [[numération gotique|la numération]] est empruntée à la grecque), où l’on a [[Fichier:gotique 900.png|x15px]].
En continuant à subir des modifications au cours du Moyen Âge, le ''sampi'' en est arrivé au tracé courant, <span style="font-size:15px;line-height:normal">Ϡ</span>, encore utilisé de nos jours.
== Codage informatique ==
[[Unicode]]
Voici les emplacements retenus par Unicode :
* ''sampi'' en capitale '''Ϡ''' (U+03E0), depuis
** UTF-8 : <tt>0xCF 0xA0</tt> ;
** UTF-8, représentation octale : <tt>\317\240</tt>
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=== Bibliographie ===
* {{en}} Peter T. Daniels et William Bright (dir.), ''The World's Writing Systems'', Oxford University Press, Oxford, 1996, 1 vol. (XLV, 922 p.), ill., {{unité|24|cm}} {{ISBN|0-19-507993-0}}. Voir principalement les chapitres « Transmission of the Phoenician script to the West » de Pierre Swiggers et « The Anatolian Alphabets » de Pierre Swiggers et Wolfgang Jenniges.
* [[Michel Lejeune (linguiste)|Michel Lejeune]], ''Phonétique historique du mycénien et du grec ancien'', Klincksieck, Paris, impr. 2004, 1 vol. (XI-398 p.), {{unité|20|cm}} {{ISBN|2-252-03496-3}}
=== Articles connexes ===
* [[
* [[digamma]], [[stigma]], [[koppa]] ; [[Épisème (mathématiques)|
* [[histoire de l'alphabet grec]] ;
* [[numération grecque]] ;
* [[alphabet grec]].
=== Liens externes ===
* {{lien web
| langue = en
| prénom = Nick | nom = Nicholas
| titre = Sampi
| site = Nick Nicholas’ Home Page
| url = http://www.opoudjis.net/unicode/other_nonattic.html#sampi
}}
{{Palette Alphabet grec}}
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[[Catégorie:Lettre grecque]]
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