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{{Informkesto milito
|kunpuŝiĝo = Centjara milito
|konflikto =
|dosiero = Hundred years war collage.jpg
|komentario = En la hora senco, ekante altmaldekstre: batalo de La Rochelle, batalo de Azincourt, batalo de Patay, sieĝo de Orléans
|daŭro = [[1337]] - [[1453]] (116 jaroj)
|loko = Ĉefe [[Reĝlando Francio]] kaj [[Burgonjaj Malaltaj Landoj]]
|rezulto = Franca venko ([[traktato de Picquigny]])
|flanko1 = [[Dosiero:Blason France moderne.svg|15px]] [[Reĝlando Francio]]<br />[[Dosiero:Blason Castille Léon.svg|15px]] [[Reĝlando de Kastilio]]<br />[[Dosiero:Blason region fr Bretagne.svg|15px]] [[Duklando Bretonio]] ([[hejmo de Blois]])<br />[[Dosiero:Blason région fr Champagne-Ardenne.svg|15px]] [[Graflando de Ĉampanjo]]<br />[[Dosiero:Royal arms of Scotland.svg|15px]] [[Reĝlando Skotlando]]<br />[[Dosiero:Armoiries Gênes.svg|15px]] [[Ĝenova respubliko]]<br />[[Dosiero:Armoiries Jean de Luxembourg.svg|15px]] [[Reĝlando Bohemio]]<br />[[Dosiero:Aragon arms.svg|15px]] [[Reĝlando Aragono]]
|flanko2 = [[Dosiero:Royal Arms of England (1340-1367).svg|15px]] [[Reĝlando Anglio]]<br />[[Dosiero:Blason fr Bourgogne.svg|15px]] [[Duklando Burgonjo]]<br />[[Dosiero:Blason region fr Bretagne.svg|15px]] [[Duklando Bretonio]] ([[hejmo de Montfort-l'Amaury]]) <br />[[Dosiero:Armoiries Portugal 1247.svg|15px]] [[Reĝlando Portugalio]]<br />[[Dosiero:Blason Royaume Navarre.svg|15px]] [[Reĝlando de Navaro]]<br />[[Dosiero:Blason Nord-Pas-De-Calais.svg|15px]] [[Graflando Flandrio]]<br />[[Dosiero:Hainaut Modern Arms.svg|15px]] [[Graflando Henegovio]]<br />[[Dosiero:Blason de l'Aquitaine et de la Guyenne.svg|15px]] [[Duklando Akvitanio]]<br />[[Dosiero:Arms of the Count of Luxembourg.svg|15px]] [[Duklando Luksemburgio]]
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{{Infobox Conflit militaire
|conflit=Guerre de Cent Ans
|guerre= {{Palette Guerres franco-anglaises}}
|image= Hundred years war collage.jpg
|légende= Dans le sens des aiguilles d'une montre en partant du tableau supérieur gauche : bataille de la Rochelle, bataille d'Azincourt, bataille de Patay, Siège d'Orléans
|date=[[1337]] - [[1453]] (116 ans)
|lieu=Principalement la [[Royaume de France|France]] et les [[Pays-Bas bourguignons]]
|casus=[[Édouard III d'Angleterre|{{nobr|Édouard {{III}}}} Plantagenêt]] revendique la [[couronne de France]] et défie [[Philippe VI de Valois|{{nobr|Philippe {{VI}}}} de Valois]]
|issue=Victoire française <br /> [[Traité de Picquigny]]
|combattants1=[[Image:Blason France moderne.svg|15px]] [[Royaume de France]]<br />[[Image:Blason Castille Léon.svg|15px]] [[Royaume de Castille]]<br />[[Image:Blason region fr Bretagne.svg|15px]] [[Duché de Bretagne]] [[Maison de Blois|blésiste]]<br />[[Image:Blason région fr Champagne-Ardenne.svg|15px]] [[Comté de Champagne]]<br />[[Image:Royal arms of Scotland.svg|15px]] [[Royaume d'Écosse]]<br />[[Image:Armoiries Gênes.svg|15px]] [[République de Gênes]]<br />[[Image:Armoiries Jean de Luxembourg.svg|15px]] [[Royaume de Bohême]]<br />[[Image:Aragon arms.svg|15px]] [[Royaume d'Aragon]]
|combattants2=[[Image:Royal Arms of England (1340-1367).svg|15px]] [[Royaume d'Angleterre]]<br />[[Image:Blason fr Bourgogne.svg|15px]] [[Duché de Bourgogne]]<br />[[Image:Blason region fr Bretagne.svg|15px]] [[Duché de Bretagne]] [[Maison de Montfort-l'Amaury|montfortiste]] <br />[[Image:Armoiries Portugal 1247.svg|15px]] [[Royaume de Portugal]]<br />[[Image:Blason Royaume Navarre.svg|15px]] [[Royaume de Navarre]]<br />[[Image:Blason Nord-Pas-De-Calais.svg|15px]] [[Comté de Flandre]]<br />[[Image:Hainaut Modern Arms.svg|15px]] [[Comté de Hainaut]]<br />[[Image:Blason de l'Aquitaine et de la Guyenne.svg|15px]] [[Duché d'Aquitaine]]<br />[[Image:Arms of the Count of Luxembourg.svg|15px]] [[Duché de Luxembourg]]
|batailles={{Batailles 100 ans}}
}}

La '''guerre de Cent Ans''' est un conflit, entrecoupé de trêves plus ou moins longues, opposant de [[1337]] à [[1453]] la dynastie des [[Plantagenêt]]s à celle des [[Maison capétienne de Valois|Valois]], et à travers elles le [[royaume d'Angleterre]] et [[royaume de France|celui de France]].

Au début du {{s|XIV|e}}, trois axes de tensions favorisent son émergence :
* la « [[Crise de la fin du Moyen Âge|grande dépression médiévale]] », théorisée par [[Guy Bois]] (crise démographique conjuguée à une stagnation économique du fait de l'alourdissement de la pression fiscale seigneuriale)
* les constants affrontements entre [[Plantagenêts]] et [[Capétiens]] pour la souveraineté et le contrôle des fiefs de [[Guyenne]]
* le conflit dynastique pour la couronne de France qui naît en [[1328]] à la mort de [[Charles IV de France|{{nobr|Charles {{IV}}}}]], dernier fils de [[Philippe IV de France|{{nobr|Philippe {{IV}}}}]].

La guerre connaît plusieurs phases. L'Angleterre remporte d'abord de nombreuses victoires, avant que la [[Royaume de France|France]] ne reprenne l'ascendant à partir de [[1364]] ; en [[1378]], les Anglais ne contrôlent ainsi plus que quelques villes sur le continent. À compter de [[1380]], l'affaiblissement du pouvoir royal, conjugué à un contexte économique difficile, conduit à une période de guerre civile dans les deux pays, situation dont le royaume d'Angleterre est le premier à sortir. [[Henri V d'Angleterre|{{nobr|Henri {{V}}}} d'Angleterre]] profite alors de la folie du roi [[Charles VI de France|{{nobr|Charles {{VI}}}} de France]] et de la [[guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons]] pour relancer le conflit. Fort de son alliance avec les [[Bourguignons]], il obtient la [[couronne de France]] pour son fils [[Henri VI d'Angleterre|{{nobr|Henri {{VI}}}}]] par le [[traité de Troyes]] de [[1420]]. Cependant, le sentiment national naissant et la modification des circuits économiques rendent difficile le maintien des Anglais en France. En [[1429]], l'épopée de [[Jeanne d'Arc]] marque les esprits tout en renforçant la légitimité de [[Charles VII de France|{{nobr|Charles {{VII}}}}]]. Six ans plus tard, celui-ci conclut la [[Traité d'Arras (1435)|paix d'Arras]] avec le duc de Bourgogne ; les Anglais sont dès lors inexorablement repoussés et ne contrôlent plus en 1453 que [[Calais]] sur le continent, la paix étant signée en [[1475]] ([[traité de Picquigny]]).

Sur le plan démographique, les batailles ont fait peu de morts en dehors de la noblesse, mais les pillages ont eu des conséquences néfastes sur les populations civiles. Du point de vue militaire, cette guerre marque une rupture, avec le déclin de la [[cavalerie]] au profit de l’[[infanterie]] et l'apparition de l’[[artillerie]]. Elle a également des conséquences économiques, l'augmentation des prix favorisant le commerce à longue distance, et religieuses, avec le [[Grand Schisme d'Occident]] qui oppose les papes de Rome et d'Avignon. Elle aboutit à une affirmation du sentiment national, la rivalité franco-anglaise n'étant plus dorénavant seulement issue d'un conflit dynastique. De la même manière, la mutation du duché de Bourgogne en principauté indépendante génère un conflit de deux siècles avec les [[Habsbourg]].

== Origine du nom ==
Si les contemporains ont ressenti dès la fin du {{s|XIV}} l'exceptionnelle durée du conflit, ce n'est qu'au {{s|XIX}} que les termes ''guerre de cent ans'' s'impose dans l'historiographie. Le médiéviste [[Philippe Contamine]] en a recherché les premières mentions. Elle apparaît pour la première fois dans le ''Tableau chronologique de l'Histoire du Moyen Âge'' de Chrysanthe Desmichels<ref>http://www.textesrares.com/philo19/noticeAuteur.php?nom_aut=Des+Michels&prenom_aut=Chrysanthe+Ovide</ref> édité à Paris en 1823. Le premier manuel scolaire utilisant les mêmes termes est dû à un certain M. Boreau et paraît en 1939 sous le titre ''L'Histoire de France à l'usage des classes''. Enfin, le premier ouvrage portant l’intitulé ''Guerre de Cent Ans'' est de Th. Bachelet en 1852<ref>''Historia'' de juillet 2003, {{p.|32}}</ref>.

== Forces en présence ==
=== Royaume de France ===
{{article détaillé|Conflit entre Capétiens et Plantagenêt}}
[[Image:Adoubement1.jpg|vignette|gauche|Le royaume de France est un régime féodal qui donne une grande place à la chevalerie. Sur cette enluminure, [[Jean II le Bon|{{nobr|Jean {{II}}}} le Bon]] [[Adoubement|adoube]] des chevaliers. Miniature de l'atelier du [[Maître de Virgile]] tirée d'un manuscrit des ''[[Grandes Chroniques de France]]'', [[Bibliothèque nationale de France|BNF]], Fr.73.]]
Au début du {{s-|XIV|e}}, le [[royaume de France]], irrigué par de grands bassins fluviaux, bénéficiant d'un climat favorable et d'une agriculture florissante compte entre 16 et 17 millions d’habitants<ref name=ville>{{fr}} [http://classes.bnf.fr/ema/ville/ville/index7.htm ''L'enfance au Moyen Âge : la ville''], Bibliothèque Nationale de France. Consulté le 11 avril 2010.</ref>{{,}}<ref name="Girot">{{fr}} [http://pedagene.creteil.iufm.fr/ressources/histoire/p_royal.html ''L’affirmation du pouvoir royal ({{sp-|XII|e|-|XV|e}}s)''], IUFM de Créteil. Consulté le 11 avril 2010.</ref>{{,}}<ref name="Bove30">{{harvsp|Bove|2009|p=30}}.</ref>, ce qui en fait la première puissance démographique d’Europe. En 1328, une grande enquête administrative, portant sur près des trois-quarts de la population et recensant les [[Feu fiscal|feux fiscaux]], permet de donner un aperçu du territoire. On y compte {{unité|2469987|foyers}} soit environ 12 millions d’habitants et {{unité|32500|paroisses}}<ref>{{harvsp|Bove|2009|p=26}}.</ref>. Paris à elle seule compte selon ce recensement plus de {{unité|200000|habitants}}<ref>{{harvsp|Bove|2009|p=32}}.</ref>. Cette augmentation de la population n’est pas sans effet sur l’aménagement du territoire, puisqu'une grande partie des forêts est défrichée au profit de l'agriculture fondée sur un [[Féodalité|régime féodal]] et religieux très hiérarchisé. La capacité agricole et le développement massif de l'énergie hydraulique permettent de nourrir la population (il n'y a plus eu de famine depuis le {{s-|XII|e}}<ref name="Balard223"/>). Avec la croissance proto-industrielle de l'usage du fer, avec l'apparition de nouvelles techniques de labour ou d’attelage mais aussi l’utilisation du cheval au détriment du bœuf, des zones peu fertiles permettent d’avoir des exploitations qui fournissent de la nourriture à une population dense, la noblesse quant à elle ayant pour devoir de défendre les terres<ref name="kaplan89"/>.

Plus que sa population, le royaume est imposant aussi par sa taille. Au couronnement de {{nobr|Philippe {{VI}}}} de Valois, la France s’étend de l’[[Escaut]] aux [[Pyrénées]], de l’[[Atlantique]] au [[Rhône]], à la [[Saône (rivière)|Saône]] et à la [[Meuse (fleuve)|Meuse]], un pays que l’on met « 22 jours à traverser du nord au sud et 16 d’est en ouest » selon Gilles Le Bouvier au {{s-|XV|e}}<ref>{{harvsp|Bove|2009|p=22}}.</ref> soit près de {{Unité|424000|km|2}}<ref>''Histoire de la France des origines à nos jours'' sous la direction de [[Georges Duby]], Larousse, 2007, {{p.|296}}.</ref>. Près de soixante régions se différencient entre elles par de grandes disparités linguistiques, culturelles, historiques voire à certains moments religieuses (comme les [[Catharisme|cathares]] au sud). Ainsi, le nord du royaume parlant la [[langue d’oïl]] et proche du berceau de la dynastie capétienne, possédait de riches terres agricoles et une population plus nombreuse (14 foyers par km{{exp|2}} pour l’Île-de-France et jusqu’à 22 foyers par km{{exp|2}} pour les bailliages de Senlis et de Valois pour une moyenne de 7,9 foyers par km{{exp|2}}<ref name="Bove30"/>) se démarquant nettement du sud. Ce dernier, où la [[Occitan|langue d’oc]] était utilisée, avait une culture imprégnée par l’ancienne présence romaine mais était aussi plus pauvre sur le plan agricole (en revanche, l'élevage y était plus riche) et moins peuplé (près de 4 foyers par km{{exp|2}} pour les [[comté de Bigorre|comtés de Bigorre]], de [[Béarn]] par exemple), mais surtout il était plus indépendant vis-à-vis du roi, car si ce dernier transférait une partie de son autorité entre les mains de ses vassaux, il devait tenir compte de leur avis. Toutefois le souverain ne se privait pas de s’immiscer dans la politique intérieure de ses subordonnés puisque depuis le {{s-|XII|e}}, il bénéficiait de pouvoirs inégalés jusque là. Il était au sommet d’une pyramide où les échelons inférieurs lui devaient fidélité<ref>{{harvsp|Bove|2009|p=15}}</ref>.

Le [[clergé]] joue un rôle social majeur dans cette organisation de la société. Les clercs, sachant lire et compter, gèrent les institutions ; les religieux font fonctionner les œuvres caritatives<ref>Marie-Thérèse Lorcin, ''Des Restos du cœur avant la lettre'', Historia Thématique {{N°}}65 : ''Un Moyen Âge inattendu'', {{p.|48}} à 51</ref> et les écoles<ref>Colette Beaune, ''Petite école, grand ascenseur social'', '' Historia Thématique, {{N°}}65 : ''Un Moyen Âge inattendu'', {{p.|42}} à 47</ref> ; par le biais des fêtes religieuses, le nombre des jours chômés atteint 140 par an<ref>Jean-Michel Mehl : « Près de cent quarante jours chômés par an », ''Historia Thématique'', {{N°}}65 : ''Un Moyen Âge inattendu'', {{p.|58}} à 64</ref>. Toutefois sur ce plan aussi une différence Nord/Sud existe. Le Midi, moins marqué par la [[renaissance carolingienne]] et les ordres religieux que le Nord, se tournait essentiellement vers les sciences telles que la médecine alors que le Nord avait une préférence pour la philosophie ou la théologie. Deux villes démontrent ce clivage, Paris et Montpellier ; alors que la première possédait une des universités les plus réputées du monde chrétien sur le plan théologique, la seconde avait quant à elle une des plus prestigieuses facultés de médecine d’Occident où il n’était pas rare de voir des étudiants venus du Moyen-Orient ou d’Afrique du Nord y étudier.

De la même manière, la noblesse doit conjuguer richesse, pouvoir et bravoure sur le champ de bataille : vivant du labeur des paysans, le maître se doit de manifester sa bravoure et sa loyauté envers eux<ref name="kaplan89">{{harvsp|Kaplan|Boucheron|1994|p=89-90}}</ref>. L’Église a œuvré pour canaliser les chevaliers-brigands dès la fin du {{s-|X|e}}. À partir du [[concile de Charroux]] en [[989]], les hommes en armes sont priés de mettre leur puissance au service des pauvres et de l'Église et deviennent des ''milites Christi'' (« soldats du Christ »)<ref>Laurent Bourquin, ''Qu'est-ce que la noblesse ? '', ''L'Histoire'' {{n°}}195, décembre 1995, {{p.|24}}</ref>. Depuis le {{s-|XIII|e}}, le roi de France a réussi à faire admettre l'idée que son pouvoir de droit divin lui permettait de créer des nobles<ref name="bourq.p.26">Laurent Bourquin, {{opcit}}, {{p.}}26</ref>. La noblesse se différencie donc du reste de la population par son sens de l'honneur et doit faire montre d'esprit chevaleresque, protéger le peuple et rendre justice en préservant un certain confort matériel. Elle doit justifier sur le champ de bataille son statut social : l’adversaire doit être vaincu face à face dans un combat héroïque. L’armée est donc structurée autour de la [[chevalerie]] la plus puissante d’Europe, cavalerie lourde combattant de front, au corps à corps<ref name="Girot"/>. Cette volonté de briller sur les champs de bataille est accrue par l’habitude de l’époque de [[Rançon au Moyen Âge|faire des prisonniers et de monnayer leur libération contre rançon]]. La guerre devient donc très lucrative pour les bons combattants et les risques d’être tué sont donc amoindris pour les autres<ref name="Balard231"/>. Depuis [[Philippe IV de France|Philippe le Bel]], le roi peut convoquer « [[Ban (Moyen Âge)|le ban et l'arrière-ban]] », c'est-à-dire tous les hommes libres de 15 à 60 ans, de toute condition (chevaliers et paysans, jeunes et vieux, riches et pauvres). Vers 1340, [[Philippe VI de France|{{nobr|Philippe {{VI}}}}]] peut compter sur {{unité|30000|hommes}} d'armes ainsi que {{unité|30000|hommes}} de pied. Numériquement, c'est inégalable, car l'entretien d'un tel nombre de combattants représente un coût extraordinairement élevé, mais c'est une armée hétéroclite et peu disciplinée<ref name="Xavier Hélary">Xavier Hélary, « {{nobr|Charles {{VII}}}} remet la France en ordre de bataille », Historia thématique {{N°}}107, mai-juin 2007 : ''Ces rois qui ont tout changé'', {{p.|25}}</ref>.

Pour asseoir leur pouvoir face à la grande noblesse et à la papauté, les Capétiens ont donné des gages au peuple : créations de [[Villefranche (ville)|villes franches]] avec octroi de chartes de franchises, création des [[États généraux (France)|états généraux]]<ref>{{harvsp|Balard|Genet|Rouche|2003|p=144}}</ref>… L'équilibre social passe par l'acceptation par le peuple d'un [[Royauté|pouvoir royal]] fort, qui l’émancipe de l’arbitraire féodal, et une administration de plus en plus centralisée qui lui assure un certain confort matériel.
À la veille de la guerre de Cent Ans, ce système se fragilise car à la suite de la croissance démographique qui a lieu depuis le {{s-|X|e}}, on assiste à une surpopulation des campagnes et à une demande d’autonomie des villes<ref>{{harvsp|Favier|1980|p=54}}</ref>{{,}}<ref name=ville/>{{,}}<ref>{{fr}} [http://www.cliohist.net/framesmic.php3?orig=http://www.cliohist.net/medievale/europe/bmed/cours/chap3.html ''Le royaume de France politique et institutions'' ({{sp-|XII|e|et|XIII|e}}s)], Cliohist. Consulté le 11 avril 2010</ref>. La taille des parcelles des paysans se réduit et les prix agricoles chutent : les ressources fiscales de la noblesse diminuent et il devient impératif de briller sur le champ de bataille pour renflouer ses finances<ref>{{harvsp|Favier|1980|p=53}}</ref>. Or [[Chevalerie#Équipement|l'équipement d'un chevalier]] coûte toujours plus cher.

En trois siècles, les rois [[capétiens]] ont réussi à consolider leur autorité et à agrandir leur territoire, aux dépens des [[Plantagenêt]]s. Le prestige royal de la France est immense, et, au temps de {{nobr|Philippe {{IV}}}} le Bel, le réseau d’alliances françaises s’étend jusqu’en Russie<ref name="Girot" />. Toutefois, malgré les confiscations territoriales de [[Philippe II de France|{{nobr|Philippe {{II}}}} Auguste]], [[Louis IX de France|saint Louis]] et {{nobr|Philippe {{IV}}}} le Bel, les rois d’Angleterre ont conservé l’étroit duché de [[Guyenne]] et le petit [[comté de Ponthieu]] : le roi d’Angleterre est ainsi le [[Vassalité|vassal]] du roi de France<ref name="Favier_13">{{harvsp|Favier|1980|p=13}}</ref>.

=== Royaume d'Angleterre ===
{{Article détaillé|Magna Carta|Arc long anglais}}
[[Fichier:Yvain secourant la damoiselle.JPG|right|upright=1|vignette|[[Yvain]] secourant la damoiselle. Enluminure tirée d'une version de ''[[Lancelot du Lac]]'' du {{s-|XV|e}}. Le chevalier doit avoir un comportement loyal, le combat est l'occasion de justifier son statut social.]]

[[Fichier:Magna Carta (British Library Cotton MS Augustus II.106).jpg|vignette|gauche|La ''[[Magna Carta]]'', ou {{citation|Grande Charte}}]]

Le [[royaume d’Angleterre]], beaucoup moins peuplé avec quatre millions d’habitants, est touché par le [[Petit âge glaciaire|refroidissement climatique]] européen à partir du {{s-|XIII|e}} et doit renoncer à certaines productions agricoles (le vin, par exemple, produit auparavant dans tout le sud de l’Angleterre ne l’est plus qu’en [[Guyenne]]<ref group="Note">Les constatations décrites par exemple par Scott A. Mandia, (''The Little Ice Age in Europe''), sont corroborées par des médiévistes ayant analysé les chroniques de l'époque tels [[Philippe Contamine]] (''La guerre de Cent Ans'', Que Sais-Je {{n°}}1309, PUF 2002) ; mais pour d'autres auteurs le refroidissement climatique survient plus tard et d'autres modèrent l'impact que les changements climatiques en question ont eu sur l'économie : [[Emmanuel Le Roy Ladurie]] ''Histoire humaine et comparée du climat'', Fayard 2006.</ref>{{,}}<ref name="climat">{{en}} [http://www2.sunysuffolk.edu/mandias/lia/little_ice_age.html ''The Little Ice Age in Europe''], ''Sunny Suffolk''. Consulté le 11 avril 2010</ref>) et opter pour une économie fondée sur la spécialisation et le commerce<ref>{{harvsp|Power|1941|p=9}}</ref>. Le climat pluvieux et les pâturages verdoyants favorisent l’élevage (plus particulièrement des ovins) permettant une importante production de laine utilisée par les tisserands et les drapiers (les ovins anglais produisent une laine particulièrement fine et d’excellente qualité pour le filage<ref>{{harvsp|Power|1941|p=11}}</ref>). L’artisanat, le commerce et donc les villes se sont développés<ref>{{harvsp|Power|1941|p=6}}</ref>. Les habitants des villes ont surtout besoin de liberté d’entreprendre et de limiter la pression fiscale (une grande partie des finances de l’État vient de la taxe sur la laine)<ref>{{harvsp|Balard|Genet|Rouche|2003|p=164}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Power|1941|p=14, 37}} et 41.</ref>. De même, les propriétaires fonciers (barons et clergé) voient d'un mauvais œil l'augmentation des impôts rendue nécessaire par le financement de la guerre contre [[Philippe II de France|Philippe Auguste]], d'autant que [[Jean d'Angleterre|Jean sans Terre]] accumule défaites et pertes territoriales. Ce dernier doit leur concéder la [[Magna Carta|Grande Charte]] de [[1215]] qui donne au Parlement anglais un pouvoir de contrôle sur la fiscalité<ref>''[http://hypo.ge-dip.etat-ge.ch/www/cliotexte/html/grande.charte.html Magna Carta - La Grande Charte]'', traduction de l’anglais par Claude J. Violette. Consulté le 11 avril 2010</ref>.

Le commerce rend l’Angleterre très dépendante de la Guyenne (car elle produit des vins qui à l’époque sont plus salubres que l’eau), des [[Comté de Flandre|Flandres]] (dont les drapiers achètent la laine) et de la [[Bretagne]] (qui lui vend du sel indispensable à la conservation des aliments)<ref name="Richardot">{{fr}} [http://www.stratisc.org/PN7_Richardot.html Philippe Richardot, ''Y a-t-il une pensée navale dans l’occident médiéval ?''], Stratisc.org. Consulté le 11 avril 2010</ref>.

Depuis deux siècles, la [[souveraineté]] sur l'ouest de la France, du duché d'Aquitaine au riche et puissant [[comté de Flandre]], est à l'origine de conflits et d'intrigues entre [[Capétiens contre Plantagenêt|Capétiens et Plantagenêts]]. Cette lutte, commencée au milieu du {{s-|XII|e}} avec un énorme avantage pour les Plantagenêts (qui possédaient alors l’[[Anjou]], la [[Normandie]], le [[Maine (province)|Maine]], le [[Poitou]], l’[[Duché d'Aquitaine|Aquitaine]] et le [[Limousin]]), se termine par la confiscation de la majeure partie de leurs possessions au profit du roi de France<ref name="Ducret">{{fr}} [http://www.historia-nostra.com/index.php?option=com_content&task=view&id=482&Itemid=58 Alix Ducret, ''Cent ans de malheur : les origines de la guerre de Cent Ans''], ''Historia Nostra''. Consulté le 11 avril 2010</ref>. Du grand [[empire Plantagenêt]], il ne reste plus qu’une Aquitaine diminuée et réduite à la côte [[Gascogne|gasconne]] et à [[Bordeaux]], nommée ''Guyenne''<ref name="Favier_15">{{harvsp|Favier|1980|p=15}}</ref>.

La langue des élites est l’[[Anglo-normand (langue)|anglo-normand]]<ref>[[Jacques Allières]], ''La formation de la langue française'', {{coll.}} Que sais-je ?, éditions PUF, 1982, {{p.|120}}.</ref>, pour l'essentiel de l'ancien [[normand]], fortement influencé par le dialecte [[angevin]] à l'époque des Plantagenêt et de manière beaucoup moindre par l'[[Vieil anglais|anglo-saxon]], et cela, jusqu’en 1361 (décret d’[[Édouard III d'Angleterre|{{nobr|Édouard {{III}}}}]]), bien que l'anglo-saxon continue d'être employé par le peuple<ref>{{harvsp|Favier|1980|p=51}}</ref>.

D’autre part, l’Angleterre doit faire face à la [[guerres d'indépendance de l'Écosse#La deuxième guerre d’indépendance : 1332-1357|deuxième guerre d'indépendance d'Écosse]] (1332 à 1357). Depuis 1296, profitant de la mort d’[[Alexandre III d'Écosse|{{nobr|Alexandre {{III}}}}]] sans héritier mâle et d'une tentative de prise de contrôle par mariage, l’Angleterre considère l’[[Écosse au Moyen Âge|Écosse]] comme un État vassal<ref name="Favier_19">{{harvsp|Favier|1980|p=19}}</ref>. Cependant, les Écossais ont contracté avec la France, la ''[[Vieille Alliance]]'', le {{date|23|octobre|1295}}, et [[Robert Ier d'Écosse|Robert Bruce]], lors de la [[bataille de Bannockburn]], a écrasé la chevalerie anglaise pourtant très supérieure en nombre grâce à une armée essentiellement composée d’hommes d’armes à pied protégés des charges par un premier rang de piquiers<ref name="site de la BBC">{{en}} [http://www.bbc.co.uk/history/archaeology/excavations_techniques/soldiers_view_02.shtml Tony Pollard et Neil Oliver, ''A Soldier's View of Battle through the Ages''], BBC. Consulté le 11 avril 2010</ref>. Les Anglais adaptent donc leur manière de combattre en diminuant la cavalerie mais en utilisant plus d’archers et d’hommes d’armes à pied protégés des charges par des pieux plantés dans le sol (ces unités, pour accroître leur mobilité, se déplacent à cheval mais combattent à pied)<ref name="Coteret116"/>. [[Édouard III d'Angleterre|{{nobr|Édouard {{III}}}}]] met en œuvre cette nouvelle façon de combattre en soutenant [[Édouard Balliol]] contre les partisans de [[David II d'Écosse|{{nobr|David {{II}}}}]], le fils de Robert Bruce. Grâce à cette tactique, les Anglais remportent plusieurs batailles importantes dont la [[bataille de Dupplin Moor]] en 1332 et celle de [[bataille de Halidon Hill|Halidon Hill]] en 1333<ref name="Bordonove_132">{{ouvrage|langue=fr|prénom1=Georges|nom1=Bordonove|titre=La guerre de 600 ans|lieu=|éditeur=Robert Laffont|année=1971|pages totales=319|isbn=9782221016114|passage=132}}</ref>{{,}}<ref>{{en}} [http://wikiwix.com/cache/?url=http://members.tripod.com/%257Emidgley/halidon.html&title=&#91;8 Bataille de Haldon Hill&#93; Tim Midgley, ''The Battle of Halidon Hill'']. Consulté le 11 avril 2010</ref>. {{nobr|David {{II}}}} doit s’enfuir et trouve refuge en France où il est accueilli par [[Philippe VI de France|{{nobr|Philippe {{VI}}}} de Valois]]<ref>''Comment le roi David d’Escosse avec la roine sa femme vinrent à Paris au roi de France; et comment il et tous les barons d’Escosse lui promirent et jurèrent qu’ils ne feroient point paix aux Anglois sans son conseil''. Chroniques de Jean Froissart, {{nobr|Livre {{I}}}}, {{nobr|partie {{I}}}}, {{chap.|75}}, Bibliothèque Nationale de France, {{lire en ligne|url=http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f112.table}}, {{p.|67}}. Consulté le 11 avril 2010</ref>{{,}}<ref>{{fr}} [http://chrisagde.free.fr/valdirects/ph6etat.php3?page=4 ''Les Valois directs : {{nobr|Philippe {{VI}}}}. {{nobr|Édouard {{III}}}} roi d’Angleterre prête hommage à {{nobr|Philippe {{VI}}}} (6 juin 1329)''], ''À la découverte de l'Histoire de France''. Consulté le 11 avril 2010</ref>. Édouard Balliol devient roi d’Écosse, vassal de l’Angleterre et est honni par son peuple. Grâce à cette campagne, {{nobr|Édouard {{III}}}} peut disposer d’une armée moderne et rodée aux nouvelles tactiques (il y a aussi expérimenté la stratégie des [[chevauchée]]s qui consiste à piller le pays sur de grandes distances grâce à une armée montée)<ref name="Coteret116">{{harvsp|Cottret|2007|p=116}}</ref>.

En effet, dans les années 1310-1330, la réduction de la proportion de cavaliers, et en particulier de [[Chevalerie|cavaliers lourds]], dans les troupes combattantes est l'évolution la plus importante par rapport à l'armée féodale traditionnelle. La diminution du nombre de propriétaires terriens suffisamment riches pour s'équiper en chevalier en est la principale cause. Il est donc décidé de recruter dans les catégories sociales inférieures, suivant un système de [[conscription]], un corps armé moins onéreux à équiper ; l'[[infanterie]] également appelée « gens de pied », composés eux-mêmes de fantassins et de gens de trait ([[archer]]s et [[Arbalétrier (Histoire militaire)|arbalétriers]]). Selon les besoins, chaque paroisse est chargée de fournir un certain nombre d'homme valides, entraînés et équipés qui ne sont payés qu'en cas de guerre à l'extérieur du pays ; le roi peut ainsi exiger que tout propriétaire foncier jouissant d’un revenu de 40 livres sterling réponde à son appel, et comme en France, il peut mobiliser l’ensemble de la population<ref name="Bove79">{{harvsp|Bove|2009|p=79}}</ref>. Ces [[fantassin]]s appartiennent tous à la partie supérieure de la paysannerie, car ils doivent fournir leur équipement et leur [[Bidet (cheval)|bidet]] pour leur déplacement. Cette ''infanterie montée'' devenait alors plus mobile et économisait ses forces pour le combat. La [[cavalerie légère]], était représentée par les [[hobelar]]s qui appartenaient le plus souvent à la [[Classe sociale|classe aisée]] des propriétaires terriens. Le hobelar est équipé d'un [[Plastron (armure)|plastron]] de [[cuir]], d'un [[casque]] et des [[gantelet]]s de fer, une [[épée]], un [[Couteau de combat|couteau]] et une [[lance]]. L'[[archer monté]] était également représenté dans la [[Classe sociale|classe aisée]] des propriétaires terriens. Son arme, le grand [[arc (arme)|arc]] [[longbow]], un arc encombrant de {{unité|2|m}} de haut, fera des ravages lors des [[Liste des batailles de la guerre de Cent Ans|batailles de la guerre de Cent Ans]]. Placé généralement en rangs serrés sur les ailes, abrités derrière une palissade principalement composée de pieux taillés en pointes, mais également derrière des charrettes et autres obstacles, ces archers étaient capables de décocher 6 flèches à la minute, faisant ainsi pleuvoir une pluie de flèches qui décime les charges ennemies. Ce corps des archers montés remplace entre 1320-1330 le corps des [[Arbalétrier (Histoire militaire)|arbalétriers]] (à pied). Pour les [[Classe sociale|autres classes]] de la paysannerie, ils composent selon le cas le corps les [[archer]]s à pied, le corps des [[coutilier]]s ou celui des [[Épée|épéistes]]. Les troupes anglaises privilégient donc la défense sur l'attaque.

== Origines du conflit ==
{{article détaillé|Capétiens contre Plantagenêts}}
Si on trouve les raisons profondes du conflit dans la crise démographique, économique et sociale que traverse l’Europe du {{s|XIV}}, le déclenchement de la guerre est motivé par la montée progressive de la tension entre les rois de France et d’Angleterre au sujet de la Guyenne, des Flandres et de l'Écosse. La question dynastique, posée par une interruption de la descendance mâle directe des Capétiens en est le prétexte officiel.

=== Causes culturelles, démographiques, économiques et sociales du conflit ===
{{article détaillé|Crise de la fin du Moyen Âge}}
[[Fichier:Les Très Riches Heures du duc de Berry Janvier.jpg|vignette|Table de [[Jean Ier de Berry|{{nobr|Jean {{Ier}}}} de Berry]], vers 1411-1416. Au {{s-|XV|e}}, vin et viandes sont au menu de la table des nobles. ''[[Les Très Riches Heures du duc de Berry]]'', mois de janvier, [[musée Condé]], Ms.65, f.1]]
Alors que, sous l’effet des progrès des techniques agraires et des défrichements, la population s’accroît en Occident depuis le {{s-|X|e}}, on franchit un seuil qui dépasse les capacités de productions agricoles dans certaines zones d’Europe dès la fin du {{s-|XIII|e}}. Avec le jeu des partages successoraux les parcelles se réduisent : leur surface moyenne diminue des deux tiers entre 1240 et 1310<ref name="Balard223">{{harvsp|Balard|Genet|Rouche|2003|p=222-223}}</ref>. Certaines régions, comme les Flandres, sont en surpopulation et essaient de gagner des terres cultivables sur la mer ; néanmoins, pour couvrir leurs besoins, elles optent pour une économie de commerce permettant d’importer les denrées agricoles. En Angleterre, dès 1279, 46 % des paysans ne disposent que d’une superficie cultivable inférieure à 5 hectares, surface minimum pour nourrir une famille de 5 personnes<ref name="Balard223"/>. En France la situation est à peine meilleure, en 1311 à Garges près de Paris, plus de deux tiers des habitants possèdent un terrain inférieur à 34 ares si l’on y compte la maison qui prend près de 20 ares<ref>{{harvsp|Bove|2009|p=39}}</ref>, dans ce contexte, la moindre catastrophe naturelle peut ruiner une famille. La population rurale s’appauvrit, le prix des produits agricoles baisse et les revenus fiscaux de la noblesse diminuent alors que la pression fiscale augmente, faisant croître les tensions avec la population rurale<ref>{{harvsp|Favier|1980|p=70-73}}</ref>.

Beaucoup de paysans tentent donc leur chance comme saisonniers dans les villes pour des salaires très faibles, engendrant aussi des tensions sociales en milieu urbain. Le [[Petit âge glaciaire|refroidissement climatique]]<ref name="climat"/> provoque de mauvaises récoltes qui se traduisent, avec la pression démographique, en [[famine]]s (qui avaient pourtant disparu depuis le {{s-|XII|e}}) dans le nord de l’Europe en 1314, 1315 et 1316 : [[Ypres]] perd 10 % de sa population et [[Bruges]] 5 % en 1316<ref name="Balard223"/>. L'essor des villes accroît ce déficit et le ravitaillement doit être assuré par un commerce à plus ou moins longue distance. D'autre part, des consommateurs, au niveau de vie plus élevé grâce à la prospérité générale, réclament une nourriture plus abondante et plus variée : la mode de boire du vin se répand largement dans la noblesse ; pour toutes les classes de la société, le ''companagium'' (l'accompagnement du pain) devient plus abondant et plus riche<ref name=Pietri>Luce Pietri, [[Maurice Meuleau]], ''Le Monde et son histoire'', {{p.|13}}.</ref>. L'enrichissement de la société et les nouvelles demandes en produits à plus forte valeur ajoutée poussent les paysans à diversifier leurs productions. Le vignoble se développe avec la demande : ceux du nord et de l'est de la France augmentent leur production. Les souverains anglais, qui ne possèdent sur le continent que la [[Guyenne]], y font croître le vignoble ; au même moment, les ducs de [[Duché de Bourgogne|Bourgogne]] encouragent la production et l'exportation des vins de Beaune. Cette diversification de l'agriculture accroît le déficit en produits de base dans l'alimentation de l'époque<ref name=Pietri/>.

Surtout, l'incapacité de l'État à faire accepter l'impôt l'oblige pour équilibrer son budget à user de [[Mutation monétaire|mutations monétaires]]. Ce qui revient à alléger la dette de l'état en dévaluant la monnaie. Ceci à entre autres pour effet de diminuer les revenus fonciers qui sont fixés contractuellement<ref>{{Ouvrage|langue = Français|auteur1 = Jacques Heers|titre = La naissance du capitalisme au Moyen Âge|lieu = |éditeur = Perrin|année = 2012|pages totales = 324|isbn = 9782262030896|lire en ligne = |passage = {{p.|44-47}}}}</ref>.

La noblesse doit compenser la diminution de ses revenus fonciers et la guerre en est un excellent moyen grâce aux [[rançon au Moyen Âge|rançons perçues après capture d’un adversaire]], au pillage et à l’augmentation des impôts justifiée par la guerre. La noblesse, et plus particulièrement la noblesse anglaise dont les revenus fonciers sont plus touchés, adopte donc un comportement belliciste<ref name="Balard231">{{harvsp|Balard|Genet|Rouche|2003|p=231-232}}</ref>. En France, le roi [[Philippe VI de France|{{nobr|Philippe {{VI}}}}]] doit renflouer les caisses de l'État et une guerre permet de lever des impôts exceptionnels.

=== Sphères d'influences économiques et culturelles de la France et de l'Angleterre ===
[[Image:France 1328.svg|upright=1|vignette|Sphères d'influence et principaux axes commerciaux au royaume de France en 1328. {{Légende|#bbdd00|Possessions de Jeanne de Navarre}}
{{Légende|#FFDF80|États pontificaux}}
{{Légende|#EA8B9D|Territoires contrôlés par {{nobr|Édouard {{III}}}}}}
{{Légende|#BF80FF|Zone d'influence économique anglaise}}
{{Légende|#88aa88|Zone d'influence culturelle française}}
]]
Depuis [[Louis IX de France|{{nobr|Louis {{IX}}}}]], la modernisation du système juridique attire dans la sphère culturelle française de nombreuses régions limitrophes. En particulier, en terres d'[[Empire]], les villes du [[Dauphiné]] ou du [[comté de Bourgogne]] recourent à la justice royale pour régler des litiges : le roi envoie ainsi le [[bailli]] de Mâcon qui intervient à Lyon pour y régler des différends, comme le sénéchal de Beaucaire qui intervient à Vivier ou à Valence<ref>{{harvsp|Autrand|1994|p=60}}</ref>. Les rois de France savent attirer à leur cour la noblesse de ces régions en allouant des rentes et en se livrant à une habile politique matrimoniale. L'hommage prêté au roi de France par les [[Maison de Savoie|comtes de Savoie]] contre l'octroi de pensions, la mort héroïque à Crécy du roi de Bohême [[Jean Ier de Bohême|Jean de Luxembourg]], beau-père de Jean le Bon et la cession du Dauphiné à {{nobr|Philippe {{VI}}}} par le comte [[Humbert II du Viennois|{{nobr|Humbert {{II}}}}]] ruiné par son incapacité à lever l'impôt<ref>{{harvsp|Autrand|1994|p=72}}</ref> et sans héritier après la mort de son fils unique<ref>{{harvsp|Autrand|1994|p=70}}</ref> sont de parfaites illustrations de ce phénomène. Inversement, le fait que le roi d'Angleterre soit vassal du roi de France pour la Guyenne lui pose problème car tous les litiges peuvent être réglés à Paris et donc en sa défaveur<ref name="Favier_19"/>.

L’essor du commerce a rendu certaines régions dépendantes économiquement de l’un ou l’autre royaume. À cette époque, le transport de marchandises s'effectue essentiellement par voie maritime ou fluviale. La [[Comté de Champagne|Champagne]] et la Bourgogne alimentent Paris par la [[Seine]] et ses affluents et sont donc pro-françaises. La Normandie est partagée car elle est le point d'union entre ce bassin économique et la [[Manche (mer)|Manche]] qui devient une zone d'échanges de plus en plus intenses grâce aux progrès des techniques maritimes (le contournement de la [[péninsule Ibérique]] par les navires italiens devient de plus en plus fréquent). L’[[Duché d'Aquitaine|Aquitaine]] qui exporte son vin en [[Angleterre]], la [[Bretagne]] qui exporte son sel et les Flandres qui importent la laine britannique ont tout intérêt à être dans la sphère d'influence anglaise<ref name="Richardot"/>.

Ainsi, les Flamands, voulant échapper à la pression fiscale française, se révoltent de manière récurrente contre le roi de France, d'où les batailles successives de [[Bataille de Courtrai (1302)|Courtrai]] (1302), de [[Bataille de Mons-en-Pévèle|Mons-en-Pévèle]] (1304) et de [[Bataille de Cassel (1328)|Cassel]] (1328)<ref>{{harvsp|Favier|1980|p=22-26}}</ref>. Les Flamands apportent leur soutien au roi d'Angleterre, déclarant même en 1340 qu'[[Édouard III d'Angleterre|{{nobr|Édouard {{III}}}}]] est le légitime roi de France. Les deux États ont donc intérêt à augmenter leurs possessions territoriales pour accroître leurs rentrées fiscales et renflouer leurs finances. Dès lors, les intrigues des deux rois pour faire passer la [[Guyenne]], la [[Duché de Bretagne|Bretagne]] et les Flandres sous leur influence conduisent rapidement à la guerre entre les deux États : celle-ci s'étend finalement sur 116 ans<ref name="Bordonove135">{{harvsp|Bordonove|1971|p=135}}</ref>.

=== La question dynastique ===
{{article détaillé|Succession de Charles IV le Bel{{!}}Succession de {{nobr|Charles {{IV}}}} le Bel}}
[[Fichier:Genealogie guerre de cent ans.png|upright=2|vignette|gauche|Descendance de {{nobr|Philippe {{III}}}} le Hardi, roi de France (1270-1285).]]

Pour comprendre la question dynastique de [[1328]], il faut remonter une dizaine d’années dans le temps. En 1316, la mort de [[Louis X de France|{{nobr|Louis {{X}}}} le Hutin]], deux ans seulement après celle de son père [[Philippe IV de France|Philippe le Bel]], marque la fin du « [[miracle capétien]] » : de [[987]] à [[1316]], les rois capétiens ont toujours eu un fils à qui transmettre la couronne à leur mort. De sa première épouse, [[Marguerite de Bourgogne (1290-1315)|Marguerite de Bourgogne]] qui a été condamnée pour infidélité<ref group="Note">Marguerite de Bourgogne, a été condamnée après avoir été reconnue coupable d'entretenir depuis 1311, des relations d'adultère avec le chevalier [[Philippe d’Aunay]]</ref>, {{nobr|Louis {{X}}}} le Hutin n’a qu’une fille, [[Jeanne II de Navarre|Jeanne de Navarre]]. À sa mort, sa seconde femme attend un enfant. Un fils naît : [[Jean Ier de France|{{nobr|Jean {{Ier}}}} dit le Posthume]], mais il ne vit que quelques jours<ref name="Bove30"/>.

Cas inédit jusqu’alors, l’héritier direct du royaume de France se trouve donc être Jeanne de Navarre, une femme. La décision qui est prise à ce moment est très importante, car elle devient coutume et va être appliquée sur la question dynastique qui va se poser en [[1328]]. L’infidélité de la reine Marguerite n'est qu'un prétexte pour écarter sa fille Jeanne, et choisir [[Philippe V de France|{{nobr|Philippe {{V}}}}]] (frère de {{nobr|Louis {{X}}}} le Hutin) comme roi de France. En fait, il s’agit d’un choix géopolitique découlant du refus de voir un éventuel étranger épouser la reine et diriger le pays. Le choix du monarque français se fonde sur l'hérédité et le sacre, mais l’élection reprend ses droits en cas de problème. Les Capétiens avaient pris soin légalement de renforcer leurs possessions en rattachant à la couronne les fiefs de leurs vassaux morts sans héritiers mâles. Philippe le Bel avait introduit la « clause de la masculinité », selon l’expression de [[Jean Favier]]<ref>{{harvsp|Favier|1980|p=31}}</ref>, en révisant, la veille de sa mort, le statut de l’[[apanage]] de Poitou qui, « faute d’héritier mâle, reviendrait à la couronne de France »<ref name="Ducret" />. La loi salique n’est pas invoquée lors du choix du nouveau roi de France. Ce n’est que trente ans plus tard, vers 1350, qu’un [[bénédictin]] de l’[[abbaye de Saint-Denis]], qui tient la chronique officielle du royaume, invoque cette loi pour renforcer la position du roi de France dans le duel de propagande qu’il livre à {{nobr|Édouard {{III}}}} d’Angleterre<ref>{{harvsp|Favier|1980|p=37}}</ref>. Cette loi date des [[Francs]] et indique que les femmes doivent être exclues de la « terre salique ». Le terme ''salique'' provient de la rivière ''Sala'', aujourd'hui [[Yssel]], aux [[Pays-Bas]], terre des [[Francs saliens]]{{référence insuffisante|<ref>''Dictionnaire historique de la langue française'', dir. Alain Rey, 1998</ref>}}. Cette loi est reprise, adaptée à la situation et avancée comme argument de poids dans les disputes sur la légitimité du roi.

Après le court règne de {{nobr|Philippe {{V}}}}, mort sans héritier mâle, c’est son plus jeune frère, [[Charles IV de France|{{nobr|Charles {{IV}}}}]], qui, bénéficiant du précédent posé par son aîné, ceint à son tour la couronne. Mais son règne dure également peu de temps. Avant de mourir, sa femme étant enceinte, il demande que, si elle lui donne un fils, celui-ci soit roi. Si ce doit être une fille, il charge les nobles de choisir à qui reviendra la couronne<ref>{{harvsp|Favier|1980|p=32}}</ref>.

Quand ce troisième et dernier fils de Philippe le Bel meurt sans descendant mâle en [[1328]], la question dynastique est la suivante : [[Isabelle de France (1292-1358)|Isabelle de France]], dernière fille de Philippe le Bel, a un fils, {{nobr|Édouard {{III}}}}, [[liste des rois d'Angleterre|roi d’Angleterre]]<ref>{{harvsp|Favier|1980|p=33}}</ref>. Peut-elle transmettre un droit qu’elle ne peut elle-même exercer selon la coutume fixée dix ans plus tôt ? {{nobr|Édouard {{III}}}} se propose comme candidat, mais c’est {{nobr|Philippe {{VI}}}} de Valois qui est choisi<ref name="Ducret" />. Il est le fils de [[Charles de Valois (1270-1325)|Charles de Valois]], frère cadet de Philippe le Bel et descend donc par les mâles de la lignée capétienne. Les pairs de France refusent de donner la couronne à un roi étranger, suivant la même logique de politique nationale que dix ans auparavant<ref>{{fr}} [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594 ''Comment le père au roi Édouard fut marié à la fille au beau roi Philippe de France'', Chroniques de Jean Froissart, {{nobr|Livre {{I}}}}, {{nobr|partie {{I}}}}, {{chap.|3}} {{p.|5-6}}], Bibliothèque Nationale de France. Consulté le 12 avril 2010</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Favier|1980|p=36}}</ref>. Avec bien certaines réticences, {{nobr|Édouard {{III}}}} d’Angleterre prête alors hommage à {{nobr|Philippe {{VI}}}}, étant son vassal au titre de la Guyenne<ref>{{harvsp|Favier|1980|p=16}}</ref>{{,}}<ref>{{fr}} [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f112.table ''Comment le roi de France envoya en Angleterre de son plus espécial conseil, pour savoir par les registres d’Angleterre comment le dit hommage se devoit faire; et comment le roi d’Angleterre lui envoya unes lettres, contenant le dit hommage.''.Chroniques de Jean Froissart, {{nobr|Livre {{I}}}}, {{nobr|partie {{I}}}}, {{chap.|53}} {{p.|43-45}}], Bibliothèque Nationale de France. Consulté le 12 avril 2010</ref>

{{nobr|Édouard {{III}}}}, ayant prêté hommage et reconnu pour roi {{nobr|Philippe {{VI}}}} de Valois, et ayant dû accepter des concessions en Guyenne (mais il se réserve le droit de réclamer les territoires arbitrairement confisqués)<ref name="Ducret" />, s'attend à ce qu'on lui laisse les mains libres en Écosse. Mais {{nobr|Philippe {{VI}}}} confirme son soutien à [[David II d'Écosse|David Bruce]]. {{nobr|Édouard {{III}}}} saisit alors le prétexte de sa légitimité royale pour déclencher la guerre<ref name="Balard234">{{harvsp|Balard|Genet|Rouche|2003|p=234}}</ref>.

=== La querelle de Guyenne : le problème de la souveraineté ===
[[Fichier:Guyenne 1328.svg|vignette|France en 1328{{Légende|#EA8B9D|Aquitaine : fief du roi d'Angleterre en France en 1328}}{{Légende|#7F9AD7|Royaume de France}} {{Légende|#8E80FF|Possessions des Plantagenêts en France sous [[Henri II Plantagenêt|Henri II]] en 1180}}]]

Cette querelle est encore plus importante que la question dynastique pour expliquer le déclenchement de la guerre<ref name="Balard234"/>. La Guyenne pose un problème considérable aux rois de France et d’Angleterre : {{nobr|Édouard {{III}}}} se trouve être le vassal de {{nobr|Philippe {{VI}}}} de France et doit donc reconnaitre la souveraineté du roi de France sur la Guyenne. Dans la pratique, un jugement rendu en Guyenne peut être soumis à un appel devant la [[Parlement de Paris|cour de Paris]] et non pas à Londres. Le roi de France a donc le pouvoir de révoquer toutes les décisions juridiques prises par le roi d'Angleterre en Aquitaine, ce qui est bien sûr totalement inacceptable pour les Anglais. Dès lors, la souveraineté sur la Guyenne fait l'objet d'un conflit larvé entre les deux monarchies depuis plusieurs générations<ref name="Favier_13"/>.

En 1323, le père de {{nobr|Philippe {{VI}}}}, Charles de Valois, en expédition pour le compte du roi [[Charles IV de France|{{nobr|Charles {{IV}}}} le Bel]], fait saisir une [[Bretèche|bastide]] fortifiée construite par les Anglais à [[Saint-Sardos (Lot-et-Garonne)|Saint-Sardos]], en plein territoire du duc de Guyenne, malgré les plus vives protestations et recours en justice d'[[Édouard II d'Angleterre|{{nobr|Édouard {{II}}}} d'Angleterre]] et du seigneur voisin Raymond-Bernard de Montpezat. Ce dernier réplique par les armes le 16 octobre 1323, alors que le procureur du roi de France se trouve à Saint-Sardos pour officialiser l'alliance. À la tête de sa troupe, renforcée d'éléments anglais, le seigneur de Montpezat attaque le château de Saint-Sardos et ruine le village. Il fait passer la garnison au fil de l'épée et le représentant de {{nobr|Charles {{IV}}}} est pendu<ref>{{harvsp|Favier|1980|p=14}}</ref>. Devant ce prétexte tout trouvé, le [[Parlement de Paris|Parlement]], arguant que le duc de Guyenne n’avait pas prêté hommage à son suzerain, confisque le duché en juillet 1324. Le roi de France envahit la quasi-totalité de l'Aquitaine mais accepte de mauvaise grâce de restituer ce territoire en 1325. Pour recouvrer son duché, le roi [[Édouard II d'Angleterre|{{nobr|Édouard {{II}}}} d’Angleterre]] doit transiger : il envoie son fils, le futur {{nobr|Édouard {{III}}}}, prêter l’hommage mais le roi de France ne lui propose qu’une Guyenne amputée de l’Agenais. Les choses semblent se débloquer en 1327 à l’avènement d’{{nobr|Édouard {{III}}}} qui recouvre son duché contre la promesse d’une indemnité de guerre<ref name="Favier_15"/>. Mais les Français, faisant traîner en longueur la remise des terres, forcent {{nobr|Édouard {{III}}}} à venir prêter hommage, ce qu’il fait le {{Date|6|juin|1329}}. Cependant, lors de cette cérémonie, {{nobr|Philippe {{VI}}}} fait consigner que l’hommage n’est pas prêté pour les terres qui ont été détachées du duché de Guyenne par {{nobr|Charles {{IV}}}} le Bel (en particulier l’[[Agen]]ais). Édouard considère que son hommage n’implique pas la renonciation de la revendication des terres extorquées<ref>{{en}} [http://www.bartleby.com/65/hu/HundredY.html ''Hundred Years War''], ''The Columbia Encyclopedia, {{6th}} ed. New York: Columbia University Press, 2001–04''. Consulté le 12 avril 2010</ref>{{,}}<ref group="Note">Les lecteurs francophones pourront trouver plus amples informations à l’adresse suivante: ''[http://chrisagde.free.fr/valdirects/ph6etat.php3?page=4 Les Valois directs: {{nobr|Philippe {{VI}}}}. {{nobr|Édouard {{III}}}} roi d’Angleterre prête hommage à {{nobr|Philippe {{VI}}}} (6 juin 1329)'']. Ce site, très clair et en français moderne, ne cite pas ses sources mais suit les chroniques de Jean Froissart : ''[http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f112.tableComment le roi de France envoya en Angleterre de son plus espécial conseil, pour savoir par les registres d’Angleterre comment le dit hommage se devoit faire; et comment le roi d’Angleterre lui envoya unes lettres, contenant le dit hommage''.Chroniques de Jean Froissart, {{nobr|Livre {{I}}}}, {{nobr|partie {{I}}}}, {{chap.|53}} {{p.|43-45}}] (site de la Bibliothèque Nationale de France).</ref>.

=== Intrigues et déclaration de guerre ===
La tension monte entre les deux souverains d'autant que la noblesse pousse au conflit. Elle débouche inévitablement sur une déclaration de guerre en 1337.

Le roi de France aide les [[Royaume d'Écosse|Écossais]] dans leur combat contre l’Angleterre. C’est la politique menée depuis plusieurs siècles par les rois capétiens : il s’agit de la [[Vieille Alliance]] (l'« Auld Alliance »). Le roi d'Écosse, David Bruce, a été chassé par {{nobr|Édouard {{III}}}} en 1333 et {{nobr|Philippe {{VI}}}} l’héberge à [[Château-Gaillard (Eure)|Château-Gaillard]] et réarme ses partisans en attendant qu’il ait reconstitué des forces suffisantes pour reprendre pied en Écosse.

En 1334, il convoque les ambassadeurs anglais, dont l’[[archevêque de Cantorbéry]] et leur précise que l’Écosse de David Bruce est comprise dans la paix<ref>{{fr}} [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f112.table ''Comment le roi David d’Escosse avec la roine sa femme vinrent à Paris au roi de France; et comment il et tous les barons d’Escosse lui promirent et jurèrent qu’ils ne feroient point paix aux Anglois sans son conseil''. Chroniques de Jean Froissart, {{nobr|Livre {{I}}}}, {{nobr|partie {{I}}}}, {{chap.|75}} {{p.|67}}], Bibliothèque Nationale de France. Consulté le 12 avril 2010</ref>{{,}}<ref name="Valois">{{fr}} [http://chrisagde.free.fr/valdirects/ph6etat.php3?page=4''Les Valois directs : {{nobr|Philippe {{VI}}}}. {{nobr|Édouard {{III}}}} roi d’Angleterre prête hommage à {{nobr|Philippe {{VI}}}} (6 juin 1329)'']. Consulté le 12 avril 2010</ref>. En 1335, David Bruce peut attaquer les [[îles Anglo-Normandes]] grâce à une flotte financée par {{nobr|Philippe {{VI}}}}. C'est un échec, mais cela fait craindre à {{nobr|Édouard {{III}}}} une invasion de l'Angleterre<ref name="Bordonove_132"/>.

{{nobr|Édouard {{III}}}} intrigue en Flandre, son mariage avec [[Philippa de Hainaut]] lui permet de tisser des liens dans le Nord de la France et dans le Saint-Empire : [[Robert III d'Artois|Robert d'Artois]] est réfugié à Londres depuis 1336<ref>[[André Castelot]] et [[Alain Decaux]] ''Histoire de la France et des Français au jour le jour'' {{vol.|3}} (1270 à 1408), {{nobr|partie 2}} - {{p.|34}}</ref>, il a acheté l'alliance du comte de Hainaut ainsi que celle de l'empereur [[Louis IV du Saint-Empire|Louis de Bavière]] pour {{unité|300000|florins}} et le duc de Brabant ainsi que le comte Gueldre se tournent vers lui<ref name="Theis273">{{harvsp|Theis|1992|p=273}}</ref>. Les Flamands sont outrés par le ralliement du comte [[Louis Ier de Flandre|{{nobr|Louis {{Ier}}}} de Flandre]] au roi de France et de la pression fiscale qui s'ensuit, mais en cas de relance du conflit avec le roi de France, ils devraient verser une lourde amende au pape (qui a le pouvoir de les [[excommunication|excommunier]] ou de jeter l'[[Interdit (droit canonique)|interdit]] sur les villes flamandes). Il est prévu avec [[Jacob van Artevelde]] (l'homme fort de l'opposition flamande) que les Flandres reconnaissent Édouard comme roi de France ce qui permet de contourner cet accord<ref name="Bordonove135" />. Louis de Nevers réagit en arrêtant des marchands anglais. {{nobr|Édouard {{III}}}} coupe l’approvisionnement en laine de cette région en août 1336<ref name="Theis273"/>, menaçant son économie constituée essentiellement de draperie et de tissage<ref name="Bordonove135" />. Mais surtout, il soutient l'industrie textile du Brabant auquel il est allié et prend des mesures incitatives pour faire venir en Angleterre les tisserands flamands désœuvrés pour y créer sa propre industrie textile. Si la Flandre reste neutre ou prend le parti du roi de France, elle risque de perdre tout son pouvoir économique et est menacée de ruine<ref name="fav78">{{harvsp|Favier|1980|p=78}}</ref>. La Flandre se révolte donc contre les Français en 1337.

La réouverture du conflit aquitain et le soutien apporté par les Valois à ses adversaires écossais amènent {{nobr|Édouard {{III}}}} à faire de ses prétentions au trône de France un moyen de justifier sa cause. Par mesure de rétorsion, {{nobr|Philippe {{VI}}}} décide donc de confisquer la Guyenne pour [[félon]]ie le {{date|24|mai|1337}}<ref>Eugène Déprez, ''Les préliminaires de la guerre de cent ans'', Libraire des Écoles Françaises d'Athènes et de Rome, 1902.</ref>. {{nobr|Édouard {{III}}}} d’Angleterre réplique en revendiquant la [[couronne de France]]. Le {{Date|7|octobre|1337}}, un archevêque est envoyé à Paris pour jeter le gant à « Philippe, qui se dit roi de France »<ref name="Ducret" />. La guerre commence.

== Principales phases du conflit ==
{{article détaillé|Chronologie de la guerre de Cent Ans}}
La guerre de Cent Ans comprend deux grands mouvements qui répondent à une même structure : une première période, de [[1337]] à [[1380]], qui voit l'effondrement de la puissance de la monarchie française, puis une période de crise suivie d’un rétablissement et d’une seconde période, de [[1415]] à [[1453]], reproduisant le même cycle : effondrement, crise, rétablissement. Ces deux périodes sont séparées par une longue trêve provoquée par des conflits de pouvoir dans les deux camps.

On peut subdiviser chacune de ces deux grandes périodes en deux phases :
[[Image:Hundred years war.gif|droite|vignette|{{Légende|#FFFF80|Territoires contrôlés par les Français}} {{Légende|#B2B2B2|Territoires contrôlés par les Anglais}}
{{Légende|#868686|Territoires contrôlés par le duc de Bourgogne }}]]
* De 1337 à [[1364]], le génie tactique d’{{nobr|Édouard {{III}}}} d’Angleterre entraîne une succession de victoires anglaises sur la chevalerie française. La noblesse française est complètement discréditée et le pays sombre dans la guerre civile. À la suite du [[traité de Brétigny]], une grande partie de la France est contrôlée par les Anglais.
* De 1364 à 1380, [[Charles V de France|{{nobr|Charles {{V}}}}]] entame une patiente reconquête du territoire. Le roi a compris que la victoire finale se jouerait sur le sentiment d’appartenance nationale. Il laisse les Anglais ravager la campagne par des [[chevauchée]]s alors que lui-même soulage la population en envoyant les [[Grandes compagnies]] combattre en [[Royaume de Castille|Castille]]. Évitant les batailles rangées qui ont été désastreuses durant la première phase du conflit, il reprend progressivement plusieurs places fortes à l’ennemi. En [[1375]], {{nobr|Édouard {{III}}}} ne contrôle plus sur le continent que [[Calais]], [[Cherbourg]], [[Brest]], [[Bordeaux]], [[Bayonne]], et quelques forteresses dans le [[Massif central]].
* De 1380 à [[1429]], la minorité puis la folie de [[Charles VI de France|{{nobr|Charles {{VI}}}}]] permettent aux « grands », les membres de la haute noblesse française, de prendre le contrôle du royaume. Il en résulte une rivalité entre les [[Duché de Bourgogne|ducs de Bourgogne]] et [[Duc d'Orléans|d’Orléans]] qui dégénère en [[guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons|guerre civile]]. [[Henri V d'Angleterre|{{nobr|Henri {{V}}}}]] en joue et reprend du terrain sur le continent. Il en résulte le désastre français de la [[bataille d'Azincourt|bataille d’Azincourt]]. En [[1419]], l’[[assassinat de Jean sans Peur]] entraîne une alliance anglo-bourguignonne et l’effondrement du [[Armagnacs|parti d’armagnac]]. En vertu du [[traité de Troyes]] de [[1420]], {{nobr|Henri {{V}}}} épouse la fille de {{nobr|Charles {{VI}}}}, devient l’héritier de ce dernier et cumule les titres de roi d’Angleterre et de [[Régence|régent]] de France. Le [[Dauphin (titre)|dauphin]] [[Charles VII de France|Charles]] est déshérité. Cependant, à la suite de la mort prématurée d’{{nobr|Henri {{V}}}}, son fils [[Henri VI d'Angleterre|{{nobr|Henri {{VI}}}}]], âgé de quelques mois, prend le titre de roi de France et d’Angleterre.
* De 1429 à [[1453]], les Anglais sont progressivement chassés de France. [[Jeanne d'Arc|Jeanne d’Arc]] cristallise le [[sentiment national]] et assoit {{nobr|Charles {{VII}}}} sur le trône en dépit du [[traité de Troyes]] qui l’avait déshérité. Les Anglais privés du soutien de la population sont lentement chassés du continent. En [[1435]], le [[Traité d'Arras (1435)|traité d’Arras]] met fin à l’alliance anglo-bourguignonne et déséquilibre définitivement le rapport de force en faveur des Français. En [[1453]], les Anglais ne contrôlent plus que [[Calais]] à la suite de leur défaite subie à [[Bataille de Castillon|Castillon]]. Mais la paix n’est finalement signée qu’en 1475, sous les règnes de [[Louis XI de France|{{nobr|Louis {{XI}}}}]] et d’[[Édouard IV d'Angleterre|{{nobr|Édouard {{IV}}}}]].

=== Les victoires d’{{nobr|Édouard {{III}}}} : de 1337 à 1364 ===
==== La guerre par procuration ====
[[Fichier:Edward-III-king-England.jpg|vignette|gauche|redresse|[[Édouard III d'Angleterre|{{nobr|Édouard {{III}}}} d'Angleterre]]<br />(gisant dans l'[[abbaye de Westminster]]).]]
[[Fichier:Phil6france.jpg|vignette|redresse|[[Philippe VI de France|{{nobr|Philippe {{VI}}}}]], roi de France<br />(détail de la miniature ''Le procès de Robert d'Artois'', vers 1336, Paris, [[Bibliothèque nationale de France|BnF]], [[Manuscrit|ms.]] français 18437, {{folio}}2).]]

Si la guerre est déclarée en [[1337]], le conflit ne débute que plus tard. Les deux rois ne sont pas riches, et doivent négocier les impôts avec leur [[parlement]] respectif, voire emprunter l’argent nécessaire à la guerre.

Les belligérants commencent la guerre par alliés interposés. Ainsi, {{nobr|Édouard {{III}}}} d’Angleterre soutient [[Jean de Montfort (1294-1345)|Jean de Montfort]] contre [[Charles de Blois]], parent de [[Philippe VI de France|{{nobr|Philippe {{VI}}}}]], lors de la [[Première guerre de Succession de Bretagne|guerre de Succession de Bretagne]]<ref>''Comment le comte de Montfort s’en alla en Angleterre et fit hommage au roi d’Angleterre de la duché de Bretagne''.Chroniques de Jean Froissart, {{nobr|Livre {{I}}}}, {{nobr|partie {{I}}}}, {{chap.|152}} {{p.|133-134}} [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f112.table Bibliothèque Nationale de France] et ''Comment les douze pairs et les barons de France jugèrent que messire Charles de Blois devoit être duc de Bretagne; et comment ledit messire Charles les pria qu’ils lui veuillent aider''. Chroniques de Jean Froissart, {{nobr|Livre {{I}}}}, {{nobr|partie {{I}}}}, {{chap.|154}} {{p.|134}} [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f136.table Bibliothèque Nationale de France]</ref>. De leur côté, les Français soutiennent les Écossais en guerre contre les Anglais<ref>''Comment le roi David d’Escosse avec la reine sa femme vinrent à Paris au roi de France; et comment il et tous les barons d’Escosse lui promirent et jurèrent qu’ils ne feroient point paix aux Anglois sans son conseil''. Chroniques de Jean Froissart, {{nobr|Livre {{I}}}}, {{nobr|partie {{I}}}}, {{chap.|75}} {{p.|67}} [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f112.table Bibliothèque Nationale de France]</ref>.

Au début du conflit, tandis qu'[[Édouard III d'Angleterre|{{nobr|Édouard {{III}}}}]], en tant que petit-fils de Philippe le Bel, peut revendiquer la couronne de France, le roi de France, n’ayant pas de revendication sur la couronne d’Angleterre, n’a qu’un but : récupérer la [[Guyenne]]. Il lui faut donc contraindre {{nobr|Édouard {{III}}}} d’Angleterre à en accepter la confiscation et à mettre fin à ses prétentions à la couronne de France.

Les Français, avec le renfort de [[mercenaire]]s [[République de Gênes|génois]], ont le rapport de force maritime pour eux. Ainsi, la flotte française pille régulièrement les ports anglais<ref>Blaye, Portsmouth, Plymouth et Southampton sont pillés : {{harvsp|Favier|1980|p=91}}</ref>. Une stratégie de [[blocus]] est imaginée car le vin de Guyenne et le sel de [[Bretagne]] ou de [[Poitou]] sont vitaux pour l’Angleterre<ref group="Note">Pour des raisons de santé publique : à l’époque le vin est plus salubre que l’eau et le sel indispensable à la conservation des aliments. ''Y a-t-il une pensée navale dans l’occident médiéval?'', Philippe Richardot, [http://www.stratisc.org/PN7_Richardot.html Stratis.org]</ref>. Le commerce de la laine vers les Flandres et du [[vin de Bordeaux]] est interrompu et les finances anglaises sont au plus mal. Les drapiers flamands sévèrement touchés par le conflit se soulèvent contre leur comte [[Louis Ier de Flandre|{{nobr|Louis {{Ier}}}} de Flandre]]<ref>{{harvsp|Favier|1980|p=91}}</ref>. Ils sont conduits par [[Jacob van Artevelde]] qui a pris le pouvoir en Flandres et s’allient au roi d’Angleterre<ref>''Comment les seigneurs d’Angleterre firent alliance avec les Flamands par donner et par promettre, et espécialement avec Jaquemart d’Artevelle''. Chroniques de Jean Froissart, {{nobr|Livre {{I}}}}, {{nobr|partie {{I}}}}, {{chap.|66}}, Bibliothèque Nationale de France, {{lire en ligne|url=http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f129.table}}, {{p.|60}}</ref>.

[[Fichier:BattleofSluys.jpeg|vignette|droite|[[Bataille de L'Écluse]] à Sluys. Miniature de [[Loyset Liédet]] tirée des ''Chroniques'' de [[Jean Froissart]], BNF, Fr.2643.]]

Le commerce ayant repris avec l’Angleterre, les Français envoient leur flotte à [[L'Écluse (Pays-Bas)|L'Écluse]], à l’embouchure du canal reliant [[Bruges]] à la [[Mer du Nord]], pour imposer un blocus naval. Le {{Date|24|juin|1340}}, lors de [[bataille de l'Écluse|la bataille de l’Écluse]], la flotte française, y compris de nombreux navires bretons<ref>1340, le duc de Bretagne fournit une forte escadre de vaisseaux de Bretagne à la flotte française, détruite le 24 juin, dans le port de l'Ecluse, par les flottes anglo-flamandes coalisées. «Environ quatre-vingts grands vaisseaux, » dit d'Argentré, voir aussi la Borderie, Histoire des villes de France, d'Aristide M. Guilbert, Mnémonique de l'histoire, ou précis d'histoire universelle en tableaux… de C. M. Nicolle</ref>, subit une défaite totale qui [[Histoire de la marine française de l'Antiquité à la Renaissance#La guerre de Cent Ans sur mer|inverse le rapport de force maritime]]. Cette défaite met fin au projet d’envoyer des troupes françaises soutenir les Écossais, et permet à {{nobr|Édouard {{III}}}} d’Angleterre de relancer le commerce de la laine<ref>{{en}} [http://links.jstor.org/sici?sici=0038-7134(197301)48%3A1%3C70%3ATEOTBO%3E2.0.CO%3B2-1 ''The Effects of the Battle of Sluys upon the Administration of English Naval Impressment, 1340-1343''] J. S. Kepler, Speculum, {{vol.|48}}, {{N°|1}} (Jan., 1973), {{p.|70-77}}</ref>. Au début des années 1340, le retour des laines anglaises ne ramène cependant pas la prospérité en Flandres et l’autorité de Jacob van Artevelde est de plus en plus contestée. De plus, le pape [[Clément VI|{{nobr|Clément {{VI}}}}]] ayant lancé une [[excommunication]] aux Flamands parjures<ref name="Bordonove135" />, Louis de Flandre parvient à reprendre pied dans le comté et force Jacob van Artevelde à répondre par une fuite en avant. Ce dernier désavoue le [[liste des comtes de Flandre|comte de Flandre]] et propose le comté à [[Édouard de Woodstock]], fils d’{{nobr|Édouard {{III}}}} d’Angleterre, le futur [[Édouard de Woodstock|Prince noir]]. Mais il est trop tard pour lui. Contesté dans sa ville même de [[Gand]], Jacob van Artevelde est assassiné lors d’une émeute le [[17 juillet|17]] ou le {{Date|24|juillet|1345}}. La Flandre abandonne dès lors {{nobr|Édouard {{III}}}} et se rallie à la France<ref>{{en}} ''Jacob van Artevelde'' (2007). In Encyclopædia Britannica. Retrieved January 10, 2007, [http://concise.britannica.com/ebc/article-9001572/Jacob-van-Artevelde Britannica Concise Encyclopedia]</ref>.

[[Image:Début guerre de cent ans.svg|vignette|{{1re}} phase de la guerre de Cent Ans {{Légende|#FAEB1C|Principales batailles}}
{{Ligne de légende|black dotted 2px|[[Chevauchée d'Édouard III (1339)|Chevauchée d'Édouard III en 1339]]}}
{{Ligne de légende|red dotted 2px|[[Chevauchée d'Édouard III (1346)|Chevauchée d'Édouard III en 1346]]}}
{{Ligne de légende|yellow dotted 2px|[[Chevauchée du Prince noir (1355)|Chevauchée du Prince noir en 1355]]}}
{{Ligne de légende|pink dotted 2px|[[Chevauchée de Lancastre (1356)|Chevauchée de Lancastre en 1356]]}}
{{Ligne de légende|green dotted 2px|[[Chevauchée du Prince noir (1356)|Chevauchée du Prince noir en 1356]]}}
{{Ligne de légende|grey dotted 2px|[[Chevauchée d'Édouard III (1359-1360)|Chevauchée d'Édouard III en 1359-60]]}}]]

Fort de sa nouvelle maîtrise maritime, une armée d’{{nobr|Édouard {{III}}}} d’Angleterre débarque à [[Brest]] en [[1343]]. Toutefois, son allié [[Jean de Montfort (1294-1345)|Jean de Montfort]] est capturé à [[Nantes]], puis meurt en [[1345]]. [[Charles de Blois]] reste seul prétendant au duché de Bretagne. Une trêve est signée en Bretagne, les Anglais gardent le contrôle de Brest jusqu’en [[1397]].

Redoutant une invasion anglaise, {{nobr|Philippe {{VI}}}} parvient à convaincre son vieil allié écossais d’attaquer l’Angleterre par le nord car, {{nobr|Édouard {{III}}}} ayant regroupé son armée au sud du pays, la frontière écossaise devrait être peu défendue<ref name="Marshall">{{en}} Henrietta Elizabeth Marshall, ''{{nobr|David {{II}}}}.—The Battle of Neville's cross'', Scotland's Story {{p.|194}} [http://www.mainlesson.com/display.php?author=marshall&book=scotland&story=nevilles The Baldwin Project]</ref>. Le {{Date|7|octobre|1346}}, [[David II d'Écosse|{{nobr|David {{II}}}}]], roi d’[[Écosse]] attaque l’Angleterre à la tête de {{unité|12000|hommes}}. Mais il est défait et capturé à la [[bataille de Neville's Cross|bataille de Neville’s Cross]]. {{nobr|Édouard {{III}}}} d’Angleterre a les mains libres pour débarquer en France.

==== Les chevauchées ====
Pour pouvoir continuer la guerre, {{nobr|Édouard {{III}}}} doit rallier les élites, et donc le Parlement, à sa cause. Pour ce faire il était nécessaire de mener des actions victorieuses sur le continent, or à cette époque la France est avec 20 millions d’habitants cinq fois plus peuplée que l’Angleterre. La [[chevalerie]] française est la plus nombreuse et la plus aguerrie d’Europe, c’est pourquoi {{nobr|Édouard {{III}}}} n’envisage pas de tenir le terrain où il était facile de perdre crédibilité, armée et même sa propre vie. Les quelques batailles rangées comme celles de Crécy, Poitiers voire Azincourt l’étaient plus par la force des choses que d’une volonté d’affront direct<ref name="Bove69">{{harvsp|Bove|2009|p=69}}</ref>. {{nobr|Édouard {{III}}}} prévoit donc une guerre de [[pillage]] qui a le mérite de s’autofinancer. Une des plus célèbres [[Chevauchée d'Édouard III en 1346|chevauchées anglaises est celle de 1346]] : une armée réduite, mobile, avançant sur un front réduit et pratiquant une guerre totale dévastant systématiquement les régions traversées, sans égards pour une population dont le roi d'Angleterre se dit le souverain légitime.

En 1347, juste avant le début de la [[peste noire]], [[Philippe VI de France|{{nobr|Philippe {{VI}}}}]] dispose d’une armée de {{unité|50000|soldats}}. Numériquement l’avantage revient à la France nettement plus peuplée que l’Angleterre, mais la guerre d’{{nobr|Édouard {{III}}}}, loin de ses bases, lui coûte moins cher et oblige le roi de France à se lancer dans un conflit défensif ruineux. En effet, la durée de mobilisation de l’armée anglaise est de quelques mois, de plus elle est largement rentabilisée par les pillages. Le nombre de soldats est limité aussi à cause de la capacité de la flotte anglaise : sur les 20 à {{unité|30000|soldats}} à sa disposition, {{nobr|Édouard {{III}}}} n’en choisit que la moitié, parmi les meilleurs. Face à cela, le roi français a deux solutions. La première consiste à laisser passer les armées anglaises tout en garnissant les châteaux et les cités fortifiées ; le coût de cette méthode est élevé, ajoutant celui des troupes en garnison à celui du pillage et la destruction de la campagne environnante par l'ennemi, avec pour conséquence un fort discrédit pour le souverain. La seconde consiste à mobiliser la population avec la difficulté du temps passé à former l’armée pendant lequel les [[chevauchée]]s remplissent leur objectifs, obligeant les troupes du roi de France à ne pouvoir que poursuivre les Anglais, qui dès lors peuvent choisir quand et où a lieu l'affrontement. {{nobr|Philippe {{VI}}}} tente les deux stratégies sans succès<ref name="Bove79"/>.

{{nobr|Édouard {{III}}}} visait plusieurs objectifs par ces pillages, tout d’abord il faut bien comprendre que le but n'est pas véritablement la possession du royaume de France. Il cherche à moyen terme à saper l’autorité de {{nobr|Philipe {{VI}}}} en démontrant qu’il est incapable de défendre son peuple et, à long terme, son but est avant tout la consolidation et la validation juridique définitive de sa souveraineté exclusive sur la Guyenne, si possible agrandie : il cherche plus à cesser d'être un vassal du roi de France pour la Guyenne qu'à le remplacer sur le trône de France, comme le montre son renoncement à cette revendication lors du [[traité de Brétigny]] {{référence insuffisante}}<ref name="Bove">{{harvsp|Bove|2009|p=?}}</ref>.

Pour réaliser ses objectifs, {{nobr|Édouard {{III}}}}, lors de sa première chevauchée de 1339, débarque sur le continent avec {{unité|10000}} à {{unité|15000|hommes}} dont {{unité|1600|hommes}} d’armes (cavalerie lourde), {{unité|1500|archers}} montés, {{unité|1650|archers}} à pied et 800 hommes recrutés aux Pays-Bas et en Germanie<ref name="Bove69"/>. Divisés en trois groupes avançant en parallèle sur dix à vingt kilomètres par jour dans un couloir d’environ vingt kilomètres, selon un circuit où les villes peu ou pas fortifiées sont les premières visées<ref name="Bove69"/>, ses armées pillent méticuleusement les terres en prenant soin de détruire le bétail et les instruments de production comme les fours ou les moulins. Finalement, cette chevauchée de 1339 ravage plus de 200 villages<ref name="Bove70">{{harvsp|Bove|2009|p=70}}</ref>. Six ans plus tard en 1345, la chevauchée menée par {{nobr|Édouard {{III}}}} s’avère encore plus productive du côté anglais mais aussi plus destructrice pour les Français jusqu’à ce que finalement les deux armées se rencontrent à [[Bataille de Crécy|Crécy]] le {{Date|26|août|1346}}. Les Français sont plus nombreux, mais l’armée française, comptant sur sa chevalerie puissante, affronte une armée anglaise composée d’[[archer]]s et de [[Infanterie|fantassins]] en cours de professionnalisation. Les tactiques utilisées découlent de l’organisation sociale différente des deux pays. La France est un pays [[Féodalité|féodal]] et religieux dont la noblesse doit justifier sur le champ de bataille l’origine divine de son pouvoir : on doit vaincre l’adversaire face à face dans un corps à corps héroïque. La noblesse française applique à la lettre les codes de la chevalerie, et combat courtoisement : c’est-à-dire en évitant de tuer un chevalier ennemi de sang noble, mais plutôt en cherchant à [[rançon au Moyen Âge|le capturer afin de le rançonner]].

[[Image:Battle of crecy froissart.jpg|vignette|La [[bataille de Crécy]]. Miniature de Loyset Liédet tirée des ''Chroniques'' de Jean Froissart, BNF, Fr.2643.]]

De son côté, l’Angleterre est un pays tourné vers l’artisanat et le commerce. La tactique guerrière des Anglais, rodée par des années de guerre en Écosse, est fondée sur une recherche maximum d’efficacité. Il en résulte une armée très organisée où les chevaliers comptent moins.

Au vu de leur grande supériorité numérique, les Français sont certains de l’emporter à Crécy. Or, confrontée à la baisse de ses revenus fonciers, [[rançon au Moyen Âge|la noblesse compte se renflouer avec les rançons demandées en échange des chevaliers adverses capturés]]<ref name="Balard231"/>. Dès lors, chacun veut atteindre le plus vite possible l’ennemi anglais afin de se tailler la part du lion ; personne n’obéit aux ordres du roi {{nobr|Philippe {{VI}}}} qui, emporté par le mouvement, est contraint de se lancer à corps perdu dans la bataille. Gênés dans leur progression par leurs propres piétons et les [[arbalétrier (Histoire militaire)|arbalétriers]] mercenaires génois mis en déroute par la pluie de flèches anglaises, les chevaliers français sont obligés d’en découdre avec leurs propres hommes. C’est un désastre du côté français où {{nobr|Philippe {{VI}}}} de Valois s’illustre par son incompétence militaire : les chevaliers français chargent par vagues successives le mont de Crécy, mais leurs montures (à l’époque non ou peu protégées) sont massacrées par les pluies de flèches décochées par les archers anglais abrités derrière des rangées de pieux. Peinant à se relever de leur chute, les chevaliers français, lourdement engoncés dans leurs armures, sont des proies faciles pour les fantassins qui n’ont plus qu’à les achever<ref>{{en}} ''The Battle of Crécy'', Jonathan Blair [http://www.myarmoury.com/feature_battle_crecy.html myarmoury.com]</ref>.

[[Fichier:Auguste Rodin-Burghers of Calais London (photo).jpg|vignette|gauche|Statue des bourgeois de Calais par [[Auguste Rodin]].]]

L’armée française anéantie, {{nobr|Édouard {{III}}}} remonte vers le nord et met le [[Siège de Calais (1346)|siège devant Calais]]. Avec une armée de secours, le roi de France essaie bien de lever le [[blocus]] de la ville, mais n’ose pas affronter {{nobr|Édouard {{III}}}}.

C’est dans de dramatiques circonstances, au cours desquelles les célèbres [[Siège de Calais (1346)#Reddition de la ville et épisode des bourgeois de Calais|bourgeois de Calais]] remettent les clés de leur ville aux assiégeants, que Calais passe sous domination anglaise (1346), laquelle va durer jusqu’au {{s|XVI}}. {{nobr|Philippe {{VI}}}} négocie une trêve avec {{nobr|Édouard {{III}}}}, qui, en position de force, obtient la [[souveraineté]] pleine et entière sur Calais. {{nobr|Édouard {{III}}}} rentre en Angleterre victorieux, les bras chargés des richesses pillés en France et avec lui les clefs de la ville Calais qui n’était d’ailleurs même pas prévue à son départ, {{nobr|Philipe {{VI}}}} quant à lui ressort totalement humilié et apparaît comme un roi incapable de défendre son territoire<ref name="Bove70"/>.

[[Image:JeanIIdFrance.jpg|vignette|redresse|[[Jean II de France|{{nobr|Jean {{II}}}} ''le Bon'']], roi de France de 1350 à 1364, [[musée du Louvre]].]]

Si la [[peste noire]], ou Grande [[Peste]], de [[1349]] oblige les belligérants à cesser le combat jusqu’en [[1355]], elle est aussi vécue comme une punition divine<ref name="Theis269"/>. {{nobr|Philippe {{VI}}}} doit sa couronne à un vote des [[Pairie de France (Ancien Régime)|pairs de France]] qui ont écarté {{nobr|Édouard {{III}}}} et [[Philippe III de Navarre|Philippe d’Évreux]]. Vaincu par une armée nettement inférieure en nombre à Crécy, le roi de France a dû fuir, ce qui met en doute la légitimité divine de son pouvoir<ref name="Theis278">{{harvsp|Theis|1992|p=278-279}}</ref>. Le prestige et l’autorité royale des [[Maison capétienne de Valois|Valois]] sont donc profondément altérés<ref name="Theis269">{{harvsp|Theis|1992|p=269}}</ref>. Le désordre s’installe dans le royaume sans que son successeur, [[Jean II de France|{{nobr|Jean {{II}}}} ''le Bon'']], parvienne à inverser la tendance. L’économie va mal et, pour éviter de recourir aux impôts de plus en plus impopulaires, l'État procède à des mutations qui dévaluent brutalement la monnaie<ref name="Franc"/>; le commerce se réduit comme une peau de chagrin<ref name="Balard280"/> ce qui conduit les commerçants et artisans à souhaiter plus d’autonomie pour les villes et une monnaie stable. Les mercenaires démobilisés se regroupent en bandes et forment les [[Grandes compagnies]] qui terrorisent et pillent les campagnes. L’insécurité grandit sur les routes et dans les campagnes : la noblesse ne remplit plus le rôle qui lui est imparti dans la société féodale.

{{Article détaillé|Grandes compagnies}}

==== L'influence du roi de Navarre ====

Le roi [[Charles II de Navarre|{{nobr|Charles {{II}}}} de Navarre]] dit "le Mauvais" est le petit-fils de [[Louis X le Hutin|{{nobr|Louis {{X}}}} le Hutin]]. Sa mère [[Jeanne II de Navarre|Jeanne]], écartée de la couronne de France par ses oncles puis par les Valois, n'a pu ceindre que la couronne de Navarre. Privée de ses terres restantes, la Brie et la Champagne, elle transmet un profond ressentiment à son fils {{nobr|Charles {{II}}}}, roi de Navarre à sa mort en 1349. Se considérant comme l’héritier légitime du trône de France, il entre à partir de 1353 en conflit avec le roi de France pour de nombreuses années<ref>{{harvsp|Ramirez de Palacios|2015|p=78}}</ref>. En janvier 1354, il fait [[assassinat de Charles de la Cerda|assassiner le favori du roi]] [[Charles de La Cerda]], auquel {{nobr|Jean {{II}}}} vient de donner le comté d'Angoulême qui lui revenait de droit<ref>{{harvsp|Ramirez de Palacios|2015|p=81}}</ref>. Jean le Bon, qui ne souhaite pas rompre la trêve avec les Anglais, est obligé d’accepter le [[traité de Mantes]] le {{Date|22|février|1354}}<ref>''Comment messire Charles d’Espaigne fut occis par le fait du roi Charles de Navarre à Laigle en Normandie, et comment le roi Jean voulut contrevenger sa mort''.Chroniques de Jean Froissart, {{nobr|Livre {{I}}}}, {{nobr|partie {{II}}}}, {{chap.|13}} {{p.|301}} [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594 Bibliothèque Nationale de France]</ref>. Par ce dernier, le Navarrais agrandit son domaine normand de plusieurs [[vicomté]]s et [[fief]]s : [[Beaumont-le-Roger]], [[Breteuil (Eure)|Breteuil]], [[Conches-en-Ouche|Conches]], [[Pont-Audemer]], [[Orbec]], [[Valognes]], [[Coutances]] et [[Carentan]]. En contrepartie, il abandonne ses prétentions sur la [[Champagne (province)|Champagne]].

Mais {{nobr|Jean {{II}}}} tarde à appliquer le traité de Mantes et cherche même à assassiner {{nobr|Charles {{II}}}} et ses frères à l'occasion d'un dîner<ref>{{harvsp|Ramirez de Palacios|2015|p=91}}</ref>. {{nobr|Charles {{II}}}} de Navarre rentre alors à Pampelune, recrute des troupes et s'allie avec le duc de Lancastre<ref>[[André Castelot]] et [[Alain Decaux]], ''Histoire de la France et des Français au jour le jour'' {{vol.|3}}, {{nobr|partie 2}} de 1316 à 1358, {{p.|92}} : « novembre 1354, Charles le Mauvais conclut avec le duc de Lancastre un pacte qui prévoit le démembrement de la France : Édouard recevra la couronne de France mais laissera à son cousin Charles de Navarre la Normandie, la Champagne, la Brie, le Languedoc et quelques autres fiefs. Malheureusement, ces négociations échouent ». Voir aussi {{harvsp|Ramirez de Palacios|2015|p=94}}.</ref>. Un plan de partage de la France est établi entre Anglais et Navarrais au terme duquel, en cas de conquête de la France, il en obtiendrait de grandes régions et {{nobr|Édouard {{III}}}} le reste du pays et la couronne<ref>{{harvsp|Ramirez de Palacios|2015|p=94-96}}</ref>. Le retour de {{nobr|Charles {{II}}}} à Cherbourg en août 1355 avec une forte troupe ainsi que la menace anglaise contraignent {{nobr|Jean {{II}}}} à respecter ses engagements. Il signe le traité de Valognes le {{Date|10|septembre|1355}} et remet au roi de Navarre les terres qui lui sont dues<ref>{{harvsp|Ramirez de Palacios|2015|p=100-103}}</ref>.

Toujours confronté à la menace anglaise, Jean le Bon doit convoquer les [[états généraux (France)|états généraux]], le {{Date|28|décembre|1355}}, pour lever l’armée de {{unité|30000|hommes}} nécessaires. Ceux-ci sont extrêmement méfiants quant à la gestion des finances publiques (échaudés par les [[dévaluation]]s entraînées par les mutations monétaires<ref group="Note">Le roi pouvait changer le cours d’une monnaie : il favorisait ainsi les monnaies royales à forte teneur en or face aux monnaies d’argent frappées par ses vassaux ''Le Franc histoire d’une monnaie. Les mécanismes de mutation'' [http://classes.bnf.fr/franc/reperes/mecanism.htm Bibliothèque Nationale de France] et {{harvsp|Balard|Genet|Rouche|2003|p=273}}</ref>) et n’acceptent la levée d’une taxe sur le sel (la [[gabelle du sel|gabelle]]) que si les états généraux peuvent en contrôler l’application et l’utilisation des fonds prélevés. Les officiers qui prélèveraient la taxe doivent être désignés par les états généraux et 10 députés doivent entrer au [[Conseil du roi de France|conseil du roi]] afin de contrôler les finances<ref>Jourdan, Decrusy et Isambert, ''Recueil général des anciennes lois françaises, depuis l’an 420 jusqu’à la Révolution de 1789'', Paris : Belin-Leprieur : Plon, 1821-1833, {{lire en ligne|url=http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k51690p/f390}}, {{p.|738-745}}</ref>.

[[Fichier:John the Good king of Fra ordering the arrest of Charles the Bad king of Navarre jpg.jpg|vignette|gauche|Arrestation de [[Charles le Mauvais]], ''Chroniques de Froissart'', Fr.2643.]]

La Normandie, région rebelle, refuse de payer : le [[Dauphin (titre)|dauphin]] Charles, récemment nommé duc, réunit les états de Normandie. Charles le Mauvais voit dans cette levée impopulaire d'impôt, l'occasion de déstabiliser une couronne chancelante en fédérant les mécontents. Présent au titre de ses possessions normandes (il est [[Comté d'Évreux|comte d’Évreux]]), il tente alors un rapprochement avec son beau-frère qu'il essaie de convaincre que son père Jean le Bon souhaite le déshériter (Charles est chétif, selon certaines sources présenterait une malformation de la main droite, est peu avantagé sur les champs de bataille et est donc loin de représenter l'idéal chevaleresque cher à son père)<ref>{{harvsp|Cazelles|2006|p=138-139}}. L'hypothèse d'un complot de {{nobr|Charles {{II}}}} visant à discréditer {{nobr|Jean {{II}}}} auprès de son fils est aujourd'hui remise en question : {{harvsp|Ramirez de Palacios|2015|p=105}}</ref>. De ce fait, le {{Date|5|avril|1356}}, le dauphin a convié en son château de [[Rouen]] tous les hauts seigneurs de la province. La fête bat son plein lorsque surgit {{nobr|Jean {{II}}}} le Bon qui vient se saisir de Charles le Mauvais. Averti de l'opposition de son gendre (il lui a donné en 1352 en mariage sa fille Jeanne de France<ref>{{harvsp|Ramirez de Palacios|2015|p=69}}</ref>) et de bruits d'une alliance avec les Anglais, le roi laisse éclater sa colère qui couve depuis près de deux ans, en fait depuis l’assassinat, en janvier [[1354]], de son favori le [[connétable]] Charles de La Cerda. Il fait décapiter sur-le-champ les compagnons de Charles le Mauvais et fait incarcérer ce dernier<ref>''Comment ceux de Rouen et d’Évreux se refusèrent à l’établissement d’une gabelle sur le sel par l’ennortement du seigneur de Harecourt et du roi de Navarre, et comment le roi Jean fit mettre les mains sur le roi de Navarre ens ou châtel de Rouen''.Chroniques de Jean Froissart, {{nobr|Livre {{I}}}}, {{nobr|partie {{II}}}}, {{chap.|20}} {{p.|322-325}} [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f392.table Bibliothèque Nationale de France]</ref>.

[[Philippe de Navarre]] le frère de Charles le Mauvais envoie son défi au roi de France dès le 17 avril 1356<ref>{{harvsp|Ramirez de Palacios|2015|p=112}}</ref>. L'arrestation de {{nobr|Charles {{II}}}} par le roi de France sera lourde de conséquences. Les Navarrais et particulièrement les seigneurs normands passent en bloc du côté d'{{nobr|Édouard {{III}}}}. En juin 1356, Philippe de Navarre lance une redoutable [[chevauchée]] en Normandie, puis rend hommage à {{nobr|Édouard {{III}}}}<ref>{{harvsp|Ramirez de Palacios|2015|p=115-118}}</ref>. Les Anglais n'attendaient que cela pour intervenir en France. En juillet, le prince de Galles lance une chevauchée en [[Guyenne]], qui aboutira à la défaite française de Poitiers<ref>{{harvsp|Ramirez de Palacios|2015|p=119}}, ''Le roi {{nobr|Jean {{II}}}} le bon fut-il un mauvais roi ?'', duc de Lévis Mirepoix, ''Historama'' Janvier 2003 [http://medieval.mrugala.net/Jean%20II/Jean%20II.htm]</ref>.

[[Image:Battle-poitiers(1356).jpg|vignette|gauche|La [[Bataille de Poitiers (1356)|bataille de Poitiers]], ''Chroniques de Froissart'', Fr.2643.]]

Après avoir maté d'une main de fer une rébellion dans son comté anglais de Chester, Édouard de Woodstock, fils aîné d'{{nobr|Édouard {{III}}}}, s'était vu gratifié de la confiance de son père qui lui avait confié le poste de lieutenant de Gascogne : ainsi avait commencé la première chevauchée menée par le fameux capitaine anglais. En [[1355]], le Prince noir, parti de Bordeaux avec des chevaliers gascons, notamment Amanieu d'Albret, seigneur de [[Langoiran]], avait pillé la campagne française à travers les comtés de Julliac, d'Armagnac et d'Astarac. Ses troupes avaient commis de nombreuses atrocités dans la région de Carcassonne. En juillet 1356, le Prince noir revient sur le sol français pour une nouvelle campagne de pillages. Il échoue devant Bourges, mais prend Vierzon dont la garnison est massacrée. Gênée par le poids du butin, sa troupe oblique alors vers l'ouest, puis vers Bordeaux en passant par Poitiers. [[Jean II le Bon|{{nobr|Jean {{II}}}} le Bon]] le poursuit avec une armée deux fois plus nombreuse, composée de chevaliers lourds, et le rattrape dans les environs de [[Poitiers]]. La [[Bataille de Poitiers (1356)|bataille de Poitiers]] a lieu le {{Date|19|septembre|1356}}. {{nobr|Jean {{II}}}} est pris de vitesse par son avant-garde qui attaque sans aucune coordination. Le reste de l'armée française, devant la confusion de la bataille, perd confiance et tourne casaque, et le roi est fait prisonnier avec un de ses fils cadets [[Philippe II de Bourgogne|Philippe]] qui reste auprès de son père jusqu'à sa capture ce qui lui vaut le surnom de ''Hardi'' : c’est un nouveau désastre<ref>{{en}} ''The Battle of Poitiers'', Chad Arnow [http://www.myarmoury.com/feature_battle_poitiers.html myarmoury.com]</ref>{{,}}<ref name="Bove70"/>.

[[Fichier:Jean le bon.jpg|vignette|La capture de [[Jean II de France|Jean le Bon]]. Miniature du [[Maître de Giac]] tirée d'un manuscrit des ''[[Chroniques (Froissart)|Chroniques de Froissart]]'', [[Bibliothèque municipale de Besançon|B.M. de Besançon]], Ms.864, vers 1412-1415.]]

La bataille de Poitiers n’apporte rien aux anglais sur le plan stratégique mais sur le plan politique la victoire est éclatante, le royaume de France est décapité, le fils de Jean le Bon, le jeune Charles est incapable de reprendre le contrôle du pouvoir. À la tête d’une monarchie ruinée et sans armée il est obligé de laisser chaque région se défendre par elle-même<ref name="Bove70"/>. Du côté anglais, {{nobr|Édouard {{III}}}} a toutes les cartes en main pour négocier d’importantes concessions territoriales et financières.

Pendant son incarcération, {{nobr|Charles {{II}}}} de Navarre a gagné en popularité. Ses partisans le plaignent et réclament sa libération. La [[Normandie]] gronde et nombreux sont les barons qui renient l’hommage prêté au roi de France et se tournent vers {{nobr|Édouard {{III}}}} d’Angleterre. Pour eux, Jean le Bon a outrepassé ses droits en arrêtant un prince avec qui il a pourtant signé la paix. Pire encore, ce geste est perçu par les Navarrais comme le fait d’un roi qui se sait illégitime et espère éliminer un adversaire dont le seul tort est de défendre ses droits à la couronne de France. {{nobr|Charles {{II}}}} de Navarre est finalement libéré le 9 novembre 1357 de sa prison d'[[Arleux]] par des partisans, et ramené en triomphe à Amiens puis à Paris<ref>{{harvsp|Ramirez de Palacios|2015|p=133-135}}</ref>.

En janvier [[1358]], la France est au bord du chaos. {{nobr|Charles {{II}}}} de Navarre libéré se reconstitue une force politique, et est en mesure de prendre le pouvoir (il est considéré par beaucoup comme plus apte à combattre l'ennemi anglais et plus légitime que le chétif dauphin<ref>{{harvsp|Cazelles|2006|p=230}}</ref>). De son côté, [[Étienne Marcel]] entretient une dangereuse agitation parisienne. Jean le Bon doit reprendre les choses en main et négocie sa libération dans la précipitation : il accepte le premier [[Traités de Londres (1358 et 1359)|traité de Londres]] qui prévoit que l’Angleterre récupère l’ensemble de ses anciennes possessions d’[[Duché d'Aquitaine|Aquitaine]] et [[rançon au Moyen Âge|une rançon de 4 millions]] d’[[écu (monnaie)|écus]] sans renonciation à la couronne de France<ref name="cazelles240">{{harvsp|Cazelles|2006|p=240}}</ref>. À cette occasion, est frappée la première monnaie appelée « franc », ce mot prenant ici le sens de « libre ». [[rançon au Moyen Âge|Le butin et les rançons acquises]] à la suite de cette bataille furent tellement importants que de nombreux châteaux anglais furent rénovés ou reconstruits avec ces fonds<ref>Natalie Fryde, ''l'Histoire'', H.S. {{n°|16}}, juillet 2002 {{p.|28-33}}</ref>. Cette première partie de la guerre de Cent Ans se termine sur une totale défaite française. L’Angleterre, quatre à cinq fois moins peuplée, composée d’une armée moins équipée et moins nombreuse, avait triomphé du royaume de France qui au début de la guerre était une des plus grandes puissances d’Europe.
 
==== Les Valois contestés ====

[[Image:Robert le Coq.jpg|vignette|[[Robert Le Coq]], dans une diatribe contre les officiers du roi. ''[[Grandes Chroniques de France de Charles V]]''.]]

La première phase du conflit fait apparaître une France affaiblie, tant sur un plan politique, avec la contestation du pouvoir des Valois, que sur un plan économique, les brigandages et les pillages s'ajoutant aux maux apportés par les Anglais.

La guerre menée par {{nobr|Édouard {{III}}}} est coûteuse ; la seule garnison anglaise de Calais engloutit un sixième du budget de la guerre, mais l'armée est financée par les butins récoltés au cours des chevauchées<ref>{{harvsp|Bove|2009|p=90}}</ref>. Le conflit ruine en revanche la France et particulièrement le nord, grenier à blé du pays et terre d'échanges grâce, entre autres, aux foires de Champagne. De plus, les troupes d'{{nobr|Édouard {{III}}}} prennent soin de détruire les outils et tuent le bétail pour accroître les pertes économiques françaises. En 1343, la guerre coûte à la France près de trois millions de livres, deux ans plus tard la somme atteint cinq millions. Côté français, plusieurs moyens sont utilisés pour renflouer le budget de l'État, dont la semonce de l'arrière-ban par laquelle toute personne ne pouvant participer au combat peut compenser son absence au moyen d'une taxe. En réduisant la quantité de métal précieux utilisé pour sa fabrication, la modification de la valeur de la monnaie permet aussi de réaliser des économies : le poids du sou tournois passe de près de quatre grammes en 1330 à 200 milligrammes après 1360<ref name="Bordonove_97">{{harvsp|Bove|2009|p=97}}</ref>. Cette mesure est toutefois très impopulaire ce qui oblige {{nobr|Philippe {{VI}}}} et {{nobr|Jean {{II}}}} à négocier la levée d'impôts extraordinaires mais le déficit se creuse. La [[gabelle du sel|gabelle]] est rétablie en 1356<ref name="Bordonove_97"/> ainsi que diverses taxes. Toutes ces tergiversations provoquent la baisse de la popularité de souverains déjà totalement dépassés par les différents échecs.

[[Fichier:Tourreluque Aix.JPG|vignette|redresse|gauche|[[Tourreluque]] d'Aix-en-Provence, construite pour se prémunir des bandes de pillards venant du nord de la France et qui sillonnaient la Provence. Les remparts l'entourant ont été détruits au {{s|XIX|e}}.]]

Après la [[bataille de Poitiers (1356)|bataille de Poitiers]], les mercenaires anglais démobilisés regrettent le temps des chevauchées, de l'argent facile et redoutent de retourner à leur situation d'avant-guerre, surtout pour la petite noblesse. Des milliers d'entre eux se regroupent en « [[grandes compagnies]] » et, profitant de l'absence d'autorité publique, pillent le pays ce qui alimente le mécontentement populaire<ref>{{harvsp|Bove|2009|p=114}}</ref>. Le but de ces pillages n'est nullement la victoire ou l'instauration de la paix, mais uniquement l'enrichissement personnel de certains qui n'obéissent qu'à leurs propres règles. Ainsi de 1360 à 1390, la France est en proie aux pillages, viols, meurtres, obligeant les paysans à payer des taxes pour pouvoir conserver leurs vies. Ces grandes compagnies n'hésitent pas à se mouvoir sur de grandes distances ce qui accroît le fléau à travers le royaume<ref>{{harvsp|Bove|2009|p=97 et 118}}</ref>. Des faits notables marquent l'époque ; ainsi, durant l'hiver 1360, une de ces grandes compagnies tente de marcher sur Avignon pour intercepter la [[Rançon au Moyen Âge|rançon du roi]] et quelques mois plus tard une armée royale venue les chasser de [[Pont-Saint-Esprit]] est battue par ces mêmes brigands. Différents dirigeants tentent de les arrêter en leur proposant d'entrer au service de grandes familles italiennes, de partir en croisade en Hongrie contre les Turcs, ou de participer à la [[Reconquista]] en Espagne. Le Pape va jusqu'à excommunier ces mercenaires, mais les bandes finissent à chaque fois par revenir.

Les défaites de [[Bataille de Crécy|Crécy]] et Poitiers ont jeté le discrédit sur la noblesse qui est censée justifier sa supériorité sociale sur le champ de bataille<ref>''Chroniques de Jean Froissart: 1356-1364 : depuis la captivité du roi Jean jusqu’à la bataille de Cocherel'' [[Joseph Kervyn de Lettenhove|Kervyn de Lettenhove]], {{p.|1}} [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k389271 Bibliothèque nationale de France]</ref>. Le roi étant prisonnier, son fils aîné, le [[Charles V de France|dauphin Charles]], réunit les états généraux à partir du {{Date|15|octobre|1356}}. [[Étienne Marcel]], le [[prévôt des marchands de Paris]], y voit la possibilité de mettre en place une [[régime parlementaire|forme de régime parlementaire]]. Allié au parti navarrais regroupé autour de l’[[Liste des évêques de Laon|évêque de Laon]] [[Robert Le Coq]], il impose le 7 novembre 1356 la création d’un comité de 80 membres au sein des états généraux<ref name="Cazelles 151">{{harvsp|Cazelles|2006|p=151}}</ref> (pour faciliter les discussions) qui appuie leurs revendications. Les états généraux, déclarent le dauphin [[Lieutenant général|lieutenant du roi]] et défenseur du royaume en l’absence de son père et lui adjoignent un conseil de douze représentants de chaque [[Société d'Ancien Régime|ordre]]<ref>Jourdan, Decrusy et Isambert, ''Recueil général des anciennes lois françaises, depuis l’an 420 jusqu’à la Révolution de 1789'', Paris : Belin-Leprieur : Plon, 1821-1833, {{p.|769-794}} [http://gallica.bnf.fr/document?O=N51690 Bibliothèque nationale de France]. D’autres sources font état de douze représentants de la noblesse, douze représentants du tiers état et six du clergé : Georges Duby, ''Le Moyen Âge'', Seuil 1995, {{p.|489}}</ref>. Le dauphin est proche du courant réformateur et n'est pas hostile aux réformes proposées. Mais, bien vite, de profonds désaccords surviennent entre le conseil et le dauphin qui refuse de faire juger les anciens conseillers de son père honnis pour avoir brutalement [[Mutation monétaire|dévalué la monnaie]] à plusieurs reprises pour renflouer les caisses de l’État<ref name="Franc">''Le Franc histoire d’une monnaie. La création du Franc'' [http://classes.bnf.fr/franc/naissance/creation.htm Bibliothèque Nationale de France]</ref> ainsi que de faire libérer Charles le Mauvais qui bénéficie d'un fort soutien et pourrait provoquer un changement dynastique. Voyant qu’il ne peut contenir les revendications d’Étienne Marcel et de Robert le Coq qui veulent faire libérer Charles de Navarre, le dauphin essaye de gagner du temps et réserve sa réponse (prétextant l'arrivée de messagers de son père<ref name="Cazelles 151"/>), puis congédie les États Généraux et quitte Paris, son frère le [[Duché d'Anjou|duc d’Anjou]] réglant les affaires courantes. Le 10 décembre 1356, le dauphin publie une [[Ordonnance royale|ordonnance]] donnant cours à une nouvelle monnaie. Cela provoque une levée de boucliers dans la population qui y voit le risque d’une nouvelle dévaluation et donc d’une forte inflation. Des échauffourées éclatent et Étienne Marcel fait pression sur le duc d’Anjou puis sur le dauphin qui doit révoquer l’ordonnance et rappeler les états généraux<ref>H. Gourdon de Genouillac, ''Paris à travers les âges : histoire nationale de Paris et des parisiens depuis la fondation de Lutèce jusqu’à nos jours.'' Tome premier ; ouvr. rééd. sur un plan nouveau et approuvé par Henri Martin {{p.|179-183}} [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2006868/f214.table Bibliothèque nationale de France]</ref>. Ceux-ci sont convoqués pour février 1357 et le dauphin accepte une [[grande ordonnance (1357)|grande ordonnance]], promulguée le 3 mars, qui prévoit le contrôle des finances par les États Généraux, l’épuration de l’administration (et particulièrement des collecteurs d’impôts), et enfin le remplacement du conseil du roi par un conseil de tutelle au dauphin, où seraient présents douze députés de chaque ordre des États Généraux, mais où il n'est plus question de la libération de Charles de Navarre qui ferait peser un danger réel pour la couronne des Valois.

[[Image:Paix entre Charles de Navarre et Charles V.jpg|vignette|[[Charles V de France|{{nobr|Charles {{V}}}}]] ne peut qu'accepter la réconciliation avec [[Charles II de Navarre|Charles de Navarre]] libéré. ''[[Grandes Chroniques de France de Charles V]]''.]]

Le {{Date|9|novembre|1357}}, le « Navarrais » est libéré de prison par [[Liste des Seigneurs de Picquigny#Famille de Picquigny (non reliée)|Jean de Picquigny]], à l'instigation d’Étienne Marcel et de Robert le Coq<ref>''Comment le roi de Navarre fut délivré de prison par le confort du prévôt des marchands''. Chroniques de Jean Froissart, {{nobr|Livre {{I}}}}, {{nobr|partie {{II}}}}, {{chap.|63}} {{p.|374}} [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f432.table Bibliothèque Nationale de France] et {{harvsp|Autrand|1994|p=278-279}}</ref>. Le retour de Charles de Navarre est méticuleusement organisé : libéré le 9 novembre, il est reçu avec le protocole dû au roi dans les villes qu’il traverse, accueilli par les notables et la foule réunie par les états. Le même cérémonial se reproduit à chaque ville depuis Amiens jusqu’à Paris : il y entre avec une magnifique escorte, est reçu par le clergé et les bourgeois en procession, puis il harangue une foule toute acquise, expliquant qu’il a été injustement spolié et incarcéré par Jean le bon alors qu’il est de droite lignée royale<ref>{{harvsp|Ramirez de Palacios|2015|p=133}}</ref>. Mis devant le fait accompli, le dauphin ne peut refuser la demande d’Étienne Marcel et de Robert le Coq et signe des lettres de rémissions pour le Navarrais qui effectue tranquillement son retour triomphal. Il rentre à Paris le 29 novembre et harangue {{unité|10000|personnes}} rassemblées par Étienne Marcel (ce qui est considérable pour l’époque)<ref>{{harvsp|Autrand|1994|p=280-281}}</ref>. Le 30 novembre, il prononce un nouveau discours devant {{unité|10000|Parisiens}} réunis par Étienne Marcel au Pré aux Clercs<ref>{{harvsp|Ramirez de Palacios|2015|p=136-137}}</ref>. Le 3 décembre, Étienne Marcel s’invite avec un fort parti bourgeois au conseil qui doit décider de la réhabilitation de Charles de Navarre, sous prétexte d’annoncer que les états réunis aux [[Couvent des Cordeliers de Paris|Cordeliers]] ont consenti à lever l’impôt demandé par le dauphin et qu’il ne reste que l’accord de la noblesse à obtenir (qui se réunit séparément des autres états). Au vu de cette démonstration de force, le dauphin ne peut faire autrement que de se réconcilier avec Charles de Navarre et lui restituer ses possessions normandes<ref>{{harvsp|Cazelles|2006|p=258}}</ref>. Ce dernier élève des prétentions sur plusieurs provinces (dont la [[Champagne (province)|Champagne]] dont il a été dépossédé par Jean le Bon). Le dauphin n'a d'autre choix que d’acquiescer et de réhabiliter Charles le Mauvais<ref>{{harvsp|Autrand|1994|p=282}}</ref>. Plus grave pour les Valois, les États doivent trancher la question dynastique le 14 janvier 1358. La couronne des Valois est menacée. Charles le Mauvais exploite le mois d’attente pour faire campagne.

Craignant que le Navarrais puisse s'emparer du pouvoir, Jean le Bon doit reprendre les choses en main et négocie sa libération avec les Anglais qui n'hésitent pas à tirer parti de la situation : {{nobr|Jean {{II}}}} accepte le premier [[Traités de Londres (1358 et 1359)|traité de Londres]] qui prévoit que l’Angleterre récupère l’ensemble de ses anciennes possessions d’[[Duché d'Aquitaine|Aquitaine]] et toutes les terres leur ayant appartenu, une rançon de quatre millions d’[[écu (monnaie)|écus]], sans renonciation à la couronne de France<ref name="cazelles240"/>. En acceptant cette situation qui affaiblit encore plus le pouvoir royal et peut relancer la guerre civile, l'objectif des Anglais est d'asseoir {{nobr|Édouard {{III}}}} sur le trône de France (il revendique la couronne [[Succession de Charles IV le Bel|étant petit-fils de Philippe le Bel]]). De même, {{nobr|Jean {{II}}}}, depuis sa prison de Londres, interdit l'application de [[grande ordonnance (1357)|la grande ordonnance]], ce qui provoque un conflit ouvert entre Étienne Marcel et le dauphin.

[[Fichier:Assassinat marechaux.jpg|gauche|vignette|redresse|Meurtre des maréchaux. En arrière-plan, [[Étienne Marcel]] tend un chaperon rouge et bleu au dauphin. ''[[Grandes Chroniques de France de Charles V]]''.]]

Le {{Date|13|janvier|1358}}, les états généraux sont de nouveau convoqués par le conseil de tutelle (qui, après épuration, est contrôlé par des proches d'Étienne Marcel)<ref>{{harvsp|Cazelles|2006|p=185}}</ref>. Devant l’opposition du dauphin, Étienne Marcel décide d’imposer sa réforme par la force et rallie les commerçants parisiens à sa cause. Il crée une milice sous prétexte de défense contre les éventuelles attaques des Anglais, alors repliés à [[Bordeaux]] et renforce les [[Enceintes de Paris|fortifications de Paris]].

Le {{Date|22|février|1358}}, Étienne Marcel, escorté par de nombreux hommes en armes et à la tête d’une foule rageuse, envahit le [[Histoire du palais de la Cité|palais royal de la Cité]] où réside le dauphin. Voulant s’interposer, le maréchal de Champagne [[Jean de Conflans]] et le maréchal de Normandie [[Robert de Clermont (maréchal)|Robert de Clermont]] sont tués devant le dauphin, qui croit sa dernière heure arrivée. Marcel l’oblige à coiffer le chaperon rouge et bleu et à renouveler l’ordonnance de 1357<ref>[[Henri Gourdon de Genouillac]], ''Paris à travers les âges, histoire nationale de Paris et des Parisiens depuis la fondation de Lutèce jusqu’à nos jours'', paru en 1879 [http://www.paris-pittoresque.com/histoire/14-2b.htm Le Paris pittoresque].</ref>. Puis, c’est la chasse à l’homme au cours de laquelle l’avocat général, Renaud d’Acy, qui s’était réfugié dans une pâtisserie, est égorgé férocement.

Il force ensuite le dauphin à ratifier le meurtre de ses conseillers. Le dauphin ne peut qu’accepter un nouveau changement institutionnel ; son conseil est épuré : quatre bourgeois y rentrent, le gouvernement et les finances sont aux mains des états<ref>{{harvsp|Autrand|1994|p=302}}</ref>, Charles le Mauvais reçoit un commandement militaire et de quoi financer une armée de {{unité|1000|hommes}}, le dauphin, lui, obtient de devenir [[Régence|régent]] du royaume ce qui permet de ne plus tenir compte des décisions du roi tant qu’il est en captivité (et en particulier des traités de paix inacceptables)<ref>{{harvsp|Autrand|1994|p=304}}</ref>.

Préférant s’éloigner de la fureur parisienne, le dauphin Charles quitte la capitale pour [[Compiègne]] : la noblesse s'y réunit séparément des deux autres états, pour ratifier la nouvelle ordonnance, à l’abri de toute agitation. Champenois et Bourguignons sont choqués par l'assassinat des maréchaux et rallient le camp du dauphin. Ce dernier fait solennellement condamner Étienne Marcel par les députés. Fort de ce soutien, il s’empare des forteresses de [[Montereau-Fault-Yonne]] et de [[Meaux]]. L’accès de Paris par l'est est bloqué<ref>{{harvsp|Autrand|1994|p=310}}</ref>. Au sud et à l’ouest, les compagnies écument le pays et il est crucial pour Étienne Marcel de préserver les communications avec les villes des Flandres : il faut dégager la route du nord.

[[Image:Jaqueries et compagnies.svg|droite|vignette|La France entre Jacqueries et Compagnies (1356-1363)
{{Légende|#C0CC66|Possessions de Charles de Navarre}}
{{Légende|#EA8B9D|Territoires contrôlés par {{nobr|Édouard {{III}}}} avant Brétigny}}
{{Ligne de légende|orange dotted 2px|Chevauchée d'{{nobr|Édouard {{III}}}} (1359-1360)}}
{{Légende|#BF80FF|Territoires cédés à [[traité de Brétigny|Brétigny]]}}]]

À la fin du mois de mai 1358, se déclenche la [[Grande Jacquerie]] : des paysans (principalement de petits propriétaires fonciers), excédés par le renforcement de la rente seigneuriale alors que le prix du blé baisse, se révoltent contre la noblesse. Cette dernière, déjà discréditée par les défaites de Crécy et de Poitiers, n’est plus en mesure de protéger les petites gens. Ce mouvement décrit par les chroniqueurs de l'époque comme extrêmement violent (cette violence a probablement été exagérée) est principalement dirigé contre les nobles qui, s’ils ne sont pas massacrés, voient leurs châteaux pillés et brûlés. {{unité|5000|hommes}} se regroupent rapidement autour d’un chef charismatique : [[Jacques Bonhomme|Guillaume Carl]], qui reçoit très rapidement des renforts de la part d’Étienne Marcel, dont l’objectif est de libérer Paris de l’encerclement que le dauphin est en train de réaliser en privilégiant l’accès nord qui permet de communiquer avec les puissantes villes des Flandres<ref>{{harvsp|Autrand|1994|p=320-323}}</ref>.

Le 9 juin, les hommes du prévôt de Paris et une partie des ''jacques'' conduisent un assaut sur le marché de Meaux où se trouvent le régent et sa famille pour s’assurer de sa personne<ref>{{harvsp|Autrand|1994|p=324}}</ref>. C’est un échec : alors que les ''jacques'' se ruent à l’assaut de la forteresse sur le pont qui permet d’y accéder, les portes s’ouvrent et ils sont balayés par une charge de cavalerie<ref>{{harvsp|Autrand|1994|p=325}}</ref>. Mais l'affrontement avec le gros des forces de Guillaume Carl se déroule à [[Mello]] le 10 juin. Pressé par la noblesse, dont il est le meneur, et particulièrement par les Picquigny auxquels il doit la liberté et dont le frère vient d’être massacré par les ''jacques'', {{nobr|Charles {{II}}}} de Navarre prend la tête de la répression alors que le Dauphin reste inactif. Il engage des mercenaires anglais, rallie la noblesse, s’empare de Guillaume Carl venu négocier et charge les ''jacques'' décapités<ref>{{harvsp|Ramirez de Palacios|2015|p=151-156}} et {{harvsp|Theis|1992|p=291}}</ref>. C’est un massacre : la jacquerie se termine dans un bain de sang.

{{nobr|Charles {{II}}}} de Navarre, fort de son succès contre les ''jacques'', rallie Étienne Marcel espérant que la noblesse qu'il vient de mener à la victoire le suive. Depuis le début de l'année 1358, il s'est aussi positionné en soutien et conseil du Dauphin, et négocie même en sous-main avec les Anglais<ref>{{harvsp|Ramirez de Palacios|2015|p=147}}</ref>. À l'été 1358, il est au sommet de sa popularité et prononce un discours à l'issue duquel la foule parisienne le nomme ''capitaine de Paris'', dans l'espoir qu'il prenne le pouvoir en France<ref>{{harvsp|Ramirez de Palacios|2015|p=157}}</ref>. Mais ce jeu d'équilibre est par trop délicat. La noblesse l'accuse de se rapprocher du peuple, auquel elle n'a pas pardonné l'[[Journée du 22 février 1358|assassinat des maréchaux]], et se place sous la bannière du dauphin. {{Référence nécessaire|Les troupes du dauphin sont rejointes par les [[Grandes compagnies|compagnies]] qui rêvent de participer au pillage de Paris|date=26 avril 2015}}. Charles de Navarre attend des renforts anglais pour compenser la faiblesse de ses effectifs ; les Parisiens loyalistes y voient une trahison et se rebellent à leur tour. Le {{Date|31|juillet|1358}}, Étienne Marcel est exécuté alors qu'il cherche à faire entrer des mercenaires anglais dans Paris et le dauphin reprend les rênes du pouvoir. {{nobr|Charles {{II}}}} de Navarre décide dans les jours qui suivent d'assiéger Paris<ref>{{harvsp|Ramirez de Palacios|2015|p=160}}</ref>.
{{Article détaillé|Grande Jacquerie|Étienne Marcel|Charles le Mauvais}}
{{Article détaillé|Traités de Londres (1358 et 1359)}}

==== Le traité de Brétigny ====
[[Image:Traité de Bretigny.svg|droite|vignette|1365 : La France après les traités de Brétigny et de Guérande. {{Légende|#EA8B9D|Territoires contrôlés par {{nobr|Édouard {{III}}}}}}
{{Légende|#FDDCFB|Territoires cédés par la France à l'Angleterre par le traité de Brétigny}}
{{Légende|#FFFFFF|Territoire du duché de Bretagne, allié aux Anglais}}]]
Le [[Charles V de France|dauphin Charles]] fait appel aux [[états généraux (France)|états généraux]] qui refusent de signer ce traité humiliant et catastrophique<ref>{{harvsp|Theis|1992|p=293}}</ref>. Ce faisant, il se dédouane ainsi que son père et ressoude le pays contre les Anglais. [[Édouard III d'Angleterre|{{nobr|Édouard {{III}}}}]] décide alors de passer à nouveau à l’action.

Débarquant à [[Calais]] le 28 octobre 1359, il chevauche en direction de [[Reims]], la ville du [[sacre (France)|sacre]] (un sacre y aurait des conséquences catastrophiques pour les [[Maison capétienne de Valois|Valois]] puisqu’il tient la vie de [[Jean II de France|Jean le Bon]] entre ses mains).
Mais le dauphin Charles a pris les devants et applique la stratégie de la [[terre déserte]]. Il a ordonné à tous les habitants des campagnes de se réfugier, avec toutes leurs provisions et matériels, dans les villes fortifiées. Édouard, traversant un pays vide, doit se contenter de ses réserves. Arrivé devant Reims, il trouve les portes fermées et fait donc le [[Siège de Reims|siège]] de la cité, dont il demande la reddition. Les [[échevin]]s refusent, par fidélité au dauphin Charles. L’armée anglaise qui n’était pas équipée pour un siège est obligée de plier bagages au bout d'un mois<ref>Chroniques de Jean Froissart {{p.|235}} [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k389271/f239.table Bibliothèque Nationale de France]</ref>{{,}}<ref name="brte coulet">{{harvsp|Coulet|2007|p=405}}</ref>.

Édouard est furieux, il cherche à provoquer une grande bataille avec les Français. Ceux-ci sont invisibles, mais les retardataires et les éclaireurs anglais tombent fréquemment dans des embuscades où ils sont massacrés. Finalement, Édouard arrive devant [[Paris]], où le dauphin s’est enfermé avec la population d’[[Île-de-France]]. Malgré les provocations, le dauphin interdit à ses chevaliers de livrer bataille. Il ne veut pas renouveler la [[Bataille de Poitiers (1356)|défaite de Poitiers]].

Au bout de douze jours, {{nobr|Édouard {{III}}}} doit quitter Paris pour rembarquer le plus vite possible car il n’a plus de vivres, la plupart de ses chevaux étant morts faute de fourrage et il a perdu un nombre non négligeable d’hommes. De plus, un raid de marins [[normands]] à Winchelsea<ref name="Laranébret"/> en mars [[1360]] a semé la panique en Angleterre<ref>On retrouve trace de ces raids dans les chroniques anglaises anonymes de l’époque : {{en}} ''The Chronicle of London''. Rex Edwardius Tertius 1360, John Wroth, John Deynes et Walt Berneye [http://www.maisonstclaire.org/resources/chronicles/london/rex_edwardius_tertius/cl_1360.html British Museum]</ref>. Dans la Beauce, le reste de son armée est pris dans un violent orage qui la disloque. Cet évènement est perçu comme miraculeux<ref name="brte coulet"/> et l’expression d’une volonté divine et renforce la légitimité des [[Maison capétienne de Valois|Valois]] très affaiblie par leurs échecs militaires de [[bataille de Crécy|Crécy]] et [[Bataille de Poitiers (1356)|Poitiers]]. La [[chevauchée]] de [[1359]] se solde par un échec retentissant et ses conséquences psychologiques sur {{nobr|Édouard {{III}}}} sont cruciales : il prend conscience que la différence démographique et les aspirations nationales naissantes ne lui permettent pas de contrôler un territoire aussi vaste : il ne pourra jamais être roi de France<ref>''Comment le duc de Normandie et son conseil envoyèrent légats pour traiter de la paix entre le roi de France et le roi d’Angleterre; et comment la paix fut faite''.Chroniques de Jean Froissart, {{nobr|Livre {{I}}}}, {{nobr|partie {{II}}}}, {{chap.|131}} {{p.|429-433}} [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f501.table Bibliothèque Nationale de France]</ref>. Cependant, la capture de Jean le Bon lui donne du pouvoir de négociation.

Le [[Traité de Brétigny|traité de Brétigny-Calais]] conclut finalement le conflit :
* rançon de trois millions de livres pour la libération de [[Jean II de France|{{nobr|Jean {{II}}}} le Bon]] (équivalent à la totalité des recettes du roi pendant deux ans) ;
* le roi d’Angleterre obtient la souveraineté sur la [[Guyenne]] et la [[Gascogne]], [[Calais]] et le [[Ponthieu]], le [[comté de Guines]], le [[Poitou]], le [[Périgord]], le [[Limousin]], l’[[Angoumois]], la [[Saintonge]], l’[[Agen]]ais, le [[Quercy]], le [[Rouergue]], la [[Comté de Bigorre|Bigorre]] et le [[comté de Gaure]]<ref>''Ci s’ensuit la chartre de l’ordonnance de la paix faite entre le roi d’Angleterre et ses alliés, et le roi de France et les siens''.Chroniques de Jean Froissart, {{nobr|Livre {{I}}}}, {{nobr|partie {{II}}}}, {{chap.|132}}, Bibliothèque Nationale de France, {{lire en ligne|url=http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f505.table}}, {{p.|433-437}}</ref>.
[[Fichier:Battle of Auray.jpg|vignette|La [[bataille d'Auray]]. Miniature de Perrin Remiet issue de la ''Chronique de Bertrand Du Guesclin'' par Cuvelier, [[British Library]], Y.T.35.]]
Le traité vise à désamorcer tous les griefs qui ont conduit au déclenchement du conflit. {{nobr|Édouard {{III}}}} renonce donc aux duchés de [[Duché de Normandie|Normandie]] et de Touraine, aux comtés du [[Comté du Maine|Maine]] et d’[[Comté d'Anjou|Anjou]] et à la suzeraineté sur la Bretagne et la Flandre. Il renonce surtout à revendiquer la [[couronne de France]]<ref>''Ci après s’ensuit la forme et la manière de la lettre de renonciation que fit le roi d’Angleterre entre lui et le roi de France''.Chroniques de Jean Froissart, {{nobr|Livre {{I}}}}, {{nobr|partie {{II}}}}, {{chap.|139}}, Bibliothèque Nationale de France, {{lire en ligne|url=http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f514.table}}, {{p.|444-448}}</ref>.

La reprise de la [[Première guerre de Succession de Bretagne|guerre de Succession de Bretagne]] n’est pas très heureuse pour les Français : [[Charles de Blois]] et [[Bertrand Du Guesclin]] sont défaits à [[bataille d'Auray|Auray]] par le futur [[Jean IV de Bretagne|{{nobr|Jean {{IV}}}} de Bretagne]] et [[John Chandos]]<ref>''Comment messire Bertran du Guesclin fut pris; et comment messire Charles de Blois fut occis en la bataille; et toute la fleur de la chevalerie de Bretagne et de Normandie prise ou occise''. Chroniques de Jean Froissart, {{nobr|Livre {{I}}}}, {{nobr|partie {{II}}}}, {{chap.|195}} {{p.|496-497}} [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f564.table Bibliothèque Nationale de France]</ref>. Cette bataille débouche sur le [[Traité de Guérande (1365)|traité de Guérande]] qui reconnaît {{nobr|Jean {{IV}}}} comme [[Duché de Bretagne|duc de Bretagne]], les Anglais gardent le contrôle de [[Brest]] et de sa région<ref>''Comment le roi de France envoya messages pour traiter de la paix entre le comte de Montfort et le pays de Bretagne; et comment il en demeura duc''.Chroniques de Jean Froissart, {{nobr|Livre {{I}}}}, {{nobr|partie {{II}}}}, {{chap.|200}} {{p.|500-501}} [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f564.table Bibliothèque Nationale de France]</ref>.

Au total, les Anglais sont maîtres d’un bon tiers du [[royaume de France]], et le duché de Bretagne est contrôlé par un de leurs alliés ({{nobr|Jean {{IV}}}} épouse une sœur puis une belle-fille du [[Édouard de Woodstock|Prince noir]]). Mais {{nobr|Charles {{V}}}} est un bon tacticien : la paix obtenue permet de redonner au futur roi (son père Jean le Bon meurt le {{Date|8|avril|1364}}) les capacités de reconquérir les territoires cédés.
{{clr}}

=== La reconquête de {{nobr|Charles {{V}}}} le Sage : de 1364 à 1380 ===
[[Fichier:Franc à cheval.jpg|gauche|vignette|Le [[franc à cheval]] représente le roi [[Jean le Bon]] qui a gardé une image de roi à l'esprit chevaleresque dans la population. Le franc vaut une [[livre tournois]], sa création restaure l'autorité royale en mettant fin aux mutations monétaires.]]
[[Fichier:Duguesclin Cocherel.jpg|vignette|redresse|[[Bertrand Du Guesclin]] à la [[bataille de Cocherel]], peinture de [[Charles-Philippe Larivière]], 1839, galerie des batailles du [[Château de Versailles]].]]

Dans cette France défaite, le pouvoir royal n’a plus ni prestige, ni moyens. Les finances sont au plus bas. Les mouvements populaires, les [[jacquerie]]s et surtout celle de [[Grande Jacquerie|1358]], ont fait comprendre à [[Charles V de France|{{nobr|Charles {{V}}}}]] qui a vu deux maréchaux tués sous ses yeux par les émeutiers parisiens que le maintien de la souveraineté passe par le soutien de la population. Il veille donc à conserver sa popularité. Depuis sa bibliothèque, il reconstruit et prépare lentement la reconquête. Les Anglais ont les mains liées par le [[traité de Brétigny]] qui serait annulé par une reprise des combats : sur une idée du dauphin, le traité prévoit que la souveraineté du roi d'Angleterre sur ses nouvelles possessions ne sera effective qu'après la remise de celles-ci par les Français. La renonciation d'{{nobr|Édouard {{III}}}} à la couronne française interviendrait au même moment. De cette façon, le dauphin se donne la possibilité de retarder indéfiniment l'application du texte<ref name="Laranébret">André Larané, ''8 mai 1360: Préliminaires de paix à Brétigny'', [http://www.herodote.net/histoire05084.htm herodote.net]</ref>. {{nobr|Charles {{V}}}} fait donc traîner en longueur le versement de la rançon (dont moins du tiers est effectivement payé) et le transfert des territoires cédés<ref>''Comment le roi de France fit lire et examiner les chartes des traités faits entre lui et le roi d’Angleterre''. Chroniques de Jean Froissart, {{nobr|Livre {{I}}}}, {{nobr|partie {{II}}}}, {{chap.|256}} {{p.|555-556}} [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f505.table Bibliothèque Nationale de France]</ref>. Pour restaurer l'autorité royale, lui et son père se portent garants de la stabilité monétaire en créant le [[Franc à cheval|franc]], ce qui met fin aux [[Mutation monétaire|mutations monétaires]] tant décriées. En contrepartie, il fait accepter la création d'une fiscalité contrôlée par des officiers royaux pour financer l'effort de guerre et [[rançon au Moyen Âge|le paiement de la rançon de Jean le Bon]].

Le roi meurt en captivité à Londres en [[1364]] (il y est retourné volontairement pour répondre de l'évasion de son fils Louis d'Anjou qui était garant des accords de Brétigny). [[Charles le Mauvais]], évincé en 1363 de la succession du duché de Bourgogne en faveur de [[Philippe II de Bourgogne|Philippe le Hardi]], veut empêcher le sacre de [[Charles V de France|{{nobr|Charles {{V}}}}]] à Reims<ref>{{harvsp|Theis|1992|p=296}}</ref>. [[Bertrand Du Guesclin]], à la tête de l'armée levée grâce aux impôts votés par les états généraux de 1363, le bat à la [[bataille de Cocherel]], ce qui met fin à la guerre civile, rétablit l'autorité royale aux yeux de la population (il montre que les sacrifices financiers consentis par la population pour l'effort de guerre sont suivis d'effets sur le terrain) et permet le sacre de {{nobr|Charles {{V}}}}. Ce dernier lui donne ensuite pour mission, d’entraîner les [[Grandes compagnies]] (regroupement de mercenaires démobilisés qui ravagent les provinces françaises) défendre en Espagne les droits de [[Henri de Trastamare]] qui dispute à [[Pierre le Cruel]] le trône de [[Castille]]. En pacifiant le royaume et en diminuant les impôts les plus lourds, il redonne de la popularité à la couronne, restaure le pouvoir royal et récupère à son profit le [[sentiment national]] naissant<ref>''Comment la guerre commença entre le roi Dam Piètre et son frère Henry le Bastard ; et comment le roi de France envoya messire Bertran du Guesclin atout les Compagnies avec le dit Henry contre Dam Piètre''. ''Chroniques de Jean Froissart'', {{nobr|Livre {{I}}}}, {{nobr|partie {{II}}}}, {{chap.|203}} {{p.|503-505}} [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f571.table Bibliothèque Nationale de France]</ref>. {{nobr|Édouard {{III}}}}, lui, impose en [[1361]] l’[[anglais]] comme langue nationale (jusqu’à cette date la langue officielle à la cour anglaise était le [[français]]) ; cette mesure renforce en retour l’anglophobie dans les territoires conquis<ref>Plus exactement il s’agit de saxon imprégné de mots normands : Cristian-Ioan Panzaru, ''Le crépuscule du Moyen Âge'', [http://www.unibuc.ro/eBooks/medieval/curs/010.htm unibuc.ro]</ref>.

{{nobr|Charles {{V}}}}, brillant stratège et diplomate de haut niveau, étend le conflit aux pays avoisinants. Une grande partie de l’Europe s’engage directement dans le conflit : [[Pierre Ier de Castille|Pierre le Cruel]], en grande difficulté, doit appeler à son secours deux vaillants capitaines anglais, [[John Chandos]] et le Prince noir (son beau-frère). Les troupes anglaises sont alors occupées en [[Castille]] jusqu’en [[1369]]. Quant au [[Saint-Empire]], à l’Est, {{nobr|Charles {{V}}}} a réussi à transformer une hostilité larvée en neutralité plus que bienveillante<ref>''{{nobr|Charles {{V}}}}, 1338-1380 :
Le roi sage'', [http://classes.bnf.fr/dossitsm/b-charlv.htm Bibliothèque nationale de France]</ref> : il est très proche de son oncle maternel l’empereur germanique [[Charles IV du Saint-Empire|{{nobr|Charles {{IV}}}}]]<ref>{{harvsp|Cazelles|2006|p=146}}</ref> auquel il rend hommage pour le Dauphiné en [[1357]]<ref>{{harvsp|Cazelles|2006|p=158}}</ref>. Cette amitié permet en 1363, à Jean le Bon, revenu de captivité, de confier en [[apanage]] à [[Philippe II de Bourgogne|Philippe le Hardi]] (qui est lui aussi neveu de l'empereur) le duché de Bourgogne, vacant depuis la mort de [[Philippe Ier de Bourgogne|Philippe de Rouvre]] en 1361, et d'évincer [[Charles le Mauvais]]<ref>{{harvsp|Theis|1992|p=295-296}}</ref>. Pour s'assurer du soutien des Flandres, {{nobr|Charles {{V}}}} parvient à empêcher le mariage de [[Marguerite III de Flandre|{{nobr|Marguerite {{III}}}} de Flandre]] avec [[Edmond de Langley]], comte de Cambridge, le fils d'{{nobr|Édouard {{III}}}}, grâce au soutien du pape [[Urbain V|{{nobr|Urbain {{V}}}}]]. En 1369, il réussit à marier [[Marguerite III de Flandre|Marguerite]], l'héritière des [[comté de Flandre|comtés de Flandre]], [[comté de Rethel|Rethel]] et [[comté de Nevers|Nevers]] à son frère Philippe le Hardi<ref>{{harvsp|Theis|1992|p=299}}</ref>. {{nobr|Charles {{V}}}} entre également en pourparlers avec le roi d’[[Écosse]] [[David II d'Écosse|David Bruce]] et le roi du [[Danemark]], qui ont tous deux de bonnes raisons d’en découdre avec l’Angleterre. Le roi sage s’assure également de l’amitié de [[Yvain de Galles|Owain de Galles]], prétendant au trône du [[Pays de Galles]].

[[Image:Reconquête Charles V.svg|vignette|La reconquête par {{nobr|Charles {{V}}}} des territoires concédés au traité de Brétigny. {{Légende|#66aacc|Domaine royal}}
{{Légende|#333399|Apanages des frères du roi}}
{{Légende|#ddff00|Comté de Foix-Béarn autonome}}
{{Légende|#FCFFE5|Bretagne alliée aux Anglais}}
{{Légende|#00dd00|Possessions de Charles de Navarre allié des Anglais}}
{{Ligne de légende|red dotted 2px|Chevauchée de Lancastre (1369)}}
{{Ligne de légende|orange dotted 2px|Chevauchée de Robert Knowles (1370)}}
{{Ligne de légende|yellow dotted 2px|Chevauchée de Lancastre (1373)}}]]

En [[1368]], le roi de France se sent assez fort pour défier [[Édouard III d'Angleterre|{{nobr|Édouard {{III}}}}]]. Il accepte de recevoir l’appel du comte d’[[comté d'Armagnac|Armagnac]], en conflit financier avec le Prince noir (sa plainte ayant été d'abord été déboutée par {{nobr|Édouard {{III}}}}<ref>{{harvsp|Coulet|2007|p=412}}</ref>) qui accable d’impôts ses sujets d’[[Duché d'Aquitaine|Aquitaine]] afin de financer ses campagnes espagnoles<ref>Natalie Fryde, ''l'Histoire'' HS {{n°|16}} juillet 2002 {{p.|28-33}}</ref> ; la [[Guyenne]] sert encore une fois de prétexte au conflit. Le [[traité de Brétigny]] donne la pleine souveraineté de la [[Guyenne]] aux Anglais. Mais la double renonciation prévue — Édouard renonçant à la couronne de France, [[Jean II le Bon|Jean le Bon]] à la [[Guyenne]] — n’a pas eu lieu, et le transfert des terres traîne en longueur. Donc légalement, {{nobr|Édouard {{III}}}} n'était pas fondé à juger un différend fiscal sur des terres qui ne lui avaient pas encore été cédées et {{nobr|Charles {{V}}}} peut procéder à la confiscation de celles-ci. Le roi d’Angleterre se proclame de nouveau roi de France le {{Date|3|juin|1368}}, {{nobr|Charles {{V}}}} prononce la confiscation de l’[[Duché d'Aquitaine|Aquitaine]] le {{Date|30|novembre|1368}}<ref name="coulet413">{{harvsp|Coulet|2007|p=413}}</ref>. La guerre reprend, mais {{nobr|Charles {{V}}}}, en excellent juriste, a su mettre le droit de son côté.

Renonçant aux batailles rangées menées par des [[Gonfanon|bannières]] de tailles inégales commandées par une noblesse indisciplinée, lesquelles n’ont rien apporté à son père, le roi réorganise l'armée, sous le commandement de chefs expérimentés et loyaux, comme [[Bertrand Du Guesclin]], son cousin [[Olivier de Mauny]] et [[Guillaume Boitel]], son fidèle entre les fidèles. Celle-ci se divise en groupes bien structurés de 100 hommes aguerris appelés ''routes'' et commandées par des capitaines qui ne répondent qu'aux ordres du roi<ref name="Xavier Hélary"/>. Il les lance dans une guerre d’[[escarmouche]]s et de [[siège (militaire)|sièges]], grignotant patiemment le territoire de l’ennemi<ref name="Xavier Hélary"/>. Sa diplomatie ne reste pas inactive et il récolte les fruits de son soutien à [[Henri II de Castille|Henri de Trastamare]] : l’alliance avec le Royaume de Castille conduit à l’anéantissement de la flotte anglaise par la flotte castillane à la [[Bataille de La Rochelle|bataille de la Rochelle]] le {{Date|22|juin|1372}}<ref>''Comment le comte de Pennebroch se partit d’Angleterre pour venir en Poitou ; et comment les Espaignols au hâvre de la Rochelle durement le combattirent''. Chroniques de Jean Froissart, {{nobr|Livre {{I}}}}, {{nobr|partie {{II}}}}, {{chap.|342}} {{p.|636-637}} [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f505.table Bibliothèque nationale de France]</ref>. Privées de soutien logistique, les places fortes cédées par le traité de Brétigny tombent les unes après les autres : [[Poitiers]] en [[1372]] et [[Bergerac (Dordogne)|Bergerac]] en [[1377]]. Les Anglais s’en tiennent aux [[chevauchée]]s, très populaires auprès de leur [[Parlement]] parce qu’elles ne coûtent rien, mais désastreuses pour l’image de l’Angleterre dans les territoires pillés : elles ne font qu’attiser la haine des Anglais et renforcent chaque jour la fidélité envers le roi {{nobr|Charles {{V}}}}. Le clivage des deux nations naissantes se creuse toujours plus<ref>''Comment les Compagnies gâtoient et exiloient le royaume de France, et comment moult de gens en murmuroient contre le roi d’Angleterre et le prince de Galles son fils''. Chroniques de Jean Froissart, {{nobr|Livre {{I}}}}, {{nobr|partie {{II}}}}, {{chap.|202}} {{p.|502-503}} [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f505.table Bibliothèque Nationale de France]</ref>. Le roi de France prend soin d'entretenir le patriotisme des régions libérées par l'octroi de nombreux privilèges. Il use, en particulier, de l'anoblissement<ref>Jacques Bainville, ''Histoire de France'', Paris : Arthème Fayard, Éditeur, 1924, Collection : le livre de poche, {{p.|57}}</ref>, la noblesse française ayant été décimée par la [[Grande Peste|peste]], [[Bataille de Crécy|Crécy]] et [[Bataille de Poitiers (1356)|Poitiers]]<ref name="Jacques Dupaquier367"/>. De même, la reconquête se fait grandement par le retournement des villes d'Aquitaine souvent monnayé contre des promesses de fiscalité plus légère<ref>{{harvsp|Favier|1980|p=327-328}}</ref>.

[[Fichier:Jean Fouquet - Remise de l'épée de connetable à Bertrand Duguesclin - Enluminure (XVe siècle).jpg|vignette|redresse|gauche|[[Bertrand Du Guesclin]] fait [[Connétable de France|connétable]] par le roi {{nobr|Charles {{V}}}}. Miniature de [[Jean Fouquet]] tirée des ''[[Grandes Chroniques de France (Jean Fouquet)|Grandes Chroniques de France]]'', vers 1455-1460.]]

Mot d’ordre des opérations pour le roi de France : « Mieux vaut pays pillé que terre perdue ». Charles laisse donc le royaume à la merci des [[pillage]]s anglais, qui provoquent dans la population d’immenses souffrances. À chaque chevauchée, le roi ordonne aux campagnards de se réfugier dans les villes avec toutes leurs réserves, pratiquant la tactique de la [[terre déserte]]. Plus les Anglais avancent dans les terres, plus leur ravitaillement est difficile ; harcelés par des Français qui leur tendent de nombreuses embuscades, leurs effectifs sont vite réduits à néant et de nombreux chefs britanniques glorieux sont obligés de se replier afin d’éviter le désastre ([[Jean de Gand|Jean de Lancastre]], le Prince noir, [[Robert Knolles]] et {{nobr|Édouard {{III}}}} lui-même sont victimes de cette stratégie de {{nobr|Charles {{V}}}})<ref name="coulet413"/>.

Entre [[1369]] et [[1375]], les Français reprennent aux Anglais la quasi-totalité des concessions faites et des terres possédées par l’ennemi avant même le début de la guerre, à l'exception de [[Calais]], [[Cherbourg]], [[Brest]], [[Bordeaux]], [[Bayonne]], et de quelques forteresses dans le [[Massif central]]<ref>{{harvsp|Coulet|2007|p=414}} et Chroniques de Jean Froissart, {{nobr|Livre {{I}}}}, {{nobr|partie {{II}}}}, {{p.|642-666}} [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f505.table Bibliothèque Nationale de France]</ref>. Les négociations menées après la signature de la [[trêve de Bruges]], entre [[1375]] et [[1377]], n’aboutissent à rien. Les Anglais continuent à lancer des chevauchées épisodiques, auxquelles répondent des raids sur les côtes britanniques qui font craindre une invasion française ({{nobr|Charles {{V}}}} demande à Jean de Vienne de la préparer)<ref name="Coulet_415">{{harvsp|Coulet|2007|p=415}}</ref>. Le duc {{nobr|Jean {{IV}}}} de Bretagne s'étant allié aux Anglais, {{nobr|Charles {{V}}}} confisque le duché breton en [[1378]]. Le duc, fortement soutenu par les barons bretons, force les troupes françaises, dirigées par du Guesclin, à se replier. {{nobr|Jean {{IV}}}} signe alors le deuxième traité de Guérande, où les Français renoncent à leur prétentions sur la Bretagne contre une vassalité théorique du duc (il rachètera Brest aux Anglais en [[1397]]).

En [[1378]], la visite de courtoisie de l’[[Saint-Empire romain germanique|empereur germanique]] [[Charles IV du Saint-Empire|{{nobr|Charles {{IV}}}}]] (oncle de {{nobr|Charles {{V}}}}) à [[Paris]] consacre la victoire de [[Charles V de France|Charles le Sage]]. La première phase de la guerre de Cent Ans se termine par la victoire de l’habile {{nobr|Charles {{V}}}} de France, aidé par des militaires expérimentés comme Bertrand du Guesclin, sur un {{nobr|Édouard {{III}}}} vieillissant et trop sûr de lui. En outre, les finances royales — et par conséquent le pouvoir du roi — ont été considérablement renforcées par l'épisode de la [[Rançon au Moyen Âge|rançon]] de Jean le Bon. En effet, le paiement d'une rançon était le seul cas où la levée de l'impôt était automatique et non soumise à longues tractations avec les états. La rançon exigée par l'Angleterre justifia donc un financement centralisé géré directement par le Dauphin : lorsque {{nobr|Charles {{V}}}} mit fin à ce paiement après n'en avoir honoré que le tiers, il ne supprima pas la levée d'impôt mais l'affecta à ses besoins militaires. C'est ainsi que la guerre de Cent Ans et l'épisode de la rançon royale joua un rôle charnière dans la constitution d'une finance royale autonome (ne dépendant plus des désidératas de la noblesse et des états) et d'une armée directement sous le contrôle royal : ce fut un tournant majeur dans la constitution d'un véritable État moderne. {{nobr|Charles {{V}}}} ne laissait pas seulement un pays presque unifié, il laissait également un pouvoir consolidé, autonome par rapport à la noblesse et sur le plan financier, pour la première fois dans l'histoire de France{{référence insuffisante}}<ref name="Bove"/>.

=== Régents et guerre civile : 1380-1429 ===
==== Mort de {{nobr|Charles {{V}}}} le Sage et débuts de {{nobr|Charles {{VI}}}} : 1380-1392 ====
[[Charles V de France|Charles le Sage]], qui a toujours eu une mauvaise santé, veut préparer sa fin. Aussi, en [[1374]], il fixe la majorité des rois de France à 14 ans, et ordonne l’amélioration de tous les châteaux et forteresses de France, rendus vulnérables par l’apparition de l’artillerie<ref group="Note">Il fait, par exemple, ceinturer Paris par un fossé et un talus en remblais surmonté d’une palissade. Le talus permet d'éviter les boulets et la palissade sert à empêcher l’ennemi d’utiliser le talus comme abri</ref> aussi bien aux frontières que dans les régions exposées aux débarquements anglais (Normandie, notamment), ce qui matérialise un peu plus le territoire national. À la fin de son règne, la paix est revenue, mais la pression fiscale au départ provisoire et justifiée par l'état de guerre est restée lourde et villes et campagnes recommencent à gronder.

[[Image:16th-century unknown painters - Philip the Bold - WGA23677.jpg|vignette|[[Philippe II de Bourgogne|{{nobr|Philippe {{II}}}} de Bourgogne]] dit ''le Hardi'', tableau anonyme du {{s-|XVI|e}}, [[château de Versailles]].]]

En septembre [[1380]], âgé de 42 ans [[Charles V de France|{{nobr|Charles {{V}}}} de France]] meurt. Son fils de douze ans seulement devient le roi [[Charles VI de France|{{nobr|Charles {{VI}}}} de France]] mais, mineur, il est placé sous la tutelle de ses oncles. Ceux-ci forment un conseil de régence en remplacement du [[conseil du roi]]. Les anciens conseillers de {{nobr|Charles {{V}}}} sont progressivement évincés, les oncles du jeune roi (et frères de feu {{nobr|Charles {{V}}}} : [[Louis Ier d'Anjou|Louis d’Anjou]], [[Jean de Berry]], [[Philippe II de Bourgogne|Philippe de Bourgogne]]) accaparant tout le pouvoir. Le règne de {{nobr|Charles {{V}}}} a été marqué par l'affermissement du pouvoir royal vis-à-vis de la noblesse. En effet, celle-ci a déjà été saignée par les effets des [[bataille de Crécy|batailles de Crécy]] et [[Bataille de Poitiers (1356)|Poitiers]] ou de la grande peste et de ses réminiscences régulières, mais elle fait aussi face à une baisse importante de ses revenus fonciers, les campagnes ayant été dépeuplées par la peste et dévastées durablement par les pillages découlant de la stratégie de [[terre déserte]] et de l'action des compagnies : les paysans ont fui et leurs terres sont souvent retournées en friche<ref>{{harvsp|Coulet|2007|p=409-410}}</ref> (en particulier, les pieds de vignes détruits entraînent des difficultés durables de production de vin pourtant indispensable à l'époque où l'eau est rarement salubre). Évidemment avec le retour de l'ordre, les choses se sont arrangées, les terres ont été recolonisées, mais beaucoup de seigneurs cèdent leur terres en [[fermage]] ou en [[métayage]] ce qui est moins rentable, mais permet des revenus plus réguliers et permet d'être présent à la cour pour bénéficier des largesses de son suzerain. En effet, le trésor royal est enrichi par une fiscalité devenue permanente ce qui permet d'entretenir et de fidéliser ses vassaux. C'est pourquoi les oncles ont besoin de puiser dans les finances royales pour s'assurer le soutien d'une large clientèle<ref name="coulet416">{{harvsp|Coulet|2007|p=416}}</ref> et constituer de véritables principautés. Ce gouvernement est relativement néfaste pour le Trésor dans lequel les grands du royaume prennent l’habitude de puiser. Quand Louis d’Anjou décide de partir conquérir le lointain royaume de [[Naples]] qu’il revendique depuis [[1382]], il finance son expédition aux dépens du trésor royal<ref name="Coulet_415"/>, mais cela l’éloigne des affaires de France et laisse Philippe le Hardi prendre une influence prépondérante au sein du conseil<ref>{{en}} François Pierre Guillaume Guizot ''A Popular History of France From The Earliest Times'' {{vol.|{{III}}}} : [http://www.gutenberg.org/files/11953/11953-h/11953-h.htm#2HCH2 The Project Gutenberg EBook]</ref>.

Cette période est calme d’un point de vue militaire car le royaume d’Angleterre est en proie à une guerre civile. Une [[révolte des paysans]] est déclenchée par la crise économique qui sévit alors en Angleterre à la suite de l’interruption des commerces du sel, des vins et de la laine, les hausses d’impôts nécessaires à l’entretien de l’armée et le discrédit qui frappe la noblesse du fait de ses défaites à répétition en France. L’insurrection est coordonnée par des prédicateurs [[lollards]] dont les idées égalitaires séduisent. Elle prend le contrôle de Londres avant d’être matée par [[Richard II d'Angleterre|{{nobr|Richard {{II}}}}]]<ref>{{en}} ''Conflagration: The Peasants’ Revolt'', Melissa Snell [http://historymedren.about.com/library/weekly/aa071798.htm historymedren.about.com]</ref>.

{{Article détaillé|Révolte des paysans}}

Les campagnes et les villes supportent mal la forte pression fiscale concédée à titre provisoire pour entretenir l'effort de guerre, mais qui est devenue permanente, d'autant que les recettes semblent plus utilisées pour l'organisation de fêtes somptueuses (nécessaires pour entretenir sa clientèle) que pour la sécurisation du territoire<ref name="coulet416"/>. En [[1388]], [[Charles VI de France|{{nobr|Charles {{VI}}}}]], âgé de 20 ans, constatant la gabegie et le discrédit entrainé par le gouvernement des oncles décide de reprendre en main les affaires du royaume<ref name="coulet416"/>{{,}}<ref>{{harvsp|Theis|1992|p=313}}</ref>. La régence prend fin, mais il garde ses oncles comme conseillers et fait revenir les anciens ministres de son père, que l’opposition féodale surnommait les [[Marmouset (conseiller du roi)|Marmousets]], en référence à des figures grotesques qui côtoient les gargouilles dans les cathédrales.

[[Fichier:Couronnement de Charles VI le Bien-Aimé.jpg|gauche|vignette|Le sacre de [[Charles VI de France|{{nobr|Charles {{VI}}}}]]. ''[[Grandes Chroniques de France (Jean Fouquet)]]'', vers 1455-1460.]]

Le règne du jeune roi, très populaire, s’annonce aussi positif que celui de son père, lorsque, pendant une expédition punitive contre le [[Duché de Bretagne|duc de Bretagne]], il [[Crise de démence de Charles VI en la forêt du Mans|tombe « malade »]], selon les dires de l’époque. En effet, il est alors pris à partie par un individu qui lui aurait dit : « Sire, vous êtes entourés de traîtres, vos compagnons veulent votre mort ! ». Le roi Charles, dans un accès de démence, dégaine son épée et se rue vers ses écuyers. Il faut plusieurs hommes pour le maîtriser<ref>[http://users.skynet.be/antoine.mechelynck/chroniq/froiss/F4_029.htm Chroniques de Jean Froissart], ''De la grosse armée et du voyage que le roi de France vouloit faire en Bretagne sur le duc de Bretagne, pour la cause qu'on disoit qu'il soutenoit messire Pierre de Craon; et comment au dit voyage le roi devint malade, pourquoi le voyage fut rompu.'', {{nobr|livre 4}}, {{chap.|29}}</ref>. Le sombre épisode du [[bal des ardents]], quelques mois plus tard, achève de le déstabiliser psychologiquement<ref>[http://users.skynet.be/antoine.mechelynck/chroniq/froiss/F4_032.htm Chroniques de Jean Froissart], ''L'aventure d'une danse faite en semblance de hommes sauvages, là où le roi fut en péril'', {{nobr|livre 4}}, {{chap.|32}}</ref>.

À partir de [[1392]], {{nobr|Charles {{VI}}}} est pris de folie par intermittence, selon un cycle de crises suivies de « rémissions » plus ou moins longues, durant lesquelles il retrouve tous ses moyens intellectuels. Cependant, avec l’âge, les crises deviennent de plus en plus violentes et longues, et les rémissions de plus en plus brèves<ref>[http://www.herodote.net/histoire08050.htm herodote.net ''5 août 1392 - {{nobr|Charles {{VI}}}} le Bien Aimé devient le Fou'', André Larané]</ref>.

Le royaume n’étant plus dirigé, les oncles du roi reprennent le pouvoir au sein d’un conseil de régence présidé par la reine ([[Isabeau de Bavière]]) et les [[Marmouset (conseiller du roi)|Marmousets]] sont renvoyés<ref>[http://users.skynet.be/antoine.mechelynck/chroniq/froiss/F4_030.htm Chroniques de Jean Froissart], ''Comment le duc de Berry et le duc de Bourgogne, oncles du roi, eurent le gouvernement du royaume; et comment ils firent chasser et prendre ceux qui avoient eu le gouvernement du roi.'', {{nobr|livre 4}}, {{chap.|30}}</ref>. La reine étant piètre politique{{référence nécessaire}}, le duc de Bourgogne Philippe le Hardi exerce le pouvoir de fait. Mais, il lui faut de plus en plus compter avec [[Louis Ier d'Orléans|Louis d’Orléans]], le frère cadet du roi, qui s’emploie à contrer l’influence du [[duché de Bourgogne]] à la cour de France{{référence nécessaire}}.

==== Armagnacs et Bourguignons : de 1392 à 1429 ====
{{article détaillé|Guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons}}
La reprise du conflit trouve ses origines dans différents facteurs. En premier lieu, France comme Angleterre connaissent des luttes pour le pouvoir. En Angleterre, c’est avant tout les revers contre la France qui entraînent un changement dynastique{{référence nécessaire}} : après un long conflit, [[Henri IV d'Angleterre|{{nobr|Henri {{IV}}}} de Lancastre]] s’impose comme roi. En France, la folie de [[Charles VI de France|{{nobr|Charles {{VI}}}}]] entraîne la mise en place d’un conseil de régence présidé par la reine. Le pouvoir réel est partagé par les grands du royaume ([[Louis Ier d'Orléans|Louis d’Orléans]], chef de file des [[Armagnacs]]<ref>Avant l’assassinat de Louis d’Orléans en 1405 le parti d’Armagnac se nomme le parti d’Orléans, mais pour faciliter la lecture nous avons volontairement ignoré cette nuance</ref> et [[Jean sans Peur]] duc de Bourgogne, le duc de Berry étant plutôt un médiateur entre les deux premiers).

Louis d’Orléans prend une influence grandissante sur la reine, et est accusé par les [[Bourguignons]], qui se sentent lésés, d’être son amant<ref name="Dignat">Alban Dignat, ''23 novembre 1407: Assassinat dans la rue Vieille du Temple'', [http://www.herodote.net/histoire11230.htm herodote.net]</ref> (et le père réel du [[Dauphin (titre)|dauphin]]). Cette lutte de pouvoir entre Armagnacs et Bourguignons rapproche progressivement ces derniers des Anglais, d’autant qu’en [[1407]] [[Jean Ier de Bourgogne|Jean sans Peur]] fait assassiner le [[duc d’Orléans]] (voir [[Assassinat de Louis d'Orléans|Assassinat de Louis d’Orléans]]). Le pays sombre dans la guerre civile<ref name="Dignat"/>. D’un point de vue religieux, le [[Grand schisme d'Occident|grand schisme]] oppose le [[pape]] de [[Rome]] (soutenu par les Anglais et les Bourguignons) à celui d’[[Papauté d'Avignon|Avignon]] (soutenu par les Armagnacs)<ref>{{harvsp|Theis|1992|p=327}}</ref>.
{{article détaillé|Grand schisme d'Occident}}

[[Fichier:Vigiles du roi Charles VII 56.jpg|vignette|Représentation de la révolte des Cabochiens. Miniature issue du manuscrit de [[Martial d'Auvergne]], ''[[Les Vigiles de la mort de Charles VII|Les Vigiles de Charles VII]]'', vers 1484, [[Bibliothèque nationale de France|BNF]].]]

En fait, ce sont deux systèmes économiques, sociaux et religieux qui se font face. La France, pays avec une agriculture florissante et un système féodal et religieux puissant d’une part ; l’Angleterre d’autre part, pays d’élevage qui vend sa laine aux drapiers des Flandres. C’est un pays où l’artisanat et la bourgeoisie des villes prennent de l’importance. Les Armagnacs défendent le modèle français, Jean sans Peur, pour prendre le contrôle de Paris, milite pour le modèle anglais (d’autant que les Flandres appartiennent au duché de Bourgogne) promettant baisses d'impôts et contrôle de la monarchie par les états généraux et est soutenu par les artisans et les universitaires parisiens<ref name="Coulet419">{{harvsp|Coulet|2007|p=418-419}}</ref>. Il se rend ainsi maitre de Paris et donc du roi en 1413<ref>{{harvsp|Theis|1992|p=329}}</ref>. Ses alliés les ''[[Cabochiens]]'' (du nom de leur chef le boucher [[Simon Caboche]]) font régner la terreur. Le 27 mai 1413, l'ordonnance Cabochienne est rédigée et promulguée dans l'esprit de la [[grande ordonnance de 1357]]. Mais leurs exactions ont fini par lasser les Parisiens qui appellent les Armagnacs à la rescousse<ref name="Coulet419"/>. Jean sans Peur doit fuir et se rapproche des Anglais<ref name="Coulet419"/>.

[[Henri V d'Angleterre|{{nobr|Henri {{V}}}}]], fils d’[[Henri IV d'Angleterre|{{nobr|Henri {{IV}}}}]], comprend la nécessité d’unir sa noblesse contre un ennemi commun et d’attaquer la France. Il revendique l'héritage de Guillaume le Conquérant et des Plantagenêts: la Normandie et l'Aquitaine, soit la moitié de la France<ref name="Coulet419"/>. On lui propose l'Aquitaine et la main de [[Catherine de Valois (1401-1437)|Catherine]], fille du roi richement dotée, mais on lui refuse la Normandie<ref name="Coulet419"/>. En [[1415]], il se proclame roi de France (en tant qu'arrière-petit-fils d'[[Édouard III|{{nobr|Édouard {{III}}}}]], dont il reprend la revendication en tant que descendant direct de [[Philippe le Bel]] tandis que les Valois descendent du frère cadet de ce dernier) et débarque à Chef de Caux, près de la future ville du [[Le Havre|Havre]] avec {{unité|13000|hommes}}<ref>{{harvsp|Theis|1992|p=330}}</ref>. Il ne vient pas mener une énième [[chevauchée]] en [[Normandie]] mais compte s’emparer de la région. Il commence par prendre la ville d’[[siège d'Harfleur|Harfleur]] puis en expulse les habitants et les remplace par des colons anglais{{référence nécessaire}}. La [[dysenterie]] qui frappe son armée oblige le roi d’Angleterre à reporter ses rêves de conquête. Il décide de regagner l’Angleterre via [[Calais]].[[Image:Battle of Agincourt, St. Alban's Chronicle by Thomas Walsingham.jpg|vignette|La [[bataille d’Azincourt]], miniature tirée d'une ''Chronique de Saint Alban'', [[Lambeth Palace]], Ms.6, f.243.]]

Face à ce danger, [[Armagnacs]] et [[Bourguignons]], les deux partis qui se disputent le pouvoir en France, font une trêve pour faire face. L’armée française rattrape {{nobr|Henri {{V}}}} en [[Picardie (province de France)|Picardie]]. Au moment crucial, les Armagnacs rechignent à laisser le commandement au duc de Bourgogne qui retire ses troupes: les Français ne sont que {{unité|20000}}<ref>{{harvsp|Theis|1992|p=331}}</ref>. La [[chevalerie]] française paie une nouvelle fois ses insuffisances tactiques et la faiblesse de son commandement : les Anglais taillent en pièces la fine fleur de la noblesse de France à [[Bataille d'Azincourt|Azincourt]], le {{Date|25|octobre|1415}}<ref>{{harvsp|Cottret|2007|p=136}}</ref>. Ils peuvent réembarquer sans inquiétude. Cette humiliation des Français aggrave les dissensions au sein du royaume et révèle à [[Henri V d'Angleterre|{{nobr|Henri {{V}}}} d’Angleterre]] qu’il peut revenir.

Celui-ci lève des fonds pour conduire une guerre de [[siège (militaire)|sièges]] face aux châteaux fortifiés sous [[Charles V de France|{{nobr|Charles {{V}}}} le Sage]]. Deux ans après sa victoire à la bataille d’Azincourt, le roi d’Angleterre revient en Normandie avec une armée de {{unité|10000}} à {{unité|12000|hommes}} et une [[artillerie]] à feu considérable pour l’époque<ref>{{harvsp|Cottret|2007|p=137}}</ref> : il compte bien entreprendre la conquête du [[duché de Normandie]].

[[Armagnacs]] et [[Bourguignons]] s’opposent alors dans une véritable [[guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons|guerre civile]] et ne luttent guère contre les Anglais : [[Paris]], et donc le roi, sont contrôlés par le comte d'Armagnac entre [[1413]] et [[1418]], Isabeau de Bavière doit fuir et est recueillie par Jean sans Peur. Les Armagnacs multipliant les exactions dans la capitale, les Parisiens ouvrent les portes aux Bourguignons qui ont su mener une politique accommodante de baisse des taxes dans les villes qu'ils contrôlent<ref>{{harvsp|Coulet|2007|p=420-421}} et {{harvsp|Theis|1992|p=332}}</ref> fin mai 1418. C'est un nouveau bain de sang: en juin 1418, les Armagnacs sont massacrés et le futur [[Charles VII de France|{{nobr|Charles {{VII}}}}]] que son père a nommé lieutenant du royaume se proclame régent en décembre 1418<ref>{{harvsp|Coulet|2007|p=420-421}}</ref>, et, prenant la tête du parti Armagnac, établit son gouvernement à [[Bourges]]. {{nobr|Henri {{V}}}} a les mains libres : en moins de deux ans, toutes les forteresses normandes, villes ou châteaux, tombent. [[Siège de Rouen (1418)|Rouen]], assiégée, est réduite à la famine. La ville accepte finalement d’ouvrir ses portes au roi d’Angleterre le {{Date|19|janvier|1419}}<ref>{{harvsp|Theis|1992|p=333}}</ref>. À cette date, seul le [[Mont-Saint-Michel]] tient bon.

[[Fichier:John II, Duke of Burgundy.jpg|gauche|vignette|[[Jean Ier de Bourgogne|Jean sans Peur, duc de Bourgogne]]. [[Musée du Louvre]]]]
[[Fichier:Henry, Prince of Wales, presenting this book to John Mowbray. Thomas Hoccleve, Regement of Princes, London, c. 1411-1413, Arundel 38, f. 37detail.jpg|vignette|[[Henri V d'Angleterre|{{nobr|Henri {{V}}}} d'Angleterre]], représenté debout en jeune prince de Galles, antérieurement à son couronnement ([[Miniature (enluminure)|miniature]], vers 1411-1413, British Library, Londres, Arundel 38, {{folio}}37).]]
Les Anglais peuvent prendre Paris en [[1419]]. Une médiation est tentée entre Armagnacs et Bourguignons, et le [[Duché de Bourgogne|duc de Bourgogne]] et le dauphin se rencontrent sur le pont de [[Montereau-Fault-Yonne|Montereau]] le {{Date|10|septembre|1419}}. Mais, lors de l’entrevue, [[assassinat de Jean sans Peur|Jean sans Peur est assassiné]] par des proches du dauphin (pour qui un accord avec les Bourguignons est inacceptable). Le dauphin est accusé d’être le commanditaire et les conséquences sont catastrophiques pour les Armagnacs<ref>André Larané, ''10 septembre 1419: L’assassinat de Jean sans Peur'', [http://www.herodote.net/evenements/evenement.php?jour=14190910 herodote.net]</ref>. [[Philippe III de Bourgogne|Philippe le Bon]], fils de [[Jean Ier de Bourgogne|Jean sans Peur]], s’allie alors ouvertement aux Anglais, et fait signer le [[traité de Troyes]] de [[1420]] à [[Charles VI de France|{{nobr|Charles {{VI}}}}]], définitivement fou. Le [[Charles VII de France|dauphin]] est déshérité, [[Henri V d'Angleterre|{{nobr|Henri {{V}}}}]] épouse la [[Catherine de Valois (1401-1437)|fille de {{nobr|Charles {{VI}}}}]] et devient l’héritier du royaume de France. {{nobr|Henri {{V}}}} est régent de France en 1421<ref>{{en}} F. A. Ogg, ''A Source Book of Medieval History'' (New York, 1907), {{p.|443}} [http://www.fordham.edu/halsall/source/1420troyes.html Medieval Sourcebook]</ref>. Les [[Armagnacs]] dénoncent ce traité, arguant du fait que la couronne possède le roi, et non le contraire. Ils s'appuient sur le précédent de la succession de [[Charles IV de France|{{nobr|Charles {{IV}}}}]] et sur la récupération de la [[loi salique]] pour refuser que la couronne puisse échoir au futur fils de la fille du roi. La France est partagée en trois influences : le sud (régions au sud de la [[Loire (fleuve)|Loire]], moins la [[Guyenne]]) fidèle au [[Charles VII de France|dauphin]], le nord-ouest tenu par les Anglais, le reste aux [[Bourguignons]].

En [[1422]], [[Henri V d'Angleterre|{{nobr|Henri {{V}}}}]] et [[Charles VI de France|{{nobr|Charles {{VI}}}}]] meurent. {{nobr|Charles {{VI}}}} reste alors très populaire<ref>{{harvsp|Theis|1992|p=335}}</ref>. [[Henri VI d'Angleterre|{{nobr|Henri {{VI}}}}]], fils d’{{nobr|Henri {{V}}}}, se retrouve roi de France et d’Angleterre, mais mineur, d’où une interruption momentanée du conflit. Le dauphin s’allie avec les Écossais qui lui fournissent des [[archer]]s ce qui permet un rééquilibrage tactique, d'autant que le duc de Bourgogne, occupé à accroitre ses possessions vers le Hainaut et la Hollande, s'abstient d'intervenir<ref>{{harvsp|Theis|1992|p=336}}</ref>. Les chevauchées et batailles aux fortunes diverses marquent cette période ([[Bataille de Bauge]], [[Bataille de Cravant]], [[Bataille de la Brossinière]] et [[Bataille de Verneuil (1424)|Bataille de Verneuil]], [[Siège de Montargis]]), mais elles ne font pas évoluer la situation générale. En [[1428]] les Anglais reprennent les armes, et mettent le [[Siège d'Orléans (1428)|siège devant Orléans]] le 12 octobre<ref name="liocourt">Colonel de Liocourt, [http://books.google.fr/books?id=ca0o7ja-aEIC&pg=PA149&lpg=PA149&dq=#v=onepage&q&f=false ''La mission de Jeanne d'Arc - {{t.|{{I}}}}'']. Nouvelles Éditions Latines, 1974.</ref>. C’est dans ces circonstances qu’intervient [[Jeanne d'Arc|Jeanne d’Arc]]. Le dauphin Charles est extrêmement affaibli, seul un signe divin pourrait effacer les rumeurs de bâtardise et le légitimer.

=== Les Anglais boutés hors de France : de 1429 à 1475 ===
==== Jeanne d’Arc ====
[[Fichier:Siege orleans.jpg|gauche|vignette|Le [[Siège d'Orléans (1428-1429)|siège d'Orléans]] (miniature extraite des ''Vigiles du roi Charles VII'' de [[Martial d'Auvergne]], Paris, [[Bibliothèque nationale de France|BnF]], département des Manuscrits).]]
[[Fichier:Vigiles du roi Charles VII 43.jpg|vignette|<center>[[Sacre des rois de France|Sacre]] de [[Charles VII de France|{{nobr|Charles {{VII}}}}]] à [[Reims]]. [[Enluminure]] du manuscrit de [[Martial d'Auvergne]], ''[[Les Vigiles de la mort de Charles VII|Les Vigiles de {{nobr|Charles {{VII}}}}]]'', [[Bibliothèque nationale de France|BnF]], [[Département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France|département des manuscrits]], [[Manuscrit|Ms.]] Français 5054, {{folio|63|verso}}, vers 1484.</center>]]
[[Image:Sacre Henry6 England-France 02.jpg|vignette|Sacre de [[Henri VI (roi d'Angleterre)|{{nobr|Henri {{VI}}}}]] dans la [[cathédrale Notre-Dame de Paris]]. Miniature du [[Maître de la Chronique d'Angleterre]], tirée d'un manuscrit de [[Jean de Wavrin]], BNF.]]

Il se dit dans le royaume qu’une pucelle envoyée par Dieu, et venant du [[duché de Lorraine]] a reconnu miraculeusement le vrai roi de France à [[Chinon]]. [[Charles VII de France|{{nobr|Charles {{VII}}}}]] accepte d'envoyer [[Jeanne d’Arc]] à [[Orléans]], ville qu’elle se propose de délivrer comme preuve de sa bonne foi, avec un convoi de ravitaillement. En cas de victoire, il verrait légitimée sa revendication au trône de France (qui peut tout aussi bien être revendiqué par [[Henri VI d'Angleterre|{{nobr|Henri {{VI}}}}]] en vertu du [[traité de Troyes]]).
{{article détaillé|Jeanne d'Arc}}
Le [[Siège d'Orléans (1428)|siège d’Orléans]] est une bataille phare, capitale, suivie par toute l’Europe<ref>[http://www.stejeannedarc.net/chroniques/chroniques_index.php stejeannedarc.net]</ref>. Le [[29 avril]] 1429, Jeanne entre dans la ville. Le [[4 mai]], une des [[poliorcétique|bastilles]] anglaises (construites pour le siège) est prise. Les jours suivants, une seconde, puis une troisième. Le [[8 mai]], les Anglais se rangent en ordre de bataille. Jeanne interdit à l'armée française d'engager le combat, car c'est un dimanche, un jour sacré pour les chrétiens. Les Anglais lèvent alors le siège<ref>''Jeanne d’Arc'', Henri Wallon, {{5e}} édition 1876, {{nobr|Livre {{II}}}} ''Orléans'', {{3e}} partie: ''la délivrance d’Orléans'' [http://www.stejeannedarc.net/histoire_wallon/wallon_II-3.php stejeannedarc.net]</ref>. Cet évènement fait l’effet d’une véritable bombe en Europe : le contraste est saisissant entre la lenteur du siège et la vitesse à laquelle il est levé dès l’intervention de Jeanne. Les contemporains croient y voir un miracle. [[Bonne d'Armagnac]], femme de [[Charles Ier d'Orléans|{{nobr|Charles {{Ier}}}} d'Orléans]], prisonnier des Anglais et chef des Armagnacs, lui écrit pour lui demander de l’aide. La ville de [[Toulouse]] fait de même. Du côté français comme du côté anglais, la propagande fait rage, invoquant dans les deux cas le surnaturel, bon ou mauvais.
[[Fichier:Traité de Troyes.svg|gauche|vignette|'''1429'''{{Légende|#ea8b9d|Territoires contrôlés par {{nobr|Henri {{V}}}}}} {{Légende|#c896c8|Territoires contrôlés par le duc de Bourgogne }}
{{Légende|#7f9ad7|Territoires contrôlés par le dauphin Charles}}
{{Légende|#ffff00|Principales batailles}}
{{Ligne de légende|red dotted 2px|Raid anglais de 1415}}
{{Ligne de légende|blue dotted 2px|Itinéraire de Jeanne d'Arc vers Reims en 1429}}]]
Jeanne désire ensuite marcher sur [[Reims]], projet difficilement réalisable, la ville étant en plein pays bourguignon. {{nobr|Charles {{VII}}}} aurait pu être sacré à Orléans (comme le fut [[Louis VI de France|{{nobr|Louis {{VI}}}}]], par exemple) ; cependant l’impact psychologique d’un sacre à Reims serait bien plus important, car il serait interprété comme un nouveau miracle, preuve de la légitimation divine du dauphin. La [[bataille de Patay]], victoire française, à laquelle participe le connétable [[Arthur de Richemont]]<ref group="Note">Richemont s'était composé une armée de 600 hommes d'armes et 400 hommes de trait. Elle comprenait notamment les compagnies des sires de Beaumanoir, Rostrenen, Montauban, G. de St Gilles, A. de la Feuillée, de nombreux autres Bretons de sa maison et des seigneurs du Poitou en tout 400 lances et 800 archers (environ {{unité|4000|hommes}}). La Pucelle arrive à Beaugency. Richemont la rejoint et décide de secourir Meung, puis de poursuivre les Anglais regroupés à Janville. Richemont avec ses Bretons et l'armée de la Pucelle les surprennent et ils sont complètement défaits au village de Patay. Références sur le site de Skol Uhel Ar Vro</ref>, ouvre les portes de Reims, où [[Charles VII de France|{{nobr|Charles {{VII}}}}]] est [[sacre|sacré]] roi de France<ref>''Jeanne d’Arc'', Henri Wallon, {{5e}} édition 1876, {{nobr|Livre {{III}}}} ''Reims'', {{3e}} partie: ''Le sacre'' [http://www.stejeannedarc.net/histoire_wallon/wallon_III-2.php stejeannedarc.net]</ref>. Cela coupe l’herbe sous les pieds à [[Henri VI d'Angleterre|{{nobr|Henri {{VI}}}}]] qui ne put être sacré qu’à [[Cathédrale Notre-Dame de Paris|Notre-Dame de Paris]] en [[1431]]. À partir de ce moment, l’influence de Jeanne dans le conflit est plus faible : elle n’est plus soutenue par [[Charles VII de France|{{nobr|Charles {{VII}}}}]]<ref name="Girot"/> qui, une fois sacré, souhaite ménager les ecclésiastiques (qui ont été profondément divisés par le [[Grand Schisme d’Occident]]) pour assoir sa couronne. Elle échoue devant Paris en [[1429]]. Elle est envoyée dans le [[Berry]] pour neutraliser les [[Grandes compagnies]] qui écument le pays durant les trêves. Elle est alors capturée en [[1430]], à [[Compiègne]], par [[Jean II de Luxembourg-Ligny|Jean de Luxembourg]]. [[Charles VII de France|{{nobr|Charles {{VII}}}}]] l’abandonne<ref name="Girot"/>. Son procès est confié à l’[[Liste des évêques de Beauvais|évêque de Beauvais]], [[Pierre Cauchon]], proche des Bourguignons, mais elle est brûlée par les Anglais à Rouen, le 30 mai 1431. Cette manœuvre permet de ne mettre en cause directement ni les Bourguignons, ni le [[Pape]] (l’[[Inquisition]] l’avait un temps réclamée), dans ce qui est perçu à l’époque par beaucoup comme le martyre d’une sainte (Jeanne d’Arc ne fut cependant canonisée qu’en [[1922]] dans un tout autre contexte politique). Le régent anglais fait couronner en hâte {{nobr|Henri {{VI}}}} à Paris le 16 décembre 1431, mais c'est trop tard : les Anglais sont perçus comme des occupants et les soulèvements se multiplient<ref>{{harvsp|Coulet|2007|p=427}}</ref>.

==== La fin du conflit ====
À partir de 1431, la situation politique et militaire des Anglais se dégrade. De fait, depuis le [[traité de Troyes]], ils sont loin de contrôler physiquement tout le territoire qui leur a été assigné : ils n'occupent qu'en partie la Picardie et la Champagne et ne contrôlent qu'imparfaitement l'Île-de-France où les partisans de {{nobr|Charles {{VII}}}} tiennent encore plusieurs places fortes et se cachent dans les forêts du Hurepoix. Entre Saône et Loire les allégeances s'emmêlent<ref name="coulettroy"/>. Les capitaines français<ref name="coulettroy">{{harvsp|Coulet|2007|p=422}}</ref> [[Jean de Dunois|Dunois]], [[Étienne de Vignolles|La Hire]], [[Arnault Guilhem de Barbazan|Barbazan]] ou le routier [[Rodrigue de Villandrando]] multiplient les coups de main en Champagne et en [[Île-de-France]]<ref name="Theisarras"/>. La haine des Anglais entraîne de nombreux soulèvements et en Normandie la situation est de plus en plus intenable. En 1432, un coup de main sur le château de Rouen est à deux doigts de réussir<ref name="Insurrection">{{harvsp|Coulet|2007|p=427-428}}</ref>. En 1434, la Normandie est en insurrection quasi-générale à la suite de l'augmentation des exigences fiscales anglaises<ref name="Insurrection"/> et malgré la répression sanglante ordonnée par le duc de Bedford<ref name="Theisarras">{{harvsp|Theis|1992|p=343-344}}</ref>. [[Jean sans Peur]] avait multiplié les promesses démagogiques d'exonérations fiscales et les Anglais ne peuvent les tenir<ref name="coulettroy"/>. De même, la création d'une [[université de Caen]] en 1432 est vécue par les maîtres de l'Université de Paris comme une défiance, voire un détournement de clientèle : les Parisiens s'éloignent des Anglais<ref name="Theisarras"/>.

En mai 1435, [[Étienne de Vignolles|La Hire]] et [[Jean Poton de Xaintrailles|Saintrailles]] taillent en pièces l'armée anglaise du [[Comte d'Arundel]] à la [[bataille de Gerberoy]]. Le duc de Bourgogne sent le vent tourner et, sous la pression des villes flamandes et des Parisiens qui souhaitent la paix pour des raisons économiques, se rapproche des Français<ref name="Theisarras"/>. En [[1435]], [[Charles VII de France|{{nobr|Charles {{VII}}}}]] fait amende honorable pour l'assassinat de Jean sans Peur, ce qui permet la conclusion de la [[Traité d'Arras (1435)|paix d’Arras]] avec les [[Bourguignons]]<ref name="Insurrection"/>. Ce traité permet en outre à Philippe le Bon d'accroître ses possessions : il reçoit les comtés d'[[Auxerre]] et de [[Mâcon]], des seigneuries de Péronne, Royes et [[Montdidier (Somme)|Montdidier]] et prend en gage des villes de Picardie comme Amiens, Saint-Quentin et Abbeville<ref name="Theisarras"/>. Ce traité fait définitivement basculer le rapport de force en faveur des Français<ref>Laurent Albaret, ''{{s-|XV|e}}. Le traité d’Arras'', [http://www.clionautes.org/spip.php?article786 Clionautes]</ref>. Immédiatement, des soulèvements anti-anglais se déclenchent, en particulier en pays de Caux et dans le val de Vire<ref name="Theisparis">{{harvsp|Theis|1992|p=344-345}}</ref>. Dans la foulée [[Dieppe (Seine-Maritime)|Dieppe]], [[Montivilliers]] et [[Harfleur]] sont reprises<ref name="Theisparis"/>. En 1436, par suite de l'action du connétable [[Arthur de Richemont]]<ref>Enguerran de Monstrelet, Chronique, 1400-1444, Drouet d’Arcq, Paris 1861, {{p.|217-221}} Etcheverry (J-P), Arthur de Richemont le justicier, France-Empire, Paris, 1983, {{p.|172-179}} Lobineau (Dom G.), Histoire de Bretagne, {{t.|{{I}}}}, 1707, {{p.|605}} Argentré (B. d’), Histoire de Bretaigne, 1618, {{p.|792}}</ref>{{,}}<ref group="Note">Arthur de Richemont, futur duc de Bretagne, est connétable depuis 1425, mais après une période disgrâce, il eut un rôle éminent (et oublié) dans la dernière phase de la guerre de cent ans. Selon Jules Michelet, de tous temps « la meilleure arme de la France contre la Grande-Bretagne avait été la Bretagne », « Parmi les hommes célèbres du règne de {{nobr|Charles {{VII}}}}… s'il en est un qui mérite d'occuper à côté de Jeanne d'Arc le premier rang, on peut affirmer, tout bien pesé, que c'est le connétable de Richemont » Ernest Lavisse. "Du Guesclin, Clisson, Arthur de Richemont, les plus grands capitaines du Moyen Âge, sortirent du duché" de Bretagne, " Vies des grands capitaines français du Moyen Âge, par Alexandre Mazas ", « Le connétable de Richemont était le seul homme qui prit à cœur les intérêts de la monarchie et songé à sa défense », Simonde de Sismondi</ref>, Paris ouvre ses portes aux Français<ref name="Insurrection"/> qui proclament le pardon général<ref name="Theisparis"/>. {{nobr|Charles {{VII}}}} ne se presse pas : il réorganise le royaume et prépare la reconquête.

[[Image:KarlVII.jpg|gauche|vignette|[[Portrait de Charles VII]] par [[Jean Fouquet]].]]
La dernière phase de la guerre est très lente. Elle est cependant caractérisée par un élément majeur : la supériorité militaire anglaise, fondée sur des [[archer]]s performants et une [[infanterie]] disciplinée, disparaît progressivement au profit des Français qui font émerger une nouvelle technologie sur les champs de bataille : l’[[artillerie]] de campagne, organisée par [[Jean Bureau]], qui fait débander l’adversaire, laissant prise à des charges de cavalerie lourde<ref name="Contamine"/>{{,}}. Le roi d'Angleterre [[Henri VI d'Angleterre|{{nobr|Henri {{VI}}}}]], dont la mère est française, se révèle francophile et peu enclin à la guerre. Depuis la mort de Bedford, son conseil est en proie aux discordes<ref name="Insurrection"/>. En [[1444]], la [[trêve de Tours]] est conclue entre les deux camps. {{nobr|Charles {{VII}}}} la met à profit et réorganise son armée de manière à pouvoir vaincre les Anglais. Il obtient progressivement des états de la langue d'Oïl (1438 et 1443) puis d'[[États de Languedoc|Oc]] (1439) la possibilité de reconduire les aides sans réunir les états annuellement : c'est l'instauration de la permanence de l'impôt<ref name="mollat lance">[[Michel Mollat du Jourdin]], ''La reconstruction (1440-1515)'' tiré de ''Histoire de la France des origines à nos jours'' sous la direction de [[Georges Duby]], Larousse, 2007, {{p.|434}}</ref>. Le roi a dès lors les moyens d'entretenir une armée permanente et d'éviter que les mercenaires démobilisés ne se livrent au pillage. Il envoie le [[Louis XI de France|dauphin Louis]] à la tête de plus de {{unité|20000|écorcheurs}} combattre les cantons suisses révoltés contre le duc d'Autriche. Cela lui permet de tester ses hommes et de se débarrasser des éléments douteux ou mal équipés. Beaucoup de [[routiers]] périssent face aux Suisses et aux Alsaciens<ref name="Theisrout"/>. Il renvoie ensuite un grand nombre d'éléments indésirables dans leur pays d'origine (en particulier en Espagne) ou les recycle dans l'administration, les disperse par petits groupes, leur ayant accordé des lettres de rémissions<ref name="Theisrout">{{harvsp|Theis|1992|p=355}}</ref>.

Au total, {{nobr|Charles {{VII}}}} ne retient à son service que la moitié environ des combattants. Par l'[[ordonnance de Louppy-le-Châtel]] de 1445, il les organise en ''[[lance]]s'', unité de base où les compétences de chacun se complètent. Chacune est constituée d'un homme d'armes accompagné de deux archers à cheval, d'un [[coutilier]] (armé d'une épée et d'une longue dague), d'un [[Page (serviteur)|page]] et d'un valet (ces derniers ne combattant pas en règle générale). 100 lances forment une [[Compagnie d'ordonnance|compagnie]]. Les 15 compagnies totalisent {{unité|9000|hommes}}, dont {{unité|6000|combattants}} qui forment la ''grande ordonnance''. Bientôt, trois nouvelles compagnies sont créées. Cette armée est entretenue de façon permanente et est mise en garnison dans des villes du royaume qui ont la charge de l'entretenir. Le coût ne repose donc plus sur les finances royales. En 1448, il crée ''la petite ordonnance'' : en cas de mobilisation, chaque paroisse (cinquante feux<ref name="mollat normandie" />) est tenue de mettre à la disposition du roi un archer bien équipé et bien exercé. Pour compenser les charges qui pèsent sur lui, il est dispensé d'impôt (la [[Taille (impôt)|taille]]<ref name="mollat normandie" />) : on l'appelle [[franc-archer]]. Choisi par les agents du roi, il est tenu au service de ce dernier. Le royaume en compte environ {{unité|8000}} et possède enfin une archerie comparable à l'armée anglaise. Ceci n'empêche pas le roi de recruter le cas échéant des mercenaires<ref name="mollat lance"/> (une garde écossaise permanente est d'ailleurs constituée<ref name="Theisrout"/>). Enfin, l'artillerie est organisée en ''parcs'' de 24 pièces. Cette artillerie fut utilisée dans un premier temps lors des sièges puis sur les champs de bataille. Au total, le roi peut tabler sur une armée de {{unité|15000|hommes}} à cheval, mobiles et entraînés<ref name="mollat lance"/>.

[[Image:Formigny.jpg|vignette|[[Bataille de Formigny]] (1450), Miniature attribuée à [[Philippe de Mazerolles]] tirée d'un manuscrit de [[Jean Chartier]], BNF, Fr.2691.]]

Inversement, les archers anglais, dont la formation est très lente, voient leur nombre diminuer progressivement avec les batailles. Capturés, ils sont mis hors d’état de combattre définitivement par amputation du [[majeur (anatomie)|majeur]] avant d'être rançonnés<ref>Henri de Wailly, ''Crécy, 1346, autopsie d'une bataille'', Lavauzelle, 1985, {{p.|17}}</ref> (ils préfèrent alors souvent mourir plutôt que de se rendre et être mutilés). Moins nombreux, les archers sont aussi moins efficaces : les chevaux de la [[cavalerie]] française sont maintenant protégés<ref group="Note">Les bardes, qui sont relativement coûteuses, ne se généralisent qu'au cours du {{s-|XV|e}}: Fabrice Murgala, ''Histoire de l'armure'' [http://medieval.mrugala.net/Armures/Histoire%20de%20l'armure.html medieval.mrugala.net].</ref> afin d’être moins vulnérables aux tirs paraboliques des archers et d’autre part, la cavalerie essaye de déborder l’adversaire plutôt que de le charger frontalement comme à [[Bataille de Patay|Patay]] où les archers anglais sont massacrés.

[[Image:Français 5054, fol. 229v, Bataille de Castillon 1453 - détail.jpg|vignette|[[Bataille de Castillon]] (1453). Miniature extraite des ''[[Les Vigiles de la mort de Charles VII|Vigiles de {{nobr|Charles {{VII}}}}]]'' de [[Martial d'Auvergne]], vers 1484, {{folio|229|verso}}.]]

L'occasion de rompre la trêve survient le {{date|24 mars 1449}} : [[François de Surienne]] prend [[Siège de Fougères (1449)|Fougères]] au duc de Bretagne rallié à {{nobr|Charles {{VII}}}} pour le compte du duc de Somerset, le lieutenant d'{{nobr|Henri {{VI}}}} pour la Normandie<ref name="mollat normandie">[[Michel Mollat du Jourdin]], ''La reconstruction (1440-1515)'' tiré de ''Histoire de la France des origines à nos jours'' sous la direction de [[Georges Duby]], Larousse, 2007, {{p.|435}}</ref>. {{nobr|Charles {{VII}}}} attaque aussitôt la [[Normandie]] sur trois fronts. Les Anglais y sont considérés comme des occupants et une année, de [[1449]] à [[1450]], suffit pour reprendre le [[Duché de Normandie|duché]]. La campagne commence par une guerre de siège qui tourne à l'avantage des Français, grâce à l'artillerie : en quelques semaines [[Lisieux]], [[Argentan]], [[Saint-Lô]] et [[Coutance]] sont reprises<ref name="mollat normandie"/>. Les habitants de Rouen ouvrent les portes de la ville et {{nobr|Charles {{VII}}}} y entre le 10 novembre<ref name="mollat normandie"/>. [[Somerset]] débordé n'y a même pas pu tenir le château<ref name="mollat normandie"/>. La prise de [[Honfleur]] libère l'estuaire de la Seine. Une armée de secours débarque en Normandie, mais elle est écrasée le 15 avril 1450 à [[Bataille de Formigny|Formigny]], où l'artillerie française désorganise les rangs anglais : les archers doivent charger pour neutraliser deux [[couleuvrine]]s et sont alors balayés par la cavalerie bretonne du connétable de Richemont<ref>Sur l'action décisive de Richemont, avec 200 lances et 800 archers (1500 hommes) : Argentré (Bertrand d'), Histoire de Bretagne, Paris, 1618, {{p.|824-826}} Etcheverry (J. P.), Arthur de Richemont, France-Empire, 1983, {{p.|223-229}} (plan)</ref> qui intervient de manière décisive<ref name="Formigny">{{en}} ''Battle of Formigny
(15 April 1450)'' [http://xenophongroup.com/montjoie/formigny.htm Xénophon group]</ref>. [[Cherbourg]] tombe 4 mois plus tard, il n'y a plus d'Anglais en Normandie.

En [[Guyenne]], les populations sont moins profrançaises<ref name="mollat guyenne">[[Michel Mollat]], ''La reconstruction (1440-1515)'' tiré de ''Histoire de la France des origines à nos jours'' sous la direction de [[Georges Duby]], Larousse, 2007, {{p.|435-436}}</ref>, la région exportant massivement du vin vers l'Angleterre. Ainsi, les résultats d'une première campagne victorieuse en 1451, pendant laquelle Bordeaux et Bayonne ont été prises, ont été réduits à néant par une insurrection pro-anglaise, les habitants ayant du mal à accepter la lourde fiscalité française. {{référence nécessaire|L'objectif n'est alors plus de prendre les villes mais bien de battre les Anglais dans une bataille rangée}}. Elle est livrée le {{date|17|juillet|1453}}, à [[bataille de Castillon|Castillon]]. Les Anglais qui chargent les Français retranchés sont taillés en pièces par 300 pièces d'artillerie tirant à la fois (il s'agit pour la plupart de canons à main), chargées à [[mitraille (artillerie)|mitraille]] et disposées de manière à prendre les assaillants en enfilade<ref name="Castillon">''La Bataille de Castillon. Un mois auparavant, le 17 juin 1453, Chalais fut repris en présence de {{nobr|Charles {{VII}}}}.
(17 juillet 1453)'' [http://xenophongroup.com/montjoie/fcastilo.htm Xénophon group]</ref>. Le carnage est effrayant. Les assaillants sont pressés les uns contre les autres ne pouvant ni s'échapper ni se dissimuler. La cavalerie bretonne charge les survivants et c'est le massacre : 4000 Anglais perdent la vie<ref name="Castillon"/>. Cette écrasante victoire remportée par [[Jean Bureau]] sur [[John Talbot (1er comte de Shrewsbury)|John Talbot]] est décisive.

Le {{date|5 octobre 1453}}, au [[château de Lormont]], dit « château du Prince noir », un traité entre Jean de Breuil, amiral de France, chef du corps assiégeant, et Roger de Camois, chef d'artillerie, précise les modalités du départ des Anglais de Bordeaux. Le document stipule que tous les navires anglais peuvent quitter Bordeaux avec leur armement et leurs marchandises. Des sauf-conduits sont délivrés à ceux qui partent par les terres. Il est précisé que ces contrats restent valables jusqu'au 6 octobre<ref>Jean-Jacques Déogracias, Le Fort du Hâ d Bordeaux, Les dossiers d'Aquitaine</ref>{{,}}<ref>Voir en {{nobr|page 7}} - http://books.google.fr/books?id=Zyu7FaATF50C&pg=PA7&lpg=PA7&dq=5+octobre+1453+lormont&source=bl&ots=taGnv7MTRd&sig=ocoDLuFBkVITLWxLt6h_CV5BWF4&hl=fr&sa=X&ei=bpzVUaLNCMejPfu1geAF&ved=0CC8Q6AEwAA#v=onepage&q=5%20octobre%201453%20lormont&f=false</ref>.

Le {{Date|9 octobre 1453}}, au {{Page h'|château de Montferrand}}, près de Bordeaux, était signé le nouveau traité qui donnait pour toujours la Guyenne à la France. La ville de Bordeaux perdait ses privilèges, le droit de battre monnaie, celui de voter l'impôt… Bon nombre de seigneurs gascons furent livrés au roi, ou durent s'exiler, comme Bertrand de Montferrand, seigneur de [[Langoiran]]. Sur le continent, les Anglais ne gardent que [[Calais]] ([[Philippe le Bon]] ayant souhaité que les importations de laine anglaise indispensables à l'économie des Flandres ne soient pas perturbées<ref name="mollat guyenne"/>). Aucune paix n’est conclue, mais ils subissent une difficile guerre civile{{quoi}} et il n'y a plus de combats sur le continent entre les deux pays après cette date qui marque, pour beaucoup d'historiens, la fin du conflit.
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==== Le traité de Picquigny ====
{{article détaillé|Traité de Picquigny}}
Après la bataille de Castillon, aucune trêve n'a été signée. S'il n'y a plus de bataille rangée entre les deux royaumes, la menace d'une reprise du conflit persiste. Les deux pays se livrent une guerre de course et plusieurs coups de main ont lieu : les Français attaquent [[Sandwich (Kent)|Sandwich]] et l'[[île de Wight]] et les Anglais, l'[[île de Ré]]. Cependant, à partir de 1453, {{nobr|Henri {{VI}}}} sombre dans la folie comme l'avait fait son grand-père {{nobr|Charles {{VI}}}}. Ceci réactive la question du pouvoir en Angleterre ({{nobr|Henri {{VI}}}} fait partie de la maison de Lancastre qui a pris le pouvoir à la maison d'York en 1399). Le conseil royal est dominé par la reine [[Marguerite d'Anjou (1429-1482)|Marguerite d'Anjou]] qui défend une politique de conciliation avec la monarchie française. Cela va à l'encontre de la volonté de la plus grande partie de la noblesse anglaise et le duc Richard d'York, très populaire dans la bourgeoisie et le peuple de Londres, lui fait porter la responsabilité de la défaite face aux Français et revendique la régence. À partir de 1455, les deux factions sont en conflit pour la couronne d'Angleterre : c'est la [[guerre des Deux-Roses]]. Après une victoire à la [[première bataille de Saint-Albans]], Richard d'York dirige l'Angleterre pendant quatre ans, et maintient {{nobr|Henri {{VI}}}} en semi-captivité. Affaiblis, les Lancastre n'en préparent pas moins leur revanche sous la férule de Marguerite d'Anjou, toujours reine en titre. Ils trouvent une occasion d'agir lorsque, contre toute attente, le roi {{nobr|Henri {{VI}}}} recouvre la raison. Mis bientôt au courant des agissements de Richard, il le chasse de la cour en 1459. Les Yorkistes subissent plusieurs défaites et le roi {{nobr|Henri {{VI}}}} est libéré par les Lancastriens en 1461. Alors, Warwick décide de franchir le pas : après la victoire de [[Bataille de Towton|Towton]] en mars 1461, il emmène [[Édouard IV d'Angleterre|Édouard d'York]], à Londres pour le faire proclamer roi le 28 juin 1461, sous le nom d'{{nobr|Édouard {{IV}}}}. L'Angleterre a alors deux rois : {{nobr|Henry {{VI}}}}, soutenu par les Lancastre, et {{nobr|Édouard {{IV}}}}, soutenu par Warwick et les York.

[[Image:Map France 1477-fr sovereign Béarn.svg|vignette|droite|{{légende|#80e5FF|[[Domaine royal français|Domaine royal]]}}{{légende|#ffe680|Possessions du [[duc de Bourgogne]]}}{{légende|#d40000|Possessions anglaises}}]]
Durant la deuxième partie de la guerre de Cent Ans, les ducs de Bourgogne, depuis [[Philippe II de Bourgogne|Philippe le Hardi]], ont progressivement rassemblé un vaste ensemble territorial, qui comprend à l'est la Bourgogne et la Franche-Comté, et au nord la Picardie, l'Artois, le Hainaut, le Brabant, la Hollande et le Luxembourg, entre autres. Du fait du [[Traité d'Arras (1435)|traité d'Arras]] de 1435, la Bourgogne, gouvernée par {{nobr|Philippe {{III}}}} le Bon est devenue indépendante. Son fils [[Charles le Téméraire]], qui lui succède en 1467, est dévoré par l'ambition : il espère réunir ses domaines en annexant une partie de l'Alsace et de la Lorraine, et obtenir ensuite une véritable couronne, qui ferait de lui l'égal du roi de France, son rival.

Cependant, alors que {{nobr|Henry {{VI}}}} et Marguerite s'enfuient en Écosse, {{nobr|Édouard {{IV}}}} s'aliène Warwick, grand ami du roi de France {{nobr|Louis {{XI}}}}, par une politique par trop favorable aux Bourguignons du duc Charles le Téméraire. Or Warwick, surnommé « le faiseur de rois », est le principal artisan de l'accession d'Édouard au trône. Ce dernier résout la situation en bannissant l'influent [[Richard Neville (16e comte de Warwick)|Warwick]] (1464), puis en écartant du pouvoir l'ensemble du clan Neville. Contraint de se réfugier en France, Warwick se réconcilie avec les Lancastre. {{nobr|Louis {{XI}}}} tient en respect les Yorkistes par le bluff : en [[1468]], il mobilise une flotte en Normandie, laissant supposer qu'il prépare un débarquement en Angleterre, alors qu'il n'a pas recruté d'armée ! Les Lancastre rassemblent alors des troupes, et, aidés financièrement par {{nobr|Louis {{XI}}}}, qui négocie en parallèle la fin de la guerre de Cent Ans avec {{nobr|Édouard {{IV}}}}, débarquent en Angleterre en septembre [[1470]]. Ils parviennent à réinstaller {{nobr|Henri {{VI}}}} sur le trône d'Angleterre, mais la réaction d'{{nobr|Édouard {{IV}}}} est vive : aidé par Charles le Téméraire, il bat en [[1471]], les Lancastre à la [[bataille de Tewkesbury]] (3 mai) où le fils de {{nobr|Henri {{VI}}}} est tué, reprend le pouvoir et fait assassiner {{nobr|Henri {{VI}}}}.

Sur le continent, [[Louis XI de France|{{nobr|Louis {{XI}}}}]] mène contre le menaçant Charles le Téméraire une guerre feutrée : il évite autant que possible l'affrontement direct, préférant monter les cantons suisses et le Saint-Empire contre les Bourguignons. En effet, pour réaliser une continuité territoriale, Charles doit s'assurer le contrôle de terres dépendantes du Saint-Empire ; sa puissance et sa politique expansionniste inquiètent les Helvètes. Louis fomente avec les Suisses une violente opposition à l'élection du candidat bourguignon au siège archiépiscopal de [[Cologne]]. Il finance en [[1474]], une révolte des cités alsaciennes appuyées par les cantons suisses dotés d'une armée redoutable dont il assume une partie du financement<ref>{{harvsp|Balard|Genet|Rouche|2003|p=238}}</ref>. En juillet 1475, [[Édouard IV|{{nobr|Édouard {{IV}}}} d'Angleterre]], débarque à Calais, à la demande de Charles le Téméraire, et marche sur Reims à la tête de {{unité|20000}} à {{unité|30000|hommes}} pour se faire couronner roi de France. Fin août, les deux rois se rencontrent à [[Picquigny]]. {{nobr|Louis {{XI}}}} offre {{unité|300|chariots}} de vin. {{nobr|Édouard {{IV}}}}, qui se retrouve à la tête d'une armée avinée, négocie son départ contre {{unité|75000|écus}} payables immédiatement et une pension de {{unité|50000|écus}} pour les neuf années à venir. Il est possible que {{nobr|Louis {{XI}}}} ait promis de ne plus interférer dans les affaires anglaises, et qu'{{nobr|Édouard {{IV}}}} n'ait pas voulu risquer une défaite qui aurait fragilisé sa couronne alors que Charles le Téméraire était en difficulté contre les Suisses (il doit lever le [[siège de Neuss]] devant l'arrivée de l'armée impériale) et n'était pas en mesure de le soutenir au besoin. Le [[traité de Picquigny]] marque la fin de la guerre de Cent Ans. En outre, la manœuvre de [[Louis XI de France|{{nobr|Louis {{XI}}}}]] a discrédité les Anglais, qui ont préféré le vin au combat, et a brisé leur alliance avec la Bourgogne. Charles le Téméraire, vaincu par les Suisses, trouve la mort à la [[bataille de Nancy]] en [[1477]]. Calais reste anglaise jusqu'à sa [[Siège de Calais (1558)|prise par la couronne de France en 1558]].

== Conséquences ==
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=== Conséquences démographiques ===
[[Image:Diffusion de la peste noire 1347 1351.svg|gauche|vignette|Diffusion de la [[grande peste]] en Europe.]]

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les combats pendant la guerre de Cent Ans font peu de morts directes. À la vue de la longueur de la période étudiée, il y a peu de batailles et celles-ci engagent rarement plus de {{unité|10000|hommes}} ; elles font souvent peu de victimes du fait de l'habitude de l'époque d'[[rançon au Moyen Âge|épargner les prisonniers pour en tirer une rançon]]. Mais, à [[Bataille de Poitiers (1356)|Poitiers]] ou à [[Bataille d'Azincourt|Azincourt]], les Anglais, voulant affaiblir durablement la chevalerie française, ne font pas de quartier, ce qui a pour conséquence de saigner fortement la noblesse française. Certains auteurs ont estimé que 40 % de la chevalerie française disparaît lors de la bataille de Poitiers (1356), et au moins 70 % à Azincourt<ref name="Jacques Dupaquier367">Jacques Dupâquier, ''Histoire de la population française'', Paris, PUF, 1988, éd. quadrige 1995, {{t.|1}}, {{p.|367}}</ref>. Cela entraîne un renouvellement important de la petite noblesse qui contribue à sa perte de pouvoir : en Beauce, par exemple, vers 1500, seuls 19 % des nobles peuvent se prévaloir d'un titre antérieur au {{s|XIV}}<ref name="bourq.p.26"/>.

Le second grand fléau est la [[grande Peste]] de [[1349]] qui est largement plus dévastatrice que la guerre : entre le début du {{s mini-|XIV|e}} et le milieu du {{s-|XV|e}}, l’Occident a perdu 30 % de sa population<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Bruno |nom1=Halioua |titre=Histoire de la médecine |éditeur=Masson |collection= |année=2004 |pages=272 |isbn=2294010566|lire en ligne=http://books.google.com/books?id=I2iwJDj8G7MC&pg=PA103 |chap=La grande peste ou peste noire |passage=103}}</ref>. La maladie surprend la population de l'époque puisque depuis [[767]], la Peste a disparu d'Occident<ref name="Bove282">{{harvsp|Bove|2009|p=282}}</ref> ce qui la rend d'autant plus redoutable. La contamination des populations suit les routes commerciales : la maladie pénètre à Marseille puis remonte le [[Rhône]] mais aussi le [[Languedoc]] en février [[1348]]. En avril, [[Toulouse]] est touchée et un mois plus tard c'est au tour de [[Bordeaux]], ce qui permet à l'infection d'atteindre plus facilement l'Angleterre<ref name="Bove286">{{harvsp|Bove|2009|p=286}}</ref>. Elle n'a pas seulement été dévastatrice en 1349 mais a eu des récurrences pendant de longues années. Ces récurrences sont d'autant plus dévastatrices que les chevauchées (et la tactique de la terre déserte) et les pillages des compagnies ont durablement touché les campagnes : des terres sont retournées en friches, des périodes de disettes ont été notées en 1345-1348, 1351, 1361, 1368, 1373-1375, avec à chaque fois une augmentation de la mortalité<ref>{{harvsp|Coulet|2007|p=407-410}}</ref>. Vers [[1310]]-[[1320]], la France compte peut-être 21 millions d’habitants dans les frontières actuelles ; un siècle plus tard, en [[1430]], elle ne compte plus que 8 à 10 millions environ d’habitants ; avec une perte de 60 % de sa population, elle est revenue au niveau de l’[[an mille]]. En Angleterre, vers [[1400]], il ne reste que 2,1 millions sur 4 millions d’habitants au début du conflit<ref>Catherine Vincent, ''Introduction à l’histoire de l’Occident médiéval'', Paris, 1995, {{chap.|{{XI}}}}.</ref>. On observe, en Angleterre, une désertification des campagnes qui accentue la transition vers une société commerçante avec un fort pouvoir des villes, alors que la France garde une population à 90 % agricole<ref name="Girot" />. Des mesures sont prises comme la mise en quarantaine des navires arrivant de Marseille en [[1383]] ou bien à [[Lille]], l'interdiction d'enterrer les malades dans les églises urbaines mais dans la grande majorité de l'Europe les mesures prises sont totalement inefficaces<ref name="Bove288">{{harvsp|Bove|2009|p=288}}</ref>. Les réactions des populations face à la maladie sont très diverses, certains se lancent dans un épicurisme débridé alors que d'autres cherchaient des boucs émissaires qui, à cause de leur religion, d'une maladie autre que la peste ou d'une origine géographique, étaient rendus responsables de l'épidémie, beaucoup enfin considèrent la maladie comme une punition divine, et par conséquent on note aussi une augmentation de la ferveur religieuse<ref name="Bove297">{{harvsp|Bove|2009|p=297}}</ref>.

=== Évolutions tactiques ===
[[Fichier:Patay.JPG|gauche|vignette|[[Bataille de Patay]] (1429) : La chevalerie charge avant que les archers anglais aient pu se retrancher, [[Jeanne d'Arc]] y remporte une victoire décisive. Détail d'une miniature attribuée à [[Philippe de Mazerolles]] tirée d'un manuscrit de Jean Chartier, Fr.2691.]]

À la fin du Moyen Âge, les armées sont composées principalement de deux éléments. Les gens d’armes, c’est-à-dire la cavalerie lourde, fer de lance de l’armée et les gens de pied, composés eux-mêmes de fantassins et de gens de trait ([[archer]]s et [[Arbalétrier (Histoire militaire)|arbalétriers]]). La structure sociale dans le civil se retrouvait aussi dans les armées, l’équipement militaire étant à la charge du combattant. L’armure présente sur le gisant du Prince noir reflète à ce titre le niveau de perfectionnement de l’équipement de certains : en acier résistant aux flèches, elle était lourde (obligation d’avoir un cheval) mais surtout chère. L’armure des gens de pieds est quant à elle plus simple et se résume généralement à une protection en cuir, le cheval, lorsqu’ils en possèdent un, est de médiocre qualité et ne sert pas au combat.

La guerre de Cent Ans marque le déclin de la chevalerie. Les chevaliers, modèles de guerriers [[Féodalité|féodaux]], formant des unités de [[cavalerie]] lourde constituées par la levée de la [[noblesse]] en cas de guerre, sont débordés par les stratégies anglaises. En France, la tactique de la chevalerie est restée la même depuis le {{s|XI}} : elle repose sur la charge frontale rangée, grâce aux étriers et aux selles profondes, le chevalier peut tenir sa lance tenue en « chantaîne » c’est-à-dire horizontale, sous le bras, ce qui confère avec l'inertie de son destrier, une puissance dévastatrice considérable. Depuis le mouvement de la [[paix de Dieu]] au {{s|X}}, L'Église a imposé à l'élite guerrière des règles de conduite<ref>Laurent Bourquin, ''Qu'est-ce que la noblesse ?'', ''L'Histoire'', {{n°|195}}, décembre 1995, {{p.|24}}.</ref>. Ainsi pour faire partie de la noblesse, il faut justifier d'une conduite honorable. La guerre est l'occasion pour chaque [[Chevalerie|chevalier]] français de justifier son statut social : il doit faire montre de bravoure mais aussi de loyauté sur le champ de bataille. La capture de chevaliers adverses est une bonne source de revenus via la [[rançon au Moyen Âge|rançon]], ce qui fait que les risques d'être tué sont faibles et que l'appât du gain pousse à charger en première ligne au combat<ref name="Balard231"/>.

[[Fichier:Englishlongbow.jpg|vignette|Longbow anglais, qui donnera une réelle supériorité aux anglais à la bataille d'Azincourt.]]

Cette stratégie de charge frontale est battue en brèche dès le début du {{s|XIV}} car une haie de piquiers suffit à briser les charges de chevalerie : ainsi à [[Bataille de Courtrai (1302)|Courtrai]], les Flamands ont écrasé la chevalerie française et à [[bataille de Bannockburn|Bannockburn]], les Écossais ont écrasé la chevalerie anglaise<ref name="site de la BBC"/> : les chevaliers désarçonnés et engoncés dans leurs lourdes armures sont des proies faciles pour les fantassins. Les guerres écossaises ont permis aux Anglais d'améliorer le principe en organisant leur armée autour de nombreux archers et hommes d’armes à pied (au fur et à mesure les archers armés d'une épée jouent les deux fonctions) protégés des charges par une haie de pieux. Ce système tactique va permettre aux Anglais d’enchaîner des victoires écrasantes malgré une grande infériorité numérique à [[bataille de Crécy|Crécy]], [[Bataille de Poitiers (1356)|Poitiers]] ou [[Bataille d'Azincourt|Azincourt]]. D'autre part, ces armées de piétons n'ont que faire du code de l'honneur chevaleresque : en infériorité numérique, il est préférable de neutraliser définitivement un maximum d'adversaires : ainsi à [[Bataille de Courtrai (1302)|Courtrai]], Crécy, ou Azincourt, les chevaliers français sont massacrés plutôt que faits prisonniers pour en tirer rançon.
[[Image:tercio piquiers.jpg|vignette|200px|droite|piquiers en formation 1650]]
La démobilisation des armées de mercenaires parfois étrangers (Nord-Italiens, Allemands, Suisses, Flamands, [[Brabançons]]…) posant le problème des [[grandes compagnies|compagnies]] pillant le pays durant les trêves, les armées se professionnalisent et deviennent permanentes, constituées de combattants soldés financés par des levées d’impôts. Ces levées sont devenues possibles à la suite de l'enrichissement de la population avec le développement du commerce et des villes (qui peuvent d’ailleurs lever leurs propres armées)<ref>{{harvsp|Balard|Genet|Rouche|2003|p=233}}</ref>.

[[Image:Kwidzyn bombarda.jpg|vignette|gauche|Bombarde du {{s-|XV|e}}.]]

Progressivement, les armures évoluent pour être moins vulnérables aux flèches. La cotte de maille est progressivement remplacée par des plates qui couvrent d'abord les membres avant de protéger tout le corps. En fin de conflit, les chevaux sont protégés et moins vulnérables aux flèches, l’[[artillerie]] de campagne désorganise les rangs d’archers adverses et permet aux Français de lancer leurs redoutables charges de cavalerie sur l’ennemi dispersé<ref name="Contamine">[[Philippe Contamine]], [http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/celebrations2003/centans.htm « La bataille de Castillon : fin de la guerre de Cent Ans »], site du ministère de la Culture.</ref>. Cette stratégie reste payante jusqu'aux [[guerres d'Italie]] où [[bataille de Marignan|Marignan]] reste la meilleure illustration de cette combinaison cavalerie/artillerie, mais progressivement grâce à l'apparition de l'arquebuse, les fantassins suisses puis [[tercio|espagnols]]<ref name="Pernot">François Pernot, [http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/04histoire/articles/articles_rha/janvier1595henri4.htm « Janvier 1595 : {{nobr|Henri {{IV}}}} veut couper le Camino Español en Franche-Comté »], ''[[Revue historique des armées]]'', {{n°|222}}, année 2001, Service historique de la Défense.</ref>, vont s'imposer sur les champs de batailles de la renaissance<ref>[[René Quatrefages]], ''L’Organisation militaire de l’Espagne, 1492-1592'', thèse d’État soutenue à l’université de Paris-Sorbonne, 1989.</ref>.

L’apparition de l’artillerie transforme aussi l’art des [[fortification]]s. Les murs s'épaississent, on entoure les forteresses de talus pour arrêter les tirs de boulets. À la [[Renaissance (période historique)|Renaissance]], que certains font commencer à la fin de cette guerre, les châteaux sont devenus incapables de résister à l’artillerie et se transforment en demeures spacieuses et confortables à habiter. Le [[château fort]], symbole de la féodalité, disparaît. La sécurité devient du ressort d’un pouvoir central, capable de financer une armée permanente. La noblesse perd de son influence au profit de la [[monarchie]]<ref>{{harvsp|Balard|Genet|Rouche|2003|p=236-237}} et {{en}} [http://www.hyperhistory.net/apwh/essays/comp/cw07war100kings.htm « ''The Effects of the Hundred Years War'' »]</ref>.

Dans tous les domaines, cette longue guerre marque la fin de l'âge féodal et le déclin de la civilisation médiévale.

=== Conséquences économiques ===
Les conséquences [[démographie|démographiques]] de la guerre et de la ''[[grande peste]]'' entraînent à [[masse monétaire]] constante une hausse importante des prix. Les produits [[Moyen-Orient|orientaux]] deviennent alors plus compétitifs et il s'instaure un [[déficit commercial]] au profit de l'Orient<ref name="Noirel205">Philippe Noirel, ''L'Invention du marché'', seuil 2004, {{p.|205-206}}</ref>. Cela encourage le commerce sur longue distance et les progrès techniques dans le domaine de la [[navigation]], mais aussi rend rares les [[métaux précieux]] dans un deuxième temps, ce qui rend nécessaires des mutations monétaires (qui raréfient le taux de métal noble dans le numéraire)<ref name="Noirel205"/>. Donc, la guerre entraîne une insécurité des voies commerciales, mais aussi monétaire (les mutations monétaires effectuées à maintes reprises par les belligérants ont entraîné des dévaluations)<ref>{{harvsp|Balard|Genet|Rouche|2003|p=273}}</ref>. L'économie réussit à s'adapter :
* Des progrès techniques, dont certains ont été réalisés dès le {{s|XIII}}, se généralisent et favorisent le transport maritime. Les navires gagnent en maniabilité ([[gouvernail d'étambot]]), en taille, et des techniques nouvelles de navigation apparaissent : la [[boussole]] est améliorée grâce aux travaux de [[Pierre de Maricourt]] sur le magnétisme en 1269<ref name="maricourt">[[Jean Gimpel]], ''La révolution industrielle du Moyen Âge, Éditions seuil 1975 {{p.|184-185}}</ref>, on applique la correction mathématique de la [[déclinaison magnétique]], et on utilise l'[[Arbalète (instrument)|arbalète]], instrument qui permet de mesurer la [[latitude]]<ref name="Noirel205"/>. Ces progrès vont rendre possible la navigation transocéanique et permettre les [[grandes découvertes]].
* L'insécurité des routes est néfaste pour l'économie des Flandres et de la France : les Flamands désertent les [[foires de Champagne]] qui périclitent au profit de Paris. Le commerce du textile se fait par voie maritime en contournant la péninsule ibérique, ceci au bénéfice des marchands italiens. Le rôle commercial de la France, puissance continentale, diminue<ref name="Balard280">{{harvsp|Balard|Genet|Rouche|2003|p=280}}</ref>.
[[Fichier:Quentin Massys 001.jpg|droite|200px|vignette|''[[Le Prêteur et sa femme|Le Changeur et sa femme]]'' [[Quentin Massys]] 1514]]
* L'arrêt répété du trafic transmanche influence fortement l'industrie textile flamande qui, au début du conflit, importe de la laine anglaise. Pour combler ce manque, les Anglais vont se rendre moins dépendants économiquement des Flandres en transformant directement leur laine en vêtements<ref name="laine vetements"/>. Pour cela, ils sont aidés par les mesures incitatives du roi d'Angleterre qui taxe les vêtements beaucoup moins que la laine et qui, dès 1337, accorde de larges privilèges à tout ouvrier étranger s'établissant dans les villes anglaises tout en interdisant l'exportation de laine vers les Flandres et l'importation de draps<ref>{{harvsp|Favier|1980|p=76}}</ref>. Face à cette situation, de nombreux tisserands flamands itinérants viennent tenter leur chance en Angleterre. Avant la [[grande peste]], les Flandres subissent une crise démographique qui entraîne une forte émigration<ref name="power.p.56-57">{{harvsp|Power|1941|p=56-57}}</ref>. Les drapiers flamands importent alors leur laine d'Espagne (ce qui rendra économiquement logique l'intégration à l'empire des Habsbourg, alors que les liens avec la France ont diminué avec la perte d'influence des [[foires de Champagne]]) et développent des matières premières de substitution comme le [[Lin cultivé|lin]]<ref>''Le commerce'' [http://perso.orange.fr/contescourt/ld/histoire.htm Histoire de la principauté de Liège]</ref>.
* La concurrence anglaise diminuant les profits des tisserands, l'économie flamande développe d'autres activités comme le secteur bancaire<ref name="Balard280"/>.
* Le secteur financier progresse. Afin de sécuriser les fonds, l'usage des lettres de change se développe ; il permet d'éviter les transports de fonds avec beaucoup moins de risque, et l'impact des changements de cours incessant de la monnaie. Ceci se fait par le développement du réseau postal<ref>{{harvsp|Balard|Genet|Rouche|2003|p=277}}</ref>.
* Pour mutualiser les risques, les commerçants s'associent en sociétés et compagnies et créent des filiales indépendantes : en cas de faillite, la filiale n'entraîne pas l'effondrement de l'ensemble de la compagnie<ref>{{harvsp|Balard|Genet|Rouche|2003|p=275-276}}</ref>.

Enfin, l'évolution progressive vers la pénurie de [[métaux précieux]] et l'accroissement du commerce avec l'orient poussent à l'établissement de voies commerciales vers l'Asie et à trouver de nouvelles sources de [[métaux précieux]]<ref name="Noirel205"/>. Avec l'amélioration des techniques de navigation, les voyages transocéaniques deviennent envisageables<ref>[[Jean Gimpel]], ''La révolution industrielle du Moyen Âge, Éditions seuil 1975 {{p.|186-187}}</ref>. À partir du milieu du {{s|XV}}, tout pousse aux [[grandes découvertes]].

=== Crise pontificale au sein de l'Église ===
{{article détaillé|Grand Schisme d’Occident}}
Au début du conflit, les [[pape]]s siègent à [[Papauté d'Avignon|Avignon]] et sont français<ref>{{harvsp|Balard|Genet|Rouche|2003|p=285}}</ref>, ce qui confère un important avantage diplomatique aux Français. Cependant en [[1377]], [[Grégoire XI|{{nobr|Grégoire {{XI}}}}]] fait revenir la papauté à [[Rome]] pour mettre fin au conflit avec les Florentins grâce à l’entremise de [[Catherine de Sienne]]. En [[1378]], le nouveau pape [[Urbain VI|{{nobr|Urbain {{VI}}}}]] se montre particulièrement despotique envers les cardinaux français<ref>[http://www.regard.eu.org/Livres.6/Histoire.du.christianisme/Tome.3/19.html Paul Fargues, Histoire du Christianisme, {{t.|{{III}}}}, ''De Charlemagne à la Renaissance - Le Moyen Âge'', 1934]</ref>, ceux-ci l’accusent donc d’avoir été élu sous la pression de la rue romaine et élisent l’[[antipape]] [[Clément VII (antipape)|{{nobr|Clément {{VII}}}}]] à Avignon<ref>Laurent Albaret, ''{{s-|XIV|e}}. Froissart et le grand Schisme'', [http://www.clionautes.org/spip.php?article787 Clionautes]</ref>{{,}}<ref name="Theis307">{{harvsp|Theis|1992|p=307}}</ref>.
[[Fichier:Grand schisme 1378-1417.svg|vignette|gauche|Carte historique du grand schisme d’Occident.{{Légende|#6680CC|Pays reconnaissant le pape de Rome}}{{Légende|#FF8080|Pays reconnaissant le pape d'Avignon}}{{Légende|#FFDF80|Pays ayant modifié leur soutien}}]]
Les belligérants ont tout intérêt à avoir le soutien d’un pape : l’Angleterre et le [[Saint-Empire romain germanique|Saint-Empire]] reconnaissent donc {{nobr|Urbain {{VI}}}} alors que la France et ses alliés castillans et écossais soutiennent {{nobr|Clément {{VII}}}}<ref name="Theis307"/>.

Au cours de ces deux siècles de guerre, de famine et de peste, les croyants découvrent une Église parfois incapable de répondre à leurs angoisses. C'est l'époque où l'« arithmétique du salut » (Henri Martin), la « comptabilité de l'au-delà » ([[Jacques Chiffoleau]]), prennent des proportions incompréhensibles pour qui ignore la terreur des hommes de cette époque pour l'enfer : les plus riches achètent des centaines, voire des milliers de messes pour le salut de leur âme<ref>Cf. [[Robert Boutruche]], ''La Crise d'une société : seigneurs et paysans du Bordelais pendant la guerre de Cent Ans'', Paris, Belles-Lettres, 1963.</ref>. Riches et pauvres participent en foule à des processions pénitentielles, aux « passions » théâtrales sur le parvis des églises, tandis que le « couronnement de la Vierge », la figure protectrice de la mère de Jésus, devient un thème majeur de l'art. De plus en plus de fidèles, de réformateurs chrétiens exigent aussi un accès direct à la source du Salut, à la lecture de la Bible en langue vernaculaire, en un temps où seuls les clercs ont le droit de lire et de commenter l’Écriture. Là se trouve une origine de la [[Réforme protestante]], un autre élément de modernité de la fin du Moyen Âge, avec l'ascension des classes bourgeoises<ref name="Girot"/>.

La division de l’Église à la suite du [[Grand Schisme d'Occident|Grand Schisme]] ouvre un espace à la critique. Des théories nouvelles telles que celles de [[John Wyclif]] peuvent se divulguer, alors que les ecclésiastiques se déchirent entre partisans du pape ou de l’antipape se discréditant mutuellement. Le terrain est préparé pour la [[Réforme protestante|Réforme]] dont Wyclif est l’un des précurseurs<ref>{{harvsp|Balard|Genet|Rouche|2003|p=294}}</ref>.

Le schisme n’est résolu qu’en [[1415]] au [[concile de Constance]] où les deux papes doivent abdiquer ce qui permet l’élection d’un pape unique : [[Martin V|{{nobr|Martin {{V}}}}]]. Pour résoudre le conflit, l’Église doit recourir au [[conciliarisme]] : les [[concile]]s (rassemblement de tous les [[évêque]]s) ont plus de pouvoir que le Pape lui-même et doivent se réunir régulièrement. Dès lors, la papauté est très affaiblie ce qui permet à [[Charles VII de France|{{nobr|Charles {{VII}}}}]] de s’imposer en [[1438]] comme le chef naturel de l’Église de France en s’appuyant sur l’épiscopat français : c’est le [[gallicanisme]]<ref>La [[Pragmatique Sanction de Bourges]], limite les prérogatives papales et affirme la supériorité des décisions des [[concile de Bâle|conciles de Bâle]] et de [[concile de Constance|Constance]] sur celles du pape : Marc Girot, [http://pedagene.creteil.iufm.fr/ressources/histoire/p_royal.html « L’affirmation du pouvoir royal ({{sp-|XII|e|-|XV|e|s}}) »], site de l’IUFM de Créteil.</ref>.

<center>{{Grand Schisme d'Occident}}</center>

=== Le clivage franco-anglais ===

L’Angleterre favorise l’élevage et le commerce de la [[laine]]. L’artisanat et les villes se développent. La [[bourgeoisie]] et le [[parlement]] (celui-ci destitue [[Richard II d'Angleterre|{{nobr|Richard {{II}}}}]] en [[1399]] quand ce dernier tente de renforcer le pouvoir monarchique)<ref>{{en}} Rit Nosotro, ''The Effects of the Hundred Years War'' [http://www.hyperhistory.net/apwh/essays/comp/cw07war100kings.htm www.hyperhistory.net]</ref>, prennent de plus en plus de puissance d’autant qu’avec la [[grande Peste]] de nombreux villages anglais ont été désertés. Le pays est de moins en moins agricole et de plus en plus artisanal et commerçant. Du fait des difficultés récurrentes à exporter la laine vers les Flandres, la lourdeur des taxes sur la laine et l'apparition de matières premières concurrentes (lin, soie et laine espagnole entre autres), l'Angleterre est devenue directement productrice de vêtements et de draps<ref name="laine vetements">{{harvsp|Balard|Genet|Rouche|2003|p=281}} et {{harvsp|Power|1941|p=56-57}}</ref>: son économie devient de plus en plus industrielle. La [[noblesse]] qui ne remplit plus son rôle de sécurisation des campagnes se discrédite en imposant lourdement les paysans afin de financer l’effort de guerre. Or, les paysans, de moins en moins nombreux, estiment que leur rôle social devrait être mieux reconnu (d'autant plus que de nombreuses batailles de la guerre de Cent Ans ont été gagnées grâce à leur talent d'archer) et répondent favorablement aux prêches des [[lollards]] qui répandent les idées de [[John Wyclif]]. Leur révolte contre {{nobr|Richard {{II}}}} est matée mais ce dernier finit par être renversé : la [[Monarchie]] anglaise a perdu de la crédibilité et du pouvoir<ref>{{en}} Melissa Snell, [http://historymedren.about.com/library/weekly/aa071798.htm historymedren.about.com ''Conflagration: The Peasants’ Revolt'']</ref>. John Wyclif est un précurseur de la [[Réforme protestante|Réforme]] et le pays accueille favorablement le [[protestantisme]] à la Renaissance<ref>{{en}} F. F. Urquhart, [http://www.newadvent.org/cathen/15722a.htm « ''John Wyclif'' »], ''The Catholic Encyclopedia'', {{vol.|{{XV}}}}. New York, 1912, Robert Appleton Company, {{harvsp|Balard|Genet|Rouche|2003|p=294}} et {{en}} [http://www.hyperhistory.net/apwh/essays/comp/cw07war100kings.htm www.hyperhistory.net ''The Effects of the Hundred Years War'']</ref>. D’autre part, les voies commerciales sont plus maritimes qu’en France, donc la nécessité d’un pouvoir centralisé fort sécurisant les routes est moins évidente : la noblesse est de moins en moins indispensable. On se dirige vers un pouvoir de moins en moins absolu et les libertés individuelles peuvent être progressivement revendiquées. La Renaissance amène la prise d’autonomie religieuse de l’Angleterre, puis l’avènement progressif d’une [[monarchie constitutionnelle]].

[[Image:Contemporaine afb jeanne d arc.png|200px|gauche|vignette|<center>Jeanne d'Arc représentée en marge d'un registre tenu par Clément de Fauquembergue, [[greffier]] du [[parlement de Paris]] (1429).]]
[[Image:Christus saint eloi orfèvre.jpg|200px|droite|vignette|''Saint Eloi orfèvre'', [[Petrus Christus]] (1449).<br />
Représente un couple de bourgeois chez un orfèvre : la guerre de Cent Ans a vu la bourgeoisie augmenter ses revendications politiques]]

La France, pays favorisé par son climat pour l’[[agriculture]], fait elle le choix d’une société religieuse sur une structure rurale stable avec une monarchie puissante au [[Centralisme|pouvoir centralisé]], fort et protecteur. Le développement des villes a permis à la bourgeoisie de contester le pouvoir de la noblesse qui semble incapable de justifier son statut sur les champs de bataille. L’usage des [[États généraux (France)|États généraux]] devient fréquent, la [[bourgeoisie]] prend ainsi place dans la société. Mais des monarques avisés ([[Charles V de France|{{nobr|Charles {{V}}}}]] et [[Charles VII de France|{{VII}}]]), qui surent regrouper autour d’eux les campagnes puis le pays en utilisant le sentiment national naissant, renforcent finalement le pouvoir royal. Ils tirent parti de l’insécurité générée par le conflit (qui génère des troubles dans les campagnes mais qui retentit aussi sur le commerce en touchant les voies de communications) et qui ne peut plus être gérée par la petite noblesse, en sécurisant le territoire grâce à une armée permanente financée par un système fiscal et administratif modernisé. La [[noblesse]] perd petit à petit son [[contre-pouvoir]] face au souverain, et le [[Féodalité|féodalisme]] contestataire et revendicateur, héritage du [[Haut Moyen Âge]], tend à disparaître face à l’autorité du roi. Le terrain est prêt pour l’évolution vers la [[monarchie absolue]]<ref>{{en}} Rit Nosotro, [http://www.hyperhistory.net/apwh/essays/comp/cw07war100kings.htm « ''The Effects of the Hundred Years War'' »]</ref>. D’autre part, comparativement au reste de l’Europe, la guerre a ralenti l’avancée vers une civilisation plus urbaine en France. On constate dans le reste de l’Europe une pré-renaissance et l’évolution vers un pouvoir accru pour les villes. Mais, la France échappe à cette évolution et développe une [[monarchie absolue]] de [[droit divin]] extrêmement centralisée<ref name="Girot" />.

Enfin, en Angleterre, la [[langue officielle]] devient l’[[anglais]] en [[1361]], alors que l'[[Anglo-normand (langue)|anglo-normand]] était la langue usitée par l’[[aristocratie]] depuis la conquête normande. C’est la guerre de Cent Ans qui entérine le clivage culturel franco-anglais.

=== Le contentieux bourguignon ===
La guerre de Cent Ans a aussi entraîné l’indépendance de fait du [[duché de Bourgogne]], qui devient une véritable principauté composée de territoires issus de la France et du [[Saint-Empire romain germanique|Saint-Empire]]. Les [[Habsbourg]] et les [[Maison capétienne de Valois|Valois]] se disputent le contrôle de ces terres ce qui entraîne deux siècles de conflits entre la France d’une part, et l’Autriche et l’Espagne d’autre part.
{{article détaillé|Duché de Bourgogne}}

La carte de l’Europe de la [[Renaissance (période historique)|Renaissance]] est dessinée à la fin de la guerre de Cent Ans — d’autant que [[chute de Constantinople|Constantinople]] a été prise en [[1453]]. Cette guerre a contribué, entre autres, à la création des deux États dont les affrontements récurrents marquent le continent pendant bien des siècles, la France et l’Angleterre.
{{clr}}

== Principaux événements de la guerre de Cent Ans ==
{{Article détaillé|Liste des batailles de la guerre de Cent Ans|Liste des sièges de la guerre de Cent Ans|Chevauchée}}
{{article détaillé|Chronologie de la guerre de Cent Ans}}
[[Fichier:Edward III counting the dead on the battlefield of Crécy.jpg|vignette|[[Édouard III|{{nobr|Édouard {{III}}}}]] devant les morts de la bataille de Crécy. Miniature du [[Maître de Virgile]], manuscrit des Chroniques de Froissart, [[Bibliothèque royale (Pays-Bas)]], 72 A 25.]]
* [[Bataille de L'Écluse]] ({{Date|24|juin|1340}}) : les Anglais détruisent la flotte franco-génoise et prennent la [[Histoire de la marine française de l'Antiquité à la Renaissance#La guerre de Cent Ans sur mer|maîtrise des mers]].
* [[Chevauchée d'Édouard III en 1346|Chevauchée {{nobr|d'Édouard {{III}}}} en 1346]] : {{nobr|Édouard {{III}}}} pille la Normandie puis remonte vers le nord, écrase les Français à [[Bataille de Crécy|Crécy]] et met le [[Siège de Calais (1346)|siège devant Calais]].
* [[Bataille de Crécy]] ({{Date|26|août|1346}}) : {{nobr|Édouard {{III}}}}, qui pillait la Normandie, remonte vers le nord, poursuivi par {{nobr|Philippe {{VI}}}}. Il est rejoint à Crécy, mais les archers anglais déciment la chevalerie française. Ce désastre discrédite la noblesse française.
* [[Siège de Calais (1346)]] : fort de sa victoire écrasante à Crécy, {{nobr|Édouard {{III}}}} assiège Calais. {{nobr|Philippe {{VI}}}} ne peut libérer la ville, qui doit se rendre. Elle sera anglaise jusqu’au {{s-|XVI|e}}.
* [[Combat des Trente]] (*) ([[1351]])
* [[Bataille de Poitiers (1356)|Bataille de Poitiers]] ({{Date|19|septembre|1356}}) : le Prince noir mène une chevauchée. Il est poursuivi par {{nobr|Jean {{II}}}} le Bon et est rejoint à Poitiers. Les Français sont proches de la victoire, mais le roi est capturé. Les conséquences sont désastreuses car le pouvoir est discrédité et le pays sombre dans la guerre civile. Les Anglais en position de force obtiennent de nombreuses concessions territoriales et financières au [[traité de Brétigny]].
* [[Bataille de Cocherel]] ({{date|16|mai|1364}}) : profitant de la guerre civile qui ravage le pays, [[Charles le Mauvais]] revendique la couronne de France. Il est défait par Bertrand du Guesclin, mandaté par le roi {{nobr|Charles {{V}}}} le Sage.
* [[Bataille d'Auray]] (*) ({{Date|29|septembre|1364}}) : Jean de Montfort et ses alliés anglais battent Charles de Blois et du Guesclin, ce qui met fin à la [[guerre de Succession de Bretagne]] ([[Traité de Guérande (1365)|traité de Guérande]]).
* [[Bataille de Nájera]] ([[1367]]) : en Castille, Pierre le Cruel est mis en grande difficulté par Henri de Trastamare et Bertrand du Guesclin, il appelle son beau-frère le Prince noir en renfort. Ce dernier inflige une défaite aux forces franco-castillanes. Du Guesclin est fait prisonnier.
* [[Bataille de Montiel]] ({{Date|14|mars|1369}}) : du Guesclin et Henri de Trastamare prennent leur revanche. Ils battent une alliance pro-anglaise menée par le Portugal. Pierre le Cruel est poignardé en combat singulier par Henri de Trastamare, qui monte sur le trône de Castille et devient un allié fidèle de la France.
* [[Bataille de Pontvallain]] ([[1370]]) : du Guesclin (connétable de France depuis quelques mois), [[Olivier V de Clisson|Olivier de Clisson]] et Jean de Vienne écrasent à Pontvallain (près du Mans) les Anglais Knolles et Granson.
* [[Bataille de La Rochelle]] ([[1372]]) : la flotte castillane, alliée de la France, détruit la flotte anglaise. Cette défaite prive les Anglais de soutien logistique sur le continent. Les Français les chassent progressivement en reprenant l’une après l’autre la quasi-totalité de leurs places fortes.
* [[Bataille d'Azincourt|Bataille d’Azincourt]] ({{Date|25|octobre|1415}}) : {{nobr|Henri {{V}}}} profite de la [[guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons]] pour attaquer. Il inflige une sévère défaite aux Français et commence à conquérir la partie nord du pays.
* [[Bataille de Bauge]] ([[1421]])
* [[Bataille de Cravant]] ([[1423]]) : défaite des forces françaises de {{nobr|Charles {{VII}}}}.
* [[Bataille de la Brossinière]] ({{Date|26|septembre|1423}}) : victoire française.
* [[Bataille de Verneuil (1424)|Bataille de Verneuil]] ({{Date|17|août|1424}}) : défaite française.
* Siège de Montargis (1426) : victoire française grâce au secours de Dunois et de La Hire le 4 septembre.
* [[Journée des Harengs]] ({{Date|12|février|1429}}) : interception d'un convoi anglais pour Orléans. Succès français mitigé (grosses pertes).
* [[Siège d'Orléans (1428)|Siège d’Orléans]] ([[1429]]) : [[Jeanne d'Arc|Jeanne d’Arc]], à la tête d’un convoi de ravitaillement, galvanise les défenseurs qui forcent les Anglais à lever le siège en quelques jours.
* [[Bataille de Patay]] ([[1429]]) : victoire française qui ouvre la voie de la reconquête du nord du pays.
* [[Raid sur Reims]] (1429) : coup de bluff de Jeanne d’Arc et {{nobr|Charles {{VII}}}}, qui permet de faire sacrer ce dernier alors que Reims est en plein territoire contrôlé par les Bourguignons. L’impact du sacre est majeur. Il installe {{nobr|Charles {{VII}}}} sur le trône, alors que sa légitimité avait été mise en doute et qu’il avait été déshérité par le [[traité de Troyes]].
* [[Bataille de Formigny]] ({{Date|15|avril|1450}}) : cette victoire française permet la reconquête de la Normandie.
* [[Bataille de Castillon]] ({{Date|17|juillet|1453}}) : cette victoire française permet la reconquête de la Guyenne. Fin militaire de la guerre de Cent Ans.
<small>(*) : bataille faisant partie de la [[guerre de Succession de Bretagne]], conflit secondaire de la guerre de Cent Ans.
</small>

== La guerre de Cent Ans dans les arts ==
=== Romans ===
* Série romanesque ''[[Les Rois maudits]]'' de [[Maurice Druon]] :
** {{nobr|Tome 6}} : ''[[Le Lis et le Lion]]''.
** {{nobr|Tome 7}} : ''[[Quand un roi perd la France]]''.
* Série romanesque ''Le Cycle d’Ogier d’Argouges'' de [[Pierre Naudin]], {{unité|7|tomes}} chez Pocket.
* Série romanesque ''Le Cycle de Tristan de Castelreng'' de [[Pierre Naudin]], {{unité|7|tomes}} chez Pocket.
* Série romanesque ''Le Cycle de Gui de Clairbois'' de [[Pierre Naudin]], {{unité|9|tomes}} chez Pocket.
* ''[[Prisonniers du temps (roman)|Prisonniers du temps]]'' de [[Michael Crichton]]
* Série romanesque ''[[La lumière et la boue]]'' de [[Michel Peyramaure]], {{unité|3|tomes}}.
* Série romanesque ''[[Catherine (série de romans)|Catherine]]'' de [[Juliette Benzoni]], {{unité|7|tomes}}.
* ''[[La Compagnie blanche]]'' et ''[[Sir Nigel]]'' d'[[Arthur Conan Doyle]].
* ''[[Un monde sans fin]]'' de [[Ken Follett]].

=== Films et séries télévisées ===
* ''[[Thierry la Fronde]]''.
* [[Œuvres inspirées par Jeanne d'Arc|Œuvres inspirées par Jeanne d’Arc]].
* ''[[Les Rois maudits (mini-série, 1972)|Les Rois maudits]]'', série télévisée, par [[Claude Barma]] en [[1972 à la télévision|1972]].
* ''[[Les Rois maudits (mini-série, 2005)|Les Rois maudits]]'', série télévisée, par [[Josée Dayan]] en [[2005 à la télévision|2005]].
* ''[[Catherine, il suffit d'un amour (film, 1969)|Catherine, il suffit d'un amour]]'', long métrage, par [[Bernard Borderie]] en [[1969 au cinéma|1969]].
* ''[[Catherine (série télévisée, 1986)|Catherine]]'', série télévisée, par [[Marion Sarraut]] en [[1986 à la télévision|1986]].
* ''[[Henry V (film, 1944)|{{nobr|Henry {{V}}}}]]'', long métrage, par [[Laurence Olivier]] en 1944.
* ''[[Henry V (film, 1989)|{{nobr|Henry {{V}}}}]]'', long métrage, par [[Kenneth Branagh]] en 1989.

=== Bandes dessinées ===
* ''[[Jhen]]'' de [[Jean Pleyers]] et [[Jacques Martin (auteur)|Jacques Martin]]
* ''[[Le Trône d'argile]]'' de [[Nicolas Jarry (auteur)|Nicolas Jarry]], France Richemond et [[Theo (dessinateur BD)|Theo Caneschi]]

== Notes et références ==
=== Notes ===
<references group="Note"/>

=== Références ===
{{Références|taille=30}}

== Annexes ==
{{Autres projets
|commons=Category:Hundred Years' War
|commons titre= Guerre de Cent Ans}}

=== Articles connexes ===
* [[Histoire de l'Angleterre|Histoire de l’Angleterre]]
* [[Histoire de France]]
* [[Guerre de Cent Ans en Normandie]]
* [[Grands capitaines de la guerre de Cent Ans]]
* [[Guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons]]
* [[Guerre de Succession de Bretagne]]
* [[Première guerre civile de Castille]]
* [[Formation territoriale de la France métropolitaine]]
* [[Liste des batailles de la guerre de Cent Ans]]
* [[Liste des sièges de la guerre de Cent Ans]]
* [[Traité de Picquigny]]
* [[Rançon au Moyen Âge]]
* [[Histoire de la marine française de l'Antiquité à la Renaissance#La guerre de Cent Ans sur mer|Histoire de la marine française : la guerre de Cent Ans sur mer]]

=== Sources imprimées ===
==== Chroniques et chroniqueurs de l'époque ====
* ''[[Grandes Chroniques de France]]''.
* ''[[Journal d'un bourgeois de Paris]]''
* [[Jean Froissart]]
* [[Enguerrand de Monstrelet]]
* [[Jean II Jouvenel des Ursins|{{nobr|Jean {{II}}}} Jouvenel des Ursins]] (1388-1473), fils du [[prévôt des marchands de Paris]], [[Jean Jouvenel des Ursins]]
* [[Thomas Basin]]
* [[Mathieu d'Escouchy]]

=== Bibliographie ===
==== Études générales ====
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Michel|nom1=Balard|lien auteur1=Michel Balard|prénom2=Jean-Philippe|nom2=Genet|lien auteur2= Jean-Philippe Genet|prénom3=Michel|nom3=Rouche|lien auteur3=Michel Rouche|titre=Le Moyen Âge en Occident|lieu=|éditeur= Hachette|année=2003|pages=352|isbn=9782011455406}}
* {{Ouvrage|prénom1=Georges |nom1=Duby|lien auteur1=Georges Duby|titre= Histoire de France Hachette|éditeur=Hachette |lieu=Paris|année=1987|titre volume= Le Moyen Âge : de Hugues Capet à Jeanne d'Arc, 987-1460|tome=1|pages totales= 357|isbn=2-01-008878-6|commentaire= Réédition : {{Ouvrage|prénom1=Georges |nom1=Duby|lien auteur1=Georges Duby|titre= Histoire de France Hachette|éditeur= Pluriel |collection=Pluriel|lieu=Paris|année=2011|titre volume= Le Moyen Âge : de Hugues Capet à Jeanne d'Arc, 987-1460|tome=1|pages totales= 510|isbn= 978-2-8185-0156-6 }}.}}
* {{ouvrage|prénom1=Michel|nom1=Kaplan|lien auteur1=Michel Kaplan|prénom2=Patrick|nom2=Boucheron|lien auteur2= Patrick Boucheron|titre=Histoire médiévale|volume=2|titre volume=Le Moyen Âge, {{sp-|XI|e|-|XV|e}}|lieu=Rosny |éditeur=Bréal|collection=Grand amphi|année=1994|pages=397|isbn=2-85394-732-7}}.
* {{ouvrage|prénom1=Michel|nom1=Mollat du Jourdin|lien auteur1=Michel Mollat du Jourdin|titre=Genèse médiévale de la France moderne, {{sp-|XIV|e|-|XV|e}}|éditeur= [[Éditions du Seuil|Seuil]]|collection= Points. Histoire|numéro dans collection=28|lieu= Paris|année=1977|année première édition=1970, Arthaud|pages=301|isbn=2-02-004682-2 |présentation en ligne=http://www.persee.fr/doc/rhef_0300-9505_1972_num_58_160_1888_t1_0097_0000_2}}, {{lire en ligne|lien=http://www.persee.fr/doc/rhr_0035-1423_1981_num_198_2_4926|texte=présentation en ligne}}.
* {{ouvrage|prénom1=Laurent|nom1=Theis|lien auteur1=Laurent Theis|titre=Histoire du Moyen Âge français |sous-titre=chronologie commentée de Clovis à {{nobr|Louis {{XI}}}}, 486-1483|lieu=Paris|éditeur=Perrin|année=1992|pages=399|isbn=2-262-00718-7}}.
* {{ouvrage|prénom1=Catherine|nom1=Vincent|lien auteur1=|titre=Introduction à l’histoire de l’Occident médiéval|lieu=|éditeur=Librairie générale française |collection=Références |numéro dans collection= 516|année=1995|pages=223|isbn=2-253-90516-X}}.

==== Synthèses ====
* {{Ouvrage|auteur1= |prénom1= Boris|nom1= Bove| postnom1= |lien auteur1= |titre= Le temps de la guerre de Cent ans |sous-titre= 1328-1453|lieu= Paris|éditeur= Belin|collection= Histoire de France|année= 2009|pages totales= 669|isbn= 978-2-7011-3361-4| présentation en ligne=http://www.editions-belin.com/ewb_pages/f/fiche-article-le-temps-de-la-guerre-de-cent-ans-1328-1453-13787.php}}
* {{ouvrage|prénom1=Philippe|nom1= Contamine|lien auteur1=Philippe Contamine|titre=La guerre de Cent ans|numéro d'édition=9|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|lieu=Paris|collection=Que sais-je ? histoire-géographie|numéro dans collection=1309|année=2010|année première édition=1968|pages totales=126|isbn=978-2-13-058322-6|présentation en ligne=http://www.persee.fr/doc/rnord_0035-2624_1969_num_51_200_5901_t1_0157_0000_2}}.
* {{chapitre|prénom1=Noël|nom1=Coulet|lien auteur1=Noël Coulet|titre chapitre=Le temps des malheurs (1348-1440) |auteurs ouvrage=[[Georges Duby]]|titre ouvrage=Histoire de la France des origines à nos jours|lien titre ouvrage=|lieu= |éditeur=Larousse|année=2007|mois=|jour=|passage=|lire en ligne=|isbn=978-2035826367|consulté le=}}
* {{Ouvrage|prénom1=Alain |nom1=Demurger|lien auteur1= Alain Demurger|titre= Nouvelle histoire de la France médiévale|volume=5|titre volume=Temps de crises, temps d'espoirs, {{sp-|XIV|e|-|XV|e}}|éditeur= [[Éditions du Seuil|Seuil]]|collection= Points. Histoire|numéro dans collection=205|lieu= Paris|année=1990|pages totales=383|isbn=2-02-012221-9}}.
* {{ouvrage|prénom1=Jean|nom1=Favier|lien auteur1=Jean Favier|titre=La Guerre de Cent Ans|lieu=Paris|éditeur=Fayard |année=1980|pages=678|isbn=2-213-00898-1|présentation en ligne= http://www.fayard.fr/la-guerre-de-cent-ans-9782213008981}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Georges|nom1=Minois|lien auteur1=Georges Minois|titre=La Guerre de Cent Ans|collection=Tempus |numéro dans collection= 319|éditeur= Perrin |lieu= Paris|année=2016 |année première édition=2008|isbn=978-2-262-06454-9 |pages totales= 804|présentation en ligne=http://www.editions-perrin.fr/livre/la-guerre-de-cent-ans/9782262064549}}.
* {{Ouvrage|prénom1= Valérie |nom1= Toureille|lien auteur1= |titre= Guerre et société, 1270-1480|lieu= Neuilly|éditeur= Atlande|collection= Clefs concours. Histoire médiévale|année= 2013|pages totales= 511|isbn= 978-2-35030-206-5}}.

==== Aspects particuliers ====
* {{ouvrage|prénom1=Philippe|nom1=Contamine|lien auteur1=Philippe Contamine|titre=Guerre, État et société à la fin du Moyen Âge |sous-titre=études sur les armées des rois de France (1337-1494)|éditeur=Éditions de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS)|collection=Ré-impressions|lieu=Paris|année première édition=1972|année=2004|volume=1 et 2|pages totales=450 et 334|isbn=978-2-7132-1816-3|présentation en ligne=http://editions.ehess.fr/fr/ouvrages/ouvrage/guerre-etat-et-societe-a-la-fin-du-moyen-age/|consulté le=}}, {{lire en ligne|lien=http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1973_num_131_1_449957_t1_0289_0000_000|texte=compte rendu en ligne}}, {{lire en ligne|lien=http://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1976_num_31_6_293779_t1_1164_0000_000|texte=compte rendu en ligne}}, {{lire en ligne|lien=http://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1974_num_29_6_293576_t1_1532_0000_001|texte=compte rendu en ligne}}, {{lire en ligne|lien=http://www.persee.fr/doc/abpo_0003-391x_1973_num_80_2_2695_t1_0458_0000_2|texte=compte rendu en ligne}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Philippe|nom1=Contamine|lien auteur1=Philippe Contamine|titre= La Vie quotidienne pendant la guerre de Cent ans|sous-titre= France et Angleterre ({{s-|XIV|e}})|lieu= Paris|éditeur= Hachette|collection= La Vie quotidienne|année= 1976|pages totales= 287|isbn=2-01-002961-5 |présentation en ligne=http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1977_num_135_1_450094_t1_0214_0000_000|commentaire= Réédition : {{Ouvrage|prénom1=Philippe|nom1=Contamine|lien auteur1=Philippe Contamine|titre= Au temps de la guerre de Cent ans|sous-titre= France et Angleterre|lieu= Paris|éditeur= Hachette|collection= La Vie quotidienne : civilisations et sociétés|année= 1994|pages totales= 263|isbn=2-01-235101-8}}.}}
* {{Ouvrage|prénom1=Philippe|nom1=Contamine|lien auteur1=Philippe Contamine|titre= La Guerre au Moyen Âge|lieu= Paris|éditeur= [[Presses universitaires de France]]|collection= Nouvelle Clio. L'Histoire et ses problèmes|numéro dans collection= 24|année= 1980|pages totales= 516|isbn=2-13-036308-3|présentation en ligne=http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1982_num_140_1_450260_t1_0101_0000_3|commentaire= Réédition mise à jour : {{Ouvrage|prénom1=Philippe|nom1=Contamine|lien auteur1=Philippe Contamine|titre= La Guerre au Moyen Âge|lieu= Paris|éditeur= [[Presses universitaires de France]]|collection= Nouvelle Clio|numéro dans collection= |année=2003 |année première édition=1980|numéro édition= 6|pages totales= 516|isbn=2-13-050484-1}}.}}
* {{Ouvrage|prénom1=Serge|nom1=Lusignan|titre=La Langue des rois au Moyen Âge|sous-titre=le français en France et en Angleterre |lieu=Paris |éditeur=Presses universitaires de France |collection= Le nœud gordien|année=2004|isbn=2-13-054392-8|pages=296|présentation en ligne= http://crm.revues.org/2799}}, {{lire en ligne|lien=http://www.persee.fr/doc/hel_0750-8069_2006_num_28_2_2890_t12_0182_0000_2|texte=présentation en ligne}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Jean |nom1=Maurice|directeur1=oui|prénom2=Daniel |nom2=Couty|directeur2=oui|prénom3=Michèle |nom3=Guéret-Laferté|directeur3=oui|titre=Images de la guerre de Cent Ans|sous-titre=actes du colloque de Rouen, 23, 24 et 25 mai 2000|lieu=Paris |éditeur=[[Presses universitaires de France]] |collection= Études médiévales|numéro dans collection= 2 |année=2002 |isbn=2-13-051900-8 |pages=237|présentation en ligne=http://opac.regesta-imperii.de/lang_de/anzeige.php?sammelwerk=Images+de+la+Guerre+de+Cent+Ans }}.

==== Histoire politique ====
===== Le royaume d'Angleterre =====
* {{ouvrage|prénom1=Bernard|nom1=Cottret|lien auteur1=Bernard Cottret (historien)|titre=Histoire de l'Angleterre|sous-titre=de Guillaume le Conquérant à nos jours|lieu=Paris|éditeur=Tallandier|année=2007|pages=608|isbn=978-2-84734-262-8}}.
* {{en}} Gerald L. Harriss, ''Shaping the Nation : England 1360-1461'', Oxford, Clarendon Press, 2005.
* Richard W. Kaeuper, ''Guerre, justice et ordre public. La France et l'Angleterre à la fin du Moyen Âge'', traduit de l’anglais par Nicole Genet et Jean-Philippe Genet, Paris, Aubier, 1994 (édition originale : ''War, Justice and Public Order. England and France in the Later Middle Ages'', Oxford, Clarendon Press, 1988), [http://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1991_num_46_6_279011_t1_1276_0000_002 présentation en ligne].
* {{en}} Michael Prestwich, ''The Three Edwards. War and State in England, 1272-1377'', Londres, {{2e}} éd., Routledge, 2003 ({{1re}} éd. : 1980).
* {{en}} Michael Prestwich, ''Plantagenet England, 1225-1360'', Oxford, Clarendon Press, 2005.
====== Études par règne ======
* {{Ouvrage |langue=en|auteur1= |prénom1=Christopher T. |nom1=Allmand|lien auteur1=|titre= {{nobr|Henry {{V}}}}|lieu= Berkeley / Los Angeles|éditeur= University of California Press|année=1992|pages totales=504|isbn=978-0-300-07370-6}}.
* {{Ouvrage |langue=en|auteur1= |prénom1=Gwilym|nom1=Dodd|lien auteur1=|directeur1= Gwilym Dodd|titre= {{nobr|Henry {{V}}}}|sous-titre=New Interpretations|lieu= Woodbridge / Rochester|éditeur= The University of York / York Medieval Press|année=2013|pages totales= {{XIII}}-305|isbn=9781903153468|présentation en ligne=http://www.boydellandbrewer.com/store/viewItem.asp?idProduct=14292}}.
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Ralph Alan|nom1=Griffiths|lien auteur1=|titre=The Reign of King {{nobr|Henry {{VI}}}}|sous-titre=The Exercice of Royal Authority, 1422-1461|lien titre=|numéro d'édition=2|éditeur=Sutton Publishing Limited|lieu=|année=2004|année première édition= 1981|pages totales=968|isbn=978-0-75-093777-1|présentation en ligne=http://www.jstor.org/stable/570169?seq=1#page_scan_tab_contents}}.
* {{Ouvrage |langue=en|auteur1= |prénom1=Gerald L. |nom1=Harriss |lien auteur1=|directeur1= Gerald L. Harriss|titre= {{nobr|Henry {{V}}}}|sous-titre=The Practice of Kingship |lieu= Oxford |éditeur= Oxford University Press |année=1985|pages totales={{XII}}-222|isbn=978-0-1987-3080-4|présentation en ligne=https://www.jstor.org/stable/4048712?seq=1#page_scan_tab_contents}}.
* {{en}} Mark W. Ormrod, ''{{nobr|Edward {{III}}}}'', New Haven, Yale University Press, 2011.
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=John|nom1=Watts|lien auteur1=|titre={{nobr|Henry {{VI}}}} and the Politics of Kingship|éditeur=Cambridge University Press|lieu=|année=1999|pages totales=418|isbn=978-0521653930|présentation en ligne= http://www.cambridge.org/fr/academic/subjects/history/british-history-1066-1450/henry-vi-and-politics-kingship|consulté le=|id=}}.
====== L'Aquitaine anglaise ======
* Françoise Bériac, « Les officiers et l'administration dans le duché d’Aquitaine (v. 1439-1451) », ''Annales du Midi'', {{t.|102}}, 1990, {{p.|337-348}}.
* Robert Boutruche, ''La crise d'une société. Seigneurs et paysans du Bordelais pendant la guerre de Cent Ans'', Paris, Les Belles Lettres, 1963 ({{1re}} édition : 1947), [http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1948_num_107_2_461405_t1_0274_0000_000 présentation en ligne], [http://www.persee.fr/doc/rbph_0035-0818_1950_num_28_2_1881_t1_0607_0000_1 présentation en ligne], [http://www.persee.fr/doc/geoca_1164-6268_1948_num_23_3_5285 présentation en ligne].
* Pierre Capra, « Les bases sociales du pouvoir anglo-gascon au milieu du {{s-|XIV|e}} », ''Le Moyen Âge'', {{t.|81}}, 1975, {{p.|273-299}} et 447-473.
* Jacques de Cauna (dir.), ''L'Aquitaine au temps du Prince Noir'', Monein, Éditions des régionalismes, 2010.
* {{Ouvrage |langue=en|auteur1= |prénom1=Malcolm Graham Allan|nom1=Vale|lien auteur1=|titre=English Gascony, 1399-1453|sous-titre=A Study of War, Government, and Politics during the Later Stages of the Hundred Years' War||lieu=Londres|éditeur=Oxford University Press|collection=Oxford Historical Monographs|année=1970|pages totales={{XVI}}-271|format livre= |présentation en ligne=http://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1975_num_30_2_293610_t1_0348_0000_001|lire en ligne=}}, {{lire en ligne|lien=http://www.persee.fr/doc/anami_0003-4398_1974_num_86_116_4859_t1_0101_0000_2|texte=présentation en ligne}}.
* {{en}} Malcom G. A. Vale, ''The Origins of the Hundred Years War: The Angevin Legacy (1250-1340)'', Oxford, Basil Blackwell, 1990, XIII-317 p., [http://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1992_num_47_6_279105_t1_1230_0000_002 présentation en ligne].
* {{en}} Malcom G. A. Vale, « The Gascon nobility and the Anglo-French war, 1294-1298 », dans Gillingham John et Holt James C. (dir.), ''War and Government in the Middle Ages. Essays in Honour of J. O. Prestwich'', Cambridge, Boydell Press, 1984, {{p.|134-146}}.
* {{en}} Malcom G. A. Vale, « The wars in Aquitaine », dans Curry Anne et Hughes Michael (dir.), ''Arms, Armies and Fortifications in the Hundred Years War'', Woodbridge, Boydell Press, 1994, {{p.|69-82}}.

===== Le royaume de France =====
====== Études d'histoire politique ======
* {{ouvrage|prénom1=Françoise|nom1=Autrand|lien auteur1=Françoise Autrand|titre={{nobr|Charles {{V}}}}|sous-titre=le Sage|lieu= Paris|éditeur=Fayard |année=1994|pages=909|isbn=2-213-02769-2|présentation en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1995_num_50_3_279387_t1_0612_0000_001}}.
* {{ouvrage|prénom1=Françoise|nom1=Autrand|lien auteur1=Françoise Autrand|titre={{nobr|Charles {{VI}}}}|sous-titre=la folie du roi |lieu=Paris|éditeur=Fayard|année=1986|pages totales=647|isbn=978-2213017037|présentation en ligne=http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1987_num_94_1_3248_t1_0105_0000_1|consulté le=|plume=}}, {{lire en ligne|lien=http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1987_num_145_2_450483_t1_0498_0000_4|texte=présentation en ligne}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Françoise|nom1=Autrand|lien auteur1=Françoise Autrand|titre=Jean de Berry|sous-titre= l'art et le pouvoir|lieu=Paris|éditeur=Fayard|année=2000|pages totales=552|isbn=2-213-60709-5|présentation en ligne=http://www.fayard.fr/jean-de-berry-9782213607092}}.
* {{Ouvrage|prénom1= Colette|nom1= Beaune|lien auteur1= Colette Beaune|titre=Jeanne d'Arc|lieu= Paris|éditeur= Perrin|année= 2004|pages totales= 475|isbn= 2-262-01705-0|présentation en ligne= http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_2006_num_164_1_463664_t8_0275_0000_2}}.
* {{ouvrage|prénom1=Raymond|nom1=Cazelles|lien auteur1=Raymond Cazelles|titre=La société politique et la crise de la royauté sous Philippe de Valois|éditeur=D'Argences|lieu=Paris|collection=Bibliothèque elzévirienne. Nouvelle série. Études et documents|année=1958|pages totales=495|présentation en ligne=http://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1963_num_18_3_421023_t1_0581_0000_3}}, {{lire en ligne|lien=http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1960_num_2_1_983|texte=présentation en ligne}}, {{lire en ligne|lien=http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1959_num_117_1_461394_t1_0319_0000_000|texte=présentation en ligne}}.
* {{ouvrage|prénom1=Raymond|nom1=Cazelles|lien auteur1=Raymond Cazelles|titre=Société politique, noblesse et couronne sous Jean le Bon et {{nobr|Charles {{V}}}}|éditeur=Droz|lien éditeur=Librairie Droz|lieu=Genève / Paris|collection=Mémoires et documents publiés par la Société de l'École des chartes|numéro dans collection=28|année=1982|pages totales=625}}
* {{ouvrage|prénom1=Raymond|nom1=Cazelles|lien auteur1=Raymond Cazelles|titre=Étienne Marcel|sous-titre=la révolte de Paris|éditeur=Tallandier|lieu=Paris|année première édition=1984|collection=Biographie|année=2006|pages totales=375|isbn=978-284734-361-8}}.
* {{Ouvrage|prénom1= Philippe|nom1= Contamine|lien auteur1= Philippe Contamine|prénom2= Olivier|nom2= Bouzy |lien auteur2= Olivier Bouzy|prénom3= Xavier|nom3= Hélary|lien auteur3= Xavier Hélary|titre= Jeanne d'Arc. Histoire et dictionnaire|lieu= Paris|éditeur= Robert Laffont|collection= Bouquins|année= 2012|pages totales= 1214|isbn= 978-2-221-10929-8| présentation en ligne=http://www.bouquins.tm.fr/site/jeanne_d_arc_&100&9782221109298.html}}.
* {{Ouvrage |prénom1= Philippe|nom1= Contamine| lien auteur1= Philippe Contamine|titre= {{nobr|Charles {{VII}}}} |sous-titre= une vie, une politique|lieu= Paris|éditeur= Perrin|année= 2017|pages totales= 560|isbn= 978-2262-03975-2 | présentation en ligne=http://www.editions-perrin.fr/livre/charles-vii/9782262039752}}.
* {{ouvrage|prénom1=Jean|nom1=Deviosse|lien auteur1=|titre=Jean le Bon|lieu=Paris |éditeur=Fayard |année=1985 |pages=352|isbn=2-213-01558-9}}.
* {{ouvrage|prénom1=Jean|nom1=Favier|lien auteur1=Jean Favier|titre=Le Roi René|éditeur=Fayard|lieu=Paris|année=2008|pages totales=742|isbn=978-2-213-63480-7 |présentation en ligne=http://www.fayard.fr/le-roi-rene-9782213634807}}.
* Jacques Krynen, ''Idéal du prince et pouvoir royal en France à la fin du Moyen Âge (1380-1440). Étude de la littérature politique du temps'', Paris, Picard, 1981.
* Jacques Krynen, ''L'empire du roi. Idées et croyances politiques en France, {{sp-|XIII|e|-|XV|e}}'', Paris, Gallimard, {{coll.}} « Bibliothèque des histoires », 1993.
* Françoise Lehoux, ''Jean de France, duc de Berry. Sa vie, son action politique (1340-1416)'', éd. Picard, 1966-1968, 4 vol., 459+534+518+151{{nb p.}}
* Peter S. Lewis, ''La France à la fin du Moyen Âge. La société politique'', Paris, Hachette, 1977 (édition originale : ''Later Medieval France. The Polity'', Londres, Macmillan, 1968).
* {{Ouvrage|prénom1= Georges|nom1= Minois|lien auteur1= Georges Minois|titre= {{nobr|Charles {{VII}}}}|sous-titre= un roi shakespearien|lieu= Paris|éditeur= Perrin|année= 2005|pages totales= 850|isbn= 2-262-02127-9|présentation en ligne=http://www.editions-perrin.fr/ouvrage/charles-vii/9782262021276}}.

====== Études régionales ======
* {{ouvrage|nom1=Cintré|prénom1=René|titre=Les marches de Bretagne au Moyen Âge|sous-titre= économie, guerre et société en pays de frontière, {{sp-|XIV|e|-|XV|e|s}}|année=1992|lieu=Pornichet|éditeur=Éditions Jean-Marie Pierre|pages totales=238|isbn=2-903999-11-2}}.
* {{ouvrage|prénom1=Michael|nom1=Jones|lien auteur1=Michael Jones (historien)|traducteur=Nicole Genet et Jean-Philippe Genet|titre original=Ducal Brittany, 1364-1399 : Relations with England and France during the Reign of Duke {{nobr|John {{IV}}}}|titre=La Bretagne ducale|sous-titre= {{nobr|Jean {{IV}}}} de Montfort (1364-1399) entre la France et l'Angleterre|année=1998|lieu=Rennes|éditeur=[[Presses universitaires de Rennes]]|collection=Histoire|pages totales=269|isbn=2-86847-297-4|présentation en ligne=http://www.pur-editions.fr/detail.php?idOuv=76}}, {{lire en ligne|lien=http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1972_num_130_2_449936_t1_0626_0000_000|texte=présentation en ligne}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Jean|nom1=Kerhervé|lien auteur1=Jean Kerhervé|titre=L'État breton aux {{sp-|XIV|e|et|XV|e}}s|sous-titre=les ducs, l'argent et les hommes|volume=1 et 2|lieu=Paris|éditeur=Éditions Maloine||année=1987|pages totales= |isbn=2-224-01703-0|isbn2=2-224-01704-9|présentation en ligne=http://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1990_num_45_1_278830_t1_0207_0000_004}}.
* {{ouvrage|prénom1=André |nom1=Leguai|lien auteur1=|titre=De la seigneurie à l'État|sous-titre=le Bourbonnais pendant la guerre de Cent Ans|lieu=Moulins|éditeur=Imprimeries réunies|année=1969|pages=434|présentation en ligne=http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k183498/f166}}, {{lire en ligne|lien=http://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1975_num_30_2_293610_t1_0365_0000_003|texte=présentation en ligne}}, {{lire en ligne|lien=http://www.persee.fr/doc/rhef_0300-9505_1971_num_57_159_1878_t1_0324_0000_2|texte=présentation en ligne}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Jean-Pierre|nom1=Leguay|lien auteur1=Jean-Pierre Leguay (historien)|prénom2=Hervé|nom2=Martin|lien auteur2=|titre=Fastes et malheurs de la Bretagne ducale, 1213-1532|lieu= Rennes|éditeur= Éditions Ouest-France|collection= Université|année=1982|pages totales=435|isbn=2-85882-309-X|présentation en ligne=http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1983_num_90_3_3139_t1_0501_0000_1}}.
* Jean-Yves Marin (dir.), ''La Normandie dans la guerre de Cent Ans, 1346-1450'', Milan, Skira, 1999.
* {{ouvrage|prénom1=François|nom1=Neveux|lien auteur1=François Neveux|titre=La Normandie pendant la guerre de Cent Ans, {{sp-|XIV|e|-|XV|e}}|lieu=|éditeur=Ouest France|année=2008|pages=535|isbn=978-2-737-33695-9}}.
* {{ouvrage|prénom1=Bruno|nom1=Ramirez de Palacios|titre=Charles dit le Mauvais|sous-titre=Roi de Navarre, comte d'Evreux, prétendant au trône de France|mois=janvier|année=2015 |pages totales=530|isbn=978-2-9540585-2-8}}.
* {{ouvrage|prénom1=Charles |nom1=Samaran|lien auteur1=Charles Samaran|titre=La maison d’Armagnac au {{s-|XV|e}} et les dernières luttes de la féodalité dans le Midi de la France|lieu=Paris|éditeur= [[Éditions Picard|Alphonse Picard et fils]]|année=1907|pages totales= {{XXI}}-523|présentation en ligne=http://www.persee.fr/doc/anami_0003-4398_1909_num_21_83_7697_t1_0372_0000_2 |lire en ligne= https://archive.org/details/lamaisondarmagn00samagoog}}.
* {{ouvrage|prénom1=Pierre |nom1=Tucoo-Chala|lien auteur1=Pierre Tucoo-Chala|titre=Gaston Fébus et la vicomté de Béarn (1343-1391)|lieu=Bordeaux|éditeur= Bière|année=1959|pages=471|présentation en ligne=http://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1961_num_16_5_420781_t1_1020_0000_6}}, {{lire en ligne|lien=http://www.persee.fr/doc/rbph_0035-0818_1961_num_39_2_2367_t1_0506_0000_2|texte=présentation en ligne}}.

===== Le duché de Bourgogne =====
* {{Ouvrage|prénom1= Paul|nom1=Bonenfant|lien auteur1= Paul Bonenfant|champ libre= études présentées par A.-M. Bonenfant-Feytmans|titre= Philippe le Bon|sous-titre= sa politique, son action|éditeur= De Boeck université|lieu= Bruxelles|collection= Bibliothèque du Moyen Âge|numéro dans collection= 9|année=1996|pages totales={{XVIII}}-452|isbn= 2-8041-2115-1|présentation en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1998_num_156_1_450923_t1_0284_0000_001}}, {{lire en ligne|url=http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5620672j/f167.image|texte=présentation en ligne}}.
* [[Philippe Contamine]], « La Bourgogne au {{s-|XV|e}} », dans ''La bataille de Morat. Un événement suisse d'histoire européenne entre le Moyen Âge et les temps modernes, 1476-1976. Actes du colloque international du {{5e}} centenaire de la bataille de Morat, 23-25 avril 1976'', Fribourg - Berne, 1976, {{p.|91-110}}.
* {{Ouvrage|prénom1= Henri |nom1=Dubois|lien auteur1= |titre=Charles le Téméraire|éditeur= Fayard|lieu=Paris|année=2004|pages totales=543|isbn= 2-213-59935-1 |présentation en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_2005_num_163_1_463620_t12_0297_0000_2}}, {{lire en ligne|lien=http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RHIS_064_0923#s1n15|texte=présentation en ligne}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Élodie|nom1= Lecuppre-Desjardin|lien auteur1=|titre= Le royaume inachevé des ducs de Bourgogne ({{sp-|XIV|-|XV|s}})|éditeur= Belin|lieu= Paris|collection=Histoire|année=2016|pages totales=429|isbn=978-2-7011-9666-4|présentation en ligne=https://crm.revues.org/14056}}.
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* {{en}} [[Bertrand Schnerb]], « Burgundy », dans ''The New Cambridge Medieval History'', {{t.|{{VII}}}}, ''c. 1415 - c. 1500'', Christopher T. Allmand (dir.), Cambridge, Cambridge University Press, 1998, {{p.|431-456}}.
* {{Ouvrage|prénom1= Bertrand|nom1=Schnerb|lien auteur1= Bertrand Schnerb|titre= L'État bourguignon|sous-titre= 1363-1477|éditeur= Perrin|lieu= Paris|année=1999|pages totales=474|isbn= 2-262-01126-5|présentation en ligne=https://lhistoirestuncombat.files.wordpress.com/2014/04/schnerb-b-letat-bourguignon-1363-1477.pdf|commentaire=Réédition : {{Ouvrage|prénom1= Bertrand|nom1=Schnerb|lien auteur1= Bertrand Schnerb|titre= L'État bourguignon|sous-titre= 1363-1477|éditeur= Perrin|lieu= Paris|collection= Tempus|numéro dans collection= 105|format=poche|année=2005|pages totales=474|isbn= 2-262-02360-3|présentation en ligne=http://www.editions-perrin.fr/ouvrage/l-etat-bourguignon/9782262023607}}.}}
* {{ouvrage|prénom1=Bertrand|nom1=Schnerb|lien auteur1=Bertrand Schnerb|titre=Jean sans Peur, le prince meurtrier| lieu=Paris |éditeur=Payot |collection=Biographie Payot|année=2005|pages totales=824, (4{{nb p.}} de pl.)|format={{unité|23|cm}}|isbn=2-228-89978-X|présentation en ligne=http://www.payot-rivages.net/livre_Jean-sans-peur-Bernard-Schnerb_ean13_9782228899789.html}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Marie-Rose|nom1= Thielemans| lien auteur1=|titre= Bourgogne et Angleterre|sous-titre= relations politiques et économiques entre les Pays-Bas bourguignons et l'Angleterre, 1435-1467|lieu= Bruxelles|éditeur= Presses universitaires de Bruxelles|collection= Université libre de Bruxelles, Travaux de la Faculté de philosophie et lettres |numéro dans collection=30|année= 1966|pages totales= 641|présentation en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1968_num_23_6_422021_t1_1362_0000_2}}, {{lire en ligne|lien=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1967_num_125_2_449770_t1_0495_0000_4|texte=présentation en ligne}}, {{lire en ligne|lien=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rnord_0035-2624_1968_num_50_196_6162_t1_0122_0000_2|texte=présentation en ligne}}.
* {{ouvrage|langue=en|prénom1=Richard |nom1=Vaughan|lien auteur1=|titre=Philip the Bold |sous-titre=The Formation of the Burgundian State|lieu= Woodbridge | éditeur= Boydell |année=2002|année première édition=1962, Harvard University Press|pages= 320|isbn=9780851159157 |présentation en ligne=http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1965_num_123_1_449698_t1_0259_0000_2}}, {{lire en ligne|lien=http://www.persee.fr/doc/rnord_0035-2624_1963_num_45_178_5729_t1_0255_0000_2|texte=présentation en ligne}}, {{lire en ligne|lien=http://www.boydellandbrewer.com/store/viewItem.asp?idProduct=10941|texte=présentation en ligne}}.
* {{ouvrage|langue=en|prénom1=Richard |nom1=Vaughan|lien auteur1=|préface= Graeme Small|titre=Philip the Good |sous-titre=The Apogee of Burgundy|lieu= Woodbridge | éditeur= Boydell |année=2002|année première édition=1970, Longman|pages= {{LI}}-456|isbn=0-85115-917-6 |présentation en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1972_num_130_1_449923_t1_0290_0000_000}}.
* {{Ouvrage|langue= en|prénom1= Richard |nom1=Waughan|lien auteur1=|préface= [[Werner Paravicini]]|titre=Charles the Bold|sous-titre=The Last Valois Duke of Burgundy|éditeur= The Boydell Press|lieu= Woodbridge / Rochester (New York)|collection= The History of Valois Burgundy|numéro dans collection=|année=2002 |année première édition=1973, Longman|pages totales={{XXXII}}-523 |isbn= 0-85115-918-4|présentation en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1975_num_133_1_461387_t1_0154_0000_000}}.
* {{en}} Richard Vaughan, ''Valois Burgundy'', Londres, A. Lane, 1975.

==== Études contemporaines en anglais ====
* {{ouvrage|langue=en|prénom1=Eileen|nom1=Power|lien auteur1=Eileen Power|titre=The Wool Trade in English medieval History|sous-titre=|lien titre=|numéro d'édition=|éditeur=Oxford University Press|lien éditeur=Oxford University Press|lieu=|année=1941|volume= |tome=|pages totales=|passage=|isbn=|lire en ligne=http://socserv.mcmaster.ca/econ/ugcm/3ll3/power/WoolTrade.pdf|consulté le=}}
* {{ouvrage|langue=en|prénom1=Christopher|nom1=Allmand|titre=The Hundred Years War: England and France at War, c.1300-c.1450|lieu=|éditeur=Cambridge University Press|année=1988|pages=207|isbn=9780521319232}}
* {{ouvrage|langue=en|prénom1=Alfred|nom1=Higgins Burne|titre=The Agincourt War|lieu=|éditeur=Wordsworth editions|année=1999|pages=359|isbn=9781840222111}}
* {{ouvrage|langue=en|prénom1=Desmond|nom1=Seward|titre=The Hundred Years War. The English in France 1337-1453|lieu=|éditeur=Penguin Books|année=1999|pages=296|isbn=9780140283617}}
* {{ouvrage|langue=en|prénom1=Jonathan|nom1=Sumption|lien auteur1= Jonathan Sumption|titre=The Hundred Years War|volume= {{I}}|titre volume=Trial by Battle |lieu=Londres / Boston|éditeur=Faber and Faber|collection= |année=1990|pages={{XI}}-659 |isbn=0-571-13895-0}}
* {{ouvrage|langue=en|prénom1=Jonathan|nom1=Sumption|lien auteur1= Jonathan Sumption|titre=The Hundred Years War|volume= {{II}}|titre volume=Trial by Fire|lieu=Philadelphia|éditeur=University of Pennsylvania Press|collection= The Middle Ages series|année= 1999|pages={{XII}}-696|isbn=0-8122-3527-4}}
* {{ouvrage|langue=en|prénom1=Jonathan|nom1=Sumption|lien auteur1= Jonathan Sumption|titre=The Hundred Years War|volume= {{III}}|titre volume=Divided houses|lieu=Philadelphia|éditeur=University of Pennsylvania Press|collection= The Middle Ages series|année=2009|pages={{XVII}}-1006|isbn=9780812242232}}
* {{ouvrage|langue=en|prénom1=Jonathan|nom1=Sumption|lien auteur1= Jonathan Sumption|titre=The Hundred Years War|volume= {{IV}}|titre volume=Cursed Kings|lieu=Philadelphia|éditeur=University of Pennsylvania Press|collection= The Middle Ages series|année=2015|pages=|isbn=9780812247992}}
* {{ouvrage|langue=en|prénom1=John A.|nom1=Wagner|titre=Encyclopedia of the Hundred Years War|lieu=|éditeur=Greenwood Publishing Group|année=2006|pages=374|isbn=9780313327360}}

=== Liens externes ===
* {{fr}} [http://www.stejeannedarc.net Toutes les sources concernant Jeanne d'Arc]
* {{en}} [http://www.hyperhistory.net/apwh/essays/comp/cw07war100kings.htm The Effects of the Hundred Years War]
* {{fr}} [http://www.histoire-fr.com/valois.htm Pour en savoir plus sur la guerre de Cent Ans et la dynastie des Valois]
* {{ru}} [http://warshistory.ru/stoletnyaya-vojna/ Причины столетней войны]

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