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File:Basilique Notre Dame de l'Épine, vue générale.jpg

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Summary

Description
Français : Attestée au début du XVe s., la construction de la basilique débute par la nef. À l'origine modeste, l'édifice est agrandi au milieu du siècle, sans doute pour faire face à l'affluence des pèlerins. Le chantier est confié au maçon châlonnais Étienne Poutrise qui y emploie la pierre calcaire du Barrois. Les derniers travaux seront achevé avant 1550.

Origine : L'église Notre-Dame de l'Épine est mentionnée pour la première fois entre 1198 et 1202 dans le testament d'Henri de Courtisols qui lui lègue 10 sous. En 1299, Eudelette, femme de Jean de Courtisols, lègue également 10 sous mais à la fabrique Notre-Dame de l'Épine, ce qui atteste de l'existence d'une paroisse. L'agglomération de l'Épine s'est développée et s'est dotée d'une église devenue paroissiale. En 1720, une légende rapporte que l'origine de cette église est due à la découverte vers 1400, d'une statue miraculeuse au milieu d'un buisson d'épines. En réalité, dès le XIIIe s. il existait déjà un pèlerinage en l'honneur à Notre Dame et la chapelle sous le vocable de Saint-Jean-Baptiste, dépendante de l'abbaye de Saint-Jean de Laon. Ensuite, dans les comptes de la fabrique de Notre-Dame-en-Vaux, des indications montrent que la construction de l'église de l'Épine était déjà en cours en 1410, bien que la guerre de Cent Ans eut causé la misère.

Construction et transformations : De nombreuses variantes de détails s'expliquerait par l'intervention de plusieurs maçons, travaillant chacun sur des parties différentes de l'édifice, comme il en était l'usage à l'époque. De plus, l'avancée des constructions dépendaient des donations. C'est là une des probables cause qui expliquerait, par exemple, la différence entre ses deux flèches (à moins qu'il ne s'agisse d'un autre type de manque de ressource, d'un choix délibéré d'arrêt des maçonneries lorsque le niveau des chambres des cloches fut atteint, ou encore d'une autre cause d'interruption du chantier). Les travées cinq et six de la nef furent les premiers éléments de construction, puis vinrent les travées trois et quatre et enfin, la façade. D'abord modeste, la première construction était une église à l'image de celle du château de Sainte-Menehould, dont la nef présente des dimensions et des détails identiques et les piliers imitent ceux de la cathédrale de Reims. Le transept et les deux travées droites du choeur vinrent s'ajouter. La façade qui y est élevée et qui semble avoir été un élément important à ce stade, est décorée de sculptures se rapportant à la vie de saint Jean. Sa qualité architecturale est remarquable et constitue un accès habituel de l'édifice, en plus de celui sur la façade ouest. Il est caractérisé par ses anneaux fixés à l'extérieur pour attacher les chevaux, ses piédroits, sa voussure et son gâble, qui ne sont pas sans rappeler le bras gauche de la cathédrale de Châlons en Champagne. Une inscription sur le contrefort du portail atteste de l'achèvement de sa construction en 1439 et rappelle la générosité des merciers de Châlons. Les deux statues qui ornaient l'entrée ont disparues comme toutes les autres sur les façades, en 1793, quand des soldats brigands, allant rejoindre l'armée, les renversèrent. Le mur extérieur des chapelles des travées droites du choeur porte des arcatures décoratives et des coursières à la base des fenêtres, à l'image de la cathédrale de Reims et d'autres édifices de la région.

Vers 1440, sans doute pour pallier à l'affluence des pèlerins, la nef fut augmentée de deux travées et la façade reconstruite. La disposition, avec les grandes-arcades, le triforium et les fenêtres hautes ont été pris en considération pour l'agrandissement de la nef. De même, l'architecture de la façade, avec les galeries et les arcatures aveugles atteste d'un esprit d'unité, bien que présentant des détails dans le style gothique flamboyant. Elle comporte une rose imitée de l'église d'Avioth. Quand aux chambres des cloches, elles sont comparables à celles de l'église abbatiale de Mouzon. Le maçon Étienne Poutrise semble être l'auteur de ces travaux. En 1454, ses biens furent saisis du fait qu'il n'eut pas fini ses engagements. Une légende du XVIIIe s. voulant que le maître d'oeuvre fut anglais, provient de la déformation de son nom "Poutrise" en "Patrice". Charles VII en 1445 et Louis XI en 1472, lors de leur visite royale, contribuèrent financièrement à l'avancée des travaux (Louis XI apporta 1200 écus d'or). Enfin, les chapelles rayonnantes à l'extrémité du coeur constituèrent les derniers travaux. À partir de 1509, Remy Gouveneau, maître maçon, réalise les murs et piliers de cette partie du coeur, les voûtes et les remplages des baies restant encore à faire par la suite. C'est au maçon rémois Antoine Guichard que revint ces travaux. Il construisit également en 1524 les quatre piliers du rond point, comme en atteste l'inscription qu'ils portent. En 1550, l'installation des autels marque la fin des travaux, après 125 ans d'effort qui, heureusement, ne furent pas anéantis par les guerres de Religions. En 1798, la flèche de gauche était déposée pour établir un poste de liaison télégraphique du système Chappe, entre Strasbourg et Paris. Reconstituée en 1868, grâce aux subventions de Napoléon III, elle porte sur sa couronne les aigles impériales. La pierre utilisée est la pierre calcaire du Barrois, en provenance des carrières de Haironville ou de Brillon. Elle est légèrement teintée de jaune du fait des dépôts ferrugineux qu'elle reçoit. Peut être par soucis d'économie, les remplissages des parements de murs des quatre dernières travées de la nef et la cloison de fond du triforium, sont fait de craie dure en provenance des sous-sols du village. Elle a été utilisée également pour les voûtes de tout l'édifice, sous doute en raison de sa légèreté et de sa facilité de taille. La toiture à faible pente est faite de tuiles rondes, ce qui est rare sur un édifice de cette taille dans la région. Des gargouilles pour le moins intéressantes de par leur qualité représentatives, animent les balustrades qui ceinturent les combles, rejetant misères et turpitudes de notre monde hors du lieu saint, avec les eaux de pluies.

Agréments : Des vitraux proviennent des maisons Lorin de Chartres et Champigneulle de Paris, signés par H. Magne, J. Gaudin, C. Champigneulle et réalisés entre la fin du XIXe s. et la Seconde Guerre mondiale. Dans le bras gauche de l'église, est placé un orgue du milieu du XVIe s. Il porte des reliefs représentant au centre, Apollon avec le soleil, Diane avec le croissant de lune, Mars avec une hallebarde, Mercure avec le caducée, Jupiter avec le foudre, Vénus avec Cupidon et Saturne. On a pensé que la représentation de ces divinités symbolisant les sept planètes - le soleil étant autrefois considéré comme telle - se rapportait aux sept notes de la gamme. De part et d'autre y sont figurés, saint Pierre, saint Paul, saint Jean et saint Jacques, à droite et à gauche, saint André, saint Barthélemy, saint Philippe et saint Simon. On a également pensé que les figurations des apôtres faisaient référence aux douze modes du plein-chant, suivant le dodecachordon de Glaréan (1547), mais on ne compte ici que huit apôtres. Le jubé, quand à lui, est de la fin du XVe s. La clôture de choeur a été réalisée en 1527 pour sa partie en style flamboyant et en 1543 pour celle en style Renaissance classique. On peut y observer parmi les statues, une représentation de la vierge datant de 1300 environ et de saint Jacques. Dans la chapelle rayonnante à droite de la chapelle d'axe, une Mise au tombeau provenant des Cordeliers de Châlons en Champagne peut être identifiée à celui commandé pour les Cordeliers par Nicolas de Besançon en 1535. Elle abrite également dans une chapelle de la travée gauche un puits "miraculeux".

Activité : Après les travaux du XVe s. l'église était en capacité d'accueillir l'église paroissiale de Melette, détruite par la guerre. Le pape Pie II ratifia la demande en 1459, qualifiant alors l'église "d'édifice important et somptueux" même si "non encore terminé". Au début du XVIIe s. les habitants de l'Épine y cachèrent leurs meubles et leurs biens précieux pour éviter les pillages des soldats brigands, alors dissuadés par cet édifice solide et protégé du feu par ses voûtes. La basilique est une étape du pèlerinage de saint Jacques de Compostelle. Elle a été classée monument historique en 1840 et inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.

Anecdotes : Parfois, le transport des pierres pour la construction de l'église était fait de façon bénévole, à titre d'offrande. De là est apparu le dicton "aller à l'Épine" employée par les rouliers châlonnais pour qualifier un travail qui ne rapportait rien. Le 15 août 1471, le roi Louis XI, alors à Plessis-les-Tours, fit porter à l'Epine la somme importante de 1200 écus d'or, mais trois ans plus tard, il ordonna que cette somme fût attribuée à la cure de l'Epine et non à la fabrique et il demanda au bailli de Vermandois de contraindre les marguilliers à rembourser les 1200 écus d'or qu'ils prétendaient avoir reçus pour la reconstruction de l'église. Ils avaient probablement financé des travaux dans les années 1471-1474 (peut-être pour la construction du chevet) et il ne restait plus rien du don royal : il fallut procéder à une levée d'impôts sur les paroissiens de Courtisols et l'Epine. Les marguilliers, prétextant la pauvreté des habitants à cause de la guerre et le temps nécessaire pour organiser la collecte dans un lieu aussi long, n'obtempérèrent pas et plusieurs d'entre eux furent arrêtés et ne furent relâchés qu'après avoir promis de rendre les 1200 écus, ce qui fut effectif le 10 janvier 1475. La cure de l'Epine devenait l'un des plus riches bénéfices du diocèse.

Bibliographie

Le guide du patrimoine Champagne Ardenne, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, édition Hachette

Site de la ville de Courtisols, avec leur aimable autorisation. http://www.courtisols.fr/?srubrique=histoire&page=bulletin_53
This building is classé au titre des monuments historiques de la France. It is indexed in the base Mérimée, a database of architectural heritage maintained by the French Ministry of Culture, under the reference PA00078702 .

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