« Sampi » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Zmiley (discuter | contributions)
m Lien : Boustrophédon
Cham (discuter | contributions)
 
(22 versions intermédiaires par 19 utilisateurs non affichées)
Ligne 4 :
| image = Greek Sampi 2 shapes.svg
| taille image = 125
| légende = Interprétation contemporaine de la lettre grecque archaïque sampi en capitale et bas-de-casse, avec la police [[Times New Roman]].
| légende =
| capitale = {{grec ancien|ϠͲ, ͲϠ}}
| bas-de-casse = {{grec ancien|ϡͳ, ͳϡ}}
| alphabet = [[Alphabet grec|Grec]]
| ordre = Lettre[[Oméga]]-[[Cho archaïque(lettre grecque)|Cho]]
| phonèmes = {{grc}} {{SAPI|sː}}
}}
'''Sampi''' (forme épigraphique [[Fichier:Greek Sampi Ionian.svg|Ͳ|x16px]], comme numéral moderne '''Ϡ''', en [[grec ancien|grec]] {{grec ancien|σαμπῖ}}) est une [[lettres supplémentaires de l'alphabet grec|lettre archaïque]] de l’[[alphabet grec]] servant à noter un type de /ss/. La lettre utilisée avec cette fonction (« ''sampi'' littéral ») a cependant disparu de l’alphabet classique mais a été conservée, sous une forme différente, dans la [[numération grecque|numération]] pour noter le nombre 900 (« ''sampi'' numéral »). Son origine n’est pas claire.
 
'''Sampi''' (formecapitale épigraphique: '''Ͳ''', minuscule [[Fichier:Greek Sampi'''ͳ''') Ionian.svg|Ͳ|x16px]]forme épigraphique, comme numéral moderne '''Ϡ''' ('''ϡ''' en minuscule), en [[grec ancien|grec]] {{grec ancien|σαμπῖ|sampî}}) est une [[lettres supplémentaires de l'alphabet grec|lettre archaïque]] de l’[[alphabet grec]] servant à noter un type de /ss/. La lettre utilisée avec cette fonction (« ''sampi'' littéral ») a cependant disparu de l’alphabet classique mais a été conservée, sous une forme différente, dans la [[numération grecque|numération]] pour noter le nombre 900 (« ''sampi'' numéral »). Son origine n’est pas claire.
''Remarque : les deux fonctions et formes du ''sampi'' sont distinguées par [[Unicode]]. La forme archaïque épigraphique peut être absente de certaines polices de caractères, Vous pouvez le vérifier :
 
* {{grec ancien|Ͳ}} {{grec ancien|ͳ}} ''doivent avoir la forme [[Fichier:Sampi uc lc T-shaped.svg|20px|sampi en forme de T]] ;''
''Remarque : les deux fonctions et formes du ''sampi'' sont distinguées par [[Unicode]]. La forme archaïque épigraphique peut être absente de certaines polices de caractères, Vous pouvez le vérifier : .
* {{grec ancien|Ϡ}} {{grec ancien|ϡ}} ''la forme [[Fichier:Sampi uc lc.svg|20px|sampi en forme d’« Euro »]].''
 
<br clear="left" />
{{Clr|left}}
 
== Le problème du ''sampi'' ==
Ligne 27 :
Le nom même de la lettre est sujet à caution.
 
Il existe une possibilité assez improbable pour expliqueexpliquer le nom ''sampi'' : il serait composé de σάν et de πῖ, le premier terme étant la dénomination de la lettre archaïque ''[[San (lettre grecque)|san]]'', ϻ, le second de la lettre ''[[pi]]'', π. Or, ce n’est pas concluant pour la forme : on ne reconnaît pas le tracé d’un ''san'' et cette lettre est absente des alphabets épichoriques d’Ionie (rappelons que la numération alphabétique grecque provient de la cité ionienne de Milet). De plus, ''san'' n’intervient pas dans la numération ionienne, puisque cette lettre y est inconnue : ''sampi'' ne peut donc en provenir. Un lien avec ''san'' d’une autre nature est cependant possible si l’on considère que le ''sampi'' épigraphique provient, comme le ''san'', du ''ṣādē'' [[alphabet phénicien|phénicien]] (voir plus bas).
 
L’hypothèse déjà ancienne semble plus recevable : le nom est descriptif et s’appuie sur une similitude purement formelle entre le ''sampi'' et la lettre π ''[[pi]]'' : en effet, le nom σαvπῖ peut être compris comme la fusion de σὰν πῖ, c’est-à-dire en grec médiéval (et [[grec moderne|moderne]]), « comme ''pi'' » (du grec ancien ὡσὰν πῖ). Le passage de ν à µ devant un π est régulier en grec. Le nom serait donc descriptif ; il est vrai que le tracé du ''sampi'' le rend proche d’un ''pi'' incliné (la similitude entre ''sampi'' et ''pi'' est plus ou moins visible selon les fontes). Le nom, cependant, est vraisemblablement bien postérieur à la lettre : l’interprétation s’est donc faite ''a posteriori'' et il est certain que le ''sampi'' n’est pas dérivé du ''pi''.
 
=== Indices épigraphiques ===
Michel Lejeune<ref>Cf. [[#Bibliographie|Lejeune (2004)]], surtout §79 et 90.</ref> note l’existence, dans certains alphabets d’[[Ionie]] asiatique (à Téos, Éphèse, Cyzique, Halicarnasse, par exemple, mais pas à Milet) et en [[Pamphylie]] (Pergè, Sillyon) d’une lettre locale qui ne s’est pas conservée longtemps (elle est attestée entre la moitié du {{s-|VI|e}} et la moitié du {{s-|V|e}} avant l’ère chrétienne en Ionie, entre le {{s mini-|IV|e}} et le {{s mini-|II|e}} en Pamphylie). La lettre en question, que M.&nbsp;Lejeune identifie au ''sampi'', se traçait de différentes manières, dont [[Fichier:sampiGreek ionienSampi Ionian.pngsvg|12px|]] et [[Fichier:sampiGreek pamphylienSampi Pamphylian.pngsvg|12px|]] en Pamphylie.
 
Elle servait à noter la [[consonne sifflantesibilante|sifflante]] forte intervocalique issue de diverses [[modifications phonétiques]] (dont la [[palatalisation]] d'anciens ''*k'' et ''*t'' du [[proto-grec préhistorique]]) et notée dans la plupart des [[dialectes du grec ancien|anciens dialectes]] par ΣΣ, ΤΤ en ionien-attique (du reste, à partir du {{s-|V|e}}, on remarque dans les alphabets d’Ionie le remplacement progressif de [[Fichier:sampiGreek ionienSampi Ionian.pngsvg|12px|]] par ΣΣ, ce qu’on peut interpréter comme l’indice d’une prononciation [tst͡s] passéspassée à [ss]). En ionien d'Asie et en pamphylien, il est possible qu’elle ait été prononcée [tst͡s].
 
Voici quelques exemples de mots relevés :
* ΤΕ[[Fichier:sampi{{grec ionien.pngancien|12pxΤΕͲΑΡΑϘΟΝΤΑ|]]ΑΡΑϘΟΝΤΑ ''tetsaraqonta''}} (à Éphèse ; en ionien-attique : {{grec ancien|τετταράκοντα|tettarákonta}}, ailleurs : {{grec ancien|τεσσαράκοντα|tessarákonta}}, « quarante ») ;
* ΘΑΛΑ[[Fichier:sampi{{grec ionien.pngancien|12pxΘΑΛΑͲΗΣ|]]ΗΣ ''thalatsès''thalatsês}} (à Téos ; en ionien-attique : {{grec ancien|θαλάττης|thaláttês}}, ailleurs : {{grec ancien|θαλάσσης|thalássês}}, « mer » au [[génitif]] »).
* ϜΑΝΑ[[Fichier:sampi{{grec pamphylien.pngancien|12pxϜΑΝΑͲΑ|]]Α ''wanatsa''}} (le nom d’Artémis pour le pamphylien, noté normalement avec un ''[[digamma]]'' initial marquant le son /w/, mais tracé différemment, peut-être pour indiquer une prononciation différente du type /[[Consonne spirante labio-palatale voisée|/ɥ/]]/ ou /[[Voyelle fermée postérieure non arrondie|/ɯ/]]/{{refnec}} avant de {{pas clair|l’amuïr en simple accent|Ceci ne correspond à rien en linguistique: 'amuïr' signifie devenir zéro, et un segment ne devient pas accent.}}, et qui correspond en ionien-attique à {{grec ancien|ἄνασσα,|ánassa}} (« Reinereine »)).
:: Bien qu'ilils soient écrits ici de gauche à droite, les anciens textes grecs étaient encore écrits plus souvent de droite à gauche ou en [[boustrophédon]], toujours sans minuscules (créées plus tard) et avec les lettres orientées dans l'autre sens quand elles ne sont pas symétriques pour marquer la direction de lecture en boustrophédon ; le grec classique prendra sa direction d'écriture actuelle de gauche à droite avec les formes orientées comme ci-dessus seulement vers le {{-s-|IV}}, en même temps que l'étrusque et l'italique, sous la montée en puissance du latin qui emprunte une grande partie de son alphabet à l'italique en le complétant de lettres grecques classiques (qui avaient été abandonnées pour écrire les anciennes langues helléniques, celtiques ou germaniques du reste de l'Italie).
 
Toujours d’après M.&nbsp;Lejeune, le ''sampi'' ionien serait un emprunt à l’alphabet [[carien]]. Il serait plus juste de parler d’un emprunt à une écriture dérivée du grec servant à une [[langue anatolienne]] sans préciser laquelle puisque Téos et Éphèse sont en [[Lydie]], Halicarnasse en [[Carie (Antiquité)|Carie]] et la zone pamphylienne très proche de la [[Lycie]]. Du reste, il existe dans l’alphabet [[lycien]] un signe très proche du ''sampi'' pamphylien ([[Fichier:sampiGreek pamphylienSampi Pamphylian.pngsvg|12px|]]) servant à écrire une consonne transcrite ''τ'' (dont la valeur phonétique n’est pas claire). L’origine anatolienne est plausible mais il n’est pas évident d’affirmer la provenance exacte des ''sampi''s grecs : il existe plusieurs caractères de tracé proche et, surtout, leur valeur phonétique n’est pas sûre.
 
D’autres savants, comme Pierre Swiggers<ref>''Transmission of the Phoenician Script to the West'' dans ''World's Writing System'', op. cit. en bibliographie.</ref>, considèrent que le ''sampi'' grec provient, de même que le ''[[San (lettre grecque)|san]]'' (Ϻ), du ''ṣādē'' [[alphabet phénicien|phénicien]], tracé [[Fichier:phenicien ss.png|12px|]]. Il faudrait dans ce cas accepter que les alphabet anatoliens ont alors emprunté au grec cette forme rare du ''ṣādē'' pour former les caractères qui, chez eux, ressemblent aux différents tracés du ''sampi''. ''Sampi'' et ''san'' seraient alors deux tracés différents pour un même étymon.
 
Il est donc bien possible qu’on l’ait plus tard nommé ainsi parce qu’il ressemblait à un ''pi'' (sous sa forme proche du double ''Tau'' pour noter le ''t'' palatal, alors qu'il a évolué en grec vers tau-sigma puis le ''s'' palatal noté par le double ''Sigma'', longtemps avant que le grec classique adopte des formes minuscules pour la plupart des lettres de son alphabet et ne s'enrichisse de diacritiques), alors qu'un autre nom relatif à son étymon devrait être ''san-tau''. Les Ioniens de Milet l’auraient alors ajouté à la fin de leur alphabet numéral pour le rendre complet, sans pour autant s’en être eux-mêmes servis dans leurs inscriptions.
Ligne 51 :
Une telle lettre, dont l’utilisation était relativement rare et l’origine obscure, n’a pu qu’être déformée au fil des siècles.
 
Pour faire parvenir à partir des formes archaïques [[Fichier:sampiGreek Sampi ionienIonian.pngsvg|x15px]] ou [[Fichier:sampiGreek pamphylienSampi Pamphylian.pngsvg|x15px]] l’[[œil (typographie)|œil]] actuel <span style="font-size:15px;line-height:normal">Ϡ</span> de la même lettre, il faut faire appel au grec [[oncial]] dans lequel le nombre 900 est représenté par le signe [[Fichier:grec oncial sampi.png|x15px]] : le passage de [[Fichier:sampiGreek ionienSampi Ionian.pngsvg|x15px]] à [[Fichier:grec oncial sampi.png|x15px]] est clair, il s’agit d’une simplification de la forme.
 
C’est d’ailleurs ce dernier tracé qui s’est transmis à l’[[alphabet gotique]] (dont [[numération gotique|la numération]] est empruntée à la grecque), où l’on a [[Fichier:gotique 900.png|x15px]].
Ligne 58 :
 
== Codage informatique ==
[[Unicode]] prévoit la distinction entre le ''sampi'' antique et le ''sampi'' numéral depuis sa version 5.1 ({{date-|avril 2008}}). Le signe est [[écriture bicamérale|bicaméral]] depuis la version 3.0 ({{date-|septembre 1999}}) et l’on note des différences de tracé assez importantes entre les polices de caractères pour la [[majuscule|capitale]], qui s’expliquent si l'on se souvient que la numération alphabétique est utilisée en Grèce à la manière de nos [[chiffres romains]], et qu’elle n'apparaît en capitales que dans des titres (de chapitres, par exemple). Or, il est rare qu’on en arrive au chapitre 900.
 
Voici les emplacements retenus par Unicode :
 
* ''sampi'' en capitale '''Ϡ''' (U+03E0), depuis  Unicode 1.0 :
** UTF-8 : <tt>0xCF 0xA0</tt> ;
** UTF-8, représentation octale : <tt>\317\240</tt>
Ligne 95 :
 
=== Articles connexes ===
* [[Lettreslettres supplémentaires de l'alphabet grec]] ;
* [[digamma]], [[stigma]], [[koppa]] ; [[Épisème (mathématiques)|Épisèmeépisème]] ;
* [[histoire de l'alphabet grec]] ;
* [[numération grecque]] ;
* [[alphabet grec]].
 
=== Liens externes ===
* {{lien web
| langue = en
| prénom = Nick | nom = Nicholas
| titre = Sampi
| site = Nick Nicholas’ Home Page
| url = http://www.opoudjis.net/unicode/other_nonattic.html#sampi
}}
 
{{Palette Alphabet grec}}